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13-008-C-10

Encyclopédie Médico-Chirurgicale 13-008-C-10 – 4-081-A-10

4-081-A-10

Aplasies médullaires constitutionnelles


T Leblanc
Y Reguerre
Résumé. – Les aplasies médullaires constitutionnelles représentent 20 à 30 % des aplasies médullaires de
R Rousseau
l’enfant. La plus fréquente est l’anémie de Fanconi. L’identification clinique de ces syndromes est
MF Auclerc
d’importance clinique majeure, car les options thérapeutiques diffèrent de celles proposées dans les aplasies
A Baruchel
médullaires acquises.
L’identification récente des gènes en cause peut permettre une meilleure compréhension de l’hématopoïèse.
Quatre gènes mutés dans l’anémie de Fanconi ont été clonés (FANCA, FANCC, FANCG, FANCF) et deux autres
localisés sur le génome (FANCD, FANCE). Le gène de la dyskératose liée à l’X (DKC1) a également été identifié.
Ces progrès offrent de nouveaux outils de diagnostic, notamment prénatal, et la possibilité de mieux
comprendre l’hétérogénéité clinique des syndromes.
Enfin, l’identification des gènes peut déboucher sur de nouvelles approches thérapeutiques.
© 2000 Editions Scientifiques et Médicales Elsevier SAS. Tous droits réservés.

Mots-clés : aplasies médullaires constitutionnelles, aplasies médullaires, anémie de Fanconi, dyskératose


congénitale.

Introduction Anémie de Fanconi


Les aplasies médullaires (AM) constitutionnelles représentent 25 à L’AF a été décrite en 1927 par Fanconi, pédiatre suisse, rapportant
30 % des AM de l’enfant. Elles ont le plus souvent une transmission chez trois frères l’association d’une anémie « pernicieuse » et
de type autosomique récessif. La plus fréquente d’entre elles est d’anomalies morphologiques avec évolution vers une
l’anémie de Fanconi (AF). Elles doivent être bien différenciées des pancytopénie [23].
AM idiopathiques de l’enfant qui relèvent d’autres approches
thérapeutiques. ÉPIDÉMIOLOGIE ET MODE DE TRANSMISSION
L’AM est responsable d’une pancytopénie avec anémie C’est la plus fréquente des AM constitutionnelles. Elle est de
normochrome, normocytaire ou macrocytaire, peu ou non transmission autosomique récessive et la fréquence des sujets
régénérative, une neutropénie et une thrombopénie. Le hétérozygotes a été estimée à 1/300 aux États-Unis et en Europe [56].
myélogramme révèle une moelle pauvre mais c’est la biopsie Il n’y a pas de différence d’incidence selon le sexe et tous les groupes
ostéomédullaire qui affirme le diagnostic. Si le diagnostic clinique ethniques sont concernés. Au moins huit gènes sont impliqués et les
est relativement facile, le diagnostic étiologique est en revanche plus premières corrélations entre gène en cause, type de mutation et
délicat. Chez l’adulte, les AM sont en grande majorité idiopathiques. origine ethnique commencent à être rapportées (cf infra).
Chez l’enfant, il faut exclure de principe les AM constitutionnelles
qui représentent 25 à 30 % des cas et qui n’ont pas de particularité
sur le plan hématologique. Les principaux éléments d’orientation EXPRESSION CLINIQUE
vers une cause constitutionnelle sont l’étude des antécédents – L’expression clinique de l’AF est hétérogène et reflète
familiaux, l’existence d’une consanguinité parentale, et l’association l’hétérogénéité génétique de la maladie. Le tableau classique associe
au tableau hématologique d’un retard statural, d’anomalies cliniques une petite taille, une dysmorphie faciale, des anomalies cutanées et
extrahématologiques (peau, phanères, membres supérieurs…) ou de des pouces, et une pancytopénie d’apparition secondaire s’aggravant
malformations congénitales. La reconnaissance précoce de l’origine avec l’âge. Les malformations associées sont inconstantes et très
constitutionnelle de l’AM évite la mise en œuvre de traitements variables (tableau I).
inadaptés et permet un conseil génétique le plus précoce possible.
Sur le plan étiologique, la plus fréquente des AM constitutionnelles – Un diagnostic d’AF peut être porté chez un enfant ne présentant
est l’AF ; les autres causes sont exceptionnelles. aucune anomalie ou malformation associée. Cette situation est
néanmoins exceptionnelle. Si un tiers des patients ne présentent
aucune malformation congénitale, il existe le plus souvent un visage
particulier, un retard staturopondéral et des signes cutanés qui
Thierry Leblanc : Ancien interne des hôpitaux de Paris, ancien chef de clinique-assistant, praticien
hospitalier. doivent être bien identifiés en tant qu’éléments du tableau d’AF.
Yves Reguerre : Ancien interne des hôpitaux de Paris, chef de clinique-assistant. Ainsi, dans une étude récente de l’International Fanconi Anemia
Raphaël Rousseau : Interne des hôpitaux de Paris.
Marie-Françoise Auclerc : Attachée. Registry (IFAR), 64 % des enfants atteints d’AF mais sans
André Baruchel : Ancien interne des hôpitaux de Paris, ancien chef de clinique-assistant, professeur des malformation présentent au moins une de ces anomalies dites
Universités, praticien hospitalier.
Service de pédiatrie à orientation hématologique, hôpital Saint-Louis, 1, avenue Claude-Vellefaux,
« mineures » ; ce chiffre monte à 100 % pour une cohorte d’enfants
75475 Paris cedex 10, France. examinés dans un centre de référence [28].

Toute référence à cet article doit porter la mention : Leblanc T, Reguerre Y, Rousseau R, Auclerc MF et Baruchel A. Aplasies médullaires constitutionnelles. Encycl Méd Chir (Editions Scientifiques et Médicales Elsevier SAS, Paris, tous
droits réservés), Hématologie, 13-008-C-10, Pédiatrie, 4-081-A-10, 2000, 10 p.

150 507 EMC [289]


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Tableau I. – Manifestations extrahématologiques de l’anémie de Fanconi. D’après [72].

Retard staturopondéral Pratiquement constant (cf texte).

Peau Hyperpigmentation. Taches café au lait. Zones localisées d’hypopigmentation

Tête et cou Dysmorphie faciale (cf texte). Microcéphalie, hydrocéphalie, cou court

Membres supérieurs Pouces : absents, hypoplasiques, surnuméraires, bifides, rudimentaires, courts, bas ou mal implantés, rattachés par un filament, triphalangiques,
luxés, hyperextensibles
Radius : absents ou hypoplasiques, pouls radiaux absents ou faibles
Cubitus : dysplasiques

Rachis et côtes Spina bifida, scoliose, côtes anormales, sinus sacrococcygien, aplasie du coccyx, vertèbres anormales ou surnuméraires

Appareil génital Garçons : hypogonadisme, cryptorchidie, hypospadias, testicules absents ou atrophiques, azoospermie, phimosis, anomalies de l’urètre, micropénis,
retard pubertaire
Filles : hypogonadisme, utérus bicorne, aplasie de l’utérus ou du vagin, atrésie du col, de l’utérus ou du vagin, ovaires hypoplasiques, cycles
irréguliers

Reins Rein(s) ectopique(s) ou pelviens, anormaux en « fer à cheval », hypoplasiques ou dysplasiques, hydronéphrose, hydro-uretère, duplication des
voies excrétrices, duplication rénale, malposition rénale (rotation), reflux, reins hyperplasiques, reins non fonctionnels, artère rénale anormale

