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ANATOMIE PATHOLOGIQUE SPECIALE

CANCERS BRONCHO-PULMONAIRES

Objectifs
1) Indiquer les caractéristiques épidémiques des carcinomes broncho-
pulmonaires
2) Décrire les aspects macroscopiques et microscopiques des
carcinomes
3) Décrire les différents aspects des tumeurs secondaires pulmonaires

Plan
Introduction
1- Généralités
1-1- Rappel histologique
1-2- Moyens d’étude
2- Cancers primitifs
2-1- Épidémiologie
2-2- Morphologie
2-3- Évolution et pronostic
3- Cancers secondaires
3-1- Bronchiques
3-2- Parenchymateuses
Conclusion

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INTRODUCTION
Les cancers broncho-pulmonaires sont des tumeurs malignes qui
regroupent d’une part les cancers primitifs, développés aux dépens des
cellules du poumon et des bronches, d’autre part des cancers
secondaires, c’est dire des cancers qui naissent à proximité ou à
distance et qui se propagent secondairement à l’appareil broncho-
pulmonaire.
Les cancers broncho-pulmonaires sont dominés par les cancers
secondaires qui sont biopsiés. Les cancers primitifs sont presque
essentiellement des carcinomes c'est-à-dire des tumeurs malignes
épithéliales. Ils sont fréquents dans les pays industrialisés. Leur
incidence est croissante dans les pays en développement.

1- GENERALITES

1-1- Rappel anatomique


Les poumons sont des organes paires situés de chaque coté du
médiastin.
Ils sont constitués de 2 grandes parties :
 le parenchyme pulmonaire constitué par les alvéoles et
l’arbre bronchique qui se subdivise successivement en bronches
primaires (bronches souches), secondaires (lobaires) et bronches
tertiaires puis les bronchioles et aux sacs alvéolaires.
 Au plan histologique, les parois des voies bronchiques sont
constituées de trois tuniques ;
- la muqueuse qui comprend un épithélium cylindrique pseudo-
stratifié au niveau des grosses bronches et qui va diminuer
progression pour être réduit à un épithélium simple pavimenteux
au niveau des alvéoles. Plusieurs types de cellules épithéliales y
sont décrits : les cellules ciliées, les cellules à mucus, les
pneumocytes de type 1 et 2 et les cellules endocrines.
- La sous muqueuse qui comprend du muscle lisse, puis du
cartilage constituant le squelette des bronches et qui disparait
dans les plus petites voies.
- Des glandes sont dispersées dans la sous muqueuse tout long
des voies respiratoires.

2-1- Épidémiologie

Ces données épidémiologiques concernent essentiellement les cancers


primitifs

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a) Données épidémiologiques
o Les CBP primitifs représentent 12,6 % de tous les cancers et
représenteraient le 1er cancer dans le monde selon l’OMS.
o Sa fréquence est plus élevée en Europe, en Amérique du Nord, en
Australie et en Nouvelles Zélande. Elle est faible en Asie du sud et
en Afrique où son taux varie entre 2 et 6%.
o La mortalité est de 17,8% dans le monde.
o L’homme est plus atteint avec un sex-ratio 2,7. Cependant, sa
fréquence augmente de façon spectaculaire chez la femme.
o L’âge de survenue est de 40 à 70 ans.

b) Facteurs favorisants
o Tabac : C’est le facteur le plus important. 80% des cancers primitifs
surviennent chez les fumeurs de cigarettes. Il existe une
association significative entre la fréquence du cancer bronchique
et la quantité de tabac fumé, le fait d’inhaler la fumée du tabac et la
durée du tabagisme.
o Risques industriels
- Tous les types de radiation
- Uranium
- Amiante dont les risques s’ajoutent à ceux du tabac
- Nickel, chromates, charbon, arsenic, or,
- Usine de produits chimiques.

o Pollution de l’air notamment le radon qui est un gaz radio actif


o Les cicatrices pulmonaires : après une tuberculose ou une
bronchite chronique.

1-3- Moyens d’étude


a) Cytologie
Les produits d’aspiration bronchique permettent le diagnostic dans
60 à 80% des cas. Il existe des risques de faux négatifs quand la
tumeur ne desquame pas ou si les cellules sont très proches de la
normale. Le risque de faux positif est rare et lié aux altérations
cellulaires dues à l’inflammation ou aux virus.

b) Prélèvements tissulaires
o La biopsie : elle consiste à prélever un fragment de tissu chez le
sujet vivant soit au cours d’une bronchoscopie, soit par voie trans-
pariétale sous contrôle radiologique en cas de tumeur intra
parenchymateuse distale ;

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o Pièces opératoires ou d’autopsie
o La fixation se fait au formol à 10%
o Les colorations : hématéine éosine, colorations spéciales.
o Autres techniques : Immnunohistochimie, biologie moléculaire.

