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Tumeurs de l'estomac
Pr Christophe Tournigand1 , Pr François Guillemin2 , Pr Frédéric Marchal'
'Service d'Oncologie médicale, Hôpital Henri Mondor, AP- HP, Créteil
'Département de chirurgie, CRAN, UMR 7039, Reims
3 Département de Chirurgie, Institut de Cancérologie de Lorraine, CRAN, UMR 7039, Reims
1. Épidémiologie
1.1. Epidémiologie descriptive
1.2. Epidémiologie analytique OBJECTIFS iECN
2. Histoire naturelle du cancer � Tumeurs de l'estomac
2.1. Lésions gastriques prédisposantes - Diagnostiquer une tumeur de l'estomac.
2.2. Helicobacter pylori
2.3. Évolution clinique
3. Anatomo-pathologie
3.1. Les différents types histologiques
3.2. Formes intestinales et formes diffuses
3.3. HER2 et cancer de l'estomac métastatique
4. Diagnostic du cancer de l'estomac
4.1. Circonstances de découverte Mots clés: Cancer de l'estomac - Helicobacter pylori
4.2. Examen clinique - CDH 1 - Oncogénétique - Gastrectomie - Endos
4.3. Bilan biologique copie - Chimiothérapie.
4.4. Bilan diagnostique
S. Bilan d'extension
6. Bilan d'opérabilité
7. Stadification
8. Principes de traitement
8.1. Traitement à visée curative
8.2. Traitement palliatif
9. Pronostic Sincères remerciements pour la relecture
10. Formes particulières et l'iconographie aux:
10.1. Adénocarcinome superficiel Professeur Jean-Charles Delchier, service de gastro
10.2. Linite gastrique entérologie de l'Hôpital Henri Mondor, Créteil.
Docteur Michaël Levy, service de gastroentérologie,
10.3. Lymphomes gastriques primitifs
Hôpital Henri Mondor, Créteil.
10.4. Tumeurs stromales gastro-intestinales (GIST)
10.5. Tumeurs endocrines
• Les tumeurs de l'estomac sont principalement malignes et largement dominées par l'adénocarcinome primi
tif (95 % des tumeurs malignes de l'estomac).
• Malgré une diminution progressive de son incidence depuis 30 ans, l'adénocarcinome gastrique demeure l'une
des dix premières causes mondiales de mortalité liées au cancer en raison de son diagnostic souvent trop tardif.
• La reconnaissance du rôle carcinogène de l'infection par Helicobacter pylori est la principale avancée de la
dernière décennie. Une prévention de l'infestation par ce germe serait peut-être susceptible de faire diminuer
l'incidence de ce cancer. L'incidence des cancers distaux diminue en raison de la baisse de la prévalence de l'infec
tion par Helicobacter pylori. En revanche, les cancers proximaux, et notamment du cardia, sont plus fréquents. Le
surpoids est un facteur favorisant ces derniers cancers.
1. Épidémiologie
Malgré une incidence en baisse, la mortalité par cancer de l'estomac reste élevée.
lisation proximale qui est le plus souvent rencontrée. L'adénocarcinome gastrique situé au niveau du cardia
(jonction œso-gastrique) est en augmentation.
• Malgré les progrès thérapeutiques, moins de 30 % des patients sont en vie après 5 ans. Il n'y a pas de dépistage
de masse ; il faut donc s'attacher à porter un diagnostic précoce.
2.2.3. Chez qui chercher Helicobacter pylori dans le cadre de la prévention du cancer?
• Antécédent de résection localisée d'un cancer gastrique.
• Mutation des gènes de réparation de !'ADN (syndrome de Lynch).
• Lymphome de MALT.
• Lésions muqueuses gastriques prénéoplasiques (atrophie-métaplasie-dysplasie).
• Traitement par inhibiteurs de la pompe à protons au long cours (au moins 6 mois).
• Avant by-pass gastrique (car une endoscopie ultérieure sera de réalisation difficile).
2.2.4. Comment?
• La méthode habituelle est celle de l'endoscopie avec biopsies.
• Chez les apparentés d'un patient ayant un cancer gastrique, les méthodes de recherche de l'infection à Helicobac
ter pylori seront choisies en fonction de l'âge:
- Âge< 40 ans: test respiratoire à l'urée marquée au carbone 13 (C13) ou par sérologie Helicobacter pylori;
- Âge> 40/45 ans: endoscopie et biopsies.
