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Mélanomes muqueux cervicofaciaux


A. Moya-Plana, J. Thariat, N. Saroul, O. Casiraghi, S. Vergez, L. de Gabory,
F. Janot et les membres du REFCOR

Les mélanomes malins cervicofaciaux doivent être divisés en deux groupes distincts : les mélanomes
d’origine cutanée et les mélanomes muqueux. En effet, ces deux entités présentent des différences
majeures en termes d’histoire naturelle, d’épidémiologie, de prise en charge thérapeutique et de pro-
nostic. Le mélanome cutané est la forme prédominante. Son incidence est en constante augmentation
depuis plusieurs décennies, avec dix nouveaux cas en France pour 100 000 habitants et par an (à l’origine
de 1600 décès). Le principal facteur de risque est l’exposition solaire, les formes familiales ne représen-
tant que 10 % des patients. Dans 30 % des cas, sa localisation est cervicofaciale. Les particularités
anatomiques de cette région influent notablement sur les modalités thérapeutiques et le pronostic de ces
patients, qui est plus réservé. Si le traitement reste avant tout chirurgical, des progrès majeurs ont été réa-
lisés récemment dans la prise en charge des stades avancés avec le développement des thérapies ciblées
(anti-BRAF en particulier) et de l’immunothérapie (anti-PD1). Une place importante doit être accordée
à la prévention primaire et à l’éducation des patients, notamment en termes de protection solaire. Le
mélanome muqueux, quant à lui, est une tumeur rare puisqu’il représente moins de 5 % de tous les méla-
nomes. Sa localisation préférentielle est cervicofaciale, notamment au niveau nasosinusien. Le pronostic
du mélanome muqueux est réservé. En effet, cette pathologie est difficile à contrôler localement en raison
de son caractère souvent multifocal et des contraintes anatomiques de la région cervicofaciale, rendant
difficile la réalisation d’une exérèse carcinologique satisfaisante. De plus, il existe un risque métastatique
important à l’origine d’une mortalité significative précoce. Le traitement de référence est la chirurgie sui-
vie classiquement d’une radiothérapie adjuvante. De nouvelles techniques d’irradiation (hadronthérapie,
etc.) ainsi que des thérapeutiques innovantes (thérapies ciblées, etc.) sont en cours d’évaluation.
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Mots-clés : Mélanome cutané ; Mélanome muqueux ; Immunothérapie ; Thérapie ciblée

Plan par an [1–4] . Pour rappel, l’Institut national du cancer (INCa) défi-
nit comme « rare » un cancer dont l’incidence est inférieure à
■ Introduction 1 3/100 000 individus par an et/ou nécessitant une prise en charge
hautement spécialisée du fait de son siège et/ou de sa survenue
■ Clinique 2
sur un terrain complexe. Ainsi, de par sa faible incidence et les
Mélanomes muqueux nasosinusiens 2
rapports anatomiques étroits qu’il peut contracter avec les struc-
Mélanomes muqueux de la cavité orale 2
tures nobles adjacentes (encéphale, globe oculaire), le mélanome
Autres localisations cervicofaciales 2
muqueux répond à cette définition.
Évolution ganglionnaire et à distance 3
Le Réseau d’expertise français sur les cancers oto-rhino-
■ Bilan diagnostique et préthérapeutique 3 laryngologiques (ORL) rares (REFCOR), à la demande des sociétés
Bilan clinique et radiologique 3 savantes : Société française d’ORL et de chirurgie de la face et
Anatomopathologie 3 du cou (SFORL), Société française de carcinologie cervicofaciale
Biologie moléculaire 3 (SFCCF) et de l’INCa, a pour mission d’améliorer les connais-
■ Classifications 4 sances actuelles sur ces cancers rares afin d’optimiser leur prise

