II. Quelques définitions III. Examen d’un malade présentant une stomatite IV. Les stomatites les plus courantes A. Stomatites vésiculeuses B. Stomatites bulleuses C. Stomatites mycosiques Conclusion Introduction La muqueuse buccale tapisse toute la cavité buccale. Elle est constituée d'un épithélium, d'une membrane basale qui constitue la jonction épithélo-conjonctive (entre cet épithélium et le tissu situé au dessous), et donc d'un tissu sous-jacent appelé tissu conjonctif, qui a pour rôle d'assurer, grâce à sa vascularisation, l'alimentation et la nutrition du tissu épithélial. L’inflammation de la muqueuse buccale est désignée sous le vocable de stomatite. Ce terme générique signifie de façon plus précise "une inflammation du stomodeum" : soit, le nom du tissu embryonnaire dont la bouche et les structures associées sont dérivées. Cette inflammation peut toucher les joues, les gencives, la langue, les lèvres ou encore le palais, et se caractérise principalement par des ulcérations. Les stomatites présentent plusieurs aspects anatomo-cliniques comme en dermatologie. La salive joue également des rôles indispensables : à côté de fonctions digestives, elle exerce des fonctions de protection, qui permettent d'accélérer la cicatrisation ou la coagulation sanguine. En outre, la salive est fortement impliquée dans le maintien de l'équilibre écologique au sein de la bouche. Une rupture de cet équilibre pourra ainsi être en cause dans l'apparition d'une stomatite. I. Causes de la stomatite La stomatite est le plus souvent causée par un agent infectieux : le virus herpes simplex, en cas de stomatite herpétique, ou d'autres virus, voire des bactéries comme dans le cas de la syphilis (maladie sexuellement transmissible causée par la bactérie Treponema pallidum), ou encore une levure appelée Candida. Elle peut aussi être parfois une complication suite à la prise de certains médicaments. Elle s'avère également être une conséquence fréquente de la radiothérapie, la chimiothérapie, et la radio-chimiothérapie, par exemple chez les patients atteints de cancer. Les facteurs de risque Les personnes ayant une mauvaise hygiène bucco-dentaire sont plus à risque de développer une stomatite. Par ailleurs, les personnes atteintes de cancer, ou les patients ayant eu recours à des transplantations de cellules souches hématopoïétiques, sont également davantage à risque de stomatite, puisqu'elle peut être un effet secondaire fréquent de la radiothérapie et de la chimiothérapie. II. Quelques définitions - Une macule est une tâche rouge ou violacée ne faisant pas saillie par rapport au plan cutanéo-muqueux. Elle s’efface momentanément à la pression digitale. - Une papules : lésions en relief, solides et ne contenant pas de liquide, dues à un épaississement de l'épithélium comme dans le cas des verrues ; - Une pustule: Soulèvement circonscrit de la muqueuse, contenant un liquide purulent - Une érosion: Usure muqueuse, superficielle (n’intéressant que l’épithélium), le plus souvent traumatique • Une ulcération: Usure muqueuse plus importante, le plus souvent par nécrose tissulaire, non seulement de l’épithélium, mais aussi des couches sous-jacentes. - Une vésicule: Petite élevure muqueuse, formant une cavité <2mm contenant un liquide clair et transparent - Une bulle: Elevure muqueuse de cavité>2mm, contenant un liquide clair et transparent et pouvant être sus ou sous-épithéliale. NB: La phlyctène désigne simplement une vésicule ou une bulle A cela, peuvent s'ajouter des œdèmes, des exsudats, la sécheresse des muqueuses, des saignements des gencives, des gonflements, des démangeaisons… Et évidemment, des douleurs peuvent être fréquemment ressenties. III. Examen d’un patient présentant une stomatite vésiculo-bulleuse Il doit être méticuleux et se faire sous un bon éclairage. 1) L’interrogatoire doit préciser - Histoire de la maladie, les rechutes éventuelles - Antécédents médicaux et thérapeutiques déjà suivies - Notions de contage - Signes généraux et signes fonctionnels (asthénie, douleur, sécheresse buccale…) 2) L’examen proprement dit détermine - Lésion élémentaire Erosion, vésicule, bulle Si Ulcération: préciser alors le fond, le bord (décollé ou pas) et la base (infiltrée ou pas) - Etat des dents, des gencives et des muqueuses - Examen extra buccal si nécessaire (ORL, oculaire, génital, mains et pieds) - Adénopathie satellite 3) Formes cliniques - Suivant l’aspect de la lésion élémentaire - Suivant l’étiologie (virale, mycosique ou autre) - Monopolaires ou bipolaires (cavité buccale exclusive ou avec atteinte d’autre