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Maladie de Still de l’adulte


Y. Jamilloux

La maladie de Still de l’adulte est une maladie auto-inflammatoire polygénique dont l’étiologie demeure
inconnue. Le caractère auto-inflammatoire l’individualise des maladies auto-immunes à auto-anticorps.
Sur le plan clinique, elle se traduit par la classique triade associant fièvre hectique, éruption évanescente
et arthrite. Bien qu’elle soit bénigne dans la grande majorité des cas, des complications mettant en jeu
le pronostic vital peuvent survenir. Par définition, la maladie touche l’adulte âgé de plus de 16 ans,
néanmoins la plupart des experts s’accordent désormais sur le fait que la forme adulte et la forme
pédiatrique appartiennent à un continuum pathologique : la maladie de Still. En l’absence de biomarqueur
spécifique, le diagnostic repose encore à l’heure actuelle sur des critères clinicobiologiques, au terme de
l’exclusion des diagnostics différentiels. Les principales affections à éliminer sont les infections virales,
notamment herpétiques, et les hémopathies malignes. Sur le plan thérapeutique, un consensus se fait
jour pour un traitement précoce, notamment un recours aux biothérapies, en cas de réponse inadéquate
à la corticothérapie. Les biothérapies ciblant l’interleukine-1 et l’interleukine-6 occupent alors une place
de choix dans la stratégie thérapeutique.
© 2019 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

Mots-clés : Maladie de Still ; Arthrite juvénile idiopathique systémique ; Auto-inflammation ; Interleukine-1 ;


Inflammasome ; Syndrome d’activation macrophagique ; Hyperferritinémie

Plan ■ Traitements disponibles 7


Traitements efficaces 7
■ Introduction 1 Traitements peu ou pas efficaces 8
Traitements dont l’efficacité reste à définir 8
■ Épidémiologie 2
■ Stratégie thérapeutique 9
Épidémiologie descriptive 2
Continuum enfant-adulte 2 ■ Conclusion 9
Formes évolutives 2
Effets de la grossesse 3
■ Physiopathologie 3
Facteurs génétiques et environnementaux
Maladie auto-inflammatoire
3
3
 Introduction
Hypothèse biphasique 3
Deux phénotypes selon les cytokines majoritaires 3 La maladie a été décrite pour la première fois en 1971 par
E.G. Bywaters qui a rapporté, chez 14 sujets adultes, un tableau
■ Critères diagnostiques 3 clinique similaire à l’arthrite juvénile idiopathique décrite initiale-
■ Diagnostic clinique 4 ment par Sir George F. Still en 1897 [1, 2] . L’association d’une fièvre
Fièvre 4 prolongée, d’une polyarthrite, d’une polyadénopathie, d’une
Rash cutané 4 éruption cutanée et d’une odynophagie a également été rapportée
Manifestations articulaires 4 sous la terminologie « syndrome de Wissler-Fanconi » mais c’est
Odynophagie 5 bien Bywaters qui l’a dénommée « maladie de Still de l’adulte »
Adénopathies et splénomégalie 5 (MSA). La continuité entre les deux entités est à l’heure actuelle
Myalgies 5 débattue, du fait de mécanismes physiopathologiques et de symp-
Symptômes digestifs 5 tômes similaires, conduisant notamment à la même attitude
Manifestations pleuropulmonaires 5 thérapeutique. Aujourd’hui, la maladie est considérée comme
Manifestations cardiovasculaires 5 une maladie auto-inflammatoire polygénique, avec l’implication
Manifestations exceptionnelles 5 centrale de cytokines pro-inflammatoires : l’interleukine (IL)-1
■ Diagnostic biologique 6 et l’IL-18 [3, 4] . Le diagnostic en reste clinique, avec différents
sets de critères, du fait de l’absence de biomarqueur ou de test
■ Diagnostic différentiel 6
spécifique de la MSA [5, 6] . La prise en charge est centrée sur le trai-
■ Complications de la MSA 6 tement anti-inflammatoire par corticothérapie mais les nouvelles

EMC - Traité de Médecine Akos 1


Volume 14 > n◦ 3 > juillet 2019
http://dx.doi.org/10.1016/S1634-6939(19)41363-X
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biothérapies ciblant les cytokines pro-inflammatoires ont révolu- Formes évolutives


tionné, ces dernières années, la prise en charge des formes sévères
ou réfractaires [7–9] . Classiquement, on a individualisé trois profils évolutifs de la
MSA (Fig. 1), en fonction de l’évolution des symptômes au fil du
temps [10, 11] :
 Épidémiologie • une forme systémique monocyclique (30 % des cas) caractéri-
sée par des symptômes systémiques francs et au premier plan
par rapport aux signes articulaires. Cette forme évolue d’un
Épidémiologie descriptive seul tenant durant de plusieurs semaines à plusieurs mois (en
La MSA est une maladie auto-inflammatoire rare débutant, par moyenne 9 mois), sans dépasser une année. Par définition, il
définition, après l’âge de 16 ans [10] . L’âge moyen du diagnostic est n’y a pas de récidive ;
de 36 ans, certains diagnostics étant portés après l’âge de 75 ans. • une forme systémique polycyclique (30 % des cas) définie par la
Dans 10 % des cas, il s’agit d’une résurgence, à l’âge adulte, de survenue d’au moins deux épisodes systémiques ou articulaires,
la maladie ayant débuté à l’âge pédiatrique. Dans plus de 70 % séparés par des intervalles de rémission clinique supérieurs à
des cas, la maladie débute avant 35 ans. Les données épidémiolo- deux mois, voire plusieurs années. Les symptômes des rechutes
giques sont faussées par la rareté de la maladie, son hétérogénéité ne sont pas toujours identiques aux symptômes initiaux. Le
et la difficulté du diagnostic. Néanmoins, la MSA est présente tout nombre et la sévérité des poussées est imprévisible et très
autour du globe sans véritable prédilection ethnique et avec une variable d’un malade à l’autre mais la symptomatologie tend
incidence estimée entre 0,16 et 0,4 pour 100 000 habitants. Long- à devenir moins sévère avec le temps ;
temps, il a été considéré qu’il existait une prépondérance féminine • une forme chronique, avec une atteinte articulaire prédo-
de la malade avec un sex-ratio évalué à 7/3. Cependant, ce chiffre minante (40 %), ressemblant à une polyarthrite rhumatoïde
émanait de séries rhumatologiques (dans lesquelles la forme arti- séronégative. Les signes systémiques sont présents lors des pre-
culaire était prépondérante) et les séries actuelles indiquent un mières poussées de la maladie. Par la suite, le rhumatisme
sex-ratio plus équilibré avec 45 à 53 % de femmes atteintes [11] . articulaire évolue pour son propre compte et l’on peut voir
La MSA est une maladie bénigne et la mortalité attribuable à la apparaître des destructions articulaires ou à l’inverse des évo-
maladie est de 2,75 % (0–9,8 %). lutions ankylosantes comme la classique carpite fusionnante
bilatérale, non érosive.

