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Mélanomes cutanés cervicofaciaux


A. Moya-Plana, E. Routier, C. Mateus, F. Kolb, C. Robert

Les mélanomes malins cervicofaciaux doivent être divisés en deux groupes distincts : les mélanomes
d’origine cutanée et les mélanomes muqueux. En effet, ces deux entités présentent des différences
majeures en termes d’histoire naturelle, d’épidémiologie, de prise en charge thérapeutique et de pro-
nostic. Le mélanome cutané est la forme prédominante. Son incidence est en constante augmentation
depuis plusieurs décennies avec, en France, dix nouveaux cas pour 100 000 habitants et par an (à
l’origine de 1600 décès). Le principal facteur de risque est l’exposition solaire, les formes familiales ne
représentant que 10 % des patients. Dans 30 % des cas, sa localisation est cervicofaciale. Les particula-
rités anatomiques de cette région influent notablement sur les modalités thérapeutiques et le pronostic
de ces patients, qui est plus réservé. Si le traitement reste avant tout chirurgical, des progrès majeurs
ont été réalisés récemment dans la prise en charge des stades avancés avec le développement des théra-
pies ciblées (anti-BRAF en particulier) et de l’immunothérapie (anti-programmed death 1 [PD-1]). Une
place importante doit être accordée à la prévention primaire et à l’éducation des patients, notamment
en termes de protection solaire. Le mélanome muqueux, quant à lui, est une tumeur rare puisqu’il repré-
sente moins de 5 % de tous les mélanomes. Sa localisation préférentielle est cervicofaciale, notamment
au niveau nasosinusien. Le pronostic du mélanome muqueux est réservé. Cette pathologie est difficile à
contrôler localement en raison de son caractère souvent multifocal et des contraintes anatomiques de la
région cervicofaciale rendant difficile la réalisation d’une exérèse carcinologique satisfaisante. De plus, il
existe un risque métastatique important à l’origine d’une mortalité significative précoce. Le traitement
de référence est la chirurgie suivie classiquement d’une radiothérapie adjuvante. De nouvelles techniques
d’irradiation (hadronthérapie, etc.) ainsi que des thérapeutiques innovantes (thérapies ciblées, etc.) sont
en cours d’évaluation.
© 2017 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

Mots-clés : Mélanome cutané ; Mélanome muqueux ; Immunothérapie ; Thérapie ciblée

Plan ■ Surveillance et pronostic 7


■ Dépistage et prévention 7
■ Épidémiologie 1 ■ Conclusion 7
Incidence et mortalité 1
Facteurs de risque 1
■ Clinique 2
■ Formes histologiques 2  Épidémiologie
Critères histologiques 2
Vers une nouvelle classification 2 Incidence et mortalité
Altérations génétiques distinctes dans les différents sous-types L’incidence du mélanome cutané est en constante augmen-
de mélanomes 3 tation avec, au niveau mondial, 160 000 nouveaux cas par an
Particularité de la localisation tête et cou : le mélanome à l’origine de 48 000 décès [1] . La région la plus concernée par
de Dubreuilh 3 cette pathologie est l’Australie avec une incidence de 97 cas pour
■ Bilan diagnostique 3 100 000 habitants. En Europe, bien qu’il existe des différences
Bilan clinique 3 régionales, la même tendance est observée avec une incidence
Bilan paraclinique (« standard options recommandations », 2005) 3 autour de dix nouveaux cas par an pour 100 000 habitants en
■ Prise en charge thérapeutique 5 France (1500 décès/an) [2] .
Traitement chirurgical 5
Traitement systémique du mélanome stades III et IV inopérable :
chimiothérapie, thérapies ciblées, immunothérapie 5 Facteurs de risque
Place du traitement adjuvant 6 L’exposition solaire (rayonnement ultraviolet [UV]) est le fac-
Place de la radiothérapie 7 teur de risque principal, celle-ci ayant un effet mutagène direct
■ Prise en charge d’une métastase ganglionnaire sur les mélanocytes cutanés [3, 4] . Trois types d’exposition sont
d’un mélanome sans primitif 7 décrits : intermittente, dans l’enfance, et cumulative (surtout pour

EMC - Oto-rhino-laryngologie 1
Volume 12 > n◦ 3 > août 2017
http://dx.doi.org/10.1016/S0246-0351(17)81902-4

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le mélanome de Dubreuilh). L’augmentation d’incidence actuelle


