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Département d'anesthésie-réanimation, Samu 21, CHU Dijon, Hôpital Général, 3,
rue du Faubourg Raines, BP 1519 ; 2 service d'imagerie médicale, CHU Dijon, Hôpital
Général, 3 rue du Faubourg Raines, BP 1519 ; 3 service régional d'accueil des
urgences, CHU Dijon, Hôpital Général, 3 rue du Faubourg Raines, BP 1519, 21033
Dijon cedex, France
e-mail : marc.freysz@chu-dijon.fr
POINTS ESSENTIELS
· L'hémorragie est, avec les lésions cérébrales, la cause principale des décès post-traumatiques,
du fait du choc et/ou de ses conséquences : il convient donc d'en faire le diagnostic précoce
pour en permettre l'hémostase.
· Lorsque l'état hémodynamique du patient est instable, le blessé est orienté en salle de
déchoquage voire au bloc opératoire, où un bilan radiologique minimal est effectué. Une
radiographie pulmonaire, une échographie abdomino-pelvienne et un cliché du bassin étayent
la décision d'urgence.
· Devant un état hémodynamique stabilisé ou stable d'emblée, le blessé est rapidement orienté
vers la radiologie d'urgence où une scanographie corps entier, si possible multibarette, permet
un diagnostic lésionnel exhaustif et rapide.
· Une organisation régionale de prise en charge, connue de tous, régulièrement évaluée, doit
être préétablie.
INTRODUCTION
5. Enfin, retrouve-t-on un des éléments anamnestiques suivants (à discuter au cas par cas) ?
· Âge > 65 ans
· Insuffisance cardiaque, coronarienne, respiratoire
· Grossesse (2e et 3e trimestre)
· Trouble de la crase sanguine
Devant une détresse ventilatoire
L'orientation optimale est le fruit d'une collaboration étroite entre l'équipe Smur
dépêchée sur les lieux de l'accident, le médecin régulateur du Samu et les médecins
du service d'accueil. Ce partage d'informations doit permettre la préparation de
l'accueil (salle de déchoquage, salle d'accueil des urgences vitales, bloc
opératoire...), l'éventuelle commande de produits sanguins labiles et la mise à
disposition du personnel adéquat. L'improvisation se traduit clairement par une
perte de chance pour le patient [22].
- le traumatisé grave est considéré comme porteur d'une fracture du rachis jusqu'à
preuve du contraire apportée par l'imagerie. Les précautions classiques s'appliquent
donc ;
- le déshabillage est toujours complet mais dans une ambiance thermique chaude.
Dès l'arrivée en salle, le monitorage est rebranché sans jamais être interrompu.
Celui-ci comporte au minimum scope, pression artérielle non invasive et
saturométre de pouls. Si le malade est intubé, la capnographie est de règle. Il est
indispensable de mettre en place dans les meilleurs délais un monitorage invasif de
la pression artérielle. Une surveillance de l'hémoglobine par micro-méthode est
débutée. En cas de traumatisme crânien grave associé, les gaz du sang sont
demandés rapidement pour permettre le réglage optimal du respirateur (objectif
PaCO2 à 35 mmHg). Le monitorage de la température corporelle est débuté.
Dès l'admission, le patient est réévalué sur les plans hémodynamique, ventilatoire et
neurologique et d'éventuelles mesures thérapeutiques urgentes sont prises en
complément de celles déjà initiées préalablement. Il convient enfin de vérifier la
bonne position des différentes sondes, cathéters et drains.
Mise en condition
Une sonde gastrique et une sonde vésicale (remplacée par un cathéter sus-pubien
en cas de fracture du bassin chez l'homme) complètent cette mise en condition.
La prise en charge est assurée par une équipe multidisciplinaire mais un seul
médecin doit coordonner : c'est en règle l'anesthésiste-réanimateur mais une
procédure écrite est souhaitable. Un dossier d'observation, au mieux informatisé,
est complété. Les paramètres vitaux sont enregistrés par le moniteur et imprimés à
la sortie des urgences.
