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Faculté de Santé
UFR de Médecine
Année 2022 N°
Par
Alexis OLLITRAULT
JURY
M. le Professeur Eric GABISON Président
M. le Docteur Augustin LECLER Directeur
M. le Docteur Julien SAVATOVSKY Membre du jury
AVERTISSEMENT
Cette thèse d’exercice est le fruit d’un travail approuvé par le jury de soutenance
et réalisé dans le but d’obtenir le diplôme d’Etat de docteur en médecine. Ce
document est mis à disposition de l’ensemble de la communauté universitaire
élargie.
1
UNIVERSITÉ PARIS CITÉ
Faculté de Santé
UFR de Médecine
Année 2022 N°
Par
Alexis OLLITRAULT
JURY
M. le Professeur Eric GABISON Président
M. le Docteur Augustin LECLER Directeur
M. le Docteur Julien SAVATOVSKY Membre du jury
2
Remerciements
Vous me faites l’honneur de présider ce jury, recevez pour cela mes plus sincères
remerciements.
Merci pour la confiance que tu m’as accordée sur ce projet alors que je n’étais que tout
jeune interne, pour ta patience et ta disponibilité tout au long de cette thèse.
3
Résumé et indexation en français
Résumé :
L’objectif de cette thèse est de déterminer les performances diagnostiques à 3 T d’une
séquence de type Dixon en pondération T2 pour l’évaluation de l’orbitopathie
dysthyroïdienne, comparativement à un protocole conventionnel avec séquences en écho de
spin pondérées en T1, T2 et T2 avec suppression du signal de la graisse.
Cette thèse se fonde sur les résultats d’une étude prospective monocentrique menée entre
avril 2015 et octobre 2019, incluant des patients présentant une orbitopathie basedowienne
prouvée ayant bénéficié d’une IRM comprenant un protocole conventionnel et une séquence
T2 Dixon. Ces jeux de données ont été anonymisés et interprétés par deux neuro-radiologues,
indépendamment l’un de l’autre et en aveugle des données cliniques, en évaluant la présence
d'une inflammation des muscles ou de la graisse orbitaire, d'une hypertrophie,
dégénérescence graisseuse ou fibrose des muscles oculomoteurs, ainsi que la présence
d'artefacts.
206 participants ont été inclus dans l’étude, 135 (66 %) femmes et 71 (34 %) hommes, dont la
moyenne d’âge était de 52,3 +/- 13,2 ans. Les résultats montrent une différence significative
dans la détection de l’inflammation des muscles oculomoteurs en faveur de la séquence T2
Dixon comparativement au protocole conventionnel : 248/412 (60 %) contre 228/412 (55 %)
yeux (p=0,02). Le T2 Dixon était plus sensible et plus spécifique que le protocole conventionnel
pour évaluer l'inflammation musculaire (Se = 100 % contre 94,7 % et Sp = 71,2 % contre 68,5
%, respectivement) et était moins susceptible que le T2 avec suppression du signal de la
graisse de présenter des artefacts majeurs (20/412 (5 %) contre 109/412 (27 %) yeux
(p<0,001)) ou mineurs (175/412 (42 %) contre 257/412 (62 %) yeux (p<0,001)). L’index de
confiance dans le diagnostic était significativement plus élevé avec le T2 Dixon qu'avec le
protocole conventionel (2,35 contre 2,24, p=0,003).
4
La séquence T2 Dixon présente en conclusion une sensibilité et une spécificité plus élevées et
souffre de moins d'artefacts qu'un protocole conventionnel lors de l'évaluation de
l’orbitopathie dysthyroïdienne, en plus d’un indice de confiance plus élevé et d'un temps
d'acquisition réduit.
Spécialité :
Radiologie
Forme ou Genre :
fMeSH : Dissertation universitaire
Rameau : Thèses et écrits académiques
5
Résumé et indexation en anglais
Abstract:
The objective of this thesis is to determine the diagnostic performances of a single DIXON-
T2WI sequence compared to a conventional protocol including T1-, T2- and fat-suppressed T2-
weighted MRI at 3T when assessing thyroid eye disease (TED).
This IRB-approved prospective single-center study enrolled participants presenting with
confirmed TED from April 2015 to October 2019. They underwent an MRI, including a
conventional protocol and a DIXON-T2WI sequence. Two neuro-radiologists, blinded to all
data, read both datasets independently and randomly. They assessed the presence of
extraocular muscle (EOM) inflammation, enlargement, fatty degeneration or fibrosis as well
as the presence of artifacts. A Wilcoxon signed-rank test was used.
