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I- INTRODUCTION
L'hypopharynx est la partie du pharynx qui enveloppe le larynx car se trouvant latéralement et
en arrière du larynx.
Il s'étend du niveau du bord supérieur de l'os hyoïde et du repli pharyngo épiglottique en haut
au rebord inférieur du cartilage cricoïde en bas. C'est-à-dire de la troisième à la sixième
vertèbre cervicale.
une partie membraneuse supérieure largement ouverte en arrière et dont les rapports
sont surtout membraneux (membrane hyo-thyroïdienne). Cette zone est proche en
avant de la loge hyo-thyro-épiglottique. L'exploration endoscopique en est facile ;
une partie cartilagineuse inférieure enserrée entre l'aile thyroïdienne en dehors, les
cartilages aryténoïde et cricoïde en dedans. Cette partie ne se déplisse que très peu lors
de la phonation. Ce segment cartilagineux va en se rétrécissant de haut en bas et de
dehors en dedans pour rejoindre la bouche oesophagienne.
Les troncs collecteurs drainent ces lymphatiques vers les groupes ganglionnaires cervicaux
essentiellement aux ganglions jugulaires interne sous-digastrique et sus-omo hyoïdien.
Les études épidémiologiques portant exclusivement sur les cancers du sinus piriforme sont
rares. Elles sont le plus souvent incluses dans des études plus générales portant sur les cancers
pharyngés ou les cancers de l'hypopharynx sans précision topographique
Les taux d'incidence des cancers laryngés et hypopharyngés sont présentés par sous-
localisation pour la population masculine exclusivement, les taux féminins pour ces cancers
étant très bas.
Les taux les plus élevés chez l'homme sont observés en France et en Inde. Après ces deux
pays vient en troisième position la population étrangère
Parmi les cancers hypopharyngés, les cancers du sinus piriforme sont les plus fréquents et les
taux les plus élevés sont observés dans les pays où l'incidence globale des cancers de
l'hypopharynx est la plus forte : France, Inde (Bombay).
Sexe
La répartition selon le sexe en France montre une écrasante prépondérance d'hommes (98 %) :
Âge de survenue
Les cancers se présentent sous deux aspects différents qui ont chacun leurs modalités
d'extension.
À l'opposé de la forme précédente, ce carcinome revêt un aspect tout différent : aspect rouge
dépoli ou granité de la muqueuse sans infiltration décelable à la palpation ; parfois même
difficile à distinguer d'une muqueuse inflammatoire.
Cette forme se développe en surface, sans atteinte des tissus profonds, pouvant se propager à
distance et s'associer à une lésion ulcéro-infiltrante et à des zones plus ou moins étendues de
dysplasie et de leucoplasie.
Cette forme constitue une véritable maladie de la muqueuse et pose des problèmes très
fréquents de qualité de résection chirurgicale expliquant les récidives à la paroi postérieure de
l'hypopharynx, à distance du foyer principal et les localisations étagées associées
(oropharyngées et oesophagiennes).
Aspects histologiques
Les sinus piriformes sont normalement revêtus sur toute leur surface d'un épithélium
malpighien
Carcinome malpighien
Au plan microscopique, les cellules tumorales ont perdu leur organisation épithéliale et sont
désagrégées, elles sont fusiformes, monstrueuses, dispersées à la façon d'un sarcome
fibroblastique ou musculaire
Ils peuvent se rencontrer avec une fréquence très faible : lymphomes malins non hodgkiniens
carcinome mucoépidermoïde : mélanome malin :; carcinome squameux basaloïde ;
synovialosarcome ; adénocarcinome, carcinome adénoïde kystique
Les modalités d'extension dépendent d'une part, du point de départ de la tumeur et d'autre
part, de la plus ou moins grande résistance à l'envahissement des structures rencontrées.
Dans certains cas, la destruction muqueuse est faible alors que l'envahissement profond
intramural est important. Le point de départ de la tumeur peut se faire en trois endroits
l'angle antérieur du sinus piriforme, point de départ très fréquent dont l'extension se fait
vers les deux parois ;
la paroi externe du sinus piriforme. L'extension se fait en avant vers l'angle antérieur et le
repli pharyngoépiglottique, en arrière vers la paroi postérieure de l'hypopharynx en haut vers
la paroi latérale de l'oropharynx en dehors vers le cartilage thyroïde et au-delà vers les tissus
mous du cou.