pourrait s’expliquer par l’augmentation de cette exposition directe
au rayonnement UV, notamment chez les sujets à peau claire, de
manière intense et intermittente (plages, cabines à UV, etc.) [5, 6] .
Une prévention efficace est à recommander par le port de vête-
ments couvrants et en évitant l’exposition solaire entre 12 h 00 et
16 h 00, en particulier chez les enfants et adolescents. Les patients
doivent, par ailleurs, être formés à l’auto-examen afin de pouvoir
détecter rapidement des lésions suspectes (apparition de nouvelles
lésions ou modification de lésions connues).
L’immunodépression a été également rapportée comme facteur
de risque de mélanome [7] .
Par ailleurs, une prédisposition héréditaire est retrouvée chez
10 % des patients. Ces derniers devant présenter au moins deux
apparentés atteints, on suppose une faible prévalence mais une Figure 1. Aspect clinique caractéristique d’un mélanome.
forte pénétrance des gènes impliqués [8] . En cas de suspicion cli-
nique, le bilan génétique identifie une mutation dans 40 % des
cas [9] . Les gènes les plus souvent impliqués sont MC1R, CDK4, derme (phase invasive). La phase horizontale est associée à une
MITF et CDKN2A (muté dans 20 à 40 % des formes familiales) [5] . composante intraépidermique faite de mélanocytes qui consti-
tuent une nappe (mélanomes lentigineux) ou des thèques (amas
plus ou moins globulaires de mélanocytes) irrégulières le long de la
 Clinique basale, avec souvent un envahissement des couches superficielles
de l’épiderme. À ce stade, les éléments du diagnostic sont les bords
Classiquement, le mélanome se présente sous la forme d’une irréguliers associés à des entailles, une asymétrie mais également à
lésion pigmentée asymétrique, aux contours irréguliers avec une des variations de couleur. La dépigmentation et la régression sont
couleur hétérogène. Le caractère évolutif de la lésion (taille, forme, des signes pouvant appartenir au mélanome. La phase verticale est
couleur, etc.) est important pour l’orientation diagnostique. Il associée à une composante dermique invasive ou hypodermique
est documenté généralement par l’interrogatoire et l’étude com- (phase invasive à haut risque métastatique). La présence de saigne-
parative d’éventuelles photos prises lors d’examens cliniques ment, l’aspect épais surélevé, le prurit, l’inflammation et la dureté
successifs. orientent vers un mélanome déjà évolué.
On définit ainsi les critères ABCDE : L’examen histologique permet d’affirmer la nature mélano-
• asymétrie des contours ; cytaire de la tumeur. L’immunohistochimie est indispensable,
• bords irréguliers ; notamment en cas de tumeurs achromiques. Les trois marqueurs
• couleur inhomogène ; recommandés sont la protéine S100, HMB45 et Melan-A [13] .
• diamètre supérieur à 6 mm ; Plusieurs caractéristiques sont ensuite étudiées : l’architecture,
• évolutivité. la présence d’atypies cytonucléaires, de mitoses, d’emboles
Il faut noter que 20 à 40 % des mélanomes se développent à vasculaires, d’extension neurotrope et la perte du gradient
partir de nævi préexistants, soit 60 à 80 % de novo [10] . Il est morphologique. Certains paramètres revêtent un intérêt tout par-
donc important d’identifier les phototypes à risque : peau claire, ticulier sur les plans thérapeutique et pronostique. Ils doivent être
cheveux blonds ou roux, yeux clairs, ne bronzant pas ou peu, recherchés systématiquement sur la pièce d’exérèse première de la
taches de rousseur, multiples nævi, antécédent de coups de soleil. lésion suspecte de mélanome :
Le dépistage (notamment des sujets à risque) présente donc un • l’indice de Breslow : soit l’épaisseur tumorale maximale (Fig. 1)
intérêt majeur pour une prise en charge précoce de ces lésions. mesurée en millimètres, comprise entre la couche granuleuse
Un suivi clinique régulier est recommandé, notamment pour les de l’épiderme en haut et la cellule mélanique maligne la plus
patients avec un nombre important de nævi atypiques. Ce suivi profonde. Les mélanomes qui n’envahissent pas le derme ne
se fait idéalement en dermoscopie et par la réalisation de pho- se mesurent pas et sont dits « in situ ». Le pronostic est plus
tographies du corps entier [11] . L’utilisation de la dermoscopie en sombre quand la profondeur de la tumeur augmente. L’indice
routine peut permettre une diminution des biopsies inutiles [12] . de Breslow est un facteur pronostique indépendant et prédictif
Dans tous les cas, l’examen clinique dermatologique doit du risque de récidive et de décès [14] ;
comprendre la totalité de la surface corporelle (en comprenant • l’ulcération (clinique ou histopathologique) a une valeur péjo-
le cuir chevelu et les muqueuses accessibles). En cas de suspi- rative importante quelle que soit l’épaisseur de la tumeur ;
cion de mélanome, on recherche également des adénopathies • l’index mitotique se définit histologiquement par le nombre de
suspectes par la palpation des aires ganglionnaires de drainage du mitoses par millimètre carré. Il a été identifié comme un facteur
territoire concerné, des nodules sous-cutanés, voire un deuxième pronostique puissant et indépendant de la survie, en particulier
mélanome. pour les mélanomes de moins de 1 mm d’épaisseur ;
Le diagnostic de certitude est histologique. En cas de suspicion • l’indice de Clark (Fig. 2) : soit le niveau anatomique d’invasion
clinique, la lésion doit être retirée chirurgicalement en totalité dans le derme et l’hypoderme. Le niveau I correspond aux méla-
avec des marges minimales afin de permettre une analyse his- nomes in situ et le niveau V à l’invasion dans l’hypoderme. Le
tologique exhaustive (pour Breslow, ulcération, index mitotique, niveau d’invasion de Clark a été abandonné dans la stratifica-
etc.). La réalisation d’une biopsie partielle peut se discuter dans tion de la catégorie T1 ;
certains cas particuliers : lésion de grande taille ou de localisation • les phénomènes de régression sont liés à la disparition focale
complexe, patient fragile, etc. ou totale des mélanocytes tumoraux intraépidermiques et/ou
dermiques avec présence de pigments et de cellules mononu-
cléées dans le derme. Il s’agit d’un facteur pronostique péjoratif
 Formes histologiques controversé ;
• l’analyse des marges d’exérèse est nécessaire pour s’assurer de
Critères histologiques l’absence de résidu tumoral.

L’histoire naturelle des mélanomes cutanés est classiquement


décrite en deux phases successives. Dans un premier temps, Vers une nouvelle classification
l’extension se fait « horizontalement » en nappe, au-dessus
de la membrane basale (phase intraépidermique), puis dans le La classification la plus utilisée est fondée sur l’histogenèse du
derme superficiel (phase micro-invasive). La deuxième phase, dite mélanome et le mode de progression tumorale avec une classifi-
« verticale », correspond à l’extension en profondeur dans le cation anatomoclinique réunissant quatre grandes variétés [15, 16] :

