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pratique

Infections récurrentes des voies


respiratoires inférieures de l’enfant :
quand et comment les investiguer ?
Les enfants avec des infections récurrentes des voies respira-
toires inférieures représentent un défi pour les médecins trai-
tants. Cet article revoit le diagnostic différentiel des toux chro-
niques, bronchopneumonies et/ou pneumonies récurrentes et
insiste sur la nécessité de prévenir les complications à long
terme de ces infections. Il suggère également un bilan immu-
nitaire progressif pour ces patients, à la recherche d’un retard
de maturation ou d’un déficit immunitaire pouvant expliquer
Rev Med Suisse 2005 ; 1 : 493-8 cette symptomatologie. Celui-ci se base essentiellement sur la
mesure des réponses anticorps aux pneumocoques, suivie, si
K. M. Pósfay Barbe nécessaire, d’une vaccination pour écarter ou identifier une dys-
fonction lymphocytaire B. Enfin, cet article introduit une étude
C. Barazzone- qui sera conduite en Suisse romande dès 2005 pour étudier le
Argiroffo devenir clinique et immunologique de ces jeunes patients.

C.-A. Siegrist
INTRODUCTION
Dr Klara M. Pósfay Barbe
Prs Constance Barazzone-
De nombreux médecins traitants sont confrontés régulière-
Argiroffo et Claire-Anne Siegrist ment à des patients présentant des infections récurrentes des
Département de pédiatrie voies respiratoires ou qui toussent de façon chronique.1-4 Ces
Hôpital des enfants, Hôpitaux
universitaires de Genève infections peuvent toucher, soit les voies respiratoires supé-
1211 Genève 14 rieures (VRS), comme par exemple les otites, les pharyngites,
Klara.PosfayBarbe@hcuge.ch les rhinites, soit les voies respiratoires inférieures (VRI),
Constance.Barazzone@hcuge.ch
Claire-Anne.Siegrist@medecine. comme les pneumonies, les bronchites ou les bronchopneu-
unige.ch monies.5 Il est considéré «normal» pour un enfant avant l’âge
de 2-3 ans de présenter jusqu’à six à huit infections des VRS
par année.5,6 Nous ne parlerons pas dans cet article des infec-
tions récurrentes des VRS, qui ont été revues ailleurs.7,8
Recurrent lower respiratory tract infec- Les infections répétées des VRI sont plus rares, mais représentent un impact de
tions in children : when and how should santé publique important. Dans les pays en voie de développement, elles sont la
they be investigated ?
principale cause de mortalité chez les enfants, responsables d’environ cinq millions
Children with recurrent lower respiratory tract
infections are often a challenge for their phy-
de décès par année.9 Dans les pays occidentaux, l’incidence des pneumonies est
sicians. This article reviews the differential plus élevée à l’âge préscolaire et est estimée à 34-40 cas pour 1000 enfants de
diagnosis of recurrent cough, bronchopneu- moins de 5 ans et à 7 cas pour 1000 chez les adolescents de 12 à 15 ans.10-12 Environ
monia and/or pneumonia in children and 20% des patients pédiatriques nécessitent une hospitalisation et 8% de ces enfants
emphasizes on the necessity of preventing hospitalisés pour une pneumonie remplissent les critères d’infections récurrentes
long-term complications of these infections. des VRI.13,14 La majorité des enfants avec des infections récurrentes des VRI ou une
It also suggests a step-wise immunological
toux chronique s’améliore spontanément dès l’âge de deux ans, reflétant la matu-
work-up, which includes investigating a pos-
sible immune maturation delay or deficiency
ration progressive de leurs défenses immunitaires. Cependant, une petite propor-
which could explain these symptoms. This tion d’enfants continue à présenter des infections récurrentes et pose une énigme
work-up focuses on measuring antibody res- diagnostique et thérapeutique aux médecins traitants. Le propos de cet article est
ponses to pneumococci, followed by immu- d’aider le clinicien à décider à quel moment un enfant bénéficierait d’un bilan plus
nization when necessary, to rule out B cell extensif pour trouver une origine à ces infections répétées et quel bilan proposer.
dysfunction. Finally, this article also descri-
bes an upcoming study in Switzerland which
will evaluate in 2005 the clinical and immu- QUELQUES DÉFINITIONS
nological outcome of these young patients.
Infections des voies respiratoires inférieures
Les infections des VRI sont dues à une atteinte par un virus ou une bactérie
du parenchyme pulmonaire (pneumonie), des voies aériennes (bronchite) ou
d’une combinaison des deux (bronchopneumonie). Les bronchopneumonies ou