2- TUMEURS MALIGNES PRIMITIVES

2-1- macroscopie
Au plan macroscopique, on distingue, les cancers proximaux qui
représentent les 2/3 des CBP primitifs et les cancers périphériques.

a) Cancers proximaux
Ils intéressent les bronches souches lobaires ou segmentaires. Ils se
présentent sous l’aspect de nodules ou massifs blanc-grisâtres bombant
dans la lumière d’une bronche où ils entraînent une sténose.
Parallèlement, le cancer peut s’étendre en coulées blanchâtres le long
des bronches.
Il s’y associe les cancers de la bifurcation trachéale.

b) Cancers périphériques
Ils sont localisés :
- soit au niveau des bronchioles terminales,
- soit en plein parenchyme, à la périphérie de l’organe.
Ils se présentent sous forme de nodules plus ou moins arrondis de taille
souvent importante.
Certains cancers périphériques sous-pleuraux s’accompagnent de
manifestations pariéto-thoraciques précoces dont la plus classique est le
syndrome de Pancoast Tobias. Il s’agit de cancer de siège apical avec
un syndrome neurologique.

2-2- microscopie
2-2-1) Les tumeurs malignes épithéliales ou carcinomes
Ils représentent 90 à 95 % de cancers bronchiques et représentent la
forme la plus fréquente chez l’homme. On en distingue plusieurs
variétés.
a) Le carcinome épidermoïde : 25 à 40%.

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Il reproduit l’architecture de l’épiderme. Selon l’aspect des cellules
tumorales, la présence ou non de ponts d’union inter cellulaire et la
présence ou non de kératinisation, on distingue :
i. Les CE bien différenciés
ii. Les CE moyennement différenciés
iii. Les CE peu différenciés
Il existe d’autres variantes selon la forme des cellules et la coloration du
cytoplasme.
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b) L’adénocarcinome (25 à 40%)


C’est un cancer reproduisant des structures glandulaires. Il est le type le
plus fréquent chez la femme et chez le non fumeur.
Le siège est habituellement périphérique. On distingue classiquement
deux formes :
o adénocarcinomes bronchiques habituels
Ils sont constitués de cavités glandulaires ou de formations
papillaires ou de tubes tapissés de cellules en une seule couche.
Les cellules contiennent souvent du mucus.
o adénocarcinome bronchiolo-alvéolaire : Il s’agit d’une prolifération
de cellules carcinomateuses venant recouvrir les cloisons
alvéolaires sans invasion du stroma. Les cellules sont cylindriques,
hautes, relativement régulières. Le cytoplasme abondant contient
fréquemment du mucus.

Dans leur localisation intra parenchymateuse, les adénocarcinomes


posent un problème de diagnostic différentiel avec les métastases.

c) les carcinomes à petites cellules (2 à 25%)


Ils constituent la plus agressive des CBP et sont étroitement liés au
tabac.
L’aspect classique est celui dit en grain d’avoine qui est constitué de
nappes de petites cellules rondes ou ovales d’allure lymphocytaire. Le
cytoplasme est peu abondant, la chromatine fine et poussiéreuse. Les
mitoses sont nombreuses et la nécrose massive.
Les variantes sont de plusieurs types et sont appelées types composites.
Ils associent à la forme précédente un adénocarcinome, un carcinome
épidermoïde, un carcinome à grandes cellules ou parfois des cellules
fusiformes.

d) Les carcinomes à grandes cellules (10 à 15%)


Ils sont constitués de cellules de grande taille indifférenciées, d’aspect
polygonal, bien limitées aux noyaux volumineux, parfois multiples avec

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des nucléoles proéminents. La nécrose est massive et le stroma est
riche en polynucléaires. Il n’y a pas de composante épidermoïde ou
glandulaire.

e) Autres TM épithéliales
 Carcinoïdes
 Carcinome adénoïde kystique développé aux dépens des glandes
muqueuses
 Tumeurs muco-épidermoïdes

2-2-2) Les sarcomes


 Léiomyosarcome
 Fibrosarcome
 Rabdomyosarcome
 Liposarcome
 Hémagiosarcome
 Pneumoblastome (sujet jeune)

Ces TM primitives sont d’évolution et de pronostic variés. Ceci constitue


l’objet de notre 3è sous-chapitre.

