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Encyclopédie Médico-Chirurgicale 36-725-B-10

Réanimation cardiopulmonaire en milieu


hospitalier
PY Gueugniaud
PY Carry

Résumé. – Les premières recommandations pour la réanimation cardiopulmonaire ont été édictées par
l’American Heart Association en 1974 et ont été actualisées en 1980, 1986, 1992 et 2000. La spécificité de la
réanimation cardiopulmonaire intrahospitalière a été prise en compte par de premières recommandations
seulement en 1997, ce qui explique le retard pris dans la mise en place de la « chaîne de survie
intrahospitalière ».
On doit distinguer l’arrêt cardiaque du patient monitoré, de celui du patient non monitoré. L’arrêt cardiaque
du patient monitoré est celui survenant au bloc opératoire ou en réanimation : il présente des particularités
dans le diagnostic et dans le traitement liées à la présence du monitorage et fréquemment de la ventilation
artificielle. L’arrêt cardiaque du patient non monitoré s’inscrit dans l’algorithme thérapeutique général de
l’arrêt cardiaque extrahospitalier. En revanche, il soulève un véritable problème de politique médicale par le
biais de la mise en application de la chaîne de survie intrahospitalière préconisée dans les recommandations
internationales.
© 2003 Editions Scientifiques et Médicales Elsevier SAS. Tous droits réservés.

Mots-clés : arrêt cardiaque, réanimation cardiopulmonaire intrahospitalière, chaîne de survie, bloc


opératoire.

Introduction Ces recommandations concernent les cas de mort subite ou AC


inopinés survenant dans l’enceinte d’une structure hospitalière. Elles
La prise en charge des arrêts cardiaques (AC) est aujourd’hui bien ne prennent pas en compte les AC survenant dans un
codifiée depuis les premières recommandations internationales de environnement de surveillance spécialisée, comme les blocs
1974, actualisées depuis en 1980, 1986, 1992 et 2000 [3]. La précocité opératoires, les réanimations ou les soins intensifs, c’est-à-dire chez
de la prise en charge des AC, et par là même la rapidité de la des patients déjà monitorés au moment de l’AC. Ces deux catégories
récupération d’une activité circulatoire spontanée, étant apparue d’AC sont différentes, à la fois sur le plan épidémiologique et sur le
comme l’élément essentiel du pronostic des AC, le concept de plan diagnostique et thérapeutique. Il est donc nécessaire, pour la
« chaîne de survie » a été proposé en 1991 [15]. Cette chaîne est clarté de l’exposé, de traiter ces deux cas de figure successivement.
constituée de quatre maillons correspondant aux étapes successives
de la prise en charge dont la mise en place précoce est indispensable
pour espérer un succès thérapeutique : l’alerte précoce permet de Arrêt cardiaque chez un patient
prévenir les services d’urgence, c’est le premier maillon de la chaîne ; monitoré
les gestes élémentaires de survie réalisés par les témoins sur place
sont le deuxième maillon indispensable [31] ; le troisième maillon est Ces AC ont un certain nombre de particularités par rapport aux AC
la défibrillation précoce, seul traitement des fibrillations non monitorés (extra- ou intrahospitaliers) car ils surviennent dans
ventriculaires et des tachycardies ventriculaires inefficaces ; enfin, un environnement particulier en termes de matériels et de
dernier maillon, la réanimation spécialisée permet d’assurer sur personnels. Nous développons les AC survenant au bloc opératoire,
place tous les soins de réanimation complémentaires, ainsi que le à l’exclusion de ceux pouvant survenir en salle de surveillance
transport vers le service compétent pour la prise en charge des suites postinterventionnelle ou après retour dans le service de chirurgie,
de la réanimation cardiopulmonaire (RCP) [48]. car les étiologies sont souvent différentes, de même que les
Il faut, en revanche, attendre 1997 pour que les instances conditions du diagnostic et de la réanimation. Les AC survenant
internationales appliquent leurs recommandations aux AC dans un service de réanimation peuvent être assimilés sur les plans
intrahospitaliers et proposent la mise en place d’une véritable diagnostique et thérapeutique à ceux survenant au bloc opératoire.
« chaîne de survie intrahospitalière » [14, 16]. L’arrêt cardiaque au bloc opératoire (ACBO) est une situation
dramatique que redoute tout anesthésiste-réanimateur, bien que sa
survenue soit exceptionnelle, et son traitement bien codifié.
Le traitement d’un AC est sensiblement toujours identique, mais il
Pierre-Yves Gueugniaud : Professeur. existe un certain nombre de spécificités et de particularités
Pierre-Yves Carry : Praticien hospitalier.
Service d’anesthésie-réanimation, centre hospitalier universitaire Lyon-Sud, UFR Lyon-Sud, 165, Chemin du
épidémiologiques, diagnostiques ou thérapeutiques induites par la
Grand-Revoyet, 69495 Pierre-Bénite cedex, France. situation peranesthésique.

Toute référence à cet article doit porter la mention : Gueugniaud PY et Carry PY. Réanimation cardiopulmonaire en milieu hospitalier. Encycl Méd Chir (Editions Scientifiques et Médicales Elsevier SAS, Paris, tous droits réservés),
Anesthésie-Réanimation, 36-725-B-10, 2003, 8 p.
36-725-B-10 Réanimation cardiopulmonaire en milieu hospitalier Anesthésie-Réanimation

Tableau I. – Type, nombre, fréquence en pourcentages des arrêts car- Tableau II. – Causes les plus fréquentes d’arrêts cardiaques au bloc
diaques au bloc opératoire et des décès (entre parenthèses) lors de opératoire (ACBO) liés à l’anesthésie.
l’anesthésie et de la période de réveil.
Causes respiratoires
AC ACNA ACA • Difficulté d’intubation, obstruction des voies aériennes
• Dysfonction de l’appareil d’anesthésie (panne, mélange gazeux hypoxique, mau-
Tiret et al [62] vais réglages du respirateur, réinhalation de CO2, déconnexion...)
1978-1982 458 339 119 • Barotraumatisme, inhalation du contenu gastrique
n = 198 103 0,23 % 0,17 % 0,06 % • Dépression respiratoire (lors de l’anesthésie vigile, de l’induction de l’anesthésie
Prospective (0,18 %) (0,15 %) (0,03 %) locorégionale...)

