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PROTOCOLE D’ETUDE

1. Titre provisoire :

Infections urinaires nosocomiales pédiatriques à Antananarivo sen 2022.

2. Contexte et justification de l’étude

2.1 Contexte

2.1.1 Prévalence

L’infection nosocomiale est très fréquente surtout dans les services de


réanimation, touchant chaque année 7 à 8 % des patients hospitalisés (tous âges
confondus) [1]. Ce taux est variable entre 4-6% dans les services de Pédiatrie [2].
Aux Etats-Unis, l’infection urinaire occupe la première place parmi les infections
nosocomiales. Les chiffres dont on dispose sont essentiellement fournis par le National
Nosocomial Infections Surveillance System(NNIS). Cet organisme réalise périodiquement
des études incluant un grand nombre de patients dans différents types d'hôpitaux
universitaires ou non. Selon ces enquêtes, l'infection urinaire nosocomiale représente entre
30 et 40% de l'ensemble des infections nosocomiales [3].
En France, selon l’enquête nationale de prévalence en 2017, un patient hospitalisé
sur 20 présente au moins une infection nosocomiale, l’infection urinaire nosocomiale
représente 32,47% de ces infections [4].
A Madagascar, les dernières études sur les infections nosocomiales ont montré une
prévalence allant de 0,55% à 52,4%. Ces études ont été réalisées dans des cadres variés,
notamment en néonatologie pour Andrianarivelo AM et al en 2010 [5], ainsi que pour
Rakotomady M en 2008 [6], et en milieu médical pédiatrique pour Andriantsoa RZ en
2012[7] et Ramangason LH en 2007 [8].

2.1.2 Gravité

Les infections nosocomiales urinaires sont graves du fait qu’elles sont susceptibles
d’avoir pour conséquence un accroissement de la durée de l’hospitalisation, secondaire au
traitement de l’infection et de ses complications éventuelles, avec les conséquences
économiques associées notamment : les coûts médicaux, liés à la consommation de soins
hospitaliers ; les coûts pharmaceutiques post hospitaliers [9].

2.1.3 Les germes à étudier :

- Acinetobacter spp :

1
Acinetobacter spp sont des bacilles aérobies gram-négatifs ou coccobacilles qui
appartient à la famille de Moraxellaceae. Le genre Acinetobacter comprend 17 espèces dont
A.baumannii, commensale de la flore cutanée caractérisée par sa multirésistance, qui est la
principale espèce responsable d’infection chez l’être humain [10]. Ubiquitaire, ce germe peut
être isolé d’échantillons d’origine variée : plantes, certains aliments, eau douce, eau de mer,
peau, conjonctives, oropharynx, et organes génitaux de l’homme sain.
Son énorme capacité à acquérir des gènes de multi-résistance permet de le qualifier de
bactérie super-résistante, posant un réel problème quant au choix thérapeutique. Dans une
étude menée en 2011 en Turquie, des taux moins importants ont été relevés, avec une
résistance à l’imipénème et à la ciprofloxacine, respectivement de 46.7 % et 53.3 % [11].

- Pseudomonas spp :

Pseudomonas aeruginosa ou bacille pyocyanique, principale espèce, est une bactérie


de l’environnement mais peut être commensale du tube digestif. Pour les sujets en bonne
santé, ce germe est peu présent, avec seulement 2 à 10 % de porteurs tandis que chez les
sujets hospitalisés ce taux peut atteindre 60 % sur les plaies des brûlures ou des escarres. Par
ailleurs, cette espèce peut survivre et se multiplier sur des supports inertes humides (lavabos,
robinets, savons, nébulisations et humidificateurs des appareils de ventilation), voire des
solutions antiseptiques conservées trop longtemps [12,13].
Malgré les progrès thérapeutiques et ceux réalisés en matière d’hygiène, Pseudomonas
aeruginosa reste fréquemment isolé chez les patients hospitalisés surtout en service
réanimation. Les infections qu’il provoque sont souvent sévères et de pronostic péjoratif
[14,15]. Cette espèce bactérienne se caractérise par une sensibilité modérée aux antibiotiques
et par une facilité d’acquisition de mécanisme de résistance pouvant survenir en cours du
traitement [16].
Dans une étude prospective s’étalant sur 4 ans (2007- 2011) conduite en Chine sur le
profil de résistance aux antibiotiques des souches de Pseudomonas isolées dans les services
de réanimation pédiatrique, le taux de résistance était de 33.3 % pour la ceftazidime, de
51.6% pour l’imipenème et de 50.8 % pour l’association tazobactam-pipéracilline [17].