Continuum enfant-adulte
La MSA et l’arthrite juvénile idiopathique de forme systémique
(sJIA) ont longtemps été considérées comme deux entités dis-
1
tinctes. Pourtant, les données récentes de physiopathologie et
l’actualisation des données épidémiologiques convergent plutôt temps
en faveur d’une seule et même maladie au sein d’un continuum
pathologique [12] . Leur individualisation devient ainsi tout à fait
théorique car uniquement fonction de l’âge de survenue. Le
2
Tableau 1 montre une comparaison des caractéristiques de la MSA
et de la sJIA [4] . La différence de sex-ratio observée initialement temps
n’est pas retenue dans les séries récentes. L’influence hormonale
sur la survenue et/ou le phénotype de la MSA n’a pas de substrat
dans la littérature. La différence d’incidence illustre, quant à elle,
une maladie du sujet jeune voire très jeune. L’odynophagie qui, 3
en pratique, a une bonne valeur d’orientation est plus rare chez
l’enfant. Néanmoins, son incidence chez l’adulte varie de 37 à temps
92 % selon les études et, chez l’enfant, elle pourrait être moins Figure 1. Formes évolutives de la maladie de Still de l’adulte. 1. Forme
fréquemment rapportée [13] . monocyclique ; 2. forme polycyclique ; 3. forme chronique.

Tableau 1.
Comparaison des caractéristiques de l’arthrite juvénile idiopathique systémique et de la maladie de Still de l’adulte.
Caractéristiques Arthrite juvénile idiopathique de forme systémique Maladie de Still de l’adulte
Association HLA (human leucocytes antigen) Bw35, DR2, DR4, DR5, Dw7 Bw35, DR2, DR4, Dw7
Sex-ratio 1/1 7F/3H (rhumatologie)
1/1 (médecine interne)
Incidence 1,6–2,3/100 000/an 0,16–0,4/100 000/an
Saisonnalité Franche Peu marquée
Fièvre > 39 ◦ C 99 % 94 %
Rash cutané 90 % 87 %
Arthralgie/arthrite 95 % 93 %
Odynophagie 15 % 37–92 %
Adénopathies/ splénomégalie 40–70 % 35–70 %
(Poly)sérite 20–50 % 20–40 %
Hyperleucocytose 90 % 90 %
Présence d’auto-anticorps 6% 6%
Syndrome d’activation macrophagique 7–10 % 12–17 %
Évolution monocyclique 40 % 30 %
Évolution polycyclique < 10 % 30 %
Évolution chronique > 50 % 40 %
Amylose Possible Possible

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Effets de la grossesse joue un rôle plus limité. Plusieurs marqueurs reflétant cette acti-
vation ont été corrélés avec l’activité de la MSA : augmentation
D’une manière générale, la grossesse ne semble pas être une des niveaux du marqueur d’activation des neutrophiles, CD64, de
situation aggravante de la maladie [14] . Il convient de différencier CXCL-8 (chémokine mobilisant et activant les neutrophiles), du
deux situations : facteur stimulant les colonies de macrophages (M-CSF), des pro-
• la MSA débutant au cours d’une grossesse peut être responsable téines S100 ou encore du MIF (macrophage migration inhibitory
de complications obstétricales, notamment de prématurité ; la factor) [4] .
MSA ne semble pas avoir d’effet sur le développement du fœtus ; Toutefois, c’est la voie de l’IL-1␤ et des inflammasomes qui est,
• lorsque la MSA est connue avant la grossesse, le deuxième tri- à l’heure actuelle, soupçonnée d’être défaillante dans la MSA.
mestre et le post-partum semblent être des périodes propices Les inflammasomes sont des complexes multiprotéiques dont
aux poussées de la maladie. l’activation dépend de la reconnaissance de différents stimuli
Certains traitements (notamment la corticothérapie) sont auto- et résulte dans l’activation de la caspase-1, une caspase pro-
risés au cours de la grossesse, mais un suivi pluridisciplinaire est inflammatoire. Cette dernière va par la suite cliver, activer et
de rigueur. permettre la sécrétion de l’IL-1␤ et de l’IL-18.
Pascual et al. avaient présenté l’argument le plus frappant en
faveur d’une implication de la voie de l’IL-1, en montrant que
 Physiopathologie les cellules mononucléées issues du sang périphérique de sujets
sains incubés avec du sérum de patients atteints de maladie de
À l’heure actuelle, la MSA est considérée comme une maladie Still sécrètent de grandes quantités d’IL-1␤ et expriment plus for-
auto-inflammatoire polygénique (ou complexe) [4] . Il n’existe pas tement les gènes de l’immunité innée [3] . Par la suite, d’autres
d’hypothèse étiologique univoque et, bien qu’elle soit de mieux travaux ont montré que les taux d’IL-1␤ et d’IL-18 étaient signi-
en mieux décryptée, sa physiopathologie demeure méconnue. ficativement plus élevés dans différents prélèvements issus de
La MSA s’apparente alors à une association syndromique résul- patients atteints de MSA [4] .
tant d’une hyperexcitabilité de l’immunité innée, possiblement Néanmoins, la meilleure preuve de l’implication de l’IL-1 dans
déclenchée par un ou plusieurs facteurs environnementaux non la physiopathologie de la MSA résulte de la constatation d’une
encore identifiés. Son évolution, imprévisible, semble dépendre efficacité exceptionnelle des traitements ciblant l’IL-1 [8, 9, 18–20] .
du profil (cytokinique) de la réponse immunitaire et de son carac- Cette efficacité a d’ailleurs permis récemment à certaines de ces
tère prolongé ou non. molécules d’obtenir une autorisation de mise sur le marché pour
l’indication MSA. De plus, la place de ces molécules dans le traite-
ment de la MSA a récemment été revue et celles-ci sont désormais
Facteurs génétiques et environnementaux initiées très précocement dans la prise en charge des malades.
Sur le plan génétique, diverses associations ont été rapportées
avec les antigènes du système HLA (human leucocytes antigen) :
HLA-Bw35, -B17, -B18 et -B35 ; HLA-DQ1, -DR2, -DR4, -DR5 et Hypothèse biphasique
-Drw7 [10] . Par ailleurs, des polymorphismes génétiques ont éga-
lement été évoqués dans la physiopathologie de la MSA : gènes Précédemment, Peter A. Nigrovic a proposé un modèle dans
codant pour l’IL-18, le macrophage migration inhibitory factor (MIF) lequel l’IL-1 joue un rôle précoce dans la physiopathologie de
et l’IL-6. Enfin, des maladies ayant un substrat génétique et un la MSA, favorise l’inflammation de manière indépendante de
phénotype auto-inflammatoire proche de la MSA ont également l’antigène par l’activation de l’endothélium, des leucocytes et
été décrites : forme mosaïque de cryopyrinopathie (NLRP3) et des cellules résidentes, et module également l’immunité des lym-
mutation germinale de LACC1 [15] . Toutefois, le phénotype des phocytes T induite par l’antigène en activant les lymphocytes T,
rares patients mutés sur le gène LACC1, codant la laccase-1, est inhibant l’efficacité des lymphocytes Treg et en favorisant direc-
hautement hétérogène. Finalement, toutes ces associations géné- tement la différenciation Th17 [20, 21] . Cette cascade pourrait ainsi
tiques n’ont été rapportées qu’exceptionnellement et/ou n’ont donner lieu à une polyarthrite auto-immune à médiation lym-
pas été confirmées dans des études ultérieures, laissant supposer phocytaire. Dans ce modèle biphasique, un blocage précoce et
que la maladie repose plus vraisemblablement sur une prédispo- efficace de l’IL-1 pourrait empêcher le développement du rhu-
sition polygénique. matisme inflammatoire chronique et modifier l’évolution à long
L’intense réaction inflammatoire initiale, les différents modes terme de la maladie.
évolutifs, la plus forte prévalence chez l’enfant, l’odynophagie
initiale et le caractère saisonnier ont fait suspecter une origine
infectieuse à la maladie de Still et de nombreux travaux ont
Deux phénotypes selon les cytokines
été menés afin d’identifier un agent étiologique microbiologique. majoritaires
Plusieurs virus (rubéole, rougeole, entérovirus, herpèsvirus dont
le cytomégalovirus [CMV] et l’Epstein-Barr virus [EBV], les virus Récemment, il a été proposé de dichotomiser la MSA en deux
influenzae et para-influenza, le parvovirus B19, l’adénovirus ou les sous-ensembles de phénotypes assez distincts [4] : les patients
virus des hépatites B et C) et bactéries (notamment intracellulaires présentant une forme systémique prédominante (mono- ou poly-
comme Yersinia, Brucella, Borrelia, Chlamydia et mycoplasme) ont cyclique) et ceux présentant une arthrite sévère (chronique).
été isolés chez des patients atteints de MSA mais leur imputabilité Ces phénotypes pourraient résulter du profil cytokinique pré-
étiologique n’a jamais pu être confirmée [4, 10] . dominant, qui rendrait compte d’évolutions cliniques et de
réponses thérapeutiques différentes. Le phénotype « systémique »,
associant fièvre, atteinte hépatique, hyperleucocytose et hyper-
Maladie auto-inflammatoire ferritinémie, serait associé à un profil cytokinique IL-1/IL-18
majoritaire, tandis que le phénotype « articulaire chronique »
Les maladies auto-inflammatoires se caractérisent par une acti-
serait associé à un profil cytokinique dominé par le tumor necro-
vation inappropriée des phagocytes et une sécrétion intense
sis factor (TNF)-␣ (l’IL-6 et l’IL-17). Ces données nécessitent
d’interleukines pro-inflammatoires comme l’IL-1 et l’IL-18 [16] . Par
cependant d’être validées dans des cohortes aux effectifs plus
ailleurs, on ne retrouve pas, dans ces maladies, d’auto-anticorps
importants.
spécifiques ou de lymphocytes T autoréactifs. Sur le plan clinique,
à l’instar de la MSA, ces maladies sont fréquemment caractéri-
sées par une fièvre récurrente et une inflammation systémique
associées avec des éruptions cutanées, des polysérites et des mani-  Critères diagnostiques (Tableau 2)
festations articulaires inflammatoires [17] . Comme pour la MSA,
une réponse spectaculaire au blocage de l’IL-1 est caractéristique. L’absence de manifestations cliniques pathognomoniques, de
La MSA est caractérisée par une importante activation des neu- test diagnostique et de biomarqueur spécifique a conduit à pro-
trophiles et des macrophages, alors que l’immunité adaptative poser des critères de classification de la MSA. Les critères de Cush

