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Stratégie de la conduite des examens


chez le patient polyvasculaire
P. Garçon, J.-N. Fabiani

La prévalence des maladies cardiovasculaires augmente avec l’âge. Le vieillissement de la population


engendre ainsi un nombre croissant de procédures de revascularisation (chirurgicales ou endovasculaires)
chez des patients présentant souvent de multiples localisations de la maladie athéromateuse.
L’athérosclérose étant une maladie ubiquitaire, il est en effet assez fréquent, lorsque l’on consulte pour un
symptôme provenant d’un territoire artériel, que d’autres soient atteints de façon asymptomatique. On
estime ainsi que 50 à 70 % des décès tardifs après une chirurgie carotidienne sont dus à une atteinte
coronarienne peut-être passée inaperçue au moment de la consultation. On sait par ailleurs que ces
mêmes patients sont porteurs, dans 11 % des cas, d’un anévrisme de l’aorte abdominale, dont la
fréquence dans la population générale est estimée à environ 2 %. Il est donc important de bien connaître
la fréquence des associations lésionnelles de la pathologie vasculaire, afin de déterminer au mieux le choix
des différents examens utiles au diagnostic.
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Mots clés : Athérosclérose ; Facteurs de risque ; Bilan préopératoire ; Chirurgie cardiovasculaire ;


Pathologie vasculaire périphérique

Plan ■ Introduction
¶ Introduction 1 La motivation d’une consultation en chirurgie vasculaire est,
dans la plupart des cas, un symptôme dont l’origine est un ou
¶ Facteurs de risque 2
plusieurs territoires artériels. Quelle que soit la cause de ce
Lésions coronariennes 2
symptôme (athérosclérose ou maladie inflammatoire), il n’est
Aorte thoracique et abdominale 2 pas rare que d’autres territoires artériels soient intéressés de
Carotides 2 façon asymptomatique et le rôle du chirurgien et de l’anesthé-
Artères des membres inférieurs 2 siste est de faire le bilan d’extension exact de la maladie afin de
¶ Associations lésionnelles 2 ne pas passer à côté d’une lésion sévère mais cliniquement
¶ En cas de lésions coronariennes 3 muette. Il s’agit de réaliser un « état des lieux vasculaire » du
Association avec les carotides 3 patient, afin de prescrire de façon judicieuse les différents
Association aux lésions aortiques 4 examens complémentaires.
Association à l’artérite des membres inférieurs 4 Nous nous appliquerons ici à traiter l’épidémiologie des
différentes atteintes vasculaires liées à l’athérosclérose, ainsi que
¶ En cas de lésions carotidiennes 4 l’influence des différents facteurs de risque sur la localisation
Association à une atteinte coronarienne 4 des lésions.
Association à un anévrisme de l’aorte abdominale 5 Nous tenterons ensuite de proposer une conduite à tenir
¶ En cas d’anévrisme de l’aorte abdominale 5 simple, en fonction du motif de consultation, du type de
Association à une atteinte coronarienne 5 chirurgie prévue lorsqu’elle s’avère nécessaire (degré d’urgence,
Association avec une artérite des membres inférieurs 5 haut risque ou risque intermédiaire), et du risque d’événement
Association avec une atteinte carotidienne 5 cardiovasculaire périopératoire lié aux autres antécédents du
¶ En cas d’artérite des membres inférieurs 5
patient.
Association avec une atteinte coronarienne 5
De ces trois critères découlera le bilan le plus adapté sur le
plan clinique, épidémiologique et donc économique.
Association à un anévrisme de l’aorte abdominale 6
Association à une atteinte carotidienne 6
Enfin, le bilan préopératoire du patient polyvasculaire va
probablement être révolutionné par l’avènement de nouvelles
¶ Examens à réaliser aujourd’hui chez le patient polyvasculaire 6 techniques d’imageries non invasives (scanner 16 barrettes,
Stratégie opératoire 7 prochainement 64 barrettes, et de l’imagerie par résonance
En présence de symptômes « vasculaires » 7 magnétique [IRM]). En effet, on pourra obtenir, en un seul
¶ Bilan de demain 8 examen, une angiographie de la lésion jugée « chirurgicale », et
de nombreux autres renseignements précieux (lésions coronaires
¶ Conclusion 8
associées, calcifications artérielles, fonction ventriculaire gauche,
séquelle de nécrose myocardique, viabilité myocardique...).

Angéiologie 1
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■ Facteurs de risque Chacun s’accorde cependant à dire que le risque de mourir


d’atteinte coronarienne est plus lié au nombre d’artères atteintes
qu’au nombre de facteurs de risque, et que les autres localisa-
tions de la maladie athéroscléreuse sont plus fréquentes chez un
Lésions coronariennes patient ayant des coronaires atteintes. [9]