en charge. Cela passe par la réalisation d’études rétrospectives et
Stratégie thérapeutique 5
prospectives à l’échelon national (avec constitution d’une base de
Traitement chirurgical 5
données nationale) et la rédaction de recommandations pour la
Radiothérapie 5
pratique clinique (RPC).
Traitements systémiques 6
Un mélanome malin se développe à partir des mélanocytes
Pronostic des mélanomes muqueux cervicofaciaux 6
issus, embryologiquement, des cellules de la crête neurale. Ces
■ Conclusion 6 mélanocytes, bien que majoritairement cutanés, sont ubiqui-
taires. On retrouve des mélanocytes dans les muqueuses chez
20 % des individus dans la population générale [5] . Un mélanome
muqueux peut ainsi apparaître dans des muqueuses de la région
 Introduction cervicofaciale telles que les fosses nasales, le pharynx, le larynx,
l’arbre trachéobronchique et l’œsophage.
Le mélanome muqueux cervicofacial est une tumeur rare dont Le mélanome muqueux représente entre 0,7 et 4,3 % de tous
l’incidence est comprise entre 0,5 et 2 cas par millions d’individus les mélanomes [6] . Dans le rapport « National Cancer Database »,

EMC - Oto-rhino-laryngologie 1
Volume 12 > n◦ 3 > août 2017
http://dx.doi.org/10.1016/S0246-0351(17)69777-0

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qui a étudié plus de 84 000 mélanomes entre 1985 et 1994, seul Par ailleurs, la localisation sinusienne (maxillaire, ethmoïde)
1,3 % était des mélanomes muqueux ; avec 55 % de mélanomes apparaît significativement associée à un plus mauvais pronos-
muqueux cervicofaciaux, ces derniers pesant au total 0,03 % de tic que les formes issues de la fosse nasale (cloison, etc.) [19–22]
l’ensemble des cancers [1] . Les mélanomes muqueux se situent pré- (Fig. 1, 2).
férentiellement au niveau de la tête et du cou (55 % des cas),
des muqueuses anorectales (23,8 %), vaginales (18 %) et, plus
rarement, urinaires (2,8 %) [1, 7, 8] . Les localisations ORL les plus Mélanomes muqueux de la cavité orale
fréquentes sont nasosinusiennes (classiquement dans les fosses
Second site d’origine des mélanomes muqueux cervicofaciaux
nasales) et buccales (palais) [9] .
(10 à 20 % des cas), l’atteinte de la cavité orale présente une inci-
Par ailleurs, alors que l’incidence du mélanome cutané est en
dence annuelle de 1,2 cas pour 10 millions d’individus [7, 11] .
forte progression, celle du mélanome muqueux progresserait bien
La grande majorité de ces mélanomes muqueux (80 %) sur-
plus lentement et principalement pour les formes localisées aux
viennent sur la muqueuse de la crête alvéolaire maxillaire
fosses nasales et chez les femmes de phototype clair de 55 à
supérieure et du palais dur (Fig. 3). Les rapports anatomiques
80 ans [10, 11] .
étroits avec l’os sous-jacent favorisent une invasion précoce de
L’âge moyen au moment du diagnostic est plus tardif que dans
celui-ci. Le reste de la muqueuse buccale, les lèvres, la langue, le
les formes cutanées, classiquement entre 60 et 70 ans [7, 12, 13] .
plancher et la luette, peut également être affecté.
Le sex-ratio est proche de 1. Il existe une variabilité intereth-
Le diagnostic est souvent tardif en raison du caractère aspé-
nique en termes d’incidence. Ainsi, chez les sujets caucasiens, les
cifique des symptômes (ulcérations, douleurs, paresthésies ou
mélanomes muqueux représentent 1,2 % de tous les mélanomes
mobilités dentaires, etc.). Une lésion pigmentée, parfois décou-
contre 9,8 % dans la population noire [1, 8] . La plus forte préva-
verte fortuitement lors d’un examen oral, est un mode de
lence est néanmoins retrouvée dans la population japonaise avec
découverte fréquent.
une forte proportion de mélanomes muqueux de la cavité buc-
Il faut cependant noter que les formes achromiques ne sont
cale, représentant entre 8 et 14 % de l’ensemble des mélanomes
pas exceptionnelles, représentant 10 à 25 % des cas selon les
malins [14, 15] .
séries [23–25] .

