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PNEUMO-686; No. of Pages 6 ARTICLE IN PRESS


Revue de Pneumologie clinique (2018) xxx, xxx—xxx

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CAS CLINIQUE

Actinomycose pulmonaire. Particularités


diagnostiques et thérapeutiques
Pulmonary actinomycosis. Diagnostic and therapeutic features

M. Loukil a,∗,d, I. Khalfallah a,d, K. Bouzaidi b,d,


E. Chelbi c,d, H. Ghrairi a,d

a
Service de pneumologie, hôpital Mohamed Tahar Maamouri, Nabeul, Tunisie
b
Service de radiologie, hôpital Mohamed Tahar Maamouri, Nabeul, Tunisie
c
Service d’anatomopathologie, hôpital Mohamed Tahar Maamouri, Nabeul, Tunisie
d
Faculté de médecine de Tunis, université El manar, Tunisie

MOTS CLÉS Résumé


Actinomycose ; Introduction. — L’actinomycose est une affection suppurative rare, subaiguë ou chronique due
Diagnostic ; à des bactéries du genre actinomyces.
Traitement Observations. — Il s’agissait de 4 patients présentant une symptomatologie respiratoire traî-
nante. L’examen clinique était pauvre dans tous les cas. L’exploration tomodensitométrique
montrait une masse tissulaire suspecte dans tous les cas. La fibroscopie bronchique montrait
une formation bourgeonnante dans 2 cas et était normale dans 2 cas. Toutes les biopsies bron-
chiques étaient négatives. Devant la symptomatologie traînante, l’altération de l’état général,
l’aspect endoscopique et l’aspect scannographique, le diagnostic de néoplasie pulmonaire était
suspecté, d’où le recours à un traitement chirurgical à visée diagnostique et thérapeutique.
L’examen anatomopathologique de la pièce opératoire était en faveur de l’actinomycose. Le
but de ce travail est de rappeler les aspects radiocliniques, histologiques, thérapeutiques et
évolutifs ainsi que les difficultés diagnostiques de cette affection.
Conclusion. — La présentation radioclinique de l’actinomycose est souvent trompeuse. Une
confirmation diagnostique s’impose avant une résection chirurgicale pouvant être inutile.
© 2018 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

∗ Auteur correspondant.
Adresse e-mail : manel loukil@yahoo.fr (M. Loukil).

https://doi.org/10.1016/j.pneumo.2018.05.001
0761-8417/© 2018 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

Pour citer cet article : Loukil M, et al. Actinomycose pulmonaire. Particularités diagnostiques et thérapeutiques. Rev
Pneumol Clin (2018), https://doi.org/10.1016/j.pneumo.2018.05.001
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2 M. Loukil et al.

KEYWORDS
Actinomycosis; Summary
Diagnosis; Introduction. — Actinomycosis is a rare suppurative infection, subacute or chronic caused by
Treatment bacteria of the genus Actinomyces.
Observations. — A case study of 4 patients with prolonged respiratory symptoms. The clinical
examination was poor in all cases. The CT-scan showed, in all cases, a suspicious tissue mass. The
bronchoscopy diagnosis showed, in 2 cases, a tumor budding and was normal for the 2 other
cases. Bronchial biopsies were negative in all cases. Before the prolonged symptomatology,
the poor general condition, the endoscopic and the CT aspects; there was a suspect around a
pulmonary neoplasia diagnosis, thus raising the need of a surgical treatment for diagnostic and
therapeutic purposes. The anatomopathological examination of the resected specimen was in
favour of the actinomycosis. The aim of these observations is to draw the attention to the radio-
clinical, histological, therapeutic and evolutive aspects as well as the diagnostic difficulties of
this condition.
Conclusion. — The radio-clinical presentation of the actinomycosis is often misleading, thus a
diagnostic confirmation is required before any useless surgical resection.
© 2018 Elsevier Masson SAS. All rights reserved.