Les cancers du sinus piriforme sont assez rarement observés à un stade précoce, on les
observe habituellement lorsque l'angle antérieur et les deux parois externe et interne sont
envahies.
L'extension des cancers du sinus piriforme peut encore se faire en haut vers la base de la
langue le pilier postérieur de l'amygdale et en bas vers la bouche oesophagienne. Ces
extensions hautes à l'oropharynx sont retrouvées dans 34 %
Extension lymphatique
Les formes avec atteinte ganglionnaire bilatérale s'expliquent : soit en cas de lésion médiane
ou paramédiane, soit par l'envahissement de la loge pré épiglottique, soit par contiguïté grâce
aux ganglions de la paroi pharyngée postérieure. Ce riche réseau lymphatique explique le
pourcentage élevé de ganglions palpables et de ganglions histologiquement envahis
Envahissement métastatique
Les cancers du sinus piriforme sont les cancers ayant le plus de métastase après les cancers du
nasopharynx. Cette dissémination hématologique s'explique par la très forte lymphophilie.
Elle se fait principalement aux poumons, aux os et au foie
V- Données cliniques
Symptômes
La plupart des patients porteurs d'un cancer du sinus piriforme ont comme premiers
symptômes une odynophagie, une gêne ou un mal de gorge unilatéral.
Ces symptômes très communs conduisent volontiers le généraliste consulté à prescrire des
antibiotiques et des anti-inflammatoires qui améliorent la symptomatologie ce qui entraînera
un retard au diagnostic.
Puis apparaîtront une dysphagie pour les aliments solides, des douleurs pharyngées
unilatérales avec irradiation dans l'oreille homolatérale, une dysphonie, une dyspnée, des
crachats hémoptoïques.
Il est également fréquent que le premier symptôme amenant à consulter soit la découverte
fortuite par le patient d'une tuméfaction cervicale (20 à 30 % des cas selon les études).
Quant à l'amaigrissement, l'hypersialorrhée, une odeur nécrotique de l'haleine ce sont des
signes plus tardifs qui peuvent amener à consulter un malade négligeant.
Le diagnostic de tumeur du sinus piriforme ainsi que l'analyse de l'extension tumorale en haut
vers le carrefour des trois replis, la vallécule, le pilier postérieur sont en général faciles. De
même les extensions en dehors vers la paroi pharyngée latérale, en dedans vers la margelle et
l'endolarynx sont également faciles à mettre en évidence sauf si la tumeur est très
volumineuse.
Dans les tumeurs limitées il faudra apprécier le sinus piriforme atteint par rapport au côté
normal : une mauvaise ouverture du sinus en phonation, la présence de stase salivaire d'un
seul côté, un discret épaississement des replis, une rigidité de la paroi latérale sont des
éléments de valeur imposant une endoscopie.
Cet examen au miroir sera complété lors de la consultation par un examen au nasofibroscope.
Tous les groupes et toutes les chaînes cervicales doivent être palpés avec la plus grande
attention des deux côtés du cou. L'examen doit relever le siège, la dimension, le nombre de
ganglions existants. La fixité par rapport aux plans profonds, à l'axe vasculaire et à la peau.
Cette fixité du ganglion qui était un élément entrant dans la classification n'est plus retenue
aujourd'hui. Le résultat de cet examen sera consigné sur un schéma. Le siège le plus souvent
atteint est le siège sous-digastrique.
L'examen endoscopique est indispensable pour préciser au mieux les extensions tumorales,
rechercher une deuxième localisation et permettre la biopsie. Cet examen sera réalisé sous
anesthésie générale. Un bon relâchement du patient nécessitera une curarisation.
L'oesophage sera examiné sur toute sa hauteur avec un tube rigide à la recherche d'une
deuxième localisation, on s'aidera d'une optique ; l'insufflation est très utile pour déplisser
correctement la muqueuse oesophagienne. Toute anomalie muqueuse oesophagienne doit être
biopsiée. Certains auteurs complètent l'examen par la réalisation de coloration au bleu de
toluidine. Une exploration trachéobronchique sera également réalisée.
