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Prise en charge des syndromes coronaires


aigus dans les 48 premières heures
S. Manzo-Silberman, O. Varenne, A. Cariou

La maladie coronarienne a une haute prévalence dans les pays industrialisés, où elle est associée à des
taux de mortalité et de morbidité encore importants. En conséquence, les syndromes coronaires aigus
(SCA) constituent un motif d’hospitalisation récurrent. Le diagnostic de SCA présente un certain nombre
de difficultés, du fait de formes cliniques variées et parfois très frustes. Ainsi, la mise en évidence d’un
SCA lors d’une prise en charge périopératoire ou chez un malade sédaté peut poser des difficultés tant
sur le plan diagnostique que sur les choix de la prise en charge thérapeutique. Elle nécessite alors une
approche multidisciplinaire associant anesthésistes, réanimateurs et cardiologues.
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Mots-clés : Syndrome coronaire aigu ; Infarctus du myocarde ; Angioplastie primaire ; Fibrinolyse ;


Antiagrégants plaquettaires ; Antithrombotiques ; Choc cardiogénique

Plan  Introduction
■ Introduction 1 Les pathologies cardiovasculaires sont la principale cause de
■ Définitions 2 mortalité dans les pays industrialisés, et le deviendront égale-

ment dans les pays en voie de développement d’ici 2020 [1] . Parmi
Prise en charge des patients souffrant d’un syndrome
ces pathologies, la maladie coronarienne a la prévalence la plus
coronaire aigu ST– dans les 48 premières heures 2
importante et est associée à des taux de mortalité et de morbidité
Évaluation diagnostique 2
encore hauts, malgré leur régression durant les 2 dernières décen-
Évaluation du risque évolutif 3
nies. Les syndromes coronaires aigus (SCA) constituent ainsi un
Évaluation du risque hémorragique 4
motif d’hospitalisation extrêmement fréquent. Le diagnostic de
Stratégie invasive précoce ou approche conservatrice ? 5
SCA peut être difficile du fait de présentations cliniques très hété-
Délai de l’approche invasive 5
rogènes ou de signes électrocardiographiques (ECG) pauvres ou
Choix de la revascularisation 5
difficilement interprétables. Depuis 2002, une nouvelle nomen-
Traitement médicamenteux 5
clature a considérablement simplifié la définition des SCA, en ne
■ Prise en charge des patients présentant un syndrome s’appuyant que sur les signes ECG. Néanmoins, la survenue d’un
coronaire aigu ST+ dans les 48 premières heures 6 SCA lors d’une prise en charge anesthésiologique ou lors d’une
Angioplastie primaire 6 hospitalisation en réanimation peut poser des difficultés tant sur
Fibrinolyse 6 le plan diagnostique, face à un patient sédaté ou dont la douleur
Choix entre fibrinolyse et angioplastie primaire 7 n’est pas évaluable, que sur les choix concernant la prise en charge
Angioplastie de sauvetage 7 thérapeutique. Ainsi, le contexte périopératoire peut majorer le
Pontages aortocoronaires 7 risque d’un traitement antiagrégant plaquettaire, pourtant impé-
Traitements pharmacologiques 8 ratif dans la prise en charge de certains SCA. L’évaluation du risque
■ Complications 9 cardiologique avant une intervention non cardiologique dépend
Troubles du rythme ventriculaire 9 d’une part de l’état du patient en préopératoire, de l’existence de
Bradycardie 9 comorbidités, et d’autre part de l’importance et de la durée de
Complications mécaniques 9 l’intervention prévue [2] . De plus, le risque de complications car-
Choc cardiogénique 9 diologiques durant une intervention est corrélé à l’existence d’une
■ Conclusion 11 dysfonction ventriculaire gauche, d’une coronaropathie, d’une
valvulopathie mais également aux contraintes hémodynamiques,
liées à l’intervention. Ainsi, la prise en charge d’un SCA survenant
en service d’anesthésie–réanimation peut nécessiter une straté-
gie diagnostique aussi bien que thérapeutique particulière devant

EMC - Anesthésie-Réanimation 1
Volume 11 > n◦ 1 > janvier 2014
http://dx.doi.org/10.1016/S0246-0289(13)57415-9
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B
Figure 1. Tracés électrocardiographiques : sus-décalage du segment
ST dans les dérivations inférieures avec miroir antérolatéral (A) et sous-
décalage du segment ST dans les dérivations antérolatérales (B).
A

s’adapter aux contraintes liées à d’autres pathologies concomi-


tantes. Enfin, la survenue de complications rend parfois nécessaire
une prise en charge multidisciplinaire associant cardiologue et
réanimateur, en particulier dans le cas de choc cardiogénique
nécessitant assistance respiratoire et hémodynamique.

 Définitions
Les SCA sont séparés en deux entités nosologiques distinctes :
les SCA avec sus-décalage du segment ST à l’ECG, dits « SCA ST+ »
(qui correspondent aux ST segment elevation myocardial infarction
[STEMI] pour les Anglo-Saxons) d’une part, et les SCA sans sus-
décalage du segment ST, dits « SCA ST– » (qui correspondent aux
NSTEMI et aux angors instables) d’autre part (Fig. 1). Alors que les B
SCA ST+ posent peu de problèmes diagnostiques mais requièrent
une organisation optimale afin de réduire les délais jusqu’à la réou- Figure 2. Coupes artérielles montrant la rupture de la chape fibreuse
verture artérielle, les SCA ST– englobent un ensemble de patients (flèche) et le thrombus occlusif dans le cas d’un SCA ST+ (A) et non occlusif
extrêmement hétérogènes posant le problème du diagnostic de SCA ST– (B).
l’atteinte coronaire et ensuite celui de la stratification du niveau
de risque.
La physiopathologie de tous les SCA est commune et comprend La stratégie utilisée doit impérativement permettre de détecter
une rupture de la plaque athéromateuse : dans un cas, le SCA ST+, rapidement les signes de gravité conduisant à la réalisation d’une
le thrombus généré occlut complètement la lumière artérielle [3] , coronarographie sans délai. Les objectifs de la coronarographie et
dans l’autre cas, le SCA ST–, l’occlusion est incomplète (Fig. 2A, B). de la revascularisation myocardique sont d’une part de soulager
Le thrombus peut secondairement être intégré dans la plaque et la douleur, et d’autre part d’améliorer le pronostic à court et long
ainsi participer à l’augmentation de son volume, ou bien évoluer termes. Au total, la difficulté de la prise charge des SCA ST– réside
vers l’occlusion complète ou l’embolisation en aval et l’occlusion dans l’établissement du diagnostic, mais également dans la stratifi-
d’artères de plus petit calibre. cation du risque. Des éléments simples permettent d’appréhender
Face à un patient présentant une douleur thoracique et chez cette double approche.
qui un SCA est suspecté, l’organisation de la démarche diagnos-
tique et thérapeutique s’articule sur les données de l’ECG. Comme Évaluation diagnostique
l’a montré le registre Global Registry of Acute Coronary Events
(GRACE) [4] , la survenue d’événements cardiovasculaires (décès, Données cliniques
saignements, accident vasculaire cérébral) varie en fonction du
L’interrogatoire recherche des facteurs de risque de la maladie
type de SCA. Ainsi, la mortalité hospitalière est de 7 % pour les
coronaire (notamment le diabète), et précise les caractéristiques de
SCA ST+, 6 % pour les ST– et de 3 % pour les angors instables.
la douleur. L’examen clinique recherche des stigmates d’une loca-
lisation extracardiaque de l’athérosclérose : abolition d’un pouls,
 Prise en charge des patients présence d’un souffle, ou une insuffisance cardiaque. Le caractère
rétrosternal constrictif oriente vers une pathologie coronaire ; la
souffrant d’un syndrome notion de douleur au moindre effort, ou au repos, est un élément
de gravité.
coronaire aigu ST– dans
les 48 premières heures Électrocardiogramme
L’existence d’anomalies de l’ECG est cruciale ; en effet, ce sont
Les SCA ST– sont la forme la plus fréquente de SCA et concer- ces anomalies, à type de sous-décalage de ST ou d’ondes T néga-
nent la majorité des patients traités par angioplastie. En dépit de tives, qui permettent d’orienter le diagnostic et d’évaluer le risque
progrès notables, à la fois sur les versants techniques et médi- évolutif. En termes de pronostic, un sous-décalage de ST est plus
camenteux, la mortalité et la morbidité des SCA ST– demeurent péjoratif qu’une inversion de l’onde T qui l’est plus encore que
importantes, et sont proches de celles des SCA ST+. Le risque l’absence de modification ECG [5] . L’existence à l’ECG d’un sous-
majeur du SCA est son évolution vers un infarctus constitué vu tar- décalage fixe du segment ST de plus de 0,5 mm, en dehors de
divement, ou vers la mort subite. Parmi les patients qui souffrent toute douleur thoracique, constitue un facteur de mauvais pro-
d’une pathologie coronaire aiguë, il est impératif de pouvoir nostic à long terme avec un taux de mortalité de plus de 30 %
stratifier le niveau de risque afin de déterminer les choix théra- à 4 ans contre moins de 6 % en l’absence de signe électrique [6] .
peutiques, médicamenteux et les indications de revascularisation. De même, l’importance du sous-décalage de ST est un élément

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Figure 3. Arbre décisionnel. Prise en charge des syndromes


Douleur thoracique aiguë coronaires aigus ST– (d’après [3, 13] ). ULN : normale supérieure
de la population de sujets sains de référence. Score Global
Registry of Acute Coronary Events (GRACE) < 140 : bas risque.

