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I-7-87 Infections cutanéo-muqueuses bactériennes et mycotiques

Dermatologie

ERYSIPELE= Dermohypodermite aiguë bactérienne non nécrosante


Epidémiologie Germes (Streptocoque béta hémolytique du groupe A, plus rarement streptocoque C ou G ou S. aureus)
Porte d’entrée (membre inférieur : intertrigo interorteil, ulcère de jambe, plaie, visage : lésion cutanée ou orificielle)
Clinique Erysipèle de jambe : facteurs favorisant (locaux : insuffisance veineuse et lymphatique, généraux : obésité), clinique : fièvre avec état général conservé,
« grosse jambe rouge aiguë » : placard inflammatoire de la jambe aux limites imprécises sans bourrelet périphérique, à extension centrifuge par rapport à la porte
d’entrée, trainée de lymphangite et adénopathie ; cercler les lésions et rechercher une porte d’entrée et des signes de gravité
Erysipèle de la face : idem mais placard net avec bourrelet périphérique
Facteurs de Terrain (obésité, alcool, diabète, prise d’AINS récidive)
gravité Signes cliniques évoquant une fasciite nécrosante (signes de choc, douleur et œdème majeurs, nécrose focale, livedo, bulles hémorragiques, hypoesthésie)
Paraclinique Pas d’examen complémentaire bactériologique si forme typique, sans complication, sans comorbidité ; sinon, hémocultures, prélèvement liquide de bulle et
porte d’entrée mais peu rentables ; L’EchoDoppler veineux des membres inférieurs est inutile (sauf cas exceptionnel de diagnostic différentiel de la phlébite)
Complications Infectieuses (abcès, fasciite nécrosante, septicémie, localisation septique à distance, glomérulonéphrite aiguë), non infectieuses (constitution ou aggravation d’un
lymphoedème, thromboembolique), iatrogène, décompensation de tares, récidives (insuffisance veineuse, chercher une porte d’entrée non traitée)
Traitement Ambulatoire si diagnostic certain, pas de signes généraux ou locaux importants, bon terrain, bon contexte social, observance) ; hospitalisation sinon
 Antibiothérapie : amoxicilline 10 à 20 jours (prystinamycine si allergie)
 Traitement symptomatique
- Antalgiques adaptés à l’EVA ; contre-indiquer les AINS
- Repos au lit antalgique et lever dès que possible
- Cerceau de protection
- Contention veineuse élastique à porter pendant au moins 2-3 semaines car risque de lymphoedème séquellaire, qui fait le lit de la récidive des érysipèles
- Pas de traitement prophylactique antithrombotique par HBPM (le risque de survenue d’une thrombose veineuse profonde au cours de l’érysipèle est faible)
 Vérification du statut vaccinal antitétanique et rappel vaccinal si besoin
 Traitement de la porte d’entrée : antiseptique en cas de plaie, antimycosique local en cas d'intertrigo inter-orteils
 NB : Le traitement de référence IV de l’érysipèle est la pénicilline G ; en cas d’allergie aux bêta-lactamines, on peut proposer des macrolides ou de la
pristynamycine
Traitement des fasciites nécrosantes : hospitalisation en réanimation et correction des défaillances viscérales, traitement chirurgical (incision et mise à plat des
tissus nécrosés, antibiothérapie IV double ou triple : dans les DHBN-FN des membres et de la région cervico-faciale, une asso-
ciation de pénicilline G et de clindamycine ou éventuellement de rifampicine ;
dans les DHBN-FN de l’abdomen et du périnée l’association d’une pénicilline à spectre large de type uréidopénicilline et d’un imidazolé (métronidazole), éventuellement associé à un
aminoside type amikacine
Récidives Traitement curatif et antibioprophylaxie antistreptocoque : pénicilline G retard tous les 15j

FURONCLES = folliculite suppurée profonde liée à S. auréus


Clinique Papule centrée par un poil évoluant vers un nodule inflammatoire douloureux centré par une pustulette, puis élimination du bourbillon par un orifice au
sommet du nodule laissant place à un cratère ; guérison en 2 à 3 semaines en laissant une cicatrice ; localisation : barbe, nuque, épaules, périnée ; pas de fièvre
Traitement Soins locaux (ne pas manipuler, antiseptique local, antibiotique local : fucidine, extraire le bourbillon à la pince quand le furoncle est mûr) ; mesures d’hygiène
(lavage des mains, ongles courts) ; pas d’antiobiothérapie par voie générale sauf furoncle médiofacial, furoncles mutiples, terrain fragilisé
Formes Anthrax (agglomérat de furoncles) : antibiothérapie par voie générale +/-mise à plat chirurgicale)
cliniques Furonculose (récidive chronique de furoncles avec séquelles) prélèvements bactériologiques des gîtes, traitement des gîtes par antiseptique et antibiotique local)
Complications Récidive, staphylococcie maligne de la face (thrombophlébite suppurée, antibiothérapie IV), abcès, lymphangite, septicémie et localisations à distance