• Test respiratoire à l'urée marquée (Helikit') : Helicobacter pylori est capable de transformer l'urée en dioxyde de
carbone (CO2 ) et en ammoniac. Le test respiratoire à l'urée consiste à faire ingérer de l'urée marquée avec du C13,
puis à mesurer le Cl3 expiré. En cas d'infection à Helicobacter pylori, le CO2 expiré contiendra du C13, ce qui n'est
pas le cas en l'absence d'infection.
Figure 1. Traitement probabiliste d'Helicobacter pylori (en l'absence d'étude de sensibilité aux antibiotiques)
l
QUADRITHÉRAPIE TRAITEMENT QUADRITHÉRAPIE
BISMUTHÉE ou CONCOMITANT BISMUTHÉE
10 jours 14 jours 10 jours
TRAITEMENT QUADRITHÉRAPIE
CONCOMITANT BISMUTHÉE
14 jours 10 jours
2.2.5.1.2. Lorsqu'on dispose d'une étude de la sensibilité aux antibiotiques chez un patient, le traitement
recommandé est une trithérapie guidée associant un inhibiteur de la pompe à protons et deux antibiotiques
pendant 10 jours.
3. Anatomo-pathologie
3.1. Les différents types histologiques
• Il s'agit le plus souvent d'un adénocarcinome (95 % des cas):
- adénocarcinome tubuleux;
- adénocarcinome papillaire;
- adénocarcinome mucineux (colloïde muqueux);
- adénocarcinome à cellules ind�pendantes (cellules en bague à chaton).
• Plus rarement:
- carcinome adéno-squameux;
- carcinome épidermoïde;
- carcinome à petites cellules;
- carcinome indifférencié;
- lymphome de MALT.
• La linite gastrique est une forme diffuse, touchant plus souvent les sujets jeunes et de pronostic péjoratif. La
paroi est rigide, blanchâtre, épaissie, ayant l'aspect du lin avec à l'examen anatomo-pathologique un aspect d'adé
nocarcinome peu différencié infiltrant, constitué le plus souvent de cellules indépendantes dites « en bague à
chaton», envahissant les différentes couches de la paroi sans les détruire, et un stroma fibreux. L'aspect est évoqué
à l'endoscopie (paroi rigide), à l'échoendoscopie (épaississement pariétal), au scanner et au TOGD. Les bio
psies doivent être profondes, multiples et étagées pour confirmer le diagnostic car la muqueuse est souvent saine.
L'envahissement est intramural avec une diffusion ganglionnaire et péritonéale fréquentes.
• Les cellules en bague à chaton, bien que plus souvent présentes dans les formes linitiques, peuvent se voir dans une
forme locale indifférenciée sans aspect de linite.
Figure 3. Linite: gros plis épais, indurés, pas d'expansion de l'estomac lors de l'insufflation;
paroi épaisse en échoendoscopie de façon globale
4.4.3. L'échoendoscopie
• Elle n'est pas systématique, mais elle est utile:
- en cas de suspicion de linite avec hypertrophie des plis gastriques sans histologie positive;
- pour évaluer l'extension des lésions sur l'œsophage, le pylore et le duodénum en cas de linite;
- pour évaluer les tumeurs superficielles afin de déterminer les indications de mucosectomie;
- pour déterminer l'infiltration pariétale d'une tumeur lorsqu'on envisage un traitement néo-adjuvant. Elle
permet d'apprécier l'infiltration pariétale en visualisant les 5 couches de la paroi gastrique: épithélium, lamina
propria, sous-muqueuse, musculeuse, sous-séreuse, séreuse (stade T de la classification TNM).
• Cette échoendoscopie doit être réalisée dans des délais courts.
5. Bilan d'extension
• Il comporte:
- un scanner thoraco-abdomino-pelvien, sans et avec injection, à la recherche de localisations secondaires
hépatiques, pulmonaires, ganglionnaires, peritonéales;
- une laparoscopie éventuelle en cas de volumineuse tumeur. La laparoscopie permet une exploration précise
de la cavité abdominale pour identifier des nodules tumoraux et faire un lavage péritonéal pour une étude
cytopathologique. Une atteinte péritonéale contre-indique !'exérèse chirurgicale. De petites métastases
hépatiques superficielles passées inaperçues au scanner peuvent être visualisées. Cet examen peut éviter une
laparotomie inutile jusqu'à 38 % des patients, notamment en cas de diagnostic de carcinose péritonéale ou de
métastases hépatiques.