Cet examen endoscopique est irremplaçable pour découvrir une lésion limitée du versant
interne ou de l'angle antérieur cachée par un repli de muqueuse de même qu'une lésion
minime de la paroi externe soupçonnée seulement à l'examen au miroir devant une mauvaise
ouverture ou une stase salivaire.
Il est toujours complété par la palpation de la base de la langue, de la paroi pharyngée, des
vallécules.
Tous les éléments de cet examen seront consignés sur un schéma daté permettant de
distinguer plusieurs formes selon le siège et le volume.
Presque toujours dès le premier examen la lésion déborde déjà sur les deux parois adjacentes,
c'est essentiellement une forme ulcéreuse et infiltrante ;
Cliniquement c'est l'aspect d'un sinus piriforme dont l'angle antérieur s'ouvre mal et qui paraît
comblé par un bourrelet d'oedème.
Dans les formes très peu évoluées, le larynx est encore normal et mobile.
Rapidement cette lésion s'étend vers la paroi externe et la partie basse du versant interne.
Rapidement, elle infiltre en dedans à travers le repli vers la bande ventriculaire, elle s'étend en
avant pour mordre sur l'angle antérieur et aussi elle fuse en arrière et en bas vers la région
rétrocricoïdienne.
Cliniquement, au miroir on ne voit que la limite supérieure infiltrant le repli avec diminution
précoce de la mobilité laryngée.
Il s'agit d'une forme fréquente. La lésion est soit infiltrante, soit bourgeonnante, beaucoup plus
rarement ulcérée.
Cliniquement la lésion surplombe le sinus piriforme dont le fond est libre, l'hémilarynx est
normal. L'essentiel est d'apprécier la distance entre la tumeur et l'angle antérieur du sinus
piriforme
Ce sont les formes les plus fréquentes ; elles atteignent à la fois l'angle antérieur et les deux
versants sans que l'on puisse préciser le point de départ. Il y a plusieurs aspects dans ces
formes totales.
*Les formes totales intéressent toute la hauteur du sinus : ce sont les formes les plus
sévères.
*Les formes totales peuvent être localisées à l'étage membraneux c'est-à-dire supérieur
du sinus piriforme
Cliniquement l'examen au miroir peut ne pas montrer de tumeur mais le larynx est bloqué
avec présence d'une stase salivaire dans un sinus piriforme qui ne s'ouvre pas. Il est utile
de faire boire un peu d'eau pour dégager la salive et de refaire l'examen le malade étant
debout. Ces cancers diffusent vite vers l'endolarynx et plus lentement vers la bouche
oesophagienne.
C- Formes étendues
Les tumeurs dépassant le sinus piriforme sont très fréquentes ; elles peuvent s'étendre à
l'épiglotte, aux vallécules, à la base de la langue à la partie basse du pilier postérieur de
l'amygdale à l'endolarynx, à la paroi postérieure, à la région rétrocricoïdienne et enfin à la
bouche oesophagienne.
Vers le dehors ces tumeurs envahissent le cartilage thyroïde, la glande thyroïde, les muscles
pré laryngés.
Une invasion de la loge pré épiglottique, alors qu'à l'endoscopie la muqueuse du larynx
apparaît normale.
Plus bas, l'extension antérieure vers la bande ventriculaire se produit par luxation du cartilage
aryténoïde. Un excellent signe d'invasion du larynx consiste à démontrer un espace
anormalement grand entre la partie postérieure de l'aile thyroïdienne et l'aryténoïde
Celle-ci concerne en général les tumeurs du sinus piriforme à la partie supérieure du sinus
piriforme, elle s'accompagne d'une rupture de la membrane hyothyroïdienne avec extension
directe dans la musculature prélaryngée.
L'imagerie permet de préciser si l'atteinte est limitée à la muqueuse ou si elle concerne les
espaces rétropharyngé ou périvertébraux.
VII- Classification TNM
UICC TNM Classification des tumeurs malignes. Genève : UICC, 1979
La classification actuellement utilisée est celle de l'UICC 1979 qui définit trois régions à
l'hypopharynx : le sinus piriforme, la région rétrocricoïdienne, la paroi pharyngée postérieure.