Troponine hypersensible < ULN Troponine hypersensible > ULN

Douleur > 6 h Douleur < 6 h Troponine très


anormale après
contexte clinique
Dosage no 2 à 3 h de
la troponine hypersensible

Pas de modification Modification de la Pas de modification


de la troponine troponine hypersensible de la troponine
hypersensible 1 valeur > ULN hypersensible

Pas de douleur, Recherche d’un


GRACE < 140, diagnostic
exclusion d’un différentiel
diagnostic différentiel

Sortie Prise en charge


Test d’effort invasive

pronostique. Les modifications de l’onde T dans un territoire facteur de mauvais pronostic à court et long terme), un trouble
représentent un risque moindre que celles du segment ST. Enfin, il de cinétique segmentaire, ainsi que l’existence d’une pathologie
est important de noter que l’existence d’un ECG normal en dehors valvulaire associée.
de toute crise douloureuse ne permet pas d’éliminer le diagnostic Chez le patient à bas risque, de nombreuses stratégies ont été
de SCA. proposées : coronarographie systématique, épreuve d’effort immé-
diate, scintigraphie myocardique, échographie de stress, scanner
Troponine coronaire, etc. En pratique, si l’on est à proximité d’un centre de
cardiologie interventionnelle, on peut proposer une coronarogra-
Parmi les patients ayant présenté une symptomatologie de phie diagnostique devant une douleur thoracique dont les critères
repos récente, l’élévation des taux sériques de troponine T ou I cliniques font fortement suspecter une pathologie coronaire, sur-
permet d’individualiser un sous-groupe à haut risque de décès ou tout si elle survient chez un individu dans la tranche d’âge de la
d’infarctus durant la phase hospitalière (plus de 20 % à un mois maladie coronaire avec facteurs de risque.
versus moins de 2 % en cas de dosage négatif) [7] . Le diagnostic
d’infarctus est défini par une élévation de la troponine supérieure
au 99e percentile d’une population de référence normale [3] . De
plus, l’importance de l’élévation des biomarqueurs est également Évaluation du risque évolutif
corrélée au pronostic. Ainsi, un dosage de troponine I dans les
limites de la normale est associé à un taux de mortalité à 42 jours Cette évaluation clinique, biologique et électrique est toujours
de moins de 1 % contre un taux de plus de 7 % si ce taux dépasse menée en milieu spécialisé. Considérant le grand nombre de
9 ng ml–1 [8] . Ce dosage est réalisé à l’arrivée et répété 6 et 12 heures patients et l’hétérogénéité de la population considérée, il est
plus tard : la troponine ne s’élève que quatre heures après le début impératif de stratifier le niveau de risque précocement afin
de l’ischémie, ce qui impose de garder un patient quelques heures d’identifier les patients à haut risque de décès et d’événements
en surveillance et de répéter les dosages si le patient est vu pré- cardiovasculaires à court et moyen termes ; chez ces patients,
cocement. Le dosage de la troponine ultrasensible est désormais une approche invasive rapide dans un environnement médi-
disponible, avec une capacité de détection 10 à 100 fois supérieure camenteux adapté est indiquée. Il est également pertinent
à celui de la troponine standard. Ainsi, une nécrose myocardique d’identifier les patients à bas risque chez qui cette approche,
peut à présent être diagnostiquée plus fréquemment et plus préco- en plus d’être coûteuse, peut majorer le risque d’iatrogénie
cement en cas de douleur thoracique (Fig. 3). La valeur prédictive sans modifier de manière significative le pronostic. Des scores
négative de ce test (95 %) permet d’écarter le diagnostic avec un ont été conçus pour aider à la stratification : il s’agit des scores
seul dosage. Il n’y a que chez les patients se présentant extrê- Thrombolysis In Myocardial Infarction [TIMI] [11] (www.stmu-
mement précocement qu’un second dosage, à trois heures du tn.org/utilitaires/48-cœur-et-vaisseaux/204-timi-risk-score.html)
premier, doit être réalisé, permettant ainsi d’obtenir une sensibi- et GRACE 4. L’European Society of Cardiology (ESC), comme
lité dans la détection de l’infarctus de 100 % [9, 10] . Il est cependant la Haute Autorité en santé (HAS) (www.has-sante.fr/portail/
important de bien connaître les limites de ce dosage. Il existe en upload/docs/application/pdf/201211/05c01 conf consensus
particulier de nombreux faux positifs (myocardite, traumatisme infarctus myocarde recos courtes.pdf), recommande l’utilisation
cardiaque, embolie pulmonaire, choc septique, insuffisance car- du score GRACE (www.outcomes-umassmed.org/grace) en pra-
diaque aiguë, insuffisance rénale sévère). tique quotidienne, que ce soit à l’admission ou lors de la sortie du
patient. Ce score (Tableau 1) inclut des paramètres hémodyna-
miques, ECG, ainsi que biologiques. Initialement conçu comme
Échocardiographie élément prédictif de la mortalité hospitalière, ses capacités de
On recherche l’existence d’une altération de la fraction stratification du risque ont été étendues au pronostic à long
d’éjection ventriculaire gauche (FEVG) globale (qui représente un terme et dans l’aide au choix d’une approche invasive. Ainsi, la

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Tableau 1. être pris en charge avec des délais se rapprochant de ceux


Score Global Registry of Acute Coronary Events (GRACE) (d’après du SCA ST+. Leurs principales caractéristiques comportent :
www.outcomes-umassmed.org/GRACE/index.cfm). • des récidives angineuses ou des fluctuations de l’ECG sous trai-
Âge (années) Créatinine mg dl–1
tement médical maximal ;
• des troubles du rythme ventriculaire.
< 40 0 0–0,39 2
Le traitement médicamenteux associe une triple thérapeutique
40–49 18 0,4–0,79 5
antiagrégante plaquettaire, une héparine de bas poids molécu-
50–59 36 0,8–1,19 8
laire (HBPM), une statine, des bêtabloquants et des nitrés. Ces
60–69 55 1,2–1,59 11
70–79 73 1,6–1,99 14
traitements doivent être débutés avant le transfert en salle de
≥ 80 91 2–3,99 23 coronarographie.
>4 31
Fréquence cardiaque (bpm) Classe Killip Patients à haut risque
< 70 0 Classe I 0 Il s’agit de patients présentant des modifications ischémiques
70–89 7 Classe II 21 de l’ECG (sans sus-décalage du segment ST), associées ou non
90–109 13 Classe III 43 à une élévation de la troponine. En fonction de la positivité
110–149 23 Classe IV 64 biologique, on définit deux groupes bénéficiant chacun d’un trai-
150–199 36 tement adapté :
> 200 46 • en cas d’élévation de la troponine : ces patients présentent un
Pression artérielle systolique fort risque d’évolution vers l’extension d’une nécrose myocar-
(mmHg) dique. Ils doivent être traités de façon invasive avec une triple
< 80 63 Arrêt cardiaque à 43 association antiplaquettaire comprenant des anti-GPIIb/IIIa, et
l’admission un traitement par bêtabloquants et statines, en vue d’un trans-
80–99 58 Élévation des 15 fert rapide en salle de coronarographie (moins de 24 heures) ;
marqueurs • en cas de non-élévation de la troponine : ces patients doivent
cardiaques être traités comme les précédents sans adjonction d’anti-
100–119 47 Modification du 30
GPIIb/IIIa au traitement conventionnel.
segment ST Il convient cependant de nuancer cette séparation en deux
groupes, et on peut être amené à intensifier le traitement sur
120–139 37
d’autres critères que l’existence ou non d’une élévation de la
140–159 26 troponine, comme l’existence d’un diabète ancien ou d’une
160–199 11 insuffisance rénale. On peut au cas par cas intensifier le trai-
> 200 0 tement chez des patients présentant ces comorbidités. Ceci
pousse notamment à une évaluation plus précoce du statut
coronaire.
Tableau 2. Une fois le traitement médicamenteux initié, le patient doit
Indicateur d’un haut risque thrombotique ou d’une évolution rapide vers bénéficier d’une coronarographie diagnostique. En cas d’élévation
un syndrome coronaire aigu (SCA) ST+ orientant vers une approche inva- des marqueurs biologiques ou de forte suspicion de maladie
sive urgente (d’après [13] ). coronaire sur d’autres arguments (terrain, interrogatoire, etc.), la
coronarographie doit être réalisée dans les 24 heures. Dans les
Critères primaires autres cas, elle doit être réalisée durant l’hospitalisation, mais dans
Élévation ou décroissance significative de troponine un délai encore débattu [3] . La majorité des études sur le délai entre
Modifications dynamiques du segment ST ou de l’onde T le début de l’hospitalisation et la réalisation de la coronarographie
(symptomatiques ou silencieuses) penche malgré tout vers une stratégie invasive rapide après une
Critères secondaires stratification du risque en ne se basant pas uniquement sur la clas-
sification associant ST et troponine, mais en y intégrant le terrain
Diabète
et la clinique [12] .
Insuffisance rénale (DFG < 60 ml min–1 /1,73 m2 )
Fonction ventriculaire gauche altérée (FEVG < 40 %) Patients à bas risque
Angor précoce post-IDM
Ces patients représentent un enjeu diagnostique quotidien. Il
Angioplastie récente s’agit en effet de patients ayant présenté une douleur thoracique,
Antécédent de pontage aortocoronaire sans modification électrique ni augmentation de la troponine.
Score GRACE > 140 Le problème est alors de savoir si cette douleur doit ou non être
rattachée à une pathologie coronaire. Les examens non invasifs
DFG : débit de filtration glomérulaire ; FEVG : fraction d’éjection du ventricule peuvent être programmés à distance. Dans l’intervalle, le traite-
gauche ; IDM : infarctus du myocarde ; GRACE : Global Registry of Acute Coro-
nary Events. ment médicamenteux de ces patients à bas risque doit être léger,
en attendant les résultats de la coronarographie, si celle-ci est déci-
dée. Le traitement peut se limiter à de l’aspirine (75–100 mg). Alors
mortalité de la population à bas risque (score ≤ 108) est basse le traitement par héparine ne doit pas être systématique et adapté
(mortalité hospitalière d’environ 1 % et mortalité à 6 mois à la probabilité a priori en fonction du terrain. Ce n’est qu’en fonc-
d’environ 3 %), par comparaison avec la mortalité de la tion des résultats des examens paracliniques que se décide ou non
population à haut risque (score > 140) où ces taux atteignent l’adjonction des autres traitements.
respectivement environ 3 % et 8 %. Au terme de ce bilan, les
patients peuvent être stratifiés en trois groupes.
Évaluation du risque hémorragique
Patients à très haut risque, en situation instable Les recommandations européennes récentes [13] introduisent
Il s’agit d’un cas de figure relativement rare (moins de 5 % des la nécessité de bien évaluer le risque de saignement dans la
SCA ST–). Les éléments orientant vers un haut risque throm- stratégie thérapeutique. En effet, ces saignements sont associés
botique et donc de progression vers la nécrose myocardique à un pronostic plus péjoratif du SCA ST–, et il est impératif
sont résumés dans le Tableau 2. Chez ces patients, une orienta- de réduire au maximum ce risque, a fortiori à l’ère de trai-
tion immédiate vers un centre de cardiologie interventionnelle tements antiagrégants d’une puissance accrue. Pour évaluer ce
disponible pour la réalisation d’une coronarographie et d’une risque, différents scores ont été proposés ; celui retenu dans
revascularisation coronaire en urgence est impérative. Ils doivent les recommandations européennes de 2011 et celui émanant

