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Institut de formation paramédicale Ibn Nafis

Douleur chez l’enfant


L’expression de la douleur chez les bébés et les très jeunes enfants est rendue difficile par l’impossibilité qu’ils
ont de recourir à la parole. En outre, la douleur a longtemps été sous-estimée, voire déniée chez ces patients. La
lutte contre la douleur fait désormais partie intégrante de la prise en charge médicale des enfants ; des moyens
adaptés ont été développés.
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Quelles sont les causes des douleurs chez l’enfant ?

La vie de l’enfant est jalonnée d’événements douloureux et de petits traumatismes qui accompagnent son
développement. Chez eux, la douleur est le plus souvent provoquée par des petits accidents, des brûlures ou,
parfois, une réaction inflammatoire. L’inflammation est un mécanisme naturel de protection et de réparation de
l’organisme. Elle fait intervenir des substances chimiques sécrétées par les cellules de l’immunité, donc
certaines stimulent les récepteurs de la douleur.

Quels sont les symptômes de la douleur chez l’enfant ?


L’expression de la douleur chez les bébés et les très jeunes enfants est rendue difficile par l’impossibilité qu’ils
ont de recourir à la parole. La douleur des nouveau-nés s’exprime essentiellement au travers du comportement :
cris et pleurs, agitation, difficultés à s'endormir. D'autres symptômes sont parfois associés, comme la
transpiration, ou les palpitations cardiaques. Une douleur chronique peut avoir des effets négatifs durables sur la
santé de l’enfant : troubles du sommeil, perte de poids, ralentissement de la croissance, etc.

Pendant longtemps, les nouveau-nés et les bébés ont été réputés peu sensibles à la douleur, du moins jusqu’à
l’âge où ils pouvaient clairement l’exprimer par des attitudes ou la parole. On sait aujourd’hui qu’il n’en est
rien : les voies nerveuses qui transmettent la douleur se forment pendant la grossesse et sont en place dès le
sixième mois de grossesse. En revanche, les mécanismes de régulation du cerveau sur la moelle épinière se
développent progressivement chez le nouveau-né. On peut dès lors penser qu’en l’absence de ces systèmes
inhibiteurs, la sensation douloureuse est plus intense après la naissance, bien que les pensées et les émotions
soient encore immatures.

A mesure qu’ils grandissent, le bébé et le jeune enfant peuvent exprimer de plus en plus précisément leurs
sensations douloureuses. L’acquisition de la parole facilite la désignation et la description des douleurs, mais
pas au même niveau de détail que chez l’adulte. Les expériences mémorisées sont insuffisantes pour qualifier
complètement une douleur, son intensité ou sa localisation précise, surtout lorsqu’elle est interne.

Quelles sont les complications de la douleur chez l’enfant ?


La douleur est un symptôme, elle n’a pas de complication autre que la gêne physique et l’impact sur la vie
quotidienne qu’elle peut provoquer. Une douleur chronique peut avoir des effets négatifs durables sur la santé
de l’enfant : troubles du sommeil, perte de poids, ralentissement de la croissance, etc. Pour cette raison, il faut
systématiquement la soulager, soit en supprimant sa cause, soit à l’aide de traitements (médicaments et
techniques antalgiques) qui agissent directement sur celle-ci, indépendamment de sa cause.

La douleur est un signal d’alarme


La douleur est un signal d’alarme commun à de nombreux types de blessures ou de maladies. En grandissant,
un enfant découvre l’univers des douleurs communes, telles que le mal de tête, les coups et les blessures
superficielles, les brûlures légères ou encore les maux de dents. La plupart du temps, les douleurs sont liées soit
à une lésion (par exemple, après une chute), soit à l’inflammation d’un organe (par exemple après un coup de
soleil). Elles disparaissent lorsque ces causes sont traitées. Néanmoins, la douleur peut également avoir une
origine psychique (anxiété, stress ou dépression entre autres). Les maux de tête ou les maux de ventre qui
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précèdent le moment de partir à l’école en font partie.

Peut-on prévenir la douleur chez l’enfant ?


