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Les mélanomes malins cervicofaciaux doivent être divisés en deux groupes distincts : les mélanomes
d’origine cutanée et les mélanomes muqueux. En effet, ces deux entités présentent des différences
majeures en termes d’histoire naturelle, d’épidémiologie, de prise en charge thérapeutique et de pro-
nostic. Le mélanome cutané est la forme prédominante. Son incidence est en constante augmentation
depuis plusieurs décennies avec, en France, dix nouveaux cas pour 100 000 habitants et par an (à
l’origine de 1600 décès). Le principal facteur de risque est l’exposition solaire, les formes familiales ne
représentant que 10 % des patients. Dans 30 % des cas, sa localisation est cervicofaciale. Les particula-
rités anatomiques de cette région influent notablement sur les modalités thérapeutiques et le pronostic
de ces patients, qui est plus réservé. Si le traitement reste avant tout chirurgical, des progrès majeurs
ont été réalisés récemment dans la prise en charge des stades avancés avec le développement des théra-
pies ciblées (anti-BRAF en particulier) et de l’immunothérapie (anti-programmed death 1 [PD-1]). Une
place importante doit être accordée à la prévention primaire et à l’éducation des patients, notamment
en termes de protection solaire. Le mélanome muqueux, quant à lui, est une tumeur rare puisqu’il repré-
sente moins de 5 % de tous les mélanomes. Sa localisation préférentielle est cervicofaciale, notamment
au niveau nasosinusien. Le pronostic du mélanome muqueux est réservé. Cette pathologie est difficile à
contrôler localement en raison de son caractère souvent multifocal et des contraintes anatomiques de la
région cervicofaciale rendant difficile la réalisation d’une exérèse carcinologique satisfaisante. De plus, il
existe un risque métastatique important à l’origine d’une mortalité significative précoce. Le traitement
de référence est la chirurgie suivie classiquement d’une radiothérapie adjuvante. De nouvelles techniques
d’irradiation (hadronthérapie, etc.) ainsi que des thérapeutiques innovantes (thérapies ciblées, etc.) sont
en cours d’évaluation.
© 2017 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
EMC - Oto-rhino-laryngologie 1
Volume 12 > n◦ 3 > août 2017
http://dx.doi.org/10.1016/S0246-0351(17)81902-4
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Stade I AJCC Stades IIA et IIB AJCC Stades IIC et III AJCC
Options Options
• Échographie locorégionale • Échographie locorégionale
de la zone de drainage, à la prise de la zone de drainage
en charge diagnostique et après • Imagerie complémentaire
traitement tous les 3 à 6 mois (TDM abdominopelvienne,
pendant 5 ans thoracique et cérébrale,
• Autres examens en fonction des TEP-FDG [stade III AJCCJ])
signes d’appel À la prise en charge diagnostique
et après tratitement tous les 3 à 6 mois
pendant 5 ans
Figure 3. Prise en charge et surveillance des mélanomes malins cutanés. Astérisque : téguments, aires ganglionnaires, palpation hépatique et splénique.
TDM : tomodensitométrie ; TEP : tomographie par émission de positons ; FDG : fluorodésoxyglucose (d’après [24] ).
4 EMC - Oto-rhino-laryngologie
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Mélanomes cutanés cervicofaciaux 20-950-D-10
Traitement chirurgical
Le traitement de référence du mélanome non métastatique est
avant tout chirurgical. Cependant, aucun effet significatif sur la
survie globale n’a été observé après réalisation de larges marges
d’exérèse, d’un évidement ganglionnaire systématique ou d’une
procédure du ganglion sentinelle [27] .
La technique du ganglion sentinelle est une option de prise
en charge permettant actuellement une stadification précise des
mélanomes cutanés selon l’AJCC et l’UICC. C’est le facteur
pronostique majeur [26, 28] , influant ainsi toute la stratégie théra-
peutique. Il est indiqué pour les mélanomes d’épaisseur supérieure
à 1 mm ou ulcérés. Cependant, aucun bénéfice significatif sur
la survie globale n’a été montré actuellement [28] . L’étude Mul-
ticenter Selective Lymphadenectomy Trial 1 (MSLT1) a montré
néanmoins que la réalisation d’un évidement ganglionnaire en
cas de positivité du ganglion sentinelle améliore le contrôle Figure 4. Drainage lymphatique de la région cervicofaciale
local [28] . Par ailleurs, la signification physiopathologique des (d’après [31] ).
