Vous êtes sur la page 1sur 11

Otites séro-muqueuses

I- Définition :
C’est la présence dans les cavités de l’oreille moyenne d’unépanchement durant plus de 3
semaines en l’absence de signes inflammatoires aigus derrière une membrane tympanique
normale.

L’otite séromuqueuse est une otite chronique caractérisée par l’inflammation et la métaplasie
de l’épithélium d’oreille moyenne, et accompagnée par une collection liquidienne dans les
cavités d’oreille moyenne sans signes ni symptômes d’infection aiguë

II- Rappel anatomo-physiologique :

1. Anatomique :

La trompe auditive (TA) est un conduit ostéo- cartilagineux, faisant communiquer l’oreille
moyenne avec le cavum
- Chez l’adulte : trajetoblique
- Chez le NRS : positionhorizontale par rapport au cavum
Orifice post s’ouvre dans la paroi ant de la caisse
Orifice ant s’ouvre dans la paroi latérale du cavum

2. Physiologique

La TA possède une triple fonction :


- Equipression
- Drainage
- Protection de l’oreille moyenne (OM)

3. Histopathologie de l’épithélium de l’oreille moyenne :

L’oreille moyenne est tapissée par un épithélium de type pseudo respiratoire


III- Ethiopathogénie :

A- Epidemiologie :

 Age : affection de l’enfant dans l’immense majorité des cas( âge moyen : 4ans)

1
 Saison : période automno-hivernale avec d’avantage de guérison en période éstivale.
 Bilatéralité : 80 % chez l’enfant, et 1/3 des adultes
 Sexe : aucune différence.
 Race : il semblerait que les sujets de race blanche soient plus exposés

B- Facteurs favorisants :

Le mode de garde des enfants et le contact avec des frères et sœurs conditionnent directement
la fréquence des épisodes d’otite séromuqueuse.

-la présence de plus de quatre enfants à domicile et la fréquentation d’une garderie

-Le tabagisme passif,l’abus de narcotiques, d’alcool ou de tabac par la mère, au cours de la


grossesse.

-L’alimentation au sein est couramment admise comme étant un facteur préventif des
infections en générales

-La prématurité.

.Il semblerait que les sujets de race blanche soient plus exposés

Les enfants présentant un syndrome de Down (trisomie 21), une maladie de Crouzon, un
syndrome d’Apert, une mucopolysaccharidose, sont les plus exposés à développer une otite
séromuqueuse

Les enfants porteurs d’une fente palatine sont également très exposés, et chez eux l’otite
séromuqueuse est presque la règle,

Le rôle de l’allergie est discuté, car il est actuellement difficile d’établir une corrélation entre
l’otite séromuqueuse et d’autresmanifestations de l’allergie

Le reflux gastro-oesophagien (RGO) a été incriminé comme agent causal de l’otite


séromuqueuse.

C-physiopath

1-La théorie ex vacuo:

Implique un blocage de la trompe auditive responsable d’une dépression intra tympanique


avec rétraction du tympan et transsudation au travers des capillaires de la muqueuse, cette
obstruction de la TA par les végétations adénoides ou par un œdème tubaire d’étiologie
variable.

2
1ére étape: Obstruction de la trompe d'Eustache / 2ème étape: hypopression dans la caisse

3ème étape: rétention séreuse partielle 4ème étape: rétention séro-muqueuse complète

2-La theorieinflammatoire:

L’inflammation serait le facteur causal essentiel sinon unique de l’OSM, le facteur


déclenchant serait une infection virale ou bactérienne des voies respiratoires supérieures
initiant un processus inflammatoire chronique entrainant une métaplasie mucipare.

IV- Clinique :Type de description:OSM de l’enfant

3
Signes fonctionnels:

Hypoacousie :

-Maître symptôme, se manifeste chez l’enfant par son air distrait, son mauvais rendement
scolaire, l’enfant augmente le volume sonore de la télévision ou ne répond pas quand on
l’appelle d’une pièce à l’autre, entend mal au téléphone et confond certains phonèmes

-Chez le tout petit : retard de langage

- l’hypoacousie est souvent bilatérale chez l’enfant, souvent unilatérale chez l’adulte.

Otalgie sans fièvre :

Il peut s’agir d’otalgies fugaces, durant quelques minutes ou quelques heures, en particulier au
cours des rhinopharyngites.

Otites moyennes aiguës récidivantes :

il estindispensable d’examiner l’enfant en dehors de l’épisode d’otitemoyenne aiguë.

Autres symptômes :

 Autophonie (signe inconstant).


 Acouphènes.
 Sensation de plénitude de l’oreille
 Vertiges (rares).
 peuvent être observés quelques cas de paralysies faciales

Examen physique:

- Intéressant les deux oreilles.