206 participants were enrolled (135/206 [66 %] women, 71/206 [34 %] men, age 52,3
+/- 13,2 years). DIXON-T2WI was significantly more likely to detect at least one inflamed EOM
as compared to the conventional set: 248/412 (60 %) vs 228/412 (55 %) eyes, p=0.02. DIXON-
T2WI was more sensitive and specific than the conventional set for assessing muscular
inflammation: 100% versus 94.7 % and 71.2 % versus 68.5 %, respectively. DIXON-T2WI was
significantly less likely to show major or minor artifacts as compared to FS T2WI: 20/412 (5 %)
versus 109/412 (27 %) eyes, p<0.001, and 175/412 (42 %) versus 257/412 (62 %) eyes,
p<0.001. Confidence was significantly higher with DIXON-T2WI than with the conventional set:
2.35 versus 2.24, p=0.003.
In conclusion, DIXON-T2WI showed higher sensitivity and specificity and showed fewer
artifacts than a conventional protocol when assessing thyroid eye disease, in addition to
higher self-reported confidence and decreased acquisition time.
6
English keywords:
Magnetic Resonance Imaging / Graves’ Ophthalmopathy / Eye Diseases / Thyroid Diseases /
Inflammation / Artifacts
Publication type:
MeSH: Academic Dissertation
7
Liste des abréviations
8
Table des matières
1 : INTRODUCTION ......................................................................................................................................... 11
3 : RESULTATS ................................................................................................................................................ 21
4 : DISCUSSION ............................................................................................................................................... 26
9
4.2 PLACE DU DIXON DANS LES PROTOCOLES D’IMAGERIE ORBITAIRE ............................................................................... 27
4.3 LIMITES DE L’ETUDE .......................................................................................................................................... 28
CONCLUSION .................................................................................................................................................. 30
BIBLIOGRAPHIE .............................................................................................................................................. 31
ANNEXES ........................................................................................................................................................ 37
10
1 : Introduction
A gauche, le patient présentait un œdème conjonctival gauche avec exophtalmie ; à droite, la patiente
présentait un chemosis droit avec exophtalmie et un œdème palpébral gauche.
Source : O. Vicini (gauche), Dr. M.-L. Herdan (droite)
11
Tableau 1 : Score d’activité clinique (« Clinical Activity Score », CAS)
12
déplacement chimique à champ élevé(22). Grâce à ces avantages, les séquences Dixon sont
adaptées à l'imagerie de la tête et du cou, et en particulier de l'orbite(23,24). La
décomposition itérative en séquences d'eau et de graisse s'est d’ores-et-déjà avérée utile pour
fournir une évaluation quantitative du volume de graisse orbitaire, de la fraction d'eau et du
volume des muscles oculomoteurs chez les patients atteints d’OB(11,25,26). Cependant,
aucune étude n'a comparé la l’efficacité diagnostique des séquences Dixon par rapport aux
séquences conventionnelles réalisées en pratique clinique pour évaluer l’OB.
Le but de l’étude rapportée dans cette thèse était donc de comparer les séquences Dixon au
protocole conventionnel en écho de spin comprenant des séquences pondérées en T1, T2 et
T2 FS à 3 T chez des patients atteints d’OB.
13
2 : Matériels et méthodes
2.1.1 Généralités
L’étude présentée ici est une étude prospective, unicentrique (NCT02397109), conduite à la
Fondation Ophtalmologique A. de Rothschild, établissement de santé privé d’intérêt collectif
(ESPIC) spécialisé dans les pathologies ophtalmologiques, en collaboration entre les services
de neuroradiologie, médecine interne et chirurgie orbitopalpébrale. Cette étude a été
approuvée par le Comité de Protection des Personnes d’Île-de-France (ID RCB 2015-A-00364-
45), et a été conçue pour respecter les critères Standards for Reporting of Diagnostic Accuracy
Studies (STARD). Cette étude a été publiée en 2021 dans la revue European Radiology (27).
244 patients ont été considérés éligibles selon les critères d’inclusion, qui étaient un âge
supérieur à 18 ans et une orbitopathie basedowienne prouvée.
Les critères d’exclusion étaient toute contre-indication absolue ou relative à un examen IRM,
en particulier :
- la présence d’un dispositif implanté ou corps étranger métallique incompatible avec
l’IRM (un stimulateur cardiaque par example) ;
- une claustrophobie ;
- une grossesse en cours.
