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Infections orbitaires

INTRODUCTION : Classification
- Pathologie orbitaire primitive la plus fréquente. - Chandler la plus répandue :
- invasion hématogène (septicémie) ou par contiguïté Grade I : cellulite préseptale ou œdème
(sinusienne dans 70% chez adulte et 90 % chez enfant). inflammatoire orbitaire :
- Variation saisonnière (infections respiratoires surtout - Œdème par obstruction plexus de veine ophtalmique
enfant). supérieure.
- Plus fréquente chez enfants et adolescents (6-15 ans) et - Œdème inflammatoire des paupières (tendues)
plus sévère si âgé (60-70ans). Sexe masculin. chémosis rare, pas troubles d’oculomotricité, pas BAV.
- Adulte : Streptococcus pneumoniae et Staphylococcus - Exophtalmie modérée dans 30 % des cas par oedème
aureus. inflammatoire d’orbite, douleur peu intense (tension
- Enfant : Haemophilus influenzae (reduite par tissus sous-cutanés).
vaccination). Grade II : cellulite orbitaire diffuse
- Deux types : préseptale (avant septum orbitaire) et - Œdème diffus d’orbite par infiltration micro-organismes
rétroseptale ou cellulite vraie (arrière septum) dont prise et cellules inflammatoires.
en charge et pronostic très différent. - Pas d’abcès collecté visible, paupières oedémateuses et
- Examen clinique et scanner : bon diagnostic, gravité et tendues, chémosis, BAV possible.
indication chirurgical. -Exophtalmie axile et limitation d’oculomotricité (œdème
- Forme rétroseptale : urgence thérapeutique, d’orbite et/ou atteinte musculaire toxique par micro-
biantibiothérapie IV avec souvent drainage chirurgical organismes) douleur profonde.
orbite, voire sinus impliqué (potentiellement létale et Grade III : abcès sous-périosté
possible séquelles visuelles voir cécité). - Collection pus entre os et périorbite avec oedème
ANATOMIE PHYSIOPATHOGÉNIQUE localisé autour d’abcès.
- Peau : paupières très fine. - Exophtalmie non axile (déplacement opposé à abcès) et
- Septum : seule barrière infranchissable pour infection, limitation d’oculomotricité, BAV si abcès important et
sauf entre insertion d’aponévrose et tarse ou déhiscence compression NO, douleur orbitaire non constante.
acquise d’aponévrose (ptosis involutionnel). - Palpation orbitaire antérieure, douleur exquise, voire
- Cellulite préseptale : antérieure au septum, masse.
Infection point départ peau ou sinusienne, puis se Grade IV : abcès orbitaire
propage à orbite en absence de traitement. - Collection pus dans orbite.
- Cellulites orbitaires : origine sinusienne surtout - Chémosis majeur, exophtalmie constante, axile ou non,
ethmoïdomaxillaires (Sinusite sphénoïdale ou frontale troubles oculomoteurs jusqu’à l’ophtalmoplégie
plus âgés vers 6 ans). complète et BAV très fréquente, douleur profonde.
- Sinus : ethmoïdales, in utero, maxillaire vers 2 ans et - Œdème papillaire avec dilatation veineuse.
frontaux vers 5-7 ans. Grade V : thrombose du sinus caverneux
- Rapports entre sinus et orbite : étroits (lame papyracée - Extension postérieure d’infection via veines
ethmoïdale très fine < 0,5 mm) avec communications ophtalmiques supérieures entraîne thrombose du sinus
congénitales ou traumatiques (ethimoide très fragile) caverneux uni- ou bilatérale.
permettant ainsi à infection ethmoïdale de se répandre - Œdème majeur avec chémosis.
dans orbite. - Ophtalmoplégie avec atteinte V1 et V2, voire
-Périoste (périorbite) : importante barrière à infection neuropathie.
(infection provenant des sinus d’abord abcès - possible atteinte méningée avec sepsis et altération de
souspériosté puis se propager dans orbite). la conscience.