Effets adverses des agents de l’anesthésie ou adjuvants


Aubas et al [5]
• Surdosage IV ou inhalatoire
1983-1987 186 157 29
• Réaction anaphylactique (curares, protamine...)
n = 102 468 0,18 % 0,15 % 0,03 %
• Interférence médicamenteuse (IEC...)
Rétrospective (0,15 %) (0,14 %) (0,01 %)
• Association à une hypovolémie (anesthésie locorégionale...)
Olsson et al [44] Causes cardiovasculaires
1967-1984 170 55 115 • Œdème pulmonaire
n = 250 453 0,07 % 0,02 % 0,05 % • Troubles du rythme ou de conduction (dyskaliémie...)
Rétrospective (0,02 %) (0,02 %) (0,04 %) • Ischémie coronarienne
Auroy et al [6] • Embolies gazeuse, graisseuse
1994 33 1 32 • Collapsus au ciment
n = 103 730 0,03 % 0,03 % • Stimulation parasympathique...
Prospective (0,01 %) (0,01 %) IEC : inhibiteurs de l’enzyme de conversion ; IV : intraveineux.

AC : arrêts cardiaques ; ACNA : arrêts cardiaques non liés à l’anesthésie ; ACA : arrêts cardiaques liés à l’anesthésie.
pronostic réservé est important. L’obstétrique présente le risque
d’AC le plus faible. Le risque inhérent aux actes radiologiques est
Ainsi, la plupart des définitions usuelles de l’AC sont peu adaptées moindre que celui des actes chirurgicaux. L’anesthésie réalisée en
aux ACBO [12, 46] : l’absence de battements artériels carotidiens (ou urgence génère en revanche un risque d’AC huit fois supérieur à
fémoraux) reste l’argument formel d’AC, mais la présence du coma celui de la chirurgie réglée. En urgence, c’est le risque d’AC non lié
aréactif et l’absence de respiration ne peuvent pas être détectées chez à l’anesthésie qui prédomine.
un patient sous anesthésie générale. De ce fait, pour l’ACBO, il est
La plupart des études s’accordent sur les principales causes d’AC
préférable de retenir une définition seulement physiopathologique :
lié à l’anesthésie, sachant que l’étiologie de l’ACBO n’est pas trouvée
l’AC est l’absence d’activité cardiaque spontanément efficace
dans 10 à 30 % des cas [19, 33, 44]. Une synthèse est proposée dans le
aboutissant à l’arrêt de la perfusion des organes vitaux [20].
tableau II.
La fréquence et la gravité des ACBO imputables à l’anesthésie
ÉPIDÉMIOLOGIE soulignent l’importance de leur prévention et de leur détection [61].
Les études épidémiologiques concernant les complications de
l’anesthésie montrent que le risque d’AC est réel mais faible [6, 62]. Ce PARTICULARITÉS DIAGNOSTIQUES DE L’ARRÊT
risque dépend notamment du lien de causalité entre l’anesthésie CARDIAQUE AU BLOC OPÉRATOIRE
proprement dite et l’ACBO. L’enquête SFAR-Inserm classait ainsi les
AC en trois catégories [62] . Elle distinguait les AC non liés à ¶ Clinique
l’anesthésie et les AC liés à l’anesthésie, eux-mêmes divisés en AC
partiellement liés à l’anesthésie (par exemple, AC survenant chez La perte de connaissance peut être occultée par l’anesthésie. La
un patient ASA III à fonction cardiaque instable) et AC totalement survenue d’une mydriase est un élément tardif du diagnostic
liés à l’anesthésie (par exemple, AC à l’induction de l’anesthésie d’autant plus que le patient reçoit des morphiniques. La ventilation
d’un patient ASA I). La fréquence des AC peranesthésiques est de artificielle masque l’arrêt respiratoire. Si la palpation des pouls peut
l’ordre de 0,07 à 0,23 %, quel que soit le type d’anesthésie, de permettre le diagnostic [11] , le monitorage du patient au bloc
patients, de chirurgie (tableau I). La fréquence est plus faible chez opératoire est, dans ces conditions, l’outil essentiel. Il doit permettre
les enfants de moins de 15 ans (0,02 à 0,03 % d’AC) [42, 43, 63]. un diagnostic et une prise en charge précoces de l’ACBO ce qui
devrait améliorer son pronostic. Il devrait permettre une détection
La mortalité liée à un AC peranesthésique varie quant à elle de 0,01 précoce des hypoxies, des atteintes cardiovasculaires avant la
à 0,18 %. On peut remarquer que le risque d’AC lié à l’anesthésie est survenue d’un AC, ceci d’autant mieux que le patient est surveillé
généralement plus faible que le risque de survenue d’un AC non lié en permanence par un personnel spécialisé au bloc opératoire.
à l’anesthésie. Le risque d’AC lié à l’anesthésie diminue avec le
temps grâce à une meilleure surveillance du patient au bloc ¶ Monitorage
opératoire (saturation de l’hémoglobine en oxygène mesurée par
oxymètre de pouls [SpO 2 ], pression téléexpiratoire en gaz Chaque site d’anesthésie dispose d’un moniteur
carbonique [PetCO2]...) [34, 44, 60] : une enquête australienne, réalisée électrocardiographique (ECG), d’un appareil de mesure automatique
entre 1984 et 1990, montre par exemple un risque de décès réduit à de la pression artérielle, d’un oxymètre de pouls et d’un
0,005 % [64]. capnographe [53]. Ces éléments sont, à des degrés divers, les piliers
L’ACBO peut survenir quelle que soit la période de l’anesthésie et de la détection, du diagnostic de l’ACBO et du suivi de celui-ci au
quel que soit le type d’anesthésie. L’enquête SFAR-Inserm a montré cours de la RCP.
que 23 % des AC liés à l’anesthésie survenaient lors de l’induction
Cardioscope
et 29 % lors de la période d’entretien [62]. Lors des anesthésies
locorégionales, le risque d’AC lié à l’anesthésie est de 0,03 %, L’ECG permet de confirmer le diagnostic d’AC en précisant le type
survenant principalement pendant la phase d’installation de électrique : asystole, fibrillation ventriculaire ou autres activités
l’anesthésie [6] . De nombreux facteurs de risques d’AC lié à électriques sans pouls. Il permet d’évoquer une étiologie cardiaque
l’anesthésie peuvent être retenus, comme l’âge, les pathologies de l’ACBO (ischémie coronarienne, troubles du rythme...) dont va
préexistantes ou le type de chirurgie [6, 62]. Le risque est plus dépendre une part du traitement à mettre en œuvre, et le plus
important aux âges extrêmes (inférieur à 1 an et supérieur à 60 ans). souvent de prédire l’événement sur l’apparition des troubles du
Plus la classification ASA est élevée, plus le risque d’AC avec un rythme (par exemple, bradycardie avant une asystole ; tachycardie