← Le T :
← T0 : pas de signe de tumeur primitive ;
← T1 : tumeur limitée à une seule localisation ;
← T2 : tumeur s'étendant à une localisation ou à une région adjacente sans
fixation de l'hémilarynx ;
← T3 : tumeur s'étendant à une localisation ou à une région adjacente avec
fixation de l'hémilarynx ;
← T4 : tumeur s'étendant à l'os, aux cartilages et aux parties molles ;
← Tx : on ne dispose pas des conditions minimales requises pour classer la
tumeur primitive.
←
← Le N : UICC
← N0 : pas de signe d'envahissement ganglionnaire régional ;
← N1 : 1 ganglion homolatéral ≤ 3 cm ;
← N2
← A : 1 ganglion homolatéral > 3 cm < 6 cm ;
← B : 1 ou plusieurs ganglions du même côté > 3 cm < 6 cm ;
← C : 1 ou plusieurs ganglions controlatéraux ou bilatéraux > 3 cm < 6 cm
← N3 : 1 ou plusieurs ganglions > 6 cm ;
← Nx : on ne dispose pas des conditions minimales requises pour classer les
ganglions lymphatiques régionaux.
←
← Le M :
← M0 : aucun signe de métastase à distance ;
← M1 : présence de métastases à distance ;
← Mx : on ne dispose pas des conditions minimales requises pour apprécier la
présence de métastases à distance.
←
← Groupement par stades :
← stade I : T1 N0 M0 ;
← stade II : T2 N0 M0 ;
← stade III : T3 N0-T1 T2 T3 N1 M0 ;
← stade IV : T4 N0 N1 ; tous T N2 N3 M0 ; tous T, tous N, M1.
Au stade post-thérapeutique
Suivi post-thérapeutique
Les différents types d'intervention sur le pharyngolarynx doivent être connus car ils
engendrent des modifications d'imagerie qui ne doivent être confondues avec les
modifications pathologiques
Récidives
Celles-ci sont suspectées sur la réapparition d'une prise de contraste ou sur l'apparition d'une
lésion faisant effet de masse. L'apparition d'adénopathies est évidemment suspecte, et peut
représenter à elle seule le signe d'une récidive.
Complications
Les chondronécroses des cartilages laryngés sont facilement identifiées en scanner : on note
l'apparition d'éléments nécrosés hypodenses s'accompagnant de prises de contraste diffuses et
intenses. Ces nécroses surviennent le plus souvent chez des patients réirradiés pour récidive.
La nécrose s'accompagne donc souvent d'une récidive tumorale. Il n'est pas possible en
imagerie de faire la différence entre les éléments infectieux et inflammatoires, et tumoraux,
car tous prennent le contraste. Les fistules sont détectées en radiographie conventionnelle
après ingestion de produit radio-opaque (gastrograffine ou baryte
VIII-Méthodes thérapeutiques
A- Traitement chirurgical
Nous envisagerons :
La lésion est strictement unilatérale : le curage cervical homolatéral complet sauf groupe
sous-maxillaire est de mise ; classiquement il sera radical sacrifiant le SCM, la jugulaire
interne (JI) et le nerf spinal (XI) en cas de ganglion palpable ≥ 2,5 cm ; mais il pourra être
conservateur du SCM, de la JI et du XI si il n'y a pas de ganglion ou si celui-ci a une taille < à
2,5 cm.
Sauf extensions particulières ou constatation clinique, il n'est pas utile d'évider la région sous-
mento-maxillaire, en revanche toutes les autres chaînes doivent être réséquées. On peut être
conduit à préserver la branche externe du XI de façon à limiter les séquelles scapulaires de
l'évidement radical.
La lésion est paramédiane, médiane ou bilatérale et bien sûr si les adénopathies sont
bilatérales : on commencera du côté le moins atteint en réalisant un évidement complet
conservateur, puis du côté homolatéral on réalisera un évidement complet radical. Il est en
effet indispensable de garder une jugulaire interne au moins d'un côté. La technique de
l'évidement bilatéral radical en deux temps n'est plus guère utilisée aujourd'hui.
Différentes interventions
Ce terme consacré par l'usage est imparfait il s'agit en fait d'une pharyngectomie partielle
associée à une laryngectomie totale. Du côté malade, le pharynx est largement sacrifié à
bonne distance des lésions en débordant s'il le faut au-delà des limites du sinus piriforme, du
côté sain, en revanche le pharynx est conservé afin de permettre la reconstitution immédiate
d'un conduit digestif.