Des critères d’exclusion secondaires ont été également mis en place, en particulier :
- lorsque le patient retirait son consentement ;
- lorsque le patient avait été inclus deux fois par erreur ;
- lorsque l’examen était incomplet, en particulier lors de l’absence d’une des séquences
étudiées ;
- lors d’importants artefacts de mouvement non corrigés par la répétition des
séquences et rendant l’analyse impossible.
14
L’ensemble de ces critères est résumé dans le diagramme de flux (Figure 1), aboutissant à 206
patients.
Un recueuil clinique des symptômes de chaque patient a été réalisé à l’inclusion dans l'étude.
Le score d'activité clinique a été calculé par un panel de trois experts, un ophtalmologiste et
deux internistes spécialisés dans l’OB avec respectivement 30, 21 et 17 ans d'expérience, en
aveugle des données d'imagerie.
Un score ≥ 3 était indicatif d'une OB active. Cette évaluation clinique a été considérée comme
la référence pour calculer la sensibilité et la spécificité des protocoles d'imagerie.
Par ailleurs, les anticorps anti-récepteurs de la TSH (« TSH-receptor antibodies », ou TRAbs)
ont été mesurés chez tous les patients. Ces anticorps sont utilisés de manière routinière à la
Fondation Ophtalmologique A. de Rothschild pour argumenter une décision de traitement,
principalement dans les cas difficiles.
15
2.2 Protocole IRM
Toutes les IRM ont été réalisées sur un appareil IRM Philips Ingenia (du groupe Philips Medical
Systems) de 3 T, avec une antenne « tête » de 32 canaux.
Deux ensembles de données d'imagerie ont été acquis pour chaque patient :
- un protocole conventionnel en écho de spin comprenant des séquences coronales T1,
T2 et T2 FS ;
- une séquence T2 Dixon, fournissant quatre contrastes : in-phase (IP), out-phase (OP,
non utilisée), eau (W) et graisse (F).
Figure 3 : Séquences T1, T2, T2 FS (1ère ligne), et T2 Dixon F, IP, W (2e ligne).
16
Tableau 2 : Paramètres d’acquisition détaillés des séquences réalisées
T1 TSE T2 TSE T2 FS TSE T2 Dixon
Mode d’acquisition 2D 2D 2D 2D
Pixel size (mm) 0,5 x 0,65 0,6 x 0,77 0,4 x 0,5 0,5 x 0,68
TSE : Turbo Spin Echo ; SPAIR : SPectral Attenuated Inversion Recovery ; SENSE : SENSitivity Encoding ; NA: non
applicable.
17
Quatre semaines après la deuxième session de lecture, les désaccords ont été résolus par
consensus avec un troisième lecteur, neuroradiologue ayant 9 ans d'expérience, également en
aveugle des données cliniques. Les résultats de cette session de consensus ont été utilisés pour
déterminer la sensibilité (Se), la spécificité (Sp), la valeur prédictive positive (VPP) et la valeur
prédictive négative (VPN). Toutes les sessions de lecture ont été effectuées sur un poste de travail
dédié avec le logiciel Carestream Vue PACS (Carestream Health).
Les lecteurs ont évalué les caractéristiques suivantes pour chaque œil :
- le critère de jugement principal de l’étude, à savoir la présence d'une inflammation
d’au moins un muscle oculomoteur (Figure 4). Un muscle était considéré
inflammatoire lorsque tout ou partie d'un muscle était hyperintense par rapport au
muscle temporal, à la fois sur les séquences pondérées en T2 et en T2 FS pour
l'ensemble de données conventionnelles, et sur les images IP et W pour la séquence
Dixon ;
- le nombre et la localisation des muscles oculomoteurs inflammatoires ;
- une augmentation de taille de chaque muscle oculomoteur, définie comme une
épaisseur supérieure à 5 mm dans le plan coronal pour les muscles droits inférieur,
latéral, médial et supérieur, et supérieur à 4 mm pour le muscle oblique supérieur ;
- la présence d’une dégénérescence graisseuse du muscle, définie par un hypersignal
sur la séquence pondérée en T1, ou sur la pondération « fat » du Dixon (Figure 5) ;
- la présence d’une fibrose du muscle, définie par un hyposignal marqué sur les
séquences en pondération T2 et T2 FS, ou sur les pondérations IP et W pour la
séquence Dixon ;
- la présence d’inflammation de la graisse intra-orbitaire et/ou sous-palpébrale, définie
comme un hypersignal T2 réticulé au sein de la graisse, persistant sur les séquences FS
ou W (Figure 6) ;
- la présence d’artefacts de mouvement et leur classification comme majeurs
(empêchant toute interprétation) ou mineurs (perturbant mais n’empêchant pas
l’interprétation des structures orbitaires) ;
- la présence de tout autre type d’artefacts et leur classification comme majeurs ou
mineurs, selon qu’ils empêchaient ou non l’interprétation de la structure en question ;
18
- la confiance du lecteur dans la détection de l’inflammation musculaire, cotée entre 1
et 3, 1 correspondant à une confiance faible, 2 à une confiance modérée, et 3 à une
confiance élevée.
