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EMC-Cardiologie Angéiologie 1 (2004) 242–255

www.elsevier.com/locate/emcaa

Endocardites de l’enfant et du petit enfant


Endocarditis in children and infants
M. Lefèvre (Praticien hospitalier) *, P. Guérin (Praticien hospitalier)
Unité de cardiologie pédiatrique, Hôpital Mère et Enfant, centre hospitalier universitaire,
7, Quai Moncousu, 44093 Nantes cedex 1, France

MOTS CLÉS Résumé L’endocardite infectieuse (EI) est caractérisée par des lésions ulcérovégétantes
Endocardite de l’endocarde, valvulaire et accessoirement pariétal, consécutives à la greffe sur
infectieuse ; l’endocarde d’un micro-organisme bactérien ou plus rarement fongique. Chez l’enfant,
Enfants l’EI est rare puisqu’elle représente de 0,40 à 1,35 ‰ des admissions dans les services
pédiatriques et, malgré l’introduction de nouveaux antibiotiques, sa fréquence ne
diminue pas. Les cardiopathies rhumatismales sont devenues très rares dans les pays
développés et les endocardites de l’enfant compliquent essentiellement des cardiopa-
thies congénitales dont certaines sont à très haut risque. Mais des endocardites aiguës
peuvent survenir sur cœurs sains, habituellement dans un contexte de réanimation
médicale prolongée. Les critères diagnostiques cliniques, bactériologiques et échographi-
ques établis chez l’adulte ont été validés chez l’enfant, des difficultés persistent dont
témoignent les délais du diagnostic par rapport à l’apparition des premiers symptômes.
Les micro-organismes les plus fréquents restent les streptocoques et les staphylocoques
avec toutefois une augmentation des bacilles à Gram négatif du groupe HACEK (Haemo-
philus parainfluenzae, Haemophilus (anciennement Actinobacillus) actinomycetemcomi-
tans, Cardiobacterium hominis, Eikenella et Kingella kingae), des micro-organismes
fongiques, et des germes résistants. L’EI chez l’enfant, comme chez l’adulte, est une
affection grave. Si la mortalité a baissé durant les deux dernières décennies, 50 % des
patients qui survivent ont une aggravation de leur cardiopathie causale. L’antibiothérapie
est bien codifiée mais dans 20 % des cas, un geste chirurgical est nécessaire, parfois en
urgence à la phase aiguë. La prophylaxie de l’EI a été récemment révisée par le groupe de
travail sur l’EI, et l’antibiothérapie préconisée varie selon le potentiel de complication
bactérienne de la cardiopathie sous-jacente. Malheureusement, l’efficacité des mesures
prophylactiques n’est pas constante et surtout ces mesures ne sont pas encore toujours
appliquées...Il est donc indispensable de poursuivre et d’améliorer l’éducation des
patients, de leurs familles, mais aussi de leurs médecins...
© 2004 Elsevier SAS. Tous droits réservés.

KEYWORDS Abstract Infectious endocarditis (IE) is characterised by necrotic and ulcerative lesions of
Infectious valvular, and sometimes parietal, endocardium, secondary to an endocardial graft of
endocarditis; bacterial or, less frequently, fungal micro-organisms. The incidence of IE is low in
Children
children, accounting for only 0.40 to 1.35 ‰ of all admissions in pediatric units, and does
not decrease despite the widespread use of new classes of antibiotics. Acute rheumatic
fever is now most unusual in developed countries. Therefore, IE occur mostly in children
with congenital heart disease. However, they can also affect children with a normal
heart, usually after prolonged intensive care. Although clinical, bacteriological, and

* Auteur correspondant.
Adresse e-mail : michele.lefevre@chu-nantes.fr (M. Lefèvre).

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doi: 10.1016/j.emcaa.2004.03.004
Endocardites de l’enfant et du petit enfant 243

echocardiographic criteria used in adults have been validated in children, the diagnosis
remains difficult and is still often delayed after the onset of the first symptoms. The
micro-organisms most frequently encountered remain streptococci and staphylococci,
but the incidence of Gram negative bacillus, resistant germs, and fungi is rising. IE is a
severe disease in children as in adults. Although survival improved over the last two
decades, 50 % of the surviving patients have a worsened cardiac condition after the
resolution of IE. The use of antibiotics is well standardised, but surgery is required in 20 %
of the patients, sometimes during the acute phase. IE prophylaxis was recently revised by
the Working Group of IE, and the recommended antibiotherapy varies according to the
type of underlying cardiac disease. Unfortunately, the efficacy of prophylaxis is not
constant and, most of all, recommendations are not always followed... It is therefore
mandatory to keep educating patients, their family, but also their practitioners...
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Introduction admissions entre 1986 et 1991, et Zuberbulher indi-


que que l’incidence au cours des trois dernières
L’endocardite infectieuse (EI) est une pathologie décennies est passée de 0,16 ‰ à 0,33 ‰ admission.
rare qui, chez l’enfant et le petit enfant, se greffe Entre 1977 et 1985, Parras53 indique une incidence
essentiellement sur une cardiopathie congénitale plus élevée de 1,35 ‰ admissions mais il s’agit d’un
opérée ou non, mais parfois sur un cœur sain dans centre de référence pour la chirurgie cardiaque
un contexte de réanimation médicale prolongée. pédiatrique.
L’EI chez l’enfant et le petit enfant,6,15 comme Cette progression peut être liée à plusieurs fac-
chez l’adulte, est une pathologie grave potentiel- teurs : l’amélioration des moyens diagnostiques
lement létale malgré les progrès diagnostiques liés d’EI, l’augmentation de l’espérance de vie des car-
à l’apport de l’échocardiographie et malgré les diopathies congénitales complexes en particulier,
progrès thérapeutiques liés à l’introduction de nou- mais aussi, l’utilisation plus fréquente de cathéters
veaux antibiotiques efficaces et à l’élargissement centraux responsables d’EI sur cœur sain chez des
des indications chirurgicales parfois portées en ur- enfants jeunes ou immunodéprimés.
gence, véritables gestes de sauvetage. Avant l’âge de 2 ans, l’EI n’est sans doute pas
La prévention de l’EI reste un problème difficile. aussi rare que ne le pensait Osler en 1885.52 Dans
Les mesures prophylactiques pourtant bien codi- trois séries de la littérature5,8,29 regroupant 79 EI
fiées ne sont pas toujours possibles ni efficaces et de l’enfant, 15 endocardites soit 18 % concernent
surtout ne sont pas toujours appliquées. D’où la des enfants de moins de 2 ans. Dans une autre série
nécessité impérative d’informer régulièrement les de 73 EI de l’enfant, 10 % sont des enfants de moins
patients et leurs familles sur le risque d’endocar- de 1 an.45
dite et de rappeler à chaque consultation qu’il faut
rester vigilant...
Pathogénie

