Vous êtes sur la page 1sur 4

Disponible en ligne sur www.sciencedirect.

com

Annales Françaises d’Anesthésie et de Réanimation 27S (2008) S122–S125


http://france.elsevier.com/direct/ANNFAR/

Urgence – réanimation

R268 Références
Le Smur doit-il réanimer tous les arrêts cardiaques ? [1] Recommandations Formalisées d’Experts. Prise en charge de l’arrêt
P.-Y. Dubiena,*, H. Hubertb, P.-Y. Gueugniauda cardiaque. Septembre 2006: ww.sfar.org.
a
Samu de Lyon, hôpital Édouard-Herriot, Lyon cedex 03, France ; b LEM–ILIS, [2] Gueugniaud PY. New Engl J Med 2008: in press.
université Lille-2, Lille, France
* Auteur correspondant.
R269
Introduction.– Le pronostic des arrêts cardiaques (AC) survenant en dehors de Prélèvement de rein chez le donneur décédé après un arrêt
l’hôpital reste très péjoratif. Les indications de réanimation cardio-pulmonaire
cardiaque
(RCP) ne sont à ce jour pas limitées et les dernières recommandations ne
F. Moureya,*, F. Roussinb, E. Bourgeoisa, O. Mariea, F. Fieuxa, F. Bonneta,
proposent pas de restrictions formalisées à la RCP [1]. La question concernant
F. Gaudezc, I. Abboudd, F. Adnete, S. Paquinf, M.-R. Lossera, L. Jacoba
la réalisation de la RCP en cas d’arrêt survenant en l’absence de témoin est a
Anesthésie-réanimation chirurgicale, France ; b Coordination des
récurrente. L’association d’un AC sans témoin et de la présence d’une asystole à
prélèvement d’organes et de tissus, France ; c Urologie, France ;
la prise en charge pourrait constituer un critère de non-réanimation. d
Néphrologie et transplantation rénale, hôpital Saint-Louis, AP–HP, Paris,
Matériel et méthodes.– Nous avons repris les données de la dernière étude
France ; e Samu 93, Bobigny ; f BSPP, Paris, France
multicentrique nationale sur l’AC comparant l’efficacité de l’association
* Auteur correspondant.
adrénaline + vasopressine versus adrénaline seule comme traitement pharma-
cologique de l’AC extrahospitalier. Nous analysons à partir de cette banque de Introduction.– Le prélèvement de rein chez des donneurs décédés après arrêt
données les résultats globaux (indépendamment du traitement pharmacolo- cardiaque (DAC) est une nouvelle procédure en France. Le but de ce travail est
gique) pour comparer l’évolution des patients victimes d’AC « devant témoin » de présenter 1 an de fonctionnement de notre centre.
versus « en l’absence de témoin », puis l’AC « par asystole en l’absence de Matériel et méthodes.– Enquête monocentrique rétrospective. Pour tous les
témoin » versus l’AC « par une autre cause (fibrillation ventriculaire ou autre sujets en arrêt cardiaque (AC) réfractaire proposés dans notre service, les
rythme sans pouls) survenant devant témoin ». circonstances de l’AC, les différents délais et le taux de prélèvements réalisés
Résultats.– cf. Tableau. ont été colligés. Ils ont été réanimés selon les recommandations en vigueur ; le
Discussion.– Les chances de récupération initiale et de survie à l’admission massage cardiaque externe (MCE) étant maintenu à l’aide de la machine à
