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République Algérienne démocratique et populaire

Ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique

UNIVERSITE MUSTAPHA BEN BOULAID BATNA 2

FACULTE DE MEDECINE
DEPARTEMENT DE MEDECINE

Cours de formation des externes en médecine

Module : ORL

Sinusite aigue

Par

Dr. MERZOUGUI Zohra


Maitre assistante en ORL

Année universitaire 2021-2022


Sinusite aigue
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PLAN

I- Définition et généralités
II- Rappels
III- Etiopathogénie
V- Diagnostic positif TDD: Sinusite maxillaire
VI- Formes cliniques
VII- Diagnostic différentiel
VIII- Evolution et complications
IX- Traitement
X- Conclusion

Objectifs pédagogiques:

1. Connaître les arguments cliniques permettant le diagnostic d’une sinusite


maxillaire aiguë.
2. Connaître les différentes formes de sinusite
3. Diagnostiquer et connaître les complications
4. Prescrire le traitement approprié, antibiotique et/ou symptomatique, à un
patient présentant une sinusite
Sinusite aigue
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I- Définition & Généralités

La sinusite aigue est l’inflammation aigue de la muqueuse des sinus de la face, due à
une infection virale ou le plus souvent bactérienne mais aussi fongique ou due à des
réactions allergiques.
Elle est dite aigue lorsqu’ elle dure moins de 3 semaines.
La symptomatologie varie en fonction de la localisation sinusienne et donc avec l
âge ; du faite du développement décalé dans le temps des différentes cavités
sinusiennes au sein du massif facial.
Habituellement bénigne chez l’adulte, la gravite réside dans la possibilité de survenue
de complications orbitaires ou endocrâniennes.

II- Rappels

1- Embryologique
Les cavités sinusiennes se forment progressivement pendant la petite enfance.
Le sinus ethmoïdal est le premier à apparaître in utero c’est le centre organisateur de
toutes les cavités sinusiennes.
Les maxillaires apparaissent vers l’âge de 3-4 ans, les sinus frontaux vers 10 ans et le
sinus sphénoïdal vers 10- 15 ans.
2- Anatomique :
Les sinus sont des cavités aériennes creusées dans le massif facial communiquant
avec les fosses nasales par l’intermédiaire d’ostium.
On peut les différencier en deux grands groupes sur le plan anatomique,
physiologique et pathologique.
 Complexe sinusien antérieur comptent :
- labyrinthe ethmoïdal antérieur
- sinus frontal
- sinus maxillaire
Ces sinus se drainent dans le même méat : méat moyen.

 Complexe sinusien postérieur constitue par :


- sinus sphénoïdal.
- labyrinthe ethmoïdal postérieur.

Ces cavités se drainent par le méat supérieur


Sinusite aigue
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3 -Histologie :
Les sinus sont tapissés par une muqueuse de type respiratoire en continuité avec la
muqueuse des fosses nasales.
4 –physiologie :
La fonction des sinus n’est pas clairement élucidée mais il a été proposé que ces
structures réduisent la masse osseuse et le poids du crâne, jouent un rôle dans le
réchauffement et l’humidification de l’aire inspiré et un rôle de résonance et
amortissement des chocs au niveau de la boite crânienne.

III-Ètiopathogénie

1- Epidémiologie:
- Age
- sexe ratio:1
2- facteurs favorisants
La RSA aigue peut être d’origine :
 Locale
- D’origine dentaire par propagation d’un foyer apical ou à la suite de manœuvre
iatrogène lors d’extraction difficile.
- D’origine rhinogène par extension d’une rhinite aigue virale le plus souvent.
- D’origine traumatique: fracture trans- sinusienne, barotraumatisme ;
- Dysfonctionnement de l’ostium sinusien : primaire (sinus de petite taille) ou
secondaire (Hypertrophie des cornets, DCN)