Dans la plupart des cas, il est impossible d’empêcher l’apparition de la douleur, mais on peut parfois en
prévenir les causes. Par exemple, on peut prévenir une rage de dents avec une bonne hygiène buccodentaire et
des visites régulières chez le dentiste. On peut également sécuriser son domicile afin de prévenir les chutes et
les accidents domestiques. Les douleurs liées aux examens médicaux (par exemple les prises de sang) peuvent
être prévenues par l’application d’un gel anesthésique local appliqué par l’infirmière quelques minutes
auparavant. Les professionnels de santé veillent également à rassurer l’enfant, car l’anxiété peut amplifier le
ressenti de la douleur.

Que faire lorsqu’un enfant a mal ?


Donnez de préférence du paracétamol en première intention. L’ibuprofène est parfois plus efficace
dans les douleurs inflammatoires. L’aspirine ne peut être utilisée comme antalgique qu'en l'absence de
fièvre ou de varicelle.
Respectez l’ordonnance de votre médecin : ne modifiez ni les horaires de prise ni les doses prescrites (ne
les augmentez pas, ne les diminuez pas).
Restez attentifs aux signes de douleur chez votre enfant. Si la douleur ne passe pas, s’accentue ou se
modifie, n’hésitez pas à consulter votre médecin.
En cas de traumatisme, il existe des médicaments antalgiques locaux (pommades, crèmes, gels, etc.)
vendus sans ordonnance. Chez les enfants, leur utilisation doit toujours se faire sur avis médical.
Pensez également à l’application de froid pour soulager les douleurs dues à un coup ou un traumatisme.
Rassurez votre enfant face à la douleur. Une fois qu’ils n’ont plus peur de ce qui leur arrive, la plupart des
enfants supportent beaucoup mieux les douleurs modérées.
Pendant les soins, les douleurs légères sont mieux supportées lorsque l’enfant est distrait par une histoire,
un dessin animé ou un jeu par exemple.

Comment le médecin évalue-t-il la douleur chez un enfant ?


Le médecin cherche à identifier et à traiter la cause de la douleur. Pour cela, il peut décider d’évaluer son
intensité grâce à des échelles de mesure qui aident l’enfant à mieux exprimer ce qu’il ressent. Il en existe
plusieurs types, selon l’âge et les capacités d’expression de l’enfant. Ces échelles sont particulièrement utiles
pour contrôler l’efficacité d’un traitement contre la douleur.

Chez les nourrissons, il existe des échelles dites comportementales. Elles prennent en compte l’aspect du
visage et du corps, le sommeil et la relation de l’enfant avec son environnement. Pour les enfants un peu plus
âgés, on se sert d’une échelle constituée de visages animés d’expressions différentes, allant du plaisir à la
douleur extrême : l’enfant désigne le visage qui correspond le mieux à ce qu’il ressent.

Chez l’enfant plus âgé, l’évaluation est plus directe car il est possible de dialoguer avec lui. Le médecin
propose une échelle sur laquelle l’enfant déplace un curseur de la position « Je n’ai pas mal du tout » à la
position « J’ai très très mal ». Au verso, une réglette graduée permet au médecin de noter l’intensité de 0 à 100.
On peut aussi avoir recours à une échelle numérique simple, où l’enfant attribue une note de 0 à 10 pour
exprimer sa douleur.

Lorsqu’un enfant a mal, le médecin, après un interrogatoire précis de ses parents et, si possible, de l'enfant, puis
un examen clinique et une analyse de la douleur en fonction du contexte, peut conseiller plusieurs moyens de
lutte contre cette douleur, médicamenteux ou non.

Quels sont les traitements de la douleur chez l’enfant ?


Les traitements de la douleur chez l’enfant reposent sur les médicaments antalgiques, mais aussi sur la
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relaxation, les bains, la kinésithérapie, etc. Le paracétamol est souvent le traitement de choix de la douleur chez
l’enfant. En cas de douleurs liées à des spasmes du tube digestif ou de l’appareil urinaire, le médecin peut
prescrire des médicaments antispasmodiques. L'application de froid peut être bénéfique dans les douleurs dues à
un traumatisme ou les entorses, l'application de chaud dans les douleurs musculaires.