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du registre Can Rapid Risk Sratification of Unstable Angina Tableau 3.


Patients Suppress Adverse Outcomes With Early Implementa- Recommandations concernant la revascularisation des syndromes coro-
tion » of the American College of Cardiology/American Heart naires aigus (SCA) ST– (d’après [3] ).
Association (ACC/AHA) Guidelines (CRUSADE) Bleeding Risk Approche invasive Score GRACE > 140
Score (www.crusadebleedingscore.org/) » [14] . Ce score comprend dans les 72 h Au moins un des critères de haut risque
comme paramètres notamment le sexe, l’hématocrite, la filtration Récidive des symptômes
glomérulaire, l’hémodynamique à l’admission.
Approche invasive Très haut risque ischémique
immédiate < 2 h – Angor réfractaire au traitement médical
Stratégie invasive précoce ou approche maximal institué associé à des modifications
ECG majeures : sous-décalage ST ≥ 2 mm ou
conservatrice ? ondes T négatives
– Insuffisance cardiaque
Les études randomisées ont montré qu’une approche inva-
– Arythmies ventriculaires (TV ou FV)
sive précoce permettait de réduire la survenue d’événements – Instabilité hémodynamique (choc)
ischémiques en diminuant les récidives ischémiques et les revas-
Approche invasive Score GRACE > 140
cularisations et hospitalisations répétées [15] , ce d’autant que le
urgente < 24 h Ou combinaison de critères de haut risque
patient est diabétique [16] . Il faut cependant noter que cette
réduction de la mortalité à long terme est modérée et qu’elle Approche invasive Score GRACE < 140
s’accompagne d’une augmentation du taux d’infarctus (défi- retardée < 72 h Troponine augmentée
nis par une augmentation supérieure à deux fois la normale Modifications ST ou onde T dynamique
symptomatiques ou silencieuses (≥ 0,5 mm)
[> 2 N] des enzymes cardiaques) durant l’hospitalisation [17] . Une
Patient diabétique
méta-analyse récente a montré que l’approche invasive précoce
Insuffisance rénale (DFG < 60 ml min–1 1,73 m2 )
permettait de réduire les décès cardiovasculaires et les infarctus à
Dysfonction ventriculaire gauche < 40 %
long terme, cinq ans [18] . Angor précoce post-IDM
Revascularisation récente dans les 6 derniers
Délai de l’approche invasive (Tableau 3) mois (angioplastie ou pontage)
Contre-indication à Absence de récidive symptomatique
Si l’approche invasive est désormais la stratégie privilégiée l’exploration Absence de signe d’insuffisance cardiaque
par le plus grand nombre d’équipes, les délais de réalisation invasive de première Absence d’anomalie ECG : premier tracé et
de la coronarographie et de la revascularisation demeurent intention suivant à 6–12 h d’intervalle
beaucoup plus débattus. Ainsi, il n’est pas certain qu’un trai- Absence d’élévation de la troponine sur les
tement pharmacologique puissant, incluant une antiagrégation dosages à 6–12 h d’intervalle
plaquettaire intense, suivi d’une procédure retardée, soit supé- Femmes et sujets > 75 ans à bas risque
rieur à une approche invasive précoce associée à un traitement
GRACE : Global Registry of Acute Coronary Events ; ECG : électrocardiogramme ;
médicamenteux adapté [19] . Cependant, l’approche invasive pré- TV : tachycardie ventriculaire ; FV : fibrillation ventriculaire ; DFG : débit de fil-
coce permet non seulement une diminution de la durée tration glomérulaire ; IDM : infarctus du myocarde.
d’hospitalisation, mais surtout une réduction des événements
morbides, tant ischémiques qu’hémorragiques. Avec un score
de risque GRACE supérieur à 140, la coronarographie devrait Tableau 4.
ainsi être réalisée dans les 24 heures suivant l’admission [20] . Balance risques ischémique/hémorragique.
Si la douleur est persistante et/ou s’il existe un sous-décalage
significatif du segment ST dans les dérivations antérieures (ce Risque ischémique Risque hémorragique
d’autant qu’il s’y associe une élévation des marqueurs de myo- Modifications du segment ST Sexe féminin
nécrose), alors la coronarographie doit être réalisée en urgence, Élévation troponine Âge > 75 ans
de même que chez les patients à haut risque thrombotique
Diabète Antécédent hémorragique
(Fig. 3). Pour les autres patients à plus bas risque, l’exploration
coronarographique doit être réalisée durant la même hospi- Score GRACE > 140 Insuffisance rénale (DFG < 30 ml min–1 )
talisation, au mieux dans les 72 heures suivant le début des Abord fémoral
symptômes. Traitement par anticoagulation orale
HTA
Choix de la revascularisation GRACE : Global Registry of Acute Coronary Events ; DFG : débit de filtration
glomérulaire ; HTA : hypertension artérielle.
Le plus souvent, l’aspect angiographique combiné aux ano-
malies ECG, et éventuellement aux troubles de la cinétique
segmentaire, permet de déterminer la lésion coupable. En cas de
Tableau 5.
doute, sur des lésions stables, une mesure du gradient de pression
Traitement antiagrégants plaquettaires (d’après [27] ).
par fractional flow reserve (FFR) permet de mieux classer les lésions
angiographiquement intermédiaires [21] . En cas de lésions tritron- Dose de charge Dose d’entretien
culaires, chez un patient stabilisé, le choix de la revascularisation
Aspirine 150–300 mg 75–100 mg j–1
par angioplastie ou chirurgie ne diffère pas de la stratégie utilisée
au cours de l’angor stable et dépend de la sévérité et de l’extension Clopidogrel 600 mg 75 mg j–1
des lésions. Prasugrel 60 mg 10 mg j–1
Si poids < 60 kg : 5 mg j–1
Ticagrelor 180 mg 90 mg × 2/j
Traitement médicamenteux
Le choix du traitement adjuvant doit être réalisé après
mise en balance des risques ischémiques et hémorragiques
250 à 500 mg) suivie d’une dose d’entretien de 75 à 100 mg. Le
(Tableau 4).
second antiagrégant plaquettaire est choisi parmi le clopidogrel,
le prasugrel et le ticagrelor :
Antiagrégants plaquettaires (Tableau 5) • s’il est choisi, le clopidogrel est administré per os, avec une
Le traitement antiagrégant comporte au minimum une double dose de charge de 600 mg puis une dose d’entretien à 75 mg j–1 .
antiagrégation plaquettaire, comportant de l’aspirine avec une Cette dose quotidienne peut être doublée durant 1 à 2 semaines
dose de charge (soit orale de 150 à 300 mg, soit intraveineuse de (150 mg j–1 ) afin de réduire les événements ischémiques sans