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Anesthésie-Réanimation Réanimation cardiopulmonaire en milieu hospitalier 36-725-B-10

et/ou extrasystolie ventriculaire polymorphe avant une fibrillation


ventriculaire). Enfin, la précocité de la détection de l’événement - Arrêt des gaz anesthésiques Oui
Ventilation efficace
dépend du réglage des bornes d’alarmes et de la fiabilité du tracé. - Ventilation en O2 pur

Non
Pression artérielle non invasive
Pour la plupart des actes anesthésiques, la mesure de pression RCP usuelle Ventilation manuelle en O2 pur
artérielle est non invasive et intermittente au bloc opératoire. Son
efficacité pour détecter un ACBO est alors illusoire.
Contrôler Normales
Oxymètre de pouls - Respirateur, circuits, valves Résistances ventilatoires ?
+
En anesthésie, l’oxymètre de pouls permet une surveillance continue - Évaporateur d'halogénés mouvements
thorax Élevées
et non invasive de l’oxygénation tissulaire. Il est utilisé quel que soit
le type d’anesthésie. C’est avant tout un monitorage respiratoire
Extuber Obstruction, déplacement
mais il peut également détecter un défaut d’oxygénation lié à un Oui
- Ventiler au masque en O2 pur ou anomalie
bas débit cardiaque pouvant évoluer vers l’ACBO. Avant la - Réintuber de la sonde d'intubation (1)
survenue d’un ACBO, une baisse de la SpO2, un amortissement ou
une absence de ses oscillations systolodiastoliques sont volontiers Non
observés. Différentes limites techniques réduisent son intérêt
diagnostique, et la désaturation, lorsqu’elle signale un événement Pneumothorax (++ si
cardiaque, est retardée de plusieurs systoles, limitant ainsi le Ponction pleurale Oui ventilation avec PEP ou
rendement de l’oxymètre de pouls dans le diagnostic précoce d’un de sauvetage à l'aiguille tentative abord veineux
ACBO [51]. sous-clavier ou jugulaire
interne auparavant) (2)
Monitorage du CO2 expiré
Non
La capnométrie (valeur numérique de CO2 contenu dans les gaz
expirés) et la capnographie (représentation graphique des Bronchospasme
mouvements de CO 2 lors des cycles respiratoires) sont des (après élimination de 1 et 2) (3)
paramètres recommandés pour le diagnostic d’un ACBO. Il s’agit
d’un monitorage non invasif qui détecte et diagnostique l’ACBO. La 1 Algorithme de contrôle ventilatoire au cours d’un arrêt cardiaque chez un patient
présence de CO2 dans les gaz expirés résulte du métabolisme ventilé. D’après les recommandations de la SFAR 1994 [12], adaptées par [11].
cellulaire, du transport de CO2 vers la circulation pulmonaire et de PEP : pression expiratoire positive ; RCP : réanimation cardiopulmonaire.
son élimination par la ventilation. La PetCO2 est un reflet de la
pression alvéolaire de CO2, elle-même égale dans les conditions doit exister aucun délai avant le début de la RCP. Cette différence
normales à la pression partielle artérielle en CO2. capitale par rapport à l’AC préhospitalier explique certains
ajustements thérapeutiques par rapport aux recommandations
Toute variation du débit cardiaque (donc du débit sanguin préconisées pour la médecine préhospitalière.
pulmonaire) va induire une variation de PetCO2 si la production
cellulaire et la ventilation sont maintenues constantes. Les grandes lignes de la RCP au bloc opératoire sont proposées dans
Expérimentalement, chez le chien, une baisse de 20 % de la PetCO2 les recommandations émises par la SFAR [12]. Il faut débuter la
accompagne une baisse de l’ordre de 25 % du débit cardiaque [32]. réanimation par l’arrêt immédiat de tous les agents anesthésiques
Lorsque la baisse du débit cardiaque est prolongée, différents administrés soit en perfusion, soit en inhalation. On purge les
mécanismes compensateurs permettent de restaurer un apport circuits du ventilateur et on établit une concentration de l’oxygène
suffisant de CO 2 au niveau de l’alvéole. En cas d’ACBO, ces dans l’air inspiré (FiO2) à 100 %. L’anesthésiste appelle aussitôt un
mécanismes compensateurs sont dépassés. On observe le plus renfort.
souvent une baisse rapide de la PetCO2 qui tend rapidement vers L’objectif premier est de rechercher une cause particulière de l’AC
0 mmHg. Cette diminution brutale de la PetCO2 proportionnelle à permettant un traitement spécifique tout en démarrant les
la baisse du débit cardiaque précède la chute de la pression artérielle manœuvres classiques de la RCP communes à tous les AC. Dans
et parfois même la modification du rythme cardiaque. Toute cette optique, le premier bilan à réaliser concerne la ventilation et
variation brutale de la PetCO2 sans modification de spirométrie doit l’ensemble de ses paramètres [ 9 ] . La moindre interrogation
faire craindre la survenue d’un ACBO. On considère généralement concernant le circuit de ventilation impose d’emblée une ventilation
qu’une PetCO 2 inférieure à 10 mmHg traduit une inefficacité manuelle en O2 pur.
circulatoire et impose de débuter immédiatement une RCP [21]. La figure 1 reprend l’arbre décisionnel que l’on doit suivre face à un
Chez le patient non intubé (induction de l’anesthésie générale, AC survenant chez un patient intubé et ventilé artificiellement [11].
anesthésie vigile ou anesthésie locorégionale), le monitorage du CO2 L’objectif de cet algorithme est d’éliminer une cause ventilatoire, soit
expiré est plus difficile. Si la valeur de la PetCO2 est volontiers peu liée au matériel, soit liée au patient.
indicative (dilution des gaz expirés...), la capnographie permet Une fois les problèmes de mécanique ventilatoire éliminés, la RCP
surtout de détecter précocement des apnées, elles-mêmes source au bloc devient semblable à celle préconisée par les
d’ACBO. En revanche, la PetCO2 retrouve tout son intérêt pour la recommandations internationales en dehors du bloc [12]. Les trois
surveillance de la RCP dès l’intubation du patient [24]. algorithmes thérapeutiques adaptés, l’un à la fibrillation
ventriculaire (ou à la tachycardie ventriculaire sans pouls), l’autre à
l’asystole et le dernier aux activités électriques sans pouls, qui sont
PARTICULARITÉS DE LA RÉANIMATION proposés dans les recommandations [12], sont applicables pour la
CARDIOPULMONAIRE AU BLOC OPÉRATOIRE
RCP au bloc opératoire. En 1997, l’International Liaison Committee
¶ Stratégie de réanimation cardiopulmonaire au bloc On Resuscitation (ILCOR), qui regroupe l’ensemble des instances
internationales travaillant sur l’AC, a proposé un algorithme
opératoire
universel simplifié [36], récemment repris sans modifications majeures
La survenue de l’AC, chez un patient intubé, ventilé artificiellement par l’European Resuscitation Council (ERC) [17]. Cet algorithme
et monitoré, modifie en partie la conduite à tenir. Le monitorage général, proposé sur la figure 2, permet de rappeler que la RCP
peropératoire permet un diagnostic immédiat, voire même une classique dépend avant tout du type électrique de l’AC. En cas de
anticipation (ou une prévention) de l’AC. Dans tous les cas, il ne fibrillation ventriculaire, la défibrillation première est la règle alors

