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La vie de l’enfant est jalonnée d’événements douloureux et de petits traumatismes qui accompagnent son
développement. Chez eux, la douleur est le plus souvent provoquée par des petits accidents, des brûlures ou,
parfois, une réaction inflammatoire. L’inflammation est un mécanisme naturel de protection et de réparation de
l’organisme. Elle fait intervenir des substances chimiques sécrétées par les cellules de l’immunité, donc
certaines stimulent les récepteurs de la douleur.
Pendant longtemps, les nouveau-nés et les bébés ont été réputés peu sensibles à la douleur, du moins jusqu’à
l’âge où ils pouvaient clairement l’exprimer par des attitudes ou la parole. On sait aujourd’hui qu’il n’en est
rien : les voies nerveuses qui transmettent la douleur se forment pendant la grossesse et sont en place dès le
sixième mois de grossesse. En revanche, les mécanismes de régulation du cerveau sur la moelle épinière se
développent progressivement chez le nouveau-né. On peut dès lors penser qu’en l’absence de ces systèmes
inhibiteurs, la sensation douloureuse est plus intense après la naissance, bien que les pensées et les émotions
soient encore immatures.
A mesure qu’ils grandissent, le bébé et le jeune enfant peuvent exprimer de plus en plus précisément leurs
sensations douloureuses. L’acquisition de la parole facilite la désignation et la description des douleurs, mais
pas au même niveau de détail que chez l’adulte. Les expériences mémorisées sont insuffisantes pour qualifier
complètement une douleur, son intensité ou sa localisation précise, surtout lorsqu’elle est interne.
Chez les nourrissons, il existe des échelles dites comportementales. Elles prennent en compte l’aspect du
visage et du corps, le sommeil et la relation de l’enfant avec son environnement. Pour les enfants un peu plus
âgés, on se sert d’une échelle constituée de visages animés d’expressions différentes, allant du plaisir à la
douleur extrême : l’enfant désigne le visage qui correspond le mieux à ce qu’il ressent.
Chez l’enfant plus âgé, l’évaluation est plus directe car il est possible de dialoguer avec lui. Le médecin
propose une échelle sur laquelle l’enfant déplace un curseur de la position « Je n’ai pas mal du tout » à la
position « J’ai très très mal ». Au verso, une réglette graduée permet au médecin de noter l’intensité de 0 à 100.
On peut aussi avoir recours à une échelle numérique simple, où l’enfant attribue une note de 0 à 10 pour
exprimer sa douleur.
Lorsqu’un enfant a mal, le médecin, après un interrogatoire précis de ses parents et, si possible, de l'enfant, puis
un examen clinique et une analyse de la douleur en fonction du contexte, peut conseiller plusieurs moyens de
lutte contre cette douleur, médicamenteux ou non.
relaxation, les bains, la kinésithérapie, etc. Le paracétamol est souvent le traitement de choix de la douleur chez
l’enfant. En cas de douleurs liées à des spasmes du tube digestif ou de l’appareil urinaire, le médecin peut
prescrire des médicaments antispasmodiques. L'application de froid peut être bénéfique dans les douleurs dues à
un traumatisme ou les entorses, l'application de chaud dans les douleurs musculaires.
Les substances antalgiques de niveau 1 sont le paracétamol et les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS,
qui incluent l’aspirine).
Le paracétamol
Le paracétamol est indiqué dans le traitement des douleurs légères à modérées, et en association à d’autres
antalgiques dans le traitement des douleurs modérées à fortes. Il est le plus sûr des antalgiques de niveau 1
pour les enfants de moins de quinze ans, si les doses préconisées sont bien respectées. Il peut être utilisé dès la
naissance. Il agit habituellement en 20 à 30 minutes. L’utilisation des suppositoires est déconseillée, car leur
absorption est mauvaise et leur effet est plus lent à survenir. Le paracétamol peut être utilisé en automédication
pour soulager l’enfant en cas de petit problème (chute, mal de tête, coup de soleil, etc.). Il faut faire attention à
ne pas associer plusieurs médicaments contenant du paracétamol, pour éviter tout risque de surdosage
potentiellement toxique pour le foie. Si la douleur n’est pas calmée, le médecin pourra examiner l’enfant et
prescrire de l’ibuprofène en association avec le paracétamol.
