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GRAND ANGLE
Tuberculose
et santé au travail
AUTEURS :
P. Tattevin, service Maladies infectieuses et réanimation médicale, CHU Pontchaillou, et INSERM U 835, Rennes
en G. Carcelain, département Immunologie et INSERM UMR S-945, hôpital Pitié-Salpêtrière, AP-HP, Paris
résumé A. Fournier, F. Antoun, S. Quelet, centre de Lutte antituberculeuse de Paris (CLAT 75)
E. Bouvet, service Maladies infectieuses, hôpital Bichat-Claude Bernard, AP-HP, Paris
D. Abiteboul, service Santé au travail, hôpital Bichat-Claude Bernard, AP-HP, Paris
M.C. Bayeux-Dunglas, département Études et assistance médicales, INRS, Paris
MOTS CLÉS
La tuberculose reste un Tuberculose /
sujet d’actualité en France, maladie
pourtant considérée comme infectieuse /
Mycobactérienne
sollicités, tant sur l’évaluation
des risques que sur la
surveillance médicale des
salariés exposés ou encore sur
Mycobacterium tuberculosis, ou bacille de Koch.
la conduite à tenir en cas de
contact avec un sujet malade.
Après un court rappel que le pays soit une zone de faible
sur l’épidémiologie et sur ÉPIDÉMIOLOGIE prévalence. La tuberculose-maladie
l’histoire naturelle de la (TM) est une pathologie à déclara-
maladie, cet article permet POPULATION GÉNÉRALE tion obligatoire depuis 1964, de
de faire le point plus En 2010, l’Organisation mondiale même que l’infection tuberculeuse
particulièrement sur les tests de la santé (OMS) a estimé le latente (ITL) de l’enfant âgé de
de dépistage de l’infection nombre de nouveaux cas de tuber- moins de 15 ans - depuis 2003 - et
tuberculeuse, la surveillance culose à près de 9 millions, dont que les issues de traitement depuis
des professionnels de santé 40 % en Asie du Sud-Est et 26 % 2007 (un questionnaire est à com-
vis-à-vis de la maladie et en Afrique subsaharienne. Avec 1,3 pléter dans les 12 mois qui suivent
enfin sur les enquêtes autour millions de décès en 2010, la tuber- le début du traitement ou le dia-
des cas de tuberculose culose serait la deuxième cause gnostic, pour tous les cas déclarés
en milieu professionnel, infectieuse de mortalité après les de tuberculose).
hors milieu de soins. infections liées au virus de l'immu- Depuis 2004, environ 5 500 nou-
nodéficience humaine (VIH). veaux cas sont déclarés en France
La tuberculose reste un problème chaque année (5 578 en 2004, 5 187
de santé publique en France, bien en 2010). Le taux annuel de décla-
ration est de 8,1 cas pour 100 000 risque. L’objectif de ce programme
habitants en 2010 [1]. est de diminuer l’incidence de la HISTOIRE NATURELLE
Cette faible incidence, associée tuberculose, le pourcentage de DE LA TUBERCULOSE
notamment au fait que le vaccin tuberculoses multirésistantes et
BCG (Bacille de Calmette et Gué- de réduire les inégalités de l’accès L’histoire naturelle de la tubercu-
rin) ne protège que modestement aux soins des populations les plus lose est un processus complexe,
contre les formes pulmonaires de exposées. qui fait intervenir des spécialités
l’enfant responsables de la diffu- aussi diverses que l’immunologie
sion du bacille dans la population, PERSONNEL SOIGNANT ou les sciences sociales. Elle per-
a conduit en 2007 à la suspension En France, l’incidence de la TM met d’éclairer la grande diversité
de l’obligation de cette vaccina- parmi l’ensemble des personnels des manifestations engendrées
tion pour les enfants et les adoles- de santé est estimée de 12 à 15 par ce pathogène qui infecte 1/3
cents [2]. Cette vaccination n’est pour 100 000 personnes. Chez le de la population du globe. Surtout,
plus que « recommandée » pour personnel infirmier de l’Assistance elle trace la voie des mesures de
les enfants les plus exposés à la publique - hôpitaux de Paris, cette prévention à proposer aux diffé-
tuberculose (avis du Haut Conseil incidence est légèrement supé- rents stades :
de la santé publique du 9 mars rieure puisqu’elle atteint 17,3 pour O le diagnostic précoce et le traite-
2007 [3], circulaire de la Direc- 100 000 soignants entre 2004 et ment de toutes les TM ;
tion générale de la santé DGS/RI1 2008, ce qui est 2 à 3 fois supérieur O au stade de l'ITL le diagnostic et
no 2007-318 du 14 août 2007) [4] (cf. à l’incidence de la TM chez les le traitement ciblé des patients à
encadré 1). femmes de même classe d’âge. Ce risque d’évoluer vers la tubercu-
Dans le même temps, en 2007, sur-risque est retrouvé dans deux lose-maladie.