Séquences coronales T2 Dixon IP et W montrant une inflammation des muscles droits inférieurs et
médiaux, ainsi que des droit et oblique supérieurs à gauche.
Séquences coronales T2 Dixon F et IP montrant une dégénérescence graisseuse des muscles des deux
côtés.
19
2.4 Analyse statique
La taille de la cohorte nécessaire a été calculée en partant de l'hypothèse que les probabilités
marginales pour les deux lectures seraient de 60 % d’yeux avec au moins une lésion
inflammatoire avec une valeur kappa de 0,6, contre une hypothèse nulle avec kappa à 0,4.
Selon ces hypothèses, 208 patients étaient nécessaires.
Comme les deux yeux ont été inclus, le nombre de patients a été multiplié par un facteur
d'inflation de la variance avec un très fort coefficient de corrélation intraclasse de 0,9. Ainsi,
la taille minimale de l'échantillon était de 376 yeux pour 188 patients.
Les variables quantitatives ont été présentées sous forme de moyenne (+/- écart-type), de
médiane (avec écart interquartile ou EI), et les variables catégorielles sous forme de
pourcentages.
Un test de Wilcoxon a été utilisé pour comparer le nombre de muscles oculomoteurs
inflammatoires détectés entre les ensembles de données, pour la présence d'artefacts et les
valeurs quantitatives de SNR. Un effet de cluster a été ajouté pour toutes les analyses, sauf
pour la confiance du lecteur.
En raison de l'absence de référence pour les autres critères d’imagerie, la concordance entre
les ensembles de données a été évaluée à l'aide des statistiques non pondérées du kappa de
Cohen et interprétée comme suit(28) :
- 0,0-0,2 : mauvaise corrélation ;
- 0,21-0,4 : corrélation moyenne ;
- 0,41-0,6 : corrélation modérée ;
- 0,61-0,8 : bonne corrélation ;
- 0,81-1 : corrélation presque parfaite.
La concordance inter et intra-observateur pour la lecture de l'IRM a également été évaluée à
l'aide des statistiques non pondérées du kappa de Cohen.
Une valeur p inférieure à 0,05 a été considérée comme statistiquement significative.
Les données ont été analysées à l'aide du logiciel R(29).
20
3 : Résultats
21
Tableau 4 : Performances diagnostiques du T2 Dixon contre protocole conventionnel
Critère Conventionnel Se Sp T2 Dixon Se Sp Concordance
Inflammation (= au moins un muscle inflammatoire) 228/412 (55 %) 94 % 69 % 248/412 (60 %) 100 % 71 % 0,69 (0.61-0.76)
Nombre moyen de muscles inflammatoires (+/- DS) 3,3 +/- 3,5 3,6 +/- 3,7 -
Localisation :
3.4 Artefacts
Il n'y avait pas de différences significatives entre le T2 Dixon et le protocole conventionnel
concernant la présence d'artefacts de mouvement : 7 contre 7 artefacts de mouvement
majeurs et 35 contre 39 artefacts de mouvement mineurs, respectivement.
Le T2 Dixon était significativement moins susceptible de montrer d'autres artefacts majeurs
ou mineurs que le T2 FS : 20/412 (5 %) contre 109/412 (27 %) yeux, p<0,001 et 175/412 (42
%) contre 257/412 (62 %) yeux, p<0,001.
22
Figure 7 : Patient de 44 ans présentant une orbitopathie basedowienne active
Séquence coronale T2 Dixon W (à gauche) montrant une inflammation des muscles droits médiaux et inférieurs
(flèches blanches) et une hypertrophie des obliques supérieurs (flèches noires), cachées par des artefacts de
susceptibilité magnétique majeurs sur la séquence T2 FS (à droite, têtes de flèche blanches), occultant
également le cornet inférieur droit et les bulbes olfactifs (têtes de flèche noires).