Yeux Microphtalmie
Hypotélorisme, strabisme, épicanthus, hypertélorisme, ptosis, yeux obliques, cataracte, astigmatisme, cécité, épiphora, nystagmus, proptosis, iris de
petite taille

Oreilles Surdité (de transmission le plus souvent), oreilles de forme anormale, hypoplasiques ou malformées, bas implantées, de grande taille, anomalies de
l’oreille moyenne, absence de tympan, atrésie du conduit auditif externe

Tube digestif Palais ogival, atrésies de l’œsophage, du duodénum, du jéjunum, imperforation anale, fistule œsotrachéale, diverticule de Meckel, hernie
ombilicale, hypoplasie de la luette, anomalies des voies biliaires, mégacôlon, diastasis des grands droits, syndrome de Budd-Chiari, pancréas
annulaire, sténoses du côlon

Cœur et poumons Persistance du canal artériel, communication interventriculaire, sténose de l’artère pulmonaire, sténose aortique, coarctation de l’aorte, lobe
pulmonaire absent, malformations vasculaires, athérome aortique, communication interauriculaire, tétralogie de Fallot, hypoplasie de l’aorte, retour
veineux pulmonaire anormal, cardiomyopathie, prolapsus de la valve mitrale, situs inversus

Système nerveux Retard intellectuel, hyperréflexie, paralysie faciale, malformations artérielles, sténose de l’artère carotide interne, glande pituitaire absente ou
hypoplasique (ou section de la tige pituitaire)

Les anomalies citées le sont par ordre de fréquence décroissante.

– Le pronostic est dominé par l’atteinte hématologique, avec anale, C : cardiopathie, TE : fistule trachéo-œsophagienne avec
évolution vers un tableau d’insuffisance médullaire sévère et le atrésie de l’œsophage, R : atteinte rénale, L [limb] : anomalies des
risque de néoplasies (leucémies et cancers). Dans une autre étude de membres) [36].
l’IFAR portant sur 388 sujets, l’âge médian des 135 patients décédés Plus récemment a été rapportée, chez deux patients du groupe C
est de 13 ans, et le risque actuariel de décès 20 ans après la détection (cf infra), une association avec la maladie de moya-moya [53].
des premières manifestations hématologiques est de 80 % [10].
¶ Atteinte hématologique
¶ Atteintes extrahématologiques
Elle est pratiquement constante. Dans une étude de l’IFAR portant
Ne sont détaillées que les plus fréquentes d’entre elles [27, 72].
sur 388 sujets, 85 % présentent des anomalies de la numération.
– Retard staturopondéral : il est pratiquement constant et présent dès L’âge médian de l’apparition de ces anomalies est de 7 ans (0 à
la naissance, secondaire à un retard de croissance intra-utérin. Dans 36 ans). L’atteinte hématologique peut être présente dès la première
plus de 50 % des cas, le retard staturopondéral est important, année de vie. À 40 ans, le risque actuariel d’atteinte hématologique
inférieur au 5 e percentile. Il s’agit d’un retard de croissance atteint 98 % [10].
harmonieux. Dans quelques cas, un authentique déficit en hormone Les anomalies de l’hémogramme associent anémie normocytaire ou
de croissance est présent. macrocytaire, non ou peu régénérative, neutropénie et
– Dysmorphie faciale : elle est caractéristique et il est habituel de dire thrombocytopénie. La présentation peut être celle d’une cytopénie
que les enfants atteints d’AF se ressemblent plus entre eux qu’ils ne isolée initialement ou associée à une macrocytose. Il s’agit alors le
ressemblent à leurs frères et sœurs indemnes. Les éléments les plus plus souvent d’une thrombopénie. L’évolution se fait vers un tableau
évocateurs sont un aspect triangulaire du visage avec micrognathie, d’insuffisance médullaire sévère.
une ensellure nasale marquée, une microphtalmie avec Le myélogramme montre initialement une moelle pauvre,
hypertélorisme et des traits fins. Une microcéphalie inférieure au érythroblastique ou franchement hypoplasique. Il n’y a pas d’aspect
5e percentile est présente dans 30 à 40 % des cas [27, 28]. spécifique sur le plan cytologique.
– Signes cutanés : l’atteinte cutanée est très fréquente, voire constante Une élévation de l’hémoglobine (Hb)F est fréquente, comme dans
pour certains [28]. L’expression clinique est variée et évolutive dans beaucoup d’atteintes médullaires.
le temps. On note une association de taches pigmentées (café au Le caryotype médullaire peut révéler la présence d’anomalies clonales.
lait), de taches achromiques et d’une mélanodermie réalisant un Ce risque augmente avec l’âge : 15 % à 10 ans, 37 % à 20 ans, 67 % à
aspect « sale » de la peau, s’accentuant avec l’âge, siégeant 30 ans [10]. Les anomalies cytogénétiques décrites sont variées,
préférentiellement au tronc et au cou. L’aspect réalisé est le plus touchant le plus souvent les chromosomes 1, 7 et 11. Leur présence
souvent très évocateur. est de mauvais pronostic et fait craindre une évolution leucémique,
– Anomalies de la colonne radiale : elles sont présentes chez environ en particulier quand il s’agit d’une monosomie 7.
la moitié des patients [27]. Il s’agit le plus souvent d’anomalies des Une étude récente confirme l’intérêt d’un suivi de la moelle de ces
pouces (tableau I). patients. Les anomalies cytogénétiques médullaires concernent 48 %
des patients ; elles sont variables dans le temps avec possibilité de
¶ Associations cliniques disparition d’un clone, d’apparition d’un nouveau clone ou de
L’association atrésie de l’œsophage et AF a été rapportée dans la survenue d’une évolution clonale. L’estimation de la survie à 5 ans
cadre du syndrome VACTERL (V : anomalies vertébrales, A : atrésie des patients avec clone cytogénétique est de 40 % versus 94 % en

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l’absence de clone. La même étude s’est intéressée à la cytologie


médullaire : 32 % des patients ont un aspect de myélodysplasie. Tableau II. – Anémie de Fanconi : fréquence relative des groupes de
complémentation. Résultats d’une étude européenne chez 28 patients.
L’estimation de la survie à 5 ans de ces patients est de 9 % versus
D’après [36].
92 % en l’absence de myélodysplasie [2].
Globalement, ces données justifient la pratique d’un caryotype Groupe Groupe Groupe Groupe Groupe « E »
A B C D (par exclusion)
médullaire annuel avec étude cytologique et cytogénétique. La
recherche de la monosomie 7 doit être faite par fluorescent in situ Allemagne 13 1 1 1 6
hybridization (FISH) [61]. N = 22

Le risque d’évolution vers une myélodysplasie ou vers une leucémie Pays-Bas 1 0 4 0 1


N=6
aiguë myéloblastique (LAM), qui peut survenir d’emblée ou après
une phase de myélodysplasie, augmente également avec l’âge : 7 % Les patients sont tous d’origine allemande ou hollandaise, sauf deux enfants vivant en Allemagne, mais d’origine
turque (A : 1 ; E : 1).
à 10 ans, 27 % à 20 ans, 43 % à 30 ans [10]. Ce risque serait plus élevé Dans cette étude tous les patients non-A/B/C/D étaient classés dans le groupe E alors que l’on sait maintenant
en cas d’appartenance au groupe C (cf infra). Rarement, une qu’il existe au moins huit groupes de complémentation.

myélodysplasie ou une LAM constitue le tableau révélateur de l’AF.