le Programme national de lutte revues de la littérature citées par
contre la tuberculose (PNLT) a le Haut conseil de santé publique. MICROBIOLOGIE
été lancé. Il précise la stratégie à Il est dû aux contacts répétés avec Mycobacterium tuberculosis (Ba-
mettre en œuvre en fonction des des malades ou des cultures de My- cille de Koch ou BK), principal
régions et de certains groupes à cobacterium tuberculosis [6 ]. agent responsable de la tubercu-
lose, est un bacille aérobie, non
,Encadré 1 mobile, non sporulé, remarquable
par sa paroi très riche en lipides
de haut poids moléculaire, qui lui
> LA VACCINATION BCG EN FRANCE confèrent son caractère de bacille
acido-alcoolo-résistant (BAAR). Le
L e vaccin BCG par multipuncture
La suspension d’obligation vaccinale
par le BCG ne concerne pas les temps de doublement de M. tuber-
(Monovax®) a été retiré du professionnels et étudiants des culosis est particulièrement long
commerce en 2006 et remplacé par carrières sanitaires et sociales (15 à 20 h), en comparaison de celui
le vaccin BCG SSI® administrable de la majorité des autres bactéries
qui, eux, restent soumis à cette
par voie intradermique. Après une pathogènes (< 1 h).
obligation (articles L. 3112-1,
expertise française qui estimait R. 3112-1 alinéa C et R. 3112-2 du
que la vaccination des seuls
TRANSMISSION
Code de la santé publique). En La tuberculose fait suite à l’inha-
enfants à risque (< 15 %) pouvait effet, bien que le Haut conseil de lation de particules infectieuses
prévenir trois-quarts des cas de santé publique ait recommandé, émises par un patient-source at-
tuberculose jusque-là évités par dans son avis du 5 mars 2010 [5], teint de tuberculose pulmonaire
le BCG, l’obligation vaccinale la levée de cette obligation pour ou laryngée, particulièrement lors
a été remplacée en 2007, par les professionnels concernés (cf d’un effort de toux, d’éternuement,
une recommandation forte de paragraphe « Vaccination BCG ou de vocalisation. Ces particules
vaccination des enfants les plus et professionnels exposés »), à ce infectieuses, appelées gouttelettes
exposés [3, 4]. jour, la réglementation n’a pas été de Pflügge, sèchent rapidement
dans l’air, mais peuvent rester en
modifiée.
© INSERM/Loïc Guillevin.
suspension dans une pièce non RÉPONSE DE L’HÔTE APRÈS
aérée pendant environ 30 minutes INHALATION DE BACILLES
en conservant leur infectiosité. TUBERCULEUX
La tuberculose est dite bacillifère La tuberculose est le prototype
lorsqu’elle est suffisamment pro- de maladie infectieuse dont le
ductive pour que l’examen direct contrôle dépend de l’immunité
des prélèvements respiratoires cellulaire. Durant les semaines
visualise des BAAR (soit plus de 103 qui suivent l’inhalation de bacilles
à 104 bacilles.ml-1) [7]. Des études tuberculeux, ceux-ci se multi-
anciennes ont montré qu’un pa- plient librement dans les espaces
tient présentant une tuberculose alvéolaires ou à l’intérieur des
bacillifère émet environ 3 000 par- macrophages, dans une ambiance
ticules infectieuses lors d’un effort de « sidération » immunitaire. La
de toux, une quantité équivalente réponse lymphocytaire T, retar-
s’il parle pendant 5 minutes et dée mais intense, est à l’origine
beaucoup plus lorsqu’il éternue. de manifestations d’hypersensibi-
Caverne tuberculeuse du sommet droit.