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36-725-B-10 Réanimation cardiopulmonaire en milieu hospitalier Anesthésie-Réanimation

de réaction anaphylactique ou anaphylactoïde surtout observée avec


Arrêt cardiaque les curares (dépolarisant : succinylcholine ou non dépolarisant : par
exemple atracurium). Ce dernier type d’agent peut donner lieu à
des réactions d’histaminolibération entraînant un AC après une
bradycardie associée à un bronchospasme. L’imprégnation par un
Coup de poing sternal si besoin
bêtabloquant amplifie par ailleurs la gravité de l’accident rendant la
thérapeutique plus délicate.

RCP de base si besoin En peropératoire


Au cours d’une anesthésie prolongée, il faut avant tout éliminer un
éventuel accident tardif de la ventilation mécanique : panne
Mise en place d'un cardioscope - défibrillateur technique du respirateur, obstruction de la sonde d’intubation ou
déplacement, pneumothorax suffocant. Mais les AC d’origine non
anesthésique restent les plus fréquents au cours de cette phase [46].
Analyse du rythme Ils sont soit directement liés à la chirurgie, soit liés à la chirurgie et
au terrain, soit liés à la pathologie sous-jacente. L’hémorragie aiguë
non contrôlée est la principale origine chirurgicale des AC. L’AC lié
à une pathologie causale sous-jacente peut se produire en particulier
+/- Vérifier le pouls
chez des patients opérés en urgence, comme les polytraumatisés.
Faute de bilan complet préopératoire et de recul suffisant par
rapport au traumatisme, une lésion initialement silencieuse peut se
FV/TV Pas de FV/TV décompenser de façon insidieuse au cours de l’anesthésie générale.
Au cours des interventions prolongées, il est souhaitable de pouvoir
répéter certains examens, en particulier biologiques (gaz du sang
artériel, ionogramme sanguin, numération-formule, enzymes
Défibriller
3 fois cardiaques...).
si nécessaire
¶ Optimisation de la réanimation cardiopulmonaire
au bloc opératoire
RCP RCP L’ACBO doit bénéficier d’un diagnostic immédiat et donc d’une
1 minute 3 minutes
prise en charge un peu particulière du fait de l’utilisation de
certaines possibilités spécifiques du bloc opératoire et de
l’adaptation de certains éléments de la RCP médicalisée.
PENDANT LA RCP Monitorage
Si ce n'est déjà fait :
Vérifier électrodes (position, contact) Le monitorage est précieux pour évaluer la qualité de la RCP et en
Faire ou vérifier : intubation, O2, voie veineuse particulier du massage cardiaque. Ainsi, la mesure en continu de la
Injection d'adrénaline/3 min pression artérielle invasive et la mesure quantitative de la PetCO2,
Traiter les causes réversibles* qui sont rarement disponibles en médecine préhospitalière, sont des
Amiodarone, atropine, entraînement électrosystolique éléments essentiels pour l’évaluation de la RCP au bloc opératoire.
2 Algorithme universel de l’International Liaison Committee On Resuscitation (IL-
COR) [36], actualisé [17].
• Pression artérielle invasive
RCP : réanimation cardiopulmonaire ; FV : fibrillation ventriculaire ; TV : tachycar- Lorsqu’elle est mesurée de façon continue avant l’AC, elle représente
die ventriculaire. le meilleur moyen d’évaluer l’efficacité du massage cardiaque [45]. À
* Causes potentiellement curables : hypoxie, hypovolémie, hypo-, hyperkaliémie et défaut, l’insertion d’un cathéter est souhaitable dès que la situation
désordres métaboliques, hypothermie, pneumothorax suffocant, tamponnade, toxiques
ou surdosages, embolie pulmonaire, causes mécaniques obstructives.
le permet sans perturber par ailleurs le déroulement de la RCP. Il
permet de mesurer en continu la pression artérielle diastolique qui
est un bon déterminant de la pression de perfusion coronaire
qu’en cas d’asystole, l’adrénaline reste le médicament de choix. Les
(pression de perfusion coronaire = pression artérielle diastolique -
spécificités thérapeutiques liées au bloc opératoire sont proposées
pression auriculaire droite). La pression de perfusion coronaire est
plus loin.
en effet un des meilleurs facteurs hémodynamiques prédictifs de la
¶ Chronologie des causes d’arrêt cardiaque survenue d’une récupération d’activité circulatoire spontanée. Il
existe une valeur seuil de cette pression de perfusion coronaire aux
Au bloc opératoire, on peut distinguer deux périodes alentours de 15 mmHg, ce qui correspond à une pression diastolique
peranesthésiques au cours desquelles les principales causes d’un AC aortique d’environ 35 mmHg. Une telle pression assure un débit
sont différentes. sanguin myocardique théoriquement suffisant pour satisfaire les
besoins métaboliques du cœur pendant la RCP [51].
En début d’anesthésie
Au décours de l’intubation, l’AC doit faire évoquer en premier lieu • PetCo2
une anoxie liée à une erreur d’intubation (intubation œsophagienne) La mesure du gaz carbonique expiré reste le paramètre le plus
ou à une malposition de la sonde ou toute autre cause préalablement intéressant pour monitorer en routine la RCP. Elle permet d’évaluer
décrite, mais également un réflexe vagal ou un trouble du rythme l’efficacité du massage cardiaque, de détecter une éventuelle reprise
ventriculaire. Après l’induction, dès les premières minutes de d’activité circulatoire, et certains l’ont proposée comme indice
ventilation artificielle, en présence d’un état hémodynamique pronostique. La présence obligatoire d’un capnographe au bloc
précaire (hypovolémie, vasodilatation), l’AC peut être dû à l’effet permet ainsi de guider la réanimation efficacement en l’absence de
inotrope négatif des médicaments anesthésiques, au collapsus de monitorage invasif. En effet, de nombreuses publications ont montré
reventilation, à une erreur dans l’administration des gaz inhalés ou que la PetCO2 est proportionnelle au débit cardiaque chez un patient
dans la posologie intraveineuse du narcotique ou enfin à un sous anesthésie générale, lorsque la ventilation contrôlée est stable
pneumothorax suffocant sous machine. Plus rarement, il peut s’agir et lorsqu’il n’existe pas de variations métaboliques [32]. Au cours de

