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Papillomatose Laryngée

Plan de la question :
I- Définition et généralités :
II- Rappels :Anatomique/Histologique/Physiologique
III- Etiopathogénie :Epidémiologie/Pathogénie
IV- Anatomopathologie :Siège des lésions/Macroscopie/Microscopie
V- Etude clinique :TDD : Papillomatose laryngée de l’enfant
- Circonstances de découverte/Examen clinique/Examens complémentaires
VI- Formes cliniques :Selon l’âge/Selon le siège/Selon l’évolutivité
VII- Evolution et complications :
VIII- Diagnostic :Positif/Différentiel
IX- Traitement et pronostic :But/Moyens/Indications
X- Conclusion
XI- Bibliographie
I- DÉFINITION ET GÉNÉRALITÉS :
La Papillomatose laryngée est une prolifération tumorale bénigne de l’épithélium
laryngé.
C’est une affection récidivante malgré les traitements itératifs ce qui pose un problème
étiopathogénique et thérapeutique.
La responsabilité de HPV a été démontrée par plusieurs recherches et des traitements à
visée curatrices ont été proposés ces dix dernières années.
Bien qu’histologiquement bénigne, cette maladie engendre un risque vital du fait de son
potentiel obstructif et dégénératif.
II- RAPPELS :
-Anatomique :Le larynx est un conduit aérien situé au dessus de la trachée qui au
contraire de celle-ci, est doué de capacité d’ouverture et de fermeture de sa lumière.
Le larynx est composé d’une charpente cartilagineuse et d’un tube musculo-
membraneux, ou endolarynx.
Celui-ci étant subdivisé en trois étages ; Sus-glottique (margelle laryngée, bandes
ventriculaires, épiglotte, ventricules), glottique (Aryténoïdes et cordes vocales) et sous-
glottique (cône élastique) par rapports au plan des cordes vocales.
-Histologique :La muqueuse laryngée est une muqueuse de type respiratoire avec un
épithélium cylindrique cilié à cellules mucipares et un chorion conjonctivo-vasculaire.
-Physiologique :Le larynx a une triple action : Respiratoire, phonatoire et digestive.
III- Etiopathogénie :
-Epidémiologie :La papillomatose laryngée est une affection rare mais c’est la tumeur
bénigne la plus fréquente du larynx.
Son incidence est estimée à 4,3 pour 100000 aux USA et à 3,6 pour 100000 au
Danemark (Il n’y pas de chiffres pour l’Algérie)
C’est une affection qui est présente partout dans le monde sans prédominance ethnique.
Le sex-ratio est de 1 chez l’enfant, mais chez l’adulte il y une prédominance masculine.
La distribution selon l’âge est bimodale avec un pic entre 2-5 ans et un autre entre 20 et
30 ans.
-Pathogénie :La pathogénie exact de l’affection demeure à l’heure actuelle male
élucidée, cependant deux étiologies se trouvent imposées ;
 L’étiologie virale :Les arguments en faveur sont : les modifications sanguines à
type de lymphocytose et d’éosinophilie, la présence d’anticorps anti-papillomavirus et
l’analogie de structure histologique des papillomes avec d’autres lésions du même
type, comme les verrues cutanées et les condylomes vénériens, dont la nature virale
est prouvée.
Il s’agit de virus de la famille des papovavirus A ou hPV 6 ou 11.
Cependant, l’existence de l’ADN viral à distance des lésions macroscopiquement
visibles et ce, même pendant les phases de rémission de la maladie suggère que hPV
n’est pas suffisant pour qu’une papillomatose se manifeste. Une co-infection avec un
autre virus, en particulier le virus herpès, est parfois retrouvée chez l’adulte, mais pas
chez l’enfant.
La contamination chez l’enfant se fait à partir des condylomes cervicaux et vaginaux
pendant la grossesse ou au moment de l’accouchement. Le mode de contamination des
adultes demeure inconnu.
 L’étiologie hormonale :Cette étiologie a été évoquée après la constatation de
l’efficacité dans certaines formes de papillomatose laryngée d’un traitement par
l’Indol-3-carbinol (qui intervient dans le métabolisme des œstrogènes)
 Autres facteurs : Les traumatismes de la muqueuse est un facteur déclenchant
possible. En effet la trachéotomie est un facteur d’aggravation de la papillomatose en
modifiant le jeu du tapis mucociliaire et les caractéristiques de l’air inspiré ce qui
contribue à la formation de plaques de métaplasie sur lesquelles les papillomes
peuvent venir se greffer.