La richesse en bacilles tubercu- lité tissulaire majorées par l’effet
leux dans les prélèvements res- adjuvant des lipides de paroi des
piratoires est de loin le principal bacilles tuberculeux.
facteur de risque de transmission La réaction cutanée à la tubercu- DISSÉMINATION
[8] : une étude réalisée aux Pays- line devient manifeste 3 à 9 se- Initialement, les gouttelettes de
Bas dans les années 70 auprès maines après le contage. L’activité Pflügge inhalées se logent dans la
d’enfants a montré que le taux bactéricide des macrophages est partie distale de l’arbre bronchique.
d’attaque (pourcentage de sujets alors effective et la résultante des Les premiers territoires touchés
contact infectés) était de 50 % en forces en présence (charge bacil- sont les mieux ventilés, à la par-
cas de patient-source bacillifère, laire et intensité de la réponse im- tie moyenne des poumons (zones
vs 5 % en cas de patient-source mune) détermine l’évolution : inférieures des lobes supérieurs et
présentant une tuberculose docu- O en cas de réaction immuni- zones supérieures des lobes infé-
mentée par la culture des prélè- taire puissante dirigée contre une rieurs et moyen) et en périphérie
vements respiratoires, mais ne re- quantité limitée d’antigènes, il y a (foyers sous-pleuraux). Dans trois-
trouvant pas de BAAR à l’examen formation de granulomes tubercu- quarts des cas, le foyer initial est
direct. leux qui permettent de circonscrire unique, tandis que la dissémi-
Néanmoins, bien que le risque soit le foyer infectieux, évoluant vers la nation lymphatique débute par
faible, une proportion non négli- cicatrisation avec fibrose ; l’intermédiaire des macrophages
geable de cas peut survenir après O à l’inverse, si la quantité de ba- infectés, qui se localisent préféren-
une exposition à un sujet présen- cilles actifs dépasse les capacités de tiellement au niveau des ganglions
tant une tuberculose à examen la réponse immune, on assiste à une satellites, hilaires et médiastinaux.
direct négatif (absence de BAAR). évolution vers la nécrose caséeuse, Chez l’immunodéprimé, la dissé-
Ainsi, dans une étude réalisée à qui doit son nom à sa consistance mination hématogène débute dès
Vancouver (Canada), 22 % des cas de « fromage blanc ». Cette nécrose ce stade par l’intermédiaire des
index étaient à frottis négatifs [9]. caséeuse, instable et mal limitée, se macrophages infectés, qui jouent
Aux Pays-Bas, 13 % des cas de tu- déverse dans les bronches, formant le rôle de cheval de Troie. Au cours
berculose à culture positive pris en des cavités tuberculeuses (cavernes) de ce processus de dissémination
charge de 1996 à 2004 étaient se- (photo 1) souvent multiples, favori- lymphatique et hématogène pré-
condaires à des tuberculoses pul- sant la dissémination par voie endo- coce, certains organes sont particu-
monaires avec absence de BAAR à bronchique, avec une quantité mas- lièrement ciblés avec blocage des
l’examen direct [10]. sive de bacilles tuberculeux (107 à macrophages et réplication active
109 bacilles dans les cavernes contre du bacille tuberculeux in situ : les
102 à 104 dans la nécrose caséeuse). régions postérieures et apicales
des poumons ainsi que les sites
,Figure 1
W W
Pas d'infection Infection tuberculeuse
(~ 50 millions patients/an dans le monde)
Réponse immune Réponse immune
puissante protectrice faible insuffisante
W W
Croissance BK contenue Croissance BK poursuivie
Caractéristiques BK Tuberculose « primaire »
Caractéristiques hôte
W W
Croissance bactérienne stoppée Croissance bactérienne contrôlée
Éradication du BK (10 %) Quelques bacilles viables persistent (90 %) 8 à 10
Immunité stérilisante Infection tuberculeuse latente
Total Monde = 2,2 milliards patients
semaines
,Figure 2
> ÉVOLUTION DES CAS DE TUBERCULOSE - MALADIES DÉCLARÉES EN FRANCE, 1993-2009. D'après
l'Institut de veille sanitaire (InVS), accessible sur www.invs.sante.fr
.OMBRE DE CAS
4AUX POUR
.OMBRE DE CAS
W W W W W W W W W W W W W W W W W
!NNmE DE DmCLARATION
la TM est trop longue pour être dé- ment des traitements antituber- d’interféron ou tests IGRA : Quan-
taillée ici, mais il est important de culeux. Schématiquement, la moi- tiferon gold IT ® (QFT TB gold IT®)
citer la tuberculose pulmonaire et tié des patients décédait de leur et T-Spot.TB®.
notamment sa principale présen- tuberculose, un quart guérissait Chacun de ces tests a des caracté-
tation radiologique : les infiltrats spontanément, et un quart déve- ristiques propres et des propriétés
des sommets (photo 2). En France, loppait une forme chronique, qui a communes.
