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Journal de Pédiatrie et de Puériculture

Volume 34, Issue 4, August 2021, Pages 223-228

Article original

Infections urinaires à entérobactéries productrices de


bêtalactamases à spectre élargi chez l’enfant : fréquence,
facteurs de risque et alternatives thérapeutiques
Urinary tract infections caused by extended-spectrum beta-
lactamase-producing enterobacteria in children: Frequency,
risk factors and therapeutic alternatives
F.Z. Henniche , F. Yamouni, D. Bensersa, H. Sebahi, N. Aggoune, A. Chabani, A. Zerouki

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https://doi.org/10.1016/j.jpp.2021.05.005 Get rights and content

Résumé

Les infections urinaires à entérobactéries sécrétrices de bêtalactamases à spectre élargi


(EBLSE) sont de plus en plus fréquentes en milieu pédiatrique. Ceci engendre un sérieux
problème de prise en charge et de traitement antibiotique. Dans notre série, le taux
d’infection urinaire due aux entérobactéries chez l’enfant est estimé à 89 %, celles
sécrétrices de BLSE (nombre = 113) constituent 10 % de l’ensemble des entérobactéries.
L’espèce bactérienne prédominante est Escherichia coli avec 63,71 %. L’étude des résultats
obtenus montre une légère prédominance chez le sexe féminin (53 %) et une fréquence plus
élevée chez le nourrisson. L’étude de la résistance aux antibiotiques montre des résistances
associées élevées vis-à-vis du cotrimoxazole, la gentamicine et la ciprofloxacine. D’autres
molécules demeurent actives ; la nitrofurantoine, la fosfomycine et l’amikacine. Les
résultats montrent aussi que l’acquisition des EBLSE est liée à certains facteurs de risque
notamment, la notion d’hospitalisation à 30,97 %, notion d’infection urinaire à répétition et
prise d’antibiotiques à 20,35 %, existence de pathologie rénale ou urologique à 17,69 % et
notion de chirurgie et infection postopératoire à 14,15 %.

Summary

Urinary tract infections with beta-lactamase-secreting extended-spectrum enterobacteria


(EBLSE) are increasingly common in pediatric settings. This creates a serious problem of
management and antibiotic treatment. In our series, the rate of urinary infection due to
enterobacteria in children is estimated at 89 %, those secreting BLSE (number = 113) make
up 10 % of all enterobacteria. The predominant bacterial species is Escherichia coli with
63.71 %. The study of the results obtained showed a slight female predominance (53 %) and
a higher frequency in infants. The study of antibiotic resistance shows high associated
resistance to cotrimoxazole, gentamicin and ciprofloxacin. Other antibiotics remain active;
nitrofurantoine, fosfomycin and amikacin. The results also show that the acquisition of
enterobacteria produced ESBL is linked to certain risk factors in particular, the notion of
hospitalization at 30.97 %, the notion of repeated urinary tract infection and taking
antibiotics at 20.35 %, the existence of renal or urological pathology at 17,69 % and 14.15 %
of post-operative surgery.

Introduction

L’infection urinaire (IU) est une pathologie fréquente chez l’enfant [1], [2], [3], [4], [5].

Avant l’âge de 8 ans, 7 à 8 % des filles et 2 % des garçons ont déjà présenté une IU [1], [4].
Celles-ci sont des cystites ou des pyélonéphrites aiguës [4]. Avant l’âge de 2 ans, 95 % des IU
sont des pyélonéphrites aiguës (PNA) [4]. La place des PNA parmi les causes de fièvre
supérieure à 39  ̊C chez l’enfant est importante [1]. Les PNA étant responsables de 10 % de
ces fièvres avant l’âge de 1 an [1].

Les PNA peuvent entraîner des cicatrices parenchymateuses et, à long terme, une
hypertension artérielle, une réduction néphronique ou une protéinurie, notamment en cas
de récidive fréquentes [1], [4], [5].

Par son incidence, son polymorphysme clinique, sa gravité et la fréquence des anomalies
urologiques sous-jacentes, l’infection urinaire est un problème important en pédiatrie [4].

Le diagnostic repose classiquement sur l’association de signes cliniques évocateurs, d’une


bactériurie et d’une leucocyturie significatives [4]. Toutefois, ce diagnostic peut être difficile
chez les jeunes nourrissons en raison de symptômes parfois peu spécifiques (difficultés
alimentaires, pleurs, vomissements, stagnation pondérale) et des difficultés de recueil des
urines [3], [4], [5].

C’est une pathologie qui nécessite une antibiothérapie efficace « non différée » vu le risque
de complications graves [2], [3]. Une documentation bactériologique est obligatoire pour
poser le diagnostic mais qui n’est pas possible que dans un délai de 48 à 72 h [2].

Une antibiothérapie inadéquate en raison du choix d’une molécule inefficace sur le


microorganisme en cause ou d’un diagnostic erroné d’IU peut être délétère sur l’écologie
bactérienne et engendrer des résistances aux antibiotiques [3], [4], [5].