Aorte thoracique et abdominale


“ Point important L’athérosclérose touche plus fréquemment l’aorte abdominale
que l’aorte thoracique [10] et, plus l’âge augmente, plus les
lésions sont graves. Les facteurs de risque corrélés à l’atteinte
Les nombreuses études autopsiques réalisées sur le sujet aortique sont superposables à ceux corrélés à l’atteinte des
dans les années 1970 ont permis de montrer que le taux coronaires, à cela près que le ratio hommes/femmes dans les
de high density lipoprotein (HDL) cholestérol est atteintes aortiques est inférieur à celui des atteintes
inversement proportionnel au risque de sténose coronariennes.
coronarienne alors que le taux de low density lipoprotein
(LDL) cholestérol est directement proportionnel à ce
Carotides
même risque.
En cas d’atteinte carotidienne, le danger est de développer un
accident vasculaire cérébral (AVC). Ce risque est strictement
proportionnel à la pression artérielle. [17, 18] L’hypertension
artérielle systolique, fréquente chez le sujet âgé, augmente aussi
Une revue de la littérature récente [1] confirme qu’un taux bas considérablement le risque d’AVC. Les facteurs de risque corrélés
de HDL cholestérol (en dessous de 40 mg dl–1) est un facteur de à l’atteinte carotidienne (surtout la carotide interne) ont été
risque indépendant pour la maladie coronaire, qui nécessite une étudiés, et la différence a été faite entre sténose et occlusion
prise en charge spécifique. À l’inverse, un taux élevé de HDL est carotidienne. Le tabac, les antécédents familiaux d’AVC,
protecteur vis-a-vis du développement d’une coronaropathie. l’obésité, l’HTA, le diabète ainsi que le cholestérol sanguin total
Il y a une corrélation directe entre le taux de cholestérol et la triglycéridémie sont les plus corrélés au risque de sténose
sanguin total, les pressions artérielles systolique et diastolique, de la carotide interne. Le risque d’occlusion, quant à lui, est
ainsi que le fait d’être un individu de sexe masculin et le risque plus corrélé au tabac et au diabète. [19] Les degrés de liaisons
d’atteinte coronarienne. [2-10] Dans un cas, on a pu montrer la épidémiologiques entre les différents facteurs de risque et la
relation entre athérosclérose coronarienne et acide urique. [8] Les localisation de l’athérosclérose ont été comparés, [20] et l’on
autres facteurs de risque restent sujets à controverse quant à leur remarque que le diabète est le facteur dont le risque est le
corrélation avec l’atteinte coronarienne. Cacoub et Godeau [11] mieux corrélé à l’atteinte carotidienne, alors que l’HTA est plus
rapportent les études trouvant une différence significative sur la corrélée à l’atteinte coronarienne.
corrélation des facteurs de risque et des localisations de la
maladie athéroscléreuse. Les principaux facteurs de risque
d’atteinte coronarienne seraient : les dyslipidémies, l’hyperten- Artères des membres inférieurs
sion artérielle (HTA), le tabac et le diabète. Il est habituel
d’ajouter à cette liste, car ils sont fréquemment observés en Cacoub et Godeau rapportent que le tabac, l’âge et l’HTA sont
pratique clinique, le stress, l’hérédité, le sexe masculin et le les plus corrélés au risque d’oblitération aorto-iliaque chronique
niveau d’exercice physique. [12] d’origine athéromateuse. [11]
De nombreuses études se sont intéressées à l’hérédité dans les Chez l’adulte jeune, l’hérédité est un facteur déterminant
cardiopathies ischémiques. Le polymorphisme du gène endothe- dans la survenue précoce d’une artérite oblitérante des membres
lial nitric oxyde synthetase a fait l’objet d’une méta-analyse inférieurs. Le risque est multiplié par 2,7 par rapport aux
récente. [13] La forme homozygote d’un des allèles serait associée patients sans antécédents familiaux. Ce facteur de risque est
à une augmentation significative du risque de cardiopathie indépendant du tabagisme, et le risque d’artérite précoce
ischémique. s’additionne en cas d’hérédité et de tabagisme. [21]
D’autres facteurs de risque de la maladie coronaire sont L’étude de Framingham a évalué, de façon prospective en
encore discutés. suivant 5 209 patients, la liaison épidémiologique du diabète, de
Le syndrome métabolique regroupe plusieurs facteurs associés l’HTA, du cholestérol sanguin total et du tabagisme sur l’inci-
à l’insulinorésistance (obésité androïde, élévation des triglycéri- dence de l’angor, de l’artérite des membres inférieurs et des
des, HDL cholestérol bas, hypertension artérielle et intolérance AVC. Cette étude a conclu que ces quatre facteurs de risque
au glucose). D’après l’étude rétrospective des groupes placebo de étaient très fortement corrélés aux trois maladies, avec une nette
l’étude 4S et Air Force/Texas Coronary Atherosclerosis Preven- prédominance pour les AVC et l’artérite des membres inférieurs,
tion Study (AFCAPS), [14] les patients atteints de syndrome alors que pour l’atteinte coronarienne, l’HTA et le cholestérol
métabolique ont un risque 1,5 fois supérieur de présenter un sanguin total présentaient une corrélation plus forte. [22]
événement coronarien majeur en comparaison au groupe
témoin et ce, indépendamment des facteurs de risque
traditionnels. ■ Associations lésionnelles
Le syndrome d’apnée du sommeil touche entre 5 et 15 % de
la population des États-Unis. Plusieurs études récentes permet- L’athérosclérose touche tous les territoires artériels, et
tent de penser que ce syndrome, (par le biais de facteurs pro- lorsqu’un territoire est atteint de façon symptomatique, d’autres
inflammatoires, prothrombotiques, ainsi que par des anomalies peuvent l’être de façon asymptomatique. Ces associations sont
du système nerveux autonome), pourrait être un facteur de importantes à connaître, car leur fréquence justifie bien plus le
risque pour le développement de maladies cardiovasculaires. [15] dépistage systématique d’autres localisations de l’athérosclérose
Dans l’infection par le virus de l’immunodéficience humaine que la seule présence de facteurs de risque communs. Kurvers et
(VIH), des mesures répétées du rapport intima-média ont permis al. [23] ont étudié l’intérêt de dépister les sténoses carotidiennes
de mettre en évidence un rapport plus élevé et une progression serrées et les anévrismes de l’aorte abdominale, selon que les
plus rapide de l’athérome chez les patients présentant des patients (2 274 patients inclus) ont des manifestations claires
facteurs de risques traditionnels et une immunodépression (taux d’athérosclérose ou simplement des facteurs de risque cardio-
de lymphocytes CD4 inférieur ou égal à 200) en comparaison vasculaire. Il en ressort que la prévalence de la sténose caroti-
avec une population témoin. [16] dienne est faible chez les sujets ayant simplement des facteurs

2 Angéiologie
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de risque (1,8 à 2,3 %), elle est de 3,1 % en cas d’angor, de


8,8 % en cas d’anévrisme de l’aorte abdominale et de 12,5 % en
cas d’artérite des membres inférieurs. Il en est de même pour les
anévrismes de l’aorte abdominale de plus de 3 cm : la préva-
lence est de 0,4 à 1,6 % en cas de facteurs de risques, de 2,6 %
chez les patients angineux, et de 6,5 % chez les patients
présentant une sténose carotidienne ou une artérite des mem-
bres inférieurs. Cette étude souligne la nécessité de cibler des
populations à haut risque pour proposer un dépistage systéma-
tique des lésions vasculaires.

■ En cas de lésions coronariennes


L’athérosclérose des autres gros troncs artériels est significati-
vement augmentée par rapport à une population témoin
indemne d’atteinte coronarienne. Il est cependant nécessaire de
passer en revue, un à un, les différents territoires artériels.

