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La Revue de médecine interne 33S (2012) S10–S14

Disponible en ligne sur

www.sciencedirect.com

Diagnostic d’une surcharge hépatique en fer


Diagnosis of hepatic iron overload
Y. Deugnier a,∗,b,c,d , E. Bardou-Jacquet a,b,c,d , F. Lainé a,b,d , Y. Gandon c,d,e,f , A.-M. Jouanolle f
a
Service des maladies du foie, CHU Pontchaillou, 2, rue Henri-le-Guilloux, 35033 Rennes cedex, France
b
Centre national de référence des surcharges génétiques en fer rares, CHU de Rennes, 35033 Rennes, France
c
Faculté de médecine, université Rennes 1, 35000 Rennes, France
d
Inserm, CIC0303 et U991, 35033 Rennes, France
e
Département d’imagerie médicale, CHU de Rennes, 35033 Rennes, France
f
Laboratoire de génétique moléculaire, CHU de Rennes, 35033 Rennes, France

i n f o a r t i c l e

Historique de l’article :
Disponible sur Internet le 11 avril 2012

Mots clés :
Surcharge hépatique en fer
Hémochromatoses
Syndrome métabolique

Keywords:
Hepatic iron overload
Hemochromatosis
Metabolic syndrome

1. Objectifs pédagogiques une arthropathie métacarpo-phalangienne et inter-phalangienne


proximale des deuxièmes et troisièmes doigts mais peut tou-
Savoir quand évoquer une surcharge en fer cher, en fait, toute articulation (poignets, pieds, chevilles, genoux,
Savoir affirmer une surcharge en fer et quantifier sa gravité hanches. . .) ;
Connaître la démarche étiologique d’une surcharge en fer • d’autres témoignent d’une maladie plus évoluée tels une méla-
L’objet de cet article est d’aborder le diagnostic des surcharges nodermie brun-grisâtre diffuse, une hépatomégalie, un diabète,
hépatiques en fer sous un angle pratique. Le lecteur est prié de se un hypogonadisme, une ostéoporose, des troubles du rythme ou
référer à la mise au point de Loréal et al. (dans ce même numéro) une insuffisance cardiaques ;
pour ce qui concerne les données physiologiques et physiopatho- • d’autres enfin, tels des signes neurologiques, ne se rencontrent
logiques nécessaires à la compréhension du métabolisme du fer et que dans certaines formes exceptionnelles de surcharge en fer.
de ses anomalies.
Le diagnostic est, en fait, de plus en plus souvent évoqué devant
2. Quand penser à une surcharge en fer ? des anomalies biologiques repérées lors d’un bilan systématique. Il
peut s’agir :
Les signes cliniques d’appel de surcharge en fer sont variés :

• d’une cytolyse, alors toujours discrète (< 3 × LSN1 ) et prédomi-


• certains sont précoces telle l’asthénie chronique ou peuvent
nant en ALAT ;
l’être comme l’atteinte articulaire qui consiste typiquement en
• d’une élévation modérée du CA 19,9 sérique (< 4 × LSN) ;

∗ Auteur correspondant.
1
Adresse e-mail : yves.deugnier@univ-rennes1.fr (Y. Deugnier). LSN : limite supérieure de la normale.

0248-8663/$ – see front matter © 2012 Publié par Elsevier Masson SAS pour la Société nationale française de médecine interne (SNFMI).
doi:10.1016/j.revmed.2012.03.007
Y. Deugnier et al. / La Revue de médecine interne 33S (2012) S10–S14 S11

• et bien évidemment, d’une anomalie du bilan martial. . . souvent 3.2.5. Autres causes
prescrit dans le cadre du diagnostic d’une asthénie avec la crainte D’autres causes plus rares d’hyperferritinémie sans réelle sur-
d’une carence en fer sous-jacente. charge en fer existent qui ne résistent pas, en règle, à un bon
examen clinique : hyperthyroïdie, maladie de Gaucher, pathologie
3. Comment affirmer une surcharge en fer ? cancéreuse, hyperferritinémie génétique avec ou sans cataracte par
mutation sur le gène de la l ferritine. . .
Cette étape repose sur la détermination de la ferritinémie. . . et
sa bonne interprétation (Tableau 1). 3.3. Troisième situation : la ferritinémie est augmentée en
l’absence ou après correction des facteurs confondants sus-cités
3.1. Première situation : la ferritinémie est normale
Si la saturation est très élevée (> 60 %) et vérifiée comme telle,
l’enquête étiologique peut être débutée dès ce stade. Dans les autres
Une surcharge en fer peut alors être écartée.
cas, il est souhaitable de disposer d’une évaluation du stock en fer :