2-3- Évolution et pronostic


2-3-1- Évolution
a) Extension loco-régionale
L’extension de la tumeur se fait de proche en proche
o Dans le parenchyme pulmonaire
o Vers le péricardique et le reste du médiastin
o La Plèvre
o Les Ganglions hilaires, médiastinaux et inter trachéo bronchiques

b) Métastases à distances
o Ganglions extra thoraciques (rares et tardives)
Cervicaux, axillaires, abdominaux
o Métastases viscérales : sont hépatiques, surrénaliennes, rénales,
système nerveux central, osseuse, cutanées.
Ces modalités évolutives vont déterminer le pronostic.

2-3-2- Pronostic

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Il est mauvais malgré les progrès thérapeutiques réalisés. Les CPC sont
d’évolution rapide et sont souvent découverts à un stade avancé, ce qui
réduit la survie des malades. Les CPC sont incurables par la chirurgie.
Leur traitement est basé sur la chimiothérapie et la radiothérapie. C’est
la raison pour laquelle en clinique, on oppose le CPC avec les autres
cancers.
La survie globale à 5 ans est d’environ 9%. Une classification en stade a
été établie par l’OMS (document TNM).

3- CANCERS SECONDAIRES

Les carcinomes et sarcomes qui naissent dans l’organisme peuvent


gagner les poumons par voie sanguine, par voie lymphatique ou par
contiguïté. Ces métastases peuvent se localiser au niveau des bronches
ou du parenchyme pulmonaire.

3-1-Origines des cancers:


Leurs origines sont diverses : En effet, ils peuvent provenir :
o Des organes situés à proximité : œsophage, plèvre.
o Des organes situés à distance : Sein, intestin, Rein, Vessie,
Larynx.
Elles peuvent parfois être révélatrices de la tumeur primitive.

3-2- Macroscopie :

a) Sièges des tumeurs secondaires :


Ces tumeurs siègent le plus souvent dans le parenchyme en périphérie
qu’au niveau des bronches. Le parenchyme pulmonaire est le siège de
tumeurs secondaires dans 20% des cancers.

b) Aspects macroscopiques:
Différents aspects macroscopiques peuvent être observés.
 Nodules multiples : c’est l’aspect le plus caractéristique. Ils
donnent l’aspect radiologique en lâcher de ballons. Il s’agit
d’opacités régulières de taille variable réparties dans les 2 champs
pulmonaires.
 Ils se présentent parfois sous forme de nodule unique localisé à la
paroi de la bronche et bombant dans la lumière et simulant une
tumeur primitive.
 Nodules uniques qui siègent souvent au niveau des bases
pulmonaires. Ils simulent un cancer primitif.

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 Lymphangite carcinomateuse : elle est due à l’infiltration des
vaisseaux lymphatiques pulmonaires par les cellules
néoplasiques. Dans certains cas, elle est péri broncho-vasculaire
et s’étend en coulées depuis le hile jusqu’à la périphérie.
Elle peut être sous pleurale et se présente sous forme d’un réseau
blanchâtre.
 Miliaires carcinomateuses : elles réalisent un semi de
micronodules de la taille d’un grain de mil. Le diagnostic
différentiel se fait avec une tuberculose ou une sarcoïdose.

3.3. Microscopie :
L’aspect histologique peut être proche de la tumeur primitive. Il
s’agit souvent de tumeurs glandulaires. Exemple : le cancer
folliculaire de la thyroïde qui est caractéristique.
Lorsque la tumeur est d’origine non identifiée, ces métastases
posent un problème de diagnostic différentiel avec un
adénocarcinome bronchique primitif d’où l’intérêt de
l’immunohistochimie.

Le diagnostic peut être difficile et l’immunohistochimie peut contribuer au


diagnostic.

Conclusion

Les CBP sont des cancers fréquents dans le monde. Ils sont dominés
par des métastases qui sont surtout parenchymateuses, d’origines
diverses et se présentent sous des aspects parfois trompeurs.
Les TM primitives essentiellement bronchiques dont la genèse est
favorisée par le tabac.
Au plan morphologique, ces TM primitives sont en très grande majorité
des carcinomes. Leur pronostic est sombre. L’accent doit donc être mis
sur la prévention par l’intensification des campagnes de lutte contre le
tabac.

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