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Faculté de Médecine Oran

Centre Hospitalo-Universitaire Oran


Service ORL Dr. Berrada
Enseignement 1ere Année DEMS
Année Universitaire 2015-2016

LES LARYNGITES
AIGUES
Conférencier: Dr. FERGOUG
Présenté par: Dr. HAMERASS

Plan de la Question

I. Définition-Généralité
II. Rappels: Anatomique – Physiologique – Histologique
III. Epidémiologie
IV. Anatomo-pathologie
V. Clinique :
1. Laryngites aigues chez l’enfant
2. Laryngites aigues catarrhale chez l’adulte
VI. Etiologies
VII. Diagnostic
VIII. Evolution & Complications
IX. Traitement
X. Conclusion

I. DEFINITION - GENERALITES :
C’est une inflammation aigue de la muqueuse laryngée,
 Chez l’adulte, elle touche essentiellement la muqueuse des plans glottique et supra
glottique, donc la symptomatologie est dominée par la dysphonie, l’atteinte sous glottique
est rare.
 Chez l’enfant l’atteinte est plus fréquemment sous glottique, avec les risques de dyspnée et
de détresse respiratoire.
 L’étiologie infectieuse et notamment virale est la plus fréquente dont l’évolution est
favorable après quelque jours, l’épiglottite au contraire nécessite un traitement antibiotique
parentérale à forte dose et la surveillance attentive de la perméabilité des voies aérienne
supérieur.
 Devant toute symptomatologie laryngée on doit toujours garder à l’esprit une néoplasie
laryngée sous-jacente.

II. RAPPELS :
a/Anatomique:
Le larynx est un tube fibro-musculo-cartilagineux de 5 cm de haut 3.5 cm de largeur tapissé
d’une muqueuse en continuité avec la muqueuse pharyngée et trachéale , constitué de
plusieurs cartilages liés entre eux par des articulations et des liaisons musculo-
ligamentaires.
On distingue trois étages du larynx:
 L’étage glottique : espace entre les 2 Cordes Vocales.
 L’étage sus glottique : épiglotte, bande ventriculaire, ventricule de MORGANI, repli
aryépiglottique
 L’étage sous glottique : face inferieur des Cordes Vocales et face interne des cricoïdes

Particularité chez l’enfant :


• Comparé à celui de l’adulte, le larynx de l’enfant est plus étroit et siège en position plus haute.
Il va descendre progressivement pour acquérir sa position définitive vers l’âge de 13 ans.
• À l’étage sus-glottique, l’épiglotte du nourrisson est flaccide. Sa forme tubulaire peut gêner
l’exposition glottique lors des manœuvres d’intubation.
• L’étage glottique est plus ovalaire. La souplesse des cartilages laryngés et la laxité de leurs
articulations favorisent l’aspiration de la margelle au cours d’efforts inspiratoires majeurs liés à
une obstruction sous-jacente. Cette aspiration crée un collapsus de la margelle qui majore la
dyspnée.

• L’étage sous-glottique représente la zone la plus étroite du larynx du nourrisson et du jeune


l’enfant. L’anneau cricoïdien est un manchon rigide et inextensible La muqueuse qui le recouvre
est faite d’un tissu conjonctif très lâche, ce qui favorise le développement de l’œdème.

b/ Physiologie :
le larynx assure 3 fonctions essentielles :
• Phonation
• Respiratoire
• Déglutition (protection des voies respiratoires inferieurs)

c/ Histologie:
la muqueuse est de type respiratoire adhérente à la face post de l’épiglotte et des CV, alors qu’elle
se laisse facilement décoller au niveau de la face antérieur de l’épiglotte, des replis
aryépiglottique et de la sous glotte (topographie des œdèmes)

III. ÉPIDEMIOLOGIE :
A- FACTEURS FAVORISANTS :
 Le tabagisme
 Le malmenage vocal
 L’alcool
 Le reflux gastro-œsophagien
 L’environnement: la pollution atmosphérique, l’exposition aux vapeurs irritantes, les
temps humides et froids, les variations rapide de la température

B- BACTERIOLOGIE :
 Virale: Les rhinovirus
Les adénovirus
Les virus influenza et para influenza
 Bactéries : la laryngite bactérienne semble fréquemment compliquer une laryngite
virale. Il peut s’agir de streptocoque, staphylocoque, pneumocoque et haemophilus,
mais des germes comme proteus mirabilis, p. Vulgaris, pseudomonas aeruginosa ont
été isolés
 Mycosique : sous forme subaiguë, on retrouve des candidas et aspergillose

IV. ANATOMOPATHOLOGIE :
 Caractérisée par une congestion de la muqueuse et un œdème correspondant à une
dilatation des capillaires et à un infiltrat lymphoplasmocytaire. Chez l’adulte,
l’inflammation siège essentiellement au plan glottique, avec perte de l’aspect habituel
blanc nacré des plis vocaux.