micrométastases ganglionnaires est encore à préciser. Des essais
sont en cours pour préciser l’apport d’un évidement ganglion-
naire complémentaire en cas de positivité du ganglion sentinelle Cependant, même si cette procédure est devenue quasiment
en termes de survie globale et de contrôle local (MSLT2, European systématique dans certains pays comme aux États-Unis, cela n’est
Organisation for Research and Treatment of Cancer [EORTC]- pas le cas en France. Cette technique peut être proposée aux
1208). patients dans les centres expérimentés en étant présentée comme
D’autres techniques d’appréciation du statut ganglionnaire sont une option, et non comme un standard de traitement.
en cours de développement à l’heure actuelle [29, 30] . Pour les
patients présentant des métastases ganglionnaires palpables au Stade locorégional (stade III)
diagnostic (confirmés cytologiquement ou histologiquement), un
évidement cervical est recommandé [5] . Comme abordé précédemment, la présence de métastases
ganglionnaires au diagnostic impose d’associer une reprise chi-
Stades localisés (stades I/II) rurgicale de la zone d’exérèse tumorale avec des marges adaptées
à l’indice de Breslow et un évidement sélectif (voire fonctionnel
Les marges d’exérèse dépendent de l’indice de Breslow : complet) dont les zones sont définies selon la localisation du méla-
• 0,5 cm pour une lésion intraépidermique ; nome primitif. Par ailleurs, du fait de l’incidence des métastases
• 1 cm pour une épaisseur de 1 mm ; occultes parotidiennes, une parotidectomie superficielle est asso-
• 1 à 2 cm pour une épaisseur entre 1,01 et 4 mm ; ciée à ce curage ganglionnaire en cas de localisation à risque :
• 2 à 3 cm pour une épaisseur supérieure à 4 mm. partie antérieure du scalp (comprenant le front et la tempe),
Mais aussi de la localisation : joue, paupière et région orbitaire, oreille et région péri-auriculaire
• proximité de structures nobles : œil, paupières, nez ; (Fig. 4) [31] .
• possibilités de reconstruction. Un temps spécifique du curage cervical dans cette indication
Une reprise chirurgicale de la zone d’exérèse initiale est néces- est la recherche du ganglion jugulaire externe qui, bien que ne
saire. Les marges sont fonction de l’indice de Breslow et de la faisant pas partie de la description classique des évidements gan-
localisation tumorale. Aucune marge supérieure à 3 cm ne doit glionnaires, est fréquemment envahi.
être réalisée. En profondeur, il faut pratiquer l’exérèse jusqu’au Une immunothérapie par interféron alpha ou une radiothérapie
plan profond aponévrotique. peuvent se discuter dans certains cas.
Pour les mélanomes de Dubreuilh non invasifs, une marge de
1 cm est recommandée. Cette marge peut être ramenée à 0,5 cm Stade métastatique (stade IV)
en fonction des spécificités anatomiques et fonctionnelles de la
localisation tumorale. Pour les tumeurs oligométastatiques, la chirurgie reste une solu-
Concernant le procédé de reconstruction de la perte de sub- tion thérapeutique envisageable dans des cas sélectionnés [32] . En
stance cutanée, plusieurs options sont à discuter. Lorsque cela est cas de lésion métastatique non résécable, la radiothérapie peut
possible, pour des defects de petite taille situés dans des zones non permettre un contrôle local de la maladie, voire une amélioration
critiques fonctionnellement, la suture directe peut être envisagée. des symptômes (douleurs, saignement, etc.) [33] . En cas de tumeur
Lorsqu’une fermeture directe n’est pas possible, une greffe de peau mutée BRAF, peut se discuter en première intention une thérapie
(mince ou totale) est une solution couramment utilisée. Néan- ciblée (type vémurafénib) et, en cas de réponse satisfaisante, une
moins, les conséquences fonctionnelles et esthétiques de certaines chirurgie dans un second temps [5] .
exérèses cutanées, particulièrement dans la région cervicofaciale, La prise en charge des stades métastatiques repose cependant
peuvent amener à considérer des reconstructions plus complexes majoritairement sur les traitements systémiques.
par lambeaux locorégionaux afin de préserver une qualité de vie
acceptable.