Association avec les carotides


Les travaux réalisés sur l’association « carotides-coronaires »
montrent que les deux sites d’athérosclérose évoluent de façon
différente. Il semble que l’athérosclérose coronarienne appa-
raisse en moyenne 20 ans avant l’athérosclérose cervicocépha-
lique. Ainsi, de nombreux travaux ont conclu [24, 25] que s’il
était normal de trouver des lésions coronariennes chez un
patient ayant des lésions carotidiennes, l’inverse n’était pas
forcément vrai.
Sur une population de 323 patients hospitalisés pour un
syndrome coronarien aigu, Komorovsky [26] dépiste 30 % de
patients présentant des sténoses carotidiennes de plus de 50 %.
Les patients présentant des lésions carotidiennes étaient plus
volontiers des hypertendus non contrôlés, des diabétiques de
type 2, l’atteinte coronaire était plus sévère, nécessitant plus de
revascularisation par chirurgie de pontages.
Becker rapporte dans la revue d’une vingtaine d’études
totalisant plus de 36 000 patients [27] qu’en cas d’atteinte
coronarienne, des lésions carotidiennes supérieures à 50 % Figure 1. Sténose serrée de la carotide interne gauche visualisée en
étaient retrouvées (par des tests non invasifs) dans une fré- angio-imagerie par résonance magnétique (IRM). (Avec l’autorisation du
quence variant de 2 à 39 % des cas. Des lésions carotidiennes docteur Azarine, service de radiologie cardiovasculaire, hôpital Européen
inférieures à 70 % étaient retrouvées dans 2,8 à 8,7 % des cas, Georges Pompidou).
les chiffres extrêmes étant les résultats rapportés par Hertzer et
Faggioli. [28, 29]
Nallamothu [30] a étudié la population des patients adressés
dans son centre pour angioplastie entre 1997 et 2001. Sur 2 372
coronarienne où les taux d’AIT ou d’AVC variaient de 0,51 à
patients, 17,5 % présentaient une atteinte vasculaire extracar-
5,61 %. [27] Les critères engageant à prescrire une exploration
diaque. Chez 14,7 % d’entre eux, il s’agissait d’une artérite des
carotidienne sont concordants dans ces trois études : l’âge
membres inférieurs ; pour 4,9 % des patients, il s’agissait d’une
atteinte cérébrovasculaire définie par un antécédent d’AVC ou supérieur à 60 ans, la présence de nombreux facteurs de risques
d’accident ischémique transitoire (AIT), ou encore une sténose cardiovasculaires (et en particulier d’un diabète), un symptôme
carotidienne supérieure à 75 %. Enfin 2,1 % présentaient les ou des antécédents neurologiques, ainsi qu’une autre localisa-
deux atteintes. Ce taux de 17,5 % d’atteinte vasculaire extracar- tion de l’athérosclérose constituent des facteurs de forte
diaque chez des coronariens avérés est similaire à celui de probabilité d’atteinte carotidienne associée à l’atteinte corona-
l’étude Bypass Angioplasty Revascularization Investigation rienne. [29, 30, 33] L’examen à prescrire sera alors une échogra-
(BARI). [31] phie doppler des troncs supra-aortiques, suivie d’une angio-
Salasidis a étudié, sur une population de 387 patients devant graphie par résonance magnétique (ARM) [34] (Fig. 1). Ces deux
avoir une revascularisation coronarienne non urgente, la examens combinés permettent de réduire de 28 à 10 % les
fréquence d’une atteinte carotidienne sévère. Une échographie décisions erronées d’endartériectomie. L’intérêt de cette associa-
doppler systématique a montré que 8,5 % de ces patients tion diagnostique est d’éviter les artériographies inutiles, car cet
présentaient une sténose de la carotide interne supérieure à examen n’est pas anodin, avec un taux de complications
80 %. [32] Dans une population de 308 patients en attente de neurologiques de 1,2 % [35, 36] et une mortalité de 0,2 à 1 % des
chirurgie coronaire, Fukuda [33] retrouve, lors d’études systéma- examens. [37, 38]
tiques des carotides, 14 % de sténoses supérieures à 50 % et 7 %
En cas de discordance entre les deux examens, ou dans le
de sténoses supérieures à 80 %.
cadre du bilan préopératoire si l’indication d’endartériectomie
La fréquence de l’association de lésions carotidiennes asymp-
tomatiques chez des patients présentant une atteinte corona- est retenue, l’artériographie numérisée reste pour l’instant
rienne justifiant un geste de revascularisation est donc entre l’examen de référence. [34, 35, 39, 40]
7 et 10 % (ces études sélectionnent une population à haut Sans développer la conduite thérapeutique à adopter dans
risque). cette association pathologique, il est intéressant de rappeler que
Quelle est l’attitude à prôner devant une atteinte corona- les sténoses carotidiennes unilatérales supérieures à 75 %,
rienne, en vue de dépister une éventuelle localisation caroti- asymptomatiques, chez des patients présentant une coronaro-
dienne ? Becker rapporte huit études totalisant 10 421 malades pathie instable, relèvent d’un traitement médical selon les
ayant eu une circulation extracorporelle (CEC) pour chirurgie recommandations américaines en cours. [35]

Angéiologie 3
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Association aux lésions aortiques Antécédent coronarien Pas d'antécédent


