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CHAPITRE ►---------------------------------------
Tumeu·rs du col utérin,
tumeurs du corps utérin
Pr Jérôme Alexandre', Dr Céline Bourgier2, Dr Frédéric Guyon3, Pr Didier Peiffert 4
'Service de Cancérologie Médicale, Hôpitaux Universitaires Paris Centre, AP-HP, site Port Royal
'Département de Radiothérapie Oncologique, ICM, Montpellier
3Département d'Onco-gynécologie, Institut Bergonie, Bordeaux
•Service Universitaire de Radiothérapie, Institut de Cancérologie de Lorraine, Vandoeuvre-les-Nancy
1.1. Épidémiologie
1.1.1. Épidémiologie descriptive
• Le cancer du col est le quatrième cancer féminin dans le monde avec plus de 500 000 cas incidents et près de
300 000 décès en 2012 (statistiques IARC 2012).
• Ce cancer est surtout fréquent parmi les populations des pays à faibles ressources. C'est le premier cancer de la
femme dans 39 pays, principalement situés en Afrique sub-saharienne, en Amérique centrale et en Asie du Sud
Est. 20 % des cas de cancer du col dans le monde surviennent en Inde.
• Son incidence est la plus faible en Europe de l'Ouest, en Amérique du Nord et en Australie.
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Dans les pays industrialisés dont la France, l'incidence et la mortalité diminuent depuis plus de 30 ans
grâce au développement du dépistage par le frottis cervico-utérin qui permet de diagnostiquer et de traiter
des lésions pré-invasives ou des cancers à un stade précoce (Tableau 1).
2017 6 1,7
• En France, en 2015, le cancer du col de l'utérus représente 1,6 % de l'ensemble des cancers incidents féminins et
est responsable de 1,7 % des décès féminins par cancer. L'âge médian au diagnostic est de 51 ans, ce qui en fait
un enjeu de santé publique.
• La survie nette à 5 ans est actuellement estimée à 62 % et a tendance à se dégrader. Cette dégradation est liée à
une proportion plus importante de cancers de mauvais pronostic qui ont échappé au dépistage et à la moindre
fréquence des lésions de bon pronostic qui ont été supprimées de la population suivie grâce au dépistage.
• Le taux de survie relative à 5 ans est de 91,5 % à un stade local, 57,7 % à un stade régional et 17,2 % à un stade
métastasique.
• L'HPV est principalement transmis par contact sexuel. L'infection se produit le plus souvent dès le début de la
vie sexuelle. La prévalence de l'infection est maximale avant 30 ans, avec un taux de 17 %.
• La majorité des femmes exposées aux HPV développe une immunité suffisante pour éliminer le virus (clairance
virale). Cependant, celui-ci persiste chez certaines femmes et cette persistance peut conduire au développement
d'une lésion précancéreuse.
• Il existe plusieurs stades successifs de lésions précancéreuses, appelées néoplasies cervicales intra-épithéliales
(CIN) ou dysplasies, du CINl (bas grade) au CIN3 (haut grade). Ces lésions peuvent régresser spontanément (le
plus souvent), persister ou bien encore évoluer vers un cancer du col de l'utérus.
À partir de l'infection persistante, l'évolution vers un cancer invasif du col utérin met en moyenne 15
ans à se produire, laissant donc une fenêtre d'action importante pour pouvoir détecter précocement (et
traiter) les lésions précancéreuses et cancéreuses du col.
• Certaines caractéristiques de la vie sexuelle sont associées à un risque accru d'infection à HPV oncogénique :
- précocité des premiers rapports sexuels ;
- partenaires sexuels multiples ;
- antécédents de maladies sexuellement transmissibles.
• Le bas niveau socio-économique et le faible niveau d'éducation sont associés à une moindre compliance au dépis
tage et à la vaccination, responsables d'une plus grande fréquence des stades localement avancés et d'une mortalité
plus élevée.