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et al., publiés en 1987, ne sont désormais plus utilisés. Les critères entrecoupés d’apyrexie. Cette fièvre est donc typiquement inter-
les plus consensuels au niveau international demeurent ceux pro- mittente mais peut être seulement rémittente voire totalement
posés par Yamaguchi et al. en 1992 [5] . Leur sensibilité est de 96,2 % désarticulée. L’aspect de la courbe thermique, aspécifique, est assez
et leur spécificité est de 92,1 % pour le diagnostic de MSA. En 2002, évocateur du diagnostic (Fig. 2). Cette fièvre, qui dure plusieurs
Fautrel et al. ont proposé des critères incluant le dosage de la fer- jours à plusieurs semaines, est souvent accompagnée d’une altéra-
ritine glycosylée et ne comportant pas de critères d’exclusion [6] . tion de l’état général avec amaigrissement parfois très important.
Les critères de Fautrel, très souvent utilisés en France, ont une L’enquête infectieuse est négative, et les antibiotiques sont ineffi-
sensibilité et une spécificité de 80,6 % et 98,5 %, respectivement. caces.
Une étude menée en 2018 a validé ces critères et retrouvé une
sensibilité et une spécificité de 87 % et 97,5 %, respectivement [22] .
Rash cutané
Présente chez 60 à 80 % des malades, l’éruption cutanée est
 Diagnostic clinique très évocatrice de la MSA quand elle prend la forme classique
d’un érythème maculaire rose saumoné, non prurigineux, éva-
Fièvre nescent et contemporain des pics fébriles, localisé au tronc, à la
racine des membres et sur les zones d’appui (Fig. 3). Cependant,
La fièvre est dite « constante » au cours de la MSA. En réalité, la présentation peut être très variable et inclure des entités de type
selon les séries, elle est retrouvée chez 60 à 100 % des malades. dermographisme ou urticaire. Les signes cutanés sont volontiers
Ces variations sont vraisemblablement liées aux différents phé- majorés par une exposition à la chaleur.
notypes cliniques et au délai de recrutement des malades dans L’aspect histologique est aspécifique est montre généralement
les cohortes. La fièvre est une manifestation majeure des formes un œdème du derme superficiel et moyen et un infiltrat diffus
monocycliques et polycycliques débutantes. Dans les formes chro- du derme, polymorphe à prédominance neutrophilique linéaire
niques, elle est généralement présente au début de la maladie entre les fibres de collagène ou à prédominance périvasculaire.
avant de disparaître au fil du temps et des poussées.
Il s’agit d’une fièvre élevée à 39–40 ◦ C voire 42 ◦ C, généralement
vespérale, avec un à deux pics thermiques précédés de frissons et Manifestations articulaires
Soixante-dix à 100 % des malades présentent des arthralgies
Tableau 2. concernant principalement les grosses articulations (genoux, che-
Critères de classification de la maladie de Still de l’adulte. villes et poignets) et les interphalangiennes proximales, bien
Critères de Yamaguchi Critères de Fautrel que toutes les articulations puissent être touchées. Initialement,
les manifestations articulaires sont mobiles mais se fixent rapi-
Critères majeurs Critères majeurs dement, et donnent un tableau de polyarthrite bilatérale et
Fièvre ≥ 39◦ C depuis 1 semaine Pics fébriles ≥ 39 ◦ C
ou plus Arthralgies ou arthrites
Arthralgies depuis 2 semaines ou Érythème transitoire ou fugace
plus Pharyngite
Rash cutané typique Polynucléaires neutrophiles
Hyperleucocytose ≥ 10 000/mm3 ≥ 80 %
dont polynucléaires neutrophiles Ferritine glycosylée ≤ 20 %
≥ 80 %
Critères mineurs Critères mineurs
Pharyngite ou odynophagie Rash cutané typique
Lymphadénopathie ou Hyperleucocytose ≥ 10 000/mm3
splénomégalie
Perturbation du bilan hépatique
Absence d’anticorps
antinucléaires et de facteur
rhumatoïde
Critères d’exclusion Critères d’exclusion
Infection Aucun
Néoplasie
Maladie inflammatoire (autre)
Diagnostic positif : au moins Diagnostic positif : 4 critères Figure 3. Éruption cutanée observée au cours d’une maladie de Still de
5 critères dont 2 critères majeurs majeurs ou 3 critères majeurs et
l’adulte. Macules rosées siégeant à la racine du tronc (courtoisie Pr Jacques
et pas de critère d’exclusion 2 critères mineurs
Pouchot).