coronarien
Dans une étude portant sur 1 735 patients ayant bénéficié
d’un pontage coronarien, 8,8 % étaient atteints d’athérosclérose
de l’aorte ascendante, mais seulement 2 % d’entre eux présen-
Présence de Pas de facteur
taient une atteinte sévère. [41] L’association de lésions corona- facteurs de risque de risque
riennes à un anévrisme de l’aorte abdominale semble plus
fréquente. Gallimard [42] rapporte que 20 % de sa série de
malades coronariens présentent une dilatation de l’aorte
abdominale alors que 7,5 % seulement des sujets témoins en Évaluation périopératoire
sont atteints (ce dernier chiffre se rapprochant de celui du préopératoire si le risque Suivi et exploration Pas d'évaluation
risque d’anévrisme de l’aorte abdominale dans la population est extrême cardiaque à distance cardiaque
générale, estimé entre 1,8 et 6,6 %). (Sur une population
d’hommes âgés de 65 à 74 ans, chez qui un dépistage systéma- Figure 2. Algorithme de l’évaluation cardiaque chez le patient ayant
tique a été proposé en Angleterre, [43] la prévalence de l’ané- une sténose carotidienne.
vrisme de l’aorte abdominale est de 5,4 %.)
Monney a étudié sur 24 mois la prévalence de l’anévrisme de
l’aorte abdominale chez des patients hospitalisés pour chirurgie carotide, que certaines équipes réalisent sous anesthésie locoré-
coronaire. [44] Sur 395 patients, l’échographie a mis en évidence gionale, sont souvent des procédures courtes et superficielles,
40 anévrismes, soit une prévalence de 10 %. Chez dix de ces sans grand retentissement sur les grandes fonctions du patient.
patients (soit 25 % des anévrismes détectés) le diamètre était Ainsi, en cas d’atteinte carotidienne, de nombreuses équipes
supérieur à 40 mm. réalisent un bilan d’extension minimal, surtout à la recherche
de lésions coronariennes qui peuvent venir assombrir le pro-
La fréquence des anévrismes de l’aorte abdominale chez le
nostic. Le groupe ARCHIV, au cours d’une étude ayant porté sur
coronarien est donc plus élevée que dans la population géné-
648 malades et 710 interventions sur les carotides, a montré
rale. Cependant, il n’est pas licite d’effectuer une échographie
que l’âge, le sexe, les antécédents cardiaques ou le diabète n’ont
abdominale chez tous les patients coronariens. Il faut sélection-
pas augmenté de façon significative la morbidité ou la mortalité
ner une population à plus haut risque. Il a été prouvé, dans une
précoce. Pour ce groupe, seuls des facteurs locaux ou l’HTA
population de sujets masculins tabagiques d’âge supérieur à
interviennent dans le risque opératoire. [49]
60 ans, ayant un antécédent d’artériopathie oblitérante des
membres inférieurs ou une atteinte carotidienne, que le surcoût
entraîné par une échographie abdominale à la recherche d’un Association à une atteinte coronarienne
anévrisme de l’aorte abdominale était négligeable comparé au
On sait que l’incidence de l’atteinte coronarienne chez les
bénéfice obtenu en termes de santé publique. [45] C’est à cette
malades adressés pour le traitement chirurgical d’une atteinte
population, lorsqu’elle viendra consulter pour un problème
carotidienne est très élevée. [50] L’espérance de vie à long terme
coronarien, qu’il faudra proposer une échographie abdominale
de ces malades est fortement grevée en cas d’atteinte corona-
à la recherche d’un anévrisme de l’aorte. Ce dépistage peut
rienne, puisque l’infarctus du myocarde est responsable de 50 à
d’ailleurs s’intégrer en fin d’examen, après une échographie
70 % des décès tardifs. [50-52] Par ailleurs, si l’endartériectomie
cardiaque [46] ou une coronarographie. [47]
carotidienne diminue considérablement le risque de survenue
d’AVC, la mortalité à long terme de ces patients demeure élevée
Association à l’artérite des membres et est principalement due à des événements sans rapport avec
inférieurs l’atteinte carotidienne. Newman, [53] en 1988, relevait, au cours
d’une revue de la littérature, 41 études ayant porté sur le sujet.
Nous avons vu que les facteurs de risque d’artérite des Il montre qu’environ 50 % des patients ayant des lésions
membres inférieurs ne sont pas forcément les mêmes que ceux carotidiennes à opérer présentaient des lésions coronariennes
qui prédisposent aux atteintes coronariennes. Cependant, il symptomatiques. Chimowitz [54] confirme, dans l’analyse de
semble que le malade coronarien ait plus de risques que le 444 patients présentant une sténose carotidienne asymptomati-
malade témoin d’être atteint d’artériopathie oblitérante des que, d’une part que le pronostic est moins favorable chez les
membres inférieurs. Gallimard rapporte, dans sa série comparant patients aux antécédents connus de coronaropathie, et d’autre
des malades coronariens à des malades témoins, que 58 % des part qu’il existe une très forte prévalence de la coronaropathie
coronariens présentaient une atteinte des membres inférieurs chez ces patients. Mackey [55] a identifié la population à risque
(sévère dans 16 % des cas), alors que seulement 12,5 % des coronarien dans une cohorte de 614 patients devant être opérés
témoins étaient touchés sans aucune atteinte sévère. [42] Ces d’une sténose carotidienne. La population a été divisée en deux
résultats permettent de mieux appréhender le fait que la groupes et la survie a été étudiée à 30 jours, 5 ans, 10 ans et
maladie coronarienne n’est qu’une manifestation locale d’une 15 ans. Le groupe I regroupait les patients avec des antécédents
maladie générale. Le médecin et/ou le chirurgien vasculaire ne coronariens et le groupe II ceux sans antécédent. On distinguait
doivent pas ignorer les différentes associations, afin de faire le dans ce dernier groupe : le sous-groupe IIa, patients avec des
diagnostic le plus complet possible. Enfin, il semble, à la lecture facteurs de risque et le sous-groupe IIb, patients sans facteur de
de ces différentes études, qu’outre l’interrogatoire et l’examen risque. La survie à 30 jours était identique dans les deux
clinique, l’échographie doppler soit l’examen le plus simple et groupes. Ce n’est qu’au bout de 3 ans d’évolution que les
le plus largement diffusé pour réaliser le bilan d’extension différences apparaissaient : la survie dans le groupe I était
vasculaire de la maladie coronarienne. inférieure à celle du groupe II et la principale cause de surmor-
talité était d’origine cardiaque. La différence de mortalité dans
les sous-groupes IIa et IIb n’apparaissait qu’au bout de 5 ans
■ En cas de lésions carotidiennes d’évolution, en faveur du sous-groupe IIb. Cette étude a, par
ailleurs, montré que chez les patients ayant une maladie
L’association lésions carotidiennes-lésions d’autres territoires coronarienne avérée, en plus d’une atteinte carotidienne, le
artériels a été très largement étudiée sur le plan épidémiologi- traitement des lésions coronaires (chirurgie ou angioplastie)
que, notamment l’association carotides-coronaires. ramenait l’espérance de vie de cette population à haut risque à
L’atteinte carotidienne ne représente pas un risque chirurgical celle des patients atteints d’une sténose carotidienne sans
majeur. Dans les recommandations de l’American College of atteinte coronarienne et sans facteur de risque. Mackey a donc
Cardiology/American Heart Association (ACC/AHA) de 2002 proposé un algorithme d’évaluation de l’atteinte coronarienne
concernant la chirurgie extracardiaque, [48] l’endartériectomie chez les patients devant être opérés d’une lésion carotidienne
est qualifiée de « risque intermédiaire », avec une mortalité (Fig. 2). L’évaluation se fera par un test d’effort qui, s’il est
d’origine cardiaque de moins de 5 %. Les interventions sur la positif, sera complété par une coronarographie.

