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com/science/article/pii/S1878776221001291
Manuscript_7f35a467c793a2eb60dfde0f82fc5071
Charlotte Cordonnier1*
1
Université de Lille, Inserm U1172, Service de Neurologie et Pathologie Neurovasculaire,
CHU Lille.
*auteur correspondant :
charlotte.cordonnier@univ-lille.fr
© 2021 published by Elsevier. This manuscript is made available under the Elsevier user license
https://www.elsevier.com/open-access/userlicense/1.0/
Cordonnier C 2.
RESUME
Les infarctus médullaires sont rares et représentent environ 5 à 8% des myélopathies aiguës
et moins de 1% des accidents vasculaires cérébraux. Le diagnostic est clinique et la
compréhension de l’anatomie et de la vascularisation de la moëlle aide à la démarche
diagnostique. L’IRM médullaire doit être réalisée en urgence et permet d’éliminer les
diagnostics différentiels nécessitant une prise en charge chirurgicale rapide comme par
exemple la compression médullaire aiguë. Aucun traitement spécifique n’a été validé dans
des études contrôlées randomisées. Le pronostic fonctionnel est bon chez 40% des patients
mais les troubles sphinctériens et les douleurs sont des séquelles fréquentes altérant
significativement la qualité de vie des patients.
ABSTRACT
Spinal cord infarcts are rare and account for 5 to 8% of acute spinal cord syndromes and less
than 1% of strokes. The diagnosis is clinical and relies on a good knowledge of spinal cord
anatomy and its vascularization. Emergency spinal cord magnetic resonance imaging is the
key diagnostic tool to exclude differential diagnoses such as spinal cord compression that
may require surgery. No treatment has been evaluated in randomized controlled trials.
Functional outcome is good in 40% of patients but pain and need for bladder catheterization
remain frequent and alter quality of life.
Tableaux cliniques
1. Infarctus du territoire de l'artère spinale antérieure
a. Infarctus totaux du territoire de l’artère spinale antérieure
Le territoire de l’artère d’Adamkiewicz est le plus souvent touché et se manisfeste par des
infarctus dorso-lombaires. Le début est brutal, marqué par des douleurs rachidiennes qui
précèdent le déficit neurologique.
Dans les infarctus du territoire de l’artère d’Adamkiewicz, la paraplégie, flasque et brutale,
est associée à une rétention urinaire précoce, des troubles sensitifs avec anesthésie à la
douleur et à la température, mais avec respect des autres modalités sensitives. La moelle
sacrée est parfois épargnée en cas d’afférence artérielle sacrée propre.
3. Infarctus centromédullaires
La substance grise centromédullaire est très sensible à l’ischémie. Les infarctus
centromédullaires peuvent être isolés, ou représenter l'extension vers le haut d'un infarctus
transverse total. Ces infarctus sont souvent dus à une défaillance hémodynamique aiguë et
prolongée [5, 6].
Diagnostic
1. Imagerie médullaire
a. Signes directs
Le diagnostic repose sur l’imagerie et tout syndrome médullaire aigu nécessite une IRM
médullaire en urgence [7]. L’IRM permet dès la phase aiguë d’exclure certaines causes de
syndrome médullaire aigu comme les compressions médullaires aiguës ou les
hématomyélies. A ce stade, le diagnostic différentiel avec les myélites est difficile.
L’IRM médullaire en urgence est normale dans environ 17% des cas d’infarctus médullaires
[2]. Les séquences de diffusion sont techniquement difficiles à réaliser. Elles sont cependant
très sensibles dans les phases précoces. Les caractéristiques en IRM des infarctus
médullaires sont proches de celles des infarctus cérébraux. Sur les séquences T2, les
infarctus du territoire de l’artère spinale antérieure touchent préférentiellement la substance
grise. En phase aiguë, l’hypersignal T2 est fin, avec un aspect en crayon sur une moëlle
initialement non oedémateuse.
b. Signes indirects
La présence d’un infarctus osseux d’un corps vertébral est un argument majeur en faveur de
l’origine ischémique d’un syndrome médullaire aigu quand le parenchyme apparaît encore
normal: il se manifeste par un hypersignal T2 du corps de la vertèbre [8].
Cordonnier C 5.
2. Démarche étiologique
a. L'imagerie aortique (échographie, échocardiographie transoesophagienne, scanner ou
IRM).
Elle permet de détecter une pathologie aortique (anévrisme, dissection).
b. La ponction lombaire
Elle ne doit pas être faite avant l’IRM. Elle est utile pour écarter d'autres diagnostics
(myélite) et apporter des arguments pour certaines causes infectieuses ou néoplasiques.
Indépendamment de la cause, le liquide cérébro-spinal peut être normal, avec une légère
hyperprotéinorachie et /ou une hypercytose, non spécifiques.
c. L'angiographie médullaire
Il s'agit d'une méthode invasive rarement indiquée face à un infarctus médullaire.
Traitement
Aucune étude randomisée n’a été réalisée dans l’ischémie médullaire. Nos décisions
thérapeutiques sont dérivées des recommandations dans la prise en charge de l’infarctus
cérébral. De l’aspirine est ainsi prescrite en association avec une prévention des
complications de décubitus et troubles sphinctériens. Les cas rapportés de thrombolyse sont
anecdotiques et il y a peu d’arguments en faveur des corticoides.
Pronostic
La mortalité en phase aiguë est d'environ 10 à 20% et des séquelles sévères sont présentes
chez plus de 50% des patients [1, 10]. La sévérité des séquelles est très corrélée à la sévérité
du tableau clinique initial [2]: 1 patient sur 2 garde des troubles sphinctériens sévères, et 1
patient sur 3 présente des séquelles douloureuses. Concernant la marche : 47% des patients
peuvent marcher sans aide [2].
Conclusion
Bien connues dans le contexte des complications de la chirurgie aortique, les cliniciens
peuvent évoquer le diagnostic d’ischémie médullaire dans de nombreux autres contextes. Le
diagnostic est clinique et la compréhension de l’anatomie et de la vascularisation de la
moëlle aide à la démarche diagnostique. L’IRM médullaire doit être réalisée en urgence.
Aucun traitement spécifique n’a été validé dans des études contrôlées randomisées. Le
pronostic fonctionnel est bon chez 40% des patients mais les troubles sphinctériens et les
douleurs sont des séquelles fréquentes alterant significativement la qualité de vie des
patients.
Déclaration d’intérêts
L’auteur déclare n’avoir aucun lien d’intérêts en relation avec le thème abordé.
Cordonnier C 7.
Légendes.
Points essentiels
• Les ischémies médullaires sont rares et représentent environ 5 à 8% des myélopathies aiguës.
• L’IRM médullaire doit être réalisée en urgence et permet d’éliminer les diagnostics
différentiels nécessitant une prise en charge chirurgicale rapide comme par exemple la
compression médullaire aiguë.
• Le pronostic fonctionnel est bon chez 40% des patients mais les troubles sphinctériens et les
douleurs sont des séquelles fréquentes altérant significativement la qualité de vie des patients.
Cordonnier C 9.
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