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contrepartie significative sur le taux d’événements hémorra- sion doit être réalisée le plus précocement possible. En effet, la
giques [22] . Son indication est réservée au cas où prasugrel et réduction des délais est cruciale [27] : c’est durant la phase ini-
ticagrelor ne peuvent être administrés ; tiale que le risque d’évolution vers l’arrêt cardiaque est le plus
• dans cette indication, le prasugrel a été comparé au clopido- important et que le bénéfice d’une revascularisation coronaire
grel (avec une dose de charge de 300 mg après visualisation du est le plus important. Au-delà des 12 premières heures, il n’existe
réseau coronaire) dans l’étude TRITON–TIMI 38 [23] . À 15 mois, aucune preuve scientifique du bénéfice d’une reperméabilisation
le critère principal, combinant décès, infarctus et accident vas- de l’artère. Véritable course contre la montre, la mise en œuvre
culaire cérébral, était moins fréquemment retrouvé chez les des thérapeutiques de reperfusion implique une coordination pré-
patients traités par prasugrel (5,6 % versus 6,9 %, p = 0,003). établie et parfaite des différents acteurs médicaux, urgentistes,
Toutefois, les taux de saignements étaient significativement cardiologues des soins intensifs de cardiologie et cardiologues
augmentés dans certains sous-groupes (âge > 75 ans, poids infé- interventionnels, voire réanimateurs le cas échéant.
rieur à 60 kg, antécédent d’accident vasculaire cérébral). Chez
les patients diabétiques, l’avantage du prasugrel était encore
plus patent, sans majoration du risque hémorragique [24] . Sui- Angioplastie primaire
vant le dessin de l’étude TRITON, le prasugrel ne peut être utilisé On appelle angioplastie primaire toute angioplastie réalisée
dans les SCA ST– qu’après avoir visualisé le statut coronaire ; pour un SCA ST+ sans fibrinolyse préalable ou concomitante.
• dans l’étude PLATO [25] , le ticagrelor est supérieur au clopido- Cette méthode de reperfusion mécanique, initiée il y a plus
grel en termes de réduction des événements ischémiques (décès de 25 ans, était initialement réservée aux situations où la fibri-
cardiovasculaires, infarctus et accidents vasculaires cérébraux) nolyse était contre-indiquée ou en cas d’échec de fibrinolyse.
ainsi qu’une réduction significative de la mortalité à 12 mois. Depuis, l’angioplastie primaire a beaucoup évolué et est deve-
Ainsi, le critère primaire survenait dans 9,8 % des SCA sous tica- nue la technique de reperfusion coronaire de premier choix,
grelor contre 11,7 % sous clopidogrel (p = 0,0003), et la mortalité associant sécurité et efficacité [27] . Deux études publiées conjoin-
passait de 4,5 % versus 5,9 % (p < 0,001), sans majoration du tement en 1993 ont bouleversé la prise en charge des SCA ST+ en
risque hémorragique (11,6 % versus 11,2 %). Les taux de saigne- phase aiguë en montrant la supériorité de l’angioplastie primaire
ments liés aux pontages étaient significativement réduits sous sur la fibrinolyse hospitalière [28–30] . Par la suite, de nombreuses
ticagrelor, en raison de la demi-vie courte (12 h) de la molécule ; études contrôlées et randomisées, ainsi que des méta-analyses [30]
• concernant l’utilisation des anti-GPIIb/IIIa dans cette indica- comparant angioplastie primaire et fibrinolyse hospitalière chez
tion, les résultats des études randomisées récentes montrent des patients présentant des symptômes évoluant depuis 6 à
l’absence de bénéfice d’une utilisation précoce, en amont 12 heures, pris en charge dans des centres expérimentés, ont
de la coronarographie. En revanche, en cas de haut risque été réalisées. Par comparaison avec la fibrinolyse, l’angioplastie
ischémique, notamment d’élévation de la troponine [26] , un primaire est associée à une reperfusion plus efficace, une dimi-
anti-GPIIb/IIIa peut être utilisé en salle de cathétérisme. nution du risque de réocclusion, une meilleure préservation de
la FEVG résiduelle, et un meilleur pronostic. L’angioplastie pri-
Antithrombotiques maire des SCA ST+ avec douleur de moins de 12 heures bénéficie
La stratification du risque permet de déterminer le choix de la désormais d’une recommandation de grade IA [27, 31–34] . Elle est effi-
molécule et la posologie. Le plus souvent, la règle est de conser- cace dans plus de 90 % des cas, même si elle nécessite des délais
ver la molécule, choisie pour la coronarographie, et d’interrompre supplémentaires. Elle requiert des centres disponibles 24 h/24 et
le traitement anticoagulant au décours de l’angioplastie (sauf cas ne peut se concevoir que dans des centres hautement spécia-
spécifique, en particulier complication thrombotique). lisés. Ses avantages sont multiples : bilan immédiat des lésions
coronaires, réouverture complète de l’artère, risques hémorra-
Autres traitements giques cérébraux minimes. Afin d’améliorer sa sécurité et son
efficacité, les recommandations de l’ACC/AHA [35] et de l’ESC [27]
Concernant les autres médicaments, le traitement doit être
insistent sur l’expérience non seulement de l’opérateur en termes
adapté en fonction de l’évolution des symptômes (disparition,
d’angioplastie primaire (plus de 75 angioplasties par an dont plus
persistance, récidive) et de la tolérance hémodynamique [3] . Une
de onze pour SCA ST+), mais également concernant le centre
oxygénothérapie nasale est adaptée en cas de désaturation signifi-
d’accueil (qui doit réaliser plus de 400 procédures annuelles et plus
cative avec saturation pulsée de l’hémoglobine en oxygène (SpO2 )
de 36 angioplasties primaires) [36] . Actuellement, en Europe, la fré-
inférieure à 90 %, et des nitrés peuvent être administrés en sub-
quence du recours à l’angioplastie primaire en phase aiguë varie de
lingual ou intraveineuse en fonction de la pression artérielle et
5 à 85 %, reflétant une très grande diversité des capacités d’accueil
des signes de surcharge. Un traitement antalgique (morphine
et de leurs répartitions géographiques [37] .
par titration sous-cutanée ou intraveineuse) est nécessaire en cas
de persistance de la douleur, en se souvenant que ce tableau
correspond le plus souvent à un très haut risque ischémique. Fibrinolyse
Le traitement bêtabloquant est administré précocement en cas
d’hypertension artérielle (HTA) ou de tachycardie, en l’absence de La fibrinolyse hospitalière a été largement validée par des études
signe de surcharge. Il est débuté au décours de la revascularisation randomisées à large échelle. Elle a constitué pendant plus de
de manière systématique, sauf contre-indication. 20 ans le traitement de référence dans la prise en charge à la phase
aiguë des SCA ST+, permettant une amélioration de la fonction
ventriculaire gauche et de la survie [38–41] . Malgré des contre-
 Prise en charge des patients indications fréquentes, une efficacité limitée sur la reperfusion
et un risque majoré de complications hémorragiques cérébrales
présentant un syndrome de 0,9–1 % [42, 43] , la fibrinolyse, en particulier préhospitalière,
coronaire aigu ST+ dans demeure aujourd’hui encore une alternative à la revascularisation
« mécanique ». Le taux d’échec de reperfusion par la fibrinolyse
les 48 premières heures est de l’ordre de 30 à 40 %. Elle est d’autant plus efficace qu’elle
est administrée précocement, idéalement dans les deux premières
Les patients présentant un SCA ST+ constituent un groupe heures après le début des manifestations et que le patient est à
homogène dans lequel le diagnostic est relativement aisé. Le haut risque [44] (mais pas en choc cardiogénique). Son intérêt est
problème est la rapidité de réouverture de l’artère occluse et le réel lorsque les délais liés à la réalisation de l’angioplastie pri-
choix de la technique la plus adaptée, à savoir une réouverture maire excèdent 120 minutes. Ce délai doit bien sûr être adapté
« médicamenteuse » (fibrinolyse) ou « mécanique » (angioplastie en fonction de l’âge, de la durée d’évolution des symptômes et du
primaire). Dans le cas de SCA ST+ (ou en cas de bloc de branche territoire infarci [32, 33] .
gauche non préalablement connu), si le diagnostic est effectué Actuellement, alors que les trois fibrinolytiques fibrine-
dans les 12 heures après le début des symptômes, la reperfu- spécifiques (ténectéplase, altéplase, retéplase) ont le même niveau