 Clinique Autres localisations cervicofaciales


En fonction de la localisation initiale, la symptomatologie et Les mélanomes muqueux du pharyngolarynx sont très rares
les signes d’appel rappellent ceux d’une tumeur « classique » des et semblent survenir plus fréquemment chez les hommes
voies aérodigestives supérieures (VADS). Il existe cependant des dans la sixième décade [26] . Une dysphonie est souvent révé-
spécificités cliniques liées au site d’origine. latrice ; les autres symptômes pouvant être une irritation
laryngée, des douleurs, une dysphagie, voire une masse cer-
vicale. Au niveau laryngé, la région supraglottique est la
Mélanomes muqueux nasosinusiens plus souvent atteinte. L’atteinte pharyngée (et parfois œsopha-
Les formes nasosinusiennes représentent 50 à 70 % des cas de
mélanomes muqueux [7, 11] . Elles se révèlent généralement par des
symptômes chroniques, aspécifiques, le plus souvent unilatéraux
à type d’épistaxis, de rhinorrhée, d’obstruction nasale, de dou-
leurs, voire d’œdème de l’hémiface. Des complications locales
peuvent être observées par envahissement de l’orbite, des tissus
mous prémaxillaires ou de la base du crâne.
Les sites d’origine les plus fréquents sont, au niveau des fosses
nasales, la partie antérieure de la cloison, le cornet moyen et le
cornet inférieur [16, 17] . Au niveau sinusien, le sinus maxillaire est
le plus fréquemment atteint. On note que la mise en évidence
souvent tardive de ces tumeurs, alors localement avancées, peut
compliquer l’identification exacte du point de départ tumoral.
Par ailleurs, il n’est pas rare d’observer des formes multifocales
de mélanome muqueux au niveau nasosinusien, sous la forme
de taches mélaniques muqueuses ou sous-muqueuses à distance
du site d’origine (Fig. 1). Bien que la signification physiopatholo-
gique et pronostique ne soit pas établie, il semble licite de penser
que ce caractère multifocal contribue au mauvais contrôle local de
la maladie. Une atteinte multifocale a ainsi été rapportée jusqu’à
30 % des cas de mélanomes malins nasosinusiens. Celle-ci semble
associée à une diminution de la « survie sans maladie » sans dif- Figure 1. Photo de mélanome muqueux multifocal de cornet inférieur
férence significative de « survie globale » [18] . (pièce de maxillectomie médiane).

Figure 2. Vue endoscopique d’un mélanome


muqueux de la tête du cornet inférieur droit
(A) avec visualisation de lésions mélaniques au
niveau de la paroi inter-sinuso-nasale et du plan-
cher (B).

A B

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rechercher un éventuel mélanome primitif cutané dont la loca-


lisation cervicofaciale ne serait qu’une métastase.
Concernant le bilan d’imagerie, une tomodensitométrie (TDM)
cervicofaciale avec injection et une imagerie par résonance
magnétique (IRM) cervicofaciale injectée permettent d’évaluer
l’extension locorégionale de la lésion et son éventuelle opérabi-
lité. En IRM, les mélanomes muqueux cervicofaciaux semblent
présenter une faible intensité de signal sur les images pondé-
rées T2 avec un rehaussement en T1 sans produit de contraste
du fait des propriétés magnétiques de la mélanine [29] . Néan-
moins, cet aspect est aspécifique et peut se retrouver dans d’autres
types tumoraux (angiosarcome, carcinome adénoïde kystique,
esthésio-neuro-blastome) [30] . Une tomographie par émission
de positons (TEP)-scanner ou un scanner quatre étages per-
mettent de rechercher d’éventuelles localisations à distance [31]
(Fig. 4).

