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LES UVÉITES

I. Introduction
- Uvéite = inflammation intraoculaire touchant l’uvée : - Iris et corps ciliaire en avant,
- choroïde en arrière.
- Les uvéites sont des affections potentiellement graves: peuvent menacer le pronostic visuel
par leurs complications fréquentes.
- Leur diagnostic positif repose essentiellement sur la clinique.
- Leurs étiologies sont variées.
- Malgré tout un bilan, l’étiologie de l’uvéite peut rester indéterminée dans 25 à 50% des cas

II. Rappel anatomique


L’uvée est divisée en 3 parties, qui sont d’avant en arrière :
1. Uvée antérieure, constituée de: 2. Uvée intermédiaire 3. Uvée postérieure
▪ Iris: baignant dans l’HA, séparant CA et CP ▪ Pars plana: partie ▪ La choroïde: constitue la membrane
▪ Corps ciliaire: qui sécrète l’humeur plane et post du CC nourricière de l’œil par sa richesse
aqueuse vasculaire et nerveuse.
Notions importantes: les Barrières hémato-oculaires:
❑ Elles séparent: les composants sanguins, les milieux intraoculaires
❑ siègent à deux niveaux: Antérieur: Barrière hématoaqueuse
Postérieur: Barrière hématorétini
Barrière hémato-aqueuse, constituée par: Barrière hémato-rétinienne interne et externe qui siègent
❑ l’endothélium des vaisseaux iriens, respectivement au niveau:
❑ la couche claire de l’épithélium ciliaire ❑ des cellules endothéliales des capillaires rétiniens
❑ l’épithélium postérieur de l’iris. ❑ des cellules de l’épithélium pigmentaire rétinien.
→Dans les uvéites, il existe une altération de ces barrières responsable: d’inflammation oculaire, d’œdèmes

III. Classification
Selon la localisation anatomique de l’inflammation oculaire :
Uvéites antérieures : Uvéites intermédiaires Uvéites postérieures : Panuvéites ou
Les iritis , les cyclites postérieures, les choroïdites, uvéites totales:
les cyclites antérieures les pars planites les choriorétinites, atteintes de tout
les irido-cyclites les hyalites les rétinites et les neurorétinites

IV. Diagnostic positif


A. Interrogatoire: est fondamental, recherche :
- Antécédents personnels et familiaux, surtout infectieux (tuberculose, syphilis, autres…),
mais aussi d’affections systémiques,
- Signes associés (cutanés, neurologiques, rhumatologiques, ORL,…)
- Date et mode d’apparition

B. Signes fonctionnels:
- Œil rouge, douleur oculaire, Photophobie, larmoiement, BAV → Orientent vers une uvéite antérieur
- La perception de mouches volantes ou myodésopsies, BAV → uvéite intermédiaire et/ou postérieur

C. Examen clinique
- Mesure de l’acuité visuelle: - de loin et de près
- BAV variable selon le degré de l’inflammation et de l’atteinte maculaire.
- Examen à la lampe à fente: permet de mettre en évidence les signes inflammatoires.
1- Uvéites antérieures: 2- Uvéites intermédiaires 3- Uvéites postérieures:
- Hyperhémie conjonctivale avec cercle périkératique Œil blanc non douloureux –Tyndall inflammatoire
- Présence de protéines et de cellules inflammatoires – Examen du segment postérieur : du vitré
dans l’humeur aqueuse responsable de l’effet Tyndall, - Vitré antérieur: – Examen du fond d’œil
avec parfois hypopion Tyndall inflammatoire, :
- Précipités rétro-cornéens Exsudations prérétiniennes: - Œdème papillaire
- Synéchies irido-cristalliniennes protéines et cellules inflammatoires et/ou maculaire
- Nodules iriens : l’infiltration du parenchyme irien par qui s’amassent en « œufs de fourmis - Hémorragies
les lymphocytes et les polynucléaires: granolommes » ou en « banquise » au niveau de la - Vascularite, occlusions
(tuberculose, syphilis, sarcoïdose, lèpre…) pars plana = pars planite vasculaires
- Troubles du tonus oculaire: Hypertonie ou hypotonie - Fond d’œil : Œdème papillaire - Foyers choriorétiniens
et/ou maculaire - Nécrose rétinienne