Épidémiologie La genèse d’une EI9,18,23,27 nécessite la conjonction


d’une lésion endothéliale et d’une bactériémie.
Alors que chez l’adulte l’incidence de l’EI a pu être L’endothélium peut être lésé par un flux sanguin
chiffrée par deux enquêtes épidémiologiques fran- véloce passant d’un régime de haute pression à un
çaises récentes17,33 à 31 cas/an/million d’habi- régime de basse pression au travers d’un orifice
tants, chez l’enfant l’EI semble plus rare mais son étroit (jet lesion). Il peut aussi être lésé par des
incidence réelle est difficile à appréhender. traumatismes liés à la présence d’un cathéter en
Avec l’introduction de nouveaux antibiotiques particulier au niveau du cœur droit. Cet endothé-
efficaces, on aurait pu s’attendre à une diminution lium lésé induit une thrombogenèse avec dépôt de
du nombre d’EI mais plusieurs études longitudina- plaquettes, fibrine, et globules rouges formant une
les39,64,65 montrent au contraire une augmentation lésion d’endocardite thrombotique stérile.
de leur fréquence : dans la série de Johnson, l’inci- S’il y a une bactériémie et que les bactéries
dence de l’EI de l’enfant est passée de 0,22 ‰ virulentes survivent dans le flux sanguin, elles vont
admissions dans les années 1930 à 0,55 ‰ admis- adhérer au thrombus stérile, de nouvelles strates
sions dans les années 1970, Van Hare rapporte une de plaquettes et fibrine vont les recouvrir augmen-
incidence de 0,20 ‰ admissions en 1980 et 0,40 ‰ tant la taille de la végétation infectée. Les micro-
244 M. Lefèvre, P. Guérin

Tableau 1 Pourcentage de fréquence des cardiopathies à la


naissance, adapté de Hoffman ;35 8 066 cardiopathies congé-
nitales nées vivantes colligées dans la littérature.
Communication interventriculaire 26,0
Canal artériel 11,3
Communication interauriculaire 8,5
Canal atrioventriculaire 2,7
Sténose pulmonaire 6,3
Rétrécissement aortique 4,9
Coarctation 6,6
Transposition des gros vaisseaux 4,7
Tétralogie de Fallot 5,8
Truncus 1,2
HypoVG 2,7
Figure 1 Fillette de 21 mois : endocardite infectieuse sur CIV.
Lésions cutanées nécrotiques des membres inférieurs. HypoVD 1,8 (AP, AT, Ebstein)
Ventricule unique 1,2
organismes au sein de cette végétation sont proté- RVPA 1,1
Divers 15,5
gés des cellules phagocytaires et des mécanismes
HypoVD : hypoplasie du ventricule droit incluant atrésie
de défense de l’hôte ; ils prolifèrent et atteignent
pulmonaire (AP), atrésie tricuspide (AT) et anomalie d’Ebs-
de hautes concentrations (107 à 1010 colonies par tein ; HypoVG : hypoplasie du ventricule gauche ; RVPA :
gramme de tissu). retour veineux pulmonaire anormal.
Les végétations sont localisées soit sur la lésion
de jet de l’endothélium soit en aval de l’orifice où congénitales nées vivantes. Actuellement, 80 à 85 %
des tourbillons entraînent une stase des bactéries. de ces enfants survivront à l’âge adulte et la répar-
Selon le site de la végétation et la virulence du tition des différentes malformations change avec
germe, les lésions peuvent évoluer vers des des- l’âge.
tructions valvulaires (perforations, ruptures de cor- Certaines cardiopathies vont spontanément
dage) responsables de régurgitations, vers un ané- « guérir », par exemple des canaux artériels ou des
vrisme ou une rupture pariétale dans les lésions communications interventriculaires (CIV) qui peu-
endartérielles (coarctation, canal artériel, anasto- vent se fermer spontanément. Beaucoup de malfor-
mose systémicopulmonaire), vers des abcès parié- mations sont opérées dans les premières années de
taux ou des embolies à distance. vie et en l’absence de lésions résiduelles, ne com-
La persistance d’antigènes étrangers induit une portent plus de risque d’endocardite. Les cardiopa-
réponse immunologique qui peut entraîner des glo- thies non opérées car jugées bénignes ou à l’inverse
mérulonéphrites ou des vascularites par dépôt de inopérables, les cardiopathies complexes accessi-
complexes immuns circulants dans les petits vais- bles seulement à une chirurgie palliative et les
seaux cutanés à l’origine des lésions de Janeway, cardiopathies réparées chirurgicalement mais avec
nodules d’Osler, ou de lésions cutanées nécrotiques des lésions résiduelles, gardent un risque d’endo-
plus importantes (Fig. 1).43,62 cardite. Dans une unité d’adultes cardiaques
congénitaux,44 la répartition des malformations
cardiaques est bien différente de ce qu’elle est à la
naissance puisque les communications interauricu-
Atteintes cardiaques sous-jacentes laires (CIA) viennent en tête, suivies des tétralogies
de Fallot, des syndromes d’Eisenmenger, et des
Cardiopathies congénitales cardiopathies complexes type atrésie pulmonaire
ou tricuspide, double discordance, ventricule uni-
Dans les pays développés, la plupart des EI de que...
l’enfant compliquent une cardiopathie congénitale
dont la fréquence est de 8 ‰ naissances vivantes. Risque d’endocardite en fonction du type
de la malformation cardiaque
Rappel des principales cardiopathies Le Tableau 2 indique la répartition des différents
congénitales types de malformations cardiaques compliquées
La répartition des différentes cardiopathies congé- d’EI selon plusieurs séries de la littérature.16,44,51
nitales à la naissance est rappelée dans le Ta-
bleau 1. Il résume les données de huit grandes Communication interventriculaire, obstruction sur
séries européennes et nord-américaines colligées le cœur gauche et tétralogie de Fallot
par Hoffman35 qui regroupent 8 066 cardiopathies Elles sont le plus fréquemment en cause.
Endocardites de l’enfant et du petit enfant 245

Tableau 2 Cardiopathies congénitales compliquées d’une endocardite infectieuse.16,44,51


Corone16 54 cas Normand51 51 cas Li44 185 cas Total 290 cas (%)
Communication interventriculaire 20 18 37 75 (25,8)
Tétralogie de Fallot 8 10 23 41 (14,1)
Obstacles à l’éjection du cœur gauche 6 2 42 50 (17,2)
Canal atrioventriculaire 3 1 10 14 (4,8)
Canal artériel 3 1 1 5 (1,7)
Coarctation 3 1 4 8 (2,7)
Sténose pulmonaire - 1 2 3 (1)
Complexes et cyanogènes 11 12 49 72 (24,8)
Prolapsus mitral - 5 17 22 (7,5)

