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UE BIOPATHOLOGIE TISSULAIRE – ANAPATH : TUMEURS ÉPITHÉLIALES

UE BIOPATHOLOGIE TISSULAIRE – ANAPATH


Cours du 22/02/2023 de 10h à 12h
Dr Myriam KOSSAI
Pris par Lou-Anne PIEL et Maelys PAUL

TUMEURS EPITHELIALES (PARTIE 1)

Le support de cours déposé sur l’ent va être remis à jour (notamment les chiffres qui ne sont plus d’actualité et
ne sont donc pas à apprendre). La prof a également prévu de mettre des fiches sur l’ENT reprenant les points
essentiels à connaitre pour l’examen.

Objectifs :
- Connaître les noms des différentes catégories de tumeurs de la famille des carcinomes et comprendre
leur classification et la nomenclature.
- Connaître les notions de bases d’épidémiologie, de présentation clinicopathologique.
- Savoir classer les différents types de tumeurs épithéliales en fonction de leur différenciation.
- Décrire les critères diagnostiques des tumeurs malpighiennes bénignes et malignes. Connaitre les
principales caractéristiques cliniques et morphologiques des carcinomes cutanés (épidermoïde et
basocellulaire) et des carcinomes épidermoïdes dans leurs localisations extra-cutanées.
- Connaitre les critères diagnostiques macroscopiques et microscopiques des tumeurs épithéliales
glandulaires bénignes et malignes. Identifier les aspects particuliers de ces tumeurs dans les organes
pleins (sein) et les muqueuses (notamment l’exemple des tumeurs colo-rectales).
- Connaitre les particularités diagnostiques et évolutives des tumeurs urothéliales et neuroendocrines.
- Savoir remplir une fiche de prélèvement (traité dans un prochain cours, compétence importante selon
la prof)

A. INTRODUCTION
Les tumeurs épithéliales peuvent être bénignes ou malignes. Dans ce dernier cas, elles sont dénommées
carcinomes (=cancers épithéliaux). Elles sont développées à partir des épithéliums de revêtements (épidermes
et muqueuses) ou à partir des épithéliums des organes pleins (parenchymes).
Ces épithéliums peuvent être de trois types : malpighien, glandulaire et para malpighien (ou urothélial).
Un peu à part, le chapitre des tumeurs glandulaires à différenciation endocrine.

B. TUMEURS DES REVETEMENTS EPITHELIAUX


I. Tumeurs bénignes
Ce sont les papillomes pour les muqueuses malpighiennes et urothéliales, et les condylomes pour les
muqueuses génitales.

1. Le Papillome (muqueuses malpighiennes et urothéliales)


Le papillome est macroscopiquement une tumeur végétante, exophytique, souvent framboisée sur les
muqueuses, en saillie sur le plan du revêtement malpighien qui lui donne naissance. Il peut siéger sur la peau

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(ex : verrue vulgaire) ou sur les muqueuses. Il est fréquemment d’origine virale, lié à un virus du groupe HPV
(Human Papilloma Virus), ou du groupe Pox (verrue).
Sur le plan histologique, trois critères sont requis pour le diagnostic :
- L’hyperpapillomatose : les crêtes épidermiques (ou épithéliales) sont allongées, la couche basale de
l’épithélium est très sinueuse.
- L’hyperacanthose : l’épiderme est épaissi au niveau de la couche des cellules épineuses (corps
muqueux de Malpighi).
- L’hyperkératose : la couche de kératine est épaissie (dans l’épiderme). On dira hyperkératose
orthokératosique en cas de squames anucléées (orthokératose) et parakératosique si les squames ont
conservé des noyaux pycnotiques (parakératose).

2. Condylome
Le condylome siège sur les muqueuses malpighiennes génitales et est également lié au virus HPV. Le mode de
transmission est essentiellement sexuel.
Il se développe principalement au niveau de l’exocol utérin (zone de jonction), du vagin, de la vulve, de la zone
anorectale et du pénis, plus rarement au niveau pharyngo-laryngé (mode de contamination possible chez le
nouveau-né lors du passage de la filière génitale).