3.2. Deuxième situation : la ferritinémie est augmentée et il existe


3.3.1. Au moment du diagnostic
des facteurs susceptibles d’expliquer cette augmentation hors
L’IRM hépatique [1], sous réserve de quelques contraintes tech-
l’existence d’une surcharge en fer
niques (http://www.radio.univ-rennes1.fr), permet de détecter les
surcharges supérieures à 60 ␮moL/g (n < 36), de les quantifier
Cette situation est extrêmement fréquente et nécessite de
précisément jusqu’à 300 ␮mol/g, de rechercher, en cas d’excès
prendre quelque recul et de n’évoquer une surcharge en fer que
important, des lésions prénéoplasiques ou néoplasiques dépour-
si l’hyperferritinémie persiste en dépit de la prise en charge de ces
vues de fer et de classer la surcharge en fonction de la coexistence
facteurs, dont les quatre principaux sont le syndrome inflamma-
de dépôts de fer dans le pancréas (surcharge parenchymateuse type
toire, les lyses cellulaires, la consommation excessive d’alcool et le
hémochromatose) ou la rate (surcharge mésenchymateuse type
syndrome métabolique (pris au sens large du terme).
post-transfusion ou maladie de la ferroportine).
La biopsie hépatique [2] permet, outre la détection et la quan-
3.2.1. Syndrome inflammatoire tification histologique ou biochimique de l’excès de fer, le typage
Toute inflammation, générale ou tissulaire, est susceptible de la surcharge en parenchymateuse, mésenchymateuse ou mixte,
d’élever la ferritinémie. Dans cette situation, sidérémie et satura- l’évaluation de son retentissement fibreux et la recherche de lésions
tion de la transferrine sont, en règle, diminuées, ce qui doit orienter associées.
le clinicien. Le corollaire est qu’on ne peut pas interpréter valable-
ment une hyperferritinémie sans disposer d’un dosage conjoint de
3.3.2. Rétrospectivement
la C reactive protein (CRP).
Le calcul du nombre de grammes de fer soustrait (1 litre de
sang = 0,5 g de fer) peut s’avérer nécessaire pour corriger la fré-
3.2.2. Lyses cellulaires quente surévaluation initiale du stock en fer par la ferritinémie ou
Toute cytolyse, hépatique, musculaire et à un moindre degré, l’IRM et éviter ainsi d’inutiles enquêtes familiales et de coûteuses
globulaire rouge ou médullaire, s’accompagne d’une élévation de recherches génétiques. Pour avoir du sens, ce calcul doit être appli-
la ferritinémie proportionnelle à l’importance de la destruction cel- qué sur la seule période initiale de désaturation (c’est-à-dire du
lulaire. L’interprétation d’une hyperferritinémie nécessite donc de début du traitement au moment de l’obtention d’une ferritinémie
disposer également d’un dosage des taux sériques des ASAT (muscle inférieure à 50 voire 100 ␮g/L) et sous la réserve que les saignées
et foie) et des ALAT (foie) ainsi que d’une numération sanguine. n’aient pas été espacées de plus de 15 jours. La tenue d’un carnet
de suivi est vivement conseillée.
3.2.3. Consommation excessive d’alcool
L’alcool est susceptible d’augmenter la ferritinémie par un 4. Comment mener l’enquête étiologique ?
mécanisme direct d’induction de sa synthèse et par deux méca-
nismes indirects, l’un par toxicité cellulaire (cytolyse) et l’autre En dehors des causes évidentes (supplémentation excessive en
par diminution de la production d’hepcidine. La détermination fer, maladie hématologique nécessitant des transfusions) et de cir-
précise de la consommation quotidienne d’alcool fait donc par- constances particulières (dépistage familial. . .) qui ne seront pas
tie de l’enquête étiologique d’une hyperferritinémie. Lorsque cette ici abordées, l’enquête étiologique de la surcharge s’articule autour
consommation est excessive, il convient d’effectuer un test de de la détermination du coefficient de saturation de la transferrine
sevrage : la ferritinémie diminue significativement, voire se nor- effectuée dans de bonnes conditions techniques : patient à jeun,
malise dans les 15 jours qui suivent l’arrêt de l’alcool. court délai d’acheminement du prélèvement et dosages conjoints
du fer sérique et de la transferrinémie. Malgré ces précautions, les
3.2.4. Syndrome métabolique (au sens large du terme) faux positifs demeurent fréquents, si bien qu’il est recommandé de
Une hyperferritinémie – en règle modérée, c’est-à-dire de toujours vérifier un résultat élevé avant de poursuivre la démarche
l’ordre de 500 ␮g/L - est fréquente au cours du syndrome méta- étiologique sous peine d’engager dans une démarche inutile et coû-
bolique. Son taux est proportionnel au degré d’insulino-résistance. teuse.
L’interprétation d’une hyperferritinémie nécessite donc une bonne
connaissance du terrain métabolique (index de masse corporelle, 4.1. La saturation de la transferrine est augmentée
tour de taille, tension artérielle, bilans lipidique et glucidique. . .).
Cette hyperferritinémie s’associe, dans la moitié des cas, à une 4.1.1. En présence d’une anémie
stéatose ou une stéato-hépatite conférant au foie un aspect Il faut discuter, si le sujet est âgé et l’anémie macrocy-
hyperéchogène. . . lequel est souvent décrit comme « foie de sur- taire, une dysmyélopoïèse compensée et si le sujet est jeune et
charge ». En fait, il s’agit bien d’un foie surchargé en graisse et non en l’anémie microcytaire, deux désordres génétiques exceptionnels
fer, l’excès de fer, même important, ne modifiant pas l’échogénicité de transmission récessive, l’atransferrinémie héréditaire [3] et une
hépatique. surcharge par atteinte de dimetal transporter 1 (DMT1) [4].
S12 Y. Deugnier et al. / La Revue de médecine interne 33S (2012) S10–S14