4 Angéiologie
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De nombreuses études ont rapporté l’intérêt des techniques appréciée par les auteurs. Hertzer, dans une étude où était
d’évaluation non invasives chez les patients en préopératoire réalisée systématiquement une coronarographie en préalable à
d’une chirurgie extracardiaque. La mise en œuvre de ces une chirurgie vasculaire, rapportait que 36 % des patients ayant
techniques est bien validée pour les chirurgies à haut risque, elle un anévrisme de l’aorte abdominale avaient une atteinte
est inutile pour les chirurgies à bas risque. [48] L’endartériecto- coronarienne sévère, et que seuls 17 % de ces patients avaient
mie étant à risque moyen d’événement cardiovasculaire, la une symptomatologie coronarienne. [63] Tomatis, [64] dans le
conduite à tenir est à adapter à chaque patient, en gardant à même genre d’étude, mais sur une série de 100 patients,
l’esprit que la mortalité varie avec la durée de l’intervention. Si rapportait un chiffre de 47 %. Valentine [65] a mis en évidence
le risque d’atteinte coronarienne, lorsque la sténose d’une ou
un doute persiste après les tests non invasifs, la coronarographie
des deux artères rénales était méconnue chez des patients
est justifiée, et devrait être réalisée dans le même temps que
atteints d’un anévrisme de l’aorte abdominale. Trois cent
l’artériographie des troncs supra-aortiques. quarante-six aortographies ont été revues, et l’on a retrouvé
28 % de sténoses supérieures à 50 % d’une ou des deux artères
rénales qui étaient passées inaperçues. Chez ces patients, on
Association à un anévrisme comptait 58 % d’atteintes coronariennes sévères, alors que seuls
39 % des patients indemnes de sténose de l’artère rénale avaient
de l’aorte abdominale des lésions coronariennes. L’analyse de régression logistique a
L’incidence des anévrismes de l’aorte abdominale, chez les permis de corréler trois variables à une forte probabilité
patients présentant une sténose significative d’une ou des d’atteinte coronarienne : l’anévrisme de l’aorte abdominale, la
carotides, est supérieure à celle retrouvée chez des sujets ne sténose de l’artère rénale et l’HTA.
présentant que des facteurs de risques cardiovasculaires. [23]
Les études réalisées sur l’association carotides-anévrisme de Association avec une artérite
l’aorte abdominale montrent qu’il est intéressant, tant sur le des membres inférieurs
plan épidémiologique que sur le plan économique (faible
surcoût), de rechercher un anévrisme de l’aorte abdominale dans Cette association est extrêmement fréquente (environ 85 %
le bilan d’une sténose carotidienne, soit au cours de l’échogra- des cas), surtout si l’anévrisme est aorto-iliaque [66-68] et justifie
phie soit au cours de l’artériographie préopératoire. [56, 57] Par systématiquement un doppler des axes vasculaires des membres
ailleurs, les analyses mettent en évidence une corrélation étroite inférieurs. En cas de positivité de celui-ci, une opacification des
entre la sévérité du degré de la sténose carotidienne et le risque membres inférieurs se fera dans le même temps que l’aortogra-
phie. En effet, il n’est pas rare de trouver des anévrismes aorto-
d’anévrisme de l’aorte abdominale. La sélection des patients
iliaques, à très haut potentiel emboligène et nécessitant, en
chez qui il faut rechercher un anévrisme de l’aorte se fait alors
association avec la cure de l’anévrisme, un geste sur les artères
d’autant plus facilement que les risques épidémiologiques
iliaques.
propres aux anévrismes sont connus : population masculine
d’âge supérieur à 60 ans, présentant une localisation avérée de
la maladie athéromateuse, (prioritairement une artérite des Association avec une atteinte carotidienne
membres inférieurs ou une sténose carotidienne, puis une
Une atteinte carotidienne est systématiquement recherchée
localisation coronaire). La recherche systématique d’un ané-
par un doppler des troncs supra-aortiques dans le bilan préopé-
vrisme chez des patients ne présentant que des facteurs de ratoire des anévrismes de l’aorte abdominale. Les patients âgés
risque va conduire à la découverte d’environ 1,6 % d’anévrisme présentant une sténose serrée de la carotide interne ont égale-
de l’aorte de plus de 3 cm. ment un anévrisme de plus de 3 cm dans 8,2 % des cas, dans
la série de Kurvers. [23]

■ En cas d’anévrisme
■ En cas d’artérite des membres
de l’aorte abdominale
inférieurs
L’anévrisme de l’aorte abdominale est une atteinte assez
tardive dans l’évolution de l’athérosclérose. Il s’associe donc très L’artériopathie oblitérante des membres inférieurs a fait
fréquemment à l’atteinte des autres territoires. De plus, la l’objet d’une conférence de consensus de l’AHA. [69] Ce travail,
reposant sur l’analyse critique de 294 références de la littérature,
chirurgie des anévrismes de l’aorte abdominale est une chirurgie
insiste sur le fait que l’artérite n’est qu’une manifestation locale
à haut risque d’événements cardiovasculaires, [48] nécessitant la
d’une maladie générale. Ainsi, l’épidémiologie et le devenir
recherche systématique d’autres localisations de l’athérosclérose.
d’une population âgée de plus de 55 ans a été précisée dans
cette étude.

Association à une atteinte coronarienne Association avec une atteinte coronarienne


Il est maintenant clairement établi que la fréquence des (Fig. 3A)
anévrismes de l’aorte abdominale est en nette augmentation
dans la population générale. Elle est estimée entre 1 et 2 %, et C’est, encore une fois, la relation la plus importante à
rechercher, car elle représente le risque le plus élevé de mortalité
peut aller jusqu’à 5 % lorsque la population est sélectionnée en
précoce et tardive en cas de chirurgie de l’artérite. [70] Les études
fonction des facteurs de risque ou des autres localisations de
qui ont cherché systématiquement une atteinte coronarienne
l’athérome. [58, 59] Chez les patients atteints d’un anévrisme de
chez les patients artéritiques tout-venant, symptomatiques ou
l’aorte abdominale, l’espérance de vie est diminuée par rapport asymptomatiques sur le plan coronarien, montrent qu’entre
à une cohorte comparable de la population générale. Le traite- 10 et 34 % de ces patients présentent une atteinte significative
ment de référence est la mise à plat-greffe pour les anévrismes d’une ou de plusieurs artères coronaires. Dans une étude
dont le diamètre est supérieur ou égal à 5 cm. La mortalité de portant sur 51 patients hospitalisés pour un geste de revascula-
cette intervention, en dehors de l’urgence, varie entre 2 et 5 %. risation sur les artères des membres inférieurs, Rossi et al. [71]
Le problème majeur est la morbimortalité cardiaque qui est retrouvent un taux d’infarctus (fatals ou non) de 34 %. Les
responsable de 70 % des décès périopératoires et de 40 à 50 % auteurs proposent le dosage de la protéine C réactive comme
des décès tardifs. [60-62] La fréquence de l’atteinte coronarienne facteur prédictif s’ajoutant aux autres éléments du bilan
en cas d’anévrisme de l’aorte abdominale est diversement préopératoire.