Une procédure du ganglion sentinelle est recommandée pour
Traitement systémique du mélanome
les tumeurs dont l’indice de Breslow est supérieur à 1 mm. L’intérêt stades III et IV inopérable : chimiothérapie,
en est triple : thérapies ciblées, immunothérapie
• valeur pronostique du ganglion sentinelle ;
• amélioration du contrôle local ; Le mélanome métastatique a été pendant longtemps un cancer
• sélection pour les essais thérapeutiques adjuvants. au pronostic sombre avec une médiane de survie estimée entre six
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et neuf mois, un taux de survie à un an de 25 % et à trois ans de une « fausse impression » de progression de la maladie ou « effet
15 % [26, 34] . Les chimiothérapies conventionnelles (dacarbazine, flare ». Ainsi, de nouveaux critères d’évaluation de la réponse
fotémustine, paclitaxel et témozolomide) n’ont jamais montré à l’ipilimumab ont été développés et sont appelés immune
d’impact sur la survie globale des patients et le taux de réponse related response criteria [46] et le premier bilan d’évaluation ne se
rapportés selon les séries varient de 5 à 20 % [35] . fait qu’à la 12e semaine suivi d’un bilan de confirmation à la
De nombreuses avancées thérapeutiques ont été réalisées dans 16e semaine.
ce domaine depuis 2010. Deux grandes stratégies thérapeutiques Du mécanisme d’action de l’immunothérapie découle un nou-
ont pris place dans l’arsenal thérapeutique : les thérapies ciblées veau profil d’effets indésirables d’ordre immunologique non
et l’immunothérapie [36, 37] . rencontrés avec les chimiothérapies cytotoxiques classiques. Les
principales cibles sont la peau, le tube digestif, le foie et l’axe
Thérapies ciblées hypothalamo-hypophysaire [47] . La prise en charge de toutes ces
toxicités repose essentiellement sur la corticothérapie à forte dose
Deux inhibiteurs sélectifs de BRAF ont l’autorisation de mise et sur des mesures symptomatiques. Il semble que la prise au long
sur le marché (AMM) dans le mélanome métastatique chez les cours de corticoïdes n’ait pas de retentissement sur la réponse
patients présentant une mutation BRAF V600 : le vémurafénib tumorale, y compris à long terme [48] .
® ®
(Zelboraf ) et le dabrafénib (Tafinlar ). Ces deux molécules, pres- Programmed death 1 (PD-1) est exprimé sur certains lympho-
crites par voie orale, ont montré leur supériorité en termes de cytes, son ligand principal, PD-L1, est exprimé à la surface des
survie globale par rapport à la dacarbazine [37–39] . cellules tumorales et de quelques autres cellules immunitaires. La
Concernant le vémurafénib, les effets secondaires les plus fré- liaison de PD-L1 avec PD-1 entraîne l’inactivation des lympho-
quents sont la photosensibilité, les arthralgies, un rash cutané cytes T, essentiellement au sein des tissus périphériques, comme
et la survenue de carcinomes épidermoïdes cutanés et de kéra- par exemple au sein des métastases. Les inhibiteurs de PD-1
toacanthome [40] . Pour le dabrafénib, on observe surtout une mais aussi PD-L1 ont pour objectif de réactiver les lymphocytes
hyperkératose, un syndrome main-pied, une fièvre, des arthral- « endormis » afin de tenter de restaurer une réponse immune
gies, une asthénie et des céphalées. Ces deux molécules ont été antitumorale.
une révolution thérapeutique dans l’arsenal du traitement pour le Deux molécules ont montré des résultats positifs en phase III et
mélanome métastatique mais le bénéfice clinique reste transitoire ont obtenu une AMM en 2015, le nivolumab (Opdivo , une per-
®
pour la majorité des patients avec une survenue de résistances fusion toutes les deux semaines) et le pembrolizumab (Keytruda ,
®
secondaires dans un délai de six à neuf mois en moyenne. une perfusion toutes les trois semaines) chez les patients ne pré-
Les inhibiteurs de methyl ethyl ketone (MEK) bloquent eux aussi sentant pas de mutation BRAF V600, dès la première ligne, et chez
la voie des MAP-kinases mais en aval de BRAF. Deux molécules ont les patients présentant une mutation BRAF V600 ayant échappé à
® ®
leur AMM : le tramétinib (Mekinist ) et le cobimétinib (Cotellic ) un inhibiteur BRAF.