Ce risque de leucémisation justifie la réalisation précoce d’une greffe GÉNÉTIQUE MOLÉCULAIRE
de moelle quand elle est possible. Ces myélodysplasies/LAM sont La démonstration de l’existence de groupes de complémentation a,
en effet de traitement extrêmement difficile compte tenu de la dans un premier temps, permis de caractériser l’hétérogénéité
présence de facteurs de mauvais pronostic sur le plan génétique de l’AF. Secondairement, elle a rendu possible, au sein de
hématologique, et de la grande sensibilité de ces patients à la familles appartenant au même groupe de complémentation, la
chimiothérapie qui les expose à une toxicité sévère. localisation ou le clonage du gène en cause. Le rôle d’au moins huit
gènes est actuellement démontré.
¶ Néoplasies
¶ Groupes de complémentation
En dehors des hémopathies malignes (cf supra), les patients atteints
d’AF ont également une prédisposition aux cancers. Ceux-ci L’hypersensibilité des cellules AF aux agents alkylants a en effet
surviennent plus tardivement que les leucémies aiguës, typiquement permis de classer les patients selon des groupes de
au-delà de 20 ans, et concerneraient 10 % des patients. complémentation [20]. Des cellules hybrides sont générées par fusion
de cellules de lignées lymphoblastoïdes immortalisées issues de
Il s’agit essentiellement de cancers épidermoïdes des voies
patients non apparentés. Ces cellules hybrides sont ensuite testées
aérodigestives supérieures. Ces néoplasies surviennent le plus
pour leur sensibilité aux agents alkylants. Elles peuvent être soit
souvent sur des leucoplasies qui constituent un état précancéreux. résistantes aux agents alkylants, ayant acquis un phénotype normal
D’autres types variés de tumeurs ont été rapportés [72]. par complémentation, soit sensibles et donc de phénotype toujours
AF (absence de complémentation). Les patients dont les lignées
DIAGNOSTIC
cellulaires immortalisées ne se complémentent pas après fusion
appartiennent au même groupe de complémentation. Le nombre de
Le diagnostic est souvent facile cliniquement au stade des atteintes groupes de complémentation identifiés est récemment passé à cinq
hématologiques. Leur association à une triade comprenant la petite puis à huit : FA-A à FA-H [37, 38]. Cette technique reste lourde et peut
taille, la dysmorphie faciale et les anomalies cutanées est en effet maintenant être remplacée, dans un premier temps, par la recherche
très évocatrice. Une élévation, chez ces enfants, de directe de mutations au niveau des gènes identifiés (cf infra).
l’alphafœtoprotéine a été identifiée comme un marqueur biologique
En termes de fréquence, les groupes les plus représentés sont les
potentiellement utile au sein des différents types d’AM [11].
groupes A et C. Les estimations de fréquence sont : A : 66 % ;
Le test formel, sur le plan diagnostique, reste l’augmentation du B : 4 % ; C : 12 % ; D : 4 % ; E : 12 % ; F, G et H : rares [25]. Le tableau II
nombre de cassures chromosomiques induites par les agents illustre une étude européenne [36]. Il existe clairement des variations
alkylants. Les cellules AF présentent une hypersensibilité aux de fréquence interethniques que seules de plus larges études
alkylants tels que le diépoxybutane (DEB), la chlorméthine ou la épidémiologiques permettront d’affiner. Le faible nombre de patients
mitomycine C (MMC). Le test doit être réalisé dans un laboratoire étudiés rend en effet ces statistiques encore incertaines, tout
de référence. Le caryotype est fait sur lymphocytes périphériques. particulièrement pour certains groupes de complémentation encore
Les mitoses obtenues après culture avec ou sans exposition à un représentés par un nombre très limité de patients.
alkylant sont comparées pour le nombre de cassures
chromosomiques. Spontanément, il existe des cassures ¶ Gènes de la maladie de Fanconi
chromosomiques et des figures de type tri- ou quadriradial. Une
augmentation significative du nombre de cassures après exposition L’hypothèse, vérifiée à ce jour, est qu’à chaque groupe de
aux alkylants est pathognomonique de l’AF [8]. Ce test ne détecte complémentation correspond un gène muté. Parmi les huit gènes
pas, en revanche, les sujets hétérozygotes. potentiels, six sont à ce jour soit clonés, soit au moins localisés
(tableau III).
L’étude du cycle cellulaire, également faite sur sang périphérique,
en cytométrie de flux, a également une très bonne valeur Une nouvelle nomenclature des gènes impliqués dans l’AF a été
diagnostique [8]. Est ici caractéristique l’augmentation significative établie en novembre 1998 afin de suivre les recommandations du
du taux de cellules bloquées en phase G2/M par l’adjonction d’un Nomenclature Committee of the Human Genome Project. Les gènes
alkylant (moutarde azotée). correspondant aux groupes de complémentation FA-A à FA-H sont
désormais nommés FANCA, FANCB, FANCC, jusqu’à FANCH.
Le diagnostic prénatal est possible par mise en évidence, sur le
caryotype de sang fœtal, de liquide amniotique ou de villosités Gène FANCA
choriales, de l’augmentation du nombre de cassures
chromosomiques induites par les alkylants [6, 7]. L’identification de Il a été identifié en 1996, à la fois par complémentation
certains des gènes en cause permet maintenant d’envisager un fonctionnelle [45] et par clonage positionnel [22]. Il est localisé en
diagnostic prénatal dès la 14e semaine de gestation par étude 16q24.3. Il code une protéine de 16 kDa, constituée de 1 455 acides
moléculaire. Ceci implique néanmoins que le gène en cause et la aminés, dont la fonction précise est encore sujette à controverses
mutation responsable soient déjà connus pour la famille étudiée. La (cf infra).
faisabilité de cette approche est d’ores et déjà démontrée pour les Trente-quatre mutations du gène FANCA ont été récemment
gènes FANCA et FANCC [5, 44]. analysées [69]. La plupart de ces mutations induisent la synthèse

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Tableau III. – Gènes de l’anémie de Fanconi actuellement identifiés ou localisés.

FANCA FANCC FANCD FANCE FANCF FANCG (XRCC9)


Localisation 16q24.3 9q22.3 3p22-26 6p21-22 11p15 ? 9p13
Nombre d’exons 43 14 Pas d’intron ?
Nombre de transcrits Nombreux (rôles fonctionnels ?) Plusieurs (épissages alternatifs) Un décrit (2,5 kb)
Nombre de mutations Très variables Au moins dix décrites Quatre décrites

Taille de la protéine 1 455 aa 558 aa 374 aa 622 aa


Fonction de la protéine Cf texte Cf texte Cf texte Réparation de l’ADN

Fréquence clinique 65-70 % 12-18 % 5% 12 % Rare Rare


(estimations)
Corrélations Selon la mutation : IVS4 + 4A/T : Selon la mutation :
génotype/phénotype
- non établie : nombreuses - juifs ashkénazes et Japonais - non établie (une mutation
mutations privées - forme sévère ? « fondatrice » en Allemagne)
322delG :
- Europe du Nord
- forme peu sévère

aa : acides aminés ; ADN : acide désoxyribonucléique.