Introduction
L’actinomycose est une affection suppurative rare, subai-
guë ou chronique due à des bactéries du genre actinomyces
saprophyte de l’oropharynx et du tractus digestif. L’atteinte
thoracique représente 15 à 30 % [1] des formes décrites et
vient après la localisation cervicofaciale [2]. Elle a diminué
depuis l’amélioration du niveau social et le développement
de l’antibiothérapie. L’actinomycose survient le plus sou-
vent sur un terrain débilité. La présentation radioclinique
de l’actinomycose thoracique est non spécifique expliquant
les fréquents retards diagnostiques et thérapeutiques.

Observations
Il s’agissait de 4 patients, hospitalisés dans le service
de pneumologie de l’hôpital Mohamed Tahar Maâmouri
de Nabeul en Tunisie entre 2011 et 2014. Les patients
étaient considérés porteurs d’actinomycoses pulmonaires Figure 1. Radiographie thoracique : opacité hétérogène conte-
si l’examen anatomopathologique de la biopsie bron- nant une excavation para cardiaque droite avec comblement du
chique ou de la pièce opératoire montrait des bactéries cul-de-sac droit.
filamenteuses à gram positif avec une coloration de Gomori-
Grocott positive et de Ziehl-Neelsen négative ou des grains patients. Le reste des antécédents, les données cliniques et
jaunes « sulfur granules » qui sont pathognomoniques des biologiques sont résumés dans le Tableau 1.
actinomycètes. Les données recueillies comportaient les La radiographie du thorax a été réalisée à l’admission
antécédents, les signes fonctionnels, cliniques, radiolo- chez tous nos patients dont les principaux aspects sont résu-
giques et biologiques, ainsi que le traitement et l’évolution. més dans le Tableau 2.
Tous nos patients ont été traités initialement par un
traitement antibiotique à base d’amoxicilline-acide cla-
Résultats vulanique et l’évolution était marquée par l’amélioration
clinique sans nettoyage radiologique dans 3 cas et
Il s’agissait de 2 femmes et de 2 hommes. L’âge moyen l’aggravation clinique et radiologique dans un cas. La
était de 55 ans (42—75 ans). La durée moyenne de la sympto- recherche de bacilles acido-alcoolo résistants était négative
matologie avant la première consultation était de 75 jours. dans tous les cas à l’examen direct et à la culture. Tous nos
Une mauvaise hygiène dentaire était notée chez tous les patients ont été explorés par une fibroscopie bronchique et

Pour citer cet article : Loukil M, et al. Actinomycose pulmonaire. Particularités diagnostiques et thérapeutiques. Rev
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Actinomycose pulmonaire 3

Tableau 1 Les caractéristiques cliniques et biologiques des patients.


Patients Antécédents Signes fonctionnels Examen physique Biologie

1 HTA Toux, expectorations Fébrile à 38 C CRP = 82
purulentes PS = 1 GB = 6900
Dyspnée d’effort Mauvais état
AEG buccodentaire
AP = râles
sibilants à droite
SpO2 = 95 %
2 Pas d’antécédents Toux + expectorations Fébricule à 38◦ CRP = 6
verdâtres PS = 0 GB = 6100 elts/mm3
AEG AP : normale
SpO2 = 95 %

3 Hépatite Douleurs Apyrétique CRP = 9


basithoraciques droites PS = 0 GB = 13700 elts/mm3
Toux + expectorations AP = râles
verdâtres Crépitants au
Hémoptysie niveau de la base
AEG droite
4 HTA Toux CRP = 12
Thyroïdectomie dyspnée VS = 110
partielle Expectorations GB = 12000 elts/mm3
Douleurs thoraciques
GB : globules blancs ; CRP : protéine C réactive ; VS : vitesse de sédimentation ; HTA : hypertension artérielle ; AP : auscultation
pulmonaire ; SpO2 : saturation périphérique en oxygène ; PS : performance status ; elts : éléments ; AEG : altération de l’état général.

Tableau 2 Les données de la radiographie du thorax standard.