V. Examens complémentaires
A. À visée diagnostique: B. À visée étiologique
- Laser cell flare meter → Orientés par le contexte clinique: d’où l’importance d’un interrogatoire et d’un
- Angiographie fluorescéinique examen général systématisés et bien menés
du FO - Prélèvements intraoculaires: humeur aqueuse: ponction de chambre antérieure,
- Angiographie au vert vitré.
d’indocyanine - Examens radiologiques, sérologies spécifiques (TPHA/VDRL, HIV..), bilans biologiques
- Tomographie à cohérence (NFS, VS, bilan phosphocalcique, enzyme de conversion de l’angiotensine, IDR à la
optique (OCT) tuberculine, facteur rhumatoïde, typage HLA….)
- Échographie oculaire, en cas - Examens spécialisés : médecine interne, neurologique, ORL, rhumatologique,
de trouble des milieux hématologique, dermatologique, pneumologique, pédiatrique

VI. Étiologies des uvéites


1- Causes infectieuses générales 3- Maladies générales et auto-immunes 4-
❑ Bactériennes : tuberculose, Syphilis, Causes
brucellose, borréliose de lyme, a. SARCOÏDOSE locorégi
leptospirose, rickettsiose, lèpre, - Affection granulomateuse systémique de cause inconnue. onales :
bartonellose … - C’est une cause fréquente d’uvéite qui peut prendre de infection
❑ Virales : Herpès, Zona, CMV (Sida) nombreux aspects : uvéites antérieures granulomateuses et/ou ORL ou
❑ Parasitaires : intermédiaires et/ou postérieures avec parfois vascularites dentaire
▪ Toxoplasmose : rétiniennes, granulome choroïdien ou névrite optique. sinusites
- due à toxoplasma Gondii, souvent
congénitale mais peut être acquise b. MALADIE DE BEHÇET 5-
- Clinique: aspect de foyer choriorétinien Vascularite systémique, qui atteint surtout le sujet jeune. Elle Uvéites
actif ou cicatriciel se caractérise par la présence d’une aphtose bipolaire, une idiopath
- BAV si localisation maculaire ou atteinte dermatologique, vasculaire, articulaire, iques:
inflammation importante neurologique… aucun
▪ Toxocarose L’atteinte oculaire est fréquente et grave : les manifestations Dc
❑ Mycosiques : Candidose les plus caractéristiques sont l’uvéite à hypopion et la retenu
vascularite rétinienne occlusive. Son diagnostic repose sur des
2- Maladies rhumatismales critères Dc universels.
- Arthrite juvénile idiopathique: uvéite à
rechercher systématiquement C. AUTRES : LEAD, MICI, Syndrome De Vogt Koyanagi Har
- Pelvispondylite rhumatismale…
- SD de Fiessinger Leroy-Reiter
VII. Diagnostic différentiel
A. Autres B. Pseudo-uvéites:
diagnostics d’un 1- Rétinoblastome
œil rouge ✔ Tumeur intraoculaire maligne la plus fréquente chez l’enfant.
douloureux avec ✔ Il doit être suspecté devant une inflammation intraoculaire qui survient chez un enfant
BAV: de moins de 5 ans.
1- kératite aiguë 2- leucémie
2- Crise aiguë de Peut envahir tous les tissus oculaires et simuler des tableaux d’uvéites.
glaucome par 3- Lymphome
fermeture de ✔ Se manifeste par une inflammation vitréenne avec réaction de chambre antérieure et
l’angle infiltration rétinienne.
✔ Le Dc repose sur la mise en évidence de cellules lymphomateuses.
4- Corps étranger intraoculaire méconnu

VIII. Evolution

1- Guérison sans séquelles 2- Récidives 3- Complications


En fonction de la précocité fréquentes: • Synéchies irido-cristallinienne • Cataracte
du traitement et de aggravent le Pc • Amblyopie chez l’enfant • Kératite en bandelettes
l’étiologie et aussi de la • Hypertonie oculaire et glaucome • Séquelles maculaires,
localisation de l’atteinte. • Décollement de rétine, • Atrophie optique,
• Phtisie du globe

IX. Traitement
A. Lutte contre les poussées inflammatoires
Corticoïdes :
✔ Usage local : sous forme de collyres, d’injections péri oculaires ou
d’injections intraoculaires.
✔ Usage systémique, en respectant les règles d’usage de la
corticothérapie générale au long cours.
Cycloplégiques
Immunosuppresseurs et immunomodulateurs en cas de
corticodépendance ou corticorésistance.
B. Étiologique: Traitement spécifique (antibiotiques,
antiparasitaires…etc)

Conclusion
- Les uvéites sont des inflammations oculaires fréquentes,
- Leur diagnostic positif est simple,
- Leur diagnostic étiologique repose sur un faisceau d’arguments cliniques et paracliniques, cependant dans la
majorité des cas l’étiologie reste indéterminée.
- La prise en charge nécessite une collaboration multidisciplinaire.
- A côté du traitement étiologique, la corticothérapie est le moyen thérapeutique le plus utilisé.

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