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types de mélanomes classés en fonction de la combinaison de


l’exposition solaire et du site anatomique :
• mélanome acral ;
• mélanome muqueux ;
• mélanome sur peau chroniquement exposée au soleil ou chro-
nic sun-induced damage (CSD) équivalent au mélanome de
Dubreuilh ;
• mélanome sur peau non exposée chroniquement au soleil
without chronic sun-induced damage (N-CSD) regroupant les
mélanomes de type SSM et nodulaires.
La voie des MAP-kinases et celle de PI3 kinase sont significa-
tivement plus activées dans le groupe de mélanomes liés à une
exposition intermittente au soleil par une mutation de BRAF (59 %
des N-CSD, contre 11 % des CSD et des muqueux et 23 % des
ALM). Dans 5 à 20 % des cas, elle était activée par une mutation
de N-RAS, sans différence significative entre les quatre sous-types
(22 % des N-CSD, 15 % des CSD, 5 % des muqueux et 10 % des
ALM). Ces mutations sont mutuellement exclusives [18, 19] .
Une anomalie de KIT (amplification et/ou mutation) était ini-
tialement rapportée à 39 % dans les mélanomes muqueux, 36 %
dans les ALM, 28 % dans les mélanomes CSD avec un taux de
mutation de 11 à 21 % [20] . Il semblerait qu’elle soit moindre dans
les mélanomes CSD (< 5 %) [21] .
Figure 2. Indice de Breslow et niveau d’invasion de Clark. L’épaisseur du
mélanome est mesurée dans un axe vertical de la couche superficielle de
l’épiderme (ou d’une surface ulcérée) au point le plus profond d’invasion.
Particularité de la localisation tête et cou :
Le niveau d’invasion de Clark fait référence à l’extension du mélanome le mélanome de Dubreuilh
dans le derme papillaire, réticulaire et l’hypoderme. Niveau I : mélanome
in situ, intradermique ; niveau II : invasion discontinue du derme papil- Tous les types de mélanome peuvent être retrouvés dans la
laire ; niveau III : invasion de la totalité du derme papillaire ; niveau IV : région de la tête et du cou. Cependant, il existe une prédo-
infiltration du derme réticulaire ; niveau V : extension à l’hypoderme. minance des mélanomes de Dubreuilh. En 1892, Hutchinson
attire l’attention sur le potentiel évolutif de certaines lésions de
la face qu’il appelle « senile freckle » puis « lentigo melanosis »
puis, en 1894, Dubreuilh le décrit sous le terme de « lentigo
• mélanome superficiel extensif (superficial spreading melanoma
malin des vieillards » puis comme « mélanose circonscrite pré-
[SSM]) (60 à 70 % des cas) : avec croissance intraépidermique
cancéreuse » [22] . La moyenne d’âge au moment du diagnostic est
horizontale puis verticale dermique ;
souvent élevée. Il siège sur les zones photo-exposées, en particulier
• mélanome nodulaire (nodular melanoma [NM]) : 10 à 20 % des
la tête et le cou, avec beaucoup plus rarement une autre locali-
cas d’évolution très rapidement verticale ;
sation telle que les avant-bras, le dos des mains ou les jambes.
• mélanome acral lentigineux (acral lentiginous melanoma
En effet, le mélanome de Dubreuilh a une relation directe avec
[ALM]) : 2 à 8 % des cas chez le Blanc, mais il est beaucoup
l’exposition solaire chronique (contrairement aux autres formes
plus fréquent (35 à 60 % des cas) chez le Noir, les Orientaux et
liées à des antécédents d’exposition solaire intense et intermit-
les Hispaniques. Acral pour sa localisation anatomique sur les
tente). Il s’associe souvent aux autres signes d’héliodermie comme
extrémités et lentigineux pour l’histogenèse débutant par une
l’élastose, les lentigos et les kératoses actiniques [23] .
phase de croissance horizontale « en nappe » [17] ;
• mélanome de Dubreuilh (lentigo maligna melanoma [LMM]) (5
à 10 %) qui a souvent une croissance horizontale pendant des
mois ou des années ;  Bilan diagnostique
• mélanome desmoplastique : forme rare caractérisée par un
important neurotropisme avec fréquente extension périneu- Bilan clinique
rale.
Cependant, cette classification est controversée car elle ne per- Un examen dermatologique complet avec palpation de
met pas de classer tous les mélanomes et n’a pas de valeur l’ensemble du tégument s’impose (si possible avec un dermo-
pronostique indépendante. Une hypothèse plus récente suggère scope pour les lésions suspectes) à la recherche d’une extension
que ces tumeurs puissent être classées en fonction de leur spécifi- locale, d’une lésion cutanée à distance, d’un second méla-
cité génétique. Comprendre que l’hétérogénéité du mélanome en nome ou d’une autre tumeur cutanée. Les aires ganglionnaires
fonction de son site, du degré d’exposition au soleil et des caracté- sont également systématiquement examinées. On rappelle qu’au
ristiques histologiques est due à des types de mélanomes distincts niveau cervicofacial, une palpation de la zone V (rétrospinale)
biologiquement a une grande importance clinique, afin de guider et de la loge parotidienne doit être systématique car ces zones,
la prise en charge thérapeutique. rarement impliquées dans la pathologie carcinologique oto-rhino-
laryngologique (ORL) « classique », sont à haut risque d’invasion
en oncodermatologie (notamment du fait des localisations à la
face, au pavillon de l’oreille et au scalp).
Altérations génétiques distinctes
dans les différents sous-types de mélanomes Bilan paraclinique (« standard options
Les mutations de BRAF sont retrouvées plus fréquemment dans recommandations », 2005)
les mélanomes se développant sur une peau non exposée chroni-
quement au soleil que dans les mélanomes se développant sur Les standard options recommandations (SOR) de 2005 établissent
une peau protégée du soleil telle que les paumes, les plantes, des recommandations en termes de prise en charge et de suivi
en sous-unguéal (mélanomes acraux), les muqueuses (mélanomes post-thérapeutique [24] . Elles sont adaptées à la classification de
muqueux) ou dans les mélanomes survenant sur une peau chro- l’Union internationale contre le cancer/American Joint Commit-
niquement exposée au soleil. La voie des mitogen-activated protein tee on Cancer (UICC/AJCC), 6e édition (Fig. 3).
kinase (MAP-kinases) et celle de phosphatidylinositol-3-kinase Après mise en évidence d’une lésion mélanique suspecte, une
(PI3 kinase) sont ainsi activées différemment dans quatre sous- exérèse complète est réalisée sans marge pour la réalisation d’un