Patients Aspect radiologique
1 Opacité en bande au niveau de la base gauche
Ascension de la coupole diaphragmatique gauche
2 Distension thoracique
Opacité hétérogène au niveau du tiers inférieur du champ pulmonaire droit
3 Distension thoracique
Opacité hétérogène contenant une excavation à droite (Fig. 1)
Comblement du cul-de-sac à droite
4 Opacité excavée au niveau du tiers supérieur du poumon droit (Fig. 2)

un scanner thoracique dont les résultats sont résumés dans


le Tableau 3.
L’examen cytologique du liquide bronchique montrait un
liquide inflammatoire dans tous les cas.
L’examen anatomopathologique des biopsies bronchiques
réalisées chez nos deux patients montrait des signes
d’inflammation chronique non spécifiques.
Devant ces tableaux cliniques incluant un terrain débi-
lité avec une altération de l’état général et un mauvais
état dentaire, l’évolution à rechutes sous antibiothérapie
de courte durée à base de bêta-lactamines, l’aspect radiolo-
gique pseudotumoral avec une fibroscopie non contributive,
un problème diagnostique s’est posé d’où la nécessité d’une
confirmation par des moyens plus invasifs. La biopsie trans-
pariétale était discutée mais récusée du fait des difficultés Figure 2. Radiographie thoracique : opacité hétérogène conte-
d’accès à la lésion radiologique ou de la forte suspicion d’un nant une excavation au niveau du 1/3 supérieur du champs
cancer opérable. La crainte de passer à côté d’une néoplasie pulmonaire droit.

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4 M. Loukil et al.

Tableau 3 Les donnés endoscopiques et scannographique des patients.


Patients Aspect endoscopique Tomodensitométrique thoracique
1 Lésion bourgeonnante au niveau de la pyramide Processus pseudotumoral intra
basale gauche parenchymateux postérobasal gauche
arrivant au contact de la plèvre viscérale
sans signe d’envahissement (Fig. 3)
2 Deux formations bourgeonnantes à l’entrée de la Images de DDB au niveau du LID
segmentaire latérobasale de la lobaire inférieure Condensation parenchymateuse au
droite niveau de la pyramide basale
3 Muqueuse inflammatoire au niveau de la lobaire Ganglions latérotrachéaux droits
moyenne et la bronche lobaire inférieure gauche Condensation parenchymateuse lobaire
moyenne périphérique
4 Aspect inflammatoire de toute la muqueuse de la ADP médiastinales
lobaire supérieure droite qui saigne au contact du Une masse excavée du segment
fibroscope bronchique apicodorsal du LSD
DDB : dilatations de bronches ; LID : lobe inférieur droit ; ADP : adénopathies ; LSD : lobe supérieur droit.

pulmonaire a mené à poser l’indication d’un traitement chi- le sex-ratio est estimé à 3/1 alors que les deux sexes sont
rurgical dans tous les cas. L’examen anatomopathologique atteints de façon égale chez l’enfant [5]. Cette affection
de la pièce opératoire a montré un processus inflamma- est rare chez les enfants et les jeunes adultes en raison
toire avec des grains endobronchiques à centre dense et du traitement rapide des caries dentaires, de la chute des
à bordure filamenteuse. Ces grains sont de grande taille, dents et du fait de l’absence des maladies parodontale
partiellement colorés par le PAS et le Grocott évoquant [5]. Elle survient généralement sur un terrain immunodé-
une actinomycose. Les suites opératoires étaient simples primé [1] et elle est de siège ubiquitaire. La localisation
dans 3 cas et compliquées dans un cas d’une fistule tra- thoracique est observée dans 15 à 30 % des cas [2]. Elle
chéobronchique avec insuffisance respiratoire aiguë traitée peut concerner les poumons, la plèvre, le médiastin ou la
par injection perendoscopique de colle biologique avec paroi thoracique. L’atteinte pulmonaire se voit dans 15 %
amélioration transitoire. Mais ce malade décédait d’une des cas [6]. Cette localisation survient après la localisation
pneumopathie infectieuse nosocomiale hypoxémiante. Un cervicofaciale (49 %) et abdominopelvienne (23 %) [1].
traitement par amoxicilline-acide clavulanique à la dose de Une incidence plus élevée de l’actinomycose pulmonaire
3 grammes par jour a été démarré pour les 3 autres patients a été signalée chez les patients souffrant de troubles
pendant 12 mois avec une bonne évolution clinique et une respiratoires chroniques [2,3] tels que : l’emphysème, la
stabilité radiologique pour un recul moyen de 36 mois. bronchite chronique et les dilatations des bronches, chez
les alcooliques, les épileptiques. L’atteinte pulmonaire
est souvent secondaire à une inhalation du germe à partir
Discussion de la cavité buccale ce qui explique la prédominance de
l’atteinte basale [2]. Plus rarement, elle est due à une
L’actinomycose est une infection rare (inci- dissémination par voie hématogène [7] à partir d’un foyer à
dence = 1/300 000 habitants) [3,4]. Elle touche distance ou à une extension par contiguïté à partir du cou,
essentiellement l’homme entre 40 et 50 ans. Chez l’adulte, de l’abdomen, de l’œsophage ou du péritoine [2,5]. Dans