IV- ANATOMOPATHOLOGIE :
-Siège des lésions :Le siège électif est l’endolarynx.Les lésions débutent
habituellement sur le plancher des ventricules et les cordes vocales. L’extension
peut se faire à tout le larynx, l’hypopharynx, le nasopharynx et l’arbre trachéo-
bronchique. Parfois même aux lèvres, au vestibule nasal, la face postérieure du
voile du palais et les piliers des amygdales.Ce sont tous des zones de jonction
histologique entre un épithélium malpighien et un épithélium cilié.
-Macroscopie :Les papillomes ont l’aspect de touffes d’éléments de 0,5 mm, grisâtres,
blanchâtres ou rosés.
Les lésions peuvent être pédiculées ou sessiles.Les lésions évoluées peuvent être le
siège de fibrose et de cicatrices laryngées.
-Microscopie :La prolifération de l’épithélium est faite d’une hyperplasie
malpighienne bien différenciée avec des axes conjonctivo-vasculaires pouvant être
revêtu d’une couche cornée.
Les cellules sont régulières, les mitoses rares et dispersées, la basale est toujours
intacte, le chorion non envahi.
Dans les lésions très évoluées, Il y a parfois des atypies cellulaires, ce qui rend difficile
le diagnostic différentiel avec un épithélioma.
On peut trouver de l’ADN viral de papillomavirus type 6 et 11 mais
exceptionnellement des particules virales.
L’immuno-histochimie peut apporter une aide au diagnostic en mettant en évidence la
protéine P53 qui aussi présente dans les autres lésions épithéliales laryngées (nodules
vocaux et polypes laryngés)
V- ETUDE CLINIQUE (TDD : PAPILLOMATOSE LARYNGÉE DE L’ENFANT)
-Circonstances de découverte :Les signes d’appel peuvent être une toux sèche ou
un stridor chez le nourrisson. La dysphonie passe le plus souvent inaperçue chez le
jeune enfant, d’où le retard diagnostic. Quant elle est signalée, elle dépasse les trois
semaines (dysphonie chronique) et la voix devient feutrée ou éraillée.
La découverte peut être au stade de dyspnée laryngée. C’est une dyspnée progressive
mais elle peut décompenser très rapidement au cours d’une rhinopharyngite.
-Examen clinique :
 La laryngoscopie indirecte est le plus souvent difficile chez l’enfant et irréalisable
chez le nourrisson. Elle est remplacée par la fibroscopie sous anesthésie locale.
 Le diagnostic est évident au simple aspect du larynx (voir aspect macroscopique)
Il faut rechercher soigneusement d’éventuelles extensions sus-glottiques ou sous-
glottiques et hypopharyngée, en particulier les zones de jonctions épithéliales (soient la
margelle laryngée, la partie moyenne de la face laryngée de l’épiglotte, la face inférieur
des cordes vocales, les ventricules)
N.B : Ceci implique que l’examen doit être particulièrement attentif dans ces zones et
que tout traumatisme de ces jonctions peut se traduire par une métaplasie et donc une
apparition iatrogène de papillomes.
*L’examen ORL complet recherche d’autres localisations : Base de la langue, face
postérieure du voile, piliers de l’amygdale palatine, les lèvres et le vestibule nasal ou
nasopharynx.
*L’examen pleuro-pulmonaire : recherche une extension trachéo-bronchique dans
les formes multifocales.
-Examens complémentaires :
 La laryngoscopie Directe en Suspension : sous anesthésie générale dans un but
diagnostique et thérapeutique et afin de faire un bilan d’extension plus précis.
 La radiographie thoracique peut objectiver des opacités arrondies, denses
homogènes disséminées dans les deux champs pulmonaires en rapport avec une
localisation pulmonaire.
VI- FORMES CLINIQUES :
-Selon l’âge :
 La papillomatose laryngée de l’enfant : TDD
 La papillomatose laryngée de l’adulte : Elle prédomine chez l’homme, le premier
signe d’appel est une dysphonie chronique évidente, le diagnostic peut être suspecté
lors d’une simple laryngoscopie indirect au miroir.
-Selon le siège :
 Partie antérieure des fosses nasales et plancher, elle donne une obstruction nasale
progressive et peut même donner des épistaxis.
 Localisation pharyngée : Piliers amygdaliens, la face postérieure du voile, la base de
la langue et l’hypopharynx, la lésion reste longtemps asymptomatique, parfois ces
localisations peuvent être associées à des expectorations hémorragiques.