Bilan lésionnel
L'admission aux urgences ne doit pas retarder une chirurgie d'hémostase. Il faut
donc proportionner la demande d'examens à l'état clinique du patient : plus l'état
est instable, plus cette demande doit être réduite [26]. Un geste neurochirurgical
d'urgence est beaucoup plus rare que la nécessité d'une laparotomie d'urgence : le
scanner cérébral passe donc au second plan en cas d'instabilité
hémodynamique [27].
Blessé instable
Blessé stabilisé
Si le blessé est stabilisé par les manœuvres de réanimation (classe 3), le bilan
lésionnel est au contraire exhaustif afin de mettre sur pied une stratégie
thérapeutique globale. La méconnaissance de certaines lésions est en effet source
d'aggravation de la mortalité du traumatisme grave. Le bilan lésionnel repose sur la
tomodensitométrie mais l'examen clinique est soigneux pour ne pas négliger des
lésions de mauvais pronostic fonctionnel, comme une plaie oculaire.
Le rapport bénéfice/risque doit donc toujours être pesé en prenant en compte les
états hémodynamique et ventilatoire du traumatisé grave (à réévaluer juste avant le
transfert) et en recherchant le moment le plus approprié pour l'effectuer. Ce
transport se place dans la continuité de la prise en charge et est soigneusement
organisé [38].
L'orientation initiale et l'organisation des transferts pour réalisation des examens
complémentaires et de leurs séquences doivent être soigneusement réfléchies, la
décision revenant au médecin coordonnateur [34].
En radiologie d'urgence
Traumatisme crânien
L'indication d'une scanographie cérébrale est large chez le traumatisé grave, non
seulement du fait de l'existence d'une perte de connaissance ou d'un coma mais
aussi du fait des intoxications associées éventuelles (alcooliques ou autres) et de la
sédation souvent nécessaire dès la phase préhospitalière. Un déficit neurologique
focal ou une plaie cranio-cérébrale rendent cet examen urgent. Cependant, une
imagerie trop précoce peut être faussement rassurante et doit être répétée.
L'examen est réalisé sans injection avec double fenêtrage parenchymateux et
osseux [44] [45]. L'examen recherche dans un premier temps un hématome extra-
dural (HED) qui représente l'urgence neurochirurgicale, un hématome sous-dural
aigu (HSD aigu) dont l'indication d'évacuation est à discuter avec le neurochirurgien
au cas par cas, des contusions hémorragiques. Des lésions de cisaillement axonal,
mieux visibles en IRM, une hémorragie intraventriculaire et un engagement cérébral
sous-falcoriel, temporal ou cérébelleux sont également recherchés. Enfin, la
visualisation ou non des citernes de la base permet d'évaluer le degré
d'hypertension intracrânienne. L'établissement du score de la Traumatic Coma Data
Bank contribue à une première évaluation pronostique [46].
Traumatisme thoracique
La technique est une acquisition hélicale avec injection, à un temps artériel précoce.
Le scanner peut mettre en évidence [47] [48] :
Traumatismes abdominaux
La technique est une acquisition hélicale avec injection d'iode à un temps précoce
artériel et tardif parenchymateux. Le scanner peut mettre en évidence [49] les
lésions suivantes :
Les traumatismes du pédicule vasculaire rénal sont les lésions les plus graves. Elles
justifient d'une embolisation à visée hémostatique ou d'un « stenting » en cas de
dissection sténosante à l'origine d'un défaut, complet ou partiel de vascularisation
rénale. Le scanner permet de faire le bilan vasculaire et parenchymateux des lésions
rénales.
- Un hématome pelvien
Traumatismes artériels
Traumatismes rachidiens
Une imagerie du rachis cervical doit être obtenue chez tous les blessés sauf lorsque
tous les critères suivants sont réunis [51] :
- déficit neurologique avec cervicarthrose et/ou canal spinal étroit sans lésion
osseuse de nature traumatique ;
CONCLUSION
La prise en charge du blessé à l'hôpital se fait dans la continuité de celle du Smur ;
elle doit être multidisciplinaire mais coordonnée par un médecin expérimenté
désigné préalablement dans le cadre d'une procédure écrite. La compétence de
l'équipe est très liée à l'activité qu'elle assure avec une notion de masse critique.
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