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Stade I AJCC Stades IIA et IIB AJCC Stades IIC et III AJCC

Standard Standard Standard


• Examen clinique complet* • Examen clinique complet* • Examen clinique complet*
• Éducation du patient à • Éducation du patient à • Éducation du patient à
I’autodépistage d’un nouveau I’autodépistage d’un nouveau I’autodépistage d’un nouveau
mélanome et à l’autodétection mélanome et à l’autodétection mélanome et à l’autodétection
d’une récidive d’une récidive d’une récidive

Fréquence/durée Fréquence/durée Fréquence/durée


À la prise en charge diagnostique À la prise en charge diagnostique À la prise en charge diagnostique
et après traitement tous les 6 mois et après traitement tous les 3 mois et après traitement tous les 3 mois
pendant 5 ans, puis tous les ans pendant 5 ans, puis tous les ans pendant 5 ans, puis tous les ans

Options Options
• Échographie locorégionale • Échographie locorégionale
de la zone de drainage, à la prise de la zone de drainage
en charge diagnostique et après • Imagerie complémentaire
traitement tous les 3 à 6 mois (TDM abdominopelvienne,
pendant 5 ans thoracique et cérébrale,
• Autres examens en fonction des TEP-FDG [stade III AJCCJ])
signes d’appel À la prise en charge diagnostique
et après tratitement tous les 3 à 6 mois
pendant 5 ans

Figure 3. Prise en charge et surveillance des mélanomes malins cutanés. Astérisque : téguments, aires ganglionnaires, palpation hépatique et splénique.
TDM : tomodensitométrie ; TEP : tomographie par émission de positons ; FDG : fluorodésoxyglucose (d’après [24] ).

examen anatomopathologique permettant une confirmation ◦ a : sans ulcération,


diagnostique et une caractérisation tumorale (Breslow, ulcération, ◦ b : avec ulcération ;
index mitotique, etc.). Un bilan d’extension est réalisé en fonc- • T4 supérieur à 4 mm :
tion du stade de la maladie. Ainsi, pour les mélanomes invasifs ◦ a : sans ulcération,
de stade I-IIA-IIB, les recommandations officielles ne prévoient ◦ b : avec ulcération.
qu’une échographie locorégionale des zones de drainage pour les
stades IIA-IIB tous les trois à six mois et une tomodensitométrie Classification des ganglions : N
(TDM) quatre étages ou une tomographie par émission de positons • N1 : un ganglion envahi :
(TEP) dont la fréquence n’est pas standardisée [24] . ◦ a : micrométastase,
Un dosage élevé des lactodéshydrogénases (LDH) plasmatiques ◦ b : macrométastase ;
est un marqueur de mauvais pronostic à rechercher également, en • N2 : deux à trois ganglions envahis :
particulier dans les stades avancés. ◦ a : micrométastase,
Un séquençage moléculaire BRAF/NRAS/KIT est également ◦ b : macrométastase,
recommandé pour rechercher d’éventuelles mutations accessibles ◦ c : métastases cutanées en transit/satellite sans ganglions
à des thérapies ciblées. Environ 43 % des mélanomes cutanés sont atteints ;
mutés BRAF avec 90 % sur l’exon 15. La plupart de ces mutations • N3 : quatre ganglions envahis ou plus, métastases cutanées « en
sont de type V600E (remplacement d’une valine par un gluta- transit » avec ganglions atteints.
mate), il reste 15 à 30 % de V600K (remplacement de valine par
Classification des métastases : M-M1a
lysine) [5] . Les mutations de KIT sont plus rares (autour de 1 %) et
se retrouvent surtout dans les formes acrales et muqueuses (85 % Métastases cutanées/sous-cutanées ou ganglions à distance avec
exons 11 et 13) [25] . LDH normales :
La classification de l’AJCC de 2009 est fondée sur l’évaluation • M1b : métastase pulmonaire avec LDH normale ;
de la tumeur primitive avec le Breslow, le caractère ulcéré, la pré- • M1c : autres localisations à LDH normales ; toutes localisations
sence et le nombre de métastases ganglionnaires, la présence de avec LDH élevées.
métastases viscérales ainsi que le taux de LDH sanguins [26] . La
version 2009 a ajouté l’évaluation de l’index mitotique pour les Stades pronostiques
mélanomes de Breslow inférieurs ou égaux à 1 mm et le statut Mélanome localisé N0 M0
de micrométastase ganglionnaire (renforçant ainsi le rôle de la • Stade 0 : Tis ;
technique du ganglion sentinelle). • Stade IA : T1a ;
• Stade IB : T1b et T2a ;
Classification AJCC 7e édition (2009) • Stade IIA : T2b et T3a ;
des mélanomes cutanés • Stade IIB : T3b et T4a ;
• Stade IIC : T4b.
Classification tumorale : T
• T1 inférieur ou égal à 1 mm : Métastases régionales, M0 : stade III
◦ a : sans ulcération et index mitotique inférieur à 1/mm2 , • Stade IIIA : T1-4a, N1a/N2a ;
◦ b : avec ulcération ou index mitotique supérieur à 1/mm2 ; • Stade IIIB : T1-4a, N1b/N2b/N2c ou T1-4b, N1a/N2a ;
• T2 supérieur à 1 mm et inférieur ou égal à 2 mm : • Stade IIIC : tout T1-4b, N1b/N2b/N2c ; tout T, N3.
◦ a : sans ulcération,
◦ b : avec ulcération ; Métastases à distance : stade IV
• T3 supérieur à 2 mm et inférieur ou égal à 4 mm : Tout T, tout N, M1.

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 Prise en charge thérapeutique


La prise en charge thérapeutique est définie lors de la réunion de
concertation pluridisciplinaire (RCP). Les modalités sont exposées
au patient lors de la consultation d’annonce et font l’objet d’un
accord. On définit alors un programme personnalisé de soins (PPS)
remis au patient et adressé au médecin traitant [24] .