2.2 Justification

- En pédiatrie, les données concernant l’infection urinaire nosocomiale sont rares. Une étude
effectuée en 2012 au CHU mère enfant Tsaralalana portant sur les infections nosocomiales à
bactérie multirésistante montrait que l’infection urinaire représentait 10% de l’ensemble de
ces infections [7].

- Les échecs des traitements antibiotiques probabilistes en première intention, en attente des
résultats de l’antibiogramme, sont fréquents du fait de l’émergence et de la fréquence
croissante aussi bien en milieu hospitalier que communautaire de la résistance des germes à
ces antibiotiques, réduisant ainsi les possibilités thérapeutiques et augmentant les couts du
traitement [18].

2
- La surveillance de la résistance bactérienne est donc nécessaire pour mettre à jour les
protocoles de traitement de première intention afin d’améliorer la prise en charge des patients
et éviter la survenue des complications.

- C’est dans ce cadre que s’inscrit notre étude afin de mettre à jour les données existant et les
prises en charges des infections urinaires nosocomiales.

3. Objectif de l’étude

3.1 Objectif général

- Déterminer la prévalence brute des infections urinaires nosocomiales chez les enfants
hospitalisés en milieu pédiatrique à Antananarivo en 2022.

3.2 Objectif spécifique

- Déterminer la sensibilité aux antibiotiques des germes Pseudomonas spp et Acinetobacter


spp

- Proposer des suggestions afin d’améliorer la prise en charge des infections urinaires
nosocomiales en pédiatrie.

4. Méthodologie

4.1 Cadre de l’étude

Cette étude a été réalisée au sein des laboratoires de trois CHU pédiatrique
d’Antananarivo : CHUJRB, CHU mère-enfant Ambohimiandra, CHU mère-enfant
Tsaralalana. Ces services de pédiatrie font parties des cinq centres hospitaliers Mère-Enfant
situés à Antananarivo.

Ces 3 CHU possèdent chacun un laboratoire d’analyse médicale. Ces laboratoires


effectuent des examens bactériologique, immunologique, hématologique, microbiologique.

Les analyses microbiologiques effectuées par ces laboratoires sont :

- L’examen cytobactériologique des urines (ECBU)

- L’examen bactériologique des frottis cervico-vaginal et urétral

- L’examen cytobactériologique du LCR

- L’hémoculture, la coproculture

- l’examen bactériologique des autres liquides de ponctions (pleurale, ascite,


articulaire, autre)

- L’antibiogramme

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4.2 Type d’étude

Il s’agit d’une étude rétrospective descriptive portant sur les cas d’infection urinaire
nosocomiale. Elle a intéressé les résultats des examens cytobactériologique des urines réalisé
au sein des laboratoires de ces trois CHU pours les patients de 0 à 15 ans durant la période
d’étude.

4.2 Durée de l’étude

Notre étude à commencé en mai 2023 depuis l’élaboration du protocole jusqu’à la


présentation de la thèse.

4.3 Période d’étude

La période d’étude s’est étalée sur une période de 12 mois allant du janvier 2022 au
décembre 2022.

4.4 Population d’étude

Elle est représentée par tous les dossiers des patients de 0 à 15 ans qui ont effectué un
examen cytobactériologique des urines dans les laboratoires de ces 3 CHU dont le résultat est
revenu positif.

4.4.1 Critères d’inclusion

Ont été inclus :

- Les dossiers des enfants qui ont présenté un résultat d’ECBU positif.

4.4.2 Critère de non inclusion :

Ont été non inclus :

Les dossiers des patients inscrits dans le registre des résultats des ECBU qui sont revenus
négatif avec leucocyturie< 104 / ml et bactériurie<103 UFC/ ml.

4.4.3 Critère d’exclusion

Ont été exclus:

- Les résultats d’ECBU positifs dont la culture n’a pas mis en évidence les germes
Pseudomonas spp ou Acinetobacter spp.

- Les dossiers des patients incomplets

4.4.4 Critère de positivité

Ont été considérés comme positifs :

4
- ECBU positif avec leucocyturie ≥ 104 /ml et bactériurie significative >104 UFC/ml

- Le résultat de la culture mentionnant l’isolement d’un de ces germes : Pseudomonas spp ou


Acinetobacter spp.

5. Variables étudiées
Variable dépendante :
Patients ayant présentés un résultat d’ECBU positif à Pseudomonas spp ou
Acinetobacter spp
Variables indépendants :
- Profil sociodémographique (âges, genre)

- Renseignements cliniques : mentionnant la symptomatologie, terrain particulier,


sondage vésicale.