41 Figure 2. Courbe thermique typique d’une


Température orale (°C)

maladie de Still de l’adulte. Fièvre intermittente


40 avec retour à l’apyrexie entre les pics fébriles
quotidiens (d’après [23] ) (courtoisie Pr Jacques
39
Pouchot).
38

37

36

0 4 8 12 16 20 24 28 32 36 40 44 48 52 56 60 64 68 72 82
Jours

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tante, surtout quand elle s’accompagne d’une disparition de


l’architecture ganglionnaire normale. Les études immunohisto-
chimiques montrent une prolifération cellulaire mixte, constituée
surtout de lymphocytes T et B et d’immunoblastes.
La splénomégalie, habituellement modérée et asymptomatique,
touche 40 % des malades. L’histologie retrouve un aspect normal
ou une hyperplasie sinusale avec histiocytose.

Myalgies
Les douleurs musculaires, prédominant dans les régions proxi-
males des membres et les régions lombaires et cervicales, touchent
45 % des malades. Elles peuvent être intenses et sont générale-
ment plus importantes au moment des pics fébriles. Les enzymes
musculaires, l’électromyogramme et la biopsie musculaire sont
généralement normaux. Un déficit musculaire est rare.

Symptômes digestifs
Des douleurs abdominales, généralement modérées, diffuses
et peu spécifiques sont présentes chez 30 % des malades.
Elles peuvent s’accompagner de nausées et vomissements.
D’exceptionnels tableaux d’abdomen pseudo-chirurgical, en rap-
port avec une péritonite sine materia, ont été rapportés. Une
hépatomégalie est présente chez un tiers des malades mais reste
Figure 4. Lésion radiographique évocatrice de la maladie de Still de généralement asymptomatique et n’est découverte que lors de la
l’adulte. Ankylose complète non érosive des deux carpes centrée autour pratique systématique d’examens d’imagerie.
du grand os (capitate) après six ans d’évolution (courtoisie Pr Jacques
Pouchot).
Manifestations pleuropulmonaires
Le plus souvent il s’agit d’une sérite s’exprimant par un épan-
symétrique séronégative. Les douleurs articulaires sont souvent chement pleural uni- ou bilatéral de faible abondance. L’analyse
plus marquées au moment des pics fébriles. Il s’agit le plus souvent du liquide pleural comme celle de la plèvre met en évidence une
de véritables arthrites avec synovite. L’atteinte des deux poignets, inflammation non spécifique. L’atteinte parenchymateuse pulmo-
sans atteinte des petites articulations, est fréquente avec possibi- naire est présente chez environ 5 % des malades. Dans la moitié
lité d’une carpite fusionnante et non érosive bilatérale évocatrice des cas, il s’agit d’une pneumonie interstitielle non spécifique,
du diagnostic de MSA (Fig. 4). Le liquide articulaire est inflamma- atteignant plus volontiers les lobes inférieurs, associée à un syn-
toire et la biopsie montre une synovite aiguë et non spécifique. drome restrictif. Dans l’autre moitié, il s’agit d’un syndrome de
Chez un tiers des malades, la polyarthrite peut se chroniciser et détresse respiratoire aiguë mettant en jeu le pronostic vital. Le
entraîner des destructions articulaires, notamment au niveau des traitement par corticoïde est généralement efficace pour traiter
hanches et des genoux. ces complications.

Odynophagie Manifestations cardiovasculaires


Caractéristique de la forme adulte de la maladie de Still, La péricardite est l’atteinte cardiaque la plus fréquente au cours
l’atteinte douloureuse pharyngée est un symptôme prodromique de la MSA. Elle survient chez près de 20 % des patients et, dans
fortement évocateur de la MSA. Présente chez 70 % des malades, 60 à 80 % des cas, elle est associée à un épanchement pleural.
l’odynophagie peut faire errer le diagnostic mais annonce généra- Elle est néanmoins souvent paucisymptomatique. Son issue est le
lement une poussée ou une rechute de la maladie. Elle est toujours plus souvent favorable bien que, dans certains cas, elle puisse se
stérile et résulte d’une pharyngite non exsudative aspécifique avec compliquer d’une tamponnade cardiaque.
vraisemblablement une atteinte inflammatoire du cartilage cri- L’atteinte du myocarde a été rapportée dans environ 7 %
coïde. des cas. Elle inaugure la maladie dans la moitié des cas. Elle
semble atteindre plus volontiers les hommes et reste généralement
asymptomatique. La plus grande fréquence de douleur thoracique
Adénopathies et splénomégalie est liée à la péricardite généralement associée. Dans la plupart des
cas, la myocardite est asymptomatique, mais peut se traduire par
La moitié des patients présentent des adénopathies super- des troubles du rythme ou de la repolarisation. Dans un tiers des
ficielles, non suspectes car de volume modéré, indolores ou cas, l’électrocardiogramme est décrit comme normal.
sensibles et bien mobiles par rapport aux plans profonds. Exceptionnellement, la myocardite se complique d’insuffisance
Elles touchent souvent plusieurs territoires de drainage lym- cardiaque aiguë avec un choc cardiogénique. Le traitement, là
phatique et sont parfois symétriques. Le plus souvent elles encore, repose sur l’administration de corticoïdes à forte dose. Les
sont localisées au niveau des chaînes cervicales, mais peuvent biothérapies ciblant l’IL-1 et les immunoglobulines polyvalentes
être retrouvées au niveau axillaire ou inguinal. Le caractère ont été utilisées avec succès dans quelques cas. Les anti-TNF-␣ ont
atypique des adénopathies (hypertrophie très importante, asy- permis quelques rémissions mais qui sont restées incomplètes.
métrie, induration ou localisation profonde) doit conduire à L’atteinte valvulaire est exceptionnelle dans la MSA. Une
la biopsie ganglionnaire car un tableau mimant une MSA vingtaine d’observations d’hypertension pulmonaire ont été rap-
peut révéler un authentique lymphome malin, notamment portées ; la mortalité atteignait 22 % des malades.
un lymphome T angio-immunoblastique. Le Positron Emission
Tomography (PET)-scan montre généralement un intense hyper-
métabolisme, au sein des ganglions, qui régresse sous traitement.
Manifestations exceptionnelles
L’analyse histologique retrouve généralement une hyperplasie Les manifestations ophtalmologiques et neurologiques poly-
réactionnelle non spécifique mais il peut exister une hyperplasie morphes ont été décrites : syndrome sec oculaire, uvéites, épi-
immunoblastique diffuse, paracorticale, qui peut être inquié- sclérites, syndrome pyramidal transitoire, méningo-encéphalite

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aseptique et neuropathies périphériques, touchant parfois les Tableau 3.