Le pharynx est fermé en un plan muqueux simple en faisant des points extra muqueux au fil
résorbable 00 ou 000. Ces points seront réalisés tous les 5 à 6 mm les uns des autres. Ce plan
muqueux pourra être doublé d'un deuxième plan musculaire.
De plus, avant la fermeture muqueuse on pourra mettre en place une prothèse phonatoire de
façon à permettre une restauration vocale plus rapide. Cette mise en place d'une prothèse
nécessite que le sacrifice muqueux pharyngé ne soit pas important car alors on majore le
risque de sténose postopératoire.
La survenue d'un pharyngostome n'est pas un accident rare (de 5 à 10 % selon les séries) ; le
plus souvent ce pharyngostome cicatrise spontanément par des soins locaux mais une fois sur
quatre il nécessite un geste chirurgical
Le deuxième temps est l'ouverture du pharynx : elle peut se faire de deux manières selon
le siège même de la tumeur :
soit pharyngotomie latérale verticale à travers le constricteur inférieur. Cette voie est
barrée par le nerf laryngé supérieur qu'il faut récliner en haut.
Le troisième temps est le temps d'exérèse de la lésion. Cette exérèse comporte l'ablation en
monobloc, de la tumeur et de l'aile thyroïdienne : on s'assure que la tumeur n'atteint pas
l'angle antérieur dans ce cas il faudrait empiéter sur l'hémilarynx correspondant. Des contrôles
histologiques extemporanés seront demandés.
Hémipharyngolaryngectomie
Cette technique est indiquée pour les tumeurs de l'étage membraneux du versant interne et de
l'angle antérieur du sinus piriforme pouvant ou non s'étendre à la paroi externe.
Le choix entre l'une ou l'autre exérèse sera décidé soit lors du bilan préopératoire, soit même
lors de l'intervention elle-même : en fonction des constatations macroscopique et histologique
extemporanées. Plus la tumeur évolue vers l'aryténoïde plus l'hémilaryngectomie doit être
totale.
Selon l'importance de l'exérèse on commencera à mettre un bouchon sur la canule vers le 4e-
6e jour et on essaiera de décanuler le patient vers le 8e-10e jour, parfois l'existence d'un
oedème retarde cette décanulation.
Quant à la déglutition par les voies naturelles : on commencera à faire des essais de
déglutition en cas de pharyngectomie externe vers le 8e-10e jour ; en cas
d'hémipharyngolaryngectomie ces essais seront débutés au 15e jour, on les réalisera avec des
aliments mous et lisses (crème, fromage blanc) et jamais avec des liquides.
L'oesophage cervical est ensuite sectionné à distance du pôle inférieur de la tumeur en même
temps que l'on complète la section trachéale. Quand il existe un doute sur l'extension
inférieure de la tumeur, il est possible d'ouvrir la muqueuse pharyngée en zone non tumorale
pour avoir un bon contrôle avant la section inférieure. Un évidement récurrentiel uni ou
bilatéral ainsi que la thyroïde sont emportés avec la pièce opératoire.
De nombreuses méthodes de reconstruction de l'axe digestif après PLTC ont été décrites :
Le lambeau deltopectoral dont la fiabilité est incertaine et dont l'utilisation est grevée
d'un nombre élevé de sténoses n'est plus utilisé isolément pour la reconstruction des
PLTC.
Les lambeaux myocutanés thoraciques (LMC) (grand dorsal, grand pectoral) sont
beaucoup plus fiables et peuvent être tubulisés pour reconstruire l'axe pharyngé. Dans
ces cas, ils permettent une reconstruction en un temps et ont l'avantage de réaliser une
protection carotidienne
Les autres greffons libres (lambeau antébrachial radial, greffon colique libre) ne
sont plus guère utilisés. Les reconstructions par estomac tubulisé ou greffon colique
pédiculé s'adressent aux tumeurs dont l'extension rend une oesophagectomie
carcinologiquement nécessaire.
La chirurgie après radiothérapie ne pose pas de problème de technique hormis que les tissus
sont plus hémorragiques ou scléreux. Il n'est guère possible d'envisager une
hémipharyngolaryngectomie après irradiation. En revanche, une pharyngectomie externe est
réalisable tout comme une pharyngolaryngectomie totale. Par sécurité vis-à-vis de l'axe
carotidien et pour protéger les sutures pharyngées, il est recommandé aujourd'hui de mettre en
place un lambeau musculaire de grand pectoral.