- Prise d’antibiotique : l’antibiotique prise, combien d’heure avant le prélèvement

- Service prescripteur : patients hospitalisés ou externes


- Résultats de l’ECBU : résultat de l’examen direct, résultats de la culture
- Résultats de l’antibiogramme :trois catégories cliniques ont été retenues pour
l’interprétation des tests de sensibilité in vitro selon CASFM 2021.
 Souches sensibles à posologie standard :
CMI inférieur ou égale à la concentration critique basse. La probabilité de succès
thérapeutique est forte dans le cas d’un traitement par voie générale ou orale selon les
recommandations des différents tableaux spécifiques d’espèces ou non.
 Souches résistantes :
CMI supérieur à la concentration critique haute. Une forte probabilité d’échec
thérapeutique quels que soient le type de traitement et la dose d’antibiotique utilisée.
 Souches intermédiaires ou sensible à forte posologie :
CMI mesurée (ou le diamètre) est supérieure à la concentration critique basse et
inférieure ou égale à la concentration critique haute. La probabilité de succès
thérapeutique est forte uniquement dans le cas d’un traitement par voie systémique
avec une posologie forte.
- Durée d’hospitalisation

6. Type d’échantillon

Il s’agit d’un échantillonnage exhaustif des dossiers des patients de 0 à 15 ans présentant
des résultats d’ECBU positif au cours de l’année 2022 dans les 3 CHU.

6. Mode d’analyse des données

Il s’agit d’une étude rétrospective descriptive sur l’infection urinaire nosocomiale sur une
période de 12 mois.

8. Méthodologie
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Pour pouvoir réaliser notre étude :

- Nous avons fait une demande d’autorisation auprès de la faculté de médecine, de la direction
du CHUJRB, CHU mère-enfant Ambohimiandra, CHU mère-enfant Tsaralalana.

- après avoir obtenue ces différentes autorisations sus mentionné, nous avons procédé au
dépouillement des registres des résultats de laboratoire au sein de ces 3 CHU.

- Les données ont été saisies sur le logiciel Microsoft Excel 2007 et le logiciel Epi info 7 et le
texte a été traitées sur Microsoft Word 2007.

9. Considération éthique

-La collecte des données a été effectuée après l’obtention préalable de l’accord du directeur
d’établissement du CHUJRB, CHU mère-enfant Ambohimiandra et CHU mère-enfant
Tsaralalana.

- La confidentialité sur le contenu et les informations obtenues ont été respectés, les données
ont été codifiées afin de préserver l’anonymat.

10. Limite de l’étude

- Notre étude est limitée par les données enregistrées dans les registres des laboratoires des 3
CHU d’antananarivo et ne peuvent constituer des références à l’échelle nationale.

- La taille de l’échantillon est très limitée rendant l’interprétation des résultats difficile.

11. Résultats attendus

- L’incidence des infections urinaires nosocomiales pédiatrique à Pseudomonas sp et


Acinetobacter sp dans les 3 CHU d’Antananarivo en 2022.

- La sensibilité des germes Pseudomonas sp et Acinetobacter sp aux antibiotiques.

12. Références bibliographiques

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d’orientation SRLF/SFAR Réanimation. 2005. 463 – 71.

2. Astagneau P et coll. Epidémiologies des infections nosocomiales. Rev Prat.1998; 48 :


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3. Bergogne-Berezine. Les infections nosocomiales: nouveaux agents, incidence, prévention.


Presse Med.1995. 24, 89-97.

4. Enquête nationale de prévalence des infections nosocomiales et des traitements anti-


infectieux en établissements de santé, mai-juin 2017. Saint-Maurice : Santé publique France,
2019. 270p

6
.5. Andrianarivelo AM, Rafaravavy NE, Rafalimanana C, Andriantahiana TN, Robinson
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la maternité de Befelatanana. Rev Anesth Réanim Méd Urg. 2010 Mars-Avril;2(2):1-4.

6. Rakotomady M. Profil évolutif des infections nosocomiales à bactéries multi-


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7. Andriantsoa RZ. Infections nosocomiales à bactéries multi-résistantes à l’Hôpital


Universitaire Mère-Enfant Tsaralalana: situation actuelle [Mémoire]. Pédiatrie :
Antananarivo; 2012. 79p.

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Antananarivo; 2007. 111p.

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14. Husson Mo, Harf- Monteil C, Monteil H. Pseudomonas-Burkholderia-Rastoniapandoraea.


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15. Thuong M, Arvaniti K, Ruimy R, et al. Epidemiology of Pseudomonas aeruginosa and


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16. Lepape A. Epidémiologie des infections à Pseudomonas aeruginosa. Annales françaises


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