paires crâniennes. Sur le plan néphrologique, on retient quelques Principaux diagnostics différentiels de la maladie de Still de l’adulte.
observations de néphropathie tubulo-interstitielle ou de gloméru- Infections
lonéphrite et il a été noté une protéinurie transitoire et modérée Infections virales : EBV, CMV, VIH, Parvovirus B19
au moment des épisodes fébriles dans quelques cas. Septicémie à pyogènes
Endocardite infectieuse
Sepsis occulte ou profond : biliaire, colique ou urinaire, parasitose
 Diagnostic biologique abcédée
Brucellose, tuberculose, yersiniose, borreliose, syphilis, mycoplasme
Toxoplasmose
Aucun examen biologique n’est spécifique de la MSA. Il n’y
Hépatites virales
a, à l’heure actuelle, aucun biomarqueur validé pour le diagnos- Maladie de Whipple
tic ou le pronostic de la maladie. Certains examens, témoignant
Néoplasies
de l’activation de l’immunité innée, sont néanmoins évocateurs
Lymphome hodgkinien ou non hodgkinien
du diagnostic : le dosage des polynucléaires neutrophiles et de la
Lymphome T angio-immunoblastique
ferritine, notamment de sa fraction glycosylée [6, 22, 24] .
Cancers solides : rein, côlon, poumon
L’hyperleucocytose comprenant plus de 80 % de polynucléaires Syndromes myéloprolifératifs
neutrophiles est présente chez 80 % des malades. Son caractère Syndromes paranéoplasiques
franc et aigu, en contexte fébrile et en l’absence d’argument pour Maladie de Castleman multicentrique
une origine infectieuse, renforce la présomption diagnostique.
Maladies inflammatoires
L’examen de la moelle est inutile, mais mettrait en évidence une
Syndromes auto-inflammatoires héréditaires (FMF, déficit partiel MVK,
moelle riche avec hyperplasie de la lignée myéloïde granuleuse. TRAPS)
L’hyperferritinémie supérieure à cinq fois la normale ou supé- Arthrite réactionnelle ou post-streptococcique
rieure à 1000 ␮g/l est un élément d’orientation sensible mais Polyarthrite rhumatoïde séronégative
peu spécifique (spécificité : 41 à 46 %). Son élévation dépasse Vascularite, dont vascularites associées aux ANCA
très souvent les valeurs attendues dans le cadre d’un simple Myopathies inflammatoires, lupus érythémateux systémique
syndrome inflammatoire. Elle traduit parfois l’existence d’une Syndrome de Sweet
activation macrophagique occulte ou d’un cytolyse hépatique Sarcoïdose
sévère, complications redoutées de la MSA. Réaction d’hypersensibilité médicamenteuse, pseudolymphome
Une valeur seuil de 4000 ␮g/l a été proposée. L’effondrement médicamenteux
de la fraction glycosylée de la ferritine témoigne d’un relargage Syndrome de Schnitzler
massif de la ferritine par le foie. Fautrel et al. ont montré que
EBV : virus d’Epstein-Barr ; CMV : cytomégalovirus ; VIH : virus de
la combinaison d’une ferritine supérieure à 1000 ␮g/l et d’une l’immunodéficience humaine ; FMF : fièvre méditerranéenne familiale ; MVK :
fraction glycosylée inférieure à 20 % avait une spécificité diag- mévalonate kinase ; TRAPS : syndrome périodique associé au récepteur du TNF-
nostique de 93 % pour la MSA [6, 22] . Toutefois, l’abaissement de ␣ ; ANCA : Antineutrophil Cytoplasmic Antibody.
la ferritine glycosylée en dessous de ce seuil peut se rencontrer
dans d’autres situations pathologiques, notamment au cours du
syndrome d’activation macrophagique. Sur le plan infectieux, on insistera sur l’exclusion des endocar-
Le syndrome inflammatoire, aspécifique, est constant au cours dites infectieuses et autres foyers profonds, de certaines bactéries
des poussées, et souvent très marqué. à croissance lente (mycoplasme, Yersinia, Borrelia) et de virus
Le bilan auto-immun est généralement négatif. Dans 6 % des d’expression clinique parfois trompeuse (CMV, EBV et virus de
cas, il est mis en évidence des anticorps antinucléaires sans spécifi- l’immunodéficience humaine [VIH] notamment). Ces diagnostics
cité ni caractère pathogène. Le facteur rhumatoïde est absent. Une différentiels sont recherchés par des hémocultures systématiques
hypergammaglobulinémie polyclonale est fréquente au cours des et des analyses sérologiques raisonnées.
poussées. Concernant la pathologie néoplasique, bien que certaines
Des troubles de la coagulation peuvent être observés. Il s’agit tumeurs solides se soient accompagnées d’une symptomatologie
alors de coagulation intravasculaire disséminée (CIVD) compli- évocatrice de MSA, ce sont surtout les hémopathies malignes qu’il
quant un syndrome d’activation macrophagique ou une hépatite faudra s’acharner à éliminer et notamment les lymphomes malins
cytolytique sévère. Des tableaux de microangiopathie thrombo- ou le lymphome T angio-immunoblastique. Dans ces contextes,
tique (MAT) ont été rapportés. la tomodensitométrie et l’analyse de la biopsie médullaire sont
souvent nécessaires.
Concernant les autres maladies inflammatoires, outre l’interro-
gatoire et un examen clinique attentif, il est recommandé de réa-
 Diagnostic différentiel liser un bilan d’auto-immunité minimal comportant la recherche
d’anticorps antinucléaires, anti-peptides cycliques citrullinés
Le diagnostic de MSA est un diagnostic d’élimination ; les cri- (CCP), anti-cytoplasme des polynucléaires neutrophiles (ANCA)
tères de Yamaguchi comportent d’ailleurs des critères d’exclusion. et la recherche d’un facteur rhumatoïde.
Les trois principaux cadres nosologiques à éliminer sont : les infec-
tions, les néoplasies et les maladies systémiques. On rajoutera les
syndromes auto-inflammatoires monogéniques qui se présentent
volontiers par une fièvre récurrente associée à un syndrome  Complications de la MSA
inflammatoire et des manifestations cliniques proches de celles de
la MSA. Toutefois, le contexte ethnique, familial et l’âge de début Environ un tiers des patients atteints de MSA vont présen-
sont différents de ceux de la MSA. Le syndrome d’hypersensibilité ter des complications liées à la maladie [25–27] . Certaines ont
médicamenteuse (DRESS syndrome) constitue un autre diagnostic déjà été détaillées plus haut. La plus fréquente est le syndrome
différentiel majeur de la MSA. En effet, le tableau clinique initial d’activation macrophagique (SAM), qu’il convient désormais
associant fièvre élevée, polyadénopathie et exanthème maculeux de nommer hémophagocytose lymphohistiocytaire réactionnelle
peut être pris à tort pour une MSA. L’atteinte pharyngée, l’hépatite (reHLH). Par ailleurs, la CIVD, la MAT (plus rare) et l’hépatite
et la survenue possible d’un syndrome d’activation macropha- fulminante mettent en jeu le pronostic vital.
gique compliquent encore le diagnostic différentiel. L’aspect du Le syndrome d’activation macrophagique est caractérisé par
rash, l’existence d’une hyperéosinophilie et le contexte de prise l’association d’une fièvre, d’une hépatosplénomégalie et d’une
médicamenteuse récente peuvent aider à différencier ces deux cytopénie. Il correspond à une activation incontrôlable du sys-
entités. tème réticulo-endothélial au sein de la moelle osseuse, du système
Les principaux diagnostics différentiels sont indiqués dans le réticulo-endothélial et du système nerveux central, suivie d’une
Tableau 3. phagocytose des cellules hématopoïétiques par les macrophages

