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INTRODUCTION :

Le rétrécissement aortique (RA) de l'adulte est la valvulopathie la plus fréquente dans


les pays occidentaux. C'est une maladie du 3ème âge.
Sa fréquence réelle et relative a beaucoup augmenté au cours des 20 dernières
années, en raison du vieillissement de la population dans les pays occidentaux et de la
raréfaction des valvulopathies rhumatismales d'une part, en raison de la plus grande
fréquence avec laquelle il est diagnostiqué d'autre part.
Sa prévalence est estimée à 5% chez les sujets de plus de 75 ans, 3% ayant une
sténose aortique serrée.
C'est le développement de l'échocardiogramme Doppler pour le diagnostic, et les
progrès de la chirurgie cardiaque pour la thérapeutique, qui ont décuplé l'intérêt porté
au RA.
Le RA peut être opéré de nos jours jusqu'à un âge très avancé (80, 85 ans, voire au-
delà), avec de très bons résultats sur la survie et sur la qualité de vie.
ETIOLOGY
Le RA de l'adulte est une affection fréquente. Elle représente 25 % à 30% des
valvulopathies de l'adulte. En fait, le RA est de nos jours la valvulopathie la plus
fréquemment rencontrée dans les pays occidentaux.
Il s'agit d'une maladie du sujet âgé, fréquente surtout au delà de 65 ans. Il existe une
nette prépondérance masculine.
Les formes congénitales par contre sont rares ; elles compliquent le plus souvent une
bicuspidie aortique.

1 - Le rétrécissement aortique dégénératif ou maladie de MÖNCKEBERG


Est la forme la plus fréquente des RA purs ou avec fuite discrète, et était considéré
jusqu’à ces dernières années comme d’origine dégénérative. En fait, des travaux
récents sont en faveur d’un processus actif qui présente des similitudes avec le
développement de la plaque d’athérome.
Les calcifications sont généralement abondantes sur la valve aortique et peuvent
s'étendre vers l'anneau mitral et le septum inter ventriculaire.

2 - La bicuspidie aortique congénitale :


Elle est fréquente dans la population générale (environ 1 à 2%)
Elle représente l'étiologie la plus fréquente des RA des sujets jeunes et d'âge moyen.
La disposition géométrique de l'orifice bicuspide explique la fréquence avec laquelle il
devient progressivement sténosant alors qu'il ne l'était pas initialement. Il peut se
calcifier au fil des années. Il peut aussi être fuyant.
La géométrie particulière de l’orifice bicuspide explique également l’importance de la «
lésion de jet » sur la paroi externe de l’aorte ascendante, qui va dilater progressivement
l’aorte au fil des années. De plus, il existe des anomalies histologiques de la paroi
aortique qui vont favoriser sa dilatation. Actuellement, l’on insiste beaucoup sur la
surveillance de la dilatation de l’aorte ascendante en cas de bicuspidie.

3 - Le rhumatisme articulaire aigu :


Il est plus rarement en cause de nos jours dans les pays occidentaux.
Le mécanisme en est une fusion commissurale avec calcifications secondaires.
Une insuffisance aortique est fréquemment associée au RA.
Il existe fréquemment une atteinte associée d'autres valves, notamment de la mitrale.

4 - RA congénitaux : Il en existe 3 types anatomiques :