• Dans les CIV, le risque de survenue d’une EI est Autres cardiopathies non cyanogènes
estimé à 2,4 ‰ année/patient par Corone,16 Tous les shunts gauche-droite, en dehors des CIA
1,45 ‰ par Gersony31 et entre 1,8 et 2,4 ‰ par ostium secundum et des retours veineux pulmonai-
Gabriel.30 Dans les séries d’EI sur cardiopathies res anormaux, peuvent se compliquer d’EI : canal
congénitales, les CIV représentent 20 % pour atrioventriculaire partiel ou complet (1,1 ‰ année/
Li,44 11,2 % pour Neumayer.49 La taille de la CIV patient pour Corone),16 fistule aortopulmonaire,
n’intervient pas. En revanche, sa localisation fistule coronarocardiaque37 ...Pour le canal arté-
près d’une valve cardiaque (CIV sous-aortique, riel, l’incidence est chiffrée à 1,4 ‰ année/patient
sous-pulmonaire, paratricuspidienne ou proche par Corone,16 ce risque étant aboli après suppres-
de la valvule mitrale) est constante dans la sion du canal par geste chirurgical ou cathétérisme
série de Neumayer où aucune EI n’est survenue interventionnel. Qu’en est-il des minuscules ca-
sur une CIV musculaire située à distance d’une naux artériels silencieux dépistés en doppler cou-
valve. Une fuite aortique associée à la CIV leur ? Le risque paraît infime, probablement non
accroît le risque d’EI. supérieur à celui de la population générale.
• Parmi les obstacles sur le cœur gauche, le Dans les sténoses pulmonaires valvulaires iso-
rétrécissement aortique valvulaire est le plus lées, le risque d’EI est très faible : aucun cas pour
fréquent, compliquant souvent une bicuspidie Corone, quatre cas sur 149 sténoses pulmonaires
aortique qui existe dans 0,65 à 2 % de la popu- pour Johnson et Rhodes40 et 0,09 ‰ année/patient
lation. Le rétrécissement peut aussi être sous-
dans la Natural History Study.31 Li rapporte deux EI
valvulaire ou très rarement supravalvulaire.46
sur sténose pulmonaire infundibulaire.44
L’histoire naturelle31 chiffre le risque d’EI sur
sténose aortique à 1,7 ‰ année/patient, et il
Cardiopathies cyanogènes et complexes
est de 2 ‰ année/patient dans la série publiée
Ce sont les ventricules uniques, ventricules droits à
par Corone. Dans une série de 185 EI, Li44
double issue, transpositions des gros vaisseaux non
relève 42 obstacles sur le cœur gauche. L’inci-
isolées, maladies d’Ebstein, atrésies tricuspides,
dence de l’EI sur obstacle aortique est plus
grande lorsqu’une insuffisance aortique est as- truncus arteriosus, doubles discordances non iso-
sociée ou lorsque le gradient est plus élevé. Les lées...
lésions anatomopathologiques des EI sur rétré- Les cardiopathies cyanogènes ont un risque de
cissements aortiques congénitaux ne sont pas greffe bactérienne particulièrement élevé puisqu’il
différentes de celles des rétrécissements aor- est estimé par Corone16 à 8,2 ‰ année/patient et
tiques dégénératifs. La coarctation non opérée qu’elles représentent 13 % des EI de la série de Li.44
peut se compliquer d’EI, la localisation infec- Les transpositions des gros vaisseaux isolées n’ont
tieuse siégeant soit sur l’isthme aortique avec pas de risque avant chirurgie.
formation d’anévrisme, soit à distance sur une
bicuspidie fréquemment associée. Pour Co- Risque d’endocardite dans les cardiopathies
rone,16 le risque d’EI sur coarctation est de opérées
0,7 ‰ année/patient. Les cardiopathies opérées représentent un fort
• La Tétralogie de Fallot est la troisième cardio- pourcentage des cardiopathies congénitales com-
pathie congénitale à risque d’Osler avec dans pliquées d’EI : 50 % dans la série de Normand,51 45 %
la série de Corone16 une incidence de 2,3 ‰ dans celle de Li44 et 77 % dans celle de Martin.45
année/patient et, dans la série de Li44 23 tétra- Le risque d’endocardite pour une cardiopathie
logies de Fallot sur 185 cardiopathies congéni- donnée est souvent modifié par une intervention
tales compliquées d’Osler. chirurgicale.
246 M. Lefèvre, P. Guérin

Il peut être aboli après un geste curatif compor- Cardiopathies rhumatismales


tant une réparation complète sans utilisation de
matériel prothétique et ne laissant aucune lésion Avant les années 1970, 30 à 50 % des EI survenaient
associée : canal artériel opéré ou fermé par cathé- sur une cardiopathie rhumatismale. Si le rhuma-
térisme, CIV opérée n’ayant ni insuffisance aorti- tisme articulaire aigu (RAA) est pratiquement éra-
que ni shunt résiduel, tétralogie de Fallot opérée diqué dans nos contrées, il reste fréquent dans les
sans insuffisance aortique, sans shunt résiduel et pays en voie de développement où son incidence
sans tube prothétique, sténoses pulmonaires opé- pouvait encore atteindre 100 pour 100 000 enfants
rées ou dilatées... en 1988.47 Dans la série brésilienne de Jorge de
Il persiste en cas de lésions résiduelles telles 50 EI survenues entre 1985 et 1990 chez des pa-
qu’un shunt ou une fuite valvulaire. Il est même tients de moins de 16 ans, le RAA reste la première
augmenté dans certaines pathologies : c’est le cas cause chez les enfants de plus 9 ans.41
des obstacles aortiques puisque Gersony31 souligne
que le risque postopératoire d’EI augmente à 4,1 ‰ Endocardites aiguës sur cœur sain
année/patient versus 1,6 ‰ pour les patients médi-
caux (qui ont en règle générale des gradients plus Huit à 10 % des EI de l’enfant surviennent sur cœur
faibles) ... Le risque est plus important en cas de sain,45,61 généralement dans un contexte d’infec-
remplacement valvulaire prothétique ; il augmente tion nosocomiale sur cathéter central. Il s’agit ha-
avec le recul postopératoire et Morris et al.48 indi- bituellement d’EI du cœur droit dont les autres
quent un risque d’EI atteignant 7,2 ‰ année/
facteurs de risque sont l’existence d’une dérivation
patient. Pour la coarctation de l’aorte, le risque
ventriculoatriale pour hydrocéphalie ou d’une fis-
postopératoire est de 1,2 ‰ année/patient, fré-
tule artérioveineuse de dialyse et, chez l’adoles-
quemment sur des lésions aortiques ou mitrales
cent, la toxicomanie. Les terrains immunodéprimés
associées. Le risque d’EI est aussi augmenté dans
(traitement immunosuppresseur, déficit immuni-
toutes les chirurgies qui ont comporté la mise en
taire, asplénie) ont un risque plus élevé de greffe
place d’un matériel prothétique : patchs pendant
infectieuse.
les 3 à 6 premiers mois postopératoires avant qu’ils
Chez les enfants de moins de 2 ans, les EI aiguës
ne soient endothélialisés, tubes prothétiques ven-
sur cœur sain sont beaucoup plus fréquentes
tricule droit-artère pulmonaire (risque de 11,5 ‰
année/patient dans les atrésies pulmonaires à sep- puisqu’elles représentent 50 % des cas, mais néan-
tum ouvert), shunts aortopulmonaires (les tétralo- moins, même dans cette tranche d’âge, une cardio-
gies de Fallot ayant une anastomose ont un risque pathie congénitale sous-jacente existe dans près de
d’EI supérieur à celui des formes non opérées) ... 50 % des cas.5,8,29,37
On peut se reporter à l’importante étude de
Morris et al48 appréciant le risque annualisé d’endo-
cardites après chirurgie de cardiopathie congéni- Microbiologie
tale. Il est maximal dans la chirurgie des cardiopa-
thies cyanogènes complexes réparées ou palliées, Germes les plus fréquents
est parfois précoce dans le premier mois postopé-
ratoire,7 en particulier si un matériel prothétique a Le Tableau 3 compare trois types de patients :
été nécessaire, mais est souvent plus tardif dans les • 383 adultes toutes cardiopathies confondues
autres cas. de Delahaye ;17
• 336 enfants, cardiaques ou non, de trois gran-
Quelles sont les cardiopathies congénitales des séries38,45,61 recensés par Ferrieri ;27
sans risque d’endocardite ? • 147 adolescents et adultes cardiaques congéni-
Parmi les cardiopathies congénitales non opérées, taux pour lesquels le résultat des hémocultures
ce sont les CIA ostium secundum, les retours vei- est connu dans la série de Li.44
neux pulmonaires anormaux isolés, les microcanaux Les streptocoques restent en tête puisqu’ils re-
artériels silencieux, les petites CIV musculaires si- présentent 47 à 61 % des germes en cause, les
tuées à distance des valves, et vraisemblablement streptocoques viridans étant au premier rang. Les
les fuites tricuspides et pulmonaires compliquant entérocoques sont moins fréquents dans les séries
une hypertension pulmonaire.24 d’enfants ou d’adolescents et adultes cardiaques
Parmi les cardiopathies congénitales opérées, ce congénitaux que dans les séries d’adultes qui ont
sont celles qui ne comportent pas de shunt résiduel une moyenne d’âge plus élevée. Des streptocoques
(hors CIA ostium secundum), pas d’obstacle ou fuite du groupe B, en particulier chez le nouveau-
valvulaire (hors orifice pulmonaire) et pas de maté- né,4,36,60 et des pneumocoques peuvent être res-
riel prothétique. ponsables d’EI dans cette population infantile.
Endocardites de l’enfant et du petit enfant 247