Anatomopathologie
Figure 3. Mélanome malin muqueux du rebord alvéolaire. C’est l’examen anatomopathologique d’une biopsie tumorale
(réalisée sous anesthésie locale ou générale en fonction de la loca-
lisation) qui va poser le diagnostic de mélanome muqueux. Ce
gienne) est plutôt révélée par des saignements, des troubles diagnostic histologique difficile nécessite un praticien entraîné et
de la déglutition, une dysphonie, voire une gène respiratoire ; souvent une relecture dans le cadre d’un réseau expert. Le REFCOR
ces symptômes reflétant généralement un stade avancé de la organise ainsi un réseau national d’anatomopathologistes experts
maladie. dédiés à la relecture et au diagnostic de ces cas complexes.
Enfin, les mélanomes muqueux du nasopharynx (rarement pri- Macroscopiquement, la coloration varie en fonction de la
mitifs, signant souvent une poursuite évolutive d’un mélanome quantité de mélanine produite. En microscopie, on observe des
muqueux de la fosse nasale) ont une symptomatologie simi- plages de cellules peu cohésives, parfois dissociées par des foyers
laire à ceux des cavités nasosinusiennes. Les patients présentent hémorragiques ou remaniés par de la nécrose. Les cellules sont
généralement une épistaxis, une obstruction nasale et/ou une dys- généralement grandes à l’aspect irrégulier et polyploïde, avec un
fonction tubaire par obstruction de la trompe d’Eustache parfois ratio nucléocytoplasmique très élevé. Les mitoses sont fréquentes.
révélée par une otite séreuse unilatérale. Une atteinte des paires Une invasion vasculaire et un neurotropisme sont identifiés dans
crâniennes est alors à rechercher systématiquement. près de 40 % des cas. La présence de pigment mélanique au sein
des cellules tumorales et/ou des macrophages est très variable, ren-
dant le diagnostic difficile dans les formes achromiques (10 à 25 %
Évolution ganglionnaire et à distance des mélanomes malins) [23, 25] .
La réalisation d’une immunohistochimie est ainsi indispen-
La grande majorité des mélanomes muqueux cervicofaciaux se sable. On utilise classiquement trois marqueurs mélanocytaires
présentent initialement à un stade localisé. Seuls 10 à 20 % des très spécifiques : protéine S-100, HMB-45 et Melan-A (Fig. 5). Par
patients présentent une atteinte ganglionnaire au diagnostic et ailleurs, le marqueur Sox 10 a été rapporté comme intéressant
moins de 10 % des métastases à distance [19, 27] . Cependant, au en cas de difficultés diagnostiques [32] . Les marqueurs anticy-
cours de la maladie, 10 à 20 % de ces patients développent une tokératine, lymphoïdes et neuroendocrines (chromogranine
atteinte ganglionnaire et 40 à 50 % des métastases à distance A, synaptophysine, CD56) sont généralement négatifs [33] . Les
(poumon, cerveau, os, foie) [19] . diagnostics différentiels (carcinome neuroendocrine, sinonasal
Une analyse du statut ganglionnaire selon le site d’origine a undifferentiated carcinoma [SNUC], esthésio-neuro-blastome,
révélé des variations significatives. Ainsi, l’incidence des ganglions sarcome, etc.) sont nombreux, notamment en cas de tumeur
lymphatiques positifs pour les mélanomes muqueux cervicofa- achromique et/ou ulcérée. L’immunohistochimie est alors incon-
ciaux, des voies génitales féminines, anorectales et urinaires était tournable. Une localisation métastatique à la sphère ORL d’un
respectivement de 27, 23, 61 et 11 %. Leur présence consti- mélanome cutané doit toujours être exclue. La présence de méla-
tuait significativement un facteur de mauvais pronostic sur la nocytes atypiques au niveau intraépithélial simplifie l’orientation
survie globale [1] . De plus, le taux d’envahissement ganglion- diagnostique vers un mélanome muqueux primaire [27]
naire des mélanomes muqueux cervicofaciaux varie selon le site (Fig. 6).
d’implantation. Ainsi, les mélanomes muqueux nasosinusiens Des facteurs de gravité histologiques sont systématiquement
présentent un faible taux d’atteinte ganglionnaire (5 à 6 %) recherchés : l’architecture pseudopapillaire ou sarcomatoïde,
contrairement aux mélanomes muqueux de la cavité orale dont la présence de cellules indifférenciées ou très polymorphes,
près de 25 % ont une ou plusieurs métastases ganglionnaires [13, 28] . l’invasion vasculaire, le caractère nécrotique et un Ki67 (index
Certains auteurs s’accordent d’ailleurs pour dire que l’extension à de prolifération) élevé [34, 35] .
distance de ces mélanomes muqueux nasosinusiens se fait dans un
premier temps par voie hématogène et seulement dans un second
temps par voie lymphatique [21] . Biologie moléculaire
Une caractérisation moléculaire est aujourd’hui recommandée
 Bilan diagnostique dans le bilan de ces mélanomes muqueux. En effet, la présence de
certaines mutations cibles peut permettre l’utilisation de thérapies
et préthérapeutique ciblées aux résultats tout à fait encourageants, à l’heure actuelle,
dans le mélanome cutané [36] . Les gènes étudiés en priorité sont
Bilan clinique et radiologique BRAF, NRAS et cKIT du fait de leurs fréquentes mutations dans
les formes cutanées (cf. supra). Ces mutations se retrouvent égale-
Un examen clinique ORL complet est évidemment néces- ment dans les formes muqueuses mais à des fréquences moindres.
saire. Celui-ci doit comprendre une nasofibroscopie des VADS, Ainsi, une forme mutée de BRAF présente dans plus de 40 % des
l’évaluation des aires ganglionnaires cervicales par palpation et mélanomes cutanés est rarement retrouvée dans les mélanomes
un examen neurologique (notamment des paires crâniennes). De muqueux cutanés cervicofaciaux [36] . Dans les formes nasosinu-
plus, un examen dermatologique complet est indiqué afin de siennes de mélanomes muqueux, les mutations somatiques sont

