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PHYSIOLOGIE DE LA DEGLUTITION

1- Introduction
La sphère oro-faciale constitue le siège de différentes fonctions vitales et sociales
dont le déroulement influence sur l’équilibre et le développement de l’appareil
stomatognatique.
Parmi elles, la déglutition, qui est la première fonction coordonnée à apparaitre
dans la vie intra-utérine.
Il est donc important en orthopédie dento faciale d’effectuer une étude
approfondie du fait de toute anomalie fonctionnelle rencontrée qui est à l’origine de
nombreuses dysmorphoses osseuses et alvéolo-dentaires, se répercutant inévitablement
sur le développement du massif facial et influençant par conséquence l’apparence et
l’esthétique de nos patients.

2- Définition
Terme issu du latin dèglutio → J’AVALE.
L’ensemble des mécanismes permettant le transport des aliments de la cavité
buccale à l'estomac.
La déglutition est définie par CHATEAU comme étant l’acte par lequel le contenu
buccal est propulsé de la bouche vers l’estomac.

3-Rappel anatomique
La déglutition intéresse trois étages anatomique la cavité buccale le pharynx et
l’œsophage

3.1. La cavité buccale


La bouche constitue la première partie du tractus digestif. C'est la zone où les
aliments sont mastiqués avant d'être avalés.
Elle est limitée en haut par le palais, en bas par plancher buccal, latéralement
par les régions géniennes et ne avant par les régions labiales et menton.
Le plancher buccal : Principalement formé par les muscles mylohyoïdien véritable
sangle sur laquelle repose la langue.
La voûte palatine ou palais dur : Elle est recouverte à sa partie antérieure par une
muqueuse sur la ligne médiane juste en arrière des incisives supérieures se situe la papille
palatine. La voûte palatine est prolongée par le voile du palais ou palais mou, rideau
musculo-aponévrotique comportant une face supérieure rhino-pharyngienne et une face
inférieure buccale. Son bord postérieur se termine par la luette. Le 1/3 antérieur du voile
est immobile, les 2/3 postérieurs sont mobiles et jouent un rôle important lors de la
déglutition et phonation.
Régions jugales : Elles comprennent une face externe cutanée et une face interne
muqueuse recouvrant une muqueuse musculaire dont la couche superficielle est formée
pat les muscles peauciers : l’élévateur de l’aile du nez ; petit et grand zygomatique ;
risorius. Et dans un plan profond : releveur profond de l’aile du nez et la lèvre
supérieure ; buccinateur ; canin ; carré du menton. En arrière se situent les muscles
masticateurs : le masséter, le temporal, le ptérygoïdien interne et externe. Et les lèvres.
Les arcades dentaires divisent la cavité buccale en une partie périphérique, le
vestibule est une partie centrale ou cavité buccale proprement dite
3.1.2. Effecteurs musculaires de l’orifice buccal :
Les orbiculaires des lèvres./ Les releveurs profonds et superficiels de l'aile du nez et de
la lèvre supérieure./Le canin. /Le grand et petit zygomatique. /Le risorius./ Le

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buccinateur /Les myrtiforme, triangulaire des lèvres et carré du menton./La houppe du