Figure 3. Coupes axiales tomodensitométriques en fenêtre parenchymateux et médiastinal objectivant un processus tissulaire postéro-
basal gauche hétérogène avec une zone de nécrose.

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Actinomycose pulmonaire 5

notre série, la voie la plus incriminée était la voie aérienne prélèvement bactériologique peut se faire par voie endosco-
avec une atteinte basale trouvée dans deux cas. pique dans les formes évoluées vers l’excavation et ceci par
C’est une affection bactérienne dont l’agent causal la culture des secrétions de lavage broncho-alvéolaire [9],
appartient à la famille des actinomyces qui est un agent mais qui n’est pas toujours fiable du fait des faux positifs en
filamenteux anaérobie facultatif à Gram positif vivant dans rapport avec une contamination par la flore buccale [10].
l’oropharynx, le tractus gastro-intestinal et les organes géni- Le produit peut également être obtenu par un moyen plus
taux féminins. Six espèces sont pathogènes chez l’homme invasif à l’aide d’une biopsie transpariétale par aspiration à
dont la plus importante est l’Actinomyces israelii décou- l’aiguille fine ou carotte biopsique avec mise en culture en
verte par Israël en 1981 [5]. milieu anaérobie [11,12]. Toutefois, comme l’actinomycète
L’infection se caractérise par une inflammation aiguë, est sensible à la plupart des antibiotiques utilisés dans la
suivie d’une phase chronique avec une nécrose locale et pratique quotidienne, la confirmation bactériologique n’est
de la fibrose avec formation de cavités [8]. Ces zones obtenue que dans 50 % des cas.
d’inflammation contiennent des colonies de l’organisme En conséquence, la confirmation est donc souvent his-
formant un centre amorphe entouré par une rosette de fila- tologique et repose sur la mise en évidence des sulfur
ments plissés (sulfur granules). granules. La fibroscopie bronchique n’a généralement pas
Sur le plan clinique, les symptômes sont aspéci- de place dans ce cas à moins qu’elle ne montre une anoma-
fiques : l’hémoptysie se voit chez 1/3 des patients atteints lie endobronchique évidente sur laquelle la biopsie peut être
d’actinomycose pulmonaire, généralement accompagnée effectuée. L’actinomycose endobronchique peut se mani-
d’une toux (84 %), d’une dyspnée (47 %), d’une fièvre fester par un épaississement irrégulier de la muqueuse ou
(21 %) et d’une pneumonie récurrente [8] comme chez par une occlusion partielle des bronches ressemblant à
nos patients. Dans les formes disséminées systémiques, une une tumeur sous-muqueuse [10]. L’examen anatomopatho-
fièvre élevée, un amaigrissement important ou une ané- logique des biopsies bronchique montre souvent des signes
mie ont été décrits. Toutefois, l’antibiothérapie précoce a d’inflammation chronique non spécifique, comme c’était
réduit la fréquence de ces formes graves. Dans notre série, le cas chez deux de nos patients, et dans certains cas, il
la symptomatologie est faite essentiellement de douleurs peut confirmer le diagnostic en montrant des sulfur gra-
thoraciques, d’une toux et d’une dyspnée. nules. Ainsi, la confirmation histologique nécessite souvent
La radiographie standard montre des lésions non spéci- un geste plus invasif incluant la biopsie transpariétale si la
fiques, qui dépendent de la chronicité de cette affection. lésion est accessible ou parfois une chirurgie comme c’était
Il s’agit d’une atteinte parenchymateuse non segmentaire à le cas de nos patients qui reste le moyen le plus sûr pour cer-
type d’images excavées, d’opacités nodulaires et de foyers tains auteurs afin d’éliminer un cancer bronchopulmonaire