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Anesthésie-Réanimation Réanimation cardiopulmonaire en milieu hospitalier 36-725-B-10

la RCP, quand le patient est ventilé de façon mécanique, le CO2 pression artérielle diastolique au cours de la RCP. Ainsi la pression
expiré est alors le reflet direct de l’efficacité du massage cardiaque de perfusion coronaire serait optimisée permettant d’augmenter les
en termes de débit cardiaque [21, 24]. La PetCO2 a été proposée comme chances de récupération cardiaque [13]. À ce jour, une seule étude
facteur prédictif de récupération : la valeur minimale pour espérer randomisée multicentrique confirme l’intérêt clinique de la
une reprise d’activité circulatoire est, selon les auteurs, de 15 mmHg cardiopompe [47]. Par ailleurs, aucune étude n’a actuellement porté
ou de 10 mmHg [7, 8]. Néanmoins, ces valeurs-seuil ne peuvent pas sur la RCP au bloc. Dans certains cas, le massage cardiaque interne
être considérées comme des indicateurs suffisamment fiables pour peut être intéressant [ 11 ] . Quelques études ont montré
décider de la poursuite ou non de la RCP [7, 39]. L’évolution du chiffre qu’expérimentalement le massage cardiaque interne pouvait être
de PetCO2 au cours de la RCP paraît aussi importante que le chiffre plus efficace que le MCE en termes de perfusion cérébrale et de
lui-même : la dégradation de la PetCO2 au cours de la RCP quelle perfusion systémique [35] . Cependant, l’efficacité du massage
que soit la valeur initiale est un facteur péjoratif et inversement. cardiaque interne n’est retrouvée cliniquement que lorsqu’il est
Mais il existe des limites à l’utilisation de la PetCO 2 : toute appliqué précocement après l’AC [22]. Les recommandations actuelles
modification du rapport ventilation/perfusion (par exemple en cas pour le massage cardiaque interne proposent qu’il soit débuté dans
d’embolie pulmonaire), de la ventilation ou du métabolisme les 15 minutes suivant l’AC [11] . Malgré quelques tentatives
interfère avec la PetCO2. L’utilisation de bicarbonates pour traiter discutables pour développer la pratique de ce type de massage,
l’acidose métabolique au cours de l’AC et l’injection d’adrénaline même en préhospitalier [30] , il n’existe que deux indications
modifient également la PetCO2 [51]. formelles : l’AC lors de la chirurgie à thorax ouvert ou chez un
blessé présentant un traumatisme pénétrant du thorax.
• Autres monitorages usuels Enfin, la survenue d’un AC au cours d’une chirurgie en position
L’évaluation de l’efficacité du massage cardiaque basée sur ventrale pose le problème du MCE. Il doit être débuté en position
l’amplitude du tracé cardioscopique est illusoire ; de même ventrale si le patient ne peut être replacé immédiatement en position
l’oxymètre de pouls est rarement utilisable au cours de la RCP [59]. dorsale. Même si une certaine efficacité hémodynamique a été
La mesure de la pression artérielle non invasive discontinue est décrite [29], il faut néanmoins remettre le patient en décubitus dorsal
également peu fiable. En revanche, il ne faut pas oublier la pour poursuivre la RCP aussitôt que la chirurgie le permet.
possibilité de prélever des gaz du sang artériel permettant d’évaluer Médicaments de la réanimation cardiopulmonaire
l’équilibre acidobasique et la qualité de l’hématose. Ainsi, la
prescription d’alcalinisants pour le traitement d’un ACBO ne devra • Médicaments vasoactifs
être discutée que sur la mesure du pH artériel. Comme pour l’AC extrahospitalier, l’adrénaline est le produit de
choix dans le traitement de l’AC. C’est un puissant a- et b-agoniste
• Monitorages complémentaires adrénergique d’action directe. Elle agit sur les récepteurs a1, a2, b1
L’utilisation de l’échocardiographie transœsophagienne au cours de et b2 avec des effets dose-dépendants, mais c’est son effet
l’AC a été décrite ponctuellement, en particulier pour évaluer a-vasoconstricteur qui paraît être l’élément essentiel de son efficacité
certaines techniques de massage cardiaque externe (MCE) [13]. Cette sur l’AC [20, 27]. La noradrénaline pourrait être aussi efficace en
technique est peu applicable et techniquement délicate au cours du théorie. En revanche, aucun sympathicomimétique de synthèse n’a