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Prise en charge des syndromes coronaires aigus dans les 48 premières heures  36-725-F-10

Figure 4. Arbre décisionnel. Organisation de


Diagnostic SCA ST+ la prise en charge des syndromes coronaires
aigus ST+ préhospitalière et hospitalière ; choix
de la reperfusion pour des symptômes de moins
de 12 heures d’évolution (d’après [27] ). pPCI :
Centre avec SMUR ou centre angioplastie coronaire primaire ; PCI : angioplas-
angioplastie primaire sans angioplastie primaire tie coronaire ; Smur : Service mobile d’urgence et
réanimation. Tous les délais se rapportent au pre-
mier contact médical.
De préférence pPCI possible < 120 min ?
< 60 min
Transfert immédiat dans un centre
avec angioplastie
pPCI Oui Non
De préférence < 90 min, ≤ 60 min
si presentation précoce
PCI de sauvetage De préférence
≤ 30 min
Immédiate
Non
Succès Fibrinolyse
fibrinolyse ? immediate
Transfert immédiat dans un
Oui
centre avec angioplastie
De préférence
3-24 h
Coronarographie

de recommandation IB [27] , la simplicité d’utilisation et l’efficacité dans un centre sans angioplastie primaire doivent bénéficier d’une
de la TNK-tPA (ténectéplase) (en injection intraveineuse unique fibrinolyse immédiate (en dehors des contre-indications) (IA) puis
adaptée au poids du patient, sans dépasser 50 mg) semblent privi- être transférés dans un centre pouvant réaliser une coronaro-
légier son utilisation. De plus, les taux de mortalité à 30 jours sont graphie (IA) (avec possibilité d’angioplastie de sauvetage le cas
équivalents à ceux de l’accelerated tPA mais s’accompagnent d’une échéant) dans un délai de 3 à 24 heures en cas de fibrinolyse
réduction significative des taux de saignements extracrâniens et efficace (IIaA) [27, 34, 46] .
des saignements nécessitant une transfusion sanguine [42] .
L’étude CAPTIM [45] a montré qu’une pleine dose de fibrinoly-
tique administrée en préhospitalier ou dans un service d’accueil Angioplastie de sauvetage
des urgences sans service de cardiologie interventionnelle sur le
site permettait d’obtenir des résultats à 30 jours et à cinq ans En cas d’échec de la fibrinolyse (persistance de la douleur tho-
comparables à ceux obtenus par angioplastie primaire. Dans tous racique ou du sus-décalage du segment ST à plus de 50 % à
les cas, en cas d’impossibilité de réaliser une angioplastie pri- 60 minutes), une angioplastie de sauvetage doit être systémati-
maire dans les 120 minutes, et en dehors des contre-indications, quement envisagée (IA ESC) [27, 47] . Au-delà de la 12e heure après
la fibrinolyse doit être initiée dans les 30 minutes suivant le pre- le début des symptômes, même si la douleur a cédé et si l’état
mier contact médical [27] . De plus, tous les patients fibrinolysés hémodynamique est stable, le patient bénéficie malgré tout d’une
doivent être adressés dans un service ayant la capacité de réaliser exploration diagnostique par coronarographie, éventuellement
une angioplastie 24 h/24 et 7 j/7 (recommandation IA). En cas de suivie d’angioplastie de l’artère coupable [48, 49] , recommandation
succès de la fibrinolyse, la coronarographie doit être réalisée dans IIb [27] . Pour les patients se présentant au-delà des 24 heures, sans
les 3 à 24 heures (IIaA). douleur thoracique persistante ni ischémie induite lors des tests
non invasifs, la revascularisation n’a pas montré son efficacité,
même en cas de persistance d’une occlusion coronaire (recom-
Choix entre fibrinolyse et angioplastie mandation IIIA28). L’angioplastie se discute pour les patients avec
primaire angor récidivant et/ou ischémie silencieuse significative avec mise
en évidence d’une viabilité dans un territoire myocardique impor-
Le choix de la technique de reperfusion s’établit en fonction tant [50, 51] .
des délais estimés de transfert vers un centre de cardiologie inter-
ventionnelle à partir de l’apparition de la douleur thoracique et
du premier contact médical (Fig. 4). La technique de reperfusion Pontages aortocoronaires
à privilégier est l’angioplastie primaire [27] . Tous les efforts doivent
donc être mis en œuvre afin de réduire les délais de diagnos- En cas d’échec de l’angioplastie ou lorsqu’il existe des lésions
tic et de transfert, en particulier lors des présentations précoces, rendant l’angioplastie impossible, la revascularisation chirurgi-
dans les deux premières heures suivant le début des symptômes. cale en urgence est possible mais ne peut s’envisager que lorsqu’un
En cas de prise en charge dans un environnement sans possibi- territoire extrêmement important est en cause, et si la chirurgie
lité d’angioplastie, le transfert doit être immédiat vers un centre peut être réalisée dans les 3 à 4 heures.
pouvant la réaliser (IC). Dans cette situation, la fibrinolyse préa- Lorsque des lésions tritronculaires sont découvertes lors de
lable n’est pas recommandée si le délai jusqu’à inflation du ballon l’angioplastie primaire, la revascularisation des lésions non cou-
d’angioplastie est estimé inférieur à deux heures à partir du pre- pables peut être réalisée à distance par angioplastie ou par
mier contact médical. Ce délai doit être optimisé au mieux pour pontages aortocoronaires, au mieux 3 à 7 jours au décours du
être inférieur à 120 minutes (ou moins de 90 minutes chez les SCA [52] , en l’absence de récidive douloureuse ou de détériora-
patients de moins de 75 ans ou avec un SCA ST+ antérieur étendu tion hémodynamique. L’âge avancé, la dysfonction ventriculaire
ou avec des symptômes évoluant depuis moins de trois heures) ; gauche et les comorbidités sont des paramètres associés à un
en cas d’impossibilité de respecter ces délais, les patients admis moins bon pronostic chirurgical.

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36-725-F-10  Prise en charge des syndromes coronaires aigus dans les 48 premières heures

Traitements pharmacologiques précocement. L’utilisation des anti-GPIIb/IIIa en routine dans


l’angioplastie primaire est autorisée en cas de volumineux throm-
Dans tous les cas de figure, le patient doit être admis dans un bus ou en cas de complications de l’angioplastie (dégradation du
centre de cardiologie interventionnelle. flux coronaire, no reflow par exemple).

Antiagrégants plaquettaires (Tableau 5)