d’une protéine tronquée. Ces mutations sont distribuées sur Gène FANCF
l’ensemble de la séquence du gène. Il s’agit de mutations « pri-
Il a été identifié à partir de la technique de clonage par
vées », décrites chez un seul patient ou au sein d’une seule famille :
complémentation fonctionnelle et serait localisé en 11p15. Il code une
31 mutations différentes pour 34 patients. Ces mutations sont
essentiellement des délétions intragéniques, entraînant la perte de protéine de 374 acides aminés ayant des homologies avec la protéine
1 à 30 exons, ou des insertions. Une seconde étude souligne la RNA (ribonucleic acid) binding protein (ROM), connue, chez les
fréquence de ces larges délétions et suggère le rôle de séquences procaryotes, pour réguler le nombre de copies des plasmides et pour
répétées de type Alu dans la genèse de ces délétions [47]. Il est ainsi stabiliser les structures en « épingles à cheveux » entre des séquences
possible que le gène FANCA soit hypermutable, ce qui expliquerait acides ribonucléiques (ARN) complémentaires [15].
la fréquence avec laquelle il est incriminé et le caractère très variable Six mutations, décrites dans des lignées lymphocytaires générées à
des mutations décrites [69]. partir du sang périphérique de patients atteints d’AF, sont
Ce profil de mutations et cette hétérogénéité rendent difficiles à la rapportées ; il s’agit de quatre courtes délétions et de deux mutations
fois le dépistage moléculaire des mutations et l’établissement de ponctuelles [15].
corrélations génotype-phénotype. Une autre difficulté réside dans le
fait qu’une hétérogénéité phénotypique peut exister également au Gène FANCG
sein d’une famille consanguine où les différents patients portent la Il avait été localisé sur le bras court du chromosome 9 (locus 9p13)
même mutation [42].
et a été identifié selon la même approche que celle utilisée pour
FANCC. Son ADN complémentaire (ADNc) a été démontré comme
Gène FANCC
identique à celui d’un ADNc déjà isolé, XRCC9, et connu comme
Le gène FANCC fut le premier à être identifié, selon la technique de capable de complémenter une lignée de hamsters chinois (CHO
clonage par complémentation fonctionnelle [60]. Il est situé sur le bras UV40) hypersensibles à la MMC [16].
long du chromosome 9 (locus 9q22.3) entre deux gènes impliqués L’analyse des mutations chez les cinq patients (deux apparentés)
dans des affections à forte prédisposition cancéreuse (xeroderma appartenant au groupe G retrouve chez trois d’entre eux une
pigmentosum et syndrome de Gorlin). Il code une protéine de transition G/T au codon 313. Ces trois patients sont d’origine
558 acides aminés (63 kDa) dont la fonction exacte n’est pas encore allemande. La mutation est homozygote chez un patient, et associée
éclaircie (cf infra).
à une courte délétion et à une mutation d’un site d’épissage chez les
Au moins dix mutations du gène FANCC ont été identifiées à ce deux autres patients. Le quatrième patient, d’origine arabe, est
jour. La plus fréquente est la mutation IVS4 + 4A/T qui altère un homozygote pour une mutation d’un site d’épissage [16].
des sites d’épissage alternatif de l’exon 4, entraînant un déplacement
du cadre de lecture. Cette mutation affecte une majorité des patients
¶ Fonctions des protéines codées par les gènes de l’AF
d’origine juive ashkénaze et serait de mauvais pronostic [29, 64]. Elle
n’aurait pas, en revanche, de signification pronostique chez des La fonction exacte de ces protéines reste inconnue même si ce sujet
patients japonais, seule autre population où cette mutation a été est actuellement l’objet de très nombreuses publications. Les
décrite [24]. Une autre mutation fréquente (322delG) altère également premiers gènes identifiés n’avaient aucune homologie de séquence
le cadre de lecture par délétion ponctuelle de la séquence d’acide avec des gènes déjà connus, en particulier les gènes de levure, à la
désoxyribonucléique (ADN) : cette mutation affecte préféren- différence des gènes impliqués dans d’autres maladies humaines
tiellement les malades d’Europe du Nord [47]. Enfin, l’évolution comportant une prédisposition aux néoplasies.
leucémique, qui représente dans une étude la cause de mort chez
Il est vraisemblable que ces différentes protéines interagissent au
46 % des patients, serait peut-être plus fréquente dans ce groupe [29].
sein d’un même processus cellulaire ou d’une voie métabolique
Gène FANCD commune. L’existence d’une interaction physique entre certaines de
ces protéines est déjà démontrée ainsi que leur localisation, après
Il est en cours d’identification et a été localisé sur le bras court du formation de complexes, au niveau du noyau. Ceci a fait évoquer
chromosome 3 (locus 3p22-26) par la technique de transfert des fonctions comme la réparation ou la réplication de l’ADN,
chromosomique [68]. l’épissage de l’ARN ou la stabilisation des chromosomes [25].
Sont à part les gènes FANCF et FANCG, pour lesquels les fonctions
Gène FANCE
des protéines codées peuvent être déduites à partir de protéines
Il est localisé sur le bras court du chromosome 6 (locus 6p21-22) [66]. homologues déjà connues (cf supra).