6 EMC - Traité de Médecine Akos


Maladie de Still de l’adulte  5-0440

Tableau 4. Au cours de la MSA, la coagulation intravasculaire disséminée


HScore pour le diagnostic de hémophagocytose lymphohistiocytaire réac- (CIVD) peut survenir de manière isolée ou, plus fréquemment,
tionnelle (reHLH) chez l’adulte. compliquer une hépatite aiguë cytolytique ou un SAM. Son inci-
Caractéristiques Choix dence au cours de la MSA a été rapportée récemment à 4,9 %
mais les études antérieures rapportaient une incidence plus faible,
Immunodépression sous-jacente connue Oui / Non comprise entre 1 et 3 %. Dans la série récente, la mortalité impu-
Température maximale (◦ C) < 38,4 table à la CIVD était de 16 %.
38,4–39,4 La CIVD est une urgence médicale ; elle correspond à une activa-
> 39,4 tion incontrôlée de la coagulation et de la fibrinolyse entraînant
Hépatomégalie Oui / Non simultanément des hémorragies et des thromboses. Sur le plan
Splénomégalie Oui / Non biologique, on note une thrombopénie, un temps de prothrom-
bine augmenté avec augmentation des produits de dégradation
Taux minimum d’hémoglobine ≤ 9,2 g/dl
de la fibrine (dont les D-dimères plasmatiques) et une diminution
> 9,2 g/dl
du fibrinogène plasmatique.
Taux minimum de leucocytes ≤ 5000/ml Outre les mesures de réanimation habituelles des CIVD (trans-
> 5000/ml
fusion de plaquettes, fibrinogène ou plasma frais décongelé), le
Nombre minimum de plaquettes ≤ 110 000/ml traitement spécifique repose, là-encore, sur la corticothérapie à
> 110 000/ml forte dose par voie intraveineuse, associée aux inhibiteurs de l’IL-
Taux maximal de ferritine < 2000 ng/ml 1, de l’IL-6 ou à la cyclosporine A. La place des biothérapies
2000–6000 ng/ml est encore en cours de définition mais la plupart des experts en
> 6000 ng/ml recommandent l’utilisation précoce dans la stratégie thérapeuti-
Taux maximal de triglycérides < 1,5 mmol/l que.
1,5–4 mmol/l Une MAT, caractérisée par l’association d’une thrombopénie
> 4 mmol/l de consommation et d’une anémie hémolytique mécanique avec
Taux minimal de fibrinogène (g/l) ≤ 2,5 g/l présence de schizocytes, a été exceptionnellement décrite au cours
> 2,5 g/l de la MSA (une trentaine de cas). La MAT atteint de façon préfé-
Taux maximal d’ASAT (UI/l) < 30 UI/l rentielle le cerveau, le cœur, le tractus digestif et les reins, et met
≥ 30 UI/l en jeu le pronostic vital. La mortalité de la MAT non traitée est de
90 %, mais peut atteindre 20 % malgré un traitement adapté. Une
Hémophagocytose sur le myélogramme Oui / Non
rétinopathie de type Purtscher précède souvent l’apparition de la
Le calcul du score est réalisé en ligne : http://saintantoine.aphp.fr/score/. MAT. Dans la plupart des cas de MAT associées à une MSA, la MAT
apparaissait lors d’une poussée de la MSA et le traitement de cette
dernière permettait la résolution de la MAT. Le traitement de la
MAT au cours de la MSA n’est pas codifié et fait appel aux échanges
tissulaires (histiocytes). Bien qu’il n’en soit pas spécifique, il plasmatiques associés aux corticoïdes. En cas de MAT réfractaires,
survient au cours de 12 à 14 % des MSA, fréquence probable- les options thérapeutiques habituelles sont les immunoglobulines
ment sous-estimée, avec un taux de mortalité compris entre 10 intraveineuses, le cyclophosphamide, l’azathioprine, la cyclospo-
et 20 % [28] . Les indices permettant de suspecter une activation rine A ou le rituximab. L’efficacité des biothérapies ciblant l’IL-1
macrophagique chez un patient atteint de MSA sont : la présence ou l’IL-6 dans des cas de MAT réfractaires aux échanges plasma-
d’une ou plusieurs cytopénies, notamment la neutropénie qui tiques a été rapportée.
doit alerter le clinicien car elle contraste avec l’hyperleucocytose Enfin, si les anomalies du bilan hépatique sont fréquentes au
habituellement constatée au cours des poussées de MSA. Il en cours de la MSA, les cas d’hépatite fulminante restent heureu-
va de même pour la thrombopénie et l’hypofibrinémie qui sont sement exceptionnels, ce d’autant qu’ils sont grevés d’un taux
contraires à ce qui est normalement observé en cas de pous- de mortalité élevé. La majorité des cas rapportés sont en lien
sée. Comme pour les SAM d’autres origines, l’élévation non avec la prise de médicaments hépatotoxiques, notamment les
spécifique des triglycérides plasmatiques constitue un argument anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS). Ainsi, il convient
fort pour le diagnostic. Le myélogramme est l’examen clé du d’en éviter l’utilisation au cours de la MSA et de proscrire
diagnostic s’il met en évidence des images d’hémophagocytose l’automédication. La surveillance du bilan hépatique est égale-
(VPP = 84 %). Toutefois, il peut être pris en défaut en cas de ment nécessaire car des cas d’hépatites cytolytiques de survenue
localisation de l’hémophagocytose hépatique/splénique ou tout spontanée et donc possiblement en lien avec la MSA elle-même
simplement absente au point d’aspiration. ont été décrits. L’atteinte clinique est peu spécifique : douleurs
Ainsi, le diagnostic repose sur un faisceau d’arguments cli- abdominales, anorexie, hépatalgie, hépatomégalie, ictère, etc.
niques, biologiques et histologiques. La thrombopénie, l’anémie, mais bien souvent le patient est asymptomatique. En cas de
l’hépatomégalie et, dans une moindre mesure, la cytolyse hépa- cytolyse hépatique majeure, il convient systématiquement de réa-
tique sont des marqueurs significatifs de l’existence d’un SAM. liser un dosage du taux de prothrombine (TP), de rechercher un
Le HScore proposé récemment pour le diagnostic de SAM SAM, une CIVD ou une MAT, une hépatite virale, ou encore un
chez l’adulte trouve alors toute son utilité dans ces situations syndrome DRESS (drug reaction with eosinophilia and systemic symp-
(Tableau 4). La recherche d’un facteur déclenchant ou aggravant, toms). Les médicaments hépatotoxiques doivent être arrêtés et un
notamment infectieux (EBV, CMV), est une étape essentielle de la traitement spécifique doit être débuté. Celui-ci repose sur la cor-
prise en charge du SAM au cours de la MSA. ticothérapie à forte dose, plus ou moins associée à un traitement
Outre les mesures de support habituelles, le traitement du SAM, immunosuppresseur ou immunomodulateur. La cyclosporine A,
dans le cadre de la MSA, repose en priorité sur l’administration l’anakinra et le tocilizumab sont les options thérapeutiques utili-
de corticoïdes à forte dose, par voie intraveineuse. Le recours sables. Le tocilizumab sera utilisé avec prudence du fait du risque
aux biothérapies ciblant l’IL-1 doit être rapide en cas de réponse connu d’insuffisance hépatique secondaire à cette biothérapie. En
précoce inadéquate et les doses doivent parfois être augmentées. dernier recours, une transplantation hépatique peut être néces-
L’étoposide (VP16) doit être utilisé en cas de SAM sévère et/ou saire.
d’atteinte d’organe. Des cas de SAM possiblement induits par les
biothérapies ont été signalés, mais semblent plutôt être le fait de
SAM incontrôlés pour lesquels l’augmentation de la biothérapie  Traitements disponibles
a pu être bénéfique. D’autres molécules peuvent être envisagées
en cas de SAM réfractaire, notamment la cyclosporine A, le myco- Traitements efficaces
phénolate mofétyl ou les immunoglobulines polyvalentes (dont
l’efficacité reste discutée). Les anti-TNF, en particulier l’étanercept, La corticothérapie est le traitement de référence de la
ne sont pas indiqués voire délétères. MSA [7, 10, 11] . Son efficacité, notamment à forte dose, est