L’aspirine peut également être utilisée à la dose de 60 mg par kg et par jour, en quatre ou six prises.
Les AINS sont contre-indiqués en cas d’insuffisance rénale, hépatique ou cardiaque grave, d’antécédent
d’hémorragie digestive au cours d’un précédent traitement par AINS, d’hémorragie en cours ou
d’ulcère gastroduodénal.
Leur utilisation doit être prudente en cas de déshydratation, de trouble de la coagulation ou d’infection grave.
L’aspirine est également déconseillée en cas d’infection virale telle que la grippe ou la varicelle.
Aux doses recommandées par voie orale et pour un traitement de courte durée (2 ou 3 jours), les effets
indésirables sont rares et habituellement bénins.
Les substances antalgiques de niveau 2 sont la codéine et le tramadol. Elles sont destinées aux douleurs
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d'intensité moyenne ou aux douleurs non soulagées par les antalgiques de niveau 1. Leurs effets indésirables
possibles sont des nausées, de la somnolence, des vertiges et une constipation.
La codéine est associée au paracétamol dans les médicaments antalgiques. En raison de la survenue d'effets
indésirables respiratoires lors de la prise de codéine chez des enfants, notamment dans les suites de l'ablation
des amygdales ou des végétations, il est recommandé de réserver la codéine aux enfants de plus de 12
ans à la dose la plus faible et pour une durée la plus courte possible.
Le tramadol sous forme de solution buvable est utilisable chez l’enfant à partir de 3 ans. Il a des effets
indésirables spécifiques : convulsions, confusion, hallucination, délire. Des cas d'erreurs d'administration liées à
la solution buvable ont été rapportées. Elles ont entraîné des surdosages parfois graves. Il faut scrupuleusement
respecter la posologie prescrite par le médecin
Les substances antalgiques de niveau 3 sont destinées aux douleurs intenses, qui sont rebelles aux autres
antalgiques. Elles comportent la morphine et quelques substances dérivées.
La morphine
La morphine par voie orale est utilisable chez l’enfant sous forme de gouttes buvables, de comprimés ou de
gélules. Il existe des formes dites à libération immédiate qui agissent rapidement en 30 à 60 minutes, pendant
une durée de 4 heures, et des formes dites à libération prolongée qui agissent en 2 à 4 heures pour une durée de
12 heures. La constipation est un effet indésirable constant et persistant qui nécessite un traitement laxatif, en
complément des mesures hygiéno-diététiques. Des nausées, des vomissements, une somnolence peuvent
également survenir, le plus souvent en début de traitement.
La morphine par voie injectable est habituellement réservée à la prise en charge de douleurs sévères à
l’hôpital. Elle nécessite une surveillance régulière de la fréquence respiratoire.
En cas de douleurs liées à des spasmes du tube digestif ou de l’appareil urinaire, le médecin peut prescrire des
médicaments antispasmodiques qui soulageront l’enfant.
En cas de douleur musculaire, ou localisée sur un tendon ou sur un muscle, ou après un choc, il est possible
d’appliquer un antalgique local sur la zone douloureuse. Les gels contenant une substance anti-inflammatoire et
vendus sans ordonnance sont généralement réservés à l’adulte. Certaines préparations contenant des produits
chauffants (révulsifs) ou des anesthésiques peuvent être utilisées chez l’enfant de plus de sept ans.
une pose de cathéter, certaines interventions superficielles sur la peau ou avant des soins dentaires.
L’analgésie gazeuse
Elle est obtenue en faisant inhaler un mélange à parts égales d’oxygène et de protoxyde d’azote, un gaz connu
pour son effet antalgique, anxiolytique et euphorisant (c’est le célèbre « gaz hilarant »). Chez l’enfant de plus de
quatre ans, l’inhalation au masque doit durer au moins trois minutes. Cette méthode est simple, sûre et sans
aucun danger. Elle permet d’effectuer sans douleur des examens (ponctions, biopsies), des soins (injections,
infiltrations) ou de petites interventions d’urgence (sutures). Les anesthésiques locaux et l’analgésie gazeuse
sont également utilisés chez l’adulte.
LA DOULEUR
CHEZ
L’ENFANT
Bensahnoune Madjid