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Compression Wavelet progressive : maximum Compression Wavelet progressive : maximum


[H] [H]

A B
Figure 4.
A, B. Mélanome muqueux localement avancé de la fosse nasale droite avec extension méningée (imagerie par résonance magnétique pondérée T1 avec
injection).

A B
Figure 5. Mélanome muqueux sinonasal en hématéine-éosine-safran et en immunohistochimie (A, B) (marquage HMB-45).

Figure 6. Aspects histologiques des méla-


nomes malins (A, B) (clichés Odile Casiraghi).

A B

observées généralement sur cKIT (12,5 %) et NRAS (22 %) avec  Classifications


une expression très fréquente de la protéine KIT (96,9 %) et une
perte d’expression de PTEN (48,1 %) et p16/INK4a (55,2 %). Une
activation de la voie phosphatidylinositol-3-kinase (PI3K)-Akt- Plusieurs classifications à but pronostique ont été définies pour
mammalian target of rapamycin (mTOR) est également décrite [37] . les mélanomes muqueux.

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Tableau 1. présence de marges positives est fortement corrélée à une réci-


Ballantyne/Prasad (2004). dive locale et à un pronostic défavorable [46] . On note cependant
Stade Présentation clinique que, selon les études, jusqu’à 50 % des patients contrôlés locale-
ment vont développer une métastase à distance au cours de leur
I N’importe quel T 1 : in situ maladie [19] .
N0 M0 2 : franchissement de la lamina Pour les mélanomes muqueux nasosinusiens, une résection
propria endonasale endoscopique peut être proposée si celle-ci permet
3 : invasion des tissus profonds une exérèse carcinologique avec des marges suffisantes [47] . De
II N’importe quel T plus, la chirurgie endoscopique permet, outre une diminution de
N+ M0 la morbidité chirurgicale, une meilleure visualisation du champ
III N’importe quel T et N opératoire, notamment des localisations multiples souvent de
M+ petite taille, difficilement observables par une voie transfaciale.
Pour les patients N0, un évidement cervical prophylactique
n’est pas recommandé pour les mélanomes malins nasosinusiens,
Tableau 2. en raison de la faible incidence des métastases ganglionnaires dans
Mélanomes muqueux tumor node metastasis (TNM) (2009). cette localisation. Cela peut se discuter, en revanche, pour les
mélanomes muqueux de la cavité buccale et du pharyngolarynx
Stade Description
où les atteintes ganglionnaires sont plus fréquentes [48] . La tech-
T1, T2 Non utilisés pour le mélanome muqueux nique du « ganglion sentinelle » est en cours d’évaluation dans
T3 Tumeur limitée à l’épithélium et/ou la sous-muqueuse cette indication [49, 50] .
(maladie muqueuse) Néanmoins, le pronostic globalement défavorable de cette
T4a Tumeur envahissant les tissus mous profonds, le cartilage,
pathologie ne plaide pas, à l’heure actuelle, en faveur de procé-
l’os ou la peau sous-jacente dures chirurgicales mutilantes dont le bénéfice carcinologique est
incertain en regard de conséquences importantes sur la qualité de
T4b Tumeur envahissant l’une des structures suivantes :
vie [51] .
cerveau, dure-mère, base du crâne, paires crâniennes (IX,
X, XI, XII), espace masticateur, artère carotide, espace
prévertébral, structures médiastinales
Radiothérapie
Nx : ganglions lymphatiques non évaluables
NO : pas d’adénopathie métastatique Radiothérapie adjuvante
N1 : métastase ganglionnaire
Bien que cette tumeur ne soit pas radiosensible, la réalisation
d’une radiothérapie adjuvante après exérèse chirurgicale permet
une amélioration significative du contrôle local par rapport à un
Celle de Ballantyne, établie en 1970 [38] pour les mélanomes traitement exclusivement chirurgical [52–57] .