1.1.2.2. Co-facteurs
• Ils favorisent la persistance de l'infection ou interviennent dans la carcinogénèse :
- tabagisme actif (à la fois facteur de risque et facteur pronostique);
- co-infection à Chlamydiae ou par un virus de l'herpès;
- utilisation au long cours (plus de 5 ans) de contraceptifs oraux;
- déficit immunitaire acquis (dont l'infection par le VIH).
1.2. Prévention
• Elle repose sur la combinaison de deux démarches complémentaires: la vaccination contre les HPV et le dépistage
par frottis du col utérin.
1.2. 1. la vaccination
• La vaccination permet de prévenir l'infection persistante par les HPV. Pour un maximum d'efficacité, elle doit
être réalisée avant la survenue d'une première contamination, et donc avant les premiers rapports sexuels. Elle
diminue le risque de dysplasie modérée et sévère (CIN2 et 3).
La vaccination préventive est recommandée pour toutes les jeunes filles de 11 à 14 ans, et en rattrapage
vaccinal entre 15 et 19 ans révolus.
• Elle repose sur une démarche individuelle (il n'y a pas de campagne de vaccination organisée) et est prise en
charge à hauteur de 65 % par l'Assurance maladie.
• Trois vaccins sont actuellement disponibles :
- Gardasil® : vaccin quadrivalent (contre HPV 16, 18, 6 et 11) qui protège aussi des condylomes liés aux HPV 6
et 11;
- Gardasil 9: vaccin nonavalent qui protège en plus contre les sérotypes 31,33,45,52,58;
- Cervarix® : vaccin bivalent (contre HPV 16 et 18).
• En France, la couverture vaccinale est faible: 17 % à l'âge de 16 ans en 2014. Sur la durée du Plan cancer 2014-
2019, l'objectif des autorités de santé est d'atteindre une couverture vaccinale de 60 % grâce à des campagnes
d'information.
• La vaccination contre les HPV n'entraîne pas d'augmentation du risque global de survenue de maladies auto
immunes, mais une augmentation de l'incidence des syndromes de Guillain-Barré a été observée (1 à 2 cas pour
100 000 filles vaccinées).
• Cependant les différents plans de gestion des risques concluent en une balance bénéfice/risque de la vaccination
en faveur du bénéfice.
La vaccination ne confère qu'une protection partielle contre l'infection à HPV. Elle ne dispense pas du dépistage
triennal par frottis.
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1.2.2. Dépistage par le frottis cervico-utérin (FCUJ
• Du fait de son évolution lente et de l'existence de nombreuses lésions précancéreuses curables, le cancer du col
peut être dépisté à un stade précoce, et même être prévenu par la détection de lésions précancéreuses.
• Ces lésions précancéreuses sont invisibles à l'examen clinique. Leur dépistage repose sur le frottis cervico-utérin
(FCU) qui permet une analyse cytologique des cellules du col utérin à la jonction exocol-endocol.
• Le FCU permet le diagnostic de lésions précancéreuses chez plus de 31 000 femmes par an, soit une incidence
10 fois supérieure à celle du cancer invasif.
• Un dépistage organisé du cancer du col a été mis en place en 2018.
• Les anomalies cytologiques sont classées selon le système de Bethesda (Tableau 2). En fonction de leur sévérité,
plusieurs types d'explorations complémentaires sont recommandées (Figure 1):
- en cas d'atypies des cellules malpighiennes ou glandulaires de signification indéterminée : recherche d'HPV
oncogène par génotypage. Si celui-ci est présent ou si les anomalies persistent au frottis, un examen du col à la
loupe binoculaire (colposcopie) est nécessaire;
- en cas d'anomalies cytologiques plus sévères, une colposcopie avec biopsies est nécessaire d'emblée.
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Négatif
Examen du vagin
Contrôle de la colposcopie
1.3. Anatomo-pathologie
Le risque d'évolution vers le carcinome invasif est plus important pour les CIN2-3 (10-15 %) que pour les CIN1
(1 % des cas).