Source : (27)
Séquences coronales T2 Dixon W (à gauche) et T2 FS (à droite), montrant d’importants artefacts liés à une
saturation de graisse inefficace (têtes de flèche blanches) et un artefact de susceptibilité majeur sur l’orbite
gauche (têtes de flèche noires).
Source : (27)
23
Figure 9 : Patiente de 39 ans présentant une orbitopathie basedowienne inactive
24
L'analyse de la concordance intra-observateur était presque parfaite pour l'évaluation de
l'inflammation des muscles oculo-moteurs : κ = 0,95 CI [0,81, 0,99].
25
4 : Discussion
26
parfaite, tous les patients présentant des symptômes cliniques d’inflammation orbitaire
présentaient également des signes d’inflammation en T2 Dixon. À l'inverse, certains patients
ne présentaient aucun signe d'inflammation sur les séquences conventionnelles, ce qui
suggère qu’elles pourraient ne pas être suffisamment fiables dans cette indication.
La spécificité était globalement faible sur les trois ensembles de données, ce qui est en accord
avec les études précédentes rapportant un taux élevé d'inflammation orbitaire à l'imagerie
chez des patients considérés comme cliniquement asymptomatiques. Il est donc possible que
l'IRM s’avère en réalité plus sensible que l'évaluation clinique pour détecter une inflammation
orbitaire cliniquement silencieuse et pour prédire la réponse au traitement(6,17).
La sensibilité et la spécificité plus élevées du T2 Dixon ainsi que l’indice de confiance
significativement plus élevé pourraient s'expliquer par la présence de beaucoup moins
d'artefacts comparativement au protocole conventionnel. Seuls 5 % des yeux évalués dans
notre étude présentaient des artefacts majeurs en T2 Dixon, contre 27 % pour les séquences
conventionnelles. Les artefacts majeurs étaient presque toujours liés à une suppression
incomplète de la graisse, en particulier aux interfaces air-tissu, ce qui a perturbé l'évaluation
précise de l'inflammation des muscles ou de la graisse orbitaire. Nos résultats sont conformes
aux études d'imagerie de la tête et du cou, rapportant une meilleure suppression de la graisse,
une meilleure homogénéité et une qualité d'image globale avec les séquences Dixon par
rapport aux séquences basées sur l'inversion-récupération(31,32). La région orbitaire est
entourée des sinus paranasaux et son imagerie par IRM est donc sujette à d’importants
artefacts de susceptibilité. De plus, les muscles oculomoteurs les plus fréquemment
impliquées dans le TED sont le muscle droit inférieur, qui se trouve immédiatement au-dessus
du sinus maxillaire, et le muscle droit médial, qui est proche du sinus ethmoïdal. L'obtention
d'une excellente suppression de la graisse est donc cruciale pour permettre une évaluation
fiable de leur signal.
27
comme étant légèrement plus fréquents avec les séquences Dixon qu'avec le SPAIR(20,33).
Nous n'avons de notre côté pas montré de différence entre le T2 Dixon et les séquences
conventionnelles concernant la présence d'artefacts de mouvement.
Nous avons en revanche montré que le T2 Dixon était fiable pour évaluer l'hypertrophie des
muscles oculomoteurs ou l'inflammation de la graisse orbitaire, ce qui est en accord avec les
résultats actuels de la littérature(11,13,26).
Enfin, le T2 Dixon permet de détecter la dégénérescence graisseuse et la fibrose, qui sont des
marqueurs des phases inactives de l’OB(11). Le T2 Dixon a néanmoins détecté moins de
muscles avec dégénérescence graisseuse que le protocole conventionnel, ce qui pourrait être
dû à un manque de sensibilité des séquences en phase. Cependant, ce point reste flou car il
n'existe pas de norme de référence pour la dégénérescence graisseuse.
Pour toutes ces raisons, le T2 Dixon pourrait avantageusement remplacer le protocole
d'imagerie conventionnel pour évaluer l’OB. Un protocole court comprenant un T2 Dixon
coronal pour évaluer à la fois les muscles oculomoteurs et la graisse orbitaire et une séquence
axiale en pondération T1 pour coter l'exophtalmie aurait une durée d'environ 5 minutes. Un
tel protocole pourrait être facilement utilisé en pratique clinique pour l'évaluation initiale de
l'inflammation orbitaire et dans le suivi au cours du traitement. Une séquence coronale en
pondération T1 en écho de spin pourrait également être ajoutée sans allongement majeur de
l’examen, afin de gagner en sensibilité vis-à-vis des formes inactives avec dégénérescence
graisseuse s’il s’avérait que le Dixon était insuffisant sur ce point.