malins quelle que soit leur localisation, se compose de trois stades : Aucun impact sur la survie globale n’a cependant été observé,
localisé (stade I) ; diffusion régionale ganglionnaire (stade II) ; la survenue de métastases (facteur majeur de décès) étant indé-
métastases à distance (stade III). Simple d’utilisation, elle présente pendante du traitement reçu [52–57] . Une irradiation adjuvante
quelques limites. En effet, elle ne prend pas en compte la profon- est néanmoins recommandée actuellement car bien que la sur-
deur d’invasion tumorale et le degré d’extension locale en mettant vie globale ne soit pas modifiée, il faut noter que la majorité des
en avant essentiellement les extensions à distance ganglionnaires patients meurent de métastases à distance et que l’optimisation
et viscérales, peu fréquentes au diagnostic dans les mélanomes du contrôle local permet de préserver la qualité de vie [44, 45] .
muqueux. En adjuvant, l’irradiation repose sur un fractionnement clas-
Prasad et al. [39] ont ainsi proposé une version modifiée. La sique de 1,8 à 2 Gy par fraction jusqu’à 60–70 Gy en six à sept
classification de Ballantyne/Prasad distingue trois sous-groupes semaines par radiothérapie conformationnelle, si possible avec
anatomopathologiques au sein du stade I : stade IA correspondant modulation d’intensité (intensity-modulated radiotherapy [IMRT])
à celui des mélanomes in situ (sans envahissement ou avec micro- en raison de la proximité d’organes à risque. Un hypofraction-
invasion), stade IB si franchissement de la lamina propria et IC en nement n’est pas recommandé en adjuvant. Une hadronthérapie
cas d’invasion des tissus profonds (muscle squelettique, os, carti- par protons peut être discutée en alternative avec des techniques
lage, etc.). Cette stadification, cependant, ne peut être déterminée d’IMRT pour des tumeurs situées proches d’organes à risque (tronc
qu’après résection chirurgicale et non en préthérapeutique. cérébral, nerfs optiques, etc.) du fait de la possibilité de générer des
L’American Joint Committee on Cancer (AJCC) a établi en 2009 gradients de dose très abruptes avec les protons (pic de Bragg). Une
dans sa septième édition [40] une classification tumor node metasta- hadronthérapie par ions carbone est une autre option qui, en plus
sis (TNM) des mélanomes muqueux cervicofaciaux. Le mélanome de l’avantage d’un dépôt de dose abrupte, a une efficacité biolo-
muqueux est ici considéré comme une maladie agressive. Les gique environ trois fois supérieure théoriquement par rapport aux
stades débutants T1, T2 et stades I, II sont ainsi abandonnés, photons de l’IMRT et aux protons (cf. infra).
la classification débutant d’emblée au stade T3 (stade III). Cette La définition des volumes cibles et de la dose optimale exigent
classification est actuellement recommandée par le National Com- une coopération entre chirurgien, radiologue et oncologue radio-
prehensive Cancer Network (NCCN). thérapeute. Pour les mélanomes nasosinusiens, ces volumes cibles
Enfin, la classification TNM des carcinomes de la cavité nasale comprennent la lésion primitive (fondée sur l’évaluation de
et des sinus (AJCC 6e édition) n’est pas spécifique des mélanomes l’imagerie préopératoire et du compte rendu opératoire) et des
muqueux cervicofaciaux, mais est néanmoins de plus en plus uti- extensions de 2 à 3 cm, modifiées en fonction des barrières ana-
lisée [41] . Plusieurs études lui accordent, en effet, une bonne valeur tomiques. Dans les cas de plus de deux ganglions pathologiques,
pronostique pour les mélanomes malins nasosinusiens [22, 42, 43] ou de taille supérieure à 3 cm, ou d’une extension extracapsu-
(Tableaux 1, 2). laire, la région cervicale doit également recevoir une dose de 60 à
66 Gy [57] .