phiques en plus des critères cliniques et bactério-


Tableau 3 Germes en cause.27,44,77
logiques.25 Les deux critères majeurs sont soit une
Delahaye Ferrieri Li
hémoculture positive à un micro-organisme typique
199377 200227 199844
(383 (336 (147 d’une EI (streptocoque viridans, staphylocoque,
adultes) enfants) grown-up) entérocoque) ou une bactériémie persistante dans
% % % deux hémocultures prélevées à plus de 12 heures
Streptocoques 59 45,7 61,2 d’intervalle ou dans trois hémocultures prélevées à
viridans 27 38,3 51 plus de 1 heure d’intervalle, soit des signes d’at-
entéro-D 24 2,9 1,3
teinte endocardique à type de modification ou ap-
autres 8 4,5 8,8
Staphylocoques 20 36,6 23
parition d’un souffle, ou aspects échographiques
dorés 16 30,8 17,6 typiques (végétation, abcès, déhiscence prothéti-
coagulase négative 4 5,8 5,4 que). Les six critères mineurs sont un facteur pré-
Autres 10 2,5 6,8 disposant (cardiopathie sous-jacente ou cathéter
Cultures négatives 11 6 8,8 intraveineux), une fièvre supérieure à 38 °C, des
Dans les séries de Ferrieri et Li, le total des pourcentages phénomènes vasculaires (embolie artérielle systé-
n’atteint pas 100 % car le germe n’est pas toujours précisé... mique, infarctus pulmonaire septique, anévrisme
mycotique, hémorragie cérébrale ou conjonctivale,
Les staphylocoques représentent 20 à 37 % des lésion de Janeway), des phénomènes immunologi-
germes en cause. Ils sont plus fréquents dans les ques (glomérulonéphrite, faux panaris d’Osler, no-
séries d’enfants incluant les endocardites aiguës
dule rétinien de Roth, facteur rhumatoïde), une
sur cœur sain.11,28,55 Les staphylocoques dorés re-
microbiologie suggestive (hémoculture positive ne
présentent 16 à 30 % et les staphylocoques à coagu-
correspondant pas à un critère majeur ou preuve
lase négative 6 %. Tous les auteurs mentionnent
sérologique d’une affection évolutive compatible
l’augmentation de fréquence de ces germes.
Parmi les autres germes (5 à 10 % des cas), il faut avec une atteinte endocarditique), ou une échogra-
noter la fréquence des bacilles à Gram négatif du phie suggestive (lésions compatibles avec une EI
groupe HACEK (Haemophilus parainfluenzae, Hae- mais ne correspondant pas à un critère majeur). Le
mophilus (anciennement Actinobacillus) actinomy- diagnostic d’EI est certain en présence de deux
cetemcomitans, Cardiobacterium hominis, Eike- critères majeurs, d’un critère majeur associé à
nella et Kingella kingae) en augmentation depuis trois critères mineurs, ou de cinq critères mi-
une vingtaine d’années, de même que les endocar- neurs.12,44
dites fongiques. Ces critères ont été validés pour le diagnostic
Enfin, dans 6 à 11 % des cas, les germes ne sont d’EI chez l’enfant et l’adolescent par Stockeim61 et
pas identifiés, soit en raison d’une antibiothérapie Del Pont.21
préalable ce qui est particulièrement fréquent chez
le jeune enfant sujet aux infections otorhinolaryn- Signes cliniques
gologiques (ORL) à répétition,11 soit parce qu’il
s’agit de germes inhabituels difficiles à isoler. La fièvre est un signe quasi constant.45,61 La modi-
Études longitudinales fication d’un souffle n’est pas fiable chez des pa-
tients qui ont souvent une auscultation anormale
Plusieurs auteurs ont étudié l’évolution des germes même en postopératoire. L’apparition d’un nou-
en cause au fil des décennies. Pour Brook,9 qui a veau souffle garde toute sa valeur, a fortiori s’il
repris quatre séries de la littérature,5,7,24,48 strep- s’agit d’un souffle diastolique.
tocoques et staphylocoques ont diminué de fré- Pour Stockeim,61 la fièvre existe dans 96 % des
quence au profit des entérocoques, fungus et ger- cas, une nouvelle régurgitation dans 21 %, des
mes du groupe HACEK. Mais ceci n’est pas retrouvé phénomènes vasculaires et immunologiques dans
en France par Normand qui, sur deux groupes de 44 %, une glomérulonéphrite dans 43 %, un infarctus
patients hospitalisés entre 1971-1981 et 1982-1992, pulmonaire dans 12 %, des pétéchies dans 17 %, les
constate 53 % de streptocoques, 27 à 30 % de
autres signes étant présents dans moins de 10 % des
staphylocoques et 15 % de germes inhabituels.51
cas.
Chez le petit enfant, la présentation clinique est
Diagnostic souvent plus aiguë, les localisations infectieuses à
Critères diagnostiques type de méningites, ostéomyélites ou pneumopa-
thies sont plus fréquentes et souvent au premier
Les critères révisés de diagnostic de l’EI (critères de plan, tandis que splénomégalie, signes cutanés,
la Duke University) incluent des critères échogra- anémie et thrombopénie sont plus rares.5
248 M. Lefèvre, P. Guérin