 L’œdème se localise au niveau du chorion, particulièrement dans l’espace décollable


de Reinke situé entre le revêtement muqueux et le cône élastique
 La proportion des cellules inflammatoires est variable en fonction de l’étiologie. Il
existe une prédominance des neutrophiles et des macrophages en cas de laryngite
bactérienne, de lymphocytes en cas de laryngite virale, d’éosinophiles et de
basophiles en cas de laryngite allergique

V. CLINIQUE :
1. LARYNGITES AIGUES CHEZ L’ENFANT :
risque respiratoire en raison des particularités anatomiques du larynx à cet âge.
la surveillance doit être plus rigoureuse et l’hospitalisation décidée devant toute laryngite
dyspnéisante.
a) Laryngite aigue sous glottique :
• Aussi appelée laryngite grippale, c’est la plus fréquente.
• la dyspnée est brutale ou succéder à un épisode grippal, le début est volontiers nocturne,
c’est une bradypnée inspiratoire avec tirage et cornage, toux rauque ou aboyante, voix quasi
normale ou rauque.
• La T° est modérément élevée, l’état général est conservé.
• L’examen clinique doux, prudent et rapide apprécie l’importance de la dyspnée, l’état de
conscience, le comportement de l’enfant, la FC …
• La laryngoscopie indirecte est dangereuse à ce stade car elle peut aggraver la dyspnée ou
provoquer un spasme.
• L’évolution est le plus souvent favorable sous corticothérapie.
• Les formes graves nécessitent une hospitalisation, une intubation ou une
trachéotomie.

b) Épiglottite :
L’épiglottite se définit par une inflammation des structures supraglottiques, à savoir les replis
aryépiglotiques, les aryténoïdes la margelle laryngée et surtout l’épiglotte.
Le début des symptômes est moins brutal que chez l’enfant et la pathologie est précédée
habituellement par une infection des voies aériennes supérieures.
La phase d’état peut mettre plusieurs jours pour apparaître. Elle se manifeste par une fièvre,
une douleur pharyngée, une voix assourdie caractéristique, ainsi qu’une dysphagie sévère et une
odynophagie. La dyspnée inspiratoire n’est pas systématique mais représente l’élément de gravité
de cette affection. Elle impose une prise en charge urgente en milieu hospitalier.
Le diagnostic d’épiglottite se fait au mieux à l’aide de la fibroscopie nasopharyngée, même si
une laryngoscopie indirecte est nettement moins dangereuse que chez l’enfant. L’épiglotte
apparaît large, en « battant de cloche » et classiquement rouge cerise. Elle se positionne parfois
au-dessus du niveau de la base de la langue

c) La laryngo-trachéo-bronchite:
Infection bactérienne concomitante du larynx et trachéo-bronchique rare mais grave, à
prédominance hivernale.
Le tableau est d’installation rapide associant une détresse respiratoire et un syndrome infectieux,
la dyspnée est d’abord laryngée puis mixte avec altération de l’état général, fièvre, frissons,
pâleur.

d) La laryngite striduleuse:
c’est la plus bénigne, entre 3-6 ans, c’est une dyspnée laryngée de courte durée, paroxystique
chez un enfant porteur de rhinopharyngite, le début souvent nocturne, brutal avec quintes de toux
rauque, la crise cède spontanément en quelques minutes, l’enfant est asymptomatique entre les
crises.

2. LARYNGITE AIGUE CATARRHALE CHEZ L’ADULTE


La symptomatologie peut varier en fonction de l’étiologie. Néanmoins, la forme la plus
fréquente est la laryngite aiguë dite « catarrhale »:
Age: 20 - 40
SIGNE GENERAUX: EG conservé, parfois fébricule, asthénie, courbature.
SIGNES FONCTIONNELS : La symptomatologie est dominée par :
 La dysphonie: signe majeur (son voilé, rauque voir aphonie) le plus souvent un
enrouement.
Apparition brusque au cours d’une infection rhinopharyngée fréquemment associée au rhino
sinusite, accompagné d’un syndrome pseudo grippal, toux sèche, parfois picotement douloureux,
exacerbé par la déglutition
 La dyspnée laryngée: rare en raison de l’absence de tropisme sous glottique et de la
largeur du larynx