sont significativement plus faibles pour les AC survenant sans témoin, a fortiori masser (Autopulse1, Zoll). Dès l’arrivée en réanimation, l’absence de reprise
en cas d’asystole initiale ( p < 0,001). Un patient sort vivant de l’hôpital sans d’une activité cardiaque (clinique et électrique) était confirmée après 5 min
séquelle neurologique lorsque l’AC est survenu en l’absence de témoin : il d’arrêt du MCE et le décès était constaté. La durée totale de l’ischémie chaude
s’agissait d’une fibrillation ventriculaire. Aucun patient ne survit sans séquelle contrôlée ne devait pas dépasser 150 min. Après interrogation du registre
en cas d’asystole survenant en l’absence de témoin. S’agissant d’une étude post- national automatisé des refus, un système de perfusion rénale in situ (sonde de
hoc, les résultats sont insuffisants pour proposer une modification de nos Gillot : SG) était mise en place par voie chirurgicale. La perfusion était assurée
pratiques, mais devraient permettre d’ouvrir un débat sur les critères de par un liquide de conservation de 4e génération.
limitation des indications de RCP en médecine extrahospitalière. Résultats.– De février 2007 à mars 2008, 93 sujets DAC ont été proposés à
Tableau. Pronostic de la RCP en fonction de la présence de témoin et d’une notre centre, par les Samu d’Ile de France et la BSPP (Samu 93 n = 42, Samu 75
asystole initiale n = 22, Samu95 n = 17, Samu 92 n = 9, Samu94 n = 2, Samu 91 n = 1). 43
patients n’ont pas été acceptés (46 %) : 26 non-conformités avec la procédure, 6
RACS Admission Sortie sans séquelle problèmes organisationnels, 2 polytraumatismes à cinétique violente, 4 tracés
neurologique ECG ne montrant pas d’asystolie ou de rythme agonique, 2 refus des proches, 2
refus du procureur, 1 patient séropositif VIH. Les 50 sujets acceptés (54 %)
AC devant témoin 696 (32,0 %) 506 (23,2 %) 25 (1,2 %) étaient des hommes dans 84 % des cas, d’âge moyen de 40 ans (18–61 ans).
(n = 2177) Soixante-huit pour cent des décès étaient survenus hors présence des secours
AC sans témoin (n = 717) 145 (20,2 %) 103 (14,4 %) 1 (0,1 %) (Maastricht 1), en présence des secours dans 32 % des cas (Maastricht 2) avec
Khi-2 < 0,001 < 0,001 0,013 un délai moyen entre l’effondrement et le début des manœuvres de réanimation
AC devant témoin 178 (40,3 %) 127 (28,7 %) 17 (3,8 %) de 12 (0–40) min. Le lieu du décès était : le domicile (n = 30), la voie publique
par FV ou autre (n = 10), le lieu de travail (n = 9), l’hôpital (n = 1). Les causes du décès étaient
rythme (n = 442) principalement d’origine cardiaque (68 %) et traumatique (20 %). La mise en
AC sans témoin par 119 (18 %) 84 (12,7 %) 0 (0 %) place de la SG a été possible dans 46 cas (92 %) avec un délai moyen de 141
asystole (n = 661) (90–185) min après l’effondrement. Le prélèvement rénal a été réalisé chez 21
Chi 2 < 0,001 < 0,001 < 0,001 sujets dans un délai moyen de 165 (123–225) min après la canulation. Les
FV : fibrillation ventriculaire ; RACS : récupération d’activité circulatoire causes de non-prélèvement étaient : refus du donneur ou des proches (37 %),
spontanée. opposition judiciaire (8 %), pathologies du donneur (21 %), problème technique