Apport de l’échocardiographie

L’échocardiographie-doppler a une place de plus en


plus importante pour le diagnostic d’endocardite
grâce à l’amélioration de l’imagerie bidimension-
nelle.63 Certains aspects sont inclus dans les critè-
res majeurs, d’autres dans les critères mineurs.25
L’échocardiographie permet de localiser le site de
l’infection et l’extension des dégâts valvulaires
mais aussi d’apprécier la fonction cardiaque et la
taille des cavités ce qui permet un suivi évolutif.
Les végétations peuvent être très volumineuses
chez l’enfant, parfois obstructives, en particulier
au niveau du cœur droit (Fig. 2, 3). Des complica-
tions associées comme des épanchements péricar-
diques ou des abcès peuvent aussi être diagnosti-
qués. Le doppler couleur est plus sensible pour
Figure 3 Endocardite infectieuse sur tétralogie de Fallot : végé-
apprécier l’apparition de nouvelles fuites valvulai- tation sur la valve aortique. VG : ventricule gauche ; VD :
res. Chez l’enfant, la sensibilité de l’échographie ventricule droit ; Ao : aorte ; OG : oreillette gauche.
transthoracique (ETT) pour détecter des végéta-
tions peut atteindre 81 %.27 Chez le grand enfant ou dite, une masse échogène anormale peut être un
l’adolescent parfois multiopéré dont l’échogénicité thrombus ou une variante anatomique, les localisa-
peut être médiocre, le recours à l’échographie tions extracardiaques sur des shunts, collatérales,
transœsophagienne (ETO) est souvent nécessaire. ou tubes prothétiques peuvent ne pas être vues.
L’imagerie par résonance magnétique44 ou la tomo-
La supériorité de l’ETO sur l’ETT pour visualiser des
densitométrie31 permettent de détecter des faux
végétations sur valve native et prothétique ou des
anévrismes ou des collections de pus autour de
abcès de l’anneau n’est plus à prouver.32
vaisseaux ou tubes, et une scintigraphie au gallium
Deux séries d’EI32,44 sur cardiopathies congénita-
est parfois utile dans ces indications.42
les confirment cette supériorité : Gomez-Nunez
souligne le rôle de l’ETO dans l’appréciation du Isolement du germe
pronostic et l’indication chirurgicale, Li indique
que l’ETO a décelé des végétations et/ou des abcès Les hémocultures doivent être répétées et il faut
chez huit patients dont l’ETT était négative. Il ne prélever un volume suffisant de sang qui doit être
faut toutefois pas méconnaître ses risques chez des de 5 à 7 ml pour les enfants les plus grands mais
patients très hypoxiques ou en état de choc infec- peut se limiter entre 1 à 3 ml pour les nouveau-nés
tieux, d’autant que chez l’enfant, l’ETO est un ou les jeunes nourrissons. Trois à quatre hémocul-
geste invasif qui nécessite une anesthésie générale. tures réalisées à 1 heure d’intervalle par ponction
Des difficultés persistent néanmoins : l’absence veineuse sont habituellement suffisantes en l’ab-
de végétation visible n’élimine pas une endocar- sence d’antibiothérapie préalable. Si après 2 jours

Figure 2 Endocardite infectieuse sur communication interventriculaire : grosse végétation s’étendant de la valve tricuspide jusqu’aux
sigmoïdes pulmonaires (flèches). Ao : aorte ; VG : ventricule gauche ; VD : ventricule droit ; OD : oreillette droite.
Endocardites de l’enfant et du petit enfant 249

le germe n’est pas isolé, il faut refaire deux hémo- thétérisme cardiaque est en cause dans 3,5 % des
cultures ou plus en différant le traitement si l’état cas pour Li,44 mais cette fréquence pourrait aug-
du patient n’est pas alarmant. Dans les formes menter avec la multiplication des gestes de cathé-
aiguës, une antibiothérapie empirique est insti- térisme interventionnel.10 Une infection cutanée
tuée. Si des germes inusuels sont suspectés, des est retrouvée dans 10 % des cas : panaris, impétigo,
tests particuliers doivent être faits sur des milieux acné infectée chez les adolescents... Le piercing et
de culture spéciaux. les tatouages ne paraissent pas dénués de ris-
Dans 6 à 11 % des cas,17,27,29,44 aucun germe que.1,13,34 Les autres causes sont ORL (amygdalite,
n’est identifié mais dans la moitié des cas, il s’agit sinusite, otite, mastoïdite), digestives (mais elles
d’une négativation des hémocultures par une anti- sont moins fréquentes chez les enfants que chez les
biothérapie antérieure. Chez tout enfant fébrile patients plus âgés), urinaires ou génitales. Enfin, la
porteur d’une cardiopathie congénitale, des hémo- toxicomanie chez l’adolescent est à haut risque
cultures devraient être pratiquées avant d’instituer d’endocardite du cœur droit...
une antibiothérapie en l’absence d’une localisation
infectieuse bien définie expliquant la fièvre. Les Difficultés diagnostiques
antibiotiques prescrits intempestivement et à
l’aveugle risquent de retarder le diagnostic et de Le diagnostic d’EI reste difficile comme en témoi-
faire méconnaître le germe causal. Des prélève- gne le délai entre le début des symptômes et la
ments de matériaux lors d’un geste chirurgical peu- mise en route du traitement antibiotique : 29 à
vent permettre d’isoler le germe et des sérodia- 60 jours pour Li,44 49 jours pour Fukushige.29 Les
gnostics d’orienter le diagnostic... formes insidieuses paucisymptomatiques et la diffi-
culté à isoler certains germes, notamment en cas
Recherche de la porte d’entrée d’antibiothérapie préalable, expliquent en partie
ces retards et justifient de renforcer l’éducation
La porte d’entrée ou un facteur déclenchant (Ta- des enfants s’ils sont assez grands, de leur famille
bleau 4) sont retrouvés selon les séries dans 41 % et de leurs médecins...
des cas de cardiopathies congénitales de l’adoles-
cent et de l’adulte,44 70 % des endocardites de
l’enfant,51 et 67 % des endocardites de l’adulte.17 Pronostic
Lorsqu’elle est identifiée, la porte d’entrée est
dentaire dans 21 % à 49 % des cas, soit secondaire à Complications
un geste odontologique (malgré une prophylaxie
chez la moitié des patients), soit liée à un mauvais Les complications de l’EI sont sensiblement les
état dentaire ou gingival (infection périodontologi- mêmes, que la cardiopathie sous-jacente soit
que ou périapicale avec le même germe dans la congénitale ou non.27
bouche et dans les hémocultures). Une insuffisance cardiaque congestive survient
Parmi les autres portes d’entrée, une chirurgie chez 10 à 30 % des patients.44,51 Elle peut être aiguë
cardiaque est responsable d’une EI dans 10 à 20 % par mutilation valvulaire, déhiscence prothétique,
des cas environ, la greffe infectieuse survenant végétation obstructive, myocardite, nécrose myo-
dans les 2 premiers mois postopératoires.7 Un ca- cardique par embolie coronaire, ou plus insidieuse
par aggravation de fuites valvulaires et dysfonction
ventriculaire.
Tableau 4 Portes d’entrée.17,44,51
Les accidents thromboemboliques peuvent être
Delahaye17 Normand51 Li44 des embolies systémiques (21 % pour Normand)51
296 69 EI 87 EI
surtout cérébrales, et il faut rappeler la possibilité
adultes enfants grown-up
% % % d’embolies paradoxales et d’abcès du cerveau dans
Entrée connue 67 52,1 41 toutes les malformations qui comportent un shunt
Dentaire 24 23,1 49 droite-gauche. Les embolies pulmonaires sont éga-
Cathétérisme 3,5 lement fréquentes (15 % des cas pour Normand).
Chirurgie cardiaque 11,5 17 Elles sont particulièrement dangereuses chez les
Cutanée 6 4,3 11 patients qui ont une « circulation de Fontan »
ORL 3 7,2 (anastomose cavopulmonaire ou anastomose atrio-
Digestive 13 5,7
pulmonaire pour cœur univentriculaire). Signalons
Autres 4 19
aussi le risque vital d’obstruction de conduits ou de
Grown-up : adolescents et adultes cardiaques congénitaux ;
shunts qui peuvent se traduire par une aggravation
EI : endocardites infectieuses.
brutale d’une cyanose.
250 M. Lefèvre, P. Guérin