- Veines : drainent orbite, sinus de face, paupières et - Douleur profonde, fièvre et céphalées dans 2/3 des cas.
tissus avoisinants , système anastomotique et permet à Examen clinique :
infection de s’étendre et atteindre sinus caverneux puis - Antécédents : traumatisme, infection cutanée (orgelet,
cerveau. bouton, herpès, etc.), sinusite, problèmes dentaires ou
SIGNES CLINIQUES ET CLASSIFICATION pulmonaires récents.
- Identifier et classer différents types de cellulites - Facteurs d’immunodépression : diabète, septicémie,
orbitaires (clinique et Scanner) car complications et cancers, diarrhée chronique, SIDA, hémopathie, ou toute
traitements différent . autre immunosuppression.
- Cellulite préseptale : réévaluation à 24-48 h a titre -IRM : cellulites orbitaires complexes (aspergillose)
externe. suspicion de thrombose du sinus caverneux et TDM
-Cellulite orbitaire vraie : hospitalisation et examen normale ,complications intracrâniennes suspectées
ophtalmologique 2X/ j avec AV, réflexes pupillaires, (abcès cérébral, méningite).
oculomotricité, degré d’exophtalmie et intensité de - Echographie orbitaire : pas irradiant, bonne résolution
douleur. d’orbite antérieure mais pas postérieur, limité en
- Examen ORL : rhinoscopie antérieure, examen du palais, pratique.
gencives ou palpation des sinus pour rechercher affection ÉTIOLOGIES ET GERMES INCRIMINÉS
des sinus : rhinorrhée purulente unilatérale et présence
de pus dans méat moyen fortement évocatrices. Cellulites préseptales
- Surveillance : température quotidienne, voire - Secondaire : infection locale cutanée, structures
biquotidienne et constantes physiologiques (pouls, TA). adjacentes préseptales, sinusite ou encore dissémination
Hématogène.
COMPLICATIONS GRAVES : - Haemophilus influenzae : sérotype b (hématogène )
- Cellulite orbitaire vraie (ou rétroseptale) : urgence, doit dans 80 % avant vaccination mais rare maintenant.
être reconnue précocement et traitée énergiquement.
- Cécité : 25-52% ; neuropathie optique mécanique
Cellulites orbitaires vraie
- Souvent : sinusite (90% chez l’enfant, 60% chez l’adulte)
(élévation de pression intraorbitaire), vasculaire par
ethmoïdal dans la majorité des cas puis maxillaire,
ischémie (OACR ou thrombophlébite) ou inflammatoire
rarement frontal (après 6ans) germes des sinusites.
(névrite infectieuse).
- Parfois : traumatisme avec ou sans CE, postchirurgicale
- BAV: occlusions vasculaires rétiniennes, choroïdiennes,
(strabisme, anesthésie péribulbaire, pose matériel et
kératite d’exposition(exophtalmie), exceptionnellement
décompression orbitaire), dentaire, cellulite préseptale,
hémorragies et/ou exsudats rétiniens.
endophtalmie, tumeur surinfectée, usage intensif de
- Panophtalmie, méningite, ou ostéomyélite : rares.
cocaïne par voie nasale ou hématogène.
- Décès : 4%.
Germes incriminés
IMAGERIE - Responsables de sinusites aiguës et infections cutanées.
- Indispensable si suspicion de cellulite orbitaire. - < 9 ans : 80 % mono-microbiennes, aérobies :
- Radiographie standard : plus en première intention, Staphylococcus aureus, Streptococcus pneumoniae,
sinusite. Haemophilus influenzae.
- TDM : avec ou sans injection, examen clé du diagnostic - > 9 ans : polymicrobienne deux à cinq aérobies
positif et étiologique, localisation exacte, taille et état des (Streptococcus, Haemophilus influenzae, Moraxella
sinus mais pas toujours différencier abcès, œdème catarrhalis Staphylococcus, ou anaérobies 
inflammatoire et hématome. (Peptostreptococcus, Propionibacterium, Clostridium,
- Cellulite préseptale: hypodensité préseptale avec Fusobacterium et Bacteroides).
augmentation volume tissulaire, pas d’atteinte orbitaire. - Immunodéprimés ou iatrogène : Pseudomonas et BGN
- Cellulite orbitaire : hypodensité infiltrant tissus avec (Acinetobacter , entérobactéries :Escherichia coli,
graisse orbitaire hétérogène aspect « sale » ou Klebsiella).