- Otoscopie avec ou sans manœuvre pneumatique:
- Le tympan apparaît modifié dans:
o Sa coloration:normalement fin, translucide et gris, il apparaît opaque, laiteux
et épaissi. Avec discrète vascularisation en périphérie
o Sa position:plus ou moins rétracté avec manche du marteau horizontalisé et
saillie de l’apophyse externe malléaire ou au contraire bombé.
o Sa caractéristique:perte du triangle lumineux, existence d’un niveau hydro
aérique. Plus rarement des aspects très caractéristiques comme des bulles ou
des grains jaunes retrotympaniques correspondant à une inhomogénéité de
l’épanchement, un tympan bleuté est évocateur d’un vieil épanchement
contenant de l’hémosidérine.

4
Rq : Concernant l’épaisseur du tympan, un aspect très aminci, rétracté, atrophique,
correspond aussi à une évolutionancienne. La rétraction peut occuper toute la
membrane, ou siégerdans sa partie postérosupérieure. Cette situation, qui peut êtreun
état séquellaire, peut aussi précéder le stade de la poche derétraction, et évoluer vers
les complications que sont l’otite adhésiveet le cholestéatome.

- Examen général:

Recherchera des malformations associéesÀ tout âge, la hantise d’une tumeur du cavum doit
être présente à l’esprit, Les tumeurs de la fosseinfratemporaleou de l’apex pétreux peuvent,
elles aussi, atteindre la trompe d’Eustache et avoir la même symptomatologie.

interviendrait par le biais notamment de l’infection.

Le reste de l’examen oto-rhino-laryngologique (ORL) recherche un facteur de


dysperméabilité nasale, comme l’hypertrophie des cornetsou la déviation septale

Examens complémentaires:

a- Audiométrie tonale liminaire: (à partir de 6 ans)

 Objective une surdité de transmission avec une perte autour de 10 à 30 décibels sur toutes
les fréquences.
b- Tympanométrie:

Étude de la compliance du tympan et estime la pression à l’intérieur de la caisse.

Tous les types de typmanogrammes peuvent être observés.

5
La courbe A correspond à un tympanogramme normal. Elle a uneforme en « toit de pagode »,
une amplitude de quatre à 10 unités relatives, et se situe entre -200 et +200 mm d’eau.

La courbe de type As correspond à une diminution de l’amplitude traduisant une


augmentation de la rigidité tympano-ossiculaire ;

La courbe ADcorrespond à une augmentation de l’amplitude, et traduit une flaccidité de la


membrane ou une rupture de la chaîne ossiculaire.

La courbe B correspond à un tracé plat traduisant une diminution importante de la mobilité


tympanique. Elle caractérise un épanchement, ou un tympan totalement rétracté.
Naturellement.

La courbe C correspond à une dépression importante dans l’oreille moyenne, au-delà de -100
mm d’eau. L’amplitude du pic est variable. Cet aspect est compatible avec un
dysfonctionnement tubaire important et un tympan rétracté.

c- Les techniques objectives:

PEA et oto émission acoustique avant l’âge de 3 ans.

V- Formes cliniques :

6
1- OSM de l’adulte :

- Hypoacousie souvent unilatérale,


- Hantise du cancer du cavum, jusqu’à preuve du contraire

2- Selon l’aspect otoscopique:

 Tympan bleu (rare) : surtout chez l’adulte, témoin d’une OSM évoluée, due à des
granulations de cholestérine + dépôts d’hemosidérine

 Rétraction tympanique : partielle ou totale


 Tympan bombé
 Niveau hydro aérique

VI- Diagnostic

A- Positif :
L’enfant présente généralement une hypoacousie avec mauvais rendement scolaire.le
diagnostic est clinique, L’audiométrie (surdité de transmission)

b-Diagnostic différentiel

- Toutes les surdités à transmission à tympan fermée :


o OTS
o Malformations mineure de l’OM
o Otites atéléctasiques
o Otites sclereuse( tympanosclérose)
o Rupture de chaine
o PDR
o OMC cholé à tympan fermé, choléstéatome congénital

7
- Les surdités de perception

- Devant un tympan bleu:


o Tumeur du glomus jugulaire.
o Procidence du golf de la jugulaire
o Hemotympan (notion de traumatisme).
o idiopathique

VII- Evolution- complications :


Sous traitement: guérison mais récidives possibles.

Sans traitement :

L’évolution naturelle de l’otite séromuqueuse est la résolution spontanée après 3 mois de suivi
dans plus de 50 % des cas.

Les récidives, lorsqu’elles apparaissent, sont la plupart du temps précoces, dès la première
année

Ces oreilles peuvent évoluer vers une perforation, une poche d’invagination, une otite
adhésive ou un cholestéatome.

VIII- Traitement
A- Buts:
-prévenir et traiter les causes de l’inflammation.