menton./Compresseur des lèvres./Peauciers du cou.
- Tous ces muscles sont innervés par des branches maxillaires et/ou buccales du VII,
de même que le MH et le digastrique qui participent à la dynamique linguo-
mandibulaire.
- Insistons dès à présent sur le rôle du XII innervant le SG, en association avec le IX
et ce pour la réalisation du dôme lingual ;
- C'est également le XII qui innerve le GH, élévateur de l'os hyoïde ;
- L'autre modulateur de la posture linguale est le nerf phrénique
3.1.3. Les effecteurs musculaires du voile du palais :
Le voile du palais intervient dans la déglutition par 3 muscles :
Le péristaphylin externe, le péristaphylin interne et l’azygos de la luette.
La contraction de ces muscles entraine un raidissement et élévation du voile du
palais qui va isoler le rhinopharynx de l’oropharynx (isthme de gosier) pour empêcher
tout refoulement alimentaire à travers le nez
3.1.4. Les effecteurs musculaires de la mandibule :
Les muscles élévateurs (le temporal, le masseter et le ptérygoidien interne)
interviennent dans la phase buccale lors du contact entre les arcades dentaires.
Les muscles abaisseurs (le digastrique, le génio-hyoidien et le mylo-hyoidien)
permettent l’abaissement et le recul mandibuaire au moment de la succion-déglutition.
Le muscle protracteur (le ptérygoidien externe) favorise l’avancée de la
mandibule au moment de la succion .
La cavité buccale proprement dite : La langue : La langue occupe la position
centrale de la bouche. C'est le principal organe du goût et elle a un rôle capital pour la
mastication, la déglutition et l'élocution.
C’est une masse musculaire occupant au repos la presque totalité de la cavité
buccale elle présente une base relativement fixe et une pointe très mobile.
Elle est constitué d’un squelette ostéo-fibreux formé par :
• La membrane hyo-glossienne : mesure un centimètre de haut elle se fixe sur le
bord supérieur du corps de l'os hyoïde et sur le bord antérieur des petites cornes
elle se poursuit en se perdant dans l'épaisseur de la langue.
• Le septum lingual est une lame fibreuse verticale, sagittale, elle s'insère par sa
base sur le milieu de la membrane hyo-glossiènne, et se perd au niveau de l'apex
de la langue
La langue est aussi constituée de 8 muscles pairs : le génio-glosse, le stylo-glosse,
le pharyngo-glosse, l’amygdalo-glosse, le palato-glosse, l’hyo-glosse, le transverse, le
lingual inférieur et d’un muscle impair : le muscle lingual supérieur
Les arcades dentaires : Appelées également système alvéolodentaire, elles
comprennent : les os maxillaires en ses deux parties : l’os basilaire et l’os alvéolaire, les
procès alvéolaires, les dents.
Le pharynx
Le pharynx est un conduit musculo-membraneux, disposéverticalement en avant de la
colonne cervicale. Long de 15 cm et d'un diamètre de 2 à 5 cm, le pharynx constitue un
large vestibule où se croisent :
➢ La voie respiratoire, allant des fosses nasales au larynx.
➢ La voie digestive, étendue de la bouche à l'œsophage.
On distingue trois étages pharyngés:
• le cavum ou rhino-pharynx

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• l'oropharynx
• l' hypopharynx
La paroi du pharynx est constituée de divers muscles, les constricteurs qui diminuent le
calibre du pharynx et jouent ainsi un rôle important dans le deuxième temps de la
déglutition, les élévateurs qui déterminent l'ascension du larynx dans la déglutition.
L’œsophage : est un conduit musculo-membraneux qui relie le pharynx à l’estomac.
ème
Son trajet débute immédiatement au niveau de la 6 vertèbre cervicale et se termine
ème
au niveau de l’estomac au niveau de la 11 vertèbre dorsale

4-La physiologie de la déglutition :


Transit du bol alimentaire nécessite
Les lèvres se rapprochent/Le voile du palais s’élève /L’épiglotte s’abaisse
/Le sphincter œsophagien s’ouvre puis se ferme
4-1- Les dif férents temps de la déglutition
Suivant la situation du bol alimentaire, on reconnait à la déglutition 3 temps :
Le temps buccal. (Préparatoire et temps buccal proprement dit)
➢ Le temps pharyngien.
➢ Le temps œsophagien.
4.1.1. Phase de préparation
• Les aliments sont coupés puis broyés par les dents.
• Les quatre muscles masticateurs assurent la décomposition de la nourriture.
• Cette nourriture est mêlée à la salive pour former un bol alimentaire correct.
• Récupération du bol par langue collecté par le buccinateur
4.1.2. Phase orale
Le bol alimentaire est ensuite rassemblé sur le dos de la langue, qui prend
«la forme d’une cuillère » L’apex lingual prend appui sur la crête alvéolaire,
le corps de la langue se plaque contre le palais dur et réalise un mouvement
d’ondulation d’avant en arrière, précédant la propulsion du bol alimentaire
vers l’oropharynx. Lorsqu’il parvient à l’isthme du gosier, le voile du palais se
contracte et s’accole à la paroi pharyngée fermant ainsi le rhinopharynx
4.1.3. Phase pharyngée
Ce temps involontaire et réflexe est le plus important et le plus délicat de la
déglutition en assurant d’une part le transport du bolus et d’autre part la
protection des voies respiratoires.
Quatre événements prennent place dans ce temps pharyngé :
• L'occlusion du sphincter vélo-pharyngé.
• L'occlusion du sphincter laryngé.
• La propulsion du bol à travers le pharynx ;
• L'ouverture du sphincter supérieur de l’œsophage.
4.1.4.Phase œsophagienne
C’est le dernier temps et le plus court. Transport du bol alimentaire du Sphincter
Supérieur de l ’Œsophage (SSO) au Sphincter Inférieur de l ’Œsophage (SIO)
4-2 Différents types de la déglutition
Deux types de déglutition ont été individualisés :
La déglutition primaire (fœtale, succion déglutition du nourrisson et du jeune
enfant).
La déglutition secondaire (« arcade en contact » de l’adulte