 Œsophage : Cette localisation est exceptionnelle.
 Trachéo-bronchique : Conséquence d’une extension sous-glottique favorisée par une
trachéotomie. C’est une forme redoutable, agressive et très récidivante. Elle cause
une détresse respiratoire.
-Selon l’évolutivité :
 Formes simples : la guérison se fait après quelques séances d’exérèse ou
spontanément, les récidives sont espacées et peu florides et peu extensives.
 Formes agressives : caractérisées par des récidives très rapprochées, une extension
importante et rapide nécessitant parfois le recours forcé à la trachéotomie en
urgence. Le risque de dégénérescence maligne est plus important.
Nb :opere 3X par an
Extention s glotique
tracheotomie
VII- Evolution et complications :
L’évolution de la papillomatose laryngée est aussi imprévisible qu’on parle d’une
évolution propre de chaque papillome. Cependant la récidive est la règle.
-Régression et rémission :La régression soit spontanée soit après quelques séances
d’exérèse des papillomes est possible mais la rémission ne correspond en fait qu’à des
récidives très espacées et à une évolution très lente.
-Récidives et extension :Les récidives peuvent être espacées ne nécessitant qu’une
ou deux laryngoscopie par an comme elles peuvent être très rapprochées donnant des
extensions rapides aux trois étages laryngés et à l’arbre trachéo-bronchique.
L’extension peut se faire soit par contigüité soit par ensemencement à distance des
papillomes ou des particules virales.
-Complications :
 Obstructives : pouvant aller jusqu’à l’asphyxie aigue.
 Infectieuses : par surinfection des localisations pulmonaires pouvant aller jusqu’à la
septicémie ou l’abcès cérébral.
 Dégénérative : elle se fait par les épithéliomas et se voit surtout dans les formes
agressives chez l’adulte. Le diagnostic suspecté devant une extension rapide ou la
présence de saignement et l’étude histologique doit être répétée au moindre doute.
 Iatrogènes : Sténoses des voies aériennes supérieures, synéchies en cas de gestes
répétés, dissémination iatrogène en cas d’agression muqueuse.
VIII- Diagnostic :
-Positif :Le diagnostic est suspecté devant l’aspect macroscopique et confirmé par
l’étude histologique d’un prélèvement biopsique.
-Différentiel :Il se fait avec :
 Les nodules vocaux et les polypes laryngés : ils sont le plus souvent dus à un
malmenage vocal et sont éliminés devant l’aspect macroscopique (forme et nombre)
et histologique.
 Papillome « kératosique » ou corné : chez l’adulte de plus de 50 ans, l’aspect
macroscopique est celui d’une formation blanche irrégulière et tourmentée en surface
prenant toute la corde vocale. Microscopiquement on trouve une kératinisation des
couches superficielle sur une hyperplasie conjonctive. Le hPV 11 serait la cause. La
transformation cancéreuse est pratiquement constante.
 Les lésions laryngées spécifiques de forme papillaire : tuberculeuse ou syphilitique.
 Laryngite aigue sous glottique : mise en doute devant la présence d’une dysphonie
ancienne et l’absence d’amélioration de la dyspnée dans les délais normaux (moins
de 48 heures)
IX- TRAITEMENT :
-But :
 Désobstruction des voies aériennes supérieures.
 Réduire ou espacer les récidives.
 Limiter l’extension.
 Prévenir la transformation maligne.
-Moyens :
 Traitements par voie locale :
1- Microchirurgie laryngée:
Exérèse des papillomes à la pince lors d’une LDS sous anesthésie générale réalisant un
épluchage. C’est une méthode simple qui permet de faire la biopsie et de désobstruer
les voies respiratoires cependant elle est accusée de favoriser les récidives en plus elle
est hémorragique ne permettant pas la bonne appréciation des lésions.
Le microdébrideur a récemment été proposé pour le traitement des papillomatoses
laryngées.
L’association du laser CO2 avec des techniques de microdissections classiques sont tout
à fait possible et même recommandée par certains auteurs dans cette indication ; Le
laser peut permettre de coaguler les zones de sections de lésions retirées grâce à la
microchirurgie.
Elle expose au risque de lésion des éléments nobles du larynx et aux cicatrices
fibreuses.
2- Laser :
Le laser transforme la lumière en énergie thermique qui permet de traiter les tissus par
vaporisation de l’eau qu’ils contiennent.
Moins hémorragique et moins œdémateux.