De première intention en cas de très petite tumeur d'un repli chez des patients atteints d'une
autre affection grave avancée.
C- Radiothérapie
Doses délivrées
Dans tous les cas, cette irradiation postopératoire doit être débutée dans les délais les plus
brefs, tout retard conduisant à une perte de probabilité de contrôle local.
D- Chimiothérapie
Son but était d'éradiquer la maladie résiduelle microscopique après traitement locorégional.
Elle devait diminuer les récidives locorégionales ainsi que les métastases secondaires. Cette
modalité thérapeutique se heurtait à un inconvénient majeur : elle est tardive après la chirurgie
et la radiothérapie. Les essais réalisés n'ont jamais montré son efficacité.
L'action des drogues sera difficile sur une récidive car la vascularisation de ce territoire a été
très remaniée par les exérèses et la radiothérapie. La chimiothérapie en cas de récidive n'a
qu'un but palliatif, on ne la proposera qu'en cas de demande pressante du patient. Parmi les
drogues utilisées, le méthotrexate est le traitement à privilégier à la dose d’une injection
hebdomadaire de 40 à 60 mg/m2 en injection intramusculaire (IM) ou intraveineuse (IV) car,
à cette dose, la toxicité est acceptable et des réponses allant de 16 à 58 % ont été rapportées.
Souvent après une efficacité certaine au début, l'effet bénéfique s'atténue au bout de 3 à 4
mois. Le relais peut être pris par la bléomycine, le cisplatine, le 5FU ou une
polychimiothérapie.
La justification de l'utilisation d'une chimiothérapie première dans les tumeurs avancées est
qu'il est préférable d'utiliser la chimiothérapie avant tout traitement car la vascularisation est
intacte et les drogues pourront pénétrer correctement dans la tumeur.
Depuis 1987 le protocole Al-Sarraf s'est imposé. Il comporte trois cycles de 5 jours espacés de
15 jours de repos associant en IV CDDP 100 mg/m2 à j1 et 5FU à 1 000 mg/m2 à j1, j2, j3,
j4, j5. L'utilisation de médication antiémétisante est indispensable : le Kytril® ou le
Zophren® sont très utiles. Ce traitement nécessite un strict respect des contre-indications
(insuffisance rénale et affections cardiaques).
Ce protocole de CT apporte des régressions complètes sur la tumeur dans 20 à 54 % des cas et
moins souvent sur les ganglions.
Cette amélioration s'explique par la réduction des récidives locales alors que le taux des
métastases n'a pas été influencé par la CT. Puis, l'existence de pièces de
pharyngolaryngectomie totale stérilisées a conduit certains à proposer en cas de régression
clinique et radiologique complète de renoncer à l'acte chirurgical au profit d'un traitement non
mutilant par la radiothérapie.
Cette proposition de conservation laryngée a été rapportée pour la première fois par Jacobs
Il convient d'insister encore sur les suites difficiles en cas d'échec de la chimiothérapie
d'induction suivie d'irradiation : les pharyngostomes sont très fréquents 39 % et 50 % et le
contrôle local n'est obtenu que dans 53 % des PLT de rattrapage alors qu'il est obtenu dans 86
% des LT
Décision thérapeutique
Elle sera prise en équipe pluridisciplinaire en tenant compte d'une part, des critères liés à la
tumeur et à son extension ganglionnaire et d'autre part, de l'état du patient :
l'âge sera à considérer tant pour poser l'indication d'une chirurgie partielle que d'une
pharyngolaryngectomie totale ou d'une circulaire ; on saura se souvenir que les sujets
les plus jeunes sont souvent les plus atteints sur le plan général et les plus dénutris.
L'âge ne doit pas être un facteur limitant à une chirurgie totale ;
La plupart des auteurs retrouvent une survie globale à 3 ans proche de 45 % et à 5 ans de 30
% lorsque le traitement (PLT + RTE) peut être appliqué.
La survie de la radiothérapie exclusive n'est pas encourageante lorsqu'on prend l'ensemble des
patients.
En revanche, les T1-T2 traités par radiothérapie exclusive ont une survie à 3 et 5 ans de 42 %
et 35 % alors que les T3-T4 ont une survie à 9 % et 5 %