VI. ETIOLOGIE :
1- CAUSES INFECTIEUSES :
a) Virale:
Le plus souvent associées à une atteinte des voies aériennes supérieures
La contamination virale est favorisée par les temps froids et humides.
Signes clinique:
• syndrome pseudo-grippal
• la dysphonie
• Toux
• La muqueuse laryngée est globalement érythémateuse et œdémateuse, en particulier au-
dessus du plan glottique
• Agents responsables: rhinovirus, adénovirus, virus influenza et para-influenza.
N.B: La laryngotrachéite est une forme clinique peu commune chez l’adulte. Lorsqu’elle
survient, les signes cliniques associent une infection des voies aériennes supérieures, 1 à 3 jours
auparavant, à une toux sèche accompagnée de stridor inspiratoire. La fibroscopie bronchique
met en évidence une inflammation des voies respiratoires, l’atteinte de l’étage sous-glottique
nécessitant parfois une assistance ventilatoire.

 Cas particulier des laryngites herpétiques : elles surviennent plus volontiers chez
l’immunodéprimé. Cette infection doit être suspectée dès que le patient présente des
vésicules ou des ulcérations douloureuses de la muqueuse laryngée. Le diagnostic le plus
fiable se fait par isolement du virus après prélèvement au niveau des vésicules et détection
d’ADN viral par polymérase Chain Réaction

b) Laryngites bactériennes:
Complique fréquemment une laryngite d’origine virale.
Agents responsables:Haemophilus, streptocoques, staphylocoques, pneumocoques, Proteus
mirabilis, Pseudomonas aeruginosa, Moraxella catarrhalis…

c) Laryngites mycosiques:
Subaiguës en général:
Candidoses: en présence de facteurs favorisants (CTC, ATB à large spectre, diabète, alcool,
intubation prolongée, irritation laryngée, caustiques, immunodépression).
L’infection peut s’étendre aux régions anatomiques proches comme l’œsophage ou le reste des
voies aériennes supérieures. Le patient présente une dysphonie, mais aussi une dysphagie, voire
une dyspnée. Le risque de septicémie, d’obstruction laryngée ou de saignement menace le
pronostic vital. Le germe habituellement impliqué est Candida albicans mais d’autres espèces
peuvent également être isolées.
Aspergillose: le degré d’invasion dépend de l’immunocompétence du sujet. Les prélèvements
à la recherche d’Aspergillus donnent le diagnostic
2- CAUSES ALLERGIQUES:
-Dilatation aigue des vaisseaux avec augmentation de la perméabilité capillaire par l’histamine->
inflammation d’importance variable…Obstruction des VAS***(œdème de Quincke)
-Médicaments: IEC, AINS, aspirine, pénicilline.
-Aliments, allergènes aéroportés, piqûres insectes.

3- CAUSES TRAUMATIQUES:
 laryngite par malmenage vocal: liée à une dysfonction ou à un surmenage vocal. La
dysphonie, voir l’aphonie surviennent préférentiellement chez les sujets amenés à
beaucoup utiliser leur voix. Le coup de fouet laryngé est l’exemple typique de laryngite
traumatique, il survient après un effort violent (cri, toux, éternuement), l’atteinte
inflammatoire est unilatérale, l’examen clinique révèle parfois une hémorragie sous
muqueuse
 l’hématome des CV par traumatisme laryngé interne : typiquement après intubation
 hématome des CV par traumatisme laryngé externe : Strangulation ou par choc direct.
 Laryngite caustique et thermique : Donnent une vasodilatation diffuse, œdème laryngé
obstructif, dysphonie et dyspnée
• Vapeur caustique
• Fumée d’incendie
• Produits volatiles : Acides et Bases

4. Laryngites auto-immunes:
Œdème laryngé associe aux Arthrites crico-thyroidiennes et crico-arytenoidiennes.
 Polyarthrite Rhumatoïde,
 Lupus Erythémateux Disséminé,
 poly-chondrite atrophiante chronique.