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1.3.1.2. Carcinome micro-invasif et invasif
• La présence d'emboles tumoraux lymphatiques ou vasculaires est un important facteur pronostique d'évolution
métastatique.
1.3.2. Adénocarcinome
• Il est plus rare (20 % environ).
• Il se développe à partir de l'épithélium cylindrique qui recouvre le canal endocervical ou endocol.
• Il est également précédé de lésions précancéreuses mais, à la différence des cancers épidermoïdes, il n'a pas été
établi de niveaux de sévérité.
1.3.3. Extension
• La progression tumorale loco-régionale s'effectue de proche en proche:
- vers le bas : vagin;
- latéralement : espace paracervical et paramètres. Ces derniers sont riches en vaisseaux lymphatiques et
contiennent les uretères;
- vers le haut (endocol et corps utérin),
- l'atteinte des organes de voisinage, vessie et rectum, est plus tardive.
• Les métastases ganglionnaires (pelviennes puis lombo-aortiques) sont les plus fréquentes et les plus précoces.
Les métastases viscérales sont surtout pulmonaires.
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7
Examen clinique
+
J
Biopsie à la pince
Conisation*
+
IRM abdomino-pelvienne
!
Examen clinique (sous AG si suspicion de tumeur avancée)
Cystoscopie et rectoscopie si cliniquement indiqué
Biologie standard, VIH, sec
+
Tumeur limitée au col, tailles 4 cm (maximum IB1) Tumeur étendue au-delà du col et/ou > 4 cm (IB2 à IV)
•
Pas d'adénomégalie n IRM et/ou adénomégalie en IRM
j
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L'.examen clinique doit être répété sous anesthésie générale s'il est difficile ou si la tumeur est volumineuse et
faire l'objet d'un schéma daté et signé.
La conisation est systématique dans les formes infracliniques ou endocervicales pour préciser la taille
maximale, la profondeur de l'infiltration stromale et la présence d'emboles vasculaires tumoraux. Elle doit être
précédée de l'IRM abdomino-pelvienne.
C'est la technique d'imagerie la plus fiable pour le bilan d'extension loco-régionale. Elle est systématique quel
que soit le stade.
• Elle comprend au minimum : des séquences en pondération T2 sans saturation de la graisse, en pondération dif
fusion et en pondération Tl avec saturation de la graisse après injection de gadolinium.
• Elle permet de visualiser la tumeur, d'apprécier sa taille et son extension locale (vers les paramètres, l'utérus, la
vessie, le rectum), de rechercher des métastases ganglionnaires pelviennes et lombo-aortiques et une dilatation
urétérale (Figure 3).
A: tumeur du col envahissant le paramètre droit, B: dilatation de l'uretère D, C: adénopathie iliaque externe droite
• Dans les stades infra-cliniques, elle doit être réalisée avant mais aussi après la conisation afin de vérifier que cette
dernière n'a pas laissé en place une partie de la tumeur.
1.5.1.2. Cystoscopie et rectoscopie
• Elles sont réalisées, lors de l'examen clinique sous anesthésie générale, uniquement en cas de suspicion clinique
ou radiologique d'extension vésicale et/ou rectale.
IJRM et le TEP-TDM ont un risque de faux négatifs pour la détection d'une extension ganglionnaire. Or
celle-ci a une importance pronostique mais intervient également pour les choix thérapeutiques. Un curage
ganglionnaire est donc préconisé daris tous les cas sauf si l'imagerie a déjà mis en évidence des métastases
ganglionnaires ou autres.
• Dans les formes localisées, candidates à la chirurgie : réalisation d'un curage ganglionnaire pelvien avec
examen extemporané. S'il est positif, il sera complété dans le même temps opératoire par un curage lomboaor
tique et la chirurgie curatrice sera contre-indiquée.
La technique de détection des ganglions sentinelles par double repérage calorimétrique et isotopique est une tech
nique prometteuse en cours de validation.