Les extensions périannulaires à type d’abcès sont Dans les EI à germes Gram négatif, les bacilles du
toujours graves et doivent être suspectées lorsque groupe HACEK sont habituellement traités par cef-
des troubles conductifs apparaissent. triaxone ou une autre céphalosporine de 3e généra-
Les anévrismes mycotiques sont rares mais plus tion, ou ampicilline et gentamicine, pendant 4 se-
fréquents sur l’aorte que sur les artères périphéri- maines. Pour les autres bactéries à Gram négatif
ques et Normand et al. en rapportent trois cas dans comme Escherichia coli, Pseudomonas aeruginosa
leur série de 68 patients.51 ou Serratia marcescens qui sont rarement en cause,
Les rechutes et récidives ne sont pas rares les traitements doivent être guidés par les antibio-
puisqu’elles atteignent 11 % dans la série de Li.44 grammes mais incluent souvent une pénicilline à
Du fait de ces complications de l’EI, près de 50 % large spectre (type pipéracilline) ou une céphalos-
des patients qui survivent ont une aggravation de porine associée à un aminoglycoside, pendant 6 se-
leur cardiopathie causale.51,58 maines.
Dans les EI fongiques, l’amphotéricine B reste
Mortalité et facteurs pronostiques l’antifongique de première intention, souvent asso-
ciée à de la flucytosine, mais le traitement médical
L’EI reste une affection d’une particulière gravité, isolé est rarement suffisant et un geste chirurgical
même si la mortalité globale paraît avoir diminué s’impose en règle.
puisque Johnson et Rhodes la chiffraient à 21 % Lorsque les hémocultures sont négatives, il faut
dans la période 1953-197240 alors que Normand rechercher une infection par des germes inhabi-
indique un taux de 12 % dans la décennie 1971-1981 tuels et s’aider des conseils d’un spécialiste en
et 3 % seulement dans la décennie 1982-1992,51 infectiologie.9,27
rejoignant le chiffre de 4 % rapporté par Li.44 Les mesures adjuvantes ne doivent pas être né-
Les facteurs pronostiques péjoratifs les plus cou- gligées : équilibre nutritionnel, traitement d’une
ramment retenus sont le type de micro-organisme insuffisance cardiaque...
en cause (staphylocoque doré et fungus),45 la loca-
lisation et l’augmentation de taille des végétations,
Traitement chirurgical
les conditions cardiaques de comorbidité, le carac-
tère aigu du début de l’endocardite et les compli-
Des indications chirurgicales50 sont de plus en plus
cations d’insuffisance cardiaque, insuffisance ré-
fréquemment posées, dans 20 % des cas pour
nale, ou troubles rythmiques et conductifs.
Martin,45 21 % pour Li,44 26 à 32 % pour Normand.51
La survenue de telles complications ou l’absence
Il s’agit parfois d’un geste chirurgical de sauve-
de réponse au traitement antibiotique doivent faire
tage.27,51 Les principales indications sont les dété-
discuter un geste chirurgical.
riorations hémodynamiques ne réagissant pas au
traitement médical, le sepsis non contrôlé par le
traitement antibiotique, les accidents emboliques,
Traitement curatif
récurrents en particulier. Des végétations volumi-
neuses et mobiles peuvent faire porter une indica-
Traitement médical
tion chirurgicale même en l’absence d’accident
embolique. L’apparition d’un abcès paravalvulaire
Le traitement doit assurer une éradication com-
avec troubles conductifs, les abcès myocardiques,
plète du germe causal. Les végétations contiennent
les endocardites fongiques justifient aussi un geste
une haute concentration de bactéries qui sont pro-
chirurgical, de même que toutes les situations où
tégées des mécanismes de phagocytose et de dé-
du matériel prothétique est infecté.2,9,23,27,54,58
fense du patient car enfouies dans les végétations
et peu accessibles aux antibiotiques en raison de la
faible vascularisation des valves, voire de l’absence
de vascularisation du matériel prothétique. Une Prophylaxie
antibiothérapie parentérale prolongée bactéricide
est le seul moyen de parvenir à stériliser les lésions. Recommandations de la Fédération
En fonction du germe causal, qu’il est fondamental française de cardiologie (FFC)
d’identifier, l’antibiothérapie proposée est bien
codifiée,9,18,19,27 ainsi que sa durée et sa sur- Les recommandations de la FFC pour la prophylaxie
veillance. de l’EI sont connues de tous et s’appliquent aux
Les Tableaux 5, 6, 7 empruntés à Delahaye résu- endocardites de l’enfant.22 Le texte de la confé-
ment les traitements proposés en cas d’EI à strep- rence de consensus de 1992 vient d’être révisé par
tocoques, entérocoques et staphylocoques. le groupe de travail sur l’EI,19,20 l’antibiothérapie
Endocardites de l’enfant et du petit enfant 251