• Le TEP-TDM n'est pas systématique. Il peut être discuté au cas par cas.
6. Bilan d'opérabilité
• Le bilan d'opérabilité consiste à apprécier:
- l'état nutritionnel (pourcentage d'amaigrissement, protidémie et albuminémie);
- l'âge physiologique avec éventuelle évaluation cardiologique (ECG, échocardiographie) et pulmonaire
(exploration fonctionnelle respiratoire) en fonction du terrain du patient.
7. Stadification
• Le stade TNM (Tumor Nodes Metastases) est établi de façon sûre et définitive après la chirurgie (pTNM =
envahissement tumoral établi sur la pièce opératoire après examen anatomo-pathologique).
Tis Carcinome in situ: tumeur intra-épithéliale sans invasion de la lamina proprio (dysplasie de haut
grade)
Î1 Tumeur limitée à la muqueuse ou à la sous-muqueuse (cancer superficiel)
T4b Tumeur envahissant un organe de voisinage (rate, côlon transverse, foie, diaphragme, pancréas,
paroi abdominale, surrénale, rein, intestin grêle, rétropéritoine)
No Pas de signe d'atteinte des ganglions lymphatiques régionaux
9. Pronostic
• Le pronostic dépend de l'extension tumorale pariétale et ganglionnaire qui est à la base de la classification TNM
et du stade. Le nombre de ganglions examinés sur la pièce opératoire est primordial; en effet un ratio « nombre
élevé de ganglions envahis/nombre total prélevé » a une valeur pronostique péjorative.
• Tous stades confondus, le pronostic est mauvais avec une survie à 5 ans de 15 %.
• Après exérèse chirurgicale à visée curative, le pronostic dépend surtout de l'envahissement ganglionnaire:
- en-l'absence de ganglion envahi (NO), la survie à 5 ans est de 60 %;
- si Nl, la survie à 5 ans est de 35 % ;
- si N2 la survie à 5 ans est de 10 %.
► Références
• http://g I obocan.iarc.fr/.http://publications.iarc.fr/Non-Series-Publications/World-Cancer-Reports/World-Cancer-Report-201 4
• Projection de l'incidence et de la mortalité par cancer en France métropolitaine en 2015, novembre 2015.
• Thesaurus National de Cancerologie Digestive (http://www.tncd.org/)
• Groupe d'Etudes Français d'Helicobacter (GEFH) (http://www.helicobacter.fr)
POINTS CLÉS
1. Un régime riche en fruits et légumes a un effet protecteur pour le cancer gastrique. Cet effet
pourrait être lié à la vitamine C.
2. La consommation de sel en grande quantité augmente le risque de cancer gastrique.
3. Le tabac majore le risque de cancer gastrique.
4. Les biopsies doivent être multiples et profondes pour ne pas passer à côté d'une forme diffuse
(ou linite) .
. 5. Tumeur de Krükenberg : correspond à une métastase ovarienne d'un adénocarcinome gas
trique.
6. Penser à rechercher une infection à Helicobacter pylori, la traiter et éradiquer HP dans l'entou
rage.
7. Ne pas oublier de rechercher les cas familiaux. Une consultation d'oncogénétique doit être
proposée s'il existe dans une famille au moins deux cas de cancer gastrique de type diffus chez
des apparentés au premier ou au deuxième degré, dont un cas diagnostiqué avant 50 ans, ou bien
trois cas chez des apparentés de premier ou deuxième degré quel que soit l'âge pour rechercher
une mutation constitutionnelle de CDH1 ou en cas d'histoire familiale évoquant un syndrome de
Lynch.
8. La chimiothérapie péri-opératoire est le traitement de référence de la plupart des cancers gas
triques opérables.
9. Une surveillance endoscopique est justifiée en cas de gastrite atrophique sévère.
1 O. En cas de splénectomie, ne pas oublier l'antibioprophylaxie par pénicilline G et vaccinations
contre le pneumocoque, l'Haemophilus influenzae 8, le méningocoque et la grippe.
11. En cas de gastrectomie totale, ne pas oublier la supplémentation en vitamine B12.