Le laser KTP (Potassium-Titanyl-Phosphate) a été proposé. Il s’utilise sur fibroscope ce
qui présente l’avantage de pouvoir atteindre des zones difficiles à exposer.
Le laser Argon a aussi été proposé avec succès. Il est utilisable sur fibroscope souple
et permet un meilleur contrôle du saignement. Son action exclusivement superficielle le
rend moins nocif pour les tissus sains avoisinants. L’aspiration concomitante est
fortement conseillée pour ce type de laser car il semble que le nombre de cellules dans
le vaporisat soit plus important.
Les lasers à colorants (Pump dye laser) : Ces lasers ont la propriété d’émettre un
faisceau de longueur d’onde précise et réglable dans une certaine plage après
stimulation par un autre laser (généralement l’Argon). Ils nécessitent donc une source
argon et une pompe à colorant (exemple : Rhodamine 6G)
N.B : L’utilisation du laser nécessite des précautions anesthésiques particulières. Tout tir
laser sur la sonde expose à un risque de perforation qui conduit à une fuite des gaz
anesthésiques et un risque explosif. Les sondes doivent être protégées par un
revêtement métallique.
3- Photothérapie sensibilisée
Le principe est basé sur la fixation plus importante d’un produit photosensibilisant, la
DHE dihematoporphyrinether, par les cellules à développement rapide. Plusieurs
modèles animaux ont montré l’importante fixation de cette molécule dans les cellules
cancéreuses ou les cellules infectées notamment l’HPV par exemple. Une injection
préalable du produit est nécessaire et celui-ci diffuse dans toutes les cellules de
l’organisme. Il persiste plus longtemps dans les cellules pathologiques que dans les
tissus sains ou il disparaît après une période de « wash out » de 2 heures environ.
L’application d’un laser d’une longueur d’onde précise de 630nm se traduit alors par une
cascade de réactions d’oxydation faisant intervenir le produit photosensibilisant et
aboutissant à la mort cellulaire. Plusieurs lasers ont été testés dans cette application et
notamment le laser à vapeur d’or et le laser à colorant-Argon, ce dernier restant le plus
utilisé.
Le protocole est basé sur une injection de DHE de 3,35 à 4,25 mg/Kg, 24h à 72h avant
une photoactivation par un laser Argon à 630 nm de longueur d’onde et à une puissance
correspondante de 50 à 80 J/cm2.
Les inconvénients du PDT reposent sur son principe même. La durée de wash-out du
produit des cellules saines, s’il a nettement été amélioré, reste encore de deux semaines
pendant lesquelles toute exposition importante à la lumière n’est pas sans
conséquences. Ainsi les effets indésirables connus sont la photosensibilisation cutanée,
l’œdème local, les nausées et la toxicité hépatique. Par ailleurs les réactions
d’oxydations excessives dans les tissus sains peuvent être responsable de cancers,
glaucomes, et nombreuses autres pathologies.
4- Electrocoagulation par des électrodes bipolaires ou monopolaires
aspirantes : moins efficaces.
5- Cryothérapie à l’azote liquide
6- Badigeonnage d’antimitotique : bléomycine, méthotréxate
 Traitement par voie générale :
1- Indol-3-Carbinol :
L’I3C est un métabolite naturellement présent dans certains légumes comme les choux-
fleurs et les choux de Bruxelles. Cette molécule induit la C2- hydroxylation du
métabolisme des œstrogènes.
Les œstrogènes ont un rôle dans les liaisons cellulaires, surtout au sein des papillomes.
Il a été montré que l’Indole-3-Carbinol (I3C) diminue le nombre de papillomes dans un
modèle animal. Cependant, à ces résultats très prometteurs s’opposent des
interrogations récentes sur ces produits. Depuis mai 2000 il semble qu’un bon nombre
de cas de déminéralisations osseuses chez les patients traités par I3C ou par DIM aient
été rapportés par la RRPF (Respiratory recurrent papillomatosis fundation). Un dépistage
a déjà été conseillé à tous les enfants ayant bénéficié de ce traitement. Par ailleurs l’I3C
entraîne la formation d’indolocarbazole dont le rôle pro-carcinogène est actuellement
suspecté.
Par conséquent, le DIM et l’I3C semblent avoir une action très positive sur les
papillomatoses respiratoires, en l’absence d’effets indésirables à cours terme et avec un
coût limité mais sont suspect de graves effets indésirables à long terme. Ils nécessitent
un recul plus important.