Tableau 1
Principales causes d’hyperferritinémie avec et sans surcharge en fer.

Hyperferritinémies

Avec surcharge en fer Sans surcharge en fer

Génétiques Acquises Acquises Génétiques

Hémochromatoses Maladies hématologiquesa Syndrome inflammatoirea L ferritine avec cataracte


HFEa Dysmyélopoïèse compensée Lyse cellulairea L ferritine sans cataracte
Récepteur transferrine 2 Transfusions chroniques Alcoolisme chroniquea
Hepcidine Porphyrie cutanée tardive Syndrome métaboliquea
Hémojuvéline Apport excessif de fer Thésaurismoses (Gaucher)
Ferroportine (type A) Per os Hyperthyroïdie
Parentéral Cancers
Hépatopathies chroniquesa
Syndrome métaboliquea

Autres
Ferroportine (type B)
Céruloplasmine
Transferrine
a
Les causes les plus fréquentes de l’hyperferritinémie.

4.1.2. En présence d’une maladie hépatique évoluée s’il existe une ambiance familiale de surcharge en fer. Il est
Il s’agit vraisemblablement d’une surcharge en fer secondaire [5] souhaitable qu’une telle enquête soit pilotée par un centre de
liée à une hypotransferrinémie et à une diminution de la production référence ou de compétence (http://www.centre-reference-fer-
d’hepcidine par insuffisance hépatocellulaire chronique [6]. Cette rennes.fr). Elle est susceptible de déboucher :
situation est fréquente, notamment dans les services d’hépatologie
et en condition de bilan pré-transplantation hépatique. Elle ne doit ◦ chez un sujet jeune, sur le diagnostic d’hémochromatose juvé-
pas conduire à une recherche systématique d’une hémochromatose nile laquelle est transmise sur un mode autosomique récessif,
génétique lorsque la cause de la cirrhose est connue. implique le gène de l’hepcidine [11] ou celui de l’hémojuvéline
[12] et s’exprime, parfois bruyamment, par une insuffisance
4.1.3. En l’absence d’anémie et de maladie hépatique évoluée gonadotrope, une insuffisance cardiaque et une cirrhose qui, en
Le diagnostic d’hémochromatose génétique est recevable et la règle, répondent bien à un vigoureux traitement par phléboto-
recherche de la mutation C282Y est justifiée : mies éventuellement associé à une chélation,
◦ chez un sujet adulte, sur l’identification d’une surcharge par
• l’homozygotie C282Y signe le diagnostic d’hémochromatose HFE. atteinte du gène du récepteur de la transferrine 2 [13], de
Dans les populations d’origine européenne, la fréquence allélique transmission autosomique récessive, qui réalise un tableau
moyenne de C282Y est de 6,2 % avec de grandes disparités selon superposable à celui d’une hémochromatose HFE ou, exception-
un gradient décroissant nord → sud et ouest → est (12,5 % en nellement, un tableau de type juvénile et, de façon encore plus
Irlande → 0 % en Europe du sud). La prévalence de l’homozygotie exceptionnelle, par mutation du gène de la ferroportine (type B).
C282Y qui en est déduite (0,38 %, soit 1 : 260 individus) est
nettement supérieure à celle de la maladie hémochromato- 4.2. Si la saturation de la transferrine est normale, voire abaissée