MCE. La mesure en continu du débit aortique par méthode non d’intérêt par rapport à l’adrénaline pour la RCP [27].
invasive grâce à une sonde œsophagienne échodoppler a été S’il existe un consensus pour l’utilisation de l’adrénaline dans le
également rapportée au cours d’ACBO [26, 29] : cette méthode associée traitement de l’AC, il n’y a pas unanimité à ce jour pour le choix des
à la mesure du CO2 expiré présente un intérêt seulement pour doses. La récente étude multicentrique européenne sur les AC
détecter précocement la survenue de la défaillance circulatoire avant extrahospitaliers conclut à une supériorité des fortes doses (5 mg)
l’AC et non pour monitorer la RCP. par rapport aux doses standards (1 mg) uniquement en termes de
La saturation veineuse en oxygène a été proposée comme récupération initiale et à une inefficacité des fortes doses en termes
monitorage invasif de l’AC [57]. La mesure de la pression artérielle de survie finale [28]. Cette supériorité initiale est indiscutable lorsque
pulmonaire est également réalisable chez les patients préalablement l’AC est une asystole mais n’est plus vraie lorsque l’AC est une
porteurs de cathéters de Swan-Ganz, mais son intérêt reste très fibrillation ventriculaire. Étant donné la brièveté de la durée de
limité. l’ACBO avant l’injection éventuelle d’adrénaline, il paraît licite de
préconiser l’injection d’adrénaline à la dose standard de 1 mg. En
Les moyens de monitorage de la fonction cérébrale paraissent avoir
revanche, si l’AC se prolonge et s’il s’agit d’une asystole,
un intérêt encore limité au cours de la RCP. La pression d’oxygène
l’augmentation des doses peut alors être discutée.
conjonctivale qui est un reflet indirect du débit sanguin cérébral
n’est pas un bon indice de la circulation cérébrale pendant la Du fait d’une efficacité très relative de l’adrénaline, l’avenir dans le
RCP [25]. Le doppler transcrânien a été proposé expérimentalement traitement médicamenteux de l’AC passe peut-être par l’utilisation
comme monitorage non invasif de la perfusion cérébrale pendant la d’un médicament vasoactif non adrénergique comme la
RCP. La vélocité moyenne du flux carotidien au doppler est corrélée vasopressine, dont l’utilisation en association avec l’adrénaline
avec le débit de la carotide interne [40] , mais il n’existe pas paraît prometteuse [41, 65] , mais encore insuffisamment évaluée
actuellement d’application clinique de cette méthode. L’intérêt de cliniquement.
l’analyse bispectrale n’a pas été évalué dans cette indication. • Solutés de perfusion
Massage cardiaque en peropératoire Le soluté de perfusion utilisé pour entretenir la voie d’abord et
accélérer la diffusion des médicaments injectés au cours de la RCP
Le MCE au bloc n’a pas de spécificité : il est indiqué de réaliser une est le soluté salé isotonique. Les solutés glucosés doivent être
dépression du sternum de 4 à 5 cm, avec une durée de compression prohibés. L’utilisation de soluté d’alcalinisation reste controversée
égale à 50 % du cycle compression-décompression passive, et une en médecine préhospitalière, même s’il n’existe plus d’indication
fréquence de compression actuellement fixée à 100/min. La systématique [38] . En ce qui concerne l’ACBO, l’utilisation de
séquence massage-ventilation à réaliser par les témoins d’un AC est bicarbonate de sodium hypertonique ne pourra être éventuellement
maintenant de 15 : 2, que la RCP soit débutée seule ou à plusieurs. discutée qu’en présence d’une acidose métabolique objectivée sur
Au bloc, sur un patient intubé et ventilé, le MCE et la ventilation des gaz du sang artériel.
sont réalisés de façon asynchrone et indépendante. Parmi les
techniques visant à améliorer l’efficacité du MCE, la cardiopompe Bilan paraclinique
permet la réalisation d’une décompression active. L’association de Un bilan paraclinique est souhaitable au cours d’un ACBO. Il est en
cette décompression active à la compression habituelle du MCE général limité, sauf particularité étiologique. Il doit comporter au
permet, en théorie, d’améliorer le retour veineux et d’augmenter la minimum un bilan biologique associant systématiquement gaz du

