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Met 303777 27190 Fievres - Persistantes - de - Ladulte G
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Fièvres persistantes
de l’adulte
Anne Bourgarit
Service de Médecine Interne, CHU Jean Verdier, AP-HP Université Paris 13, avenue du 14
Juillet, 93143 Bondy Cedex, France
<anne.bourgaritdurand@jvr.aphp.fr>
Données Physiopathologie de la
épidémiologiques fièvre (figure 1)
doi:10.1684/met.2014.0464
Pour citer cet article : Bourgarit A. Fièvres persistantes de l’adulte. mt 2015 ; 21 (1) : 40-7 doi:10.1684/met.2014.0464
40
Diminution de la multiplication
des bactéries, virus
Diminution + Augmentation
de I’élimination de la chaleur de la production de la chaleur
Réponse
inflammatoire Augmentation
aiguë Noyau 37 ˚C de la température
préoptique 41 ˚C de consigne
du thalamus du thermostat
PGE2
Antipyrétiques :
Protéines de I’inflammation Endothélium AINS, acétoaminophène
Réponse immune : LB, LT, NK périphérique
Endothélium : extravasation, inflammation hypothalamique
Inhibiteurs spécifiques
(homéothermie) par le centre thermorégulateur situé dans endogènes composés essentiellement des cytokines pro
l’hypothalamus (noyau préoptique antérieur). Celui-ci inflammatoire de la phase précoce : IL (interleukine) -1,
gère l’équilibre entre production de chaleur (catabolisme IL-6 et TNF-␣, puis la production de prostaglandines PGE2
du foie, cerveau, activité musculaire, etc.) et élimination par l’endothélium périphérique et hypothalamique.
par radiation, convection et surtout évaporation.
La fièvre correspond donc à l’augmentation du ther- Antipyrétiques
mostat central autorisant l’augmentation de la température
Les principaux antipyrétiques sont les inhibiteurs de
corporelle. C’est une réponse adaptative à l’inflammation
la cyclooxygénase 2 (AINS), l’acétoaminophène, les cor-
systémique quasiment universelle chez les vertébrés, et sa
ticoïdes et l’aspirine. Ils sont tous inhibiteurs de la
conservation dans l’évolution de l’espèce rend très vrai-
production de PGE2, uniquement au niveau central pour
semblable son rôle protecteur dans la défense de l’hôte
l’acétoaminophène, central et périphérique pour les autres
contre les agents pathogènes : diminution de la réplication
ce qui explique leur action anti-inflammatoire associée.
virale, augmentation de la prolifération lymphocytaire.
Les fièvres infectieuses font intervenir l’ensemble des
Elle est surtout un des « marqueurs » de la réponse inflam-
mécanismes pyrogènes, alors que les fièvres inflamma-
matoire qui constitue la phase aiguë de la réponse immune
toires sont dépendantes des cytokines pro-inflammatoires.
anti-agression [7].
Ceci explique la différence de réponse aux inhibiteurs
spécifiques (anti-IL-1, IL-6. . .).
Mécanismes de la fièvre
L’augmentation de la température, est permise par
le décalage du thermostat central et l’accumulation de Prise en charge
chaleur. Les deux mécanismes sont liés et dus à des sub- d’une fièvre persistante inexpliquée
stances dites pyrogènes. À point de départ exogène dans
la réponse anti-infectieuse (LPS, toxines bactériennes, La stratégie diagnostique à développer devant une
peptidoglycane. . .), elles font intervenir des pyrogènes fièvre persistante est basée sur la prévalence locale des
étiologies, les performances diagnostiques des tests, leur • Caractérisera la fièvre : date des premiers
coût/risque et surtout sur l’existence de pistes (clinical symptômes, mode d’apparition, courbe de tem-
clues) à l’issue d’un interrogatoire poussé, d’un examen pérature, signes associés, frissons, sueurs, signes
clinique complet et de premières analyses biologiques et fonctionnels d’orientation (urinaire, pulmonaire,
morphologiques de « débrouillage » (tableau 1). digestif, ORL, cutané, neurologique, articulaire),
autres signes généraux (asthénie, perte de poids) ;
âge de début des symptômes pour une fièvre récur-
rente, durée des épisodes, symptômes associés
Bilan diagnostique (éruption cutanée, œdèmes, douleurs abdomi-
nales, arthralgies, sérites, adénopathies, troubles
Le bilan diagnostique, quoique non standardisé, com- neurologiques, conjonctivite), durée de l’intervalle
porte classiquement plusieurs phases : débrouillage et libre, facteurs déclenchant ou calmant, évolu-
premier bilan systématique, bilan orienté sur les pistes tion des symptômes au cours du temps, réponse
clinico-biologiques ou bilan plus large. aux traitements, antécédents/histoire familiale de
fièvre.