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les pneumonies peuvent apparaître de façon sporadique
ou sous forme d’épidémies.15 Au-delà de la période néo-
natale, les bactéries les plus courantes responsables de

influenzae, les mycoplasmes, les chlamydia et les staphylo-


ces pathologies sont les pneumocoques, l’Haemophilus

coques dorés. Le diagnostic de pneumonie allie, en géné-


ral, une évaluation clinique, telle que présence de tachy-
pnée, de râles à l’auscultation ou une percussion thora-
cique anormale, et un examen radiologique avec des infil-
trats, un foyer ou un épanchement parapneumonique.

Infections récurrentes des voies respiratoires


inférieures
Les infections des voies respiratoires inférieures sont
définies comme récurrentes en présence de :
1. au moins deux épisodes de pneumonie (avec résolution
intermédiaire à la radiographie) en un an, ou
2. plus de trois épisodes, quel que soit le laps de temps
écoulé.1,16
Une toux est considérée comme chronique si elle dure
plus de trois mois par an.

Figure 1. Cas clinique


POURQUOI FAUT-IL INVESTIGUER LES
INFECTIONS RÉCURRENTES DES VOIES Garçon de 2 ans référé pour évaluation d’une toux chronique avec
RESPIRATOIRES INFÉRIEURES ? expectorations et tachypnée lors d’épisodes aigus. Son anamnèse indique
qu’il a présenté un épisode de bronchiolite, trois épisodes de bronchite
Jusqu’à récemment, il était recommandé d’effectuer des obstructive et une pneumonie du lobe moyen droit. Le CT-scan thora-
cique met en évidence des séquelles fibreuses pleuroparenchymateuses
investigations étiologiques uniquement en cas de pneu- du lobe moyen droit dans lesquelles sont localisées les bronchectasies.
monies récurrentes. Depuis peu cependant, de nombreux
spécialistes s’accordent à dire que des conséquences à
long terme peuvent apparaître suite à des infections récur- des cas une cause sous-jacente.14 Cela permet, au moins
rentes de toutes les VRI et mener à des problèmes chro- dans certaines situations, de proposer prévention et trai-
niques importants, tels que l’apparition de bronchecta- tement à ces enfants, et devrait encourager les cliniciens à
sies, dilatations irréversibles des bronches liées à la des- persévérer dans les bilans étiologiques !
truction de la charpente musculo-élastique et cartilagi-
neuse du poumon, entraînant une stase, puis des infec- QUELLES SONT LES CAUSES DES
tions.17 Le cas clinique (figure 1) illustre bien la difficulté à
INFECTIONS RÉCURRENTES DES VOIES
prédire le risque de bronchectasies sur la base de la sim-
ple évolution clinique. Quel que soit le pronostic à long RESPIRATOIRES INFÉRIEURES ?
terme, les infections respiratoires récidivantes entraînent Les différentes étiologies des infections récurrentes des
aussi des problèmes psychosociaux liés aux hospitalisa- VRI peuvent être classées en différentes catégories résu-
tions ou aux maladies répétées (absentéisme scolaire ou mées dans le tableau 1.1,14
du travail des parents). Selon une étude rétrospective ayant revu 238 enfants
Par ailleurs, contrairement aux infections virales qui ne avec des pneumonies récurrentes, les diagnostics sous-
nécessitent, en général, qu’un traitement de soutien, les jacents se distribuaient ainsi : 48% avaient des pneumonies
infections récurrentes des VRI sont plus souvent bacté- d’aspiration ; 10% des problèmes immunitaires ; 9% des
riennes et requièrent, de ce fait, des antibiotiques de façon maladies cardiaques congénitales ; 8% de l’asthme ; 8% des
répétée. Ceci a deux implications principales : 1) l’utilisa- anomalies pulmonaires ; 5% un reflux gastro-œsophagien
tion d’antibiotiques entraîne une potentielle sélection de et 4% une anémie falciforme.14
germes résistant aux antibiotiques ; 2) cette antibiothérapie Alors qu’une radiographie thoracique n’est pas toujours
est plus souvent intraveineuse et requiert, de ce fait, plus obligatoire pour le diagnostic et le traitement d’une pneu-
fréquemment des hospitalisations. Ce dernier point est monie simple, il est indiqué, en cas d’épisodes récurrents
important du point de vue général, en raison de l’impact ou de persistance des symptômes, de demander des exa-
sur le coût de la santé, mais aussi sur l’individu en aug- mens radiologiques diagnostiques et de suivi. En effet, il
mentant le risque d’infections nosocomiales, par faut documenter deux mois après un épisode aigu la nor-
exemple.18,19 malisation de l’image radiologique. Il est également néces-
Enfin, selon certains auteurs, et dans notre propre ex- saire de déterminer si les épisodes infectieux se situent
périence, il a été démontré qu’une investigation minutieu- dans la même région parenchymateuse et d’évaluer le
se des enfants avec des infections récurrentes des VRI ou type d’infiltrat (focal ou interstitiel). En général, les étiolo-
une toux chronique permet d’identifier dans au moins 90% gies des infections récurrentes au même endroit sont, soit