4.1 - Le RA valvulaire, qui est le moins rare. Il est plus fréquent chez les garçons.
L'orifice aortique est bicuspide dans plus de la moitié des cas. Les valves sont souples,
non calcifiées, à la différence des formes de l'adulte.
4.2 - Le RA sous-valvulaire, dont la forme la moins rare est représentée par un
diaphragme dans la chambre de chasse du ventricule gauche, situé à 1 cm environ des
valves aortiques.
4.3 - Le RA supra-valvulaire, Le RA supra valvulaire, qui est le plus souvent associé à
une dysmorphie et à un retard mental. Ce syndrome polymalformatif, dont l’origine
génétique a été confirmée récemment, est appelé " syndrome de Williams-Beuren "
PHYSIOPATHOLOGIE
La surface normale de l’orifice aortique chez l’adulte est de 2.5 à 3.5cm2.
La réduction de la surface de l'orifice aortique entraîne une gène à l'éjection
ventriculaire gauche avec des conséquences en aval sur la circulation systémique et en
amont sur le ventricule gauche qui s'adapte à ses nouvelles conditions de
fonctionnement grâce à des mécanismes de compensation dont la faillite tardive
conduit à l'insuffisance cardiaque.
Une surface valvulaire aortique inférieure ou égale à O.75 à 1cm2, soit 0,5 à 0.6cm2
par m2 de surface corporelle, c’est-à-dire un quart de la surface d’un orifice normal,
représente une obstruction critique.
1 - Conséquences d'amont :
1.1 - L'obstacle à l'éjection ventriculaire gauche augmente la post-charge et est
responsable d'une surcharge systolique du ventricule gauche (VG). La pression
systolique ventriculaire gauche augmente et l'élévation de la contrainte pariétale
ventriculaire gauche induit une hypertrophie myocardique concentrique avec
augmentation du rapport épaisseur sur rayon. Cet épaississement pariétal se fait sans
modification de la taille de la cavité, qui est normale ou un peu petite. L'hypertrophie
permet de maintenir une pression systolique ventriculaire gauche élevée et un débit
d'aval satisfaisant.
1.2 - Du fait de l'épaississement pariétal, les propriétés diastoliques du ventricule
gauche sont altérées de manière précoce. La compliance du VG diminue. La pression
de remplissage du VG est élevée ; de ce fait, la contraction atriale joue un rôle
important dans le remplissage ; la perte de la contraction atriale, qui représente près de
40 % du remplissage ventriculaire, explique la détérioration hémodynamique sévère
des sténoses aortiques lors de la perte du rythme sinusal (passage en fibrillation
atriale).
2 - Conséquences d'aval :
Du fait de l'hypertrophie pariétale qui compense l'augmentation de contrainte pariétale,
le VG conserve longtemps un débit normal au repos et à l'effort.
A long terme, en cas de détérioration de la fonction systolique ou en cas d'hypertrophie
majeure, le débit cardiaque s'élève insuffisamment à l'effort, la pression artérielle
systémique n'augmente pas à l'effort, d'où une diminution du flux encéphalique et
coronarien, qui peut être responsable de syncope, d'ischémie myocardique aiguë
pouvant entraîner asystole ou troubles du rythme, voire mort subite.

DIAGNOSTIC
1 - Signes fonctionnels :
Le RA est une maladie longtemps asymptomatique. L'absence de symptômes
fonctionnels ne permet pas, à priori, d'affirmer que le RA est peu serré. Les signes
fonctionnels sont des symptômes d'effort.
1.1 - L'angor d'effort :
*traduit l'ischémie myocardique d'effort,
*il est souvent révélateur, observé dans plus de la moitié des cas de RA serré,
*il peut être dû exclusivement à la sténose aortique, mais parfois également à un
athérome coronarien associé.
1.2 - Les syncopes ou lipothymies d'effort :
*sont plus rares,
*elles traduisent l'ischémie cérébrale d'effort,
*elles représentent un symptôme fonctionnel inquiétant, qui fait craindre l'éventualité
d'une mort subite.
1.3 - La dyspnée d'effort :
*elle est fréquente, de degré variable, à quantifier en fonction de la classification de la
NYHA,
*à un stade évolué, l'insuffisance ventriculaire gauche, voire l'insuffisance cardiaque
globale sont possibles.

2 - Signes physiques :

2.1 - Les anomalies se résument le plus souvent à la constatation du souffle


systolique :
*Il s'agit d'un souffle systolique éjectionnel, distant de B1 et de B2, maximal à la base,
classiquement au foyer aortique, c'est-à-dire le deuxième espace intercostal droit et il a
des irradiations ascendantes, vers les vaisseaux du cou.
*son intensité est variable. Il peut être intense et frémissant. Il peut aussi être nettement
plus discret, notamment lorsqu'il existe une insuffisance cardiaque; dans ce cas, à
l'extrême, le souffle peut disparaître totalement.
*Il est habituellement rude et râpeux.
*En fait, le souffle est parfois atypique, peu intense ou de localisation inhabituelle,
latéro-sternal gauche, voire endapexo-axillaire, pouvant simuler une insuffisance
mitrale.
2.2 - Le deuxième bruit est souvent diminué ou aboli en cas de RA serré calcifié de
l'adulte (signe inconstant). Il peut persister, même en cas de sténose serrée, dans les
formes moins calcifiées du sujet jeune.
2.3 - Un souffle diastolique latéro-sternal gauche d'insuffisance aortique discret est
fréquemment associé.
2.4 - Le reste de l'examen clinique permet de rechercher :
*des signes d'insuffisance ventriculaire gauche.
*une pathologie associée, notamment vasculaire (palpation et auscultation des axes
artériels). Vérifier les artères cervicales à destinée encéphalique.