siège (génital par ex)) - Monomorphes ou polymorphes selon les lésions 4) Examens complémentaires: En fonction des résultats cliniques - NFS, plaquettes, éosinophilie… - Biopsie - Recherche d’anticorps spécifiques par immunofluorescence - Bilan radiologique (clichés panoramiques, rétro-alvéolaires…) IV. Les stomatites les plus courantes A- Stomatites vésiculeuses 1) Les aphtes; Aphtoses 1.1 Aphte simple: Petite ulcération buccale, très douloureuse, faisant suite à une vésicule qui se rompt. Etiologie: Elle reste inconnue même si l’on accuse - Certains aliments comme les noix, les raisins secs, les agrumes - Certains troubles digestifs comme les entérocolites - Grossesse et menstruation Clinique: . Apparition d’une vésicule très éphémère qui se rompt très rapidement pour laisser place à une petite ulcération typique: . Arrondie ou ovalaire < 2mm . Fond jaunâtre ,,beurre frais’’ . Bord plat, limité par un fin liséré rouge . Base parfois inflammatoire mais pas indurée . Très douloureuse, pouvant gêner la phonation, et la déglutition . Siège: face interne des lèvres, des joues, les gencives, la langue, le plancher buccal et rarement le voile du palais . Monoplaire . Sans adénopathie satellite . Evolution sur une dizaine de jours Traitement: surtout symptomatique, visant surtout la douleur Anesthésique de contact Analgésiques Corticoïdes locaux Vitamine C à haute dose Rarement ATB dans les formes surinfectés Aphte Aphtes 1.2 Stomatite aphteuse: Elle diffère de la précédente par: - Eruption de plusieurs aphtes, non confluents, sur toute la muqueuse buccale - Importante atteinte de l’état général - Parfois avec extension cutanée.
1.3 Périadénite de Sutton: Caractérisée par
Aphtes géants, uniques ou multiples, ulcéro-nécrotiques Siège de prédilection: glandes salivaires accessoires au niveau des joues, lèvres, bords et pointe de la langue, voile du palais Base très inflammatoire Évolution vers la limitation de l’ouverture buccale et labiale avec cicatrices rétractiles 1.4 Syndrome de Behcet Elle serait une maladie auto-immune systémique avec: - Une aphtose buccale ou bipolaire (buccale et génitale) et peut comporter en outre: • Des lésions cutanées vésiculo-papuleuses dont la rupture entraine des ulcérations à bords taillés à pic • Des lésions occulaires: iritis récidivant avec hypopion (collection de pus dans la chambre antérieure de l’œil) • Des manifestations rhumatismales • Des manifestations viscérales, surtout digestives • Des manifestations neurologiques de toutes sortes • Des manifestations septicémiques. 2)- Herpès et stomatites herpétiques L’herpès simple est une éruption de vésicules, groupées, formant un ,, bouquet’’. Elle est due au virus herpes simplex hominis de type I. On distingue deux phases: a) La primo-invasion Souvent dans l’enfance de moins de 5 ans Rarement symptomatique avec: Gingivo-stomatite aigue fébrile Angine herpétique aigue, fébrile et dysphagique Siège: face interne des joues, les gencives, le palais, le pharynx Adénopathie satellite sous-maxillaire et sous-mentale douloureuse Evolution vers la guérison en quinzaine b) L’herpès buccal récurrent C’est le classique «bouton de fièvre» dû à la réapparition du virus resté dans les ganglions rachidiens depuis la primo-infection. Apparaît souvent à la suite d’un traumatisme physique ou psychique Siège le plus souvent à la commissure labiale Plaque rouge très douloureuse, faite de bouquet de petites vésicules avec sensation de cuisson Les vésicules se recouvrent de croûte sur le versant labial Les vésicules sur le versant muqueux vont se rompre pour former des érosions ou ulcérations polycycliques, dentelées, jaunes-rougeâtres, limitées par un liséré carminé. Adénopathie satellite inconstante Traitement: Analgésiques + Zovirax, Vit C Herpès Herpès Herpès Périadénite de Sutton Périadénite de Sutton Périadénite de Sutton 3)- Varicelle et zona a) La varicelle est la primo infection du zona, due au virus varicellae encore appelé virus zoster. • siège: faces internes des joues et palais mais aussi au niveau de la peau du visage et du corps • L’énanthème buccal est fait de vésicules sur fond érythémateux • La rupture des vésicules entraine des érosions et des ulcérations douloureuses, aphtoïdes. • Guérison en une huitaine de jours, mais avec possibles cicatrices sur le corps • Traitement: symptomatique • Eviction scolaire: 15 jours b) Le zona est la résurgence du virus de la varicelle • Toujours unilatéral • Début marqué par: - Incubation de 4-5 jours - Atteinte de l’état général - Douleurs unilatérales dans le territoire nerveux