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Revue des Maladies Respiratoires (2019) 36, 707—719

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ScienceDirect
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REVUE GÉNÉRALE

Abcès du poumon : diagnostic et prise en


charge
Lung abscess: Diagnosis and management

W. Fekia,∗,b, W. Ketataa,b, N. Bahloula,b, H. Ayadia,b,


I. Yanguia,b, S. Kammouna,b

a
Service de pneumologie de Sfax, hôpital Hédi Chaker, route Ain km 0,5, Sfax 3029, Tunisie
b
Université de Sfax, Sfax, Tunisie

Reçu le 3 janvier 2018 ; accepté le 9 juillet 2018


Disponible sur Internet le 13 juin 2019

MOTS CLÉS Résumé L’abcès du poumon est une lésion cavitaire nécrotique du parenchyme pulmonaire.
Abcès poumon ; Il est généralement secondaire à une inhalation de bactéries anaérobies ou d’une flore mixte.
Antibiotique ; Les abcès pulmonaires primaires surviennent chez des patients auparavant en bonne santé, sans
Chirurgie ; comorbidités sous-jacentes. Ils sont souvent solitaires. Les abcès pulmonaires secondaires se
Inhalation développent plutôt chez des patients présentant des pathologies sous-jacentes et peuvent être
multiples. Le diagnostic est généralement porté sur la radiographie thoracique montrant une
cavité pulmonaire avec un niveau hydro-aérique. Typiquement, l’abcès pulmonaire est entouré
d’une paroi épaisse et irrégulière avec un infiltrat pulmonaire tout autour. Les diagnostics dif-
férentiels de la cavitation pulmonaire sont multiples. Il peut s’agir d’autres types d’infections,
de néoplasies ou de malformations bronchiques. La prise en charge repose généralement sur
un traitement antibiotique prolongé. L’échec du traitement initial peut se manifester par une
septicémie ou des complications nécessitant un drainage percutané, endoscopique ou le recours
à la chirurgie.
© 2019 SPLF. Publié par Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

KEYWORDS Summary Lung abscesses are necrotic cavitary lesions of the lung parenchyma. They are
Antibiotics; usually caused by anaerobic bacteria or mixed flora and typically occur after aspiration. Pri-
Aspiration; mary lung abscesses occur in previously healthy patients with no underlying medical disorders

∗ Auteur correspondant.
Adresse e-mail : fki walid@yahoo.fr (W. Feki).

https://doi.org/10.1016/j.rmr.2018.07.010
0761-8425/© 2019 SPLF. Publié par Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
708 W. Feki et al.

Lung abscess; and are usually solitary. Secondary lung abscesses occur in patients with underlying or predispo-
Surgery sing conditions and may be multiple. The initial diagnosis is usually made by chest radiography
showing a lung cavity with an air-fluid level. Typically, the cavity wall is thick and irregular,
and a surrounding pulmonary infiltrate is often present. The differential diagnosis of pulmonary
cavitation is wide, including different types of possible infections, neoplasia and malformations
of the bronchial tree. Management is usually based on prolonged antibiotic treatment. Failure
of conservative management, manifested by the persistence of sepsis and/or other abscess
complications, may necessitate drainage with invasive techniques (percutaneous, endoscopic
or surgical) or open surgical removal of the lung lesion in patients with good performance status
and sufficient respiratory reserve.
© 2019 SPLF. Published by Elsevier Masson SAS. All rights reserved.

Introduction—définition Âge
L’abcès du poumon est défini comme une zone circons- L’abcès pulmonaire peut survenir à n’importe quel âge.
crite de nécrose parenchymateuse d’origine infectieuse Cependant, il est plus fréquent chez les personnes âgées
générant une ou plusieurs cavités suppurées. Sa fistuli- entre 60 et 80 ans à cause de la fréquence de la maladie
sation bronchique est responsable de l’apparition d’un parodontale et d’un risque accru d’inhalation [9]. L’abcès
niveau hydro-aérique visualisé en imagerie [1]. Sa fréquence primitif chez les immunocompétents suite à une inhala-
reste encore élevée sur certains terrains qui favorisent tion est très fréquent chez les adultes, contrairement aux
l’inhalation du contenu oropharyngé (alcoolisme, immu- enfants [6].
nodépression, sujets âgés, troubles neurologiques. . .) [2].
Les signes cliniques décrits pour la première fois par Hip- Sexe
pocrate sont non spécifiques [3]. Ils sont représentés par
des signes respiratoires (douleur thoracique, dyspnée. . .) et La fréquence des abcès pulmonaires est plus élevée chez les
généraux (fièvre, malaise, altération de l’état général. . .). hommes (82,9 %) que chez les femmes avec un sex-ratio de
Le terme d’abcès est généralement utilisé quand la lésion 5/1 [9].
est secondaire à un germe pyogène, le plus souvent de type
anaérobie, un Staphylococcus aureus, un germe Gram néga- Mortalité
tif ou un agent fongique ou parasitaire. L’antibiothérapie
à large spectre représente la base du traitement [4]. Un Avant l’ère de l’antibiothérapie, la mortalité due aux abcès
complément par chirurgie d’exérèse est parfois nécessaire pulmonaires était élevée, de 30 % à 40 % selon une revue
[5]. L’évolution de l’abcès pulmonaire non traité est défa- de 2114 cas [10]. Grâce à l’utilisation des antibiotiques,
vorable. Un tiers de ces patients décèdent et le reste font le taux de mortalité a nettement diminué pour ne repré-
des complications ou gardent des séquelles à type d’abcès senter que 10 % à 20 % [10]. Chez les immunodéprimés, ou
chronique, de pleurésie purulente ou de bronchiectasie [6]. les patients ayant une obstruction bronchique, la mortalité
pourrait atteindre 75 % [11].