3. Cancer de col utérin


a. Particularités
Il s'agit d'une maladie sexuellement transmissible, l’agent pathogène a été identifié : le papillomavirus (HPV).
Son histoire naturelle est bien connue et l'intervalle entre la première transformation cellulaire et le cancer
invasif est en moyenne de 13 ans. En France, 40 % des femmes ne sont pas dépistées et les formes graves du
cancer invasif demeurent. Le traitement comporte le plus souvent l'association chirurgie-radiothérapie, voire
radio-chimiothérapie dans les grosses tumeurs. La survie à 5 ans varie de 85 à 90 % au stade IB à 5 à 15 % au
stade IIIB (d’où l’importance du dépistage précoce).

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L’HPV va produire des protéines,


notamment E6 et E7 qui vont se fixer entre autres à la
protéine p53 et ainsi limiter son fonctionnement. Ceci
perturbe le cycle cellulaire et entraine une
prolifération tumorale.

b. Facteurs de risques de cancer du col utérin


- L'activité sexuelle : le jeune âge au premier rapport (< 17 ans) et le nombre de partenaires sexuels
sont les éléments essentiels. Ils sont associés à une fréquence plus élevée d'infection HPV.
- Le tabagisme : semble actuellement être le second facteur.
- L'absence de dépistage (conditions socioéconomiques défavorisées) constitue le facteur de risque
principal de survenue du cancer.
- Les déficits immunitaires représentent une facette nouvelle, qu'il s'agisse de transplantés rénaux ou
de séropositivité au VIH.
- La contraception orale : les œstroprogestatifs prêtent à discussion. Ils augmenteraient le risque de
cancers glandulaires.

c. Modalités de dépistages
- Pour toutes les femmes de 20 à 30 ans, le dépistage reste fondé sur 1 frottis cervico-utérin (FCU) tous
les 3 ans (sauf la première fois : deux frottis espacés d’un an)
- Prélèvement de l'exo et de l'endocol au niveau de la zone de jonction par une cytobrosse ou une
spatule d'Ayre en dehors des règles et en l'absence d'infection cervico-vaginale après la pose d'un
spéculum sans lubrifiant.
- L’examen cytologique en milieu liquide est recommandé : le prélèvement en milieu liquide permet la
réalisation d’un test HPV sur le même prélèvement (test réflexe), et évite, en cas de cytologie
anormale, une re-convocation de la femme pour effectuer un second prélèvement, alors qu’un
prélèvement avec étalement sur lame la rendrait nécessaire.
- À partir de 30 ans, la HAS recommande que le test HPV remplace l’examen cytologique en dépistage
primaire.
- Le rythme entre deux dépistages par test HPV est de 5 ans, dès lors que le résultat du test est négatif.

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ASC-US+ = anomalie de signification indéterminé, on voit qu’il y a une anomalie mais on ne sait pas si c’est
un cancer.

d. Prévention
Prévention primaire = Vaccination anti-HPV
Vaccin anti-HPV de haut risque (HPV 16 et 18) et de bas risque (6 et 11), remboursé par la CPAM pour :
- Jeunes filles et jeunes garçons de 14 ans
- Jeunes femmes et jeunes hommes de 15 à 23 ans vierges ou dans la 1ère année d'activité sexuelle

Prévention secondaire
Elle sera débutée à partir de 25 ans même chez les femmes vaccinées, par frottis cervico-vaginal.

De gauche à droite : Cervex-Brush® ; Cytobrush® ou brosse endocervicale ;


Spatule en bois extrémité arrondie (Ayre)

Col utérin : la périphérie blanchâtre lisse correspond à la partie épidermoïde, la


zone plus rosée centrale correspond à la partie glandulaire. Le frotti cervical
s’effectue au niveau de cette jonction.

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e. Colposcopie
La colposcopie est un examen permettant de repérer les anomalies du col (analyse de la zone de jonction
squamo-cylindrique) tout en précisant leurs topographies.
Afin de diriger la biopsie, l’application d’acide acétique (rend les zones acidophiles, qui sont souvent
pathogènes, blanchâtres) et de Lugol (colore les zones iodo-négatives) est très courante.