Traitement chirurgical
Le traitement de référence du mélanome non métastatique est
avant tout chirurgical. Cependant, aucun effet significatif sur la
survie globale n’a été observé après réalisation de larges marges
d’exérèse, d’un évidement ganglionnaire systématique ou d’une
procédure du ganglion sentinelle [27] .
La technique du ganglion sentinelle est une option de prise
en charge permettant actuellement une stadification précise des
mélanomes cutanés selon l’AJCC et l’UICC. C’est le facteur
pronostique majeur [26, 28] , influant ainsi toute la stratégie théra-
peutique. Il est indiqué pour les mélanomes d’épaisseur supérieure
à 1 mm ou ulcérés. Cependant, aucun bénéfice significatif sur
la survie globale n’a été montré actuellement [28] . L’étude Mul-
ticenter Selective Lymphadenectomy Trial 1 (MSLT1) a montré
néanmoins que la réalisation d’un évidement ganglionnaire en
cas de positivité du ganglion sentinelle améliore le contrôle Figure 4. Drainage lymphatique de la région cervicofaciale
local [28] . Par ailleurs, la signification physiopathologique des (d’après [31] ).
micrométastases ganglionnaires est encore à préciser. Des essais
sont en cours pour préciser l’apport d’un évidement ganglion-
naire complémentaire en cas de positivité du ganglion sentinelle Cependant, même si cette procédure est devenue quasiment
en termes de survie globale et de contrôle local (MSLT2, European systématique dans certains pays comme aux États-Unis, cela n’est
Organisation for Research and Treatment of Cancer [EORTC]- pas le cas en France. Cette technique peut être proposée aux
1208). patients dans les centres expérimentés en étant présentée comme
D’autres techniques d’appréciation du statut ganglionnaire sont une option, et non comme un standard de traitement.
en cours de développement à l’heure actuelle [29, 30] . Pour les
patients présentant des métastases ganglionnaires palpables au Stade locorégional (stade III)
diagnostic (confirmés cytologiquement ou histologiquement), un
évidement cervical est recommandé [5] . Comme abordé précédemment, la présence de métastases
ganglionnaires au diagnostic impose d’associer une reprise chi-
Stades localisés (stades I/II) rurgicale de la zone d’exérèse tumorale avec des marges adaptées
à l’indice de Breslow et un évidement sélectif (voire fonctionnel
Les marges d’exérèse dépendent de l’indice de Breslow : complet) dont les zones sont définies selon la localisation du méla-
• 0,5 cm pour une lésion intraépidermique ; nome primitif. Par ailleurs, du fait de l’incidence des métastases
• 1 cm pour une épaisseur de 1 mm ; occultes parotidiennes, une parotidectomie superficielle est asso-
• 1 à 2 cm pour une épaisseur entre 1,01 et 4 mm ; ciée à ce curage ganglionnaire en cas de localisation à risque :
• 2 à 3 cm pour une épaisseur supérieure à 4 mm. partie antérieure du scalp (comprenant le front et la tempe),
Mais aussi de la localisation : joue, paupière et région orbitaire, oreille et région péri-auriculaire
• proximité de structures nobles : œil, paupières, nez ; (Fig. 4) [31] .
• possibilités de reconstruction. Un temps spécifique du curage cervical dans cette indication
Une reprise chirurgicale de la zone d’exérèse initiale est néces- est la recherche du ganglion jugulaire externe qui, bien que ne
saire. Les marges sont fonction de l’indice de Breslow et de la faisant pas partie de la description classique des évidements gan-
localisation tumorale. Aucune marge supérieure à 3 cm ne doit glionnaires, est fréquemment envahi.
être réalisée. En profondeur, il faut pratiquer l’exérèse jusqu’au Une immunothérapie par interféron alpha ou une radiothérapie
plan profond aponévrotique. peuvent se discuter dans certains cas.
Pour les mélanomes de Dubreuilh non invasifs, une marge de
1 cm est recommandée. Cette marge peut être ramenée à 0,5 cm Stade métastatique (stade IV)
en fonction des spécificités anatomiques et fonctionnelles de la
localisation tumorale. Pour les tumeurs oligométastatiques, la chirurgie reste une solu-
Concernant le procédé de reconstruction de la perte de sub- tion thérapeutique envisageable dans des cas sélectionnés [32] . En
stance cutanée, plusieurs options sont à discuter. Lorsque cela est cas de lésion métastatique non résécable, la radiothérapie peut
possible, pour des defects de petite taille situés dans des zones non permettre un contrôle local de la maladie, voire une amélioration
critiques fonctionnellement, la suture directe peut être envisagée. des symptômes (douleurs, saignement, etc.) [33] . En cas de tumeur
Lorsqu’une fermeture directe n’est pas possible, une greffe de peau mutée BRAF, peut se discuter en première intention une thérapie
(mince ou totale) est une solution couramment utilisée. Néan- ciblée (type vémurafénib) et, en cas de réponse satisfaisante, une
moins, les conséquences fonctionnelles et esthétiques de certaines chirurgie dans un second temps [5] .
exérèses cutanées, particulièrement dans la région cervicofaciale, La prise en charge des stades métastatiques repose cependant
peuvent amener à considérer des reconstructions plus complexes majoritairement sur les traitements systémiques.
par lambeaux locorégionaux afin de préserver une qualité de vie
acceptable.
Une procédure du ganglion sentinelle est recommandée pour
Traitement systémique du mélanome
les tumeurs dont l’indice de Breslow est supérieur à 1 mm. L’intérêt stades III et IV inopérable : chimiothérapie,
en est triple : thérapies ciblées, immunothérapie
• valeur pronostique du ganglion sentinelle ;
• amélioration du contrôle local ; Le mélanome métastatique a été pendant longtemps un cancer
• sélection pour les essais thérapeutiques adjuvants. au pronostic sombre avec une médiane de survie estimée entre six