Épidémiologie Classification
Fréquence Les abcès pulmonaires sont classés selon :
• la durée d’évolution des symptômes avant le diagnostic :
L’incidence des abcès pulmonaires a nettement diminué ◦ abcès aigu lorsque l’évolution est inférieure à
au cours des décennies passées suite à la généralisation 6 semaines,
de l’utilisation de l’antibiothérapie. La fréquence exacte ◦ abcès chronique au-delà de 6 semaines [12] ;
des abcès pulmonaires dans la population générale est • le terrain sous-jacent :
inconnue. Elle varie en fonction des terrains (immunodé- ◦ les abcès primaires se développent chez des patients
pression) et des pays. Ainsi, aux États-Unis, l’hospitalisation préalablement sains sans anomalies bronchopulmo-
annuelle pour abcès pulmonaire représente 4 à 5,5 pour naires ni immunodépression sous-jacente. Ils repré-
10 000 admissions à l’hôpital [7]. En France, une augmen- sentent 80 % des abcès. La principale cause est une
tation de l’incidence des abcès pulmonaires compliquant inhalation des secrétions oropharyngées ou faisant
une pneumonie chez les enfants a été notée entre 1999 et suite à une pneumonie [3]. Souvent, ces abcès sont
2003 [8]. uniques,
Abcès du poumon : diagnostic et prise en charge 709

◦ les abcès secondaires se développent plutôt chez des C’est le cas de l’endocardite infectieuse sur la valve tri-
patients ayant une obstruction bronchique (tumeur, cuspide et de la toxicomanie intraveineuse.
corps étranger, adénopathies médiastinales), une mala- Le syndrome de Lemierre, une infection oropharyngée
die pulmonaire sous-jacente favorisante (bronchiec- aiguë suivie d’une thrombophlébite septique de la veine
tasie, mucoviscidose, infarctus pulmonaire, contusion jugulaire interne, est une cause rare d’abcès pulmonaire. De
pulmonaire) ou une maladie générale telle que le même pour la thrombose de la veine cave inférieure secon-
diabète. Ils peuvent également faire suite à une exten- daire à une infection des tissus mous du membre inférieur.
sion hématogène à partir d’un foyer extra-thoracique
(sepsis à point de départ abdominal, endocardite infec- Par contiguïté
tieuse, embolie septique) ou à une extension directe Plus rarement encore, une infection de voisinage (médias-
par fistule broncho-pleurale ou abcès sous phrénique. tinale, sous-diaphragmatique, de la paroi thoracique) peut
Ces abcès peuvent être multiples, se propager vers les poumons [7].
◦ dans certaines études, près de 50 % des abcès pul-
monaires chez les adultes âgés de plus de 50 ans Mécanisme
surviennent sur un terrain de néoplasie pulmonaire ;
• germes en cause :
Les secrétions inhalées passent initialement au niveau des
◦ abcès bactérien :
bronches distales, causant une pneumonie [14]. Dans les
- abcès poly-microbien : les germes fréquemment pré- 24 à 48 h, une large zone d’inflammation va se dévelop-
sents sont des anaérobies, per. Une à deux semaines suivant l’inhalation, les toxines
- abcès mono-microbien : abcès à S. aureus, Pseudo- bactériennes, les microthromboses veineuses et les enzymes
monas aeruginosa, Pasteurella multocida, Haemo- protéolytiques des neutrophiles vont favoriser la formation
philus influenzae, Klebsiella pneumoniae ; d’un foyer de nécrose [15]. Ce foyer, dont le contenu est
◦ abcès fongique : Histoplasma, Cryptococcus, Aspergil-
acide et le potentiel oxydo-réducteur est bas, va favoriser la
lus, Mucorales ; multiplication des germes anaérobies. La cavitation se pro-
◦ abcès parasitaire : Paragonimus westermani, Enta-
duit lorsque l’érosion du parenchyme pulmonaire conduit à
moeba histolytica, Echinococcus. la communication avec une bronche, ce qui favorise le drai-
nage du matériel nécrotique, l’entrée d’air et la création
d’un niveau air-liquide.
• L’abcès du poumon est une zone circonscrite de
nécrose parenchymateuse d’origine infectieuse ; Facteurs de risque
il est plus fréquent en cas de terrain favorisant
Certains terrains semblent être particulièrement à risque de
l’inhalation du contenu oropharyngé.
• Suite à l’antibiothérapie, l’incidence et la mortalité développer des abcès du poumon.
due aux abcès pulmonaires a diminué.
• Les abcès primaires sur terrain sain représentent 80 % Facteurs exposants à des micro-inhalations
des abcès ; les abcès secondaires sont observés en La mauvaise hygiène buccodentaire et la gingivite sont
cas d’obstruction bronchique, d’atteinte pulmonaire responsables d’une inhalation massive de germes. Chez
sous-jacente ou suite à une extension hématogène. les patients édentés, l’abcès à anaérobies est beaucoup
moins fréquent en dehors des pathologies pulmonaires sous-
jacentes.
Les troubles neurologiques qui peuvent se voir chez les
sujets âgés, les épileptiques et les alcooliques dont la cons-
Physiopathologie cience est altérée sont également des facteurs de risque
[16].
Porte d’entrée Le reflux gastro-œsophagien et la dysphagie secondaire à
un trouble neurologique ou à un problème œsophagien (sclé-
Les germes responsables d’abcès peuvent atteindre le rodermie, diverticule œsophagien) favorisent l’inhalation
parenchyme pulmonaire par voie bronchogène, hématogène des secrétions buccales, nasopharyngées ou gastriques selon
ou par contiguïté. une localisation gravito-dépendante.
D’autres facteurs iatrogènes peuvent favoriser la voie
Voie bronchogène bronchogène, parmi lesquels [17] :
• le sondage nasogastrique ;
L’inhalation du contenu oropharyngé joue un rôle primordial • l’intubation orotrachéale ;
dans le développement des abcès pulmonaires primaires. • la trachéostomie ;
Cette inhalation se voit surtout chez les sujets ayant des • la chirurgie oropharyngée, particulièrement l’amygdalec-
facteurs de risque exposant à des micro-inhalations [13]. tomie en position assise.