Sans coloration Acide acétique Lugol

Frottis cervico-vaginal normal FCV anormal : les cellules sont amphophiles


(elles se colorent aussi bien avec des colorants acides que basiques)

Koïlocytes = cellules du col présentant une vacuole


inhabituelle entourant le noyau, leur présence est quasiment
pathognomonique d’infection HPV.

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II. Tumeurs malignes


1. Carcinomes cutanés
Ce sont les carcinomes les plus fréquents, il existe le carcinome épidermoïde ou malpighien (anciennement
appelé spinocellulaire) et le carcinome basocellulaire.

a. Généralités, caractères communs


Hormis le carcinome basocellulaire qui est limité au revêtement cutané (pas de carcinome basocellulaire du
pancréas par exemple), tous les autres sont des carcinomes épidermoïdes et ils partagent tous le même aspect
histopathologique : la présence de signes architecturaux et cytologiques classiques de malignité.

Quelques chiffres :
- Les cancers cutanés sont les cancers les plus fréquents chez l’adulte.
- 90 % des cancers cutanés sont des carcinomes (tumeur épithéliale maligne).
- Le carcinome basocellulaire est le plus fréquent (80 % des carcinomes cutanés).

Les carcinomes cutanés sont fréquents chez les adultes (surtout personnes âgées), de peau blanche ; surtout
dans les régions découvertes, exposées au soleil (visage, oreilles, nuque, dos des mains) (cf carcinogenèse par
les radiations).
Ils compliquent souvent des lésions précancéreuses :
- Radiodermite, rare aujourd'hui (lésion du derme liée aux radiations)
- Kératose actinique (ou sénile) : lésion précancéreuse survenant sur peau exposée au soleil, évolue
rarement vers un cancer épidermoïde et peut régresser
- Cicatrice
- Maladie de Bowen (carcinome in situ)
Il peut exister une prédisposition génétique notamment pour le xéroderma pigmentosum (enfants naissent
avec une très haute sensibilité aux radiations et doivent se protéger du soleil en permanence).
Leur diagnostic est souvent précoce (lésions visibles, prélèvements faciles).

2 types différents de carcinomes cutanés (+ le mélanome) :

Carcinome basocellulaire Carcinome épidermoïde


Limité au revêtement cutané Peut se voir sur peau et muqueuse
Sur peau saine Sur peau lésée
Ne donne jamais de métastase Métastases possibles
Ne fabrique pas de kératine Fabrication variable de kératine

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b. Carcinome basocellulaire
Ils sont souvent présents chez la personne âgée et peuvent se présenter sous différentes formes : perle,
ulcérée, étendue.

Sur l’image la plus à droite : forme assez évoluée où l’on retrouve à la fois un aspect perlé ainsi que des
ulcérations, l’exérèse sera difficile, assez délabrante (car proche des conduits lacrymaux).

Exemple : patiente de 68 ans avec lésion de la tempe de 3 cm de diamètre aspect translucide et centre fibreux
rétracté évoluant depuis 3 ans.
- Quel diagnostic évoquez-vous en premier lieu ? Sur quels critères ?
Lésion chronique, en forme de « perle » sur zone du visage exposée au soleil :
carcinome basocellulaire nodulaire (car perlé) et sclérodermiforme (= toute
une zone entre les deux perles d’aspect cicatriciel, fibreux).
- Que faites-vous pour confirmer votre diagnostic ?
Biopsie, exérèse et recherche d’autres lésions associées au soleil et au vieillissement cutané.

La patiente présente aussi une lésion érythématosquameuse de la main droite avec une plaque érythémateuse
et indurée en son centre, ulcérée qui parait infiltrante. Son médecin lui a dit que c’était une kératose actinique
probablement (lésion due au soleil) et qu’un traitement local par laser CO2 pouvait être pratiqué.
- Qu’en pensez-vous ?
Il faut réaliser une biopsie sur la zone infiltrée et indurée qui pourrait être un carcinome spinocellulaire et avoir
des conséquences à distance.
Il est nécessaire d’avoir une histologie, et donc faire une biopsie, avant de traiter la lésion.