Angéiologie 5
19-0640 ¶ Stratégie de la conduite des examens chez le patient polyvasculaire

4 1

3 3
1

3 1 2

2 2

A B C
Figure 3. Associations lésionnelles.
A. Risques d’atteintes périphériques chez un patient consultant pour une pathologie coronaire. 1. Lésions coronaires ; 2. artérite (16 %) ; 3. dilatation
aortoabdominale (20 %) ; carotides (4 à 8 %).
B. Risque d’associations lésionnelles chez un patient consultant pour un anévrisme aortoabdominal. 1. Anévrisme aortoabdominal ; 2. artérite (85 %) ; 3.
coronaires (36-58 %).
C. Risque de lésions associées chez un patient consultant pour une pathologie carotidienne. 1. Lésions carotidiennes ; 2. anévrisme aortoabdominal (11 %) ;
3. coronaires (50 %).

Dans une autre étude, Beven et al. ont effectué des corona- ne faille l’associer à une échographie ou à un scanner abdomi-
rographies systématiques à tous les patients hospitalisés pour nal qu’en cas de suspicion d’anévrisme.
une artérite des membres inférieurs. Cette étude a montré que
28 % des artéritiques présentaient une ou plusieurs atteintes Association à une atteinte carotidienne
coronariennes. [72] Lorsque la coronarographie était demandée
(Fig. 3C)
alors qu’il n’y avait aucune suspicion clinique d’atteinte
coronarienne, 14 % de ces coronarographies étaient normales, Il semble que cette association soit plus fréquente que la
et 4 % seulement de ces coronarographies étaient normales précédente, puisque Kieffer l’a estimée à environ 15 %, condui-
lorsque les patients étaient symptomatiques. [72] Plusieurs sant à 10 % d’intervention carotidienne dans une étude portant
auteurs ont, par ailleurs, démontré que la morbidité et la sur des malades ayant des lésions obstructives aorto-iliaques
mortalité cardiaque, dans le suivi des patients opérés de chroniques. [75] Cependant, il faut noter que, dans la plupart
chirurgie infra-inguinale pour ischémie critique, étaient très des cas, les patients avaient des antécédents d’AIT ou d’AVC.
supérieures à celles observées en cas de chirurgie aortique ou Dans la série de Kruver, [23] les patients de plus de 54 ans
carotidienne. Cela est probablement dû au fait que, chez les présentant une artérite ont également une sténose serrée de la
patients atteints d’ischémie critique, la moyenne d’âge et carotide interne dans 21,8 % des cas. Dans l’étude SMART, [76]
l’incidence des facteurs de risque (surtout le diabète) sont la prévalence des sténoses de la carotide interne s’élève jusqu’à
supérieures à celles observées dans les autres atteintes vasculai- 50 % chez les patients artéritiques de plus de 67 ans, de moins
res. [52, 73] de 68 kg et présentant une pression artérielle diastolique de
moins de 75 mmHg. Il semble néanmoins qu’il faille privilégier
le dépistage clinique et le recueil des antécédents carotidiens,
Association à un anévrisme de l’aorte l’échographie doppler « systématique » des troncs supra-
aortiques étant proposée à une population plus sélectionnée.
abdominale (Fig. 3B)
Si l’association anévrisme-artérite est très fréquente (85 % des
cas), l’association artérite-anévrisme l’est bien moins, puisqu’elle ■ Examens à réaliser aujourd’hui
est estimée à environ 6 % des cas. [74] Il ne semble donc pas chez le patient polyvasculaire
licite de proposer une échographie abdominale chez tous les
patients atteints d’une artérite des membres inférieurs ; certains Il faut distinguer le bilan préopératoire, qui vise à évaluer un
auteurs ont donc proposé de définir une population à haut risque opératoire à court terme, du bilan réalisé à l’occasion
risque d’association artérite-anévrisme, mais sans grand suc- d’une consultation pour un symptôme d’ordre vasculaire. Ce
cès. [74] Il semble donc que l’aortoartériographie proposée à tous dernier aura pour but une amélioration du pronostic à long
ces malades dans le bilan préopératoire soit suffisante, et qu’il terme.

6 Angéiologie
Stratégie de la conduite des examens chez le patient polyvasculaire ¶ 19-0640

Tableau 1. Tableau 2.
Critères cliniques prédictifs d’un risque cardiovasculaire périopératoire Stratification du risque cardiaque* pour les procédures de chirurgie
élevé (infarctus du myocarde, insuffisance cardiaque, décès). extracardiaque.
Critères majeurs Haut risque Opérations urgentes (surtout chez le
Syndrome coronariens aigus (risque rapporté supérieur à 5 %) sujet âgé)
Infarctus aigu ou récent a avec évidence d’un risque ischémique Chirurgie aortique, chirurgie vascu-
important sur des critères cliniques ou d’après les tests non in- laire lourde
vasifs Chirurgie vasculaire périphérique
Angor instable ou sévère (classe III ou IV de la classification canadienne) Chirurgie programmée prolongée
Décompensation cardiaque avec un risque de transfusions multi-
ples et/ou de perte sanguine impor-
Arythmies significatives
tante
Bloc auriculoventriculaire de haut grade
Arythmies ventriculaires symptomatiques avec cardiopathie sous-
jacente
Risque intermédiaire Endartériectomie carotidienne
Arythmies supraventriculaire avec fréquence ventriculaire non contrô-
lée (risque rapporté inférieur à 5 %) Chirurgie de la tête et du cou
Valvulopathies sévères Chirurgie intrapéritonéale et intra-
thoracique
Critères intermédiaires
Chirurgie orthopédique
Angor stable (classe I ou II de la classification canadienne)
Chirurgie de la prostate
Antécédent d’infarctus ou onde Q pathologique
Insuffisance cardiaque stable ou antécédent d’insuffisance cardiaque
congestive Risque faible Procédures endoscopiques
Diabète (particulièrement insulinorequérant) (risque rapporté inférieur à 1 %) Procédures superficielles
Critères mineurs Chirurgie de la cataracte
Âge avancé Chirurgie du sein
Anomalies de l’ECG (hypertrophie ventriculaire gauche, bloc de bran- * Incidence combinée de décès d’origine cardiaque et d’infarctus du myocarde non
che gauche, anomalies de la repolarisation) mortel. D’après les recommandations ACCA/AHA. [48]
Rythme non sinusal (fibrillation auriculaire)
Capacité fonctionnelle faible (incapacité à monter des escaliers avec des
paquets) Tableau 3.
Recommandations concernant la coronarographie.
Antécédent d’AVC
Hypertension non contrôlée Indications validées (coronaropathie connue ou suspectée)
ECG : électrocardiogramme ; AVC : accident vasculaire cérébral. Fort risque après les tests non invasifs
a
L’infarctus est défini comme aigu dans les 7 premiers jours, l’infarctus du Angor rebelle au traitement médical
myocarde récent est défini entre 7 jours et 1 mois, d’après les recommandations
American College of Cardiology/American Heart Association (ACC/AHA). [48]
Angor instable avant chirurgie à haut risque ou à risque intermédiaire
Résultats douteux des tests non invasifs chez un patient à haut risque,
avant chirurgie à haut risque
La stratégie préopératoire est bien résumée dans les recom- Indications possibles (rapport bénéfice/risque intéressant)
mandations ACC/AHA sur l’évaluation cardiovasculaire du Plusieurs facteurs de risque cliniques et chirurgie vasculaire programmée
patient avant chirurgie extracardiaque. [48] Elle repose sur les (considérer d’abord les tests non invasifs)
éléments suivants. Ischémie modérée à importante aux tests non invasifs sans facteurs de
risques cliniques ni abaissement de la fraction d’éjection
Stratégie opératoire Résultats non contributifs des tests non invasifs chez un patient à risque
intermédiaire avant une chirurgie à haut risque
Différents facteurs de risque d’événements Chirurgie extracardiaque urgente chez un patient ayant présenté un in-
périopératoires farctus du myocarde récent
Ils sont recueillis par l’interrogatoire et l’examen physique Indications possibles, bénéfice moins évident
complet du patient ; ils sont classés en majeurs, intermédiaires Infarctus périopératoire
et mineurs (Tableau 1). Angor sévère stabilisé avant chirurgie à faible risque