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36-725-B-10 Réanimation cardiopulmonaire en milieu hospitalier Anesthésie-Réanimation

sang artériel et ionogramme sanguin (avec dosage du calcium diminution de la sécrétion adrénergique endogène en cas
ionisé). Une radiographie pulmonaire de face doit systématiquement d’anesthésie rachidienne et proposent dans ce cas l’augmentation
compléter le bilan. des doses d’adrénaline [50].
Par ailleurs, la détermination du pH au niveau des sécrétions
trachéales (pour déceler l’inhalation de contenu gastrique) et la • Patient hypovolémique
mesure de la température œsophagienne au niveau rétrocardiaque Le bloc sympathique étendu peut provoquer un désamorçage. Le
(pour détecter une éventuelle hypothermie cardiaque méconnue) ont traitement d’un tel accident justifie une expansion volémique par
pu être proposées [46]. macromolécules et l’utilisation précoce de vasoconstricteurs dès la
Ce bilan a un intérêt diagnostique (recherche de troubles ioniques et constatation d’une hypovolémie associée à une bradycardie
de l’hématose...), thérapeutique (équilibre acidobasique...), mais majeure [52]. L’adrénaline est aussi le vasoconstricteur de choix dans
également médicolégal. cette indication précoce, même si la vasopressine paraît être
En cas d’échec de la réanimation, une autopsie doit être demandée, également une alternative envisageable [37].
et toutes les investigations devront être envisagées pour permettre
d’élucider la cause exacte de l’ACBO. Grâce à l’ensemble de ces • Apnées avec asphyxie
éléments, un debriefing de l’événement, impliquant l’ensemble des
Elles se rencontrent lorsqu’une sédation profonde est associée à une
acteurs, sera réalisé.
anesthésie rachidienne de niveau sensitif élevé. Outre l’intubation
¶ Cas particuliers d’arrêt cardiaque au bloc opératoire endotrachéale et la ventilation mécanique de ces patients
hypoxiques, l’adrénaline est à nouveau préconisée précocement car
Arrêt cardiaque au cours de l’infarctus du myocarde la RCP risque d’être peu efficace en cas de bloc sympathique étendu,
d’autant plus que l’hypoxie modifie la réponse hémodynamique à
L’ACBO par infarctus du myocarde est rare. La RCP d’un ACBO l’adrénaline [54].
par infarctus du myocarde n’a pas de particularité ; mais, en cas de
récupération, la thrombolyse est théoriquement contre-indiquée.
L’angioplastie coronarienne est alors le traitement de choix qui doit ARRÊT DE LA RÉANIMATION CARDIOPULMONAIRE
être envisagé au décours d’une angiographie réalisée en urgence. AU BLOC OPÉRATOIRE
Cette prise en charge a fait la preuve de son efficacité sur le pronostic La majorité des recommandations propose l’arrêt de la RCP en cas
des AC extrahospitaliers chez le coronarien [58]. d’asystole persistante après plus de 30 minutes de traitement,
lorsque tous les gestes de réanimation ont été accomplis, et leur
Arrêt cardiaque au cours de la cœliochirurgie
exécution correcte vérifiée. Cependant, cette règle ne s’applique pas
L’AC au cours de la cœliochirurgie est rare également [55]. Outre chaque fois qu’un facteur de protection cérébrale préalable à l’AC
certaines causes mécaniques d’AC comme le déplacement de la est présent. Au bloc, l’utilisation d’une narcose intraveineuse peut
sonde d’intubation lors de l’insufflation ou un désamorçage par être considérée comme un facteur de protection cérébrale (en
hyperinsufflation accidentelle, et en l’absence d’hémorragie, l’AC au particulier avec benzodiazépines, étomidate, thiopental). Une
cours d’un pneumopéritoine doit immédiatement faire évoquer une hypothermie peut être également considérée comme un élément de
embolie gazeuse massive. La surveillance de la PetCO2 représente le protection cérébrale. Ainsi, bien qu’aucune règle ne soit définie, une
meilleur moyen de diagnostic. Si la PetCO2 doit augmenter de façon RCP plus prolongée en cas d’ACBO peut être envisagée. De plus, en
modérée après la réalisation d’un pneumopéritoine au dioxyde de dehors d’arguments particuliers liés au terrain ou au contexte
carbone, sa baisse brutale, voire son effondrement, traduisent médicochirurgical, l’âge du patient ne paraît pas devoir représenter
l’embolie gazeuse massive. L’utilisation d’un stéthoscope précordial une limitation pour la RCP [49].
peut permettre de détecter précocement un bruit rugueux (dit « de En conclusion, l’ACBO est un accident rare qui peut être détecté
roue de moulin ») en cas d’embolie gazeuse importante. Le doppler précocement, voire anticipé grâce au monitorage peranesthésique et
œsophagien peut révéler le passage de gaz dans l’oreillette droite et en particulier au capnographe. Ce monitorage permet également de
détecte des emboles gazeux de faible volume. En cas de passage surveiller de façon efficace la RCP immédiatement mise en route.
systémique (par shunt droite-gauche, par exemple), l’enregistrement
Après avoir éliminé en première intention un problème ventilatoire,
du débit aortique par sonde échodoppler peut également confirmer
la suite de la RCP au bloc opératoire présente peu de particularités
le diagnostic [26].
selon les recommandations internationales [2].
Un tel diagnostic justifie l’arrêt immédiat de l’insufflation et
l’exsufflation. L’administration de protoxyde d’azote doit être
arrêtée, la ventilation se faisant en oxygène pur avec augmentation
du volume courant et mise en place d’une pression positive de fin Arrêt cardiaque chez un patient
d’expiration. Le patient est mis en position de Trendelenburg non monitoré
associée à une latéralisation gauche. Si un cathéter central est en
place, il est légitime d’essayer d’aspirer une fraction de l’embole.
Une expansion volémique par macromolécules doit être proposée. ÉPIDÉMIOLOGIE
La RCP elle-même n’a pas de particularité si ce n’est que le MCE a, L’AC intrahospitalier du patient non monitoré (c’est-à-dire en
dans cette indication, également pour objectif de fractionner les dehors du bloc opératoire ou d’un service de réanimation ou de
emboles [23]. Après récupération, un bilan neurologique complet à la soins intensifs) représente une entité assez voisine de l’AC
recherche de signes de localisation évocateurs d’une embolie extrahospitalier. Ce domaine paraissant plus facile à cerner et plus
cérébrale est indispensable. limité, on pourrait s’attendre à disposer de données à la fois
épidémiologiques et thérapeutiques plus documentées et plus
Arrêt cardiaque au cours de l’anesthésie locorégionale élaborées. Or, il n’en est rien : les premières recommandations
Des circonstances particulières peuvent provoquer un AC au cours internationales concernant la description et la prise en charge des
de l’anesthésie locorégionale et nécessitent l’adaptation du AC intrahospitaliers ont seulement quelques années [14, 16].
traitement. Jusqu’ici, l’épidémiologie des AC a été difficile à cerner, de même
que l’organisation des secours et le niveau de la RCP réalisée au
• Injection intraveineuse d’anesthésiques locaux cardiotoxiques sein des établissements hospitaliers. Ainsi, alors que la population
(en particulier de bupivacaïne) concernée par les AC intrahospitaliers est mieux délimitée, que les
La réanimation classique utilisant l’adrénaline et éventuellement des délais avant le diagnostic et avant la mise en place de la RCP doivent
antiarythmiques est proposée. Par ailleurs, des équipes ont noté une être plus faciles à quantifier et qu’ils sont normalement plus courts