3- Electrocardiogramme :
* Le rythme reste habituellement sinusal.
*L'ECG peut être normal, ce qui n'élimine pas l'éventualité d'un RA serré (20 % des
cas).
*Une hypertrophie ventriculaire gauche est fréquente (axe de QRS gauche, ondes R
amples dans les précordiales gauches, ondes S amples dans les précordiales droites,
troubles de repolarisation en précordiales gauches).
*Des troubles de conduction intra ventriculaire et auriculo-ventriculaire sont possibles et
sont souvent dus à la compression des voies de conduction par l'extension des
calcifications valvulaires et juxta valvulaires aortiques.
4 - Radiographie de thorax :
*La taille du coeur reste longtemps normale.
*Une saillie de l'aorte ascendante au bord droit (dilatation post-sténotique par lésion de
jet) est possible.
*La présence de calcifications valvulaires aortiques oriente le diagnostic. Elles peuvent
être visibles sur le cliché de thorax de profil, mais sont surtout bien détectées par
l'examen en amplificateur de brillance.
5 - L'échocardiogramme-Doppler +++ :
*C'est l'examen clé du diagnostic.
*Son développement et son usage systématique chez les sujets âgés porteurs d'un
souffle systolique ont permis de dépister de très nombreux cas de RA qui autrefois
auraient été méconnus. C'est grâce à cette technique que l'importance réelle du RA
dans la population âgée a été découverte. La majorité des souffles précordiaux des
sujets de plus de 60 ans, qualifiés autrefois de "souffles en écharpe", correspondent en
réalité à des rétrécissements aortiques.
5.1 - Signes échographiques :
Echocardiographie bidimensionnelle
*Les sigmoïdes aortiques sont remaniées, calcifiées, et leur ouverture est réduite.
*Le caractère bi ou tricuspide de l’orifice peut souvent être affirmé par l’échographie
transthoracique avec la qualité des appareils actuels.
* Dans les formes congénitales, les valves sont souples, souvent bicuspides, non
calcifiées. Leur ouverture forme un « dôme » valvulaire caractéristique.
*Le ventricule gauche est le plus souvent hypertrophié et de cinétique normale ou
exagérée.A un stade évolué, il peut être peu hypertrophié, mais dilaté et globalement
hypocinétique, son aspect simulant celui d'une cardiomyopathie dilatée.
5.2 - L'examen en Doppler :
*Il permet d’affirmer le diagnostic : le flux aortique, enregistré au-delà de l'orifice, au
Doppler continu, en se repérant sur le flux au Doppler couleur, est turbulent et
anormalement rapide.
* La mesure de sa vitesse au Doppler continu permet, à l'aide de l'équation de
Bernouilli, de déterminer le gradient de pression systolique entre le VG et l'aorte, ce qui
permet de préciser la sévérité du RA. Le flux transaortique doit être recherché avec
soin, en utilisant toutes les voies d’abord disponibles (apicale, parasternale droite ++
chez le sujet âgé, sus-sternale chez le jeune, et éventuellement sous-costale).
On calcule un gradient maximal instantané et un gradient moyen, qui est plus
représentatif de la sévérité du RA. Un gradient moyen > 50 mmHg témoigne d'un RA
serré. Ce gradient peut être artificiellement abaissé lorsque la fonction systolique du
ventricule gauche est très altérée. Le diagnostic est alors difficile ; il faut calculer la
surface valvulaire aortique en écho Doppler par l'équation de continuité ou au
cathétérisme. Une surface valvulaire aortique inférieure à 1cm2 ou mieux, à
0.60cm2/m2 à de surface corporelle témoigne d’un RA serré.
* La mesure de la surface valvulaire aortique par planimétrie en échocardiographie
transthoracique ou transoesophagienne a été proposée, mais est peu fiable.
* Le retentissement du RA sur le VG (épaisseur, cinétique) et sur les pressions droites
est également précisé.
* Recherche à l’écho Doppler de lésions associées, notamment d'une insuffisance
aortique ou d'une autre valvulopathie, notamment mitrale.
*Mesure du diamètre de l’aorte ascendante, notamment en cas de bicuspidie (le
diamètre maximal ne doit pas dépasser 40mm).
* En cas de dysfonction ventriculaire gauche évoluée avec bas-débit, une échographie
de stress par de petites doses de dobutamine pourra être indiquée pour rechercher s’il
persiste une « réserve contractile », ou en cas de doute sur le caractère serré du RA.
*L'écho Doppler est en outre le meilleur examen de surveillance des patients qui ne
justifient pas d'une intervention d'emblée. Dans les formes peu ou moyennement
serrées, une surveillance annuelle en écho Doppler est préconisée.