25 % des TM sont exclusivement probablement joué un rôle prédo-
extra-pulmonaires, mais 40 % de minant dans la dissémination de INTRADERMORÉACTION
celles-ci sont thoraciques (pleu- la tuberculose jusqu’au milieu du À LA TUBERCULINE
rale ou ganglionnaire médiasti- XXe siècle en France. La tuberculine qui est utilisée
nale). Les tuberculoses ganglion- est le plus vieux des antigènes
naires (le plus souvent cervicales), mycobactériens. Elle est obtenue
miliaires (dissémination hémato- à partir de cultures de M. tubercu-
gène), les spondylodiscites tuber- TESTS DE DÉPISTAGE DE losis inactivées. Elle contient plus
culeuses ou « mal de Pott » (le plus L’INFECTION TUBERCULEUSE de 200 antigènes partagés entre
souvent au niveau du rachis thora- M. tuberculosis, M. bovis, le BCG et
cique inférieur) et les méningites Il existe deux types de tests immu- certaines mycobactéries environ-
tuberculeuses sont les principales nologiques explorant ces réponses nementales. L’IDR (encadré 2) est
formes de tuberculose extrapul- immunes spécifiques : un outil imparfait par le manque
monaire. L’évolution naturelle de O l’IDR, qui explore les réponses de standardisation des modes de
la TM est bien connue à partir des immunologiques in vivo ; production de la tuberculine et
études antérieures au développe- O les tests in vitro de sécrétion par les difficultés pratiques ren-
,Encadré 2
,Encadré 4
Les modalités de cette vaccina- Les objectifs de cette surveillance
tion sont détaillées dans le décret sont :
> BCG, OBLIGATIONS VACCINALES, n° 2004-635 du 30 juin 2004 [22] et O de permettre un diagnostic pré-
APPROCHE PAR TYPE DE PROFESSION l’arrêté du 13 juillet 2004 [15] (enca- coce de TM en vue de la mise en
(article R. 3112-1 du Code de la santé publique)
dré 5). route rapide d’un traitement ;
Sont soumis à la h. masseurs- O de pouvoir dépister une ITL et
vaccination obligatoire par kinésithérapeutes, proposer ainsi au soignant une
le vaccin antituberculeux i. orthophonistes,
BCG : j. orthoptistes,
TUBERCULOSE ET prophylaxie en cas de nécessité,
les étudiants en médecine, k. pédicures-podologues, SURVEILLANCE MÉDICALE ainsi qu’une surveillance particu-
en chirurgie dentaire et l. psychomotriciens, DES PROFESSIONNELS lière.
en pharmacie, ainsi que m. techniciens d’analyses DE SANTÉ Elle pourra aboutir à une déclara-
les étudiants sages- biologiques. La surveillance des professionnels tion en maladie professionnelle le
femmes et les personnes 2. Professions de caractère
de santé fait l’objet de recomman- cas échéant.
qui sont inscrites dans les social :
écoles et établissements a. aides médico- dations particulières [23]. Du fait de
préparant aux professions psychologiques, leur activité, il existe un risque Par ailleurs, cette surveillance
de caractère sanitaire b. animateurs socio- d’exposition accru chez ces pro- permet également de protéger
ou sociale énumérées éducatifs, fessionnels. Le médecin du travail, la collectivité hospitalière, qu’il
ci-après : c. assistants de service
conseiller de l’employeur, évalue s’agisse des autres soignants ou
1. Professions de caractère social,
sanitaire : d. conseillers en économie le risque pour ces professionnels des patients.
a. aides-soignants, sociale et familiale, en fonction du lieu et de la spé-
b. ambulanciers, e. éducateurs de jeunes cificité du poste de travail, ce qui Il est recommandé pour les pro-
c. audioprothésistes, enfants, lui permet ensuite de mettre en fessionnels de santé :
d. auxiliaires de f. éducateurs spécialisés,
place une surveillance médicale OÀ l’embauche :
puériculture, g. éducateurs techniques
e. ergothérapeutes, spécialisés, adaptée. Il est intéressant de noter - un examen clinique de référence ;
f. infirmiers et infirmières, h. moniteurs-éducateurs, que ces recommandations visent - une radiographie pulmonaire da-
g. manipulateurs i. techniciens de également d’autres professionnels tant de moins de trois mois. Cet exa-
d’électroradiologie l’intervention sociale et exposés tels que les personnels du men, recommandé par le Conseil
médicale, familiale.