0750-7658/$ – see front matter # 2008 Publié par Elsevier Masson SAS.
doi:10.1016/j.annfar.2008.07.032
Résumés / Annales Françaises d’Anesthésie et de Réanimation 27S (2008) S122–S125 S123

(8 %), causes diverses (25 %). Sur les 42 reins prélevés, 21 ont été greffés dans R271
notre centre et 7 dans d’autres centres. Quatorze reins n’ont pas été greffés en Représentations de la fin de vie, des soins palliatifs et des
raison de sérologies virales positives, d’anomalies morphologiques ou limitations et arrêt des thérapeutiques actives (Lata) en
vasculaires.
réanimation : comment faire face à la complexité ?
Discussion.– La prise en charge des donneurs décédés après un arrêt cardiaque
est une procédure lourde, dont l’optimisation nécessite une collaboration B.J. Paternostre
parfaite entre toutes les équipes. Ces résultats initiaux montrent la faisabilité de Accompagnement et soins palliatifs, hôpital Saint-André, CHU de Bordeaux,
ce type de prélèvement qui représente une réelle source de greffons rénaux. Bordeaux, France
Introduction.– La mort de malades en réanimation est une réalité fréquente
(20 % des malades admis). 50 % des décès sont liés à des Lata [1]. La loi du 22
R270 avril 2005 apporte des repères légaux. Ces situations complexes posent des
Ressenti du personnel soignant un an après la mise en place questions d’ordre éthique difficiles à résoudre par les équipes de réanimation.
d’une activité de prélèvement d’organes sur donneurs Par ailleurs, les EMSP se sont développées depuis une quinzaine d’années et
décédés après un arrêt cardiaque ont, parmi leurs objectifs, l’aide à la réflexion éthique. L’objectif de cette étude
est de mieux connaı̂tre les représentations qu’ont les soignants de différentes
F. Fieuxa,*, F. Roussinb, G. Reynierc, F. Bonneta, J.-M. Pujaltea,
professions travaillant en réanimation dans le cadre d’une collaboration avec
P. Mongiat-Artusd, F. Moureyb, M.-R. Losserc, L. Jacoba
a une EMSP.
Réanimation chirurgicale, France ; b Coordination des prélèvements
Matériel et méthodes.– Suite à l’élaboration d’un protocole de validation, onze
d’organes , France ; c DAR ; d Urologie, hôpital Saint-Louis, France, AP–
entretiens semi-dirigés ont été menés auprès de soignants de différentes
HP, Paris, France
professions (médecins, cadres de santé, infirmières, aide-soignantes, kinési-
* Auteur correspondant.
thérapeutes et assistante sociale) pour connaı̂tre leurs représentations de la fin de
Introduction.– En février 2007, le prélèvement d’organes sur donneur décédé vie, des soins palliatifs, des Lata, de l’euthanasie et de l’EMSP. Le corpus de
après un arrêt cardiaque (DDAAC) a débuté dans notre hôpital en complément données de 150 pages (entretiens retranscrits) a fait l’objet d’une analyse de
des donneurs en état de mort encéphalique (EME). Depuis, des comités contenu et les résultats ont été analysés sous l’angle théorique des
d’éthique ont recommandé d’étudier le retentissement psychologique de cette représentations sociales.
procédure sur les soignants. Nous dressons ici un premier bilan au terme d’un an Résultats.– Les soignants de réanimation ont des attitudes différentes selon
d’activité. leurs professions, marquées par leurs expériences personnelles, hétérogènes, de
Matériel et méthodes.– Étude monocentrique prospective. Un questionnaire la fin de vie. Leurs connaissances théoriques sur les soins palliatifs et les textes
anonyme, rédigé avec l’aide d’un psychologue, a été proposé à l’ensemble des officiels sur les Lata sont pauvres. Une confusion existe quant à la définition de
personnels concernés par cette nouvelle activité afin d’évaluer leur ressenti et l’euthanasie. Des difficultés cliniques et thérapeutiques (évaluation des
les éventuelles améliorations à amener. Dans notre centre, sont utilisées la douleurs chez les malades intubés, évaluation de l’état d’inconscience. . .),
machine à masser (Autopulse) et la sonde de Gillot. Statistiques par Khi2 et test organisationnelles (gêne de l’appareillage lourd pour les soins de confort,