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Tableau 1. Etiologies des infections récidivantes des nécessitent impérativement une évaluation rapide et ap-
voies respiratoires inférieures profondie, tout comme les enfants présentant une stagna-
tion ou une perte pondérale importante, des doigts en ba-
Facteurs anatomiques guette de tambour ou une anémie, tous signes de chroni-
• Obstruction intraluminale (corps étranger, tumeur) cité. Ces situations ne représentant pas la majorité des cas,
• Obstruction extraluminale (adénopathies d’origine infectieuse la décision de poursuivre ou non des investigations est
(tuberculose, par exemple) ou tumorale)
souvent délicate. Dans cet article-ci, nous assumerons que
• Malformations de l’arbre bronchique
le bilan initial écartant les étiologies faciles à diagnosti-
• Bronchectasies
• Sténose/atrésie bronchique quer par un examen physique ou radiologique a été effec-
tué et nous nous concentrerons sur les étiologies immu-
Facteurs immunitaires nitaires dont l’identification et la prise en charge ont con-
• Hypogammaglobulinémie transitoire (retard de maturation) sidérablement progressé au cours des dernières années.
ou persistante
• Défaut de réponses aux polysaccharides
COMMENT FAUT-IL INVESTIGUER L’IMMUNITÉ
• Déficit immunitaire commun variable
• Déficit du complément EN CAS D’INFECTIONS PULMONAIRES
• Déficit de la fonction phagocytaire (maladie granulomateuse RÉCURRENTES OU DE TOUX CHRONIQUE ?
chronique, CGD)
Comme toujours, l’investigation débute avec une anam-
Facteurs infectieux nèse personnelle et familiale détaillée. La présence de
• Bactéries ou mycobactéries résistantes aux antibiotiques utilisés maladies récurrentes similaires chez un parent ou dans la
fratrie peut donner des pistes quant à l’origine de ces
Facteurs environnementaux infections. De façon sommaire, une anamnèse d’infections
• Tabac limitées au tractus respiratoire rend le diagnostic d’un
• Pollution déficit de l’immunité cellulaire ou phagocytaire peu pro-
bable, alors que l’association à des infections cutanées fait
Diagnostics différentiels suspecter un problème de phagocytose. D’autre part, la
• Broncho-aspiration (reflux gastro-œsophagien) présence d’éruption cutanée de type eczéma peut faire
• Asthme
rechercher une dysgammaglobulinémie (déficit commun
• Dysfonction mucociliaire (mucoviscidose, Kartagener)
variable en particulier). La présence de certains germes à
• Maladie cardiaque congénitale
l’origine des infections oriente également vers certaines

die granulomateuse chronique (CGD) ; P. aeruginosa et mu-


pathologies (bactéries produisant de la catalase et mala-

coviscidose ; B. cepacia et CGD ou mucoviscidose ; Pneumo-


liées au pathogène (bactérie non ou insuffisamment trai-

cystis et VIH ou déficit cellulaire).