 Stratégie thérapeutique Radiothérapie exclusive


Traitement chirurgical Un traitement par radiothérapie en première intention peut
être proposé en cas de mélanome non résécable ou pour les
Les recommandations éditées par la Société internationale de patients inopérables. Lorsqu’une irradiation exclusive est réalisée,
rhinologie [44] et par le REFCOR [45] préconisent une exérèse chi- une technique par ions carbone ou protons peut être proposée.
rurgicale macroscopique totale et microscopique avec des marges Demizu et al. [57] ont comparé les deux techniques (hadron-
suffisantes d’emblée (lorsque celle-ci est réalisable). En effet, la thérapie versus carbonethérapie) sur une cohorte de 62 mm.

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Ils concluent à l’absence de différence significative en termes C’est le taux de métastases élevé (jusqu’à 80 % des patients), quel
d’efficacité ou de toxicité, malgré l’avantage biophysique théo- que soit le traitement reçu, qui grève le pronostic à moyen terme.
rique supérieur des ions carbones (meilleure courbe de Bragg). Le stade clinique (quelle que soit la classification choisie),
Ainsi, plusieurs études montrent des taux de contrôle local élevé l’envahissement des marges d’exérèse, l’épaisseur de la tumeur
pour une toxicité acceptable avec ces nouvelles techniques (plus (inférieure à 5 mm), et l’invasion vasculaire en microscopie sont
de 80 % à 5 ans) mais pas de réel bénéfice sur la survie glo- considérés comme des facteurs pronostiques indépendants [21] .
bale, la grande majorité des patients développant des métastases Les autres facteurs cliniques de mauvais pronostic incluent l’âge
à distance [58, 59] . Ce type de radiothérapie pourrait ainsi être une supérieur à 65–70 ans [71] et la localisation sinusienne (en compa-
alternative à la chirurgie lorsque celle-ci présente une morbidité raison de la cavité nasale) [27] . Comme décrits précédemment, les
trop importante. Néanmoins, l’hadronthérapie est encore d’accès critères histologiques de gravité sont l’architecture pseudopapil-
limité. Il y a deux centres de protonthérapie en France (Orsay, laire ou sarcomatoïde, la présence de cellules indifférenciées ou,
Nice en 2016), un troisième en 2018 (Caen). Il n’y a aucun centre au contraire, très polymorphes, l’invasion vasculaire, le caractère
de carbonethérapie en France mais des conventions avec la Caisse nécrotique et un Ki67 (index de prolifération) élevé [30, 31] .
nationale d’assurance maladie (CNAM) peuvent permettre de trai-
ter des patients en Allemagne ou en Italie.
En cas d’indisponibilité de ces techniques de radiothérapie, une  Conclusion
irradiation exclusive stéréotaxique photonique ou par modula-
tion d’intensité peut être envisagée. Les mélanomes muqueux cervicofaciaux sont des tumeurs rares
dont la prise en charge est complexe et le pronostic réservé. Le
diagnostic, parfois difficile, est avant tout anatomopathologique.
Traitements systémiques Cette pathologie est difficile à contrôler localement en raison de
Aucun traitement systémique n’est recommandé en première son caractère souvent multifocal et des contraintes anatomiques
intention ou en adjuvant [45, 48] . Ils sont actuellement réservés à de la région cervicofaciale rendant difficile la réalisation d’une
la prise en charge des patients en situation métastatique ou non exérèse carcinologique satisfaisante. Par ailleurs, le risque méta-
irradiable (volume, cinétique évolutive, etc.). statique élevé est à l’origine d’une mortalité significative à moyen
terme.
Chimiothérapie classique Le traitement de référence des formes localisées est la chirurgie
suivie classiquement d’une radiothérapie adjuvante. Les nou-
Les chimiothérapies conventionnelles (type dacarbazine, foté- velles techniques d’irradiation (hadronthérapie, etc.) ainsi que les
mustine, etc.) sont peu utilisées dans la prise en charge des thérapeutiques médicales innovantes (thérapies ciblées, immuno-
mélanomes muqueux devant leurs résultats décevants [60–63] . thérapie, etc.) sont en cours d’évaluation.
Certaines études, cependant, ont rapporté quelques résultats inté- Ces difficultés de prise en charge amènent à recommander
ressants en adjuvant, notamment avec du temozolomide [64, 65] . l’inclusion de ces patients dans des réseaux experts nationaux
(REFCOR en France) permettant, si besoin, des relectures histo-
Thérapies ciblées logiques par des anatomopathologistes experts et la réalisation de
À l’origine de progrès significatifs dans la prise en charge du RCP nationales.
mélanome cutané [29] , les thérapies ciblées peuvent également
être utilisées dans le traitement des mélanomes muqueux cer-
Déclaration de liens d’intérêts : les auteurs déclarent ne pas avoir de liens
vicofaciaux. Néanmoins, le profil mutationnel particulier des
d’intérêts en relation avec cet article.
mélanomes muqueux cervicofaciaux ne permet leur utilisation
que dans des cas très sélectionnés, notamment en raison d’un
très faible taux de mutations BRAF. Les anomalies moléculaires
de KIT semblent au contraire plus fréquentes dans les mélanomes  Références
muqueux cervicofaciaux avec des taux d’expression élevés de la
protéine c-Kit, ce qui peut permettre l’utilisation de molécules [1] Chang AE, Karnell LH, Menck HR. The National Cancer Data Base
telles que l’imatinib [66–68] . report on cutaneous and noncutaneous melanoma: a summary of
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d’inhibiteurs des checkpoints immunitaires) est actuellement en [3] Chiu NT, Weinstock MA. Melanoma of oronasal mucosa. Population-
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cervicofaciaux. Deux classes de molécules sont actuellement Neck Surg 1996;122:985–8.
disponibles : les anti-CTLA-4 (ipilimumab) et les anti-PD1 (nivo- [4] Bradley PJ. Primary malignant mucosal melanoma of the head and
lumab et pembrolizumab). Des études sont en cours pour neck. Curr Opin Otolaryngol Head Neck Surg 2006;14:100–4.
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l’immunothérapie, celle-ci semblant moins importante que dans
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les mélanomes cutanés [69, 70] . En raison d’un effet antitumoral
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La chirurgie reste la pierre angulaire du traitement, bien que de gnant melanoma: a nationwide study of the Swedish population,
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Ainsi, la récidive locale est fréquente (40 % dans la cavité nasale, [11] Marcus DM, Marcus RP, Prabhu RS, Owonikoko TK, Lawson DH,
25 % dans la cavité buccale, 32 % au niveau pharyngé). La fré- Switchenko J, et al. Rising incidence of mucosal melanoma of the
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6 EMC - Oto-rhino-laryngologie