de Fisher avec p < 0,05 comme seuil de significativité. difficultés d’organisation des réunions pluriprofessionnelles. . .) et liées à
Résultats.– Soixante soignants ont répondu au questionnaire (3 coordinatrices, l’accompagnement (attachement au malade, poids émotionnel des situations
29 infirmières de réanimation ou de SSPI, 6 de bloc opératoire, 5 aide soignants, complexes et de la confrontation à la mort, identification aux proches) sont
9 réanimateurs, 4 internes, 4 urologues). Pour 30 % d’entre eux, le souvenir le relevées. Les soins palliatifs et l’EMSP ne sont pas bien connus. La question de
plus marquant concerne l’aspect du corps des DDAAC (hémorragie, la traçabilité écrite de la démarche décisionnelle pose un problème particulier.
traumatisme...), la machine à masser (16 %), la détresse de la famille Discussion.– Les situations de Lata en réanimation comprennent les
(14 %). À l’annonce de l’arrivée d’un DDAAC, le personnel ressent du stress caractéristiques de « situations complexes » [2] et l’EMSP peut jouer un
(36 %), de l’angoisse (12 %) ou un sentiment d’urgence (14 %). L’Autopulse est rôle de tiers extérieur en collaboration avec les équipes de réanimation. À partir
décrite comme violente (47 %), bruyante (40 %), impressionnante ou barbare des résultats présentés, des préconisations peuvent être proposées pour
(26 %, 28 %) mais utile et efficace (35 %). La sonde de Gillot est jugée simple développer la démarche palliative dans les services de réanimation et un travail
d’utilisation (24 %) mais l’exsanguination évoque une saignée (40 %) et du en collaboration avec une EMSP.
dégoût(43 %). 22 % se demandent si « c’est bien là leur métier ». Si le Références
prélèvement est impossible (contre-indication médicale, refus . . .) 56 % sont [1] Étude Latarea. F. Lemaire. La fin de vie est-elle un problème ? In: Fin de vie
déçus. Sortis de l’hôpital, les soignants ne pensent globalement pas plus souvent en réanimation. Paris: Elsevier 2004.
aux DDAAC qu’à leurs patients habituels et n’en parlent pas plus à leurs [2] Morin E. Introduction à la pensée complexe. Éditions du Seuil, 2005.
proches. Les améliorations à apporter seraient un local dédié à cette activité,
recevoir des informations sur les donneurs, et l’allocation d’une prime pour les
soignants (20 %). Les soignants ont choisi parmi une liste les termes décrivant le R272
mieux le prélèvement sur EME et DDAAC ; les plus fréquemment cités
Évaluation de la courbe d’apprentissage d’utilisation du
apparaissent dans le Tableau.
Discussion.– La prise en charge de DDAAC est donc plus stressante, éprouvante Glidescope Ranger1
et impressionnante que celle des EME mais ne semble pas remettre en question C. Jaulin*, H. Coignard, P. Jabre, C. Chollet-Xemard, A. Margenet, B. Le Roux,
l’adhésion des soignants à l’activité de prélèvement d’organes toujours jugée X. Combes, J. Marty
nécessaire, utile et intéressante. SAR., Samu 94., Smur Henri-Mondor, hôpital Henri-Mondor, Créteil, France
* Auteur correspondant.
Tableau
Introduction.– Le Glidescope Ranger1 (GR) est un dispositif pour l’intubation
Mot DDAAC (%) EME (%) difficile, et nécessite un apprentissage préalable [1]. Le but de notre étude était
d’établir la courbe d’apprentissage du GR sur mannequin, chez les médecins
Nécessaire 65 67
urgentistes(MU).
Travail d’équipe 55 50
Matériel et méthodes.– Chaque opérateur réalisait 10 intubations successives
Utile 53 50
sur mannequin Airman (Laerdal1). Les paramètres relevés étaient : durée de la
Stressant 48 18*
procédure, score de Cormack, échec. Une analyse de variance pour mesure
Éprouvant 45 23*
répétées et un test t de Student apparié ont été effectués.
Souffrance 32 17*
Résultats.– 20 médecins urgentistes (MU) ont été évalués. Le temps de
*
p < 0,05. réalisation de l’intubation a diminué significativement et a atteint un plateau
S124 Résumés / Annales Françaises d’Anesthésie et de Réanimation 27S (2008) S122–S125