atteint ( nerf facial, lingual, ou trijumeau) • Phase d’état caractérisée par - Éruption de vésicules à contenu clair sur fond érythémateux, avec sensation de brûlure - Ces plaques érythémato-vésiculeuses sont séparées par des intervalles de peau ou de muqueuse saines. - Sur la muqueuse, les vésicules se rompent et donnent des ulcérations, grisâtres, pseudo-membraneuses - Les lésions n’évoluent pas toutes simultanément: chaque élément fait environ 8 jours, mais la durée totale de l’éruption est environ de trois (03) semaines. - Adénopathie satellite - Traitement: symptomatique et si nécessaire ATB (pour éviter la surinfection), plus vitamine B 4)- Syndrome ‘’Mains-Pieds-Bouche’’ Maladie due au virus coxsackie A16 Contagieuse, survenant surtout chez l’enfant Incubation: 3-5 jours Stomatite vésiculeuse douloureuse Eruptions maculo-vésiculeuses aux faces palmaires et aux espaces interdigitaux des mains et des pieds Diagnostic biologique: par isolement du virus dans les selles et les sécretions pharyngées et par l’augmentation des anticorps Guérison en 1 semaine Traitement: symptomatique B- Stomatites bulleuses 1- Erythème polymorphe de Hébra - C’est un syndrome éruptif, souvent récidivant. - Les lésions cutanéo-muqueuses sont symétriques - Dans la bouche, elles intéressent gencives, joues, bords linguaux, lèvres et palais - Les bulles se rompant facilement donnent des érosions et ulcérations hémorragiques, douloureuses, recouvertes parfois d’une fausse membrane jaunâtre. - Elles peuvent se localiser aussi aux organes génitaux, aux yeux - Les signes fonctionnels et généraux sont souvent sévères - L’étiologie: le +souvent inconnue, mais on recherche toutefois • Une infection bactérienne ou virale (virus herpès, chlamydiae, coxsackie) • Une infection chronique à streptoccoque • Une intoxication alimentaire ou médicamenteuse (pénicilline, antipaludéens de synthèse, anti-inflammatoires etc.) - Traitement: • Suppression des causes si connues • ATB et corticothérapie de couverture 2- Maladie de Durhing-Brocq - Atteint peau et muqueuses - Invalidante par la dysphagie et les troubles du sommeil qu’elle provoque, l’état général restant toutefois satisfaisant - Débute par des sensations de brûlure et de prurit ou d’emblée par des placards érythémateux, surmontés de bulles - Les lésions buccales sont rondes ou confluentes, en nappe, partiellement recouvertes d’un voile membraneux très douloureuses - Diagnostic à base de la biopsie >>> bulles sous-épithéliales et éosinophilie intra-bullaire + éosinophilie sanguine - Traitement: Corticothérapie locale, sulfamides, immunodépresseurs et les sulfones C- stomatites mycosiques Il s’agit surtout des candidoses buccales. 1. Généralités: - Cliniquement: macules érythémateuses avec points blancs, ou parfois avec des squames épaisses, détachables, sans saignement sur la face interne des joues, de la langue et du palais 2. Facteurs favorisants - Antibiothérapie abusive - Oestroprogestatifs - Corticothérapie - Psychotropes - Immunodépression - Grossesse - Diabète 3. Formes cliniques: a. Formes érythémato-érosives: - La glossite dépapillante qui se manifeste par une inflammation de la langue avec perte des papilles gustatives souvent en forme losangique - La stomatite érosive b. Formes chroniques - Le muguet chronique qui est une glossite blanchâtre érythémateuse avec parfois ouranite et lésions kératosiques des joues - La perlèche moniliasique: lésions blanchâtres aux coins des lèvres 4. Diagnostic biologique: - Examen direct et cultures sur milieu de Sabouraud à la recherche de levures - Biopsie, en cas de granulome moniliasique 5. Traitement: - Antimycosiques - Traitement des facteurs favorisants - Traitement chirurgical en cas de granulome moniliasique Conclusion Les stomatites peuvent être, selon les éléments de base, érythémateuses, papuleuses, pustuleuses, érosives, vésiculeuses, bulleuses, ulcéreuses et ou en combinaison d’éléments. Elles peuvent se classer aussi selon l’étiologie en idiopathiques, traumatiques, médicamenteuses, virales ou mycosiques • La stomatite peut être causée par une maladie, une infection, une réaction allergique, ou des aliments ou des produits chimiques irritants. • Le NOMA est une forme particulière de stomatite. • Le traitement consiste à contrôler les facteurs favorisants, à éviter la substance qui a déclenché l'inflammation et à utiliser des médicaments topiques
Sutures Chirurgicales: Un Manuel Pratique sur les Nœuds Chirurgicaux et les Techniques de Suture Utilisées dans les Premiers Secours, la Chirurgie et la Médecine Générale