 Générale : ID, Allergie, dyskinésie des cils, mucoviscidose, carence


vitaminique C et A
3- pathogénie
Le processus physiopathologique correspond à l’intrication de plusieurs phénomènes
(état inflammatoire, infection,…..) qui ont comme conséquence la création d’un
œdème de la muqueuse. Ce dernier diminue l’aération des sinus il en résulte une
hypoxie qui diminue l’activité ciliaire entraînant une stagnation des secrétions et une
prolifération bactérienne.
L’ensemble de ces phénomènes entretient l’œdème muqueux créant ainsi un cercle
vicieux.
Sinusite aigue
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4- Bactériologie
a. Sinusite aigue d’origine bactérienne: elle n’est pratiquement jamais une
maladie primaire, c’est le plus souvent une complication d’une infection virale
ou une inflammation allergique. Les bactéries les plus fréquemment en causes
sont : Pneumocoque, Staphylocoque et H influenzae, Moraxella catarrhalis est
fréquente dans les sinusites de l’enfant. Les germes anaérobies peuvent
occasionnellement être à l’origine de sinusite aigue.
Les sinusites bactériennes nosocomiales sont le plus souvent poly microbienne
causées par : S aureus, Pseudomonas aérogenosae, Serratia marcescens,
Klebsiella pneumoniae, Entérobacter spp et Protéus mirabites.

b. Sinusite aigue d’origine fongique : qu’elles soient communautaire ou


nosocomiale; les champignons en causes sont : Aspergillus, Cryptoccus,
Pseudallescheria, Sporothrix. De façon générale, la symptomatologie clinique
est la même que celle des sinusites bactériennes.

IV-Diagnostic Positif
TDD : Sinusite maxillaire aigue

1. Signes fonctionnels :
 Douleur unilatérale caractéristique :
 Le plus constante
 Traduit le caractère aigue de l’infection
Sinusite aigue
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 Il s’agit typiquement d’une douleur unilatérale, de localisation sous-orbitaire,


irradiante vers l’arcade dentaire et/ou l’orbite et le front, de caractère pulsatile.
 Exacerbée lorsque le patient se mouche ou se penche en avant et avec la toux.
 Continue ou évoluant par crises.
 Habituellement résistante aux antalgiques.
 Obstruction nasale unilatérale et homolatérale à la douleur.
 Rhinorrhée.
 Fièvre inconstante (fébricule 38-38,5)
 Etat général conservé.

2. Examen physique :
-Inspection : léger œdème de la fausse canine et paupière inférieure.
-Palpation : douleur déclenchée à la pression en regard de la cavité sinusienne
infectée.
-Rhinoscopie antérieure: aspect congestif plus accentué du coté malade, secrétions
muco-purulentes plus ou moins abondantes au niveau du méat moyen.
-Rhinoscopie postérieure: pus sur la queue du cornet inférieur et dans le cavum.
- L’examen de la cavité buccale peut retrouver une traînée muco- purulente sur la
paroi postérieure d’un pharynx.

3- Examen complémentaires :
En général, ils sont inutiles devant un tableau typique et la thérapeutique peut être
amorcée d’emblée.

V- Formes clinique

1. Sinusite maxillaire aiguë bloquée


 Succède à une sinusite maxillaire non ou mal traitée
 Augmentation des douleurs maxillaires:
o Insomniantes, pulsatiles
o Irradiations dentaires et oculaires
 Elévation de la fièvre > 39°
 Arrêt de la rhinorrhée
 Traitement: Ponction drainage et ATB
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2. Sinusite frontale
 Douleur: Intense, pulsatile Sus orbitaire
 Plus souvent unilatérale
 Fièvre > à 38,5°, AEG
 Rhinorrhée purulente et ON unilatérales
 Parfois œdème frontal
 Traitement: ATB + Corticoïdes+ symptomatique
 Hospitalisation en cas de complications en TDM, ou Si pas d’amélioration en
24h
3. Sinusite ethmoidale
 L’enfant
 Fièvre °> 39°
o Œdème palpébral unilatéral,
o Rhinorrhée purulente, congestion nasale
 Signes d’alarme
o Troubles oculaires: BAV, ophtalmoplégie, mydriase, anesthésie
cornéenne
o Signes méningés
o AEG majeure, somnolence
 TDM indispensable
 Traitement en hospitalisation

4. Sinusite sphénoidale
 Céphalées: Profondes Rétro-orbitaires irradiant au vertex/occipital Intenses, la nuit,
insomniantes
 Rhinorrhée postérieure
 Fièvre > 38,5°
 Recherche de signes ophtalmiques
 TDM avec injection +/- IRM
 Traitement:
 Formes non compliquées: ATB + corticothérapie
 Formes compliquées: Hospitalisation
Sinusite aigue
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VI- Diagnostic differentiel