Antithrombotiques
Au cours de tous les SCA, une double antiagrégation plaquet-
taire est impérative et doit être administrée en urgence. Cette SCA ST+ revascularisables par angioplastie primaire
double antiagrégation comporte systématiquement une adminis- Lorsqu’une revascularisation percutanée est réalisable, les trai-
tration précoce d’aspirine, qui est réalisée de préférence per os tements indiqués dans le SCA ST+ incluent la bivalirudine
150–300 mg ou à l’aide d’un bolus intraveineux de 80 à 150 mg, (0,75 mg kg–1 en bolus intraveineux suivi d’une administration
suivie d’une dose quotidienne d’entretien de 75 à 100 mg (recom- continue à la dose de 1,75 mg kg−1 h−1 ) (recommandation IB),
mandation ESC : grade IB). Le choix du second antiagrégant est puis l’énoxaparine (0,5 mg kg–1 en intraveineuse suivie du traite-
plus ouvert, et se fait entre clopidogrel, prasugrel et ticagrelor : ment sous-cutané) (IIB) et enfin l’héparine non fractionnée (HNF)
• le clopidogrel est la plus ancienne des molécules utilisables, à la quand ni la bivaluridine ni l’énoxaparine ne peuvent être utilisées
dose de charge de 600 mg per os suivie d’une dose quotidienne (IC) à la dose de 50–60 UI kg–1 en bolus intraveineux, si elle est
de 75 mg. Cette dose quotidienne peut être doublée (150 mg j–1 ) associée à un anti-GPIIb/IIIa, ou à la dose de 70–100 UI kg–1 sans
durant 1 à 2 semaines après l’implantation d’une endoprothèse anti-GPIIb/IIIa. Dans les deux cas, le traitement antithrombotique
coronaire (recommandation IC), permettant ainsi une réduc- peut être interrompu au décours de l’angioplastie, sauf excep-
tion des événements cardiovasculaires majeurs sans majoration tion (thrombus intraventriculaire gauche, arythmie complète par
du risque hémorragique [22] . Les dernières recommandations [27] fibrillation auriculaire [ACFA], alitement prolongé). Chez les
l’ont placé en seconde intention, si le prasugrel ou le ticagrelor patients atteints de SCA ST+ à plus haut risque hémorragique,
n’étaient pas disponibles ou contre-indiqués ; la bivalirudine a montré de meilleurs résultats par comparaison
• le prasugrel est utilisable à la dose de 10 mg j–1 , précédée d’une avec l’association HNF + anti-GPIIb/IIIa dans l’étude HORIZON
dose de charge de 60 mg per os. Cette molécule appartient AMI [58] , notamment à long terme. À 1 an, la bivalirudine, com-
à la classe des thiénopyridines, antagonistes des récepteurs à parée à l’HNF associée à un anti-GPIIb/IIIa, réduit les événements
l’adénosine diphosphate (ADP) P2Y12. Il a montré une effi- ischémiques de 18,3 % à 15,7 %, (p < 0,0001), ainsi que les saigne-
cacité supérieure en termes de délai et de puissance d’action ments de 9,2 % à 5,8 % (p < 0,0001). L’étude OASIS-6, comparant
comparé au clopidogrel, avec notamment moins de non- le fondaparinux à l’HNF, a abouti à la contre-indication de cette
répondeurs [53, 54] . Ainsi, dans l’étude TRITON–TIMI 38 [23, 55] , molécule en cas d’angioplastie primaire (IIIB) [59] .
le prasugrel a montré une réduction significative des évé-
SCA ST+ non revascularisables en phase aiguë
nements ischémiques, des récidives d’infarctus (6,8 % versus
9,0 %, p = 0,02) et des thromboses de stent (1,6 % versus En cas de traitement médical exclusif, sans possibilité de
2,8 %, p = 0,02), sans majoration significative des complications revascularisation (en raison des lésions coronaires ou des comor-
hémorragiques [55] . Les bénéfices du prasugrel semblent encore bidités associées), un double traitement antiagrégant est institué,
plus manifestes chez le patient diabétique. Les contre- associant aspirine (dose de charge orale ou intraveineuse) et clo-
indications sont l’antécédent d’accident vasculaire cérébral, pidogrel (dose de charge et entretien à 75 mg j–1 ) et est associé
l’âge supérieur à 75 ans et le poids inférieur à 60 kg ; à un traitement par antithrombotiques privilégiant dans cette
• le ticagrelor (dose de charge de 180 mg suivie per os d’une indication le fondaparinux (avec un bolus intraveineux suivi
dose d’entretien de 90 mg deux fois/j) est le premier antago- pendant 24 h par une administration sous-cutanée). En cas de
niste réversible des récepteurs P2Y12 à l’ADP. Il appartient à non-disponibilité du fondaparinux, une HNF (dose adaptée au
la famille des cyclopentyl-triazolo-pyrimidines, mais n’est pas poids du patient avec un contrôle du temps de céphaline activé
une prodrogue, ce qui explique son efficacité rapide. Sa demi-vie [TCA] trois heures après le début), ou de l’énoxaparine (premier
est courte, nécessitant une prises biquotidienne. Dans l’étude bolus intraveineux suivi 15 minutes plus tard d’une première
PLATO, dans le sous-groupe prédéfini SCA ST+, le ticagrelor a administration sous-cutanée ; la dose est réduite si l’âge du patient
montré une nette réduction des événements ischémiques mais est supérieur à 75 ans) peuvent être administrées.
également une diminution significative de la mortalité, sans
majoration du risque hémorragique [25] . Autres traitements
Le meilleur niveau des recommandations (grade IB) concernant
les antiagrégants de dernière génération (prasugrel et ticagrelor) La prise en charge doit comporter bien sûr une sédation de la
s’appuie sur leur supériorité qui a été montrée dans des études douleur avec des morphiniques en titration intraveineuse éven-
randomisées en comparaison au clopidogrel (grade IC). En cas de tuellement associés à des anxiolytiques.
fibrinolyse, seul le clopidogrel peut être employé. En effet, pra- Les bêtabloquants sont administrés de préférence per os, la
sugrel comme ticagrelor n’ont été évalués que dans des études voie intraveineuse n’ayant pas démontré de supériorité, pouvant
traitant les SCA par angioplastie. même être délétère comme dans l’étude COMMIT [60] (recomman-
dation IIaB). Il est préférable d’attendre la stabilisation de l’état
Place des anti-GPIIb/IIIa (abciximab, tirofiban, hémodynamique avant de débuter le traitement bêtabloquant,
Toutefois, l’intérêt de ces traitements n’a jamais été évalué chez les
eptifibatide) patients à bas risque revascularisés précocement par angioplastie
Concernant les antagonistes des GPIIb/IIIa, la plupart des primaire.
études randomisées réalisées dans le SCA ST+ ont évalué Le bénéfice des statines en prévention secondaire a été très lar-
l’abciximab à la dose de 0,25 mg kg–1 en bolus intraveineux suivi gement démontré [61] , avec une administration précoce et à fortes
d’une administration intraveineuse continue à la seringue élec- doses (rosuvastatine 20 mg ou atorvastatine 80 mg, par exemple).
trique de 0,125 ␮g kg–1 min–1 . Les résultats ne sont cependant pas Les objectifs sont un low density lipoprotein [LDL]-cholestérol infé-
univoques. Une étude randomisée n’avait pas montré de béné- rieur à 1,8 mmol l–1 (< 0,70 g l–1 ).
fice à leur utilisation en préhospitalier avant l’angioplastie [56] ; Un inhibiteur de l’enzyme de conversion doit être prescrit aux
cependant, les délais de prise en charge étaient longs. Les autres patients ayant une altération de la fraction d’éjection (< 40 %)
études, registres et méta-analyses retrouvent des résultats plu- ainsi qu’à ceux ayant présenté un épisode d’insuffisance car-
tôt positifs, encourageant leur utilisation très précoce [57] . Les diaque à la phase aiguë. En cas d’intolérance, un antagoniste des
recommandations récentes [27] considèrent que l’utilisation d’un récepteurs à l’angiotensine est alors proposé. Toutefois, la prescrip-
anti-GPIIb/IIIa est possible en préhospitalier en cas de situation tion de ces molécules ne saurait être systématique et impérative
à haut risque ischémique, avant angioplastie primaire (IIbB) : au long cours chez les patients non-diabétiques, normoten-
l’étude OnTIME 2 [27] a montré une amélioration du pronos- dus sans insuffisance cardiaque ou dysfonction ventriculaire
tic significative pour des patient à haut risque pris en charge gauche.

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Prise en charge des syndromes coronaires aigus dans les 48 premières heures  36-725-F-10