Voie hématogène Pathologies bronchopulmonaires


Les germes peuvent atteindre secondairement le paren- Obstruction bronchique
chyme pulmonaire via une bactériémie ou suite au Les pathologies bronchopulmonaires responsables d’infec-
développement d’embolies septiques souvent multiples. tion pulmonaire à anaérobies sont représentées par le
710 W. Feki et al.

cancer bronchopulmonaire ou d’autres obstacles bron- études) provenant de la flore pharyngée [22]. Il peut s’agir
chiques. Le scanner thoracique et la fibroscopie bronchique d’anaérobies Gram positifs (Peptostreptococcus) ou Gram
sont souvent utiles pour poser le diagnostic [18]. négatifs (Fusobacterium nucleatum, Prevotella melanino-
genica et Bacteroides fragilis). Les anaérobies sont les seuls
Autres pathologies bronchopulmonaires
organismes présents dans environ la moitié des cas [23].
D’autres facteurs sont incriminés tels que la dilatation des
Typiquement, 3 à 4 espèces sont retrouvées par culture.
bronches ou l’infarctus pulmonaire. La bronchopneumopa-
thie chronique obstructive n’est pas un facteur favorisant
[19]. Germes aérobies
Les germes aérobies sont représentés par le S. aureus,
Facteurs exposant à une immunodépression S. pyogenes, S. pneumonia, K. pneumonia, P. aeruginosa,
générale H. influenzae (type B et C) Acinetobacter, E. coli et Legio-
nella [24]. Leur fréquence dépend du terrain sur lequel ils
Le diabète sucré ou l’existence d’une immunodépression
surviennent. Ainsi, chez les patients hospitalisés ou recevant
sous-jacente, quelle que soit sa cause, exposent à un risque
une ventilation mécanique, les germes fréquemment en
accru d’abcès pulmonaire [13].
cause sont représentés par P. aeruginosa et K. pneumoniae
[25]. En cas d’immunodépression sous-jacente (leucémie,
chimiothérapie), les germes dominants sont le P. aeruginosa
Anatomopathologie
et S. aureus.
Aspect macroscopique
Autres
L’abcès du poumon se présente macroscopiquement comme Moins fréquemment, les abcès sont secondaires à d’autres
une cavité arrondie, habituellement unique au sein du bactéries telles que Nocardia et Actinomyces [26].
parenchyme pulmonaire. La taille est variable mais souvent
supérieure à 2 cm. La localisation est surtout apicale droite.
Abcès fongiques et parasitaires
En cas d’abcès aigu, la séparation du parenchyme adjacent
n’est pas nette. En fonction de l’âge de l’abcès, une paroi Les abcès fongiques et parasitaires sont beaucoup plus rares.
épaisse va se constituer, délimitant la cavité de l’abcès [20]. Leur survenue est conditionnée par certaines situations
d’immunodépression (sida, transplantation) [25].
Aspect microscopique
Au niveau des parties centrales de l’abcès, il existe un tissu Facteurs influençants
nécrotique mélangé avec des granulocytes et des bactéries.
Autour de cette zone règne un œdème inflammatoire avec Les germes causant les abcès pulmonaires varient selon plu-
des vaisseaux dilatés [3]. sieurs facteurs [27].
La paroi de la cavité est recouverte d’un épithélium
initialement pavimenteux puis d’un épithélium respiratoire Selon le type de l’abcès
cilié, ce qui rend difficile sa distinction des bronchectasies. En cas d’abcès primaire, le pathogène le plus fréquemment
isolé est S. pneumoniae contre P. aeruginosa en cas d’abcès
secondaire [28]. Les abcès pulmonaires compliquant une
• Le parenchyme pulmonaire peut être atteint par voie
pneumopathie infectieuse sont souvent mono-bactériens
bronchogène, hématogène ou par contiguïté. en rapport avec des germes aérobies tels que S. aureus,
• Parmi les facteurs de risque, on relève la mauvaise
K. pneumoniae, H. influenzae, P. aeruginosa, E. coli, Pasteu-
hygiène buccodentaire, les troubles neurologiq- rella multocida, Burkholderia, Legionella ou S. pneumoniae
ues, le reflux gastro-œsophagien, les obstacles [29]. En cas d’abcès chronique, les germes impliqués sont
bronchiques, une immunodépression. surtout des anaérobies [12].

Selon les pays


Au Japon, les bactéries responsables des abcès pulmonaires
Microbiologie étaient dominées par les aérobies purs (73,8 % des cas) suivis
par les anaérobies purs (12,3 % des cas) et l’association des
Avant l’ère de l’antibiothérapie, l’abcès du poumon était
deux (13,9 % des cas) [30].
causé par un seul type microbien [19]. Actuellement, 90 %
des cas d’abcès pulmonaire sont poly-microbiens [21]. Les
organismes prédominants responsables de l’abcès du pou- Selon le terrain sous-jacent
mon sont des bactéries. Les patients sous ventilation mécanique développent
des abcès à P. aeruginosa ou à S. aureus [31]. En
Abcès bactérien cas d’immunodépression à médiation cellulaire (VIH,
transplantation. . .), les abcès pulmonaires sont dus à des
Germes anaérobies agents opportunistes tels que les mycobactéries, Nocardia,
La majorité des études sont en faveur d’une prédomi- Aspergillus ou Rhodococcus. En cas d’agranulocytose fai-
nance des germes anaérobies (plus de 93 % dans certaines sant suite à une leucémie ou une chimiothérapie, les abcès
Abcès du poumon : diagnostic et prise en charge 711

pulmonaires sont dus à une infection bactérienne (Pseudo- Examen respiratoire


monas, S. aureus) ou fongique [31]. Chez les diabétiques,
L’examen thoracique montre souvent un syndrome de
K. pneumoniae est un agent possible à côté des anaérobies.
condensation [9] avec parfois un souffle amphorique [19].
La présence de râles ronflants localisés témoigne de la pré-
Selon l’âge sence d’un obstacle bronchique (tumeur, corps étranger).
Les germes aérobies sont observés surtout chez des
sujets âgés ayant des comorbidités ou un état d’immuno-
dépression. Examens complémentaires
Examens de première intention
• 90 % des abcès pulmonaires sont poly-microbiens.
• Les germes anaérobies sont prédominants En cas de suspicion d’abcès du poumon, une numération for-
• Ne pas oublier Nocardia et Actinomyces. mule sanguine et une radiographie du thorax sont demandés
en première intention.