(inférieur à 25 s). Le score de Cormack médian était toujours de 1. Aucun échec R274
n’a été constaté. Mesure de l’oxymétrie cérébrale (rSO2 ) et endartériectomie
Discussion.– le GR est un outil simple, d’apprentissage rapide sur mannequin. carotidienne
Référence Y. Le Teurnier, C. Le Gall*, S. Pajot, Y. Blanloeil
[1] Benjamin, EUR J Anaesthesiol 2006;23(6):517–21. Anesthésie, CHU de Nantes, Nantes, France
* Auteur correspondant.

Introduction.– La mesure de l’oxymétrie cérébrale (rSO2 ) durant la chirurgie


carotidienne permet de dépister la survenue d’une ischémie peropératoire chez
des patients sous ALR (Anesthesiology 2000;93:964–970, J Clin Anesth
2005;17:426–430). Nous avons réalisé une évaluation prospective de la rSO2
(moniteur INVOS 5100B) en comparant ce monitorage pour des patients opérés
sous ALR (bloc cervical) et sous AG.
Matériel et méthodes.– Quarante-trois patients sous AG et 39 patients sous
ALR opérés consécutivement pour une endartériectomie carotidienne ont été
étudiés. Les valeurs de rSO2 bilatérales, les données hémodynamiques (pression
artérielle invasive radiale, monitorage standard) et les temps opératoires
significatifs ont été enregistrés en continu par le dossier anesthésique
informatisé (Fusion Pégase1). Les variations de la rSO2 de référence a
l’arrivée en salle, 1 min avant et à 3, 5, 10 min et valeur minimum après
clampage de la carotide interne ont été comparées entre les patients manifestant
ou non des troubles neurologiques, ainsi que le délai du trouble neurologique
après la clampage. Statistiques : médiane [min-max] ; tests non paramétriques
de Mann-Whitney ( p < 0,05 significatif). Courbe ROC avec sensibilité (Se) et
spécificité (Sp) sur les variations entre –1 min et 5 min après clampage et –
R273
1 min et valeur minimum après clampage.
Ictères gravidiques en réanimation Résultats.– Six patients (2 AG et 4 ALR) ont manifesté des troubles
R. Anaflous*, J. Ziati, S. Sourour, A.R. El adib, H. Nejmi, M. Khallouki, neurologiques (TN+). Sous ALR, le temps moyen d’apparition des symptômes
S. Younous, M.A. Samkaoui est de 20 min. Sous AG il existe une baisse significative de la rSO2 ipsi et
Anesthésie-réanimation, CHU Mohamed-VI, Marrakech, Maroc controlatérale ( p < 0,01) entre les références et 1 min avant clampage, non
* Auteur correspondant. retrouvée pour les patients sous ALR. Nous avons constaté une baisse
Introduction.– L’ictère est un symptôme rarement rencontré dans le contexte de significative de la rSO2 ipsilatérale entre les valeurs mesurées entre [ 1 min,
la grossesse. Le diagnostic étiologique est primordial. Il conditionne la prise en +5 min] du clampage pour ces 6 patients TN+ ( 32 % [ 20 %, 67 %]) en
charge thérapeutique ainsi que le devenir materno-fœtal. comparaison avec ceux n’ayant aucun symptômes (TN ) ( 9 % [+15, 39 %])
Matériel et méthodes.– Étude rétrospective descriptive, étalée sur une période p < 0,01. Aucune variation significative de la rSO2 controlatérale n’a été mise
de 14 mois, allant du 1er octobre 2006 au 30 novembre 2007, portant sur toutes en évidence dans cet intervalle. Avec une valeur seuil de –20 % de baisse à la 5e
les parturientes admises à l’unité de réanimation obstétricale du service min, la Se est de 84 % et la Sp de 92 % pour la prédiction de la survenue d’une
d’anesthésie-réanimation du CHU Mohamed VI, et ayant présenté à leur altération neurologique. La Se passe a 84 % et la Sp à 95 %, pour un seuil à 30 %