Tableau 5 Traitement antibiotique des endocardites infectieuses à streptocoques (sensibles à pénicilline G).19
Situation Germe Pas d’allergie à la pénicilline Allergie à la pénicilline Durée
clinique Drogue Dose Drogue Dose
journalière journalière
EI non Streptocoque Péni G 2-300 000 U/kg Vanco 30 mg/kg Bithérapie :
compliquée sensible à la péni G ou amoxi 100 mg/kg ou téico 6-10 mg/kg 2 semaines ou
CMI < 0,1 mg/l ou ceftriaxone 100 mg/kg ± genta 3 mg/kg monothérapie
± genta 3 mg/kg 4 semaines
EI compliquée ou Streptocoque sensible Péni G 2-300 000 U/kg Vanco 30 mg/kg Bithérapie :
sur matériel à la péni G ou amoxi 100 mg/kg ou téico 6-10 mg/kg 2 semaines
prothétique CMI < 0,1mg/l et genta 3 mg/kg et genta 3 mg/kg puis monothérapie
2 à 4 semaines
EI non Streptocoque de Péni G 3-400 000 U/kg Vanco 30 mg/kg Bithérapie :
compliquée sensibilité
intermédiaire ou amoxi 200 mg/kg ou téico 6-10 mg/kg 2 semaines puis
à la péni G
(0,1 < CMI ≤ 0,5 mg/l) et genta 3 mg/kg et genta 3 mg/kg monothérapie
2 semaines
EI compliquée ou Streptocoque de Péni G 3-400 000 U/kg Vanco 30 mg/kg Bithérapie :
sur matériel sensibilité ou amoxi 200 mg/kg ou téico 6-10 mg/kg 2 semaines
prothétique intermédiaire
à la péni G et genta 3 mg/kg et genta 3 mg/kg puis
(0,1 < CMI ≤ 0,5 mg/l) monothérapie
4 semaines
Toute situation Streptocoque déficient Amoxi 200 mg/kg Vanco 30 mg/kg Polythérapie :
clinique et abiotrophia et genta 3 mg/kg ou téico 6-10 mg/kg 4 semaines
et genta 3 mg/kg puis
monothérapie
2 semaines
CMI : concentration minimale inhibitrice ; péni G : pénicilline G ; amoxi : amoxicilline ; genta : gentamicine ; vanco : vancomycine ;
téico : téicoplanine (hors autorisation de mise sur le marché chez l’enfant).

Tableau 6 Traitement antibiotique des endocardites infectieuses à streptocoques résistants à la pénicilline G (concentration
minimale inhibitrice > 0,5 mg/l) ou entérocoques.19
Germe Pas d’allergie à la pénicilline Alergie à la pénicilline Durée
Drogue Dose journalière Drogue Dose journalière
Entérocoque S à péni, amino Péni G 3-400 000 U/kg Vanco 30 mg/kg 4-6 semaines
glycosides et vanco ou amoxi 200 mg/kg ou téico 6-10 mg/kg
et genta 3 mg/kg et genta 3 mg/kg
Entérocoque S à péni et vanco Péni G 3-400 000 U/kg Vanco 30 mg/kg 4-6 semaines
R à genta ou amoxi 200 mg/kg ou téico 6-10 mg/kg
et strepto 15 mg/kg IM et strepto 15 mg/kg IM
Entérocoque S à péni et genta Péni G 3-400 000 U/kg téico 6-10 mg/kg 4-6 semaines
R à vanco ou amoxi 200 mg/kg et genta 3 mg/kg
et genta 3 mg/kg
Entérocoque R à péni, Vanco 30 mg/kg Vanco 30 mg/kg 4-6 semaines
ou téico 6-10 mg/kg ou téico 6-10 mg/kg
S à genta et vanco et genta 3 mg/kg et genta 3 mg/kg
Entérocoque R à Coamoxiclav 175 mg/kg Vanco 30 mg/kg 4-6 semaines
péni (b-lacta-mases) et genta 3 mg/kg ou téico 6-10 mg/kg
S à genta et vanco et genta 3 mg/kg
Streptocoque hautement R Amoxi > 200 mg/kg Vanco 30 mg/kg 8 semaines
à tous les aminoglycosides
S : sensible ; R : résistant ; péni : pénicilline ; vanco : vancomycine ; téico : téicoplanine (hors autorisation de mise sur le marché
chez l’enfant) ; genta : gentamicine ; amoxi : amoxicilline ; strepto : streptomycine ; IM : intramusculaire.
252 M. Lefèvre, P. Guérin

Tableau 7 Traitement antibiotique des endocardites infectieuses à staphylocoques.19


Localisation Sensibilité Pas d’allergie à la pénicilline Allergie à la pénicilline Durée
Drogue Dose Drogue Dose
journalière journalière
Valve native Méti S Oxacilline 150 mg/kg Vancoe 30 mg/kg Bithérapie :
et genta 3 mg/kg ou céfamandole 75-100 mg/kg 4-6 semaines
et genta 3 mg/kg (aminoglycosides :
5 jours)
Méti R Vanco 30 mg/kg Vanco 30 mg/kg Bithérapie :
± genta 3 mg/kg ± genta 3 mg/kg 4-6 semaines
ou autre AB ou autre AB (aminoglycosides :
selon sensibilité 5 jours)
Matériel Méti S Oxacilline 150 mg/kg Vanco 30 mg/kg Polythérapie :
prothétique et genta 3 mg/kg et genta 3 mg/kg 6 semaines
± rifampicine 20-30 mg/kg ± rifampicine 20-30 mg/kg (aminoglycosides :
2 semaines)
Méti R Vanco 30 mg/kg Vanco 30 mg/kg Polythérapie :
Genta S et genta 3 mg/kg et genta 3 mg/kg 4-6 semaines
et rifampicine ou 20-30 mg/kg et rifampicine 20-30 mg/kg (aminoglycosides :
autre AB ou autre AB 2 semaines)
Méti R Vanco 30 mg/kg Vanco 30 mg/kg Polythérapie :
Genta R et rifampicine 20-30 mg/kg et rifampicine 20-30 mg/kg 4-5 semaines
ou autre AB et autre AB
Méti S : méticilline sensible ; Méti R : méticilline résistant ; genta S : gentamicine sensible ; genta R : gentamicine résistant ; vanco :
vancomycine ; AB : antibiotiques.

préconisée variant selon le potentiel de complica- • cardiopathies réparées sans shunt résiduel ni
tion bactérienne de la cardiopathie sous-jacente. anomalie valvulaire ni matériel prothétique.
On peut classer les malformations cardiaques Parmi les gestes à risque répertoriés dans un
congénitales en cardiopathies à haut risque, moyen article récent de Delahaye,19 certains gestes buc-
risque, ou risque quasi nul. codentaires fréquents chez l’enfant méritent quel-
Catégorie 1 à haut risque : ques commentaires. Ce sont essentiellement les
• prothèses valvulaires, homogreffes et biopro- soins d’orthodontie. Roberts et al.56,57 ont montré
thèses ; que la mise en place d’une digue ou d’une bande
• cardiopathies congénitales complexes (ventri- matrice s’accompagne d’une bactériémie dans 30 %
des cas environ. Chez les enfants à haut risque
cule unique, transposition des gros vaisseaux
d’endocardite, il faut insister sur une hygiène buc-
associée à d’autres anomalies, tétralogie de
codentaire très rigoureuse, et ne pas hésiter à ôter
Fallot...) ;
ce matériel orthodontique en cas d’inflammation
• anastomoses systémicopulmonaires, conduits
gingivale chronique ou de saignements gingivaux
prothétiques ;
répétés. Si la chute des dents de lait ne paraît pas
• antécédents d’EI. comporter de risque, la conduite à tenir en cas de
Catégorie 2 à moyen risque : dents cassées ou « ébranlées » se pose assez régu-
• la plupart des cardiopathies non opérées lièrement. Si la vitalité de la dent est compromise,
(autres que celles citées en 1 et 3) ; il est préférable de l’extraire dans les situations à
• dysfonctions valvulaires (bicuspidie, insuffi- haut risque.
sance aortique, insuffisance mitrale, anomalie D’autres gestes potentiellement à risque sont
d’Ebstein...) ; également réalisés plus fréquemment chez l’en-
• prolapsus mitral avec fuite ou valves dysplasi- fant. On peut citer la circoncision qui, si elle est
ques. faite dans les conditions d’asepsie d’un milieu chi-
Catégorie 3 sans risque : rurgical, ne paraît pas comporter de risque nota-
• CIA ostium secundum ble.59
• shunts opérés depuis plus de 6 mois sans sé- Quant à la désobstruction des canaux lacrymaux,
quelles ; elle justifierait, chez les patients à haut risque, une
• « microcanal artériel » silencieux de décou- prévention puisqu’un taux de 17 % d’hémocultures
verte échographique ; positives a été rapporté.26
• petites CIV trabéculées et apicales ; Les modalités de l’antibioprophylaxie sont résu-
• souffles innocents et fonctionnels ; mées dans le Tableau 8 tiré des nouvelles recom-
Endocardites de l’enfant et du petit enfant 253