EMC - Traité de Médecine Akos 7


5-0440  Maladie de Still de l’adulte

d’environ 65 % et possède même les vertus de test thérapeu- zumab a un effet suspensif moins prononcé et pourrait être plus
tique. L’inefficacité de la corticothérapie à induire une rémission intéressant que les anti-IL-1 dans le traitement des formes à pré-
clinique, au moins partielle, doit faire remettre en cause le diag- dominance articulaire. Il est administré par voie intraveineuse à
nostic. La voie orale est à privilégier, dans la limite de 1 mg/kg par la dose de 8 mg/kg par mois ou par voie sous-cutanée à la dose
jour d’équivalent prednisone. de 162 mg par semaine. La tolérance est bonne avec deux effets
Les assauts cortisoniques, par bolus de méthylprednisolone, secondaires invitant à la vigilance : l’augmentation du risque
sont parfois utiles. Dans ces cas, une dose de 15 mg/kg par jour, infectieux et un risque de perforation digestive paucisymptoma-
sans dépasser 1 g/j, peut être réalisée pendant 1 à 3 jours consé- tique.
cutifs. Un relais par voie orale est effectué à la dose de 1 mg/kg Dans la MSA, la cyclosporine A a montré une certaine effica-
par jour jusqu’à la résolution des symptômes et la normalisation cité mais est souvent mal tolérée. Elle est réservée aux cas de
des marqueurs inflammatoires. Ensuite, une décroissance progres- MSA réfractaires ou en cas de complications, notamment le SAM
sive et régulière est réalisée avec, selon la proposition d’un groupe résistant ou la CIVD.
d’experts français, l’objectif d’atteindre la dose de 0,1 mg/kg par
jour à six semaines et l’arrêt complet à trois mois.
Si les objectifs fixés par le groupe d’experts ne sont pas atteints, Traitements peu ou pas efficaces
le patient est considéré comme ayant une réponse inadéquate et
un traitement de fond doit rapidement être entrepris. L’aspirine est peu (voire pas) efficace dans le traitement de la
Le méthotrexate a longtemps été considéré comme l’immuno- MSA. Son utilisation à forte dose (3 à 4 g/j) n’a plus de réelle place
suppresseur de choix en cas de MSA réfractaire ou au titre de dans la stratégie thérapeutique. Bien qu’ils soient souvent effi-
l’épargne cortisonique [7, 11] . Son utilisation dans la MSA est cal- caces dans la forme pédiatrique de la maladie de Still, les AINS
quée sur celle de la polyarthrite rhumatoïde, soit 0,2 à 0,3 mg/kg ne sont pas un traitement de première intention approprié à la
par semaine. L’efficacité du méthotrexate est meilleure dans les MSA ; ils pourraient même présenter un danger potentiel du fait
formes avec atteinte articulaire prédominante ou chronique. Il du risque d’hépatite aiguë cytolytique. Leur utilisation doit donc
peut être associé aux biothérapies ciblant l’IL-1 et l’IL-6. être parcimonieuse et précautionneuse.
Les inhibiteurs de l’IL-1 ont démontré leur efficacité et leur sécu- Les anti-TNF-␣ permettent une épargne cortisonique et une
rité pour l’induction de la rémission (50 à 100 %) et l’épargne amélioration des symptômes articulaires et systémiques mais avec
cortisonique dans plusieurs études ouvertes [8, 9, 18–20] . Cette effica- une moindre efficacité, restreignant leur utilisation aux formes
cité est même souvent rapportée comme spectaculaire et pourrait articulaires chroniques où ils semblent plus efficaces [7, 11] .
avoir des vertus de test diagnostique. Plusieurs auteurs suggèrent
que, comme au cours de la polyarthrite rhumatoïde, il existe une
fenêtre d’opportunité thérapeutique et que le recours précoce
Traitements dont l’efficacité reste à définir
aux biothérapies ciblant l’IL-1 permet d’améliorer le pronostic Comme l’IL-1, l’IL-18 semble avoir un rôle essentiel dans la
global de la maladie, en évitant les complications aiguës (SAM, physiopathologie de la MSA. Le tadekinig alpha, ou IL-18-binding
CIVD), chroniques (destruction articulaires, amylose AA) et les protein, a fait l’objet d’un essai thérapeutique ouvert dans la MSA,
effets secondaires de la corticothérapie. avec des premiers résultats encourageants (50 % de rémission) [31] .
Deux molécules sont actuellement disponibles : l’antagoniste D’autres traitements immunomodulateurs/immunosuppress-
recombinant du récepteur de l’IL-1 (IL-1-Ra, anakinra), adminis- eurs ont été utilisés dans le traitement de la MSA. L’abatacept et
tré à la dose de 100 mg/j, et un anticorps monoclonal anti-IL-1 le rituximab ont donné un taux de rémission d’environ 33 %.
(canakinumab), administré à la dose de 150 mg par mois. L’hydroxychloroquine, le leflunomide, l’azathioprine ou encore
Le tocilizumab est un anticorps monoclonal humanisé qui la D-penicillamine ont été rapportés dans de très rares cas. Les
bloque les récepteurs de l’IL-6. Il a démontré son efficacité pour inhibiteurs des janus kinases (baracitinib), efficaces dans la poly-
le traitement de la MSA, tant dans l’obtention de la rémission arthrite rhumatoïde, auront possiblement une place dans l’arsenal
clinique (76 %) que pour l’épargne cortisonique [29, 30] . Le tocili- thérapeutique des formes articulaires chroniques de MSA.

Diagnostic de MSA Figure 5. Stratégie thérapeutique de la mala-


die de Still de l’adulte (MSA). 1. Formes simples
AINS (indométacine) à modérées de MSA ; 2. formes sévères de
MSA. Les triangles orange indiquent une déci-
sion soumise à l’approbation d’une réunion
1 2 de concertation pluridisciplinaire (locale ou
nationale). AINS : anti-inflammatoires non sté-
roïdiens ; TNF : tumor necrosis factor.
Prednisone 1 mg/kg
décroissance rapide

Prednisone 1 mg/kg
« réponse inadéquate »
décroissance rapide
+
Biothérapie ciblant
Biothérapie ciblant I’IL-1 I’IL-1
ou I’IL-6
+/- méthotrexate REMISSION
CLINICOBIOLOGIQUE

Rotation vers autre IL-1 (échappement) Poursuite du traitement


ou IL-6 (échec primaire) et sevrage très progressif

Autre traitement (anti-TNF-α,


cyclosporine, abatacept, rituximab)

8 EMC - Traité de Médecine Akos


Maladie de Still de l’adulte  5-0440

 Stratégie thérapeutique [4] Jamilloux Y, Gerfaud-Valentin M, Martinon F, Belot A, Henry T,