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et neuf mois, un taux de survie à un an de 25 % et à trois ans de une « fausse impression » de progression de la maladie ou « effet
15 % [26, 34] . Les chimiothérapies conventionnelles (dacarbazine, flare ». Ainsi, de nouveaux critères d’évaluation de la réponse
fotémustine, paclitaxel et témozolomide) n’ont jamais montré à l’ipilimumab ont été développés et sont appelés immune
d’impact sur la survie globale des patients et le taux de réponse related response criteria [46] et le premier bilan d’évaluation ne se
rapportés selon les séries varient de 5 à 20 % [35] . fait qu’à la 12e semaine suivi d’un bilan de confirmation à la
De nombreuses avancées thérapeutiques ont été réalisées dans 16e semaine.
ce domaine depuis 2010. Deux grandes stratégies thérapeutiques Du mécanisme d’action de l’immunothérapie découle un nou-
ont pris place dans l’arsenal thérapeutique : les thérapies ciblées veau profil d’effets indésirables d’ordre immunologique non
et l’immunothérapie [36, 37] . rencontrés avec les chimiothérapies cytotoxiques classiques. Les
principales cibles sont la peau, le tube digestif, le foie et l’axe
Thérapies ciblées hypothalamo-hypophysaire [47] . La prise en charge de toutes ces
toxicités repose essentiellement sur la corticothérapie à forte dose
Deux inhibiteurs sélectifs de BRAF ont l’autorisation de mise et sur des mesures symptomatiques. Il semble que la prise au long
sur le marché (AMM) dans le mélanome métastatique chez les cours de corticoïdes n’ait pas de retentissement sur la réponse
patients présentant une mutation BRAF V600 : le vémurafénib tumorale, y compris à long terme [48] .
® ®
(Zelboraf ) et le dabrafénib (Tafinlar ). Ces deux molécules, pres- Programmed death 1 (PD-1) est exprimé sur certains lympho-
crites par voie orale, ont montré leur supériorité en termes de cytes, son ligand principal, PD-L1, est exprimé à la surface des
survie globale par rapport à la dacarbazine [37–39] . cellules tumorales et de quelques autres cellules immunitaires. La
Concernant le vémurafénib, les effets secondaires les plus fré- liaison de PD-L1 avec PD-1 entraîne l’inactivation des lympho-
quents sont la photosensibilité, les arthralgies, un rash cutané cytes T, essentiellement au sein des tissus périphériques, comme
et la survenue de carcinomes épidermoïdes cutanés et de kéra- par exemple au sein des métastases. Les inhibiteurs de PD-1
toacanthome [40] . Pour le dabrafénib, on observe surtout une mais aussi PD-L1 ont pour objectif de réactiver les lymphocytes
hyperkératose, un syndrome main-pied, une fièvre, des arthral- « endormis » afin de tenter de restaurer une réponse immune
gies, une asthénie et des céphalées. Ces deux molécules ont été antitumorale.
une révolution thérapeutique dans l’arsenal du traitement pour le Deux molécules ont montré des résultats positifs en phase III et
mélanome métastatique mais le bénéfice clinique reste transitoire ont obtenu une AMM en 2015, le nivolumab (Opdivo , une per-
®

pour la majorité des patients avec une survenue de résistances fusion toutes les deux semaines) et le pembrolizumab (Keytruda ,
®