de condensations parenchymateuses, en général bilatéraux, associé [13].
siégeant au niveau des bases dans 88 % des cas [7]. La Le diagnostic différentiel se fait essentiellement avec
triade classique associant foyer pneumonique, épanchement le cancer pulmonaire, la tuberculose, la granulomatose
pleural et foyer périoste manque le plus souvent [7]. Dans de Wegener, la nocardiose et la séquestration pulmonaire
notre série, la radiographie du thorax objectivait une opa- [3,14].
cité excavée dans 2 cas, un trouble ventilatoire dans 1 cas Le traitement de choix consiste en une antibiothérapie
et une opacité hétérogène dans 1 cas. Les anomalies sié- de longue durée : la pénicilline G à la dose de 10 à 20 mil-
geaient au niveau du lobe inférieur dans 2 cas, dans le lobe lions par jour pendant 2 à 6 semaines, suivie par voie orale
moyen dans 1 cas et dans le lobe supérieur dans 1 cas et pénicilline V ou l’amoxicilline à raison de 2 à 4 g par jour
sont unilatérales dans tous les cas. pendant 6 à 12 mois. Pour les patients allergiques, d’autres
L’aspect scannographique peut se traduire par une antibiotiques peuvent être utilisés comme la clindamycine,
condensation parenchymateuse, un nodule pulmonaire les cyclines et l’érythromycine [4]. Les fluoroquinolones
périphérique ou une masse tissulaire. Les condensations sont inactives, sauf la moxifloxacine in vitro. Le traite-
parenchymateuses peuvent contenir des zones de nécrose ment est efficace avec un taux de guérison de 90 % des
dans 62 à 75 % des cas [3] avec rehaussement périphé- cas. En absence de traitement, l’évolution se fait souvent
rique souvent accompagné d’une atteinte pleurale dans 50 à vers l’excavation des lésions et l’extension locorégionale.
73 % à type d’épaississement pleural, d’un épanchement ou Le traitement chirurgical peut être indiqué soit à visée diag-
d’un empyème [2]. Plusieurs petites cavités peuvent se for- nostique quand la possibilité d’un carcinome bronchique est
mer à l’intérieur de la lésion parenchymateuse. Dans notre évoquée, comme ce fut le cas pour tous nos patients. Si
série, le scanner a montré une masse tissulaire dans deux le diagnostic a pu être obtenu en préopératoire, certains
cas dont une est excavée et une condensation parenchyma- gestes peuvent rester nécessaires : le drainage des grands
teuse dans deux cas associée à des adénopathies chez deux abcès avec empyème, le débridement des trajets fistu-
patients. leux, l’exérèse des destructions irréversibles du parenchyme
Le diagnostic de certitude est microbiologique ou anato- ou des formes réagissant mal au traitement médical, par-
mopathologique. Le défi pour le clinicien est de confirmer fois une décortication pleurale après antibiothérapie d’une
le diagnostic avec la méthode la moins invasive. Il repose forme pleuroparenchymateuse [15].
dans le premier cas sur l’isolement du germe par la mise Le pronostic de cette infection est bon si le traitement
en culture du pus de ponction qui doit être réalisée en est débuté à temps avec une guérison qui atteint 80 à 90 %
milieu anaérobie strict enrichi, avec une atmosphère riche des cas. En l’absence de traitement, l’évolution se fait vers
en dioxyde de carbone à 10 % et la lecture se fait au 10e et l’excavation des lésions et l’extension locorégionale et vers
au 21e jours avant de pouvoir conclure à sa négativité. Le le décès dans 60 à 80 % des cas [5,15].

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Conclusion [6] Farrokh D, Rezaitalab F, Bakhshoudeh B. Pulmonary actino-


mycosis with endobronchial involvement: a case report and
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