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¶ Mosaïcisme Les résultats des greffes géno-identiques sont satisfaisants avec une
probabilité de survie à 2 ans de 66 % dans une étude de
Environ un quart des patients atteints d’AF présentent un état de
l’International Bone Marrow Transplant Registry (IBMTR) portant
mosaïque avec présence de deux populations lymphocytaires : une
sur 150 enfants [30].
anormalement sensible aux alkylants et l’autre normale. Deux
mécanismes pourraient être impliqués dans le retour à un phénotype La première greffe de sang de cordon réalisée en 1989 concernait un
sauvage dans certaines cellules pourtant porteuses d’un allèle enfant atteint d’AF. Les greffes de sang de cordon géno-identiques
pathologique : la recombinaison mitotique et les mutations constituent actuellement une approche thérapeutique validée dans
somatiques. Schématiquement, il semble possible que des cette indication.
mécanismes mitotiques de recombinaison intragénique entre allèles La décision de greffe est plus difficile quand le donneur est non
paternels et maternels puissent sélectionner une descendance apparenté, compte tenu des résultats initiaux de ces greffes : survie
cellulaire porteuse de l’allèle sauvage non muté [46]. à 2 ans de seulement 29 % dans la même étude [30]. Néanmoins, ces
Par ailleurs, au moins une mutation spontanée du gène greffes ont vu leur pronostic s’améliorer récemment grâce à une
pathologique a été observée chez un malade du groupe FA-A. Cette modification du conditionnement et une sélection de cellules CD34
mutation aurait restauré un cadre de lecture permettant la synthèse positives permettant, de facto, une déplétion lymphocytaire T [26].
d’une protéine, certes tronquée, mais néanmoins fonctionnelle. La thérapie génique est devenue théoriquement possible depuis
En tout état de cause, le mosaïcisme, dont le mécanisme exact reste l’identification des gènes en cause. De nombreux travaux
imparfaitement élucidé, paraît associé à un phénotype moins sévère biologiques sont en cours et le premier essai clinique, chez des
sur le plan hématologique [46]. enfants appartenant au groupe C, a été réalisé. Quatre enfants ont
été traités avec une augmentation transitoire de la cellularité
médullaire [45]. Il faut néanmoins souligner que, comme la greffe de
TRAITEMENT ET SUIVI
moelle, la thérapie génique des cellules hématopoïétiques n’est
Le traitement symptomatique des différentes atteintes justifie une susceptible de guérir, a priori, que l’atteinte hématologique.
prise en charge pluridisciplinaire faisant intervenir de nombreux
pédiatres spécialisés : hématologue, endocrinologue, chirurgiens ¶ Suivi
(orthopédiste, urologue…).
Le suivi initial est dominé par la surveillance du développement de
¶ Traitement symptomatique l’atteinte hématologique et par la prise en charge des différentes
atteintes extrahématologiques.
Les transfusions doivent être le moins nombreuses possibles. Une
anémie modérée est tolérée. Pour les plaquettes, le seuil de Un soutien psychologique, de l’enfant et de ses parents, est
transfusion tient compte de la tolérance clinique : il peut parfois être également important.
abaissé à 10 000, voire à 5 000 chez l’enfant n’ayant pas À plus long terme, viennent s’ajouter la prise en charge des
d’hémorragie, dont la famille est fiable, et qui peut être transfusé en éventuelles complications ou séquelles liées aux différents
urgence en cas d’hémorragie. Des transfusions plaquettaires trop traitements (androgènes, transfusion, greffe de moelle) et le
nombreuses exposent en effet à un risque d’immunisation, qui est dépistage des néoplasies, en particulier celles siégeant au niveau des
important chez ces enfants non immunodéprimés, et qui conduit à voies aérodigestives supérieures. Ce risque de cancer semble
l’installation d’un état réfractaire avec absence de rendement lors particulièrement important chez les patients greffés, avec une
des transfusions plaquettaires. La vaccination contre le virus de incidence projetée à 8 ans de 24 % ; est ici discuté, en dehors du rôle
l’hépatite B est systématique. de l’anomalie génétique, l’impact négatif du conditionnement de la
Les facteurs de croissance hématopoïétiques n’ont pas démontré leur greffe (irradiation) et de la réaction chronique du greffon contre
intérêt en administration continue. Le granulocyte-colony stimulating l’hôte [58].
factor (G-CSF) peut être prescrit lors du traitement d’un état
infectieux sévère pour augmenter transitoirement le chiffre des
polynucléaires. Dyskératose congénitale
Le traitement par androgènes est régulièrement efficace et permet
d’éviter le recours aux transfusions, ou d’arrêter celles-ci si l’enfant La dyskératose congénitale, ou syndrome de Zinsser-Cole-Engman,
est déjà transfusé. Il est indiqué en attente de l’identification d’un a été décrite par ces trois auteurs en 1906, 1930 et 1926
donneur de moelle en l’absence de donneur familial disponible. La respectivement [17]. La triade diagnostique classique associe une
posologie initiale est de l’ordre de 0,5 mg/kg/j (noréthandrolone : pigmentation réticulée de la peau, des leucoplasies muqueuses et
Nilevart) ; secondairement, on cherche à diminuer les doses. Le une dystrophie unguéale. Il s’agit en fait d’une affection
délai de réponse est de 2 à 3 mois. L’hémoglobine remonte en multisystémique associée au développement d’une insuffisance
premier, puis les neutrophiles, puis les plaquettes. La réponse est le médullaire, d’un déficit immunitaire et d’un risque augmenté de
plus souvent incomplète mais permet une bonne qualité de vie sans néoplasies. L’évolution vers l’insuffisance médullaire concernerait
recours aux transfusions. La toxicité associée est néanmoins lourde : près de 90 % des patients, en sachant qu’il existe vraisemblablement
virilisation, avance de l’âge osseux, adénomes hépatiques. un biais dans les études de registre, où ne sont le plus souvent inclus
que les patients ayant une forme sévère.
¶ Traitement curatif
Sur le plan hématologique, seule la greffe de moelle est curative et ÉPIDÉMIOLOGIE ET MODE DE TRANSMISSION
permet d’éviter l’évolution vers une leucémie. La date de réalisation
de celle-ci dépend de l’âge d’apparition des manifestations Il s’agit d’une affection rare. À titre indicatif, le registre international
hématologiques et du type de donneur disponible. S’il s’agit d’un contient sept familles françaises. Tous les groupes ethniques
membre human leukocyte antigen (HLA) identique de la fratrie, chez semblent être représentés. Quatre-vingt-douze pour cent des patients
qui le diagnostic d’AF a été exclu, la greffe est réalisée dès que sont de sexe masculin [41].
l’enfant atteint a des cytopénies assez sévères pour justifier des Trois modes de transmission sont rapportés. Dans la majorité des
transfusions. Il est bien démontré, en effet, que le nombre de familles étudiées, la transmission est liée à l’X (MIM 305000).
transfusions réalisées avant greffe influe négativement sur le L’analyse d’autres familles permet en revanche de conclure à un
pronostic. Le conditionnement de la greffe prend en compte la mode de transmission autosomique récessif (MIM 22430) ou
sensibilité de ces enfants à la chimiothérapie et aux radiations autosomique dominant (MIM 127550). Les patients ayant une forme
ionisantes (faibles doses de cyclophosphamide, irradiation limitée, autosomique récessive semblent avoir une expression phénotypique
association éventuelle à du sérum antilymphocytaire). peu différente de ceux ayant une forme de transmission liée à l’X ;

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13-008-C-10 Aplasies médullaires constitutionnelles Hématologie
4-081-A-10 Pédiatrie
¶ Atteinte hématologique
Tableau IV. – Manifestations cliniques extrahématologiques de la
dyskératose congénitale. D’après [41]. Les données du registre indiquent que 93 % des patients présentent
au moins une cytopénie, que l’âge médian de l’apparition d’une
Manifestations cliniques N %
pancytopénie est de 10 ans (1 à 32 ans) et que 85 % des patients sont
Épiphora 26 36 % pancytopéniques avant 20 ans [ 4 1 ] . L’incidence de l’atteinte
Difficultés d’apprentissage, retard mental 15 21 %
hématologique apparaît ainsi supérieure aux estimations classiques,
même si on ne peut exclure un biais lié à l’inclusion des patients les
Atteinte pulmonaire 14 19 % plus symptomatiques.
Hyperhidrose 14 19 % Rarement, l’atteinte hématologique peut être inaugurale, et le
Caries nombreuses, pertes de dents 13 18 % diagnostic de dyskératose congénitale doit être, pour cette raison,
systématiquement évoqué devant toute AM de l’enfant ou de
Retard statural 12 16 %
l’adulte jeune. Certains patients ont ainsi été greffés avant que les
Pertes de cheveux 12 16 % manifestations phanériennes n’aient été identifiées et leur
Sténose œsophagienne 10 14 %
constatation postgreffe avait été attribuée à des manifestations de
maladie chronique du greffon contre l’hôte.
Hypogonadisme, cryptorchidie 5 7%
Le tableau hématologique est celui d’une insuffisance médullaire et
Sténose urétrale, phimosis 5 7% associe anémie normocytaire ou macrocytaire, leuconeutropénie et
Néoplasie 4 5% thrombopénie. Une élévation de l’hémoglobine fœtale peut être
notée. Les cultures de moelle sont en faveur d’une réduction du
Cirrhose hépatique, adénome 4 5%
nombre de cellules souches hématopoïétiques et non d’un défaut du
Anomalies de la trabéculation osseuse, ostéoporose 3 4% microenvironnement médullaire. Les complications sont celles de
toute AM. Infections et hémorragies représentent deux tiers des
Données issues du registre international des patients atteints de dyskératose congénitale. Sont ici analysés
73 garçons atteints dont la transmission est récessive liée à l’X. causes de mort chez ces patients.
Le risque d’hémopathie maligne est dominé par la survenue d’une
ceux ayant une forme de transmission autosomique dominante myélodysplasie ou d’une LAM. Des cas de maladie de Hodgkin ont
auraient, eux, une évolution plus sévère [17, 41]. également été rapportés.