milieu pénitentiaire ou des foyers supérieur d’hygiène publique de
de migrants. France (CSHPF), n’est obligatoire
que pour la Fonction publique hos-
,Encadré 5 pitalière (article R. 4626-23 du Code
du travail) ;
- une IDR (2) datant de moins de
> LE BCG CHEZ LES PROFESSIONNELS ET ÉTUDIANTS DES (2) L’IDR doit être
pratiquée comme trois mois. L’objectif est de servir
CARRIÈRES SANITAIRES
SANITAT IRES ET SOCIALES SOUMIS À CETTE test de référence de test de référence en cas d’expo-
OBLIGATION
A (articles L. 3112-1, R. 3112-1 C et R. 3112-2 du Code de la dans le cadre de sition ultérieure, et d’éliminer une
santé publique). la surveillance
infection tuberculeuse.
Une vaccination par le BCG, même des membres
Sont considérées comme ayant O En cours d’activité profession-
ancienne, reste exigée à l’embauche des professions
satisfait à l’obligation vaccinale par le nelle, la surveillance à mettre en
pour les étudiants et les professionnels énumérées aux
BCG [15, 22] :
mentionnés aux articles R. 3112-1 articles R.3112-1 place dépend du niveau de risque
(alinéa C) et R. 3112-2 du Code de la et R.3112-2 du du secteur concerné :
Oles personnes apportant la preuve Code de la santé
santé publique (en l’absence d’IDR - risque élevé : secteur géogra-
écrite de cette vaccination ; publique [15]. Tous
positive), sauf contre-indication phique accueillant au moins 5 tu-
(R. 3112-3 du Code de la santé les professionnels
Oles personnes présentant une de santé sont berculeux bacillifères par an : sur-
publique). Cependant, il n’y a pas lieu
de revacciner une personne ayant cicatrice vaccinale pouvant être concernés. veillance tous les 18 mois à 2 ans de
eu une première vaccination, même considérée comme la preuve de la la radiographie pulmonaire et de
en cas d’intradermoréaction à la vaccination par le BCG. l’IDR si < 10 mm ;
tuberculine négative [15]. - risque intermédiaire : secteur
géographique accueillant de 2 à
de santé publique (HCSP) a été part, les taux de réversion spon- l’embauche si l’IDR est > 5 mm.
saisi par la Direction générale tanée sont importants (de 33 à
O Limiter la réalisation des
de la Santé (DGS) afin d’élaborer 53 % selon le seuil choisi). Toutes
tests IGRA en surveillance, quel
des recommandations pratiques ces fluctuations rendent délicate
que soit le niveau de risque
d’utilisation des tests de détec- l’interprétation de ces tests.
d’exposition à la tuberculose
tion de la production d’interféron Aussi, en attendant les résultats
d’un service, aux seuls cas
gamma. Le HCSP a émis des re- de l’enquête QUANTIPS (3) qui per- (3) Évaluation d’exposition documentée
commandations dans son rapport mettra de disposer de données ac- médico-
économique
c’est-à-dire ceux où il y a eu
du 1er juillet 2011 concernant l’uti- tualisées sur le risque annuel d’in-
des nouveaux défaut manifeste d’isolement
lisation de ces tests en général, et fection dans des services à risque,
tests IGRA dans respiratoire d’un patient
plus spécifiquement chez les per- le HCSP ne recommande pas, dans la surveillance contagieux.
sonnels de santé [6, 24]. son avis du 1er juillet 2011, la pra- des personnels
hospitaliers
exposés.