tée), soit liées à l’hôte (anomalies anatomiques congéni-
tales ou acquises, lésions obstructives intra- ou extra-lumi-
nales). Si la radiographie simple permet la localisation et Dans la plupart des cas, l’anamnèse reste cependant
la visualisation de l’apparence grossière des épisodes, le non contributive. Nous proposons alors d’effectuer le bi-
CT-scan permet d’évaluer de manière plus fine les voies lan suivant, résumé dans les figures 2 et 3, qui explorent
aériennes, ainsi que le parenchyme pulmonaire. De plus, plusieurs voies en même temps. Les problèmes liés à une
le CT-scan est plus fiable que la radiographie pour mettre dysfonction des lymphocytes T sont rares et ne sont géné-
en évidence la différence entre maladie pleurale ou paren- ralement évalués que dans un second temps, hormis un
chymateuse, la présence de nécrose, d’abcès ou de fistule dépistage éventuel pour le VIH. Ainsi, les tests de stimu-
bronchopleurale et de bronchectasies.20 lation lymphocytaire ou la typisation des lymphocytes T
sont rarement effectués dans le cadre d’un bilan de dépis-
QUAND FAUT-IL INVESTIGUER LES tage d’infections respiratoires récurrentes chez l’enfant,
celles-ci étant essentiellement liées à un déficit éventuel
INFECTIONS PULMONAIRES RÉCURRENTES
de la production d’anticorps.
ET LES TOUX CHRONIQUES ? Les problèmes liés à un déficit de la fonction des lym-
Tous les enfants qui remplissent les critères d’infections phocytes B, responsables de la production des anticorps,
pulmonaires récurrentes ou de toux chronique indiqués sont évalués en effectuant une mesure des taux d’immu-
ci-dessus méritent d’être investigués. En effet, en raison noglobulines sériques (IgG, IgA, IgM – le dosage des sous-
des complications potentielles à long terme de ces infec- classes d’IgG étant très peu contributif, nous ne le recom-
tions multiples, il est important, dans la mesure du pos- mandons plus !) et des réponses anticorps aux expositions
sible, de prévenir de nouvelles infections et d’éviter l’ap- antigéniques antérieures. En effet, les enfants ayant été

que la diphtérie, le tétanos ou l’Haemophilus influenzae de


parition de problèmes irréversibles. Comme pour beau- vaccinés dans la petite enfance contre des germes tels
coup de pathologies, la gravité des symptômes et le degré
type B, devraient avoir des anticorps protecteurs au mo-
d’inquiétude du médecin traitant et/ou des parents de-
ment de l’évaluation. De même, bien que la majorité des
vraient conduire à des investigations successives cherchant
enfants en Suisse ne reçoivent pas de vaccin antipneumo-
des étiologies des plus courantes aux plus rares. Les pa-
coccique, ils sont exposés dès leur jeune âge aux pneu-
tients présentant des signes de pneumonie durant plus mocoques, et en particulier ceux qui ont eu des infections
de huit semaines, malgré un traitement a priori adéquat, récurrentes des VRI. Ils devraient donc avoir produit des

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Figure 2. Bilan immunologique dans les cas d’infections récurrentes des voies respiratoires inférieures (bilan de
départ)

Figure 3. Bilan immunologique dans les cas d’infections récurrentes des voies respiratoires inférieures
(réponses vaccinales)

anticorps contre les pneumocoques dès l’âge de 18-24 Laboratoire de vaccinologie des Hôpitaux universitaires
mois. L’interprétation de ces réponses n’est pas toujours de Genève (HUG) est accompagnée d’une interprétation
simple, raison pour laquelle chaque analyse réalisée au et de propositions concrètes.

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QUELS PEUVENT ÊTRE LES FACTEURS tieuse comparé à celui de 150 enfants contrôles. Leur évolu-
LIMITANT LES DÉFENSES ANTICORPS EN CAS tion clinique sera documentée à l’aide d’un court question-
D’INFECTIONS RÉCURRENTES DES VOIES naire rempli quatre fois par an par parents et médecins. Les
RESPIRATOIRES INFÉRIEURES ? médecins traitants le souhaitant bénéficieront du soutien
des investigateurs pour voir les enfants à chaque épisode de
La raison pour laquelle une certaine proportion d’en- toux nécessitant de distinguer une infection des voies respi-
fants n’est pas capable de produire des anticorps malgré ratoires supérieures ou inférieures. Aux patients sans évi-
une exposition répétée à certains antigènes est encore peu dence de protection contre les pneumocoques, ou contre
claire. Une étude genevoise récente a montré que plus de d’autres pathogènes, les vaccinations appropriées seront re-
30% d’enfants âgés de 2 à 6 ans, référés en pneumologie commandées et la documentation de leur efficacité offerte.
pédiatrique pour évaluation d’infections récurrentes des Les trois questions auxquelles nous aimerions répon-
VRI ou de toux chronique, avaient des réponses anticorps dre par cette étude sont les suivantes :
contre les polysaccharides des pneumocoques inexistan- 1. Est-ce que les enfants avec des infections récurrentes des
tes ou insuffisantes pour assurer leur protection.21 Une VRI ont une maturation immunitaire anormale ou ralentie ?