Numération formule sanguine


La numération de la formule sanguine montre souvent une
Clinique hyperleucocytose. Une anémie inflammatoire est possible
dans les abcès chroniques.
Signes fonctionnels
Le tableau clinique dépend du caractère aigu ou chronique Radiographie du thorax
de l’abcès. La radiographie du thorax fait souvent le diagnostic.
L’aspect est celui d’une cavité pulmonaire surmontée d’un
Abcès aigu niveau hydro-aérique présent dans 76 % des cas [35]. La
taille du niveau est inchangée sur la radiographie thoracique
Au début, les symptômes des abcès pulmonaires sont simi- de face et de profil. Typiquement, la paroi de l’abcès est
laires à ceux des pneumonies. Les symptômes évoluent épaisse et irrégulière, entourée le plus souvent d’un infiltrat
généralement depuis plus de 14 jours avec une moyenne parenchymateux (Fig. 1). La radiographie du thorax permet
de 3 semaines [19]. Ils associent des signes respiratoires à également de surveiller la réponse thérapeutique.
type de toux, de dyspnée et parfois de douleur thoracique
en cas d’abcès périphérique, à des signes généraux (fièvre,
sueurs nocturnes, asthénie).
Initialement, la toux est sèche. Elle devient secon-
dairement productive, ramenant une vomique qui traduit
l’installation d’une communication bronchique [6]. Envi-
ron la moitié des abcès s’associent à des expectorations
purulentes [31]. Dans certains cas, l’érosion des vais-
seaux bronchiques est responsable d’une hémoptysie parfois
massive, menaçante [32]. Une odeur nauséabonde des
expectorations doit orienter vers des germes anaérobies
[33].

Abcès chronique
En cas d’abcès chronique, les symptômes sont trai-
nants depuis plusieurs semaines [34]. Les signes généraux
dominent le tableau clinique. Ils sont à type d’asthénie,
amaigrissement, sueurs nocturnes. Une hémoptysie est par-
fois observée.

Examen physique

Examen général
L’examen général du patient permet de déceler une fièvre.
En cas d’abcès chronique, le patient est souvent cachectique
et pâle. Cette pâleur est secondaire à une anémie inflam-
matoire. Un hippocratisme digital peut rarement se voir [3].
L’examen physique peut montrer dans certaines situations
des signes en rapport avec le facteur causal tels que des Figure 1. Opacité de tonalité hydrique délimitée par une paroi
signes d’endocardite ou une perte du réflexe nauséeux en épaisse, surmontée d’un niveau hydro-aérique et entourée d’un
cas de troubles neurologiques. infiltrat parenchymateux.
712 W. Feki et al.

Prélèvements bactériologiques
Les prélèvements à visée bactériologique doivent être réa-
lisés avant tout traitement antibiotique.
L’examen cytobactériologique des crachats
L’examen cytobactériologique des crachats (ECBC) est
demandé de façon systématique chez tous les patients
ayant un abcès du poumon. Il permet d’identifier les
abcès pulmonaires attribués à des microorganismes aéro-
bies. Sa contribution au diagnostic des germes anaérobies
est faible à cause de sa fréquente contamination par la flore
buccale [19].
L’observation d’une flore mixte indique fortement la pré-
sence de germes anaérobies et doit orienter rapidement le
diagnostic.
Hémocultures
Figure 2. Volumineuse lésion cavitaire à centre hypodense
Les hémocultures sont systématiquement réalisées. Elles et à paroi épaissie siège d’un niveau hydro-aérique mesurant
sont positives en cas d’abcès à germe aérobie à dis- 10,8 × 6,5 cm en rapport avec un abcès pulmonaire.
sémination hématogène. Elles contribuent au diagnostic
bactériologique dans uniquement 5 % des cas [36].
Prélèvement des secrétions bronchiques distales
Ces prélèvements doivent être réalisés pour culture des
anaérobies lorsque la réponse initiale au traitement est
médiocre.
Les techniques utilisées comprennent le prélèvement
trachéal distal, l’aspiration transthoracique, les brossages
bronchiques et le lavage broncho-alvéolaire (LBA). Bien que
ces méthodes puissent s’avérer utiles chez certains patients,
elles sont rarement nécessaires dans la prise en charge cli- Figure 3. Meilleure visualisation de la paroi de l’abcès pulmo-
nique de routine. Leur rentabilité est variable en fonction naire après injection du produit de contraste.
de la nature de l’examen et des études. La contribution au
diagnostic bactériologique par LBA a été bien étudiée chez
les patients atteints de pneumopathie infectieuse et non des abcès pulmonaires même de petite taille. L’abcès pul-
d’abcès pulmonaire. En fonction des études, sa sensibilité monaire se présente sur le scanner comme une lésion à
varie de 34 % à 46 % [37,38]. paroi épaisse et centre hypodense. Un niveau hydro-aérique
initialement absent va progressivement se constituer [42]
Culture du liquide pleural (Fig. 2). L’injection du produit de contraste est nécessaire
En cas d’empyème associé, une culture du liquide pleu- afin de bien délimiter l’abcès dont la paroi est parfois noyée
ral peut isoler un germe aérobie. Selon Wang et al., cette dans la condensation adjacente (Fig. 3). Les bronches et
technique permet de confirmer le diagnostic bactériologique les vaisseaux adjacents se terminent de façon abrupte en
dans 17 % des cas [39]. contact avec la paroi externe de l’abcès [43].
Culture du liquide de ponction d’abcès Siège
L’étude bactériologique du liquide de ponction percuta- Le siège exact des abcès pulmonaires dépend du mode de
née d’abcès à une meilleure rentabilité (63 %) que celui contamination. Dans 75 % des cas, les abcès primitifs, en rap-
des hémocultures, des expectorations et du LBA. Sa réa- port avec une inhalation, se localisent au niveau du segment
lisation serait utile lorsque les autres prélèvements ne postérieur du lobe supérieur droit et des segments apicaux
sont pas contributifs [40,41]. Cette technique est possible des deux lobes inférieurs. Moins fréquemment, la localisa-
uniquement lorsque l’abcès est sous-pleural. Le rapport tion se situe au niveau du lobe supérieur gauche [44]. En
bénéfice/risque doit donc être évalué avant d’entreprendre cas de dissémination hématogène, l’abcès peut se localiser
cette technique. à n’importe quel niveau du parenchyme.