EN RÉSUMÉ, carcinome basocellulaire :


- Macroscopie :
• Forme ulcérée entourée de surélévations translucides (perles)
• Forme « pagétoïde » étendue, plane, de diagnostic difficile

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- Histologie :
• Cellules ressemblant aux cellules basales de l'épiderme (cellules basophiles, violettes, assez
sombres), rangées en travées
• Ni différenciation épidermoïde, ni de maturation
- Évolution :
• Purement locale, lente
• Jamais de métastases
- Complications :
• Exemple si près de l’œil possibilité d’avoir des ulcérations étendues, hémorragies...
- Prise en charge :
• Le traitement chirurgical avec exérèse complète de la lésion est le traitement de référence «
pagétoïde » étendue, plane, de diagnostic difficile

Une biopsie préalable au geste d’exérèse peut être faite pour affirmer le diagnostic s’il existe un doute clinique,
si le traitement proposé n’est pas chirurgical, pour toutes les formes cliniques de mauvais pronostic ou si le
geste chirurgical nécessite une reconstruction importante

Image de gauche : carcinome basocellulaire au niveau du nez, ulcéré. L’exérèse pourra être assez délabrante
Image de droite : forme sclérodermiforme, cicatriciel, plus plane, plus difficile à diagnostiquer, peut être pris
pour une cicatrice quelconque.

Données du compte rendu d’anapath :


- Taille de la pièce d’exérèse
- Orientation (oui/non)
- Lésions visibles macroscopiquement (oui/non). Si oui préciser aspect/taille de la lésion
- Histologie : carcinome basocellulaire/spinocellulaire. Si basocellulaire donner le sous-type
histologique (superficiel, nodulaire, infiltrant, sclérodermiforme, métatypique, composite)
- Qualité de l’exérèse (limites latérales et profondes) :
• En tissu tumoral
• Au ras de la tumeur
• En tissu sain (préciser la marge minimale)
NB : marge minimale = distance entre la tumeur et la berge d’exérèse.

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c. Carcinome spinocellulaire = épidermoïde


Il est beaucoup moins fréquent que le carcinome basocellulaire.
L’évolution est locale, et il y a possibilité de métastases (ganglionnaires ou viscérales).
Risques : infiltration en profondeur (première phase de développement au niveau de l’épiderme et ensuite
peut infiltrer le derme/muqueuse sous-jacent), récidive locale (surtout si résection incomplète), métastases,
développement d’une autre lésion.

Le carcinome épidermoïde survient le plus souvent sur peau lésée (cicatrice ou lésion précancéreuse comme
kératose actinique), et peut toucher les muqueuses.

Plusieurs formes macroscopiques possibles :


- Tumeur végétante (ou bourgeonnante)
- Tumeur ulcérée
- Tumeur infiltrante
Le plus souvent c’est une tumeur ulcéro-végétante, parfois tumeur végétante.

Forme végétante, Forme ulcérée avec un rebord tout


bourgeonnant dans la lumière autour indurée à la palpation

Kératose

Atypies

Lésion précancéreuse, bourgeonnante, l’accumulation de kératose donne cet aspect de « corne ». Cette lésion
est liée à l’exposition au soleil avec production anormale de kératine. Sur l’image microscopique on peut voir
qu’il y a des atypies (pas assez pour parler de carcinome in situ mais quand même bien présentes).

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Image de gauche : carcinome épidermoïde d’extension locale au niveau de l’oreille (localisation fréquente) qui
peut détruire le cartilage sous-jacent et continuer d’envahir le derme, très douloureux.
Image de droite : carcinome épidermoïde au niveau de la joue, de forme ulcérée.

Signes de maturation, avec production de kératine, souvent de façon


anormale (globe corné = foyer de kératine, cellules tumorales
kératinisées isolées).

Plus un carcinome épidermoïde est différencié, plus il y a des signes


Massif infiltrant de maturation = production de kératine. Moins il est différencié

moins il sera kératinisant.