28
reproductibles avec d'autres appareils IRM(38). Cependant, cette variabilité entre les
constructeurs pourrait empêcher la généralisation de nos résultats dans tous les centres du
monde.
Troisièmement, il n'existe pas de véritable norme de référence pour évaluer l'inflammation
orbitaire dans l’OB, ce qui pourrait expliquer la faible spécificité des séquences Dixon comme
du protocole conventionnel par rapport à l'évaluation clinique de l’OB active.
Enfin, la séquence coronale Dixon n'étant pas en mesure d’évaluer à elle seule l’exophtalmie,
qui est l'un des principaux facteurs pronostiques de l’OB en raison du risque de neuropathie
optique, une séquence axiale supplémentaire est nécessaire. D'autres études évaluant les
séquences 3D Dixon comme une séquence IRM « tout-en-un » pourraient être pertinentes
pour résoudre ce problème.
29
Conclusion
Cette étude a montré que la séquence T2 Dixon présentait une sensibilité et une spécificité
plus élevées qu'un protocole conventionnel avec séquences en pondération T1, T2 et T2 FS en
écho de spin pour évaluer l'inflammation des muscles oculo-moteurs chez les patients atteints
d’orbitopathie basedowienne. Le T2 Dixon était plus rapide et présentait beaucoup moins
d'artefacts, générant en outre une plus grande confiance dans le diagnostic comparativement
au protocole conventionnel.
30
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34
Table des figures
35
Table des tableaux
36
Annexes
Néant.
37
Performances diagnostiques des séquences Dixon dans l’imagerie orbitaire : application à
l’orbitopathie basedowienne
Résumé :
L’objectif de cette thèse est de déterminer les performances diagnostiques à 3 T d’une
séquence de type Dixon en pondération T2 pour l’évaluation de l’orbitopathie
dysthyroïdienne, comparativement à un protocole conventionnel avec séquences en écho de
spin pondérées en T1, T2 et T2 avec suppression du signal de la graisse.
Cette thèse se fonde sur les résultats d’une étude prospective monocentrique menée entre
avril 2015 et octobre 2019, incluant des patients présentant une orbitopathie basedowienne
prouvée ayant bénéficié d’une IRM comprenant un protocole conventionnel et une séquence
T2 Dixon. Ces jeux de données ont été anonymisés et interprétés par deux neuro-radiologues,
indépendamment l’un de l’autre et en aveugle des données cliniques, en évaluant la présence
d'une inflammation des muscles ou de la graisse orbitaire, d'une hypertrophie,
dégénérescence graisseuse ou fibrose des muscles oculomoteurs, ainsi que la présence
d'artefacts.
206 participants ont été inclus dans l’étude, 135 (66 %) femmes et 71 (34 %) hommes, dont la
moyenne d’âge était de 52,3 +/- 13,2 ans. Les résultats montrent une différence significative
dans la détection de l’inflammation des muscles oculomoteurs en faveur de la séquence T2
Dixon comparativement au protocole conventionnel : 248/412 (60 %) contre 228/412 (55 %)
yeux (p=0,02). Le T2 Dixon était plus sensible et plus spécifique que le protocole conventionnel
pour évaluer l'inflammation musculaire (Se = 100 % contre 94,7 % et Sp = 71,2 % contre 68,5
%, respectivement) et était moins susceptible que le T2 avec suppression du signal de la
graisse de présenter des artefacts majeurs (20/412 (5 %) contre 109/412 (27 %) yeux
(p<0,001)) ou mineurs (175/412 (42 %) contre 257/412 (62 %) yeux (p<0,001)). L’index de
confiance dans le diagnostic était significativement plus élevé avec le T2 Dixon qu'avec le
protocole conventionel (2,35 contre 2,24, p=0,003).
La séquence T2 Dixon présente en conclusion une sensibilité et une spécificité plus élevées et
souffre de moins d'artefacts qu'un protocole conventionnel lors de l'évaluation de
l’orbitopathie dysthyroïdienne, en plus d’un indice de confiance plus élevé et d'un temps
d'acquisition réduit.
Spécialité :
Radiologie
Forme ou Genre :
fMeSH : Dissertation universitaire
Rameau : Thèses et écrits académiques
Université de Paris
UFR de médecine
15 Rue de l'École de Médecine
75006 Paris