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IMPETIGO = infection bulleuse épidermique liée à S. aureus ou à SBHA
Terrain Enfant ++, autoinoculable, très contagieux
Diagnostic Bulle ou vésicule avec halo érythémateux se troublant en quelques heures pour donner une pustule qui se rompt très vite et qui évolue vers une érosion qui se
couvre d’une croûte jaunâtre méllicérique, peu prurigineux ; évolue sous traitement en quelques jours sans laisser de cicatrice ; les lésions sont regroupées en
placards croûteux avec lésions d’âge différent ; localisation périorificielle++, peau sous-jacente saine sauf chez l’adulte ; pas de fièvre
Paraclinique Réalisation de prélèvements des lésions et des orifices si SARM ou épidémie
Formes Impétigo bulleux du nourrisson (S.aureus), ecthyma (impétigo nécrotique du SDF), impétiginisation d’une dermatose (gale, pédiculose, eczéma, varicelle)
cliniques
Complications Infectieuses (autoinoculation à tout le tégument, abcès, pyodermite, cellulite), syndrome toxinique (épidermolyse bulleuse staphylococcique, scarlatine), GNA
post-streptococcique
Traitement Antibiothérapie par voie générale active sur staphylocoque et streptocoque (synergistine : pristinamycine), traitement local (antiseptique, antibiothérapie locale),
couper les ongles courts, éviction scolaire !CHEZ L’ADULTE : rechercher une dermatose sous-jacente!

Infections cutanéo-muqueuses à C. ALBICANS (Champignon levurifome)


Facteurs favorisants : pH acide, milieu sucré, humidité, irritation chronique ; prélèvement mycologique uniquement si lésions atypiques, résistantes ou récidivantes
Candidoses Stomatite (langue et face interne des joues, sensation de cuisson, sécheresse, et goût métallique, muqueuse érythémateuse, vernissée, avec dépôts
muqueuses grumeleux) ; Oesophagite (immunodéprimés, dysphagie et brûlures, dépôts blanchâtres muqueux en FOGD),
Anite, balanite, vulvovaginite (prurit, muqueuse érythémateuse, leucorrhée blanchâtre)
Candidose cutanée Intertrigo des grands plis (pli inguinal, interfessier, sous-mammaire ; prurit, lésion rouge vernissée et suintante débutant au fond du pli fissuré parfois
recouverte d’un enduit blanchâtre, bordure émiettée; traitement local par pommade antifongique), perlèche, intertrigo des petits plis (rare)
Candidose unguéale Périonyxis et onyxis (travailleur manuel, débute par un périonyxis puis onyxis avec coloration brun-verdâtre du bord proximal de l’ongle)
Diagnostic clinique sauf doute ; prélèvements systématiques pour le périonyxis ou l’onyxis (examens mycotiques avec examen direct et culture sur milieu de Sabouraud)
Traitement : suppression des facteurs favorisants, antifongique local
Traitement général dans certaines indications : résistance ou récidives fréquentes, lésions multiples ou étendues, immunodépression, oesophagite, suspicion de foyer intestinal

Infections à DERMATOPHYTES (Champignons kératinophiles : microsporon, epidermophyton, trichophyton)


Toujours pathogènes, contamination par l’animal si dermatophyte zoophile (M.canis, par le chat) et interhumaine indirecte si dermatophyte anthropophile (T.rubrum)
Dermatophytie de la peau glabre Herpes circiné (M.canis) : lésion unique ou multiple, arrondie, rosée à bordure nette polycyclique, prurigineuse, guérison centrale
Dermatophytie des grands plis Eczema marginé de Hebra (T. rubrum) : racine des cuisses, lésion rosée prurigineuse à bordure nette polycyclique, guérison centrale
Dermatophytie des petits plis Intertrigo interorteil (T. rubrum) : fissure rouge vif au centre du pli bordée par une macération blanchâtre, forme limitée (4e espace) ou
profuse, atteinte unguéale fréquemment associée
Atteinte des poils Folliculite des jambes, sycosis
Atteinte unguéale (T. rubrum): prédominance gros orteil, débute sous le bord libre de l’ongle par un épaississement périunguéal jaunâtre, sans périonyxis
Atteinte du cuir chevelu : teignes Teignes tondantes (M. canis non contagieux car zoophile, Trichophyton très contagieux car anthropophile)
plaque arrondie érythématosquameuse pseudo-alopécique (cheveux cassés)
unique et fluorescent en lumière de Wood si teigne microsporique, multiples et non fluorescent si teigne trichophytique
Teignes suppurées ou kérion (Trichophyton) : placard inflammatoire à bord nets couvert de pustules, guérison spontanée avec alopécie
Teignes faviques (Trichophyton): alopéciantes
Paraclinique Prélèvement mycologique systématique avec examen direct et culture sur milieu de Sabouraud
Traitement: suppression des facteurs favorisants, antifongique local, traitement de la source (animal ou entourage)
!Attention : rasage des cheveux et poils parasités, éviction scolaire si Trichophyton !
Traitement général dans certaines indications : résistance, lésions multiples ou étendues, toutes les atteintes pilaires (folliculite, sycosis, teignes), onyxis si atteinte proximale

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