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4.2.1. La déglutition fœtale :


C’est une fonction innée. La déglutition est la plus archaïque de toutes les fonctions
pendant la vie fœtale. Le fœtus déglutit le liquide amniotique et suce son pouce. On
parle de succion déglutition ; en effet lors de la tétée les phénomènes de succion
déglutition sont étroitement liés.
4.2.2. Succion déglutition du nourrisson et du jeune enfant :
L’enfant est nourri au biberon ou au sein
La bouche est utilisée comme pompe aspirante. Pour cela, une étanchéité doit être
crée grâce à :
• En avant ; une contraction labiale et compression des gencives autour du
mamelon ou de la tétine, la musculature du menton induit l’élévation de la lèvre inférieure.
• En arrière ; par la fermeture de l’isthme du gosier, le voile s’abaisse et se
plaque contre la paroi pharyngée postérieure. La langue joue un rôle de moteur de la
pompe à vide, par un mouvement alterné de pro traction et de rétraction, rythmique.
Interviennent également tous les muscles abaisseurs (digastrique, ptérygoïdien latéral ;
mylohyoïdien, et omohyoïdien) la mandibule est propulsée.
• La langue s’interpose donc entre les deux maxillaires et s’incline en bas et
en arrière pour permettre au lait de s’écouler par les gouttières pharyngolaryngées vers
l’œsophage. Le temps buccal est terminé.
*Après au fur et à mesure de :
-L’éruption des dents.
-La formation de la boite a langue.
-Le changement d’alimentation.
-La maturation neuromusculaire.
De nouvelles sensibilités proprioceptives dues aux ligaments alvéolodentaires sous
l’impulsion desquelles l’enfant abandonne son méta circuit et en créé un nouveau au
niveau du mésencéphale.
Cette période de transition de la déglutition infantile à celle adulte ne se fait pas
avant l’âge de 6 ans.
4.2.3. La déglutition de l’adulte
La déglutition de type adulte est adaptée aux solides et aux petites quantités de
liquides tels que la salive.
Le bol alimentaire, convenablement mastiqué et insalivé, est rassemblé sur le dos
de la langue conformé en gouttière. Les afférences (langue, voile, desmodonte) s’assurent
de la qualité du bol, avant la phase de déclenchement de la déglutition.
Les lèvres sont en contact, sans contraction de l’orbiculaire. Par l’action des
élévateurs, les arcades sont serrées, en occlusion d’intercuspidation maximale ; la
mandibule est ainsi stabilisée dans les trois sens de l’espace. Le mylohyoïdien se
contracte. La pointe de la langue s’élève et prend un appui palatin antérieur. La langue
ne se déplace donc pas et seule une onde de déformation de la masse linguale en
progressant vers l’arrière entraîne le bol alimentaire vers le pharynx.
4-3. Influence de la dynamique musculaire lors de la déglutition
Action sur les procès alvéolaires
Par l’action de la langue sur la direction de croissance sagittale et verticale lors des
mouvements de pulsion au moment du passage du bol alimentaire de la partie antérieure
à la partie postérieure. Pour CAUHEPEE et CHATEAU, le couloir d’équilibre doit être
stable aussi bien aux fonctions qu’au repos.
Action sur les bases osseuses