sique, quel que soit le critère de définition phénotypique retenu.
Une telle discordance témoigne de la faible pénétrance clinique Le diagnostic d’hémochromatose génétique n’est pas recevable
de ce génotype. Cette dernière a été évaluée à 1 % chez les (sauf dans le cas où coexiste un syndrome inflammatoire ou un
femmes et 28 % chez les hommes dans une large cohorte austra- syndrome métabolique sévère qui sont susceptibles d’abaisser la
lienne. L’homozygotie C282Y apparaît donc comme une condition saturation de la transferrine par augmentation de la synthèse
nécessaire mais non suffisante au développement d’une hémo- d’hepcidine). Il n’y a donc pas lieu de demander un génotypage
chromatose HFE [7], ce qui suggère l’existence de cofacteurs, HFE.
génétiques ou acquis, susceptibles d’en moduler l’expressivité. Le plus souvent, il s’agit d’une hépatosidérose dysmétabolique
De tels cofacteurs peuvent impacter : (HSD). Décrite chez des sujets non alcooliques d’âge mûr, essentiel-
◦ l’excès de fer lui-même en agissant sur la synthèse d’hepcidine lement masculins, l’HSD est définie par l’association :
comme certains polymorphismes géniques [8], la consomma-
tion d’alcool ou le syndrome métabolique et/ou, • d’une surcharge hépatique en fer inexpliquée ;
◦ l’expression hépatique de la maladie comme les polymor- • d’un contexte dysmétabolique associant surpoids (avec répar-
phismes sur les gènes du transforming growth factor b 1, du tition androïde des graisses) et/ou hypertension artérielle
Toll-like réceptor 4, de la manganèse superoxide dismutase et et/ou dyslipidémie (hypertriglycéridémie, essentiellement) et/ou
de la myélopéroxydase, l’alcool et le syndrome métabolique ; intolérance aux hydrates de carbone, voire diabète non insulino-
• l’hétérozygotie C282Y ne peut pas rendre compte, à elle seule, dépendant [14].
d’un trouble significatif du métabolisme du fer. Elle est toute-
fois susceptible d’expliquer, banalement, de discrètes anomalies La biologie fonctionnelle hépatique est normale ou peu per-
biologiques sans traduction clinique s’il elle s’associe à une hété- turbée (hyper gamma GT isolée ou associée à un discret courant
rozygotie pour une mutation mineure comme H63D [9] ou S65 C cytolytique en ALAT). L’hyperferritinémie est souvent plus impor-
ou, très exceptionnellement, un tableau phénotypique complet tante que ne le voudrait la seule surcharge, laquelle est, en règle,
si coexiste une hétérozygotie pour une autre mutation privée discrète (de l’ordre de 100 ␮mol/g). Histologiquement [15], il s’agit
majeure [10] ; d’une surcharge mixte, hépatocytaire et mésenchymateuse, avec
• en l’absence de mutation C282Y, l’enquête étiologique doit être prédominance périportale de sa composante parenchymateuse.
poursuivie si la présentation phénotypique est évocatrice et/ou Dans la moitié des cas, coexiste une stéatose, voire une hépatite
Y. Deugnier et al. / La Revue de médecine interne 33S (2012) S10–S14 S13