 Complications prise en charge optimale, au mieux avant l’installation du choc


cardiogénique. Il est essentiel de dépister, et donc de savoir recher-
Tous les SCA sont associés au risque de survenue d’une compli- cher, les signes avant-coureurs du choc cardiogénique dans le
cation. contexte d’un SCA ST+ : tachycardie même à pression systolique
conservée (due à la stimulation adrénergique en réponse à la baisse
du débit cardiaque), élévation de la pression télédiastolique du
Troubles du rythme ventriculaire ventricule gauche, dysfonction ventriculaire gauche sévère, agi-
tation ou obnubilation (premier symptôme de baisse du débit
À la phase aiguë d’un SCA, en particulier ST+, des troubles cérébral).
du rythme ventriculaire peuvent survenir (tachycardie ventri-
culaire [TV], fibrillation ventriculaire [FV]). Ils témoignent en Étiologie
général de la mauvaise tolérance myocardique à l’ischémie.
Parmi les causes de choc cardiogénique au cours des SCA ST+,
Une TV est réduite d’emblée par choc électrique externe si elle
on retrouve :
s’accompagne d’une instabilité hémodynamique. Un traitement
• des antécédents d’infarctus et/ou la nécrose récente intervenant
médicamenteux peut être entrepris dans les autres cas : bêtablo-
sur une réserve myocardique diminuée (40 %) ;
quants intraveineux de courte durée d’action, amiodarone 300 mg
• des nécroses étendues au ventricule droit (20 %) ;
en intraveineuse lente sur 30 minutes, relayée éventuellement per
• des nécroses étendues touchant plus de 40 % du ventricule
os si persistance de l’hyperexcitabilité ventriculaire. Une FV est
gauche (25 %) ;
choquée d’emblée, car elle s’associe invariablement à une ineffi-
• des nécroses limitées au ventricule droit (2,8 %) ;
cacité circulatoire.
• des complications mécaniques : principalement insuffisance
mitrale aiguë (6,9 %) ; communication interventriculaire
Bradycardie (3,9 %) et rupture myocardique avec tamponnade (1,4 %) [65] .
Les facteurs prédictifs de survenue d’un choc cardiogénique
Une bradycardie sinusale, souvent expliquée par une réponse sont l’âge avancé, une fréquence cardiaque à l’admission de plus
vagale à la douleur, peut être mal tolérée et nécessite une injection de 75 battements min–1 , un diabète, des antécédents d’infarctus
intraveineuse d’atropine. Les troubles conductifs (bloc sinoauricu- du myocarde, de pontages aortocoronaires, la classe Killip à
laire ou auriculoventriculaire) peuvent être le témoin soit d’une l’admission, et la localisation antérieure de la nécrose [66] .
atteinte proximale de la coronaire droite, en amont de l’artère Alors que la présence d’un choc à l’admission est un fac-
du nœud sinusal, soit d’une nécrose antérieure très étendue. En teur pronostique indépendant majorant lourdement la mortalité
cas de mauvaise tolérance hémodynamique et de non-réponse à hospitalière [67] , le seul paramètre contrecarrant cette évolution
l’atropine, une sonde d’entraînement électrosystolique est alors péjorative est la revascularisation en urgence. La reperméabilisa-
mise en place. Le plus souvent, la reperméabilisation de l’artère tion par angioplastie coronaire de l’artère coupable permet une
coupable permet la disparition des troubles conductifs. réduction significative de la survenue tant de choc à l’admission
(60 versus 82 %, p < 0,001) que de chocs retardés (46 versus 62 %,
p < 0,001) [67] .
Complications mécaniques
Une échocardiographie est recommandée lors de la prise en Traitements (Fig. 5)
charge, a fortiori lors de l’apparition de signe d’insuffisance car- Revascularisation coronaire
diaque et/ou d’instabilité hémodynamique. Cet examen peut La pierre angulaire du traitement des SCA ST+ compliqués de
notamment préciser la fonction ventriculaire gauche et dépis- choc cardiogénique est la revascularisation en urgence, comme
ter d’éventuelles complications mécaniques pouvant menacer l’a montré l’étude SHOCK [68] . Alors qu’à 30 jours la mortalité
le pronostic vital et nécessitant une prise en charge chirurgi- ne diffère pas significativement dans le groupe revascularisation
cale en urgence (insuffisance mitrale aiguë sur rupture de pilier, précoce par rapport au groupe contrôle (46,7 versus 56 %), la
rupture de paroi soit libre, soit interventriculaire, tamponnade). revascularisation précoce diminue la mortalité à 6 mois (50,3
En cas de tamponnade responsable d’une déstabilisation hémo- versus 63,1 %, p = 0,027). La technique de reperfusion de réfé-
dynamique, un drainage péricardique doit immédiatement être rence est l’angioplastie primaire (IB). Bien que son administration
réalisé au lit du patient avant un éventuel transfert en milieu permette de réduire l’incidence des chocs cardiogéniques dans
chirurgical. En cas de communication interventriculaire, un bal- l’infarctus [57] , la fibrinolyse est inefficace dans le choc consti-
lon de contre-pulsion intra-aortique (CPBIA) [62] est mis en place, tué. Plusieurs explications physiopathologiques ont été proposées
et un traitement chirurgical en urgence doit être envisagé en pour expliquer l’inefficacité de la fibrinolyse chez le patient en
l’absence de stabilisation hémodynamique. Sans une prise en choc cardiogénique : moindre pénétration dans le thrombus du
charge en extrême urgence [52] , la mortalité de ces complications fait d’une baisse de pression artérielle moyenne et du collap-
est de 100 %. Lors du traitement chirurgical de la compli- sus passif de l’artère, ou encore acidose, observée pendant l’état
cation mécanique, une revascularisation complète est réalisée de choc, qui inhiberait la conversion du plasminogène en plas-
au besoin. mine. Quoi qu’il en soit, la fibrinolyse n’est pas indiquée au
cours du choc cardiogénique ischémique car son éventuel béné-
fice sur le versant ischémique est largement contrebalancé par les
Choc cardiogénique effets latéraux hémorragiques [39, 69] . Selon les recommandations
Diagnostic de l’ACC/AHA datant de 2004, la fibrinolyse ne doit pas être admi-
nistrée dans l’infarctus compliqué de choc, sauf dans les cas (rares)
Le choc cardiogénique est la principale cause de mortalité des où aucune angioplastie ne peut être réalisée, en particulier pour
SCA ST+ à la phase aiguë, avec un taux de mortalité de plus de des raisons de transport du patient [70] . Lorsqu’une revascularisa-
50 % [63] . Le choc cardiogénique se définit par une hypotension tion par angioplastie est entreprise, elle devrait être réalisée non
artérielle (< 90 mmHg de pression systolique) prolongée ne répon- seulement sur l’artère coupable, mais également sur l’ensemble
dant pas au remplissage vasculaire seul, associée à l’existence de des lésions significatives critiques [71] (IIaB). En cas de lésions non
signes périphériques d’hypoperfusion (oligoanurie, trouble de la revascularisables et/ou de complications mécaniques, le patient
conscience, froideur des extrémités, marbrures) et/ou nécessitant doit être adressé en urgence en chirurgie cardiaque, sous assistance
le recours aux molécules inotropes positives pour maintenir une circulatoire si nécessaire.
pression minimale [64] . Les traitements de reperfusion précoce per-
mettent une prévention efficace des chocs d’installation différée. Ventilation assistée mécanique
La récupération myocardique après revascularisation efficace de Elle est le plus souvent indiquée. L’angioplastie peut ainsi être
l’artère responsable de la nécrose myocardique peut prendre plu- réalisée au mieux après stabilisation respiratoire d’un patient qui
sieurs jours. Un diagnostic précoce est primordial permettant une est alors sédaté et correctement oxygéné. Il faut alors privilégier

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Figure 5. Arbre décisionnel. Traitement du


Traitement médical choc cardiogénique compliquant un syndrome
Support inotrope coronaire aigu (d’après [31] ). CPBIA : ballon de
Ventilation assistée contre-pulsion intra-aortique ; ECMO : extracor-
CPIAB porelle avec membrane d’oxygénation ; LVAD :
Reperfusion assistance ventriculaire gauche ; Bi-VAD : assis-
Revascularisation tance biventriculaire.

Patient Patient
instable Absence de récupération stable
myocardique
ECMO Sevrage

Récupération Récupération
cardiaque cardiaque

Sevrage Évaluation Traitement standard


neurologique,
atteinte multi-
Lésions neurologiques organique Fonctions neurologiques
irréversibles intactes

Sevrage Assistance
chirurgicale LVAD/
BiVAD

Assistance Relais vers la


définitive transplantation

une prise en charge multidisciplinaire avec présence de réanima- effet, les troubles de la compliance en rapport avec la nécrose
teurs dans la salle de coronarographie. L’objectif est d’améliorer limitent considérablement le remplissage du ventricule droit.
l’hématose et de limiter la consommation en oxygène liée aux Toutefois, la revascularisation et ces mesures médicamenteuses
muscles respiratoires, en particulier au diaphragme fortement sont parfois insuffisantes à rétablir un état hémodynamique
sollicité dans ce contexte. Les effets hémodynamiques de la stable.
ventilation mécanique sont bénéfiques pour le travail ventricu-
laire gauche, car l’augmentation de la pression intrathoracique
engendre à la fois une baisse de la précharge par baisse du retour Assistances circulatoires
veineux et du volume sanguin intrathoracique, mais aussi une
L’infarctus du myocarde compliqué de choc cardiogénique
baisse de la postcharge par diminution de la pression transmurale
constitue une excellente indication des assistances circulatoires
ventriculaire.
mécaniques. Aucun retard ne doit être pris avant d’envisager leur
mise en place sous peine de laisser s’installer le choc cardiogénique
Utilisation d’un agent catécholaminergique et son retentissement périphérique vers une défaillance multivis-
Elle est souvent nécessaire afin de corriger l’hypoperfusion tis- cérale. L’indication doit donc être discutée dès l’apparition des
sulaire. La dobutamine reste la catécholamine de référence dans signes précurseurs de choc :
ce contexte [72] . Elle peut être utilisée seule ou en association avec • le recours à la CPBIA est habituellement recommandé en cas de
un vasopresseur (noradrénaline) lorsque les résistances vasculaires signe d’instabilité hémodynamique [73] . Cependant, à l’ère de
systémiques sont basses ou en cas de pression diastolique effon- la diffusion de la revascularisation par angioplastie primaire,
drée. Les inotropes positifs permettent dans un premier temps aucune preuve définitive ne vient conforter cette attitude, et
d’améliorer les paramètres hémodynamiques, mais au prix d’une des données récentes tendraient même à en limiter le rôle [73, 74] .
augmentation des besoins en oxygène du myocarde et d’une Les recommandations de l’ESC de 2012 [27] ont ainsi rétro-
exacerbation du risque rythmique. Les vasopresseurs majorent gradé son utilisation à une indication de classe IIbB. Lorsqu’elle
quant à eux la postcharge et n’engendrent pas systématique- est utilisée, la CPBIA doit être mise en place en début de
ment une réelle amélioration de la perfusion systémique. En procédure, en particulier en cas de complication mécanique
pratique, il est le plus souvent nécessaire d’avoir recours tempo- associée. Le bénéfice de ce type d’assistance doit cependant
rairement aux catécholamines pour préserver le pronostic vital être mis en balance avec les risques du dispositif, en particulier
immédiat en assurant une perfusion coronaire et cérébrale mini- en termes de complications vasculaires et hémorragiques. Ces
male. Cependant, l’emploi prolongé de ces molécules se traduit complications sont plus fréquentes chez les patients de petite
par une majoration de la dette en oxygène du myocarde et conduit taille, les femmes, les patients avec artériopathie des membres
inéluctablement à une aggravation de la défaillance cardiaque. inférieurs et les patients diabétiques. En l’absence de revascu-
larisation coronaire, la CPBIA ne peut à elle seule améliorer
Noradrénaline le pronostic de survie de ces patients chez qui les signes de
Elle est utilisable d’emblée en cas d’infarctus du ventricule droit. choc réapparaissent malgré le maintien de l’assistance circula-
Dans ce dernier cas, l’état hémodynamique est le plus souvent toire [75–77] . Lorsqu’une CPBIA a été mise en place, elle doit être
immédiatement modifié dès la réouverture de l’artère : ascension maintenue au minimum 24 heures même si l’on observe une
de la pression artérielle, disparition des troubles conductifs en cas amélioration rapide de l’hémodynamique. En effet, malgré une
d’occlusion en amont de la marginale du bord droit, améliora- reperfusion rapide, la récupération d’une fonction systolique
tion de la perfusion tissulaire périphérique. Le maintien d’une satisfaisante nécessite toujours plusieurs heures et un arrêt trop
précharge élevée par une expansion volémique prudente est impé- précoce de l’assistance circulatoire exposerait à une nouvelle
ratif afin d’éviter le désamorçage de la pompe cardiaque. En détérioration de l’hémodynamique ;