Les médicaments pour lutter contre la douleur chez l’enfant


Les principales substances qui soulagent la douleur sont divisées en trois classes en fonction de leur potentiel
d’action : antalgiques de niveau 1, de niveau 2 et de niveau 3. Lorsque le médecin prescrit un médicament.
Les antalgiques de niveau 1

Les substances antalgiques de niveau 1 sont le paracétamol et les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS,
qui incluent l’aspirine).

 Le paracétamol
Le paracétamol est indiqué dans le traitement des douleurs légères à modérées, et en association à d’autres
antalgiques dans le traitement des douleurs modérées à fortes. Il est le plus sûr des antalgiques de niveau 1
pour les enfants de moins de quinze ans, si les doses préconisées sont bien respectées. Il peut être utilisé dès la
naissance. Il agit habituellement en 20 à 30 minutes. L’utilisation des suppositoires est déconseillée, car leur
absorption est mauvaise et leur effet est plus lent à survenir. Le paracétamol peut être utilisé en automédication
pour soulager l’enfant en cas de petit problème (chute, mal de tête, coup de soleil, etc.). Il faut faire attention à
ne pas associer plusieurs médicaments contenant du paracétamol, pour éviter tout risque de surdosage
potentiellement toxique pour le foie. Si la douleur n’est pas calmée, le médecin pourra examiner l’enfant et
prescrire de l’ibuprofène en association avec le paracétamol.

 Les anti-inflammatoires non stéroïdiens


L’ibuprofène est l’anti-inflammatoire non stéroïdien (AINS) recommandé en premier lieu pour soulager la
plupart des douleurs aiguës modérées à intenses chez l’enfant de plus de 3 mois. Il est utilisé à la dose de 30
mg par kilo de poids et par jour, en quatre prises. Ces posologies correspondent aux doses les plus efficaces et
elles ne doivent pas être dépassées sans avis médical.

L’aspirine peut également être utilisée à la dose de 60 mg par kg et par jour, en quatre ou six prises.

Les AINS sont contre-indiqués en cas d’insuffisance rénale, hépatique ou cardiaque grave, d’antécédent
d’hémorragie digestive au cours d’un précédent traitement par AINS, d’hémorragie en cours ou
d’ulcère gastroduodénal.

Leur utilisation doit être prudente en cas de déshydratation, de trouble de la coagulation ou d’infection grave.
L’aspirine est également déconseillée en cas d’infection virale telle que la grippe ou la varicelle.

Aux doses recommandées par voie orale et pour un traitement de courte durée (2 ou 3 jours), les effets
indésirables sont rares et habituellement bénins.

 Les associations antalgiques


Le paracétamol et l'aspirine sont parfois associés à d'autres substances comme la vitamine C. Il n'a pas été
démontré que ces associations améliorent l'effet antalgique.

Les antalgiques de niveau 2

Les substances antalgiques de niveau 2 sont la codéine et le tramadol. Elles sont destinées aux douleurs
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d'intensité moyenne ou aux douleurs non soulagées par les antalgiques de niveau 1. Leurs effets indésirables
possibles sont des nausées, de la somnolence, des vertiges et une constipation.

La codéine est associée au paracétamol dans les médicaments antalgiques. En raison de la survenue d'effets
indésirables respiratoires lors de la prise de codéine chez des enfants, notamment dans les suites de l'ablation
des amygdales ou des végétations, il est recommandé de réserver la codéine aux enfants de plus de 12
ans à la dose la plus faible et pour une durée la plus courte possible.

Le tramadol sous forme de solution buvable est utilisable chez l’enfant à partir de 3 ans. Il a des effets
indésirables spécifiques : convulsions, confusion, hallucination, délire. Des cas d'erreurs d'administration liées à
la solution buvable ont été rapportées. Elles ont entraîné des surdosages parfois graves. Il faut scrupuleusement
respecter la posologie prescrite par le médecin

Les antalgiques de niveau 3

Les substances antalgiques de niveau 3 sont destinées aux douleurs intenses, qui sont rebelles aux autres
antalgiques. Elles comportent la morphine et quelques substances dérivées.