6
Anesthésie-Réanimation Réanimation cardiopulmonaire en milieu hospitalier 36-725-B-10

que pour les AC extrahospitaliers, les données statistiques restent ou de non-réanimation, en fonction du cas particulier de chaque
approximatives, voire surprenantes. Par exemple, si on compare patient, dans certains services, devrait faire l’objet de procédures
deux études récentes réalisées dans deux grands hôpitaux écrites, permettant l’application de consignes cohérentes
polyvalents scandinaves, on retrouve des résultats très différents : préalablement définies, même en l’absence de l’équipe soignante
2,6 % versus 4,5 % de décès par rapport au nombre total habituelle. C’est le do-not-attempt-resuscitation order adopté par les
d’hospitalisés ; 5 % versus 14 % de proportion de RCP réalisées ; Anglo-Saxons, c’est-à-dire la consigne écrite de non-réanimation.
17 % versus 2 % de patients survivant à cette RCP [1, 56]. Les résultats
– Enfin, pour pouvoir élaborer une démarche d’assurance-qualité,
en termes de survie sont tout de même globalement meilleurs pour
un recueil uniformisé des données concernant les AC à l’intérieur
les AC intrahospitaliers que pour les AC extrahospitaliers, malgré
d’un même établissement doit être proposé suivant les
une population spécifique par définition « malade ».
recommandations internationales. Un Comité d’experts pour la RCP
En ce qui concerne les facteurs de gravité des AC intrahospitaliers, intrahospitalière devrait être désigné pour élaborer la mise en place
il faut citer l’âge, les antécédents, la pathologie en cours, l’asystole de la chaîne de survie puis pour réaliser des évaluations régulières
et la survenue de l’AC dans un service autre qu’une unité de soins concernant tous les protagonistes de cette chaîne intrahospitalière [10].
intensifs ou qu’un bloc opératoire. Néanmoins, il n’existe pas de
consensus quant à l’importance respective de ces facteurs. – La stratégie de prise en charge d’un AC doit pouvoir être aussi
structurée et rigoureuse à l’intérieur de l’établissement hospitalier
que lors de la médicalisation extrahospitalière par les unités mobiles
RECOMMANDATIONS POUR LA RÉANIMATION hospitalières des Smur. L’ensemble des acteurs de l’hôpital doit être
CARDIOPULMONAIRE INTRAHOSPITALIÈRE : sensibilisé à ce problème.
« CHAÎNE DE SURVIE INTRAHOSPITALIÈRE »
– L’uniformisation des circuits de l’alerte et des moyens de réanimation
Lorsque l’AC survient dans un service d’hospitalisation sans nécessaires, associée à une formation de qualité des personnels soignants,
monitorage, sa prise en charge est voisine de celle d’un AC doit déboucher sur une optimisation de la chaîne de survie
préhospitalier. La survenue de l’AC doit également être prise en intrahospitalière : ce challenge paraît être un objectif prioritaire pour
compte en dehors des services d’hospitalisation (salles les années à venir s’inscrivant logiquement dans la nécessaire
d’investigations) et même en dehors des services de soins (halls, démarche d’assurance-qualité engagée par les institutions
cafétéria, extérieur...). Les trois algorithmes thérapeutiques adaptés, hospitalières.
l’un à la fibrillation ventriculaire, l’autre à l’asystole et le dernier
aux rythmes sans pouls qui sont proposés dans les
recommandations internationales [16] sont applicables pour la RCP Points essentiels
des AC intrahospitaliers non monitorés. L’algorithme universel
• La prise en charge des AC est aujourd’hui bien codifiée par les
proposé initialement par l’ILCOR en 1997 fournit le schéma général
recommandations internationales dont la dernière actualisation
de la prise en charge médicalisée (fig 2).
date de 2000.
Néanmoins, si les recommandations internationales • L’épidémiologie des AC intrahospitaliers est plus mal connue
n’individualisent pas de particularités thérapeutiques pour la RCP
que celle des AC extrahospitaliers.
intrahospitalière, l’American Heart Association et l’European
• Dans les AC intrahospitaliers, il faut distinguer les AC des
Resuscitation Council ont jeté en 1997 les bases de l’élaboration du
patients monitorés (patients au bloc opératoire ou en service
concept de chaîne de survie intrahospitalière. Ces bases ont pour
objectif de sensibiliser les acteurs de l’institution hospitalière en de réanimation) et les AC des patients non monitorés (patients
soulevant un certain nombre de points spécifiques qui devraient être ou visiteurs dans l’enceinte d’un hôpital).
abordés au niveau de chaque structure de soins. • Au bloc opératoire, le monitorage obligatoire dont bénéficient
les patients doit permettre un diagnostic immédiat, voire
– Tout le personnel soignant hospitalier pouvant être confronté à une anticipé, de l’AC.
mort subite doit être formé et entraîné à la RCP de base, et pour un • La chute de PetCO2 au dessous de 10 mmHg est l’argument le
certain nombre d’entre eux à la défibrillation semi-automatique.
plus précoce du diagnostic de l’AC au cours d’une anesthésie
– Dans chaque unité de lieu (service ou bâtiment), le matériel de générale, avec l’effondrement de la pression artérielle si elle est
réanimation pour AC, comprenant notamment un insufflateur mesurée de façon invasive.
manuel et un défibrillateur, doit être immédiatement accessible et • La réanimation cardiopulmonaire d’un patient ventilé
régulièrement vérifié. commence par la vérification de la ventilation, la mise en
– L’utilisation de défibrillateurs semi-automatiques à l’hôpital par le oxygène pur et l’arrêt de tous les produits anesthésiques.
personnel infirmier est autorisée dans la réglementation actuelle [4, • Une fois les problèmes de mécanique ventilatoire éliminés, la
18]
: sa diffusion et sa mise en place doivent être organisées. réanimation cardiopulmonaire est semblable à celle préconisée
– L’organisation interne de l’hôpital doit comporter une équipe de en dehors du bloc opératoire par les recommandations
réanimation d’urgence (composée d’au moins deux personnes : un internationales.
médecin, anesthésiste-réanimateur ou réanimateur médical ou • Une prise en charge correcte des AC intrahospitaliers des
urgentiste senior, assisté d’un infirmier anesthésiste ou d’un patients non monitorés justifie l’application d’une véritable
infirmier des urgences) qui se rend immédiatement sur les lieux de « chaîne de survie intrahospitalière » nécessitant la formation
l’AC. Le déclenchement de l’alerte doit être l’objet d’un protocole du personnel hospitalier à la réanimation cardiopulmonaire de
préétabli (appel codifié sur un numéro de téléphone unique diffusé base, un matériel de réanimation minimal disponible
et connu de tous). L’équipe spécialisée, qui doit pouvoir être immédiatement (y compris un défibrillateur semi-automatique)
disponible immédiatement, doit se déplacer avec un matériel de et une organisation interne d’alerte avec une équipe
réanimation pour AC limité et standardisé, proche de celui d’intervention spécialisée.
composant la base de l’équipement d’un véhicule de Smur. • Ce concept de « chaîne de survie intrahospitalière » a été
Ainsi le déclenchement des secours pour un AC intrahospitalier développé dans les recommandations internationales en 1997 :
correspond à la mise en route d’une véritable « chaîne de survie », il est encore partiellement appliqué en France.
comme celle proposée en dehors de l’hôpital.
• Le traitement médical des AC intrahospitaliers des patients non
– Une question éthique particulière est soulevée par la RCP des monitorés n’a pas de particularité par rapport au traitement des
patients hospitalisés. En effet, la RCP est l’un des rares protocoles AC extrahospitaliers, justifiant la mise en place des mêmes
thérapeutiques qui nécessite une prescription définie à l’avance pour algorithmes de traitement.
ne pas être réalisée au moment voulu. La décision de réanimation

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36-725-B-10 Réanimation cardiopulmonaire en milieu hospitalier Anesthésie-Réanimation

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