Tableau 8 Antibiothérapie prophylactique.20


Produit Posologie – Voie d’administration
Dans l’heure 6 heures
précédant le geste après le geste
Soins dentaires ou sur les Pas d’allergie aux Amoxicilline 75 mg/kg per os __
voies aériennes supérieures bêtalactamines (maxi 2 g si < 60 kg)
en ambulatoire Allergie aux bêtalacta- Clindamycine 15 mg/kg per os __
mines ou
Pristinamycine 25 mg/kg per os __

Soins dentaires ou sur les Pas d’allergie Amoxicilline 50 mg/kg perfusion 30 min 25 mg/kg per os
voies aériennes supérieures Allergie Vancomycine 20 mg/kg perfusion __
sous anesthésie générale ≥ 60 min (maxi 1 g)

Interventions urogénitales Pas d’allergie Amoxicilline puis 50 mg/kg perfusion 30 min 25 mg/kg per os
ou digestives Gentamicine 2 mg/kg IM ou perfusion __
30 min (maxi 80 mg)
Allergie Vancomycine 20 mg/kg perfusion __
puis ≥ 60 min
Gentamicine 2 mg/kg IM ou perfusion __
30 min (maxi 80 mg)

mandations de l’Association pour l’étude et la pré- assurée. Un tiers des EI ne sont pas directement
vention de l’EI.19,20 Il faut ici rappeler que attribuables à un geste préalable18,19,20 et en ce qui
l’antibioprophylaxie n’est pas adaptée en cas de concerne la cavité buccale, les bactériémies sont
gestes portant sur des lésions infectées et qu’il faut probablement plus le fait d’un passage quotidien
alors prescrire une antibiothérapie curative. spontané de bactéries de la cavité buccale dans le
sang que de gestes buccodentaires occasionnels.3 Il
Application et efficacité des mesures est donc indispensable que, dans l’éducation des
prophylactiques patients sur l’EI, une large place soit faite aux
mesures d’hygiène.
Les parents d’un enfant cardiaque connaissent mal Enfin, la prophylaxie n’est pas toujours efficace
le risque d’endocardite encouru par leur enfant. et une EI peut survenir malgré une antibioprophy-
Dans une étude de la Mayo Clinic,12 84 parents sur laxie appropriée, notamment chez les patients qui
135 ont répondu en 1993 à un questionnaire spécia- ont reçu de nombreux antibiotiques et qui ont pu
lement établi pour apprécier leurs connaissances développer des résistances.44,45
sur la cardiopathie congénitale de leur enfant, le
risque d’Osler et la prophylaxie bactérienne : 98 %
d’entre eux savent le nom exact de la malformation Références
cardiaque de leur enfant, 84 % connaissent le trai-
tement qu’il prend, 62 % peuvent dire ce qu’est une
1. Akhondi H, Rahimi AR. Haemophilus aphrophilus
endocardite mais 56 % seulement connaissent les endocarditis after tongue piercing. Emerg Infect Dis 2002;
mesures préventives de l’endocardite et 63 % sa- 8:850–851.
vent qu’une antibiothérapie prophylactique est né- 2. Alexiou C, Langley SM, Monro JL. Surgery for infective
cessaire avant les soins dentaires. Dans une étude valve endocarditis in children. Eur J Cardiothorac Surg
de la même équipe14 portant sur 102 adultes car- 1999;16:653–659.
3. Al-Karaawi ZM, Lucas VS, Gelbier M, Roberts GJ. Dental
diaques congénitaux en 1995, 100 patients sur
procedure in children with severe congenital heart
102 ayant répondu au questionnaire, les chiffres disease: a theoretical analysis of prophylaxis and non-
sont encore moins bons : 68 % savent le nom de leur prophylaxis procedures. Heart 2001;85:66–68.
cardiopathie, 50 % peuvent dire ce qu’est une endo- 4. Alsoub H, Najma F, Robida A. Group B streptococcal
cardite et 43 % seulement connaissent les mesures endocarditis in children beyond the neonatal period. Pedi-
préventives de l’EI. Des efforts d’éducation restent atr Infect Dis J 1997;16:418–420.
donc indispensables pour les patients, leur famille 5. Ashkenazi S, Levy O, Blieden L. Trends of childhood infec-
tive endocarditis in Israël with emphasis on children under
mais aussi leurs médecins. 2 years of age. Pediatr Cardiol 1997;18:419–424.
Par ailleurs, la prophylaxie n’est pas toujours 6. Awadallah SM, Kavey RE, Byrum CJ, Smith FC, Kveselis DA,
possible. Dans 30 à 60 % des cas, la porte d’entrée Blackman MS. The changing pattern of infective endocardi-
n’est pas connue et aucune prophylaxie n’a pu être tis in childhood. Am J Cardiol 1991;68:90–94.
254 M. Lefèvre, P. Guérin

7. Ayoyashi S, Kawara T, Mizoguchi T, Ando F, Yanai T, 27. Ferrieri P, Gewitz MH, Gerber MA, Newburger JW,
Yamamoto E, et al. Methicillin - Resistant Staphylococcus Dajani AS, Shulman ST, et al. Unique features of infective
aureus endocarditis following patch closure of a ventricu- endocarditis in childhood. Circulation 2002;105:
lar septal defect: report of a case. Jpn J Surg 1994;24: 2115–2127.
644–647. 28. Friedland IR, Du Plessis J, Cilliers A. Cardiac complications
8. Bhat AW, Jalal S, John V, Bhat AM. Infective endocarditis in in children with Staphylococcus aureus bacteremia. J Pedi-
infants and children. Indian J Pediatr 1996;63:204–209. atr 1995;127:746–748.
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10. Bullock AM, Menahem S, Wilkinson JL. Infective endocardi- Pediatr Cardiol 1994;15:127–131.
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11. Capitano B, Quintiliani R, Nightingale CH, Nicolau DP.
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