¶ Déficit immunitaire
EXPRESSION CLINIQUE
L’âge médian au diagnostic est de 15 ans, alors même que les La notion d’un déficit immunitaire chez les patients atteints de
anomalies cutanées et unguéales apparaissent le plus souvent entre dyskératose congénitale est souvent signalée, en raison de la
5 et 10 ans. Les leucoplasies et l’épiphora apparaissent survenue d’infections typiquement opportunistes (pneumocystose,
secondairement, puis survient l’atteinte hématologique. La médiane pneumonie à cytomégalovirus, papillomatose disséminée).
de survie est classiquement de l’ordre de 30 ans. Les anomalies décrites concernent à la fois l’immunité cellulaire
(lymphopénie T, touchant en particulier les T CD4+, lymphopénie B,
¶ Atteintes extrahématologiques tests de prolifération anormaux, tests cutanés anormaux) et
l’immunité humorale (hypogammaglobulinémie) [59]. Cette revue
Elles sont polymorphes et ont été précisées grâce à la mise en place
repose sur une collection de cas et de petites séries explorés de façon
d’un registre international [41]. Le tableau IV indique la fréquence des
non homogène. Les anomalies immunitaires apparaissent
différentes atteintes chez des garçons ayant une forme de type
inconstantes et l’on ne dispose pas à ce jour d’étude systématique,
transmission liée à l’X. Ne sont décrites que les plus fréquentes de
prospective et explorant de façon complète l’immunité, permettant
ces atteintes.
d’apprécier la fréquence réelle, l’importance et, éventuellement, le
– Atteinte cutanée : l’âge médian de l’apparition de la pigmentation caractère évolutif de ce déficit immunitaire.
cutanée est de 8 ans (extrêmes : 1 à 15 ans). L’aspect est celui d’une L’exploration systématique de l’immunité de ces patients est
pigmentation réticulée atteignant la face, le cou, le thorax et les bras. néanmoins justifiée du fait du retentissement potentiel sur leur prise
La pigmentation tend à s’accentuer avec l’âge en intensité et en en charge clinique.
surface. L’ensemble du corps peut être touché. Il n’y a pas de tache
« café au lait ». ¶ Tumeurs solides
– Atteinte phanérienne : l’atteinte unguéale concerne les ongles des
Elles surviennent pendant la troisième ou la quatrième décennie et
doigts et des orteils. Les ongles sont plats, atrophiques et présentent
intéressent, en premier lieu, la cavité buccale et le reste du tractus
des stries longitudinales. L’aspect réalisé peut en imposer pour une
digestif. Le plus souvent, il s’agit de cancers épidermoïdes. Les
infection fongique chronique. Les cheveux sont rares, parfois
adénocarcinomes sont plus rares. Ont également été rapportés des
séborrhéiques, et deviennent gris de façon prématurée.
cas de cancer du pancréas et d’adénocarcinomes bronchiques.
– Atteinte muqueuse : les leucoplasies intéressent le plus souvent la
muqueuse de la cavité buccale (langue, joues) mais peuvent aussi ¶ Expression clinique chez les femmes porteuses
concerner les muqueuses conjonctivale, anale, urétrale ou génitales.
Il s’agit de lésions prémalignes. Trois des 20 femmes du registre, porteuses obligatoires d’une
mutation du gène DKC1, présentent des anomalies cliniques : ongle
– Atteinte ophtalmologique : l’épiphora, lié à l’obstruction des canaux du seul gros orteil dystrophique, aires localisées de pigmentation
lacrymonasaux, est fréquent. D’autres atteintes sont rapportées : cutanée ou discrète leucopénie [17]. Une inactivation non aléatoire du
conjonctivite, blépharite, ectropion, perte des cils, strabisme, chromosome X est le plus souvent démontrée chez les femmes
glaucome, cataracte et rétinopathie de Coats. supposées porteuses de la mutation. Dans le cas contraire, on
– Atteinte pulmonaire : elle est présente chez 20 % des patients du évoque soit une mutation de novo, soit un autre mode de
registre. Elle associe un syndrome restrictif et une atteinte de la transmission.
diffusion gazeuse. Elle est évolutive, ce qui justifie des évaluations
régulières. Des tableaux sévères de fibrose pulmonaire ou d’hypoxie
réfractaire ont été rapportés [41]. Cette atteinte spécifique pourrait DIAGNOSTIC
expliquer l’évolution pulmonaire sévère observée chez des patients Il repose essentiellement sur la clinique et l’analyse des antécédents
allogreffés. familiaux. Il n’y a pas de test biologique spécifique et, en particulier,