Globe corné

Le carcinome épidermoïde va reproduire la fonction de l’organe dans lequel il se développe, ainsi au niveau de
la peau il y a production de kératine, d’autant plus s’il est bien différencié.
Ils sont faciles à mettre en évidence avec une forme d’enroulement qui est assez caractéristique (globe corné).

Différenciation variable :
- Carcinomes épidermoïdes bien ou moyennement différenciés : la différenciation épidermoïde est
reconnue par la présence de ponts d'union entre les cellules.
- Carcinomes indifférenciés : peuvent exister dans toutes les localisations et poser des problèmes de
classement histologique nécessitant parfois une étude immunohistochimique pour identifier la nature
de la prolifération.

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Maturation variable :

En haut à gauche : massif infiltrant avec foyer de kératinisation


(globe corné) bien différenciable. En haut à droite même chose
avec plus fort grossissement.
En bas à gauche : il n’y a plus de kératinisation, on n’a que des
massifs infiltrants, à droite même chose avec plus fort
grossissement.

EN RÉSUMÉ, carcinome spinocellulaire cutané :


- Macroscopie :
• Zones exposées au soleil
• Cicatrices
- Évolution :
• Extension locale
- Complications :
• Envahissement lymphatique et métastases ganglionnaires.
• Les métastases viscérales sont exceptionnelles.
- Prise en charge :
• Le traitement chirurgical avec exérèse complète de la lésion est le traitement de référence.
Une biopsie préalable au geste d’exérèse peut être faite. Dans tous les cas, tout ce qui sort de chirurgie va être
envoyé en anapath car on doit savoir ce que c’est.

La biopsie est recommandée :


- Si le diagnostic clinique est incertain ;
- Si un traitement non chirurgical est envisagé ;
- Pour confirmation diagnostique préopératoire avant une intervention extensive.

2. Carcinomes des muqueuses


Carcinomes des muqueuses épidermoïdes :
- Aspect de carcinome spinocellulaire identique au revêtement cutané

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- Macroscopie : aspect observé à l'endoscopie et sur les radiographies :


• Tumeur végétante (ou bourgeonnante)
• Tumeur ulcérée
• Tumeur infiltrante, entraînant un épaississement de la paroi, qui devient rigide et une réduction
de la lumière (sténose).

Image de gauche : lèvre avec tumeur ulcérée.


Image de droite : langue avec tumeur dont le tour est induré, ulcérée, chronique, très suspect.

Carcinome malpighien vagin :

En haut à gauche : tumeur bourgeonnante


condylomateuse, ulcérée et sans doute indurée.
En haut à droite : revêtement épidermoïde tout
fin avec grosse ulcération avec des massifs
infiltrants.
En bas : tumeur qui s’est développée, nodulaire,
bourgeonnante avec amas qui infiltre le chorion
sous-jacent.

Carcinome bronchique métaplasique :


À gauche : image de fibroscopie montrant une
bronche complètement obstruée par la tumeur
(flèches noires).
Au milieu : pièce opératoire avec une coupe au
niveau des bronches.
À droite même chose à plus fort grossissement
avec lésion blanchâtre mal délimitée, stellaire
infiltrant le parenchyme.

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NB : 2 types histologiques de carcinome bronchiques :


- les adénocarcinomes se développent surtout en distal à partir du revêtement épithélial bronchique
classique
- les carcinomes épidermoïdes (=malpighiens) se développent surtout en proximal à partir de
l’épithélium respiratoire qui devient métaplasique (transformation en épithélium malpighien, stade
réversible), puis peut devenir dysplasique et se transformer en carcinome épidermoïde invasif.
Ces 2 types histologiques peuvent être différenciés en immunohistochimie.

3. Tumeurs tête et cou


90% des cancers sont des cancers épidermoïdes car les muqueuses sont recouvertes principalement de
revêtement épidermoïde.