Autres investigations Diagnostic différentiel


Le scanner thoracique permet également de distinguer un
Scanner thoracique abcès pulmonaire d’un empyème. L’abcès pulmonaire se
présente généralement sous la forme d’une cavité arron-
Le scanner thoracique joue plusieurs rôles.
die à paroi épaisse au sein du parenchyme pulmonaire, sans
Diagnostic positif compression des bronches adjacentes. Cette cavité forme un
Le scanner thoracique est plus sensible que la radiogra- angle aigu avec la paroi thoracique. A l’inverse, l’empyème
phie standard. Il joue un rôle primordial dans la détection de forme lenticulaire forme un angle obtus avec la paroi du
Abcès du poumon : diagnostic et prise en charge 713

• Seulement environ 50 % des abcès s’associent à des


expectorations purulentes.
• La radiographie thoracique permet le diagnostic et
de surveiller la réponse thérapeutique.
• Avant toute antibiothérapie, des prélèvements
bactériologiques sont systématiquement réalisés
(crachats, hémocultures, prélèvement bronchique
voire liquide pleural ou liquide de ponction d’abcès).
• Le scanner est primordial : pour préciser le siège,
pour les abcès de petite taille, l’aide au diagnostic
différentiel et étiologique. L’échographie thoracique
est utile si l’abcès est périphérique. Importante, la
fibroscopie autorise une étude bactériologique et
précise l’existence d’un éventuel néoplasie.

Diagnostic différentiel
Figure 4. Poche pleurale antérobasale droite à paroi épaisse se
raccordant à angle obtus avec la paroi thoracique siège de niveau Empyème pleural
hydro-aériques et de clartés piégés en rapport avec un pyopneumo-
thorax enkysté. Dans certains cas, il est difficile de différencier sur la radio-
graphie du thorax un abcès du poumon d’un empyème pleu-
ral. Le scanner permet ainsi de résoudre ce problème [43].

Lésions kystiques pulmonaires


thorax et provoque une compression du parenchyme adja-
cent (Fig. 4). Les lésions kystiques pulmonaires telles que les séquestra-
Diagnostic étiologique tions pulmonaires, les kystes bronchogéniques ou les bulles
La tomodensitométrie s’est révélée également utile pour d’emphysème surinfectées sont parfois difficiles à distin-
exclure l’obstruction endobronchique due à une tumeur guer d’un abcès pulmonaire [50]. Leurs localisations ainsi
maligne ou à un corps étranger. Sa présence se traduit que leurs manifestations cliniques permettent d’orienter le
radiologiquement par une atélectasie. Le scanner permet diagnostic.
également d’orienter le diagnostic microbiologique Ainsi,
la découverte d’une atteinte costale telle qu’une lésion Cancers bronchopulmonaires
ostéolytique est fortement évocatrice d’une actinomycose
pulmonaire [45]. Les carcinomes bronchiques excavés tels que le carcinome
épidermoïde et le carcinome à petites cellules peuvent prê-
Échographie thoracique ter à confusion avec les abcès pulmonaires [51]. Le tableau
clinique et biologique est parfois similaire (fièvre, toux,
L’échographie thoracique n’est pas un examen de routine expectoration, hyperleucocytose). Cependant, l’absence
pour le diagnostic des abcès pulmonaires. Elle trouve sa de facteur de risque d’inhalation, l’absence de réponse
place dans certaines situations où l’abcès est périphérique après 10 jours d’antibiothérapie et l’altération de l’état
[46]. Dans ce cas, l’abcès est visualisé sous la forme d’une général doivent redresser le diagnostic envers l’origine
lésion hypoéchogène à paroi irrégulière et à contenu annu- tumorale.
laire hyperéchogène. De même, l’échographie thoracique En fait, 8 % à 17 % des cas présumés d’abcès pulmonaires
permet de différencier l’abcès de l’empyème [47]. Ainsi, sont plutôt en rapport avec une néoplasie sous-jacente.
la présence de liquide qui change en forme avec la res- Cette incidence passe à 33 % chez les patients âgés de plus
piration et qui contient de la fibrine indique la présence que 45 ans [52]. Afin de différencier entre les deux lésions,
d’un liquide pleural. Finalement, l’échographie thoracique le scanner thoracique et la fibroscopie bronchique trouvent
permet de guider les prélèvements bactériologiques mais leur place. Ainsi, au scanner, le caractère irrégulier de la
également de drainer l’abcès [40]. paroi interne est plutôt en faveur de malignité [18].