Sève P. Pathogenesis of adult-onset Still’s disease: new insights from
the juvenile counterpart. Immunol Res 2015;61:53–62.
La stratégie thérapeutique de la MSA a été récemment redéfi-
[5] Yamaguchi M, Ohta A, Tsunematsu T, Kasukawa R, Mizushima Y,
nie par un groupe d’experts français. D’une manière générale, le
Kashiwagi H, et al. Preliminary criteria for classification of adult
recours aux biothérapies est désormais plus précoce et plus sys-
Still’s disease. J Rheumatol 1992;19:424–30.
tématique (cf. supra). Les objectifs principaux sont la mise en
[6] Fautrel B, Zing E, Golmard J-L, Le Moel G, Bissery A, Rioux C,
rémission précoce et l’atteinte d’une dose de 0,1 mg/kg par jour et al. Proposal for a new set of classification criteria for adult-onset
d’équivalent prednisone à six semaines et/ou un sevrage complet still disease. Medicine 2002;81:194–200.
de la cortisone à trois mois. Le méthotrexate, longtemps considéré [7] Jamilloux Y, Gerfaud-Valentin M, Henry T, Sève P. Treatment
comme le traitement de deuxième ligne de référence, a été relégué of adult-onset Still’s disease: a review. Ther Clin Risk Manag
au traitement additionnel des formes articulaires prédominantes 2015;11:33–43.
ou paucisymptomatiques. La stratégie thérapeutique est illustrée [8] Fitzgerald AA, Leclercq SA, Yan A, Homik JE, Dinarello CA. Rapid
dans l’arbre décisionnel de la Figure 5. responses to anakinra in patients with refractory adult-onset Still’s
disease. Arthritis Rheumatol 2005;52:1794–803.
[9] Giampietro C, Ridene M, Lequerre T, Costedoat Chalumeau N,
 Conclusion Amoura Z, Sellam J, et al. Anakinra in adult-onset Still’s disease:
long-term treatment in patients resistant to conventional therapy.
La maladie de Still de l’adulte est une maladie auto- Arthritis Care Res 2013;65:822–6.
inflammatoire complexe marquée par une activation prépon- [10] Gerfaud-Valentin M, Jamilloux Y, Iwaz J, Sève P. Adult-onset Still’s
dérante de l’immunité innée, notamment de la voie de disease. Autoimmun Rev 2014;13:708–22.
l’inflammasome comme en témoigne la signature IL-1/IL-18 de la [11] Gerfaud-Valentin M, Sève P, Hot A, Broussolle C, Jamilloux Y.
maladie. Bien que la corticothérapie conserve une place prépon- Pathophysiology, subtypes, and treatments of adult-onset Still’s
dérante dans le traitement de la MSA, celui-ci a été récemment disease: an update. Rev Med Interne 2015;36:319–27.
profondément redéfini du fait de l’efficacité spectaculaire des bio- [12] Nirmala N, Brachat A, Feist E, Blank N, Specker C, Witt M, et al.
thérapies ciblant les cytokines pro-inflammatoires. Nul doute que Gene-expression analysis of adult-onset Still’s disease and systemic
dans les années à venir, le décryptage complet de la physiopatho- juvenile idiopathic arthritis is consistent with a continuum of a single
logie de la MSA ouvrira de nouvelles perspectives diagnostiques
disease entity. Pediatr Rheumatol Online J 2015;13:50.
[13] Gerfaud-Valentin M, Maucort-Boulch D, Hot A, Iwaz J, Ninet
et thérapeutiques plus ciblées.
J, Durieu I, et al. Adult-onset still disease: manifestations, treat-
ment, outcome, and prognostic factors in 57 patients. Medicine
2014;93:91–9.
“ Points essentiels [14] Gerfaud-Valentin M, Hot A, Huissoud C, Durieu I, Broussolle C,
Seve P. Adult-onset Still’s disease and pregnancy: about ten cases
and review of the literature. Rheumatol Int 2014;34:867–71.
• La maladie de Still de l’adulte et sa forme pédiatrique, [15] Wakil SM, Monies DM, Abouelhoda M, Al-Tassan N, Al-Dusery H,
Naim EA, et al. Association of a mutation in LACC1 with a monoge-
l’arthrite juvénile idiopathique de forme systémique,
nic form of systemic juvenile idiopathic arthritis. Arthritis Rheumatol
appartiennent au même spectre pathologique. 2015;67:288–95.
• La maladie de Still est une maladie auto-inflammatoire [16] Jamilloux Y, Bourdonnay E, Gerfaud-Valentin M, Py BF, Lefeuvre
d’étiologie inconnue, avec un rôle primordial des cytokines L, Barba T, et al. Interleukin-1, inflammasome and autoinflammatory
pro-inflammatoires, notamment l’interleukine-1. diseases. Rev Med Interne 2018;39:233–9.
• La triade clinique (fièvre + rash typique + arthral- [17] Jamilloux Y, Belot A, Magnotti F, Benezech S, Gerfaud-Valentin M,
gie) associée à une hyperleucocytose doit faire évoquer Bourdonnay E, et al. Geoepidemiology and immunologic features of
l’éventualité d’une maladie de Still, surtout chez le jeune autoinflammatory diseases: a comprehensive review. Clin Rev Allergy
Immunol 2018;54:454–79.
adulte.
[18] Lequerré T, Quartier P, Rosellini D, Alaoui F, De Bandt M, Mej-
• Les principaux diagnostics différentiels sont les infec-
jad O, et al. Interleukin-1 receptor antagonist (anakinra) treatment
tions virales et les hémopathies. in patients with systemic-onset juvenile idiopathic arthritis or adult
• Bien qu’handicapante, la maladie est souvent bénigne onset Still disease: preliminary experience in France. Ann Rheum Dis
mais des complications mettant en jeu le pronostic vital 2008;67:302–8.
peuvent survenir, notamment le syndrome d’activation [19] Laskari K, Tzioufas AG, Moutsopoulos HM. Efficacy and long-term
macrophagique. follow-up of IL-1R inhibitor anakinra in adults with Still’s disease:
• Le traitement, qui doit être précoce, repose sur la cor- a case-series study. Arthritis Res Ther 2011;13:R91.
[20] Nigrovic PA, Mannion M, Prince FH, Zeft A, Rabinovich CE, van
ticothérapie et les biothérapies ciblant l’IL-1 en cas de Rossum MA, et al. Anakinra as first-line disease-modifying the-
réponse inadéquate. rapy in systemic juvenile idiopathic arthritis: report of forty-six
patients from an international multicenter series. Arthritis Rheumatol
2011;63:545–55.
[21] Nigrovic PA. Review: is there a window of opportunity for treat-
ment of systemic juvenile idiopathic arthritis? Arthritis Rheumatol
2014;66:1405–13.
Déclaration de liens d’intérêts : l’auteur déclare : SOBI (conseiller, orateur en
[22] Lebrun D, Mestrallet S, Dehoux M, Golmard JL, Granger B, Georgin-
symposium, inscriptions en congrès).
Lavialle S, et al. Validation of the Fautrel classification criteria
for adult-onset Still’s disease. Semin Arthritis Rheum 2018;47:
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EMC - Traité de Médecine Akos 9


5-0440  Maladie de Still de l’adulte

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Y. Jamilloux (yvan.jamilloux@chu-lyon.fr).
Service de médecine interne, Hôpital de la Croix Rousse, Groupement hospitalier Nord, Hospices civils de Lyon, Faculté de médecine et de maïeutique Lyon
Sud-Charles Mérieux, Université Claude-Bernard-Lyon 1, 103, Grande rue de la Croix-Rousse, 69004 Lyon, France.

Toute référence à cet article doit porter la mention : Jamilloux Y. Maladie de Still de l’adulte. EMC - Traité de Médecine Akos 2019;14(3):1-10 [Article 5-0440].

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