Localisation Types histologies Facteurs de risques/Facteurs carcinogènes


Tabac (cofacteur alcool + chaleur)
Cavité buccale
Oropharynx
Carcinome épidermoïde HPV (oropharynx)
Larynx
Hypopharynx
Tabac seul (larynx)
Carcinome épidermoïde HPV
Amygdale
Lymphome
Bois (reconnue comme maladie
professionnelle)
Ethmoïde Adénocarcinome
Nickel
Cavité nasale Neuroblastome olfactif
Sinus
Carcinome épidermoïde
maxillaire
Carcinome épidermoïde

EBV

Ethnies (Afrique du Nord, bassin


Carcinome indifférencié
Rhinopharynx méditerranéen, Chine du Sud et Inuits)
(UCNT), rare et assez agressif
Rôle de la consommation de poisson séché
et salé (nitrosamines)

Lymphome (souvent localisé au niveau du


cavum et des amygdales)

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Deux présentations cliniques pour les carcinomes épidermoïdes :


- Personnes âgées avec carcinome très développé, avec ganglion atteint (stade avancé), HPV négatif,
souvent lié au tabac et à l’alcool, de mauvais pronostic.
- Personnes jeunes, carcinome peu développé, HPV positif, non lié au tabac et à l’alcool, de meilleur
pronostic (meilleure réponse au traitement).

Exemple : Mr J, 46 ans, ébéniste, fumeur (30 paquets années), douleurs persistantes sinusiennes, début de
diplopie. Vous suspectez un processus tumoral qui est retrouvé au scanner au niveau du sinus éthmoïdien droit.

Stratégie diagnostique :
A. Prélèvement sous anesthésie générale
B. Biopsie nasale
C. Biopsie sous scanner
D. Pan-endoscopie
E. Biopsies avec congélation systématique

Réponses : A et D
La pan-endoscopie permettra de vérifier tous les sinus et voir s’il n’y a pas d’autres localisations. Il faudra aussi
faire des bilans d’extension local et sur l’ensemble du corps.

- Quelle est la particularité histologique des tumeurs du sinus éthmoïdal ?


Ce sont des adénocarcinomes (alors que la plupart des tumeurs ORL épithéliales sont des carcinomes
malpighiens).
- Que faut-il faire comme démarche une fois le diagnostic porté ?
Une déclaration de maladie professionnelle.
Pour le cancer de l'ethmoïde : examen des fosses nasales sous anesthésie générale avec des optiques et
biopsies sous contrôle de la vue.
Pan-endoscopie des VADS (= Voies Aéro-Digestives Supérieures) au tube rigide sous anesthésie générale pour
recherche d'une localisation synchrone.

Biopsies pour tumeur ORL


Pour une lésion palpable de la cavité buccale, elles peuvent éventuellement être réalisées sous contrôle de la
vue, sous anesthésie locale en consultation.

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Mais pour toutes les tumeurs, il faut faire systématiquement une pan-endoscopie des VADS au tube rigide
sous anesthésie générale pour recherche d'une localisation synchrone.
S'il existe une forte suspicion de lymphome (lésion amygdale ou cavum), prévoir des prélèvements pour
congélation à l'état frais ++ (afin de faire des examens complémentaires).
Pour le cavum : cavoscopie sous anesthésie générale, prélèvement état frais.

NB : le prélèvement à l’état frais pour congélation est toujours nécessaire dans : les lymphomes, les tumeurs
pédiatriques, les tumeurs des tissus mous.

EN RÉSUMÉ, Tumeurs tête et cou :


- Facteurs de risques :
• Tabac, alcool + liquides chauds et surtout association des deux
• Mauvais état dentaire
• HPV
• Travail du bois
- Histologie : Carcinome malpighien sauf ethmoïde (adénocarcinome).
- Lésions précancéreuses : Métaplasie dysplasie carcinome in situ.
- Pronostic : Dépend du stade
- Évolution : Métastases ganglionnaires puis viscérales. Association fréquente à un carcinome
épidermoïde bronchique (car les facteurs de risque sont les mêmes).

NB :
- Métaplasie : n’est pas un état cancéreux mais juste remplacement d’un revêtement par un autre, qui
reste normal.
- Dysplasie : quand on commence à avoir des atypies.
- Carcinomes in situ : atypies dans toute la hauteur du revêtement.