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Mélanomes muqueux cervicofaciaux  20-950-E-10

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A. Moya-Plana (antoinemoya@gmail.com).
Département de cancérologie cervicofaciale, Gustave-Roussy Cancer Campus, 114, rue Édouard-Vaillant, 94800 Villejuif, France.
J. Thariat.
Département de radiothérapie, Centre Lacassagne, 33, avenue de Valombrose, 06100 Nice, France.
N. Saroul.
Service de chirurgie ORL et cervicofaciale, CHU de Clermont-Ferrand, 58, rue Montalembert, 63003 Clermont-Ferrand cedex 1, France.
O. Casiraghi.
Département d’anatomopathologie, Gustave-Roussy Cancer Campus, 114, rue Édouard-Vaillant, 94800 Villejuif, France.
S. Vergez.
Service de chirurgie ORL et cervicofaciale, CHU Larrey, 24, chemin de Pouvourville, 31059 Toulouse cedex 9, France.
L. de Gabory.
Service de chirurgie ORL et cervicofaciale, CHU de Bordeaux, place Amélie-Raba-Léon, 33076 Bordeaux, France.
F. Janot.
Département de cancérologie cervicofaciale, Gustave-Roussy Cancer Campus, 114, rue Édouard-Vaillant, 94800 Villejuif, France.

Toute référence à cet article doit porter la mention : Moya-Plana A, Thariat J, Saroul N, Casiraghi O, Vergez S, de Gabory L, et al. Mélanomes muqueux
cervicofaciaux. EMC - Oto-rhino-laryngologie 2017;12(3):1-8 [Article 20-950-E-10].

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