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Prise en charge des syndromes coronaires aigus dans les 48 premières heures  36-725-F-10

• une circulation extracorporelle avec membrane d’oxygénation du terrain et du retentissement clinique. Enfin, la prise en charge
(ECMO) peut être envisagée pour une assistance temporaire des complications précoces des SCA ne peut s’envisager sans une
chez les patients dont on espère une récupération myocar- surveillance rapprochée, permettant un diagnostic précoce et sur-
dique après revascularisation [45] . En cas de non-récupération, tout une étroite collaboration multidisciplinaire afin d’optimiser
une assistance plus pérenne, cette fois chirurgicale, doit être un pronostic spontanément sombre.
envisagée, qu’elle soit ventriculaire gauche ou biventriculaire,
après une évaluation neurologique. Chez le patient jeune, cette
assistance peut être proposée en attente d’une transplantation
myocardique [58] ;
 Références
• des systèmes d’assistance ventriculaire gauche implantables [1] Murray CJ, Lopez AD. Alternative projections of mortality and disa-
par voie percutanée sont également en cours de développe- bility by cause 1990–2020: Global Burden of Disease Study. Lancet
ment. Il s’agit entre autres de la pompe centrifuge externe 1997;349:1498–504.
TandemHeartTM [73] , qui n’a pas montré de supériorité en termes [2] Poldermans D, Bax JJ, Boersma E. Guidelines for pre-operative cardiac
de mortalité, malgré une amélioration des critères hémo- risk assessment and perioperative cardiac management in non-cardiac
dynamiques précoces, par comparaison à la CPBIA, et qui surgery. Eur Heart J 2009;30:2769–812.
s’associe à des complications vasculaires et hémorragiques plus [3] Thygesen K, Alpert JS, Jaffe AS. Third universal definition of myo-
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Impella 2,5TM [78] a montré, dans un essai randomisé de faible [4] Steg PG, Goldberg RJ, Gore JM. Baseline characteristics, management
effectif (26 patients inclus), un bénéfice sur des critères hémody- practices, and in-hospital outcomes of patients hospitalized with acute
namiques précoces comparé à la CPBIA, sans toutefois modifier coronary syndromes in the Global Registry of Acute Coronary Events
la mortalité à 30 jours. Des essais cliniques supplémentaires (GRACE). Am J Cardiol 2002;90:358–63.
de plus grande ampleur sont nécessaires pour préciser la place [5] Karjalainen PP, Porela P, Ylitalo A. Safety and efficacy of combi-
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[7] Hamm CW, Goldmann BU, Heeschen C, Kreymann G, Berger J, Mei-
La mise en place de stratégies impliquant les différents acteurs de
nertz T. Emergency room triage of patients with acute chest pain by
l’urgence est nécessaire. La prise en charge des SCA ST+ dépend
means of rapid testing for cardiac troponin T or troponin I. N Engl J
essentiellement de la rapidité de mise en jeu du réseau de soins Med 1997;337:1648–53.
afin d’obtenir la reperfusion myocardique dans les délais les plus [8] Antman EM, Tanasijevic MJ, Thompson B. Cardiac-specific troponin
brefs pour préserver la fonction myocardique et améliorer le pro- I levels to predict the risk of mortality in patients with acute coronary
nostic. Le traitement des SCA ST– est basé sur la stratification du syndromes. N Engl J Med 1996;335:1342–9.
risque évolutif tenant compte non seulement des modifications [9] Giannitsis E, Becker M, Kurz K, Hess G, Zdunek D, Katus HA. High-
électriques et de la positivité de la troponine, mais aussi et surtout sensitivity cardiac troponin T for early prediction of evolving non-
ST-segment elevation myocardial infarction in patients with suspected
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[12] Montalescot G, Cayla G, Collet JP. Immediate vs delayed interven-
◦ les SCA avec sus-décalage du segment ST dits « SCA
tion for acute coronary syndromes: a randomized clinical trial. JAMA
ST+ ». 2009;302:947–54.
• Les SCA ST– posent le problème de la stratification du [13] Hamm CW, Bassand JP, Agewall S. ESC Guidelines for the mana-
niveau de risque, qui régit la stratégie de prise en charge. gement of acute coronary syndromes in patients presenting without
Parmi ces patients, ceux qui sont à haut risque de décès persistent ST-segment elevation: the Task Force for the management
et d’événements cardiovasculaires (immédiats et à moyen of acute coronary syndromes (ACS) in patients presenting without per-
terme) nécessitent une approche invasive rapide. Chez sistent ST-segment elevation of the European Society of Cardiology
(ESC). Eur Heart J 2011;32:2999–3054.
les patients à bas risque, une approche d’emblée invasive
[14] Subherwal S, Bach RG, Chen AY. Baseline risk of major bleeding in
majore les coûts et le risque d’iatrogénie, sans modifier de non-ST-segment-elevation myocardial infarction: the CRUSADE (Can
manière significative le pronostic ultérieur. Rapid risk stratification of Unstable angina patients Suppress ADverse
• Les SCA ST+ posent peu de problèmes diagnostiques outcomes with Early implementation of the ACC/AHA Guidelines)
mais requièrent une organisation optimale afin de réduire Bleeding Score. Circulation 2009;119:1873–82.
les délais jusqu’à la réouverture artérielle. L’angioplastie [15] O’Donoghue M, Boden WE, Braunwald E. Early invasive vs conser-
primaire des SCA ST+ avec douleur depuis moins de vative treatment strategies in women and men with unstable angina
and non-ST-segment elevation myocardial infarction: a meta-analysis.
12 heures bénéficie d’une recommandation de grade IA. JAMA 2008;300:71–80.
Elle est efficace dans plus de 90 % des cas mais nécessite [16] O’Donoghue ML, Vaidya A, Afsal R. An invasive or conservative stra-
des délais de transfert comparée à la revascularisation par tegy in patients with diabetes mellitus and non-ST-segment elevation
fibrinolyse. Elle ne peut se concevoir que dans des centres acute coronary syndromes: a collaborative meta-analysis of randomi-
hautement spécialisés, disponibles 24 h/24. zed trials. J Am Coll Cardiol 2012;60:106–11.
• Les SCA ST+ compliqués de choc cardiogénique consti- [17] Mehta SR, Cannon CP, Fox KA. Routine vs selective invasive stra-
tuent une excellente indication de l’assistance circulatoire. tegies in patients with acute coronary syndromes: a collaborative
• La survenue d’un SCA dans le contexte d’anesthésie meta-analysis of randomized trials. JAMA 2005;293:2908–17.
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EMC - Anesthésie-Réanimation 11

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S. Manzo-Silberman (stephane.manzosilberman@lrb.aphp.fr).
Service de cardiologie, Hôpital Lariboisière, 2, rue Ambroise-Paré, 75475 Paris cedex 10, France.
Université Denis Diderot, 5, rue Thomas-Mann, 75013 Paris, France.
O. Varenne.
Service de cardiologie, Hôpital Cochin, 27, rue du Faubourg-Saint-Jacques, 75014 Paris, France.
Université Paris Descartes, 15, rue de l’École-de-Médecine, 75006 Paris, France.
A. Cariou.
Université Paris Descartes, 15, rue de l’École-de-Médecine, 75006 Paris, France.
Service de réanimation médicale, Hôpital Cochin, 27, rue du Faubourg-Saint-Jacques, 75014 Paris, France.

Toute référence à cet article doit porter la mention : Manzo-Silberman S, Varenne O, Cariou A. Prise en charge des syndromes coronaires aigus dans les
48 premières heures. EMC - Anesthésie-Réanimation 2014;11(1):1-13 [Article 36-725-F-10].

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