Vous êtes sur la page 1sur 13

11-033-E-10

ENCYCLOPÉDIE MÉDICO-CHIRURGICALE 11-033-E-10

Tachycardies ventriculaires
B Brembilla-Perrot R é s u m é. – La présence d’une tachycardie ventriculaire (TV) est généralement associée
à un pronostic cardiovasculaire spontané défavorable, à l’exception des rares TV survenant
chez des sujets ayant un cœur apparemment sain. Si la TV est associée à une cardiopathie
sous-jacente, non traitée ou incorrectement traitée, elle risque de récidiver et de se
compliquer d’une fibrillation ventriculaire. Trois étapes sont à franchir :
– poser le diagnostic de tachycardie ventriculaire avec certitude ;
– identifier une cardiopathie sous-jacente ;
– identifier un traitement médical ou non médical adapté.
Un bilan non invasif et invasif doit donc être effectué en l’absence de tout traitement
antiarythmique et recontrôlé sous ce traitement pour vérifier que les examens non invasifs se
sont normalisés et que la TV n’est plus déclenchable ou est devenue lente et bien tolérée.
Les traitements non médicamenteux, ablation de la TV, chirurgie cardiaque et surtout mise
en place d’un pacemaker antitachycardique avec fonction défibrillatoire, doivent être
proposés aux échecs de ce traitement guidé. Une telle prise en charge a amélioré le
pronostic de ces patients considéré autrefois comme très péjoratif.
De plus, le traitement préventif des TV et de la mort subite de certaines affections comme
l’infarctus du myocarde ou la cardiomyopathie dilatée a été abandonné, sauf dans des cas
très sélectionnés, d’autant que l’usage intempestif de certains traitements antiarythmiques
s’est avéré délétère ou inefficace.
© 1999, Elsevier, Paris.

Introduction Réentrées
Elles sont la cause de la plupart des TV monomorphes. Trois conditions sont
Une tachycardie ventriculaire (TV) est définie comme une arythmie cardiaque requises [66] :
régulière générée par un processus électrophysiologique anormal, prenant son – la