VII- DIAGNOSTIC:
A- DIAGNOSTIC POSITIF:
le diagnostic est généralement aisé basé essentiellement sur l’anamnèse, les signes
fonctionnels, les signes cliniques et la LID, les examens complémentaires sont inutiles
sauf dans certains cas particuliers (laryngite diphtérique…)

B- DIAGNOSTIC DIFFERENTIEL:
 DYSPHONIE ORGANIQUE:
• Traumatique: CE laryngé ou trachéal ou manipulation
• Tumorale: TB (surtout la papullomatose laryngée juvénile chez l’enfant) ou TM
• Paralysie récurrentielle
• Malformations laryngées
 DYSPHONIE ET DYSPNEE:
• Cardiaque ou pulmonaire
• Obstruction trachéale
• Dyspnée supra laryngé
 DYSPHONIE PSYCHOGENE

VIII- ÉVOLUTION & COMPLICATIONS:


vers la guérison sans séquelles en 8 à 15 jours.
-les récidives en cas de persistance des facteurs favorisants.
-surveillance :nécessaire, tout particulièrement chez l’éthylo-tabagique.

A- PERICHONDRITE: favorisée par une irradiation, une immunodépression, une intubation


prolongée.
La dysphagie est intense, avec douleur à la palpation des cartilages thyroïde et cricoïde.
La peau en regard est inflammatoire avec sensation douloureuse intense à la mobilisation de
larynx
le DGC est clinique, la TDM est utile pour évaluer l’extension de l’atteinte
B- L’ABCES LARYNGE: c’est une complication des deux précédents mêmes symptômes
que l’épiglottite, on retrouve une fluctuation de la partie antérieure du cou qui montre une
nécrose du cartilage thyroïde. En cas de suspicion il faut faire une trachéotomie en urgence.

IX- TRAITEMENT :
A- BUT:
rétablir la liberté des VAS et traiter l’infection.
B- MOYENS:
 AINS, AIS, les ATB à larges spectre - Oxygénothérapie - Humidification et
réchauffement de l’air ambiant par aérosol
 Intubation nasotrachéales en réanimation pédiatrique-Trachéotomie en cas
d’impossibilité d’intubation.

C- CONDUITE DU TRAITEMENT :
 TRAITEMENT SYMPTOMATIQUE:
• Repos vocal
• Anti-inflammatoire
• Aérosolthérapie : traitement local le plus efficace
• Antitussif si nécessaire
 TRAITEMENT ETIOLOGIQUE:
• Antibiothérapie à large spectre
• En cas de mycose : Amphétrycine B
• En cas d’allergie : corticothérapie par voie générale + Antihistaminique; Si forme
grave : Adrénaline en IV ou en IM
• En cas de RGO: Anti-sécrétoire
 TRAITEMENT DES COMPLICATIONS:
• Antibiothérapie à large spectre par voie IV adaptée
• Corticoïdes en cas d’œdème
• Aérosol : Adrénaline, déxaméthasone
• Antalgique + Réhydratation
• arrêt de l’alimentation per-os jusqu’à amélioration clinique
• Intubation ou trachéotomie ne sont pas systématique (selon la sévérité de l’infection
et de la perméabilité des VAS)
 CHEZ L’ENFANT :
 La laryngite aigue sous glottique: CTC per-os, si échec hospitalisation avec CTC
parentérale, humidification de l’air et ATB;
 Épiglottite: enfant transféré en urgence en réanimation, intubation, ATB (céfotaxime),
pendant 10-15 jr, extubation au bloc opératoire 48-72H après avec control laryngoscopique.
 La laryngo-trachéo-bronchite: ATB adapté au prélèvement bronchique, si détresse on
intube.
 La laryngite striduleuse: le traitement est symptomatique

NE JAMAIS UTILISER D'ABAISSE LANGUE EN CAS DE LARYNGITE  RISQUE


DE SPASME MORTEL !!!

X- CONCLUSION:
La laryngite aigue est une pathologie bénigne, souvent d’évolution favorable mais des
complications graves peuvent survenir nécessitant une PEC spécialisée, urgente surtout chez
l’enfant.

**Références** :
 M. François. Conduite à tenir devant une dyspnée aiguë obstructive de l'enfant. EMC -
Médecine d'urgence 2014 ; 9(3) :1-11 [Article 25-140-C-10].
 A. Farinetti, R. Nicollas, J.M. Triglia. Diagnostic des dyspnées laryngées de l'enfant. EMC -
Oto-rhino-laryngologie 2015;10(3):1-8 [Article 20-645-E-10].
 G. Buiret, S. Tringali, P. Céruse. Laryngites aiguës de l'adulte. EMC - Oto-rhino-
laryngologie 2009:1-7 [Article 20-645-A-10].
 P Schultz, R Dadashi, C Debry. Laryngites aiguës de l'adulte. EMC - Oto-rhino-
laryngologie 2001:1-4 [Article 20-645-A-10].

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