6 - Cathétérisme et angiographie :

6.1 - Il n'est plus indiqué pour le diagnostic, sauf dans certains cas particuliers. La
plupart du temps, il est fait à titre de bilan préopératoire.

6.2 - En cas de RA serré affirmé par l'écho-Doppler, le franchissement de l'orifice


aortique par voie artérielle rétrograde, souvent difficile, n'est pas indiqué ; il a été
démontré récemment par le scanner que des embolies cérébrales calcaires, le plus
souvent asymptomatiques, étaient provoquées par le franchissement le l’orifice aortique
dans plus de la moitié des cas. L'examen est alors limité à une angiographie sus-
sigmoïdienne aortique, qui permettra de préciser la taille de l'aorte ascendante et
l'importance d'une éventuelle régurgitation aortique associée, et à une
coronarographie systématique.
6.3 - Lorsque le gradient ou la surface valvulaire enregistrés au Doppler sont
douteux (difficultés d'enregistrement...) ou qu’il existe une discordance entre les
symptômes et les données non invasives, le franchissement de l'orifice aortique avec
mesure du gradient de pression transvalvulaire est obligatoire. Cette éventualité est
rare actuellement et doit être limitée aux cas douteux.
La surface valvulaire aortique sera alors calculée par la formule de GORLIN, qui fait
intervenir le gradient de pression et le débit cardiaque.

6.4 - Si l'orifice aortique a été franchi, la ventriculographie gauche par injection de


produit de contraste iodé permettra d'apprécier la fonction ventriculaire gauche avec
notamment la mesure de la fraction d'éjection. Une éventuelle insuffisance mitrale
associée sera détectée et quantifiée.
DIAGNOSTIC DIFFERENTIEL
C'est le diagnostic du souffle systolique :

1. L'insuffisance mitrale, notamment celle développée aux dépens de la petite valve


et qui peut être à irradiations ascendantes, peut simuler l'auscultation du RA. Cette
éventualité est rare ; habituellement la clinique permet de distinguer ces deux
anomalies.

2. La cardiomyopathie obstructive. L'association d'un RA et d'une cardiomyopathie


obstructive (CMO) est possible, ou tout au moins d'un RA associé à un gradient intra
ventriculaire gauche.

3. Les RA non valvulaires (sous valvulaires ou supra valvulaires) et la sténose


pulmonaire sont généralement des maladies de l'enfant et de l'adulte jeune. Le souffle
est comparable à celui du RA valvulaire à quelques nuances sémiologiques près.
Dans tous ces cas, lorsque la clinique ne permet pas le diagnostic différentiel, c'est
l'écho Doppler qui tranche.

DIAGNOSTIC D'OPERABILITE : LE BILAN PREOPERATOIRE


1 - L'âge du patient n'est pas un obstacle en soi. L'âge physiologique importe plus que
l'âge réel. Un remplacement valvulaire aortique isolé est possible chez des sujets de 85
ans et même plus si l’état physiologique est bon, et en l’absence de tares viscérales
associées.
2- La recherche d'anomalies cardiaques associées au RA est impérative : valvulopathie
mitrale, sténose coronaire qui peut nécessiter un ou plusieurs pontages associés au
remplacement valvulaire.
3 - L'état myocardique ne contre-indique pas la chirurgie dans le RA isolé. Un VG
même très altéré peut récupérer de manière spectaculaire après remplacement
valvulaire, mais cette récupération est inconstante. Il n'en est pas de même dans les
valvulopathies fuyantes avec VG dilaté et hypocinétique.
4 - L'appréciation des fonctions vitales est impérative :
*fonction rénale,
*fonction respiratoire,
*artères périphériques ;recherche notamment d'une sténose carotidienne par écho
Doppler des vaisseaux du cou; écho Doppler des artères des membres inférieurs,
*bilan biologique,
*recherche systématique des foyers infectieux, notamment ORL et dentaires (radio ou
scanner des sinus, panoramique dentaire, consultations ORL et stomatologique).
5 - Le risque opératoire global sera apprécié au mieux par l’EUROSCORE (European
System for Cardiac Operative Risk Evaluation), algorithme de stratification du risque qui
prend en compte de multiples facteurs pré opératoires et des facteurs de risque
chirurgicaux. Il a été décrit en 1999 pour la pathologie coronaire, et a été étendu ensuite
à la chirurgie valvulaire. Ce score, le mieux validé actuellement, simple à définir, est
prédicteur de mortalité intra hospitalière et de mortalité à long terme. Le score pour un
patient donné peut être calculé directement à partir du site Internet
http://www.euroscore.org.