admission ou au cours de leur hospitalisation un ictère. Ont été inclues toutes les quel que soit le délai après clampage.
patientes présentant un ictère cutanéomuqueux ou conjonctival, avec une Discussion.– Cette évaluation confirme la valeur seuil de 20 a 30 % de baisse de
bilirubinémie > 15 mg/l. la rSO2 ipsilatérale évoquée par d’autres auteurs pour la détection des ischémies
Résultats.– Le nombre de cas colligés est de 13. L’âge moyen des patientes peropératoires, pour l’AG et l’ALR. Elle suggère que la comparaison de rSO2
est de 27 ans (de 17 à 44 ans). Aucune parturiente n’avait d’antécédents soit réalisée dans l’intervalle [ 1 min, +5 a +20 min] autour du clampage du
d’hépatopathie connue ou de prise de médicaments hépatotoxiques. fait de l’effet de l’AG sur la mesure et du délai de survenue des troubles
L’origine de l’ictère était la prééclampsie sévère dans 7 cas, associée à neurologiques.
un hellp syndrome dans 5 cas, et à un HRP chez une seule parturiente. Un Références
cas de stéatose hépatique aiguë gravidique (SHAG) a été retrouvé (confirmé [1] Anesthesiology 2000;93:964–70.
par l’histologie post-mortem), ainsi qu’un cas d’ hyperemesis gravidarum. [2] J Clin Anesth 2005;17:426–30.
Huit MFIU sont observées dans cette série, dont 6 au cours de prééclampsie
sévère, une au cours d’une SHAG et une au cours d’un hyperemesis
gravidarum. On a enregistré 4 décès maternels, dont deux sont dus à un état R275
de choc septique, et les deux autres survenus au cours de la SHAG et de Évaluation par simulateur de l’application de deux
l’hyperemesis gravidarum. procédures : prise en charge d’un traumatisme crânien
Discussion.– L’ictère chez la femme enceinte est dû aux hépatites virales
grave (TCG) et arrêt cardiorespiratoire (ACR)
dans la majorité des cas. Concernant les ictères spécifiques de la grossesse,
C. Jbeili*, P. Jabre, H. Coignard, C. Pentier, E. Lecarpentier, A. Margenet,
l’hyperemesis gravidarum est une affection rare (prévalence entre 0,3 et
X. Combes, J. Marty, C. Bertrand
1 %). La seule parturiente atteinte de cette affection dans notre série a
Anesthésie-réanimation Samu 94, CHU Henri-Mondor, Créteil, France
été admise dans un tableau d’encéphalopathie de Gayet-Wernicke et
* Auteur correspondant.
est décédée. La SHAG est une maladie du troisième trimestre dont la
fréquence serait d’un cas pour 13328 accouchements. Le pronostic de cette Introduction.– Le recours au simulateur afin d’évaluer les pratiques médicales
affection a été amélioré ces dernières années par l’arrêt précoce de la devient fréquent. Le but de l’étude était d’évaluer l’application de deux
grossesse. Un seul cas de SHAG est retrouvé dans notre série. L’évolution a procédures internes « TCG » et « ACR » par les médecins (Ms) d’un service
abouti au décès de la mère et du foetus. La prééclampsie sévère associée à un Samu-Smur.
hellp syndrome est la pathologie la plus pourvoyeuse d’ictère au cours de la Matériel et méthodes.– Un scénario alliant un TCG isolé se compliquant d’un
grossesse dans notre série. Elle est aussi associée à une forte mortalité ACR était présenté aux Ms du service sur simulateur SimMan (version 3,2). Le
fœtale. scénario enchaı̂nait une anisocorie, une hypercapnie, des signes de réveil après
Résumés / Annales Françaises d’Anesthésie et de Réanimation 27S (2008) S122–S125 S125