d’un retard de leur maturation immunitaire, qui se prolon-


des hypothèses est que certains enfants souffrent donc 2. Est-ce que les enfants qui ont des réponses anticorps
normales contre les polysaccharides des pneumocoques,
gerait au-delà de deux ans, âge auquel la majorité des soit spontanément, soit après vaccination, ont un meilleur
enfants a acquis la capacité de répondre aux antigènes de devenir clinique que ceux avec des réponses restant anor-
type polysaccharidique. Un certain nombre d’enfants pour- males ?
raient donc avoir besoin de plus de temps/de stimulations 3. Est-ce que les enfants avec des réponses d’anticorps anor-
avant de former des anticorps contre certains polysaccha- males contre les polysaccharides ont également des répon-
rides ou certaines protéines bactériennes, et donc de pou- ses anormales contre les protéines des pneumoco-
voir résister aux infections suivantes. Bien que de nature ques ?
transitoire, cette notion d’un retard de maturation est im- Nos données actuelles suggèrent en effet qu’un certain
portante puisque ces enfants pourraient bénéficier clini- nombre d’enfants avec des infections récurrentes souf-
quement d’une stimulation supplémentaire sous forme de frent d’un retard de maturation des anticorps contre les
vaccination.22 D’autres enfants restent malheureusement polysaccharides pneumococciques,21 parfois de façon pro-
incapables de répondre même à des stimulations vacci- longée. Nous espérons donc identifier ces enfants et pou-
nales optimales. Présentant un défaut sélectif des ré- voir ainsi mieux les soigner. Les avantages liés à la partici-
ponses aux polysaccharides isolé ou dans le cadre d’un pation de cette étude sont nombreux pour les parents, les
déficit immunitaire commun variable, ce sont ces enfants- enfants et les médecins traitants : un suivi personnel rap-
là qu’il faudrait parvenir à identifier le plus tôt possible et proché et souple, un bilan immunitaire extensif, complété
à suivre avec attention afin de prévenir la survenue de de vaccinations en cas de nécessité et, potentiellement,
bronchectasies entraînant des épisodes d’infections à un diagnostic expliquant les infections récurrentes. Cette
répétition. étude a été acceptée par la Commission centrale d’éthi-
que des HUG, et les auteurs de cet article sont à disposi-
QUEL DEVENIR CLINIQUE ET IMMUNOLO- tion pour toute question la concernant.
GIQUE EN CAS D’INFECTIONS PULMONAIRES
RÉCURRENTES ? CONCLUSION
Pour essayer de préciser les mécanismes immunitaires à Les infections récurrentes des VRI et les toux chroni-
la base des infections récurrentes des VRI chez l’enfant et de ques sont relativement fréquentes chez les enfants et
déterminer le devenir clinique de ces patients, une étude méritent d’être investiguées si elles se poursuivent après
clinique spécifique va démarrer en 2005, en collaboration l’âge de deux ans, puisque dans plus de 90% des cas il est
avec les médecins traitants et les consultations d’immuno- possible de trouver une cause sous-jacente. Un retard de
infectiologie et de pneumologie de l’Hôpital des enfants de maturation et/ou un déficit immunitaire doit toujours être
Genève, ainsi que le Laboratoire de vaccinologie des HUG. suspecté. Une mesure des réponses vaccinales, suivie, si
Initiée à Genève, mais ouverte par la suite aux jeunes pa- nécessaire, d’une vaccination supplémentaire, permet de
tients de Suisse romande, elle permettra à 150 enfants de 2 proposer une prise en charge spécifique, d’identifier les
à 4 ans remplissant les critères d’infections récurrentes des enfants à risques de complications à long terme et de ras-
VRI, et dont le bilan initial n’a pas mis en évidence de fac- surer les parents et les médecins des enfants dont le bilan
teurs prédisposants pulmonaires ou cardiaques, de bénéfi- indique une maturation immunitaire en cours. En cas de
cier gratuitement d’un bilan et d’un suivi immunologique doute, ces enfants devraient être référés à une consulta-
complet. Ces enfants seront évalués une fois par an pendant tion de pneumologie et/ou d’immunologie pédiatrique
trois ans, et le développement de leur immunité anti-infec- pour des examens spécialisés.

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