secondaires dans un délai de six à neuf mois en moyenne. une perfusion toutes les trois semaines) chez les patients ne pré-
Les inhibiteurs de methyl ethyl ketone (MEK) bloquent eux aussi sentant pas de mutation BRAF V600, dès la première ligne, et chez
la voie des MAP-kinases mais en aval de BRAF. Deux molécules ont les patients présentant une mutation BRAF V600 ayant échappé à
® ®
leur AMM : le tramétinib (Mekinist ) et le cobimétinib (Cotellic ) un inhibiteur BRAF.
en association respectivement au dabrafénib et au vémurafé- Leur efficacité en première ligne est indiscutable avec des taux
nib, dans le traitement des adultes atteints d’un mélanome non de réponse à 40 % pour le nivolumab contre 13,9 % avec la
résécable ou métastatique porteur d’une mutation BRAF V600. chimiothérapie par dacarbazine avec une survie globale à un
L’association inhibiteur de BRAF et inhibiteur de MEK permet an de 72,9 % contre 42,1 % et à deux ans de 59 % avec une
d’obtenir une amélioration en termes de survie sans progression médiane de survie non atteinte à deux ans. Chez des patients BRAF
et de survie globale par rapport au monothérapie anti-BRAF seule. wild-type et pour le pembrolizumab, un taux de réponse à 33 %
La survenue de carcinome cutané secondaire est plus faible avec contre 11,9 % avec l’ipilimumab et une survie globale à un an
l’association [41, 42] . de 74,1 ou 68,4 % (en fonction du rythme d’injection de pem-
brolizumab toutes les deux ou trois semaines) contre 58,2 % avec
Immunothérapie : anti-« cytotoxic l’ipilimumab [47, 49] . Leur efficacité après échec de l’ipilimumab a
T-lymphocyte-associated antigen 4 » également été observée [50] . Les anti-PD-1 présentent ainsi quatre
avantages majeurs : ne pas limiter leur action à une catégorie
et anti-« programmed death 1 » de mélanomes (contrairement aux thérapies ciblées), avoir un
Le cytotoxic T-lymphocyte-associated antigen 4 (CTLA-4), molé- délai d’action rapide (contrairement à l’ipilimumab), avoir une
cule exprimée à la surface des lymphocytes T activés, interagit durée d’action prolongée (contrairement aux thérapies ciblées où
avec B7 située à la surface des cellules présentatrices de l’antigène l’acquisition de résistances est très fréquente) et avoir un profil
afin d’aboutir à un signal d’inactivation vis-à-vis du lymphocyte de tolérance meilleur que l’ipilimumab. Des associations anti-PD-
T. L’ipilimumab est un anticorps monoclonal qui, en bloquant 1–CTLA-4 sont en cours d’évaluation.
le CTLA-4, lève ce frein inhibiteur physiologique de la réponse
immune et restaure ainsi l’activation des lymphocytes.
Un impact sur la survie globale a été montré en comparaison Place du traitement adjuvant
à la vaccination par GP100 et en comparaison à la dacarbazine
seule [36, 43] . L’ipilimumab a ainsi obtenu l’AMM en France en Pour les mélanomes localisés de plus de 1,5 mm, une immu-
®
2011 sous le nom de Yervoy , en deuxième puis en première ligne nothérapie adjuvante par interféron alpha a une AMM. Ce
de traitement des patients atteints de mélanome métastatique traitement prescrit à la dose de trois millions d’unités trois fois
(administration en perfusion toutes les trois semaines). Une méta- par semaine pendant 18 mois allonge la période sans récidive
analyse rapporte une médiane de survie à 11,4 mois [44] . Cette mais n’augmente pas statistiquement la durée de vie globale des
étude met surtout en évidence un plateau sur la courbe de survie patients [51] . Cette immunothérapie peut également être prescrite
de Kaplan-Meier à trois ans de traitement avec un taux de survie à en adjuvant dans les stades III (interféron alpha selon le schéma
trois ans de 22 % qui se maintient à dix ans, indépendamment du de Kirkwood ou interféron gamma) [51] . Par ailleurs, l’interféron
nombre de ligne antérieure et de la présence ou non d’un traite- entraîne de nombreux effets indésirables souvent mal tolérés :
ment d’entretien. Un patient vivant trois ans après un traitement syndromes pseudogrippaux, syndrome dépressif, atteintes endo-
par ipilimumab sera probablement vivant à cinq ans et à sept ans. criniennes, hépatique, etc. Ce traitement correspond plutôt à une
La durée de la réponse n’est pas associée à un facteur pronostique option thérapeutique qu’à un standard de traitement. Il est assez
connu ni au statut mutationnel de BRAF. peu prescrit en France.
Le profil de toxicité et de réponse radiologique est différent de L’ipilimumab a été évalué en traitement adjuvant dans une
ceux observés avec les agents cytotoxiques et les thérapies ciblées. étude de phase III randomisée en double insu. La survie sans réci-
Deux types d’événements jusque-là non décrits avec dive est de 26,1 mois dans le bras traité versus 17,1 dans le bras
l’utilisation des chimiothérapies classiques peuvent être obser- placebo. La toxicité était importante avec 42 % des patients ayant
vés : progression initiale de la taille des localisations secondaires présenté des effets indésirables grade 3-4 : principalement diges-
et/ou apparition de nouvelles métastases [45] . Ces progressions tifs, hépatiques et endocriniens. Les résultats de survie globale ne
initiales de taille de lésions cibles pourraient être liées à une sont pas disponibles avant plusieurs années. Des études avec un
infiltration lymphocytaire péri- et intratumorale aboutissant à anti-PD-1 en adjuvant sont en cours [52] .

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Mélanomes cutanés cervicofaciaux  20-950-D-10

Place de la radiothérapie Tableau 1.


Classification de la pathological tumor-node-metastasis (pTNM) de l’Union
La radiothérapie est peu utilisée en routine dans la prise en internationale contre le cancer/American Joint Committee on Cancer
charge des mélanomes cutanés. Elle est indiquée dans le trai- (UICC-AJCC) [26] .
tement des métastases osseuses symptomatiques (seule ou en Stades Critères
combinaison avec d’autres thérapeutiques) et des métastases céré-
brales. Dans le cadre de mélanomes oligométastatiques, une Stade 0 Tumeur in situ
radiochirurgie stéréotaxique peut se discuter [24, 33] . Stade IA Tumeur ≤ 1 mm d’épaisseur, sans ulcération et mitoses
< 1/mm (pT1a), N0, M0
Tumeur ≤ 1 mm d’épaisseur, avec ulcération et/ou mitoses
 Prise en charge d’une métastase
Stade IB
≥ 1/mm (pT1b), N0, M0
ganglionnaire d’un mélanome Tumeur supérieure à 1 mm et inférieure ou égale à 2 mm
d’épaisseur, sans ulcération (pT2a), N0, M0
sans primitif Stade IIA Tumeur > 1 mm et ≤ 2 mm d’épaisseur, avec ulcération
(pT2b), N0, M0
La mise en évidence de métastases (par ordre de fréquence, Tumeur > 2 mm et ≤ 4 mm d’épaisseur, sans ulcération
métastases ganglionnaires, pulmonaires, hépatiques, cérébrales et (pT3a), N0, M0
intestinales) nécessite un examen qui doit retracer toute l’histoire Stade IIB Tumeur > 2 mm et ≤ 4 mm d’épaisseur, avec ulcération
clinique et rechercher d’éventuelles zones de dépigmentation (pT3b), N0, M0
pouvant correspondre à une lésion ayant régressé. Dans 5 à 15 % Tumeur > 4 mm d’épaisseur, sans ulcération (pT4a), N0,
des cas, il s’agit d’une métastase ganglionnaire isolée sans méla- M0
nome primitif retrouvé [53] . L’interrogatoire doit rechercher la Stade IIC Tumeur > 4 mm d’épaisseur, avec ulcération (pT4b), N0,
notion d’une lésion de la région cervicofaciale ayant été traitée par M0
cryothérapie ou opérée et dont l’analyse histopathologique n’a pu
Stade IIIA Tumeur sans ulcération (pT1a-4a), métastases
être réalisée. Tout site suspect doit faire l’objet d’une histologie et
microscopiques dans 1, 2 ou 3 ganglions lymphatiques
l’examen clinique doit comprendre un examen ophtalmologique, régionaux (N1a, 2a), M0
de la sphère ORL (fosses nasales, cavité buccale, oropharynx),
Stade IIIB Tumeur sans ulcération (pT1a-4a), métastases
du rectum, de l’anus et gynécologique chez la femme. Toutes
macroscopiques dans 1, 2 ou 3 ganglions lymphatiques
les lésions cutanées préalablement enlevées doivent être revues
régionaux ou métastases « en transit » (N1b, 2b, 2c), M0
à l’examen anatomopathologique de façon à s’assurer de la
Tumeur avec ulcération (pT1b-4b), métastases
non-méconnaissance d’un diagnostic de mélanome. La réalisa- microscopiques dans 1, 2 ou 3 ganglions lymphatiques
tion d’un TEP-scan permet de rechercher d’autres métastases et régionaux ou métastases « en transit » (N1a, 2a, 2c), M0
d’orienter éventuellement vers le primitif. En cas d’une adénopa-
Stade IIIC Tumeur avec ulcération (pT1b-4b), métastases
thie métastatique d’un mélanome sans porte d’entrée évidente,
macroscopiques dans 1, 2 ou 3 ganglions lymphatiques
le curage ganglionnaire dans l’aire de drainage est une indication
régionaux (N1b, 2b), M0
thérapeutique. Tumeurs avec ou sans ulcération (tous pT), métastases
dans 4 ganglions lymphatiques régionaux ou plus ou