Fibroscopie bronchique
Pneumopathie nécrosante
La fibroscopie bronchique est indiquée en cas de suspicion
d’une obstruction bronchique (carcinome endobronchique Le terme de « pneumopathie nécrosante » est utilisé pour
ou corps étranger), d’une infection fongique, parasitaire ou désigner une pneumopathie avec de multiples petites cavi-
mycobactérienne [48]. Elle est pratiquée lorsque l’état res- tés qui se développent dans des zones pulmonaires contiguës
piratoire du patient le permet. Elle permet de réaliser des [53]. Tous les lobes peuvent être atteints avec une prédilec-
aspirations bronchiques ou un LBA pouvant être utile dans tion pour les deux lobes inférieurs et le lobe moyen [54—56].
l’étude bactériologique [49]. Les zones de nécroses sont secondaires à l’action combinée
714 W. Feki et al.

des toxines bactériennes et de microthromboses vasculaires douleur thoracique). L’imagerie montre une condensation
[57,58]. Les germes habituellement responsables sont parenchymateuse lobaire abcédée. Un épanchement pleu-
K. pneumoniae, S. aureus et S. pneumoniae. K. pneumoniae ral est associé dans plus que 1/3 des cas. La culture
a été longtemps considérée comme la principale cause de des prélèvements à visée bactériologique sont positifs à
pneumopathie nécrosante chez les patients âgés, alcoo- Nocardia.
liques ou immunodéprimés [59]. Les facteurs de virulence
sont variables en fonction des germes : capsule polysaccha- Actinomycose
ridique pour S. pneumoniae [58], toxine de Panton-Valentine Actinomyces et Propionibacterium, commensales normaux
pour le S. aureus [60] et serotype capsulaire K1/K2 pour de l’oropharynx, peuvent causer une pneumopathie abcé-
K. pneumoniae. D’autres germes sont incriminés chez les dée chronique. Cette atteinte prédomine chez les sujets
patients immunodéprimés tel que S. epidermidis, E. coli, de sexe masculin âgés de 30 à 60 ans. La symptomatolo-
A. baumanni, H. influenzae et P. aeruginosa [55]. gie est trompeuse à type de fièvre chronique inconstante,
d’asthénie et d’amaigrissement pouvant mimer une tuber-
Maladies systémiques culose, une néoplasie pulmonaire ou une infection fongique.
L’imagerie thoracique montre classiquement une atteinte
Les nodules pulmonaires chez les patients atteints de lobaire avec de multiples petites cavités. La confirmation
granulomatose avec polyangéite (anciennement granuloma- diagnostique est histopathologique. En dehors d’une anti-
tose de Wegener) ou de polyarthrite rhumatoïde peuvent biothérapie adaptée et prolongée, l’extension locorégionale
s’excaver. Les caractéristiques systémiques de ces maladies (plèvre, médiastin, péricarde, rachis) ou à distance (cer-
sont généralement apparentes et permettent d’orienter le veau, os) des lésions est possible.
diagnostic [61].
Abcès amibien
Embolies pulmonaires septiques
L’abcès pulmonaire amibien atteint habituellement le lobe
Les embolies pulmonaires septiques sont souvent multiples inférieur droit faisant suite à un envahissement trans-
et bilatérales, envahissant surtout les lobes inférieurs. Ces diaphragmatique d’un abcès amibien hépatique [25].
lésions sont en rapport avec un envahissement hématogène
du germe. • Parmi les principaux diagnostics différentiels,
doivent être évoqués un carcinome bronchique,
Autres causes infectieuses une pneumopathie nécrosante, des maladies
systémiques, une tuberculose, le kyste hydatique,
Tuberculose pulmonaire la nocardiose et l’actinomycose.
Les manifestations cliniques de l’abcès pulmonaire aux
anaérobies ou mixte sont non spécifiques. Elles peuvent don-
ner un tableau clinique trainant mimant une tuberculose.
Les signes fonctionnels associent une fièvre, des sueurs noc- Traitement
turnes, une asthénie, une anorexie, un amaigrissement ainsi
qu’une toux productive ramenant des expectorations fétides Plusieurs moyens thérapeutiques sont à notre disposition
parfois striérs de sang [62]. La localisation apicale est sou- pour la prise en charge des abcès pulmonaires aigus et chro-
vent évocatrice. La positivité des bacilles de Koch dans les niques.
crachats permet de confirmer le diagnostic.
Moyens
Kyste hydatique du poumon
La majorité des kystes hydatiques pulmonaires sont asymp-
Antibiothérapie
tomatiques. Radiologiquement, ils se traduisent par une Molécules
opacité arrondie solitaire ou multiple dont la taille varie Le choix de l’antibiothérapie initiale dépend de la proba-
de 1 à 20 centimètres. Le niveau hydro-aérique peut bilité du germe en cause. Il est important de noter qu’il
s’observer en cas de kyste hydatique compliqué partielle- n’y a pas de consensus clair et que peu de comparaisons
ment évacué [63]. Les circonstances de découverte ainsi de régimes antibiotiques sont disponibles [65,66]. Comme
que les facteurs de risques permettent d’orienter le diag- l’isolement des anaérobies est difficile, l’antibiothérapie est
nostic. Beaucoup plus importante au cours des localisations empirique et devrait couvrir une flore microbienne mixte.
hépatiques (85—98 %) que pulmonaires (50—60 %), la séro- L’antibiothérapie sera adaptée secondairement au résultat
positivité hydatique dépend de la localisation, du nombre, des prélèvements. Les molécules utilisées sont:
de l’état et de la viabilité des kystes hydatiques [64]. La clindamycine
La clindamycine a montré sa supériorité par rapport
Nocardiose à la pénicilline en termes de réponse et de temps
La nocardiose se voit habituellement chez des patients d’éclaircissement des expectorations. La posologie utilisée
immunodéprimés (infection par le VIH, néoplasie, trans- est de 600 mg en intraveineux (IV) toutes les 8 heures sui-
plantation, traitement immunosuppresseur). Dans ce cas, le vie par une dose de 150 à 300 mg toutes les 6 heures par
tableau clinique est insidieux associant des signes généraux voie orale. Étant donné le spectre restreint de la clinda-
(asthénie, fièvre) à des signes respiratoires (toux productive, mycine aux bactéries Gram positifs, son association à une
Abcès du poumon : diagnostic et prise en charge 715