en association respectivement au dabrafénib et au vémurafé- Leur efficacité en première ligne est indiscutable avec des taux
nib, dans le traitement des adultes atteints d’un mélanome non de réponse à 40 % pour le nivolumab contre 13,9 % avec la
résécable ou métastatique porteur d’une mutation BRAF V600. chimiothérapie par dacarbazine avec une survie globale à un
L’association inhibiteur de BRAF et inhibiteur de MEK permet an de 72,9 % contre 42,1 % et à deux ans de 59 % avec une
d’obtenir une amélioration en termes de survie sans progression médiane de survie non atteinte à deux ans. Chez des patients BRAF
et de survie globale par rapport au monothérapie anti-BRAF seule. wild-type et pour le pembrolizumab, un taux de réponse à 33 %
La survenue de carcinome cutané secondaire est plus faible avec contre 11,9 % avec l’ipilimumab et une survie globale à un an
l’association [41, 42] . de 74,1 ou 68,4 % (en fonction du rythme d’injection de pem-
brolizumab toutes les deux ou trois semaines) contre 58,2 % avec
Immunothérapie : anti-« cytotoxic l’ipilimumab [47, 49] . Leur efficacité après échec de l’ipilimumab a
T-lymphocyte-associated antigen 4 » également été observée [50] . Les anti-PD-1 présentent ainsi quatre
avantages majeurs : ne pas limiter leur action à une catégorie
et anti-« programmed death 1 » de mélanomes (contrairement aux thérapies ciblées), avoir un
Le cytotoxic T-lymphocyte-associated antigen 4 (CTLA-4), molé- délai d’action rapide (contrairement à l’ipilimumab), avoir une
cule exprimée à la surface des lymphocytes T activés, interagit durée d’action prolongée (contrairement aux thérapies ciblées où
avec B7 située à la surface des cellules présentatrices de l’antigène l’acquisition de résistances est très fréquente) et avoir un profil
afin d’aboutir à un signal d’inactivation vis-à-vis du lymphocyte de tolérance meilleur que l’ipilimumab. Des associations anti-PD-
T. L’ipilimumab est un anticorps monoclonal qui, en bloquant 1–CTLA-4 sont en cours d’évaluation.
le CTLA-4, lève ce frein inhibiteur physiologique de la réponse
immune et restaure ainsi l’activation des lymphocytes.
Un impact sur la survie globale a été montré en comparaison Place du traitement adjuvant
à la vaccination par GP100 et en comparaison à la dacarbazine
seule [36, 43] . L’ipilimumab a ainsi obtenu l’AMM en France en Pour les mélanomes localisés de plus de 1,5 mm, une immu-
®
2011 sous le nom de Yervoy , en deuxième puis en première ligne nothérapie adjuvante par interféron alpha a une AMM. Ce
de traitement des patients atteints de mélanome métastatique traitement prescrit à la dose de trois millions d’unités trois fois
(administration en perfusion toutes les trois semaines). Une méta- par semaine pendant 18 mois allonge la période sans récidive
analyse rapporte une médiane de survie à 11,4 mois [44] . Cette mais n’augmente pas statistiquement la durée de vie globale des
étude met surtout en évidence un plateau sur la courbe de survie patients [51] . Cette immunothérapie peut également être prescrite
de Kaplan-Meier à trois ans de traitement avec un taux de survie à en adjuvant dans les stades III (interféron alpha selon le schéma
trois ans de 22 % qui se maintient à dix ans, indépendamment du de Kirkwood ou interféron gamma) [51] . Par ailleurs, l’interféron
nombre de ligne antérieure et de la présence ou non d’un traite- entraîne de nombreux effets indésirables souvent mal tolérés :
ment d’entretien. Un patient vivant trois ans après un traitement syndromes pseudogrippaux, syndrome dépressif, atteintes endo-
par ipilimumab sera probablement vivant à cinq ans et à sept ans. criniennes, hépatique, etc. Ce traitement correspond plutôt à une
La durée de la réponse n’est pas associée à un facteur pronostique option thérapeutique qu’à un standard de traitement. Il est assez
connu ni au statut mutationnel de BRAF. peu prescrit en France.