Degré d’urgence de la chirurgie


La chirurgie urgente se complique d’événements cardiaques L’évaluation non invasive repose sur l’épreuve d’effort,
deux à cinq fois plus souvent que la chirurgie programmée. l’échographie de stress et la scintigraphie myocardique au
L’exemple le plus caractéristique est celui de l’anévrisme de thallium. Les recommandations concernant la coronarographie
l’aorte rompu, grevé d’une mortalité de 42 %, quand la morta- sont résumées dans le Tableau 3.
lité de la mise à plat-greffe d’un anévrisme de l’aorte abdomi-
nale asymptomatique est de 3,5 %. Cela est bien sûr expliqué En présence de symptômes « vasculaires »
par l’absence de bilan et surtout de traitement préopératoire.
Pour un patient présentant un symptôme d’ordre vasculaire,
Dans les situations moins dramatiques, qualifiées de « semi-
au vu de l’analyse que nous venons de faire, il paraît licite de
urgentes », la difficulté est néanmoins de ne pas perdre de
proposer un bilan d’autant plus exhaustif que le patient
temps pour prévenir un risque plus faible que celui de l’urgence
présente des localisations diffuses de la maladie athéromateuse,
elle-même (cas de l’ischémie mésentérique ou de l’ischémie
qu’il est âgé de plus de 55 ans et/ou qu’il est diabétique.
critique d’un membre). Dans toutes ces situations, c’est la
L’épreuve d’effort électrocardiographique (ECG), quoique très
collaboration entre les chirurgiens, les consultants et les
imparfaite, reste l’examen clé du dépistage de la maladie
anesthésistes qui permettra d’établir la meilleure stratégie.
coronaire, essentiellement en raison de son très faible coût. La
scintigraphie myocardique d’effort, complétée ou non par
Type de chirurgie
l’injection de dipyridamole, comme l’échographie de stress, est
Les risques haut, intermédiaire ou faible sont définis pour désormais un examen bien validé pour la recherche d’une
chaque type de chirurgie (Tableau 2). coronaropathie. Il n’existe pas de preuve de supériorité d’un de

Angéiologie 7
19-0640 ¶ Stratégie de la conduite des examens chez le patient polyvasculaire

ces examens sur les autres. Lee et Boucher [77] proposent la lésionnelles doit être connue par le médecin prescripteur.
stratégie suivante : pour le diagnostic et le pronostic chez le Certaines prises en charge peuvent être en effet radicalement
patient « tout-venant », l’épreuve d’effort ECG suffit. Dans les bouleversées du fait de la découverte d’une localisation asymp-
cas où la coronaropathie est récemment connue ou suspectée, tomatique de l’athérome. Les nouvelles technologies non
si le patient a un antécédent de revascularisation coronaire, ou invasives (scanner multibarrettes et ARM) sont très prometteu-
si la fraction d’éjection est abaissée, les tests d’imagerie seront ses, et permettront probablement une étude très complète des
préférés. On choisira également l’imagerie si l’électrocardio- axes vasculaires en un seul et même examen. Le rôle du
gramme est ininterprétable ou si le niveau d’effort attendu est clinicien sera alors de sélectionner les informations intéressantes
estimé insuffisant. Entre l’échographie et la scintigraphie, il dans le dessein de proposer au patient un geste utile, pour
faudra choisir le centre le plus « entraîné ». soulager son symptôme et peut-être améliorer son pronostic à
La coronarographie sera réalisée chez les patients présentant long terme.
une épreuve non invasive positive et ce, d’autant que les critères
de positivité sont francs et qu’une revascularisation est envisa-
geable. Elle peut être envisagée en cas de suspicion clinique de
coronaropathie, si l’on programme un autre cathétérisme invasif .