-traiter l’effusion afin de prévenir les séquelles locales et la survenue de complications

-Améliorée l’audition

B- Moyens
1- Traitements médicaux:

-Antibiothérapie:

l’antibiothérapie d’une durée d’amoxicilline acide clavulanique (100 mg/kg/j en trois prises),
cefpodoximeproxétil(8 mg/kg/j en deux prises), céfuroxime-axétil (30 mg/kg/j en deux
prises), et en cas d’allergie aux b-lactamines, cotrimoxazole (30 mg/kg/j de sulfaméthoxazole
[SMZ] en deux prises)

-corticothérapie:

8
- Anti inflammatoire type, par voie générale.

- Une résolution plus rapide de l’otite séromuqueuse à court terme, en cas de prescription de
corticoïdes seuls ou associés à un antibiotique.

Les corticoïdes les plus utilisés sont : la prednisone à la posologie de 1 mg/kg/j et la


déxaméthasone à la posologie de 0,15 mg/kg/j. Les durées de traitement varient entre 8 jours
et 14 jours.

- Insufflationstubaires:

S’effectue chez l’adulte et l’enfant de plus de 4 ans par des manœuvres de VALSALVA et de
FRENTZEL.

Ces techniques, essentiellement pratiquées en cures thermales, se proposent de maintenir une


ventilation efficace de l’oreille moyenne, par l’intermédiaire de l’apprentissage de la
manœuvre de Valsalva ou de ses équivalents

- Kinésithérapie tubaire
- Crénothérapie

Elle constitue une thérapeutique de choix lorsque les traitements conventionnels tardent à
donner des résultats, en particulier après mise en place répétée d’aérateurs transtympaniques.

Elle consiste à éradiquer tous les foyers infectieux de voisinage, adénoïdiens et sinusiens, à
traiter le dysfonctionnement tubaire, ainsi que l’ensemble des muqueuses naso-sinuso-tubaires
et le terrain. Elle fait appel aux eaux sulfurées, plus rarement bicarbonatées.

Traitement chirurgical:

1-adénoidectomie et / ou amygdalectomie:

Ces deux interventions n’ont en elles-mêmes aucune efficacité sur l’OSM, elles ont toutefois
un rôle qualifié d’adjuvants d’efficacité des aérateurs trans tympaniques (ATT) mis en place
pour les OMA à répétition voir OSM

Elle agirait par une levée de l’obstruction mécanique des trompes d’Eustache, et par
éradication de réservoir bactérien,

L’adénoïdectomie est principalement indiquée en présence de rhinopharyngites itératives


et/ou d’une hypertrophie adénoïdienne

2-Aerateur trans tympanique:

- Mode d’action :

9
 Levée de la dépression tympanique
 La restauration de la clairance muco- cillière : ce mécanisme est quantitativement
insuffisant pour expliquer l’élimination en quelaque heurs de l’épanchement après pose
d’ATT

- Indications d’ATT : consensus international ( Ronsenfeld 2003) :

 Une effusion durant plus de 3 mois ou plus, avec symptômes cliniques


 Une effusion unilatérale durant plus de 6 mois, avec symptômes cliniques
 Une surdité de transmission marquée retentissant sur les capacités de communication de
l’enfant et son développement
 Une OSM récidivante sur enfants « à risque »
 Une tendance à la rétraction tympanique
 Des épisodes de réchauffement nombreux, càd les OMA récidivantes

- Effet de l’ATT :

 Traiter la surdité de transmission


 Prévenir la poche de rétraction tympanique : Prévenirles épisodes otitiques aigus
l’évolution d’une OSM avérée

- Mise en place :

 S/ AG chez l’enfant et quelque adultes, sinon sous locale chez l’adolescent et l’adulte
 Myringotomie radiaire dans la ½ ant ou inf du tympan

3-Mastoïdectomie

La mastoïdectomie est indiquée lorsque

- une mastoïdite subaiguë résistante à une antibiothérapie parentérale, vient compliquer


uneotite séromuqueuse sous-jacente.
- Une otite séromuqueuserécidivante et atélectasiante après plusieurs poses
d’aérateurstranstympaniques
- et un aspect de tympan bleu idiopathique

INDICATIONS THÉRAPEUTIQUES

Chez l’enfant

 d’une hypoacousie > 30 db => ATT+ adénoïdectomie

10
 Si les surinfections sont fréquenteset/ou les signes d’hypertrophie adénoïdienne sont
patents etl’audition normale ou subnormale, l’indication d’adénoïdectomie estlicite. À
distance, en cas d’échec, les aérateurs peuvent être proposés

Chez l’adulte :

 Nécessité d’une exploration nasopharyngée systématique, à la recherche


d’unprocessus tumoral.

IX- Conclusion
L’otite séro muqueuse reste toujours une affection vedette par les controverses qu’elle suscite
dans les essais d’explication de son histoire naturelle.

Son traitement n’a pas fait l’objet d’avancées décisives, l’aérateur trans tympanique ne
constitue qu’un traitement palliatif, efficace mais non dénué d’inconvénients et de
complications.

11

Vous aimerez peut-être aussi