céphalosporine de deuxième (cefuroxime, cefoxitine) ou de l’évolution radiologique pour justifier la durée du traite-
troisième génération (ceftriaxone) est obligatoire [67]. ment. Dans ce cas, la durée de l’antibiothérapie dépend
de la résolution ou de la stabilisation d’une anomalie rési-
Bêtalactamines/inhibiteur bêtalactamase duelle minime. La fermeture de la cavité prend une durée
Avec l’émergence des résistances des germes anaéro- médiane de 4 semaines. Dans certains cas, cele peut prendre
bies et du streptocoque à la pénicilline par la sécrétion plusieurs semaines voire plusieurs mois [71].
d’une bêtalactamase, l’association d’une bêtalactamine La résolution des infiltrats environnants nécessite au
à un inhibiteur de la bêtalactamase (tels que amoxicil- moins 8 semaines. La durée du traitement pourra être pro-
line/acide clavulanique ou ampicilline/sulbactam) semble longée à plusieurs mois (supérieure à 2 mois) surtout lorsque
être plus efficace dans le traitement des abcès pulmonaires la lésion initiale est volumineuse (plus gros diamètre dépasse
communautaires. Cette antibiothérapie offre une meilleure 6 cm) [72].
couverture contre les Gram positifs, Gram négatifs, les
Enterobacteriaceae (K. pneumoniae, Enterobacter) et les Drainage
germes anaérobies.
Les associations ampicilline/sulbactam ou amoxcil-
Kinésithérapie respiratoire et drainage postural
line/acide clavulanique sont équivalentes à la clindamycine À un stade précoce, il existe une communication directe
associée ou non à une céphalosporine en termes de tolé- de l’arbre trachéobronchique avec la cavité de l’abcès
rance et d’efficacité [66]. permettant son drainage automatique. La kinésithérapie
respiratoire et le drainage postural permettent théori-
Métronidazole quement d’améliorer l’évacuation du contenu de l’abcès.
Une monothérapie par le métronidazole doit être évitée Comme les publications sont rares, cela reste discutable.
puisqu’elle ne couvre pas tous les Streptococcus tel que le Les patients avec un abcès volumineux doivent être pla-
Streptococcus milleri. cés en décubitus latéral sur le côté atteint. Ceci permet
de prévenir une évacuation soudaine du contenu de l’abcès
Terrains particuliers
causant une asphyxie et une dissémination de l’infection aux
Selon le patient autres segments pulmonaires.
Les patients allergiques à la pénicilline et aux céphalo-
sporines peuvent être traités par la combinaison de la Drainage transcutané
clindamycine avec aztreonam, ciprofloxacine ou levofloxa- Le drainage transcutané a été décrit pour la première fois
cine [68]. en 1938 dans le traitement des cavernes de la tuberculose
pulmonaire. Secondairement, il est devenu le traitement de
Selon le germe choix des abcès pulmonaires à pyogènes avec un taux de
Lorsque P. aeruginosa est incriminé, d’autres associations mortalité de 3 % et un taux de guérison de 85 % à 90 % [73].
sont utilisées telles que pipéracilline/tazobactam.
Technique
Certaines souches de Bacteroides et de Fusobacterium
sont productrices de beta-lactamase. Leurs résistances Le drainage transcutané de l’abcès pulmonaire se fait
conséquentes à la pénicilline expliquent la nécessité sous contrôle échographique ou scanographique après une
d’association avec l’acide clavulanique ou le métronidazole anesthésie locale. Ce dernier est préféré puisqu’il permet
[69]. en outre de renseigner sur la localisation, le contenu et
Le linezolide (initialement par voie IV 600 mg deux fois l’épaisseur de la paroi de l’abcès. Au cours du drainage,
par jour relayé par la voie orale) est préféré en cas d’abcès l’imagerie permet un meilleur contrôle de la position du
pulmonaire en rapport avec une infection à Staphylococcus drain et donc une minimisation des complications [74]. La
Méti R. Une alternative thérapeutique est représentée par technique de Seldinger est préférée étant donnée sa sécu-
la vancomycine (15 mg/kg ×2) IV avec une adaptation des rité.
doses en fonction du taux sanguin (15 à 20 ␮g/mL) et de la Une fois que le cathéter est en place et que le pus
fonction rénale. Une biodisponibilité basse de la daptomy- est totalement évacué, une irrigation de l’abcès par du
cine au niveau du tissu pulmonaire rend le traitement par sérum physiologique est pratiquée jusqu’à éclaircissement
daptomycine inadéquat dans le traitement des infections du liquide retiré. Le drain doit être par la suite connecté à
respiratoires basses [70]. une source d’aspiration.
Un lavage quotidien à travers le drain par une solu-
Voie d’administration tion saline (5—15 mL) est pratiqué à fin de faciliter le
Chez les patients ayant un tableau radio-clinique compatible drainage [75].
avec un abcès du poumon, une antibiothérapie empirique Le rôle des fibrinolytiques intracavitaire dans le rac-
par voie IV doit être initiée alors que les cultures sont en courcissement de la durée du drainage est controversé.
cours. Il est rarement indiqué par crainte d’avoir une fistule
Une fois que l’amélioration clinique est obtenue (apy- bronchique [76].
rexie, stabilisation radiologique) et que le patient est Après le drainage, la radiographie du thorax est suffisante
capable de prendre son traitement par voie entérale, le pour le suivi.
passage à la voie orale est possible.
Taille du drain
Durée du traitement Il existe une variation importante de la taille idéale du drain
Il n’existe pas de consensus sur la durée optimale de utilisé. Cependant, il a été bien démontré qu’une petite
l’antibiothérapie. En pratique, il s’agit habituellement d’au taille du drain (10—14F) permet de drainer efficacement le
moins 6 à 8 semaines. Certains prennent en considération pus [77]. L’utilisation d’un drain de gros calibre est inutile
716 W. Feki et al.