> INTERPRÉTATION D’UN TEST IGRA de santé exposé à un patient tu- Si le test IGRA est positif et qu’il
POSITIF berculeux, l’interprétation de ce est réalisé moins de 4 semaines
Pour permettre une bonne inter- résultat va nécessiter de procéder après l’exposition : il s’agit d’une
prétation, les modalités de pré- par étapes successives. ITL ancienne.
lèvement, de conservation et les Si le test IGRA est positif et qu’il
délais d’acheminement au labo- 1 ) Éliminer une TM avec l’aide est réalisé plus de 4 semaines
ratoire doivent être strictement d’une consultation spécialisée de après l’exposition : il s’agit vrai-
respectés. pneumologie ou d’infectiologie : semblablement d’une infection
L'interprétation doit se faire au cas - notamment grâce à l’interroga- récente :
par cas (cf. p. 22). toire, la notion d’altération de l’état - si le test IGRA était négatif
général, le contexte, l’examen cli- jusque-là,
Seuil de positivité et valeur nique, la radiographie… ; - ou s’il n’y a pas de notion d’expo-
prédictive - s’il existe un doute à la radiogra- sition ancienne,
La positivité témoigne de la pré- phie de thorax : faire un examen - ou s’il y a une évolution récente
sence de lymphocytes T mémoire tomodensitométrique et éventuel- du diamètre de l’IDR de plus de
effecteurs, sécrétant de l’interfé- lement une recherche de bacille 10 mm.
ron gamma, spécifiques de M. tu- tuberculeux (BK) ;
berculosis à un taux supérieur à la - si la radiographie pulmonaire est 4 ) Si l’infection est récente, qui
valeur seuil. normale, le diagnostic de tubercu- traiter ?
La positivité du test IGRA témoigne lose-maladie pulmonaire est éli- Pour mémoire, il faut toujours
de la présence d’une infection miné. traiter une tuberculose-maladie.
tuberculeuse chez la personne tes- Par contre, devant une infection
tée. Il s’agit d’une infection tuber- 2 ) Rechercher un contexte d’im- tuberculeuse latente récente chez
culeuse non datée. munodépression (greffe d’organe, un soignant, la mise en route d’un
Néanmoins, des valeurs proches VIH, thérapie par anti-TNF alpha, traitement tiendra compte no-
du seuil (pour le test Quantiferon corticothérapie, cancer, chimio- tamment de :
gold IT® entre 0,35 et 0,7, et pour le thérapie…). L’indication d'un - l’âge (particulièrement si > 50 ans),
T-Spot.TB® entre 6 et 10 SFC/puits) traitement antituberculeux sera - la présence d’une maladie hépa-
peuvent donner lieu à discussion. alors à discuter avec le médecin tique (sérologies hépatites, alcool…),
L’intensité du résultat n’a pas de référent de la pathologie immu- - la prise de médicaments (interac-
signification pour ce qui concerne nosuppressive. tions possibles),
la valeur prédictive du test vis-à-vis - la perception du traitement,
du risque de tuberculose-maladie. 3 ) En l’absence de tuberculose - l’observance attendue,
Il convient éventuellement de maladie et d’immunodépression, - le contexte familial (enfants dans
refaire le test si la valeur se situe s’agit-il d’une ITL ancienne ou l’entourage…).
autour du seuil ou si le test a été récente ? Dans le cas d’une tuberculose
réalisé moins de 12 semaines après La probabilité que l’infection soit infection récente chez un sujet
le contact exposant. ancienne augmente avec l’âge, la non immunodéprimé, le traite-
Par ailleurs, la valeur prédictive durée du travail potentiellement ment, correctement pris, évite le
de l’IGRA vis-à-vis du risque de exposant et les séjours en zone passage à la tuberculose-maladie
TM diminue quand la prévalence d’endémie. Il convient donc de re- dans environ 70 % des cas. Toute-
de l’infection dans la population chercher une infection antérieure, fois, seulement 5 % environ des
à laquelle appartient la personne ou une situation d’exposition an- personnes infectées développent
augmente (originaire d’une zone térieure (lieu de naissance, séjour spontanément la maladie. Aussi,
d’endémie, travail sans protection en pays d’endémie et nature du sé- le traitement de 100 personnes
pendant de nombreuses années…). jour, antécédent familial de tuber- présentant une tuberculose in-
culose…). Il faudra tenir compte, fection récente ne permet d’éviter
Interprétation d’un test IGRA po- bien entendu, de l’historique des que 3 cas de tuberculose-maladie,
sitif autour d’un cas et conduite IDR, de l’existence d’un test IGRA avec un risque d’effets indési-
à tenir de référence, des antécédents de rables non négligeable, notam-
Lorsque le résultat du test IGRA vaccination par le BCG (dates et ment une hépatite médicamen-
est positif chez un professionnel nombre). teuse. Il convient donc de bien
BIBLIOGRAPHIE