(artériographie des membres inférieurs, des troncs supra-


aortiques). ■ Références
L’échodoppler est l’examen de première ligne pour le dépis-
tage des autres localisations de la maladie athéromateuse. Nous [1] Toth P. High-density lipoprotein and cardiovascular risk. Circ 2004;
avons déjà vu l’intérêt de le coupler à l’angio-IRM pour le 109:1809-12.
[2] Ishii T, Newman 3rd WP, Guzman MA, Hosoda Y, Strong JP. Coronary
dépistage des sténoses carotidiennes. Pour l’anévrisme de l’aorte
and aortic atherosclerosis in young men from Tokyo and New Orleans.
abdominale ou thoracique, le scanner est un examen très
Lab Invest 1986;54:561-5.
performant, mais l’IRM, moins irradiante, peut lui être substi-
[3] Montenegro M, Eggen D. Topography of atherosclerosis in the
tuée pour le suivi des diamètres anévrismaux. coronary arteries. Lab Invest 1968;18:586-93.
[4] Montenegro M, Solberg L. Obesity, body weight, body length and
■ Bilan de demain atherosclerosis. Lab Invest 1968;18:594-603.
[5] Restrepo C, Montenegro MR, Solberg LA. Atherosclerosis in person
Dans un futur proche, la coronarographie non invasive par with selected diseases. Lab Invest 1968;18:552-9.
scanner multibarrettes, déjà disponible dans certains centres, [6] Robertson WB, Strong JP. Atherosclerosis in persons with hyperten-
sera un examen suffisamment fiable pour éliminer une corona- sion and diabetes mellitus. Lab Invest 1968;18:538-51.
ropathie, ou pour en faire l’analyse précise. Nieman et al. [78] [7] Solberg LA, Strong JP, Holme I, Helgeland A, Hjermann I, Leren P,
rapportent la faisabilité du scanner 16 barrettes sur 59 patients et al. Stenoses in coronary arteries. Relation to atherosclerotic lesions,
et comparent les résultats aux coronarographies conventionnel- coronary heart disease and risk factors. The Oslo study. Lab Invest
les. Sur les 59 patients, 58 ont eu un scanner de bonne qualité. 1985;53:648-55.
La sensibilité pour visualiser les sténoses est de 95 %, la [8] Stemmermann GN, Steer A, Rhoads GG, Lee K, Hayashi T,
spécificité de 86 % ; 97 % des sténoses supérieures à 70 % ont Nakashima T, et al. A comparative pathology study of myocardial
été détectées. Les sténoses non vues au scanner concernent lesions and atherosclerosis in Japanese men living in Hiroshima and
toutes la circonflexe et ses branches. Toutes les occlusions ont Honolulu. Lab Invest 1976;34:592-600.
été détectées. Les limites de cet examen sont, pour l’instant, les [9] Strong JP, Solberg LA, Restrepo C. Atherosclerosis in persons with
patients en arythmie complète par fibrillation auriculaire, les coronary heart disease. Lab Invest 1968;18:527-37.
[10] Tejada C, Strong JP, Montenegro MR, Restrepo C, Solberg LA. Distri-
fréquences cardiaques élevées chez qui l’on ne peut pas admi-
bution of coronary and aortic atherosclerosis by geographic location,
nistrer de bêtabloquants ou les calcifications sévères des artères
race, and sexe. Lab Invest 1968;18:509-26.
coronaires. Le scanner multibarrettes devient donc un bon
[11] Cacoub P, Godeau P. Les facteurs de risque des oblitérations aorto-
candidat pour évaluer la coronaropathie en préopératoire chez iliaques chroniques d’origine athéromateuse. In: Kieffer E, editor. Les
les patients à risque intermédiaire. [79] lésions occlusives aortoiliaques chroniques. Paris: AERCV; 1991.
Le développement de scanners de plus en plus performants p. 11-22.
(actuellement 16, mais bientôt 32, voire 64 barrettes) permet de [12] Fabiani JN. Épidémiologie et facteurs de risque. In: Chirurgie des vais-
réaliser de plus en plus de coupes tomographiques par rotation, seaux. Paris: Arnette; 1994. p. 99-110.
avec des rotations de plus en plus rapides. On imagine donc [13] Casas JP, Bautista LE, Humphries SE, HingoraniAD. Endothelial nitric
l’intérêt qu’il peut y avoir d’obtenir, en un seul examen, le oxide synthase genotype and ischemic heart disease: meta-analysis of
statut coronaire, mais aussi une visualisation parfaite de 26 studies involving 23028 subjects. Circ 2004;109:1359-65.
l’ensemble de l’aorte jusqu’au carrefour aorto-iliaque. [14] Girman CJ, Rhodes T, Mercuri M, Pyorala K, Kjekshus J, Pedersen TR,
L’ARM permet une analyse satisfaisante des gros troncs et al. The metabolic syndrome and risk of major coronary events in the
épicardiques. [80] L’angiographie n’est pas aussi précise que le Scandinavian Simvastatin Survival Study (4S) and the Air Force/Texas
scanner multibarrette, mais l’ARM présente l’avantage de réaliser Coronary Atherosclerosis Prevention Study (AFCAPS/TexCAPS). Am
une étude fonctionnelle du myocarde avec une estimation de la J Cardiol 2004:93136-41.
fonction ventriculaire gauche, une étude de la viabilité et des [15] Parish JM, Somers VK. Obstructive sleep apnea and cardiovascular
zones de nécroses. La recherche d’ischémie est également disease. Mayo Clin Proc 2004;79:1036-46.
possible, en analysant la cinétique segmentaire du ventricule [16] Hsue PY, LO JC, Franklin A, Bolger AF, Martin JN, Deeks SG, et al.
gauche sous dobutamine ou adénosine. [81] Enfin, il semble que, Progression of atherosclerosis assessed by carotid intima-media
sur des modèles animaux, l’ARM permette de suivre l’évolution thickness in patients with HIV infection. Circul 2004;109:1603-8.
des plaques d’athérome dans le temps. [82] Étendue à l’homme, [17] Kannel WB, Dawber TR, Sorlie P, Wolf PA. Components of blood pres-
cette application permettrait d’évaluer l’efficacité des traite- sure and risk of atherothrombotic brain infarction: the Framingham
ments médicaux, et peut-être de mieux préciser les indications study. Stroke 1976;7:327-31.
[18] Biller J, Feinberg WF, Castaldo JE, Whitemore AD, Harbaugh RE,
chirurgicales en fonction de la composition de la plaque et de
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La connaissance de l’épidémiologie des lésions polyartérielles of internal carotid artery occlusion or stenosis. Arch Neurol 1985;42:
est importante à connaître, afin de proposer les investigations 864-7.
les plus appropriées à chaque localisation, cela afin d’éviter des [21] Valentine JR, Guerre R, Stephan P, Scoggins E, Clagett GP, Cohen J.
examens inutiles dont certains peuvent entraîner des complica- Family history is a major determinant of subclinical peripheral arterial
tions non négligeables. La fréquence de certaines associations disease in young adults. J Vasc Surg 2004;39:351-6.

8 Angéiologie
Stratégie de la conduite des examens chez le patient polyvasculaire ¶ 19-0640

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P. Garçon, Chef de clinique-assistant* (phgarcon@wanadoo.fr).


J.-N. Fabiani, Professeur des Universités, chirurgien des Hôpitaux.
Service de chirurgie cardiovasculaire, hôpital Européen Georges-Pompidou, 20, rue Leblanc, 75015 Paris, France.

Toute référence à cet article doit porter la mention : Garçon P., Fabiani J.-N. Stratégie de la conduite des examens chez le patient polyvasculaire. EMC (Elsevier
SAS, Paris), Angéiologie, 19-0640, 2005.

Disponibles sur www.emc-consulte.com


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