«moucheté» avec quelquefois phlegmon solide dans - Exceptionnelle : Tuberculose orbitaire, Syphilis en phase
orbite médiale et aspect de gros muscles, rehaussés tardive.
après injection. - Infections Fongiques : si immunodépression, plus
- Abcès sous-périosté : densité confluente dans orbite graves, zygomycoses (mucormycoses) avec atteinte
médiale (plus fréquemment) ou supérieure, avec rhino-orbitocérébrale, aspergillose sino-orbitaire ou
opacification sinus ethmoïdal ; périoste hyperdense, rerement levures (candidoses, Cryptococcus).
déplacé en intraorbitaire, limitant collection liquidienne - Helminthes : très rares, hydatidose, cysticercose,
hypodense avec ou sans niveau hydroaérique ou anneau schistosomose voir ophtalmomyiase.
périlésionnel après injection.
- Abcès orbitaire: collection de pus dans orbite avec DIAGNOSTIC MICROBIOLOGIQUE
infiltration diffuse de graisse intra et extraorbitaire. - Diagnostic : essentiellement examen clinique et
- Thrombose du sinus caverneux : après injection, imagerie.
hypodensité résiduelle dans sinus caverneux et - Recherche d’agent pathogène : fondamentale pour
élargissement de veine ophtalmique supérieure. traitement adapté :
* Prélèvements : sinusiens, conjonctivaux, cutanés, Cas particuliers : cellulite orbitaire d’origine
sanguins, PL, pus externe, ponction sinus incriminé
(aiguille fine par voie endonasale) ou orbite (par voie
fongique
-Aération et drainage sinus.
antérieure).
- Antifongique : Amphotéricine B ou Voriconazole (plus
* Examen direct et culture.
en plus utilisé) et traitement adjuvant avec oxygène
* Si chirurgie : prélèvement orbitaire ou sinusien du
hyperbare à 100 %.
drainage (Dgc 90 % ), Biopsie tissus nécrotiques
- Exérèse chirurgicale : infection fulminante ou invasive,
(mucormycoses).
exceptionnellement exentération.
- Syndrome inflammatoire : hyperleucocytose, VS.
- Sérologie : Hydatidose ou aspergillose,
- Quantiferon et PCR: Tuberculose.
TRAITEMENT
Cellulites préseptales
- Externe : amoxicilline-acide clavulanique avec contrôle
à 24-48 h, macrolides si allergie.
- Amélioration : prolongement per os au domicile
pendant 10 jours.
- Défavorable : PEC similaire a cellulite rétroseptale
antibiothérapie IV.
- Collectée : incision de l’abcès sous anesthésie local ou
générale.
- PEC de sinusite : par ORL, ponction-drainage ou
méatotomie moyenne.
Cellulites orbitaires vraies (ou rétroseptales)
- Hospitalisation.
- Biantibiothérapie IV : large spectre (aérobies et
anaérobies), céphalosporine de 3e génération (céfotaxime
100 à 200 mg/kg/j ou ceftriaxone, fosfomycine (100 à 200
mg/kg/j).
- Allergie : fluoroquinolone.
- Anaérobies : métronidazole ou clindamycine,
- Staph-MétiR : vancomycine
- Durée : selon évolution (apyrexie et oedème palpébral)
puis relai peros.
- Abcès sous-périostés : antibiothérapie seul suffit dans
93%.
- Autres : décongestionnant nasal, corticothérapie par
voie générale après antibiothérapie, soins locaux (larmes
artificielles, antibiotiques topics, tarsoraphie..)
- Chirurgie: BAV, neuropathie optique, troubles
oculomoteurs importants, patient âgé, abcès collecté
intraorbitaire ou aggravation du tableau clinique.
-Technique : orbitotomie antérieure, puis
éventuellement après ponction d’abcès, ouverture-
drainage de collection avec lame ou drain pendant 24-
48h. Voir endonasale (avec équipe entraînée) après avoir
effondré lame papyracée.
- PEC de sinusite : par ORL.

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