 Surveillance et pronostic métastases en transit avec métastase(s) ganglionnaire(s)


régionale(s) (N3), M0

Les modalités et le rythme du suivi des patients atteints de Stade IV Métastases à distance (tous pT, tous N, M1)
mélanomes cutanés sont standardisés et fonction du stade AJCC
(Tableau 1). L’incidence des récidives tardives (après dix ans)
n’étant pas négligeable (de 2 à 3 % selon les études) [53, 54] , une examen tous les trois mois et une consultation annuelle en
surveillance à long terme de ces patients paraît indispensable. dermatologie pour toutes les personnes considérées comme à
Le pronostic est fondé sur des paramètres cliniques (le sexe, la risque [24] .
localisation, l’âge, la phase de progression de la tumeur, son type) La prévention primaire repose sur des campagnes de prévention
et histologiques. La richesse du réseau lymphatique de la région et d’information dont le but est d’agir sur les facteurs de risque
cervicofaciale joue un rôle important dans le pronostic de ces « modifiables » tels que l’exposition solaire. Elle met en place
mélanomes. Le taux de survie entre cinq et dix ans se situe entre une éducation sur les bases de la photoprotection : vêtements
74 et 86 %. Les mélanomes de la région cervicofaciale présentent couvrants, application d’écran solaire, éviction des expositions
un moins bon pronostic que les autres localisations cutanées. En solaires volontaires. La prévention secondaire repose sur la prise
effet, en l’absence de métastases, la survie à dix ans est de 90 % en charge des précurseurs comme les grands nævi congénitaux. La
pour des mélanomes cutanés localisés aux extrémités comparés prévention tertiaire fait appel au dépistage précoce du mélanome,
aux mélanomes de la tête et du cou. Parmi ces derniers, le scalp dépistage de masse ou chez le dermatologue, le médecin généra-
est la localisation qui présente le plus mauvais pronostic [55, 56] . liste, le médecin du travail ou encore les chirurgiens plasticiens et
Toutes localisations cutanées confondues, le pronostic des méla- ORL.
nomes à cinq ans varie respectivement pour les stades I à IV de 93
à 11 % (Tableau 1), et à dix ans de 85 à 6 %. Pour les mélanomes de
stade III, le pronostic est fondé sur la présence ou l’absence d’une
ulcération et le nombre de ganglions atteints (Tableau 1). Le taux
 Conclusion
de survie à un an d’un patient stade IV varie en fonction du tumor Le traitement du mélanome cutané reste avant tout chi-
necrosis mode (TNM) et est estimé à 62 % pour les M1a, 53 % pour rurgical. Des progrès thérapeutiques récents (thérapies ciblées,
les M1b, et 33 % pour les M1c [57] . immunothérapie) ont permis une amélioration significative du
Ces survies ont tendance à s’allonger à l’heure actuelle grâce à pronostic des patients présentant un stade avancé. Néanmoins,
l’apport de nouvelles thérapeutiques (thérapies ciblées, immuno- cette tumeur, de par son fort potentiel métastatique, reste une
thérapie). maladie grave au pronostic réservé. La prévention de cette patho-
logie, notamment par l’information et l’éducation des patients,
reste ainsi indispensable afin de diminuer son incidence (en régu-
 Dépistage et prévention lière augmentation) et de permettre une prise en charge précoce.

La prise en charge thérapeutique précoce du mélanome est


déterminante en termes de pronostic. La Haute Autorité de santé Déclaration de liens d’intérêts : les auteurs déclarent ne pas avoir de liens
(HAS) recommande une éducation du patient pour un auto- d’intérêts en relation avec cet article.

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8 EMC - Oto-rhino-laryngologie

Téléchargé pour Aissam El Rhari (aissam.elrhari@usmba.ac.ma) à Hassan II University Hospital in Fez à partir de ClinicalKey.fr par Elsevier sur juillet
29, 2022. Pour un usage personnel seulement. Aucune autre utilisation n´est autorisée. Copyright ©2022. Elsevier Inc. Tous droits réservés.
Mélanomes cutanés cervicofaciaux  20-950-D-10

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A. Moya-Plana (antoinemoya@gmail.com).
E. Routier.
C. Mateus.
F. Kolb.
C. Robert.
Département de cancérologie cervico-faciale, Gustave-Roussy Cancer Campus, 114, rue Édouard-Vaillant, 94800 Villejuif, France.

Toute référence à cet article doit porter la mention : Moya-Plana A, Routier E, Mateus C, Kolb F, Robert C. Mélanomes cutanés cervicofaciaux. EMC - Oto-
rhino-laryngologie 2017;12(3):1-9 [Article 20-950-D-10].

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