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Pédiatrie 4-081-A-10

il n’y a pas, en présence d’alkylants, d’augmentation du nombre de TRAITEMENT


cassures chromosomiques au caryotype, ce qui permet de Il n’y a pas de traitement spécifique. En ce qui concerne
différencier nettement la dyskératose congénitale de l’AF [13]. Le l’insuffisance médullaire, les androgènes peuvent être efficaces. Les
caryotype (sur lymphocytes du sang périphérique, cellules facteurs de croissance hématopoïétiques, en revanche, n’ont pas
médullaires ou, surtout, fibroblastes) peut en revanche révéler, et démontré à ce jour leur intérêt en traitement de fond. Le G-CSF peut
d’autant plus que le patient est âgé, la présence d’anomalies néanmoins être ponctuellement utile en cas d’infection sévère chez
traduisant l’existence d’une instabilité chromosomique. Il s’agit de un patient neutropénique mais conservant un certain degré de
chromosomes dicentriques ou tricentriques et de translocations non granulopoïèse. Le traitement est principalement symptomatique
équilibrées [13]. (antibiotiques, transfusions, prévention éventuelle des infections
L’identification du gène DKC1, impliqué dans les formes dont la opportunistes en cas de déficit immunitaire caractérisé).
transmission est liée à l’X, permet désormais un diagnostic Le seul traitement de fond de l’insuffisance médullaire est la greffe
moléculaire pour la majorité des patients et autorise un diagnostic de moelle allogénique. Celle-ci permet la correction de l’aplasie, ce
prénatal. qui témoigne de la normalité du microenvironnement médullaire.
Néanmoins, les résultats à moyen terme des greffes ont été jusqu’à
présent mauvais en raison d’une incidence particulièrement élevée
GÉNÉTIQUE MOLÉCULAIRE
de complications postgreffe (pneumopathies, maladie veino-
Le gène impliqué dans les formes dont la transmission est liée à l’X occlusive du foie, microangiopathie thrombotique) pouvant traduire
a été identifié par clonage positionnel en 1998 [34]. Ce gène, DKC1, une sensibilité particulière de ces patients aux conditionnements
s’étend sur 15 kb et comprend 15 exons [33]. Il s’agit d’un gène très utilisés (irradiation corporelle totale, busulfan) [55]. Le bénéfice de
conservé, codant une protéine basique, la dyskérine, dont la l’utilisation d’un conditionnement moins toxique (cyclo-
séquence comporte 514 aminoacides et dont le poids moléculaire est phosphamide et sérum antilymphocytaire) reste à évaluer.
de 57 kDa. L’évolution propre de la maladie complique en effet l’analyse de
Les premières mutations identifiées ont été, d’une part une délétion l’évolution à long terme de ces patients, en particulier au niveau
d’au moins 100 pb de la partie 3’ du gène, puis, dans la même étude, pulmonaire.
trois mutations ponctuelles différentes, « faux sens », chez des Il faut souligner enfin que la greffe de moelle n’est, a priori,
patients non apparentés, une substitution « faux sens » de deux susceptible de guérir que l’atteinte médullaire et pas l’ensemble des
nucléotides, et une délétion de trois nucléotides [34]. Deux autres manifestations de la maladie. Ces patients doivent donc faire l’objet
mutations ont depuis été rapportées : une mutation « faux sens » au d’une prise en charge multidisciplinaire pendant toute leur vie.
niveau de l’exon 4 [33] et une large délétion (2 kb) emportant le
La thérapie génique reste, à ce jour, une approche thérapeutique très
dernier exon [65]. Ces mutations semblent, en majorité, se concentrer
théorique.
sur les exons 3 et 4 du gène et n’ont été mises en évidence que pour
une seule famille à chaque fois, ce qui souligne l’hétérogénéité
génétique de la dyskératose congénitale.
Une étude plus récente a porté sur 37 familles atteintes de
Autres aplasies médullaires
dyskératose congénitale [40]. Onze mutations sont mises en évidence constitutionnelles
dans 21 familles. Dans tous les cas, il s’agit d’une mutation
ponctuelle : dix mutations « faux sens » et une mutation siégeant En dehors de l’AF et de la dyskératose congénitale, le caractère
dans un intron. Une de ces mutations, substitution C/T en position constitutionnel d’une AM est évident chez un certain nombre
1058, au niveau de l’exon 11 (mutation A353V) est détectée chez d’enfants. Ce groupe apparaît néanmoins très hétérogène.
11 familles différentes. Pour les six familles dont l’étude a pu être Certaines de ces aplasies surviennent au cours de syndromes bien
complète, il est montré qu’il s’agit d’un événement de novo survenu isolés sur le plan clinique et comportant un risque notable
chez le cas index (cinq fois) ou sa mère (une fois). Deux autres d’évolution vers une AM (tableau V) ; c’est le cas du syndrome de
mutations concernant le même codon (1049 T/C et 1050 G/A), Dubovitz, du syndrome de Seckel et du syndrome WT, décrit
siégeant également dans l’exon 11, sont rapportées chez deux autres uniquement chez trois familles et nommé selon les initiales des
familles. premiers patients [9, 14, 21, 31] . À part, le syndrome d’Hoyeraal-
Il n’a pas encore été établi de corrélations entre le génotype et le Hreidarsson, dont on sait depuis peu qu’il est associé à des
phénotype. mutations du gène DKC1 et qui ne serait ainsi qu’une forme
La dyskérine a une expression cellulaire ubiquitaire. La restriction phénotypiquement sévère de dyskératose congénitale [39]. Dans
de l’atteinte à certains tissus pourrait être liée à l’expression d’autres cas, le tableau hématologique n’est pas celui d’une AM mais
conjointe, au sein des autres types cellulaires, de protéines ayant les malformations associées peuvent faire évoquer un tableau d’AF ;
une fonction équivalente. Il est à noter que les tissus atteints (peau, c’est le cas du syndrome IVIC (Instituto Venezolano de
muqueuse, moelle osseuse) ont en commun une multiplication Investigaciones Cientificas) où l’atteinte hématologique se limite à
cellulaire intense. une thrombopénie [4].
La fonction précise de la dyskérine reste à établir. Ce gène semble D’autres surviennent chez des enfants atteints de syndromes
très conservé dans l’évolution et plusieurs homologues sont connus cliniques ne comportant habituellement pas d’AM et il est difficile
chez l’animal : Cbf5p (Saccharomyces cerevisiae), Cbf5p (Kluyve- de trancher, selon les cas, entre une augmentation réelle du risque
romyces lactis), Nop60B (Drosophilia melanogaster), et Nap57 (rat). Il de survenue d’une aplasie médullaire et une association fortuite. Des
présente aussi des homologies avec la famille des protéines Trub AM ont ainsi été rapportées au cours de la trisomie 21 et du
(bactéries) et PUS4 (S. cerevisiae). Par analogie, on peut donc syndrome de Noonan. À citer également, un cas associé à un déficit
suspecter que la dyskérine pourrait être une protéine nucléolaire constitutionnel en Fc-gamma-RIIIb (récepteur du fragment Fc des
multifonctionnelle intervenant dans des fonctions du centromère, le immunoglobulines) [58].
trafic nucléocytoplasmique, la transcription des ARN ribosomaux On retrouve par ailleurs, dans la littérature, de très nombreux cas
(ARNr), la pseudo-uridylation des ARNr, la stabilisation des isolés et en apparence tous différents, d’AM constitutionnelle,
particules snoRNA (small-nucleolar RNA) et la synthèse des souvent associée à un syndrome malformatif comportant en
ribosomes [33, 34]. Une étude récente suggère que la dyskérine pourrait particulier des atteintes des mains et des avant-bras. L’association
également intervenir dans le maintien des télomères ; ceux-ci entre AM et anomalies des mains et des membres supérieurs,
apparaissent en effet de taille diminuée dans les cellules de patients retrouvée dans plusieurs syndromes, est en soi remarquable [1]. Les
atteints de dyskératose congénitale, alors que l’activité télomérase modes de transmission décrits sont variables (autosomique
paraît réduite [50]. dominant, autosomique récessif, lié à l’X). Ces entités sont le plus

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4-081-A-10 Pédiatrie

Tableau V. – Aplasies médullaires constitutionnelles rares.

Syndrome Transmission Phénotype clinique Atteinte hématologique Référence


[9, 43]
Dubovitz AR Retard staturopondéral Aplasie médullaire chez 10 % des patients
Microcéphalie avec retard mental modéré ou absent
Eczéma
Dysmorphie faciale avec hypertélorisme et blépharo-
phimosis
[21]
Seckel AR Nanisme à « tête d’oiseau » Aplasie médullaire ches 25 % des patients
Retard staturopondéral Risque d’évolution leucémique
Microcéphalie avec retard mental net
Dysmorphie faciale
[31]
WT AD Proche du tableau d’AF « Risque élevé » (affection rarissime)
Risque d’évolution leucémique
[4, 14]
IVIC AD Proche du tableau d’AF : Thrombopénie isolée
hypoplasie radiale, absence de pouce, imperforation
anale, surdité, strabisme

AR : autosomique récessif ; AD : autosomique dominant ; AF : anémie de Fanconi ; IVIC : Instituto Venezolano de Investigaciones Cientificas.

souvent mal définies sur le plan physiopathologique même si, dans anomalies vertébrales, genu valgum, syndactylie cutanée,
la plupart des observations, une AF semble avoir été exclue par clinodactylie, duplication phalangienne… [12, 18].
étude de la sensibilité aux alkylants. Il faudra néanmoins, dans Une atteinte hépatique est parfois présente avec hépatomégalie
l’avenir, avant d’identifier ces formes en tant que nouvelles (15 %) et élévation des transaminases (60 %). Dans une série,
maladies, exclure par une étude moléculaire l’atteinte des gènes déjà 13 patients avaient eu une ponction-biopsie hépatique révélant des
impliqués dans les aplasies médullaires constitutionnelles. anomalies variables : stéatose, glycogénose, infiltrat inflammatoire
Sont à part certaines affections constitutionnelles comportant une et fibrose [32].
pancytopénie mais qui ne font pas partie des AM au sens strict. On Les autres atteintes sont beaucoup plus rares : duplication urétérale,
peut ici citer le syndrome de Pearson qui appartient aux cytopathies acidose tubulaire, fentes labiopalatines, ichtyose congénitale [32]...
mitochondriales, ou l’ostéopétrose (maladie d’Albers-Schönberg). La transmission est de type autosomique récessif. Le ou les gènes
impliqués ne sont pas identifiés.