L’actualisation des données bactériologiques et épidémiologiques locales paraît


indispensable pour l’orientation de l’antibiothérapie initiale des enfants et nouveau-nés
atteints [2], [3].

La prise en charge des infections urinaires de l’enfant est à un tournant, tant en ce qui
concerne les méthodes diagnostiques à utiliser, que la nécessité ou non de dépister un
reflux vésico-urétéral et la remise en question de l’intérêt de l’antibioprophylaxie [6]. Cette
évolution survient dans un contexte d’émergence de souches de E. coli multirésistantes
communautaires [6]. De plus, la situation est compliquée par le fait que de nombreuses
molécules proposées chez l’adulte (quinolones, fosfomycine, nitrofuradoine, mécillinam….)
sont contre-indiquées ou n’ont pas d’AMM ou de galéniques pédiatriques [6]. Le
pourcentage de souches de E. coli producteur de bêtalactamases à spectre étendu isolées
dans les infections urinaires de l’enfant est inférieur à 10 % [6]. Une augmentation de
l’utilisation des carbapénèmes en première intention représente un danger écologique
majeur et expose au risque d’infections intraitables [6].

Les infections urinaires à EBLSE constituent un risque infectieux croissant et peuvent


même conduire dans de nombreux cas à des impasses thérapeutiques du fait de leur
multirésistance [7].

Les objectifs de ce travail sont :


• évaluation de la fréquence d’isolement des entérobactéries sécrétrices de bêtalactamases
à spectre élargi dans les infections urinaires chez l’enfant dans notre région ;

• identification des facteurs de risque liés à leur acquisition ;

• proposition de traitements antibiotiques alternatifs aux C3G par rapport à l’activité in


vitro des molécules testées.

Section snippets

Matériel et méthodes

Il s’agit d’une étude descriptive rétrospective de 02 ans allant du 1er janvier 2018 au


31 décembre 2019. Elle porte sur les résultats positifs des examens cytobactériologiques des
urines à EBLSE analysés au niveau du laboratoire de microbiologie de l’hôpital central de
l’armée Docteur Mohamed Seghir Nekkache d’Alger et provenant de patients âgés de 0 à
16 ans hospitalisés au niveau de notre établissement ou consultant à titre externe.

Les données ont été recueillies à partir des archives du…

Résultats

Un total de 113 prélèvements non redondants provenant de 113 enfants sont inclus dans


l’étude.

Dans notre série, l’infection urinaire chez l’enfant est due aux entérobactéries dans 89 %
des cas. Les EBLSE constituent 10 % de l’ensemble des entérobactéries.

Soixante-deux souches EBLSE (55 %) proviennent de patients de sexe féminin et cinquante


et un (45 %) proviennent de patients de sexe masculin. Ainsi le sexe-ratio sexe
masculin/sexe féminin est de 0,82.

Soixante-six pour cent de notre population …

Discussion

Dans notre série, 89 % des infections urinaires diagnostiquées chez l’enfant sont dues aux
entérobactéries. Ceci concorde parfaitement avec les données de la littérature 60 à 80 % [2],
[3] et ce profil n’est pas différent de celui observé chez l’adulte.

E. coli est le premier BGN incriminé dans les infections urinaires aussi bien chez l’enfant
que chez l’adulte [2]. Un taux de 63,71 % a été retrouvé dans notre série. Des chiffres
similaires ont été retrouvés dans d’autres études ; 73 % dans une…

Conclusion
L’infection urinaire est fréquente chez l’enfant à tous les âges. Elle peut révéler ou
compliquer une pathologie rénale ou urologique préexistante. L’antibiothérapie doit être
précoce, efficace et rapide.

Le profil de l’infection urinaire a été largement influencé par l’utilisation des


céphalosporines de 3e génération qui a conduit à l’apparition des EBLSE.

Les molécules qui restent actuellement actives in vitro présentent des limites quant à leur
utilisation en milieu pédiatrique.

De ce fait,…

Déclaration de liens d’intérêts

Les auteurs déclarent ne pas avoir de liens d’intérêts.…

Références (8)

R. Cohen et al.
Prise en charge des infections urinaires de l’enfant. Recommandations du groupe de
pathologie infectieuse pédiatrique de la Société française de langue française
Arch Pediatr (2015)

R. Cohen
Antibiothérapie de première intention des infections urinaires: évolution ou
révolution ?
Arch Pediatr (2015)

A. Maleb et al.
Les infections urinaires infantiles au centre hospitalier universitaire Mohammed VI
d’Oujda (Maroc)
J Pediatr Puericulture (2019)

L. Arsalane et al.
Infection urinaire du nourrisson (376 cas) dans un hôpital marocain (2009-2010)
fréquence étiologique et prévalence de la résistance
Pathol Biol (2012)

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Cited by (0)

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