1- Devant une sinusite maxillaire :


-Corps étranger des FN
-Rhinite aigue purulente
-Algie du V
-Poussée de réchauffement d’une sinusite maxillaire
chronique
2- Devant une sinusite frontale :
-Migraine
-Algies neuro-vasculaire de la face
-Névralgie faciale de la branche ophtalmique du V
-Glaucome
-Ostéome
-Troubles visuels
- Arthrose cervicale
-Lésions endocrâniennes
3- Devant une sinusite ethmoïdale :
-Erysipèle
-Furoncle des paupières
-Dacryocystite aigue
VII- Evolution et complication

1. Evolution favorable : sous traitement bien conduit, guérison en 8-15j


2. Evolution défavorable :
 Passage au chronicité
 Complications :

a- Extériorisation: notamment éthmoïdite chez l’enfant à différencier avec les


mucocèles et l’ostéite frontale chez l’adulte jeune.
b- Complications orbitaires:
-Cellulite orbitaire avec fluxion de la paupière sup et chémosis.
-Phlegmon extra-périosté: exophtalmie.
-Phlegmon intra-orbitaire avec cellulites diffuses, paralysie
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oculomotrice(bilan TDM indispensable)

c- Complications crâniennes et encéphalo-méningées :


-Ostéite.
-Abcès cérébral du lobe frontal.
-Abcès extradural, méningite suppurée.
-Thrombophlébite du sinus caverneux

VIII- Traitement
1-Buts :
-Soulager les symptômes.
-Diminuer l’inflammation.
-Restaurer la ventilation des sinus, le drainage et la perméabilité des ostia
-Éradiquer l’infection
-Eviter les complications et le passage à la chronicité
2- Moyens :
 Médicaux :
 Traitement local :
-Pulvérisation de vasoconstricteurs locaux
-Inhalations chaudes
-Pulvérisation d’aérosol ATB et anti inflammatoires
-Lavage des FN
 Mesures générales :
-Antalgique
-ATB pendant 10-14J : bétalactamases, céphalosporines 1,2 ou 3 G
-Traitement anti-inflammatoire : A.I.N.S, CTC
 Rhinologiques :
 Ponction du sinus maxillaire par voie du méat inférieur sous anesthésie
locale avec prélèvement bactériologique électif. Si : ¤ Blocage sinusien
résistant à l’ATB
 Ponction du sinus frontal (Clou de Lemoine) : sinusites bloquées,
hyperalgiques rebelles au traitement conventionnel.
Sinusite aigue
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Conclusion

La démarche diagnostique est anamnestique et clinique.


évoquer une infection bactérienne, conduit à instaurer un traitement antibiotique qui a
pour but de soulager plus rapidement les symptômes et de réduire le risque des
complications orbitaires et encéphalo méningées.

Bibliographie
[1] Klossek JM, Fontanel JP. Sinusites maxillaires. Encycl Med Chir (Elsevier, Paris),
Oto-rhino-laryngologie, 20-430-A-10, 1994 : 1-5
[2] Dessi P. Diagnostic d’une polypose nasosinusienne. Cahiers d’ORL 1995 ; 30 :
498-504
[3] Klossek JM, Fontanel JP. Exploration physique et thérapeutiques spéciales des
sinus. Encycl Med Chir (Elsevier, Paris), Oto-rhino-laryngologie, 20-420-A-10,
1992 : 1-8
[4] Klossek JM, Fontanel JP. Sinusites maxillaires. Encycl Med Chir (Elsevier, Paris),
Oto-rhino-laryngologie, 20-430-A-10, 1994 : 1-5
[5] Klossek JM, Fontanel JP, Ferrie JC. Explorations radiologiques des cavités
sinusiennes et nasales. Encycl Med Chir (Elsevier, Paris), Oto-rhino-laryngologie, 20-
422-A-10, 1993 : 1-16
[5] Legent F, Perlemuter L, Vandenbrouck C. Cahier d’anatomie ORL. Fosses
nasales-pharynx (3e ed). Paris : Masson, 1981 : 7-69

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