Cytopénies électives ¶ Évolution vers l’aplasie médullaire


constitutionnelles Le syndrome de Shwachman comporte un risque notable
d’évolution secondaire vers une AM sévère (25 % des patients) et
Il s’agit de syndromes d’origine constitutionnelle atteignant de façon des données récentes sont en faveur d’une atteinte du
élective une lignée sanguine. Pour certains d’entre eux, néanmoins, microenvironnement médullaire dans cette pathologie [18].
l’évolution peut se faire vers une AM. Ce diagnostic doit être évoqué devant une aplasie ou une hypoplasie
médullaire prédominant éventuellement sur la lignée granuleuse.
Seraient évocateurs la petite taille, des signes témoignant de
SYNDROME DE SHWACHMAN l’insuffisance pancréatique externe, qui peut avoir été méconnue
Il associe une neutropénie et une insuffisance pancréatique externe. antérieurement. L’analyse morphologique du pancréas permet un
Un retard de croissance, des anomalies osseuses et d’autres atteintes, diagnostic relativement facile. Le pronostic hématologique est
beaucoup plus rares, sont aussi rapportées. mauvais en raison du risque d’évolution vers une myélodysplasie
ou une LAM et d’une toxicité marquée et mal expliquée de la greffe
¶ Description clinique de moelle chez ces patients [52].

La neutropénie est quasi constante, 98 % dans une série récente ANÉMIE DE BLACKFAN-DIAMOND
portant sur 88 enfants. Elle peut être constante ou intermittente ; Il s’agit d’une érythroblastopénie constitutionnelle. Le phénotype
elle peut s’aggraver au cours de l’évolution. Une anémie et une clinique est variable et les malformations potentiellement associées
thrombopénie sont respectivement présentes chez 42 et 34 % des nombreuses ; globalement, 40 % des patients présentent au moins
patients [32]. une malformation, les plus fréquentes étant localisées à la tête, au
L’atteinte pancréatique se traduit par une insuffisance pancréatique cou et aux doigts [71].
externe qui avait, historiquement, fait référer ces patients à Un des gènes en cause a été récemment identifié. Ce gène code une
Shwachman pour suspicion de mucoviscidose. La mise en évidence protéine ribosomale 19S [49]. Il ne serait impliqué que dans 20 % des
de l’insuffisance pancréatique externe repose sur la recherche d’une cas. Par ailleurs, des mutations de ce gène sont également rapportées
stéatorrhée, les tests hormonaux et l’imagerie du pancréas chez des sujets non atteints mais apparentés aux patients au premier
(échographie, tomodensitométrie ou imagerie par résonance degré. Ces sujets présentent des anomalies biologiques mineures
magnétique) qui révèlent la dégénérescence graisseuse du (macrocytose ou élévation de l’adénosine désaminase
pancréas [32]. Une première imagerie peut être normale chez le très érythrocytaire), ce qui suggère que l’expression phénotypique de ces
jeune enfant. Le degré d’insuffisance pancréatique peut s’atténuer mutations fait intervenir d’autres facteurs non encore identifiés [70].
avec le temps chez près de la moitié des patients [12, 32, 48]. Au cours de l’anémie de Blackfan-Diamond, le risque d’évolution
Le retard statural est net : plus de la moitié des patients sont en vers une AM vraie est exceptionnel, même si une leuconeutropénie
dessous du 3e percentile pour la taille, alors même que le statut ou une thrombopénie, le plus souvent modérées, peuvent apparaître
nutritionnel est normal et que le poids est en rapport avec la chez le grand enfant.
taille [32].
Les anomalies osseuses sont présentes chez plus de la moitié des AMÉGACARYOCYTOSE CONSTITUTIONNELLE
patients. Les trois anomalies les plus fréquentes sont la dysostose Il s’agit d’une affection exceptionnelle (environ 50 cas rapportés) et
métaphysaire, la dystrophie thoracique et l’épaississement de physiopathologie mal définie. Deux formes sont identifiables sur
costochondral. D’autres anomalies ont également été décrites : le plan clinique d’après les observations publiées dans la littérature

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Hématologie Aplasies médullaires constitutionnelles 13-008-C-10
Pédiatrie 4-081-A-10

selon la présence ou l’absence de malformations associées. À noter l’existence possible d’une parenté génétique (formes
Néanmoins, cette distinction n’est peut-être qu’arbitraire puisque les frontières, coexistence dans une même famille) entre le syndrome
deux formes ont été rencontrées dans au moins deux familles. Dans TAR (thrombocytopénie et absence de radius) et le syndrome de
les deux formes, la transmission apparaît soit liée à l’X, soit de type Roberts, qui associe fente labiopalatine, phocomélie et hyperplasie
autosomique récessif [3]. génitale [63].
Dans deux tiers des cas, il n’y a pas d’anomalie associée. Le sex-
ratio homme/femme est de 1,1. L’âge médian d’apparition de la
thrombopénie est de 7 jours (extrêmes : 0 à 9 ans). Près de la moitié
des patients développent une AM à un âge médian de 3 ans.
Conclusion
L’évolution est dominée par le risque d’hémorragie et les
complications de l’aplasie. La durée médiane de survie est de 6 ans. La reconnaissance clinique des syndromes comportant une AM a été
Deux patients ont présenté une LAM. essentielle et a permis la constitution de registres internationaux de
Dans un tiers des cas, il y a des anomalies associées à une patients qui précisent les caractéristiques sémiologiques et évolutives de
dysmorphie faciale. Les anomalies décrites concernent le système ces maladies rares. L’existence de ces registres a secondairement conduit
nerveux central (microcéphalie, atrophie cérébrale, atrophie à l’identification de certains des gènes impliqués dans ces affections.
cérébelleuse, retard de développement), le cœur, les membres Plusieurs des gènes de l’AF et un des gènes de la dyskératose
(hanches, pieds), les reins, les yeux ou le palais. Le sex-ratio congénitale ont ainsi pu être clonés très récemment. Ceci permet d’ores
homme/femme est alors de 3,3, mais les âges médians de la et déjà un affinement du diagnostic clinique et un diagnostic prénatal.
thrombopénie et de l’AM sont identiques. Un tiers des patients À moyen terme, on peut espérer que cela conduira à une meilleure
évoluent vers une AM. Il n’y a pas eu de cas de leucémie rapporté. compréhension de la physiopathologie de ces atteintes, voire à des
L’évolution est, ici aussi, dominée par le risque d’hémorragie et les progrès thérapeutiques, reposant sur la thérapie génique ou d’autres
complications de l’aplasie. La durée médiane de survie est de 1 an. approches fonctionnelles.

Références ➤

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4-081-A-10 Pédiatrie

Références
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