2- Interféron alpha :
L’α Interféron est utilisé dans cette indication depuis environ 20 ans. Il s’agit d’une
molécule naturellement produite par l’organisme. Elle possède trois modes d’action ;
Son rôle antiprolifératif repose sur sa capacité à allonger le cycle de multiplication
cellulaire et ainsi retarder la croissance de certaines cellules cibles. Elle diminue aussi
l’expression de certains oncogènes.
Son action immuno-modulatrice est basée sur l’augmentation de l’expression des
antigènes de surface des cellules se traduisant par l’augmentation de la reconnaissance
puis de la destruction des cellules infectées par les lymphocytes T-cytotoxiques. Elle
augmente également la réponse humorale en stimulant la production d’anticorps.
L’interféron possède enfin une action antivirale propre en diminuant la transcription des
protéines virale en interférant avec le système de transcription de la cellule hôte et
favorise la dégradation de l’ARN viral.
Parmi les différents types d’interférons, l’alpha-interféron leucocytaire est
actuellement le plus utilisé. Les protocoles les plus répandus durent 6 mois à raison de 5
millions d’unités par m_ de surface corporelle par voie sous-cutanée, tous les jours
pendant 28 jours, puis 3 jours par semaines pendant 5 mois puis enfin 2 MU/m2 tous
les jours, ou encore en 3 injections intramusculaires par semaine d’une dose de 150 000
U/Kg de poids. Certains auteurs préconisent une décroissance progressive.
Les effets indésirables de l’interféron sont essentiellement des céphalées, nausées,
fièvre transitoire après chaque injection, asthénie. Des cas de neutropénie, d’élévation
des enzymes hépatiques, de neurotoxicité ont été rapportés. La toxicité est dose-
dépendante.
Les problèmes majeurs de l’interféron sont les résistances par anticorps neutralisant, et
le risque d’effet rebond à l’arrêt du traitement.
3- Immunothérapie par des vaccins :
Les recherches actuelles sur des vaccins exogènes dirigés contre les virus HPV sont bien
en amont de toute application clinique. Deux approches sont envisagées. La première
est l’élaboration de vaccins prophylactiques capables d’induire une réponse anticorps au
niveau de la muqueuse. La seconde serait une immunothérapie dans la quelle les
vaccins auraient un rôle curatif. La limite actuelle réside dans la difficulté de transposer
les modèles animaux à l’homme.
A côté de ces vaccins exogènes, des autovaccins ont été proposés.
Le principe est basé sur la réactivation du système immunitaire par antigénothérapie à
la fois tissulaire et virale. Les antigènes proviennent d’un extrait protéique obtenu à
forte pression (10 T/cm_) et à basse température (-80°C) à partir des fragments de
papillomes prélevés sous laryngoscopie directe. Le nombre d’ampoules de vaccin est
proportionnel au nombre de papillomes prélevés. L’administration se fait par voie sous-
cutanée deux fois par semaines par divers points d’injection.
4- Antiviraux :
Acyclovir :L’acyclovir est une molécule active contre le virus Herpes Simplex et agit par
l’intermédiaire d’une thymidine kinase codée par ce virus. Bien que l’HPV ne code pas
cette enzyme, l’acyclovir a été proposé dans le traitement des papillomatoses avec des
résultats positifs.
Ribavirin :Cette molécule fut initialement proposée dans le traitement du HIV sans
succès puis utilisée dans le traitement des infections à VRS chez l’enfant. La toxicité
hématologique de cette molécule est connue. Depuis 1993, plusieurs études ont testé
l’effet de cette molécule dans les papillomatoses.
Cidofovir (HPMPC) :Le cidofovir ou (S)-1-(3-hydroxy-2-phosphonylmethoxypropyl)
cytosine, est unantiviral qui présente l’AMM depuis 1997 pour le traitement des rétinites
pigmentaires à CMV chez les patients infectés par le HIV. Son efficacité repose sur une
induction de l’apoptose des cellules infectées par l’HPV temps- et concentration-
dépendante.Le Cidofovir est proposé par certains auteurs par voie intraveineuse mais
c’est surtout par injection intralésionnelle que ce traitement a récemment été utilisé.
Une endoscopie est nécessaire mais aucun traitement laser n’est associé. Les protocoles
utilisés sont des injections de 0,2 à 0,5ml dans chaque lésion de cidofovir à 2,5 ou 4,17
mg/ml, à 2 ou 4 semaines d’intervalle.