stéatosique et, dans 10 à 15 % des cas, une fibrose en pont ou une cir- biopsie hépatique est donc réservée à ceux qui ne réunissent pas ces
rhose. La physiopathologie de l’HSD demeure incertaine. Un trouble trois critères et dont la moitié s’avèrent présenter une cirrhose (ou
primitif de la synthèse de l’hepcidine apparaît peu vraisemblable une fibrose en pont). Il est vraisemblable que, dans un proche ave-
[16]. nir, la validation de marqueurs biochimiques, tel le dosage sérique
Exceptionnellement, il s’agit d’une surcharge génétique par de l’acide hyaluronique [20] ou physiques, telle l’élastométrie,
mutation du gène de la ferroportine (type A) ou de la céruloplas- conduira à réduire davantage l’indication de la biopsie hépatique
mine : chez l’hémochromatosique.

4.2.1. Maladie de la ferroportine [17] 5.1.2. Hors l’homozygotie C282Y


La ferroportine assure la sortie cellulaire du fer. Elle est particu- L’indication de la biopsie hépatique est moins bien codifiée et
lièrement abondante au niveau des macrophages. L’hepcidine en doit être discutée au cas par cas sachant que cet examen peut
règle l’activité en en modulant l’internalisation. Deux formes de aider au diagnostic étiologique mais que, surtout, il est utile pour
surcharge en fer liées à l’atteinte du gène de la ferroportine sont déterminer le degré de fibrose et rechercher d’éventuelles lésions
décrites, toutes deux de transmission autosomique dominante. La associées (stéato-hépatite notamment) [2].
forme A, la moins exceptionnelle, résulte d’une perte de fonction
de la ferroportine. Elle est à l’origine d’une surcharge caractérisée
5.2. Ostéodensitométrie osseuse
par :
En raison de la fréquence de l’ostéoporose au cours de
• l’absence ou la pauvreté de son expression clinique ;
l’hémochromatose, il est recommandé de réaliser une ostéodensi-
• une hyperferritinémie avec saturation de la transferrine normale
tométrie osseuse chez les sujets hémochromatosiques, notamment
ou peu augmentée ;
les femmes, de plus de 40 ans.
• la prédominance macrophagique des dépôts sidériques expli-
Les autres examens (dosage sérique de la testostérone, échocar-
quant l’hyposignal splénique en IRM ;
diographie, radiographies articulaires. . .) ne sont envisagés qu’en
• parfois, une moins bonne tolérance des saignées que dans
cas de symptomatologie d’appel.
l’hémochromatose HFE.

La forme B qui résulte d’un gain de fonction et conduit à un 6. Conclusion


tableau typique d’hémochromatose a été évoquée plus haut.
L’IRM est devenue l’examen de référence pour l’affirmation des
4.2.2. Acéruloplasminémie héréditaire surcharges hépatiques en fer alors que la génétique moléculaire
Il s’agit d’une affection autosomique récessive responsable d’un permet à présent le diagnostic étiologique de la quasi-totalité des
déficit en céruloplasmine, lequel est à l’origine du blocage de surcharges héréditaires. La disponibilité de ces outils ne saurait ini-
l’oxydation du fer, donc de sa sortie cellulaire. Il en résulte une tialement dispenser d’un bon examen clinique prenant, notamment
surcharge touchant le foie, le pancréas (diabète) et le système en compte les paramètres biométriques, d’une appréciation cor-
nerveux central (rétinite pigmentaire, syndrome extra-pyramidal recte de la consommation d’alcool et de la prescription de quelques
et troubles des fonctions supérieures jusqu’à la démence) [18]. examens biologiques simples (NFS, ASAT, ALAT, CRP, saturation
Biologiquement, la maladie réalise un tableau d’hyperferritinémie de la transferrine. . .) afin de ne pas submerger les laboratoires
à fer sérique et saturation de la transferrine bas associée à un de génétique moléculaire ainsi que les centres de référence et de
effondrement de la céruloplasminémie. Elle se révèle à l’âge compétence de cas « tout venant » d’hyperferritinémie.
adulte, généralement par un tableau neurologique et/ou un dia-
bète. Une forme dégradée de la maladie a été décrite sous le terme Déclaration d’intérêts
d’hypocéruloplasminémie héréditaire.
Les auteurs n’ont pas transmis de déclaration de conflits
5. Diagnostic de gravité d’intérêts.

Le diagnostic de surcharge hépatique en fer implique la réalisa-


tion d’un bilan pré-thérapeutique comportant au minimum : Références

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