et pourra être traumatique pour le poumon. Son indication abcès pulmonaires. La réussite de cette technique avoisine
est justifiée lorsque le pus est très visqueux. 70 %.
Durée du drainage Technique
La durée optimale du drainage n’a pas été standardisée. Les Cette technique consiste à la mise en place endoscopique
justificatifs d’ablation du drain varient d’un rapport à un d’un cathéter en queue de cochon à travers les voies
autre [78]. Une amélioration des signes cliniques, une dimi- aériennes dans la cavité avec injection d’antibiotique [84].
nution de la taille des abcès et lorsque le drain ne ramène La bronchoscopie rigide offre une plus grande capacité
plus de secrétions purulentes pendant au moins 3 jours sont d’aspiration.
des critères raisonnables pour l’ablation du drain.
Précautions
Indications
Certaines précautions doivent être prises avant la réalisation
Le drainage percutané des abcès pulmonaires garde actuel-
de cette technique. Ainsi, il n’est pas conseillé d’utiliser
lement certaines indications. Il représente le traitement
la bronchoscopie pour drainer les abcès volumineux (> 6 à
de choix chez 11 % à 21 % des patients après échec du
8 cm de diamètre) par crainte d’asphyxie ou de syndrome
traitement médical. De même, le drainage peut être indi-
de détresse respiratoire aiguë.
qué en cas de contre-indication à la chirurgie [12] ou chez
les patients ayant des abcès volumineux (4—8 cm). Indications
Plus récemment, le drainage percutané scano-guidé a Le drainage endoscopique représente une alternative thé-
été utilisé de manière sécurisée et réussie après échec du rapeutique pour les patients ayant un niveau hydro-aérique
traitement antibiotique [79]. inchangé ou s’aggravant. De même, l’indication est posée
Avantages chez les patients qui restent septiques après 3 à 4 jours d’un
L’avantage de cette technique est l’amélioration rapide de traitement antibiotique [85].
l’état clinique et radiologique du patient et la prévention
des complications qui peuvent se produire avec un traite-
Traitement chirurgical
ment conservateur médical prolongé [75]. La chirurgie des abcès pulmonaires date au début du 20e
siècle. Les premiers cas étaient réalisés par M. Harlod
Complications Neuhof de l’hôpital de New York durant les années 1920 et
Les complications du drainage sont observées dans 16 % des 1930 [86].
cas [80]. Elles sont à type de :
• obstruction du drain nécessitant son changement, surtout Indications
avec les drains de petit calibre ; Auparavant, la résection chirurgicale était le traitement
• contamination de la cavité pleurale par du pus au moment de référence des abcès pulmonaires [86]. Actuellement, la
de l’introduction du drain, souvent responsable d’un majorité des patients répondent au traitement antibiotique
empyème et d’une fistule broncho-pleurale ; approprié et la chirurgie est réservée à uniquement 10 % à
• pneumothorax, hémothorax et hémoptysie qui sont secon- 15 % des patients. Les indications de la chirurgie incluent
daires à la taille du drain. Ces complications peuvent être généralement :
prévenues par l’utilisation d’un drain de petite taille, • échec du traitement médical ;
moins traumatique [81]. De même, l’éviction du paren- • abcès multiples ;
chyme normal lors de l’introduction du drain permet de • abcès volumineux (>8 cm) ;
prévenir le risque de pneumothorax et d’hémothorax. De • abcès à paroi épaisse ;
ce fait, les abcès pulmonaires entourés par du paren- • néoplasie sous-jacente ;
chyme sain ne devraient probablement pas être soumis • saignement massif ;
au drainage percutané [79]. Le choix final de la technique • empyème associé ;
dépend de l’expérience du radiologue. • abcès fongique ou dû à un germe résistant ;
• nécrose massive des tissus.
Mortalité
La mortalité attribuée à cette technique est variable selon
les séries.
Elle dépend du type de l’abcès (primaire, secondaire), Évolution
de la taille du drain utilisé, des comorbidités associées et
de la sévérité de l’infection. Favorable
Efficacité
Avec une bonne prise en charge et un état immunitaire satis-
L’efficacité est estimée à 83 % des cas [82]. Les facteurs
faisant, le foyer infectieux sera rapidement circonscrit et
prédictifs de l’échec sont les localisations multiples et la
l’évolution sera favorable. Le tissu nécrotique sera éliminé
paroi épaisse de l’abcès.
par la lyse et la phagocytose et le tissu de granulation fera
un tissu cicatriciel [3]. L’efficacité thérapeutique est jugée
Drainage endoscopique sur l’amélioration clinique avec une apyrexie qui débutera
Le drainage endoscopique de l’abcès pulmonaire repré- au bout de 3 à 4 jours [87]. La résolution radiographique
sente une alternative thérapeutique. Cette technique a été pourra être plus tardive. Une aggravation radiologique au
décrite pour la première fois par Metras et Chapin en 1954 cours de la première semaine de traitement est possible et
[83]. Elle n’est pas couramment utilisée pour le drainage des ne devra pas conduire à l’arrêter.
Abcès du poumon : diagnostic et prise en charge 717

Défavorable
• De nombreux diagnostics différentiels sont évoqués
L’évolution défavorable se manifeste par : (infections, néoplasies ou malformations bronchiq-
• une persistance de la fièvre qui peut être due à : ues).
◦ présence d’agents pathogènes inhabituels (mycobacté- • Un traitement antibiotique prolongé est recomma-
ries, champignons), ndé ; en cas d’échec, ou de complications, on
◦ présence d’un autre diagnostic (obstruction endo- discutera un drainage percutané, endoscopique ou
bronchique, vascularite) nécessitant d’autres examens la chirurgie.
complémentaires (fibroscopie, biopsie pulmonaire
transdermique ou chirurgicale) ;
• apparition des complications à type de :
◦ un empyème ou un pyopneumothorax qui peut se
développer dans un tiers des cas suite à une fistule Déclaration de liens d’intérêts
broncho-pleurale,
◦ des hémoptysies massives, Les auteurs déclarent ne pas avoir de liens d’intérêts.
◦ une asphyxie par inondation bronchique dans le cadre
de la vomique,
◦ une septicémie : en cas de retard de traitement ou Références
lorsque l’état immunitaire est défaillant,
◦ séquelles à type de pneumatocèle ou de bronchiecta- [1] Seo HCS, Shin KM, et al. Focal necrotizing pneumonia is a dis-
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