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Au maxillaire sup
Action morphogénétique de la langue surtout du muscle stylo-glosse qui mène la
langue à obstruer la cavité buccale et donc empêche la respiration buccale.
A la mandibule
Le cartilage de croissance condylien est très actif pendant la déglutition, qui
entraîne une translation mandibulaire stimulante.
Il arrive dans certains cas où cette succion-déglutition persiste au-delà de l’âge de
10 ans à ce moment-là on parle de déglutition atypique.
5- La Déglutition atypique
Persistance d’une déglutition présentant des analogies avec la déglutition du
nourrisson (interposition ou pulsion linguale, absence de contacts dentaires, contraction
forcée des lèvres et menton) ;
Elle n’apparaît pas de façon isolée, mais elle s’intègre dans un cadre dysfonctionnel
oro-facial, où interviennent les postures de repos et de tonus de la langue des lèvres, des
muscles masticateurs, des anomalies de phonation et de la respiration.
Tout se passe comme s’il existait un retard d’adaptation du comportement
neuromusculaire à l’apparition des dents, une lenteur au développement du schéma
corporel, avec l’équivalent, au plan neurophysiologique, d’un contrôle bulbaire du
processus moteur.
La dysfonction peut atteindre tous les effecteurs musculaires, et concerner leur posture
de repos ou leur action : langue, sangles périphériques et muscles masticateurs.
 Les étiologies de la déglutition atypique
• Facteurs neurophysiologiques :
Des troubles de la maturation du SNC peuvent aboutir à une immaturation de la
déglutition comme toute autre fonction.
• Facteurs occlusaux :
Un mauvais calage mandibulaire peut conduire à une activité anormale ou
asymétrique des muscles élévateurs
• Facteurs morphologiques :
Des amygdales hypertrophiées vont forcer langue à occuper une position basse et
en avant afin de permettre la perméabilité du carrefour aéro-pharyngé.
Déformation alvéolaire dues à des habitudes nocives (succion doigt -> problème
déglutition).
• Grands syndromes : de ROBIN :
Par la glossoptose qui va maintenir la langue dans une position postérieure et donc
annuler le rôle de la langue lors de la fonction.
Les conséquences de la déglutition atypique
Une déglutition infantile persistante amène un défaut de stimulation non seulement de
la croissance de la suture palatine mais aussi des sutures incisivo-canine et inter incisif et
c’est cet ensemble qui va amener le défaut de croissance transversale du maxillaire et
qu’on observe dans le syndrome de CAUHEPE –FIEUX.
L’anomalie fonctionnelle amène un désordre de la croissance pour certains auteurs
étendu sur tout le massif facial, pour d’autres, limité à la zone alvéolodentaire enfin pour
certains une anomalie fonctionnelle peut-elle seule induire une dysmorphose.
Selon Mme MULLER la rupture de l’équilibre peut être soit :
En direction excentrique.
En direction concentrique.
- Rupture de l’équilibre en direction excentrique par :

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Hyperactivité linguale
Inaptitude labiale
Ou les deux
Ce qui va donner lieu à :
- Classe excentrique 1 :
* Prognathie supérieure
* Proalvéolie supérieure
*Béance
- Classe excentrique 2 :
* Proalveolie supérieure
* Biproalveolie
* Béance
- Classe excentrique 3 :
* Proglissement mandibulaire
* Prognathie inférieure
* Proalvéolie inférieure
* Latérodéviation
* Béance
- Rupture de l’équilibre en direction concentrique Par :
Hyperactivité des lèvres et des joues/Langue trop postérieure/Les deux
Ce qui va donner lieu à :
- Classe concentrique 1 :
* Rétrognathie supérieure
* Rétroalvéolie supérieure
* Rétrognathie mandibulaire
* Endognathie
* Endoalvéolie supérieure
* Mésioposition des premières molaires supérieures
- Classe concentrique 2 :
* Endoalvéolie
* Rétroalvéolie maxillaire
* DDM
- Classe concentrique 3 :
* Rétroalvéolie.
6- Intérêt de l’étude de la physiologie de La déglutition en ODF :
L’étude de la physiologie de la déglutition a un grand intérêt en orthopédie
dento-faciale car une connaissance des mécanismes anatomo-physiologique impliqué
dans la déglutition, nous permet de bien comprendre la physiopathologie des troubles
de la déglutition et donc établir un diagnostic étiopathogénique et adopter une attitude
thérapeutique visant à corriger et à rééduquer cette déglutition atypique afin d’assurer
la stabilité des résultats et éviter la récidive.
7- Conclusion
Connaître la physiologie des fonctions, c’est savoir diagnostiquer la pathologie, les
répercussions sur le développement et la croissance faciale du sujet, ainsi que son
esthétique.
C’est à partir de cela que doit se baser la démarche thérapeutique de l’orthodontiste
afin de prévenir, intercepter, et corriger les différentes anomalies fonctionnelles et ceci
pour garantir à nos patients une qualité de vie meilleure.

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