 La morphine
La morphine par voie orale est utilisable chez l’enfant sous forme de gouttes buvables, de comprimés ou de
gélules. Il existe des formes dites à libération immédiate qui agissent rapidement en 30 à 60 minutes, pendant
une durée de 4 heures, et des formes dites à libération prolongée qui agissent en 2 à 4 heures pour une durée de
12 heures. La constipation est un effet indésirable constant et persistant qui nécessite un traitement laxatif, en
complément des mesures hygiéno-diététiques. Des nausées, des vomissements, une somnolence peuvent
également survenir, le plus souvent en début de traitement.

La morphine par voie injectable est habituellement réservée à la prise en charge de douleurs sévères à
l’hôpital. Elle nécessite une surveillance régulière de la fréquence respiratoire.

 Les autres médicaments de la douleur

En cas de douleurs liées à des spasmes du tube digestif ou de l’appareil urinaire, le médecin peut prescrire des
médicaments antispasmodiques qui soulageront l’enfant.

En cas de douleur musculaire, ou localisée sur un tendon ou sur un muscle, ou après un choc, il est possible
d’appliquer un antalgique local sur la zone douloureuse. Les gels contenant une substance anti-inflammatoire et
vendus sans ordonnance sont généralement réservés à l’adulte. Certaines préparations contenant des produits
chauffants (révulsifs) ou des anesthésiques peuvent être utilisées chez l’enfant de plus de sept ans.

Les protocoles antidouleur hospitaliers chez les enfants


Plusieurs protocoles antidouleur ont été mis au point ces dernières années en milieu hospitalier afin de diminuer
ou de supprimer les douleurs provoquées par les examens ou les soins médicaux, notamment chez les enfants.

 Utilisation de solution de saccharose à 30 % chez le nourrisson et l’enfant de moins


de trois mois.
Une solution sucrée concentrée, associée à la succion d’une tétine, stimule la production d’endorphines dans le
cerveau et diminue en conséquence les sensations douloureuses. Ce protocole permet de rendre indolores de
petits gestes, tels que les prises de sang, les pansements, la pose et le retrait de sondes, etc. L’effet antalgique
dure environ cinq minutes et cette méthode ne comporte aucun effet indésirable.

 Les pommades et les patchs antalgiques


Composés de lidocaïne et de prilocaïne, ils permettent d’obtenir une anesthésie de la peau ou des muqueuses
plus ou moins profonde (jusqu’à 5 mm en profondeur). On peut les utiliser avant une injection, une ponction,
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une pose de cathéter, certaines interventions superficielles sur la peau ou avant des soins dentaires.
 L’analgésie gazeuse
Elle est obtenue en faisant inhaler un mélange à parts égales d’oxygène et de protoxyde d’azote, un gaz connu
pour son effet antalgique, anxiolytique et euphorisant (c’est le célèbre « gaz hilarant »). Chez l’enfant de plus de
quatre ans, l’inhalation au masque doit durer au moins trois minutes. Cette méthode est simple, sûre et sans
aucun danger. Elle permet d’effectuer sans douleur des examens (ponctions, biopsies), des soins (injections,
infiltrations) ou de petites interventions d’urgence (sutures). Les anesthésiques locaux et l’analgésie gazeuse
sont également utilisés chez l’adulte.

 Les techniques physiques


Les techniques physiques sont souvent utilisées dans les douleurs de l'appareil locomoteur. Elles reposent sur
des activités sportives ou récréatives. Les massages permettent de détendre l'enfant, de mieux communiquer
avec lui. L'application de froid peut être bénéfique dans les douleurs dues à un traumatisme ou les entorses,
l'application de chaud dans les douleurs musculaires.

 Les techniques psychologiques


Elles font appel, entre autres, à des techniques de thérapie cognitive et comportementale, à la relaxation (qui
diminue l'anxiété, le stress et la douleur) et à l'imagerie positive (qui utilise la suggestion d'images agréables de
confort et de bien-être). Une prise en charge psychothérapique est parfois nécessaire lors de douleurs
chroniques.
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LA DOULEUR
CHEZ
L’ENFANT

Bensahnoune Madjid

Année pedagogique : 2022/2024


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