EVOLUTION
1 - Le RA a une tendance à l'aggravation au fil des années :
La progression de la sténose aortique est très variable d'un individu à l'autre. Elle peut
se faire sur plusieurs décennies. A l'inverse, chez certains patients, une sténose peu
sévère peut devenir sévère en quelques années (progresseurs rapides et progresseurs
lents). L’âge, la coexistence de lésions coronaires et l’importance des calcifications
valvulaires ont été identifiés, entre autres, comme facteurs prédictifs d’évolutivité, mais
il n’est pas possible de prévoir l’évolution chez un patient donné.
2 - Les signes fonctionnels peuvent être absents malgré une sténose serrée :
Un RA serré peut demeurer asymptomatique durant de nombreuses années.
3 - Lorsque les symptômes apparaissent, le pronostic vital est engagé :
Les chances de survie après l'apparition des premiers symptômes fonctionnels sont
fonction des signes fonctionnels :
*3 à 4 ans de survie en cas d'angor ou de syncopes,
*18 mois à 2 ans après le début d'une insuffisance ventriculaire gauche.
4 - Le risque de mort subite existe chez les patients symptomatiques :
Chez les patients asymptomatiques, ce risque est faible, inférieur à 1% par an.
5 - Les autres complications sont:
*l'endocardite infectieuse, rare en cas de sténose pure (recommandation néanmoins
d'une antibioprophylaxie systématique),
*les exceptionnelles embolies calcaires périphériques spontanées,
*les troubles de la conduction ou du rythme, tels que la fibrillation atriale qui peut être à
l'origine d'une décompensation cardiaque, le bloc de branche gauche ou le bloc
auriculo-ventriculaire complet, surtout post opératoire.

TRAITEMENT
1 - Moyens thérapeutiques :
1.1 - Le traitement médical n'est qu'adjuvant :
* Pas de traitement si le RA est asymptomatique.
*L’intérêt d’un traitement par statine pour ralentir la progression de la sténose aortique,
qui aurait des déterminants communs avec les sténoses coronaires, est discuté depuis
quelques années; son efficacité dans cette indication n’est pour le moment pas
démontrée.
*En cas d'insuffisance ventriculaire gauche, un traitement diurétique est le seul
réellement logique, les nitrés, les digitaliques et les inhibiteurs de l'enzyme de
conversion ayant plutôt un effet délétère dans ce cas.
*L'activité physique doit être limitée. Les efforts importants sont formellement contre-
indiqués en cas de RA symptomatique.
*La prophylaxie de l’endocardite infectieuse est recommandée (classe B).

1.2 - Le remplacement valvulaire aortique (RVA) :