Le profil de toxicité et de réponse radiologique est différent de L’ipilimumab a été évalué en traitement adjuvant dans une
ceux observés avec les agents cytotoxiques et les thérapies ciblées. étude de phase III randomisée en double insu. La survie sans réci-
Deux types d’événements jusque-là non décrits avec dive est de 26,1 mois dans le bras traité versus 17,1 dans le bras
l’utilisation des chimiothérapies classiques peuvent être obser- placebo. La toxicité était importante avec 42 % des patients ayant
vés : progression initiale de la taille des localisations secondaires présenté des effets indésirables grade 3-4 : principalement diges-
et/ou apparition de nouvelles métastases [45] . Ces progressions tifs, hépatiques et endocriniens. Les résultats de survie globale ne
initiales de taille de lésions cibles pourraient être liées à une sont pas disponibles avant plusieurs années. Des études avec un
infiltration lymphocytaire péri- et intratumorale aboutissant à anti-PD-1 en adjuvant sont en cours [52] .
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Mélanomes cutanés cervicofaciaux 20-950-D-10
Les modalités et le rythme du suivi des patients atteints de Stade IV Métastases à distance (tous pT, tous N, M1)
mélanomes cutanés sont standardisés et fonction du stade AJCC
(Tableau 1). L’incidence des récidives tardives (après dix ans)
n’étant pas négligeable (de 2 à 3 % selon les études) [53, 54] , une examen tous les trois mois et une consultation annuelle en
surveillance à long terme de ces patients paraît indispensable. dermatologie pour toutes les personnes considérées comme à
Le pronostic est fondé sur des paramètres cliniques (le sexe, la risque [24] .
localisation, l’âge, la phase de progression de la tumeur, son type) La prévention primaire repose sur des campagnes de prévention
et histologiques. La richesse du réseau lymphatique de la région et d’information dont le but est d’agir sur les facteurs de risque
cervicofaciale joue un rôle important dans le pronostic de ces « modifiables » tels que l’exposition solaire. Elle met en place
mélanomes. Le taux de survie entre cinq et dix ans se situe entre une éducation sur les bases de la photoprotection : vêtements
74 et 86 %. Les mélanomes de la région cervicofaciale présentent couvrants, application d’écran solaire, éviction des expositions
un moins bon pronostic que les autres localisations cutanées. En solaires volontaires. La prévention secondaire repose sur la prise
effet, en l’absence de métastases, la survie à dix ans est de 90 % en charge des précurseurs comme les grands nævi congénitaux. La
pour des mélanomes cutanés localisés aux extrémités comparés prévention tertiaire fait appel au dépistage précoce du mélanome,
aux mélanomes de la tête et du cou. Parmi ces derniers, le scalp dépistage de masse ou chez le dermatologue, le médecin généra-
est la localisation qui présente le plus mauvais pronostic [55, 56] . liste, le médecin du travail ou encore les chirurgiens plasticiens et
Toutes localisations cutanées confondues, le pronostic des méla- ORL.
nomes à cinq ans varie respectivement pour les stades I à IV de 93
à 11 % (Tableau 1), et à dix ans de 85 à 6 %. Pour les mélanomes de
stade III, le pronostic est fondé sur la présence ou l’absence d’une
ulcération et le nombre de ganglions atteints (Tableau 1). Le taux
Conclusion
de survie à un an d’un patient stade IV varie en fonction du tumor Le traitement du mélanome cutané reste avant tout chi-
necrosis mode (TNM) et est estimé à 62 % pour les M1a, 53 % pour rurgical. Des progrès thérapeutiques récents (thérapies ciblées,
les M1b, et 33 % pour les M1c [57] . immunothérapie) ont permis une amélioration significative du
Ces survies ont tendance à s’allonger à l’heure actuelle grâce à pronostic des patients présentant un stade avancé. Néanmoins,
l’apport de nouvelles thérapeutiques (thérapies ciblées, immuno- cette tumeur, de par son fort potentiel métastatique, reste une
thérapie). maladie grave au pronostic réservé. La prévention de cette patho-
logie, notamment par l’information et l’éducation des patients,
reste ainsi indispensable afin de diminuer son incidence (en régu-
Dépistage et prévention lière augmentation) et de permettre une prise en charge précoce.
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Toute référence à cet article doit porter la mention : Moya-Plana A, Routier E, Mateus C, Kolb F, Robert C. Mélanomes cutanés cervicofaciaux. EMC - Oto-
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