intubation, une hypotension puis une tachycardie ventriculaire et passage en Introduction.– L’hyperoxalurie primitive de type 1 (HP-1) est une anomalie
fibrillation ventriculaire suivie d’asystolie. La procédure « TCG » validée dans autosomale récessive du métabolisme hépatique du glyoxylate associée à une
le service préconise la mise en place d’un collier cervical, l’intubation production excessive d’oxalate, elle-même responsable d’une néphrocalcinose
orotrachéale et la prise en charge des affections cérébrales secondaires d’origine et, à terme, d’une insuffisance rénale terminale. La transplantation simultanée
systémique. La procédure « ACR » préconise la combinaison du massage foie-rein (Tx-FR) corrige le déficit métabolique hépatique et prolonge la survie
cardiaque externe (MCE) et/ou choc électrique externe (CEE) et/ou injection du greffon rénale. La transplantation de patients ayant une HP-1 nécessite une
d’adrénaline en fonction du tracé visualisé et selon les recommandations prise en charge particulière cherchant à éviter la précipitation des cristaux
internationales. L’efficacité de la réanimation est contrôlée par la recherche de d’oxalate encore présents et ainsi l’insuffisance rénale aiguë post transplanta-
pouls. tion. Il n’existe aucune donnée dans la littérature pour guider la prise en charge
Résultats.– 20 Ms tirés au sort ont été évalués. 17 Ms ont placé un collier anesthésique et postopératoire de ces patients. Le but de cette étude d’évaluer le
cervical (85 %) et tous ont intubé le patient. L’anisocorie a été retrouvée par tous risque spécifique des patients HP-1 en termes de complications postopératoires.
les Ms, 15 (75 %) ont administré du mannitol. Le contrôle de la température, de Matériel et méthodes.– Les centres de transplantation français ont systéma-
la glycémie capillaire et de l’hémoglobine a été évoqué par 13 Ms (65 %), 11 Ms tiquement été recensés pour les Tx-FR des patients HP-1. Nous avons
(55 %) et 11 Ms (55 %) respectivement. Tous les Ms ont traité l’hypotension et rétrospectivement apparié deux groupes : un groupe de patients Tx-FR pour HP-
15 connaissaient l’objectif tensionnel à atteindre (75 %). La mesure de la capnie 1 (groupe HP-1) et un groupe de patients témoins ayant eu une Tx-FR pour une
(ETCO2 ) a été faite par 19 Ms (95 % %) et corrigée par 18 (90 %). Tous les Ms autre indication (groupe C). Les données peropératoires (type d’anesthésie,
ont adapté la sédation dès l’apparition de signe de réveil et 7 Ms ont utilisé des antibioprophylaxie, type de monitorage hémodynamique etc.) et des données
curares. Lors de la survenue de l’ACR, le MCE, le CEE et l’injection postopératoires (durée d’hospitalisation, fonction rénale à trois mois) ont été
d’adrénaline ont été réalisés par tous les Ms. La chronologie était inadaptée chez collectées et analysées par ANOVA.
5 Ms (25 %) : MCE retardé, absence de recherche immédiate de pouls, doses Résultats.– Nous avons recensé 29 Tx-FR réalisées pour des patients HP-1 dans
d’adrénaline non recommandées. quatre centres de transplantation français entre 1991 et 2007. Nous avons obtenu
Discussion.– Le simulateur permet d’évaluer l’application de protocoles entiers des données per et postopératoires pour 25 de ces patients (86 %) ainsi que celles
de prise en charge dans un contexte très proche de la réalité. Cette évaluation de 19 patients Tx-FR témoins. Les patients du groupe HP-1 avaient tendance à être
permettrait d’identifier les mises à jour nécessaires ainsi que les recyclages. plus jeune (36  13 ans) que ceux du groupe contrôle (44  15 ans), p = 0,09.
L’age moyen des donneurs de greffon n’était pas différent entre les deux groupes
(34  13 ans vs 30  11 ans ; p = 0,4). Les patients HP-1 avaient une durée
R276 d’hospitalisation en réanimation (17,2  22 jours vs 6,6  4,3 jours ; p = 0,042)
et à l’hôpital (39  22 jours vs 26  9,9 jours ; p = 0,022) significativement plus
Devenir des patients transplantés foie et rein pour
élevée que celles des patients du groupe contrôle. La créatininémie n’était pas
hyperoxalurie différente entre les deux groupes à j0 (405  181 mmol/L vs 342  219 mmol/L ;
O. Collangea,*, D. Vallauda, J. Mantzb, K. Asehnounec, T. Pottecherd, p = 0,34) mais avait tendance à être plus élevée à j90 chez les patients HP-1
P. Diemunschd (196  176 mmol/L vs 115  27 mmol/L) ( p = 0,08).
a
Réanimation chirurgicale, CHU de Strasbourg, Strasbourg, France ; Discussion.– Les patients HP-1 transplantés foie + rein sont plus jeunes mais
b
Anesthésie-réanimation, hôpital Bichat, AP–HP, Paris, France ; présentent plus de complications postopératoires et altèrent leur fonction rénale
c
Anesthésie-réanimation, CHU de Nantes, Nantes, France ; d Anesthésie- de façon plus précoce que les patients transplantés foie + rein pour une autre
réanimation, CHU de Strasbourg, Strasbourg, France indication. Ces données doivent être prises en compte pour adapter la prise en
* Auteur correspondant. charge de ces patients pendant l’anesthésie ainsi qu’en postopératoire.

Vous aimerez peut-être aussi