C'est la seule thérapeutique efficace.
*Par prothèse mécanique en dessous de 75 ans. Les prothèses les plus utilisées
actuellement sont les valves à double ailette (SAINT-JUDE, SORIN BICARBON,
TEKNA, ATS ou autre).
*Chez les sujets âgés de plus de 70 à 75 ans, la mise en place d'une bioprothèse est
indiquée, la durabilité des bioprothèses stentées étant très bonne dans cette tranche
d’âge. Les plus utilisées sont les xénogreffes porcines de CARPENTIER-EDWARDS.
Une bioprothèse sera également implantée en cas de contre-indication formelle au
traitement anti-coagulant, quel que soit l'âge du patient.
*Les résultats opératoires sont bons, avec un risque faible, fonction de l’âge et de la
nécessité de pontages coronaires associés au RVA : mortalité de 3% avant 70 ans, 5%
entre 70 et 80 ans, 9% au-delà en cas de RVA isolé. La mortalité opératoire est
quasiment doublée en cas de pontages coronaires associés : 6% avant 70 ans, 9%
entre 70 et 80 ans, 12% au-delà de 80 ans.
Après RVA, la courbe de survie des opérés rejoint celle d’une population comparable
de même âge.
1.3 – L’implantation valvulaire aortique percutanée(TAVI) :(valve EDWARDS et
CORE VALVE) :
Nouvelle technique , dont l’efficacité est démontré de jour en jour mais l’indication reste
limité pour le moment au sujets récusés par le remplacement chirurgical.
1.4 - La chirurgie des RA congénitaux est plus conservatrice:
Pour les formes valvulaires, une valvulotomie sous CEC, ou une valvuloplastie
percutanée, est réalisée chez l'enfant ; il s'agit d'un geste palliatif, et un remplacement
valvulaire aortique sera nécessaire 10 à 15 ans plus tard, à l'âge adulte. Une
intervention de Ross (utilisation de la valve pulmonaire du patient comme autogreffe
aortique, ce qui permet la croissance de l’anneau, avec mise en place d’une xénogreffe
pulmonaire) peut être envisagée chez le sujet très jeune, mais il s’agit d’une chirurgie
lourde.
Pour les RA sous valvulaires, l'obstacle est réséqué, avec éventuelle résection
musculaire associée.
Pour les RA supra valvulaires, l'aorte ascendante est élargie par un patch.
2- Indications :
*Tout RA serré et symptomatique doit être opéré (indication formelle), et ceci de
manière urgente lorsque le RA est compliqué d'insuffisance cardiaque.
*Dans les RA serrés asymptomatiques, l’intérêt de l’épreuve d’effort est maintenant bien
validé (l’épreuve d’effort est, par contre, contre-indiquée en cas de RA serré
symptomatique). Le but en est de vérifier le caractère réellement asymptomatique du
patient. La mise en évidence d’une faible capacité d’effort ou d’une réponse
hémodynamique inappropriée (absence d’élévation tensionnelle à l’effort), ou
l’apparition de troubles du rythme sont des facteurs pronostiques péjoratifs et incitent à
retenir une indication opératoire. Si le patient est réellement asymptomatique, il faut le
surveiller étroitement, tous les 6 mois avec un écho Doppler et une épreuve d’effort.
*Une indication opératoire pourra être retenue même chez un patient asymptomatique
dans certains cas :
 RA serré et réponse anormale à l’épreuve d’effort,
 ou dysfonction ventriculaire gauche (FE <50%),
 ou nécessité d’une chirurgie cardiaque sur les coronaires, l'aorte ascendante ou
autre,
 RA serré et chirurgie extracardiaque programmée à risque intermédiaire ou élevé,
 chez les femmes jeunes, RA serré et désir de grossesse si gradient moyen VG-Aorte
> 50 mmHg,
 en cas d’HVG importante, de RA très serré (surface valvulaire < 0.30cm2/m2) ou de
troubles du rythme ventriculaire sévères ne relevant pas d’une autre cause que le RA
(indications discutées). Les RA non serrés ne sont pas opérés dans l'immédiat. Les
patients doivent être suivis régulièrement, cliniquement et en échographie Doppler, tous
les 6 mois à un an. La prophylaxie de l’endocardite infectieuse est recommandée.
Références : Recommandations de la Société Européenne de Cardiologie 2007
(Guidelines on the management of valvular heart disease (European Society of
Cardiology) : Eur Heart J 2007;28:230-68 Recommandations américaines 2006
ACC/AHA (Guidelines for the management of patients with valvular heart disease)
Circulation 2006;114:e84-23, ou J Am Coll Cardiol 2006;48:e1-148 Recommandations
de la Société Française de Cardiologie 2005 concernant la prise en charge des
valvulopathies acquises et des dysfonctions de prothèses valvulaires (Archives des
Maladies du Coeur 2005; 98(suppl):5-61).

POINTS FORTS A RETENIR :


Il est impératif de ne pas méconnaître un RA en bas débit, qui peut simuler une
cardiomyopathie dilatée idiopathique (souffle discret ou absent ; aspect échographique
de ventricule gauche dilaté et hypocinétique; gradients transaortiques faibles au
Doppler). Il est impératif dans ce cas de calculer la surface valvulaire aortique à l’écho
Doppler, voire au cathétérisme en cas de doute ou de résultats discordants.
D'où l'importance de l'écho Doppler systématique en présence d'une insuffisance
cardiaque de primo découverte.
En cas de complication, et notamment d'insuffisance ventriculaire gauche, l'indication
opératoire est urgente, car le pronostic vital est engagé.
Après un remplacement valvulaire aortique réussi, l'espérance de vie des opérés rejoint
celle d'une population d'âge comparable.

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