Tumeur sous la langue ulcéreuse et étendue.

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C. TUMEURS GLANDULAIRES

Aspect macroscopique commun


Tumeurs bénignes : polypes, sessiles ou pédiculés, en saillie sur la muqueuse.
Tumeurs malignes ou adénocarcinomes : bourgeonnant, ulcéré et infiltrant, le plus souvent associés.
Certaines tumeurs sont purement infiltrantes comme la linite gastrique, d’autres ont une consistance
gélatineuse rappelant la colle, due à une abondante sécrétion de mucus, comme le carcinome colloïde
muqueux ou carcinome mucineux.

Aspect microscopique commun :

Tumeurs bénignes = adénomes : cellules dysplasiques pré-


cancéreuses de grade varié.

Tumeurs malignes = adénocarcinomes : différents aspects


possibles (canalaire, tubulaire, trabéculaire, papillaire, à cellules
indépendantes).

NB : l’aspect à cellules indépendante est de mauvais pronostic, il


n’y a plus de cohésion donc les cellules passent dans les vaisseaux
et forment rapidement des métastases.

I. Tumeurs des organes creux


1. Tumeurs colorectales
a. Adénome
La France fait partie des pays pour lesquels le risque de cancer du côlon-rectum (CCR) est élevé, comme dans
les autres pays d'Europe de l'Ouest, les États-Unis, l'Australie et, plus récemment, le Japon.
En France, le cancer colorectal se situe, tous sexes confondus, au troisième rang des cancers les plus fréquents
: le deuxième chez les femmes et le troisième chez les hommes.
Il survient en grande majorité chez les personnes âgées de 50 ans et plus.

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Dépistage organisé du CCR : concerne les femmes et les hommes de 50 à 74 ans sans histoire familiale ni
antécédents personnels de cancer colorectal ou d'adénome et ne présentant pas de symptôme évocateur.
Tous les 2 ans, réalisation d'un test immunologique de recherche de sang occulte dans les selles + coloscopie
en cas de positivité du test.

Facteurs de risque de CCR :


- L’âge : CCR très rares avant 40 ans. Le risque commence à augmenter à partir de 50 ans et s’accroît
ensuite nettement jusqu’à 80 ans. 94 % des CCR surviennent après 50 ans. L’âge moyen des personnes
au moment du diagnostic est de 70 ans.
- Certaines habitudes de vie : Une alimentation trop calorique, une consommation importante de
viande rouge, une alimentation riche en graisses animales, la consommation d'alcool, l’inactivité
physique et le surpoids, la consommation de tabac (l’usage abusif et à long terme de la cigarette
augmente de 2 à 3 fois le risque d'apparition de gros adénomes dans le côlon et le rectum).
- À l’inverse, une consommation suffisante et variée de fruits et légumes frais a un effet protecteur vis-
à-vis du CCR.
- Les maladies inflammatoires chroniques du tube digestif (MICI).

Risque génétique :
Près de 10 à 15 % des cancers colorectaux se manifestent chez des personnes ayant des antécédents familiaux
de cancer colorectal, c'est-à-dire plusieurs cas de cancer du côlon ou du rectum dans la famille proche.
Le risque d'être atteint de ce type de cancer est de 2 à 2,5 fois plus élevé lorsqu'un membre de la famille au
premier degré (parent, frère, sœur ou enfant) a déjà eu un cancer colorectal.

Syndromes familiaux : maladie de Lynch, polypose adénomateuse familiale.


Une surveillance par coloscopie, à partir de 45 ans, est recommandée à toutes les personnes :
- Dont un parent au premier degré (parent, frère ou sœur, enfant) a été atteint et avait moins de 65 ans
lors du diagnostic ou,
- Dont deux parents au premier degré ont été atteints, quel que soit leur âge au moment du diagnostic
Par ailleurs, un antécédent familial au premier degré d’adénome à risque semble exposer la personne au même
niveau de risque de cancer colorectal qu’un antécédent familial de cancer.

Polype : aspect macroscopique

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