• Reprendra les éléments d’habitus : pays
Le bilan de débrouillage 1 débute par : de naissance, profession (fièvre des métaux), loi-
– L’authentification de la fièvre, par une mesure plu- sirs (hobby), voyages, animaux de compagnie,
riquotidienne dont le matin au réveil, avant toute activité comportements à risques (sexuels, toxicomanie. . .),
physique, de la température centrale, par le patient ou alimentation (lait cru et brucellose, intoxication ali-
par le personnel paramédical en cas de doute sur son mentaire), contage, vaccin, transfusion, chirurgie
authenticité. et matériel étranger, immunodépression, néoplasies
– Un interrogatoire exhaustif et poussé qui : traitées.
Néoplasiques (13 %) - Tumeurs solides : rein, ovaire, estomac, côlon, pancréas, myxome de l’oreillette
- Hémopathies : maladie de Hodgkin, LMNH, maladie de Castleman, histiocytoses,
myélodysplasies
Inflammatoires (24 %) - Maladies systémiques : vascularites (Horton, periartérite noueuse, vascularites à ANCA,
Behcet, maladies auto-immunes (lupus, myosites et dermatomyosites), rhumatismes
inflammatoires, granulomatoses (sarcoïdose, maladie de Crohn) ; fibroses (hyper IgG4), fibrose
rétropéritonéale, Erdheim Chester, goutte), maladie de Still de l’adulte,
- Fièvres périodiques : fièvre méditerranéenne, Hyper IgD, TRAPS, CAPS
Inconnues (> 25 %)
*Hayakawa 2012
Fièvres factices
Références
Les fièvres factices ou simulées auront été le plus
souvent éliminées lors de la phase initiale par une authen- 1. Balink H, Verberne HJ, Bennink RJ, van Eck-Smit BL. A Ratio-
tification de la courbe de température par prises de nale for the Use of F18-FDG PET/CT in Fever and Inflammation of
Unknown Origin. Int J Mol Imaging 2012 : 165080.
température objectives (personnel médical ou paramédi-
cal). Elles se rapportent le plus souvent au syndrome de 2. Bleeker-Rovers CP, Vos FJ, Corstens FH, Oyen WJ. Imaging of
Münchhausen pouvant aller jusqu’à l’auto-injection de infectious diseases using [18F] fluorodeoxyglucose PET. Q J Nucl
Med Mol Imaging 2008 ; 52 : 17-29.
produits pyrogènes : matériel septique. . . L’appartenance
au milieu médical est souvent retrouvée, les multiples hos- 3. Bleeker-Rovers CP, Vos FJ, de Kleijn EM, et al. A prospective mul-
pitalisations et nomadisme médical contrastant avec un ticenter study on fever of unknown origin: the yield of a structured
état général conservé et un examen clinique très pauvre diagnostic protocol. Medicine (Baltimore) 2007 ; 86 : 26-38.
sont évocateurs et nécessitent une prise en charge spécia- 4. Durack DT, Street AC. Fever of unknown origin–reexamined and
lisée. redefined. Curr Clin Top Infect Dis 1991 ; 11 : 35-51.