Isorétinoides :L’acide 13-cis-rétinoïque est un analogue de la vitamine A qui affecte la
croissance cellulaire. Cette molécule possède des effets indésirables bien supérieurs à
des molécules comme l’Interféron par exemple.
Peu d’argument plaident actuellement en faveur de l’acide rétinoïque dans le traitement
de la papillomatose laryngée.
Injection intralésionnel du vaccin ourlien :Récemment Pashley N. a mené une
étude sur l’injection intralésionnelle du vaccin contre le virus ourlien chez 49 patients
(communication personnelle avec autorisation de l’auteur d’utiliser ces résultats qui font
actuellement l’objet d’une publication soumise aux Archives of Otolaryngol Head and
Neck Surgery). (Nigel Pashley, MD1601 East 19th Ave. 5500 Denver, CO 80218. Phone:
(303) 839-7900, Fax: (303) 839-7930. Email : npashley@aol.com).
A 2 ans de recul, 77,5% des patients étaient en rémission et aucun effet indésirable n’a
été observé. L’auteur précise aussi le moindre coût par rapport à l’utilisation du
Cidofovir.
Le recul s’étend de 2 à 19 ans.
Ces résultats devront cependant être confrontés à la population testée et au nombre
d’injections nécessaires. D’autres études devront montrer la reproductibilité de ces très
bons résultats.
Antimétabolites :Les antimétabolites comme la bléomycine, le méthotréxate ont été
proposés et même utilisés récemment mais leur efficacité dans les papillomatoses reste
plus controversée que leurs effets secondaires majeurs.
Autres traitements :Il semble que le traitement du reflux gastro-oesophagien se
traduit par une diminution de l’agressivité de la papillomatose.
-Indications :
 Formes légères :
Dans ces formes, il faut privilégier un traitement aussi peu agressif que possible pour
limiter les effets secondaires des traitements et leurs séquelles.
Certains auteurs conseillent, lors de cette première endoscopie, de pratiquer l’exérèse
ou la vaporisation de tous les papillomes visibles dans l’espoir d’éradiquer tous les tissus
susceptibles d’héberger le virus. D’autres préfèrent une attitude plus mesurée, arguant
du fait que dès ce stade, le virus est probablement présent dans les tissus sains
avoisinants.
Pratiquement tous les auteurs sont d’accord pour éviter un traitement trop agressif lors
des endoscopies suivantes : le patient doit être régulièrement examiné, une endoscopie
n’est proposée qu’en cas de touffes volumineuses ou obstructives, sans cependant
attendre le stade de la dyspnée laryngée.
Le mode de réduction de volume des papillomes est fonction des centres. L’exérèse à la
pince ne doit pas être condamnée : outre que c’est le seul traitement possible dans les
régions du globe qui ne disposent pas de laser (cette maladie est ubiquitaire), elle
permet de garder un fragment de tissu tumoral pour examen anatomopathologique et
virologique, et enfin elle permet de désobstruer un larynx beaucoup plus rapidement
que la vaporisation au laser. Le laser est utilisé pour parfaire la réduction.
Le tir laser étant très précis, il permet de vaporiser les lésions sans toucher les tissus
apparemment sains avoisinants, ce qui limite les séquelles. Il faut faire particulièrement
attention au niveau de la commissure antérieure et, pour éviter la formation d’une
synéchie, il ne faut travailler à ce niveau que d’un seul côté par séance.
 Formes graves
Le rythme des endoscopies peut être très rapproché : certains patients doivent être
opérés tous les 15 jours. Il est parfois nécessaire de recourir à une trachéotomie. Mais
dès que l’étendue des lésions le permet, il faut décanuler le patient car la trachéotomie
favorise l’extension des lésions.
C’est dans les formes graves nécessitant une ou plusieurs séances de laryngoscopie
directe par mois que des traitements adjuvants sont proposés : interféron alpha ou
indol-3-carbinol.
Ainsi que la réalisation de prélèvements pour des autovaccins.
Les formes très évoluées avec extension pulmonaire nécessitent parfois le recours à une
chimiothérapie antimitotique.
X- CONCLUSION :
La papillomatose laryngée est une lésion bénigne mais qui peut être la source de
complications très graves ; entre autres l’asphyxie et la dégénérescence maligne.
L’évolution propres pour chaque papillome rend difficile la comparaison entre les
différents moyens thérapeutique d’où la nécessité d’étude de série de grand nombre
avec un bon recul.
Les recherches se penchent actuellement sur les traitements curateurs ; antiviraux et
vaccins.

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