• Dans les formes localement avancées qui seront traitées par radio-chimiothérapie pelvienne : réalisation d'un
curage lombo-aortique cœlioscopique (sans curage pelvien).
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1.5.3. Dépistage des autres tumeurs liées à l'HPV
• Il est nécessaire de proposer aux patientes un dépistage des autres sites pouvant présenter des tumeurs liées à
l'HPV (sphères ORL et anale).
Sur le plan pronostique et thérapeutique, il est important de distinguer deux grandes catégories de
tumeurs:
• les tumeurs localisées sans atteinte ganglionnaire:� 4 cm sans atteinte du paramètre ou du vagin (IA et IB1
-1B2);
• les formes localement avancées > 4 cm ou associées à une atteinte du vagin ou des paramètres (stade IB3, 11,
IIIA-B, IVA) ou présentant des métastases ganglionnaires (IIICl, IIIC2).
1.6.1.3. La chimiothérapie
• Elle est administrée en concomitant à la radiothérapie externe à visée radiosensibilisante (cisplatine). Dans les
formes métastatiques, elle est utilisée seule.
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1.6.2. Indications (Hors programme ECN)
1.6.2.1. Stades localisés
• Le traitement de référence est la chirurgie :
- stade infra-clinique IAl sans embole chez une femme avec un désir de grossesse: conisation seule et surveillance
étroite;
- autres stades IA : lymphadénectomie pelvienne première suivie d'une hystérectomie simple;
- stades IBl-2: les différentes options sont une hystérectomie élargie, une association radio-chirurgicale, ou une
radiothérapie exclusive.
1.6.2.2. Stades localement avances
• La radio-chimiothérapie est le traitement de référence. Elle est exclusive ou parfois complétée d'une chirurgie de
clôture en cas de reliquat tumoral.
2.1. Épidémiologie
2.1.1. Épidémiologie descriptive
• C'est le cancer gynécologique le plus fréquent en France. L'incidence et la mortalité estimées en 2017 étaient
respectivement de 8 400 nouveaux cas (au 4' rang des cancers féminins) et de 2 300 décès (5' cause de décès par
cancer chez la femme).
• Deux tiers des cas surviennent dans les pays développés, probablement du fait qu'il atteint préférentiellement les
femmes âgées et de son lien avec la surcharge pondérale.
• Ce cancer survient en effet après la ménopause avec un pic de fréquence entre 60 et 70 ans (âge moyen lors du
diagnostic de 68 ans).
• Dans 80 % des cas, il est limité au corps utérin. La survie relative à 5 ans est d'environ 75 % et atteint 85 % en cas
de stade localisé.
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• Plusieurs situations peuvent être associées à une exposition accrue aux œstrogènes et à un déséquilibre hor
monal:
- une longue durée de la période ovulatoire définie par l'âge de la ménopause - âge de la puberté - nombre de
mois de grossesse - nombre de mois sous contraception orale combinée;
Une puberté précoce, une ménopause tardive et la nulliparité sont donc des facteurs de risque.
- la prise prolongée d'œstrogènes en monothérapie dans le cadre d'une contraception séquentielle ou d'un
traitement hormonal substitutif de la ménopause (d'où la nécessité d'associer systématiquement un progestatif);
- la prise de tamoxifène, de par son activité agoniste sur l'épithélium de l'endomètre;
- le syndrome des ovaires polykystiques.
Certaines lésions de l'endomètre sont rencontrées en cas d'hyperœstrogénie et doivent être considérées comme
précancéreuses: hyperplasie adénomateuse ou atypique, carcinome in situ.
• Son effet cancérigène est lié en partie à l'hyp erœstrogénie induite: en préménopause, elle favorise une exposition
continue de l'endomètre aux œstrogènes en induisant des cycles anovulatoires. En postménopause, elle favorise
l'aromatisation des androgènes surrénaliens en œstrogènes. La chirurgie bariatrique qui vise à réduire la sur
charge pondérale diminue le risque de cancer de l'endomètre et améliorerait son pronostic.
• L'insulino-résistance induite par la surcharge pondérale, et le manque d'activité physique favorisent également le
développement tumoral. Le diabète de type 2 est ainsi associé à un risque accru de cancer de l'endomètre.
2.1.2.3. Facteurs génétiques
Les formes familiales rentrent le plus souvent dans le cadre du cancer colique familial sans polypose (HNPCC
ou syndrome de Lynch). Elles représentent moins de 5 % des cancers de l'endomètre.
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• L'HNPCC est lié à la présence d'une mutation germinale hétérozygote sur un des gènes impliqués dans la répara
tion des mésappariements de l'ADN (mismatch repair - MMR): le plus souvent MSH6, MSH2, PMS2 ou MLHl.
La déficience du système MMR est plus fréquemment somatique (30 % des cancers de l'endomètre environ), c'est
à-dire présente uniquement dans la tumeur et non transmissible.
• La détection d'un défaut du MMR se fait d'abord dans la tumeur. Deux techniques sont disponibles dont aucune
n'est fiable à 100 %: détection de la perte d'expression d'une des protéines impliquées par immunohistochimie ou
mise en évidence d'une instabilité des séquences microsatellites par une technique de PCR.
• Il est recommandé de réaliser les deux techniques en parallèle en cas de suspicion d'HNPCC selon les critères
suivants:
- âge de survenue inférieur à 50 ans (la recherche peut se discuter entre 50 ans et 60 ans);
- présence d'antécédents personnels ou familiaux (au premier degré) de cancer colorectal ou de cancer(s) du
spectre du syndrome de Lynch (endomètre, intestin grêle, urothélium, voies biliaires, estomac, ovaire).
2.2. Anatomo-pathologie
• Si cette classification reste très utile en pratique courante, elle doit être relativisée par les données récentes d'ana
lyse génomique des tumeurs. Ainsi, certains carcinomes endométrioïdes, de type 1 sur le plan histologique, se
rapprochent en fait des carcinomes séreux sur le plan moléculaire. Ils en partagent alors le mauvais pronostic.
• Le carcinosarcome regroupe un contingent d'adénocarcinome et un contingent sarcomateux de différenciation
très variable (léïomyosarcome, rhabdomyosarcome, synovialosarcome ...). Il est actuellement considéré comme
un carcinome métaplasique dont le pronostic et la prise en charge se rapprochent des autres carcinomes de type 2.
Il ne s'agit pas d'un sarcome.
• Les sarcomes sont des tumeurs rares du corps utérin : sarcome du stroma endométrial ou léïomyosarcome. Ils
ne seront pas détaillés ici.
2.2.2. Extension
• Elle se fait principalement vers le myomètre, jusqu'à la séreuse puis la cavité péritonéale. Le risque de métastase(s)
ganglionnaire(s) (pelviennes puis rétropéritonéales) est dépendant du degré d'extension au myomètre et de la dif
férenciation (grade ou type 2).
• En surface, l'extension se fait vers l'isthme et le col, plus rarement jusqu'au vagin, ou - via les trompes - jusqu'aux
annexes et la cavité péritonéale.
• Les métastases viscérales sont rares.
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Après la ménopause toute métrorragie est un cancer de l'endomètre jusqu'à preuve du contraire et doit
toujours être explorée.
• Spontanées, indolores et souvent peu abondantes; parfois moins évocatrices, faites de pertes brunâtres.
• C'est le symptôme révélateur dans 90 % des cas: les métrorragies surviennent précocement, à un stade où - le plus
souvent - la tumeur reste confinée à l'utérus.
2.3.1.2. Leucorrhées
• Hydroleucorrhée rosée et fétide, évocatrice mais rare.
2.3.1.3. Douleurs pelviennes
• Elles traduisent souvent une lésion évoluée:
- surinfection et rétention utérine;
- envahissement au-delà de l'utérus.
• Elles peuvent s'accompagner de troubles urinaires ou rectaux.
2.3.1.4. Plus rarement
• Le cancer est découvert sur la cytologie d'un frottis cervical de dépistage, dans le bilan étiologique d'une carence
martiale, devant des métastases symptomatiques.
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2.3.4. L'échographie pelvienne par voies abdominale et endovaginale
• C'est l'examen de première intention pour l'exploration des métrorragies.
• Sont en faveur du diagnostic :
- la présence d'une formation intra-utérine;
- l'augmentation de l'épaisseur de l'endomètre (> 5 mm chez la patiente ménopausée) : la sensibilité de ce
critère est de 90 à 100 %, mais sa spécificité n'est que de 50 % environ;
- l'adjonction d'un examen Doppler permet de préciser les anomalies de vascularisation, évocatrices d'une
tumeur maligne.
• Elle peut préciser les caractéristiques de la tumeur: taille et degré d'envahissement du myomètre, ainsi que l'ex
tension loco-régionale: masse annexielle et recherche d'une carcinose péritonéale (ascite, nodule de carcinose du
cul de sac de Douglas ...).
• Réalisée le plus souvent en ambulatoire sous anesthésie locale, après avoir éliminé une infection cervico-vaginale.
• Elle permet de:
- visualiser les lésions endométriales: lésion végétante, friable, parfois ulcérante saignant au contact;
- préciser leur topographie, leur extension vers l'isthme et l'endocol;
- guider les biopsies.
• Elle est complétée par un curetage biopsique étagé de l'endocol, puis de la cavité utérine.
• Les risques sont faibles: perforation utérine, infection, embolie gazeuse ( < 1 %).
• L'hystéroresection, du fait de son risque de dissémination péritonéale, n'est pas recommandée en cas de suspicion
de cancer de l'endomètre.
- La classification anatomo-chirurgicale de la FIGO (2009) est le principal facteur pronostique (Tableau 5).
Elle prend en compte le degré d'infiltration du myomètre (<ou> à 50 %), l'extension au col, la présence ou
non d'adénopathies.
- Il peut exister des différences d'évaluation entre le stade évalué lors du bilan pré-thérapeutique (IRM ++) et celui
issu des données anatomo-pathologiques des pièces opératoires, en particulier concernant l'envahissement du
myomètre et l'atteinte ganglionnaire. Ces discordances peuvent être la source de modification du plan de
traitement et parfois de reprise chirurgicale.
- Type histologique (2 versus 1);
- Pour les types 1, endométrioïdes: grade histopronostique élevé à 3 (versus 1-2);
- Présence d'emboles tumoraux vasculaires ou lymphatiques.
Probabilité de survie
FIGO Description sans rechute à 5 ans
(à titre indicatif)
Stade 1: Tumeur limitée au corps utérin 85 %
IA Extension limitée à l'endomètre ou à moins de 50 % du myomètre
1B Extension à � 50 % du myomètre
Stade Il: Tumeur envahissant le stroma cervical mais ne s'étendant pas au-delà du col 70 % ►
2.5.2. Radiothérapie
• Elle est réalisée principalement en post-opératoire. Deux modalités sont possibles:
- une radiothérapie externe pelvienne sur un volume centra-pelvien (fond vaginal et loge d'hystérectomie) et les
aires ganglionnaires pelviennes si celles-ci sont atteintes. Son but est d'éviter les récidives pelviennes profondes
en cas de facteur de mauvais pronostic. Une irradiation lombo-aortique peut être associée en cas d'atteinte
ganglionnaire à ce niveau ;
- une curiethérapie vaginale à haut débit de dose, réalisée en ambulatoire, seule ou en complément de la
radiothérapie externe: son but est d'éviter les récidives sur la cicatrice vaginale et le 1/3 supérieur du vagin.
2.5.2.1. Chimiothérapie
• Elle consiste en l'association d'un sel de platine avec un taxane.
À partir des caractéristiques histologiques (type 1 versus 2 et grade) et du stade FIGO, 5 catégories pronostiques
ont été définies (risque faible, intermédiaire, intermédiaire fort, fort, avancé) qui permettent d'orienter la
thérapeutique (Tableau 6).
► 176 ÎUMEURS DU COL UTÉRIN, TUMEURS DU CORPS UTÉRIN LJE 9 - ITEM 297
i._ UE 9 ltem297
.............................
• Les cancers en France, Edition 2015. Institut National du Cancer, Avril 2016. (téléchargeable sur www.e-cancer.fr)
• World Cancer Report 2014. International Agency for Research on Cancer (http://publications.iarc.fr/Non-Series-Publications/World
Cancer-Reports/World-Cancer-Report-2014).
• Prévention et dépistage du cancer du col de l'utérus. Collection fiches repères, Institut National du Cancer, Juin 2013. (Téléchargeable
sur www.e-cancer.fr)
• Référentiel Cancers du col utérin. Cancer AP-HP, Juin 2016.
• Référentiel Cancer de l'endomètre. Cancer AP-HP, Novembre 2016.
• Prise en charge initiale des cancers gynécologiques : Référentiels de la Société Française d'Oncologie Gynécologique.
• Cancer de l'endomètre : Recommandations professionnelles. Institut National du Cancer, Novembre 201O. (Téléchargeable sur
www.e-cancer.fr)
• Tests somatiques recherchant une déficience du système MMR au sein des tumeurs du spectre du syndrome de Lynch, Institut
National du Cancer, Juin 2016. (Téléchargeable sur www.e-cancer.fr).
• Colombo N, Creutzberg C, Amant F, Bosse T, Gonzalez-Martîn A, Ledermann J, Marth C, Nout R, Querleu D, Mirza MR, Sessa C; ESMO
ESGO-ESTRO Endometrial Consensus Conference Working Group. ESMO-ESGO-ESTRO Consensus Conference on Endometrial
Cancer: diagnosis, treatment and follow-up. Ann Oncol. 2016 Jan;27(1):16-41
1. Cancer du col :
• La vaccination contre les HPV n'entraîne pas d'augmentation du risque global de survenue de maladies
auto-immunes, mais une augmentation de l'incidence des syndromes de Guillain-Barré a été observée.
• Un col macroscopiquement normal à l'examen au spéculum n'élimine pas le diagnostic. li peut s'agir d'une
forme micro-invasive ou d'un cancer de l'endocol.
• Une insuffisance rénale aiguë et/ou une urétéro-hydronéphrose chez une femme présentant des métrorra
gies doit faire songer à ce diagnostic.
• La maladie VIH est un co-facteur important de l'HPV pour la genèse du cancer du col qui doit être systéma
tiquement recherché.
• Il est nécessaire de proposer aux patientes un dépistage des autres sites pouvant présenter des tumeurs
liées à l'HPV (sphères ORL et anale).
2. Cancer du corps :
• Le tamoxifène, utilisé dans le traitement adjuvant du cancer du sein, induit surtout des carcinosarcomes de
l'endomètre. Ceux-ci doivent être considérés comme des carcinomes agressifs et non comme des sarcomes.
• Après la ménopause toute métrorragie est un cancer de l'endomètre jusqu'à preuve du contraire et doit
toujours être explorée.
• La biopsie et l'IRM abdomino-pelvienne sont les deux explorations fondamentales pour classer la tumeur,
évaluer son pronostic et décider de la thérapeutique. Les informations fournies devront parfois cependant
être corrigées par l'analyse de la pièce opératoire.
• Dans la surveillance, le seul examen complémentaire systématique est la mammographie, du fait de la fré
quence de l'association cancer du sein - cancer de l'endomètre et de l'âge des patientes.
► 178 TUMEURS DU COL UTÉRIN, TUMEURS DU CORPS UTÉRIN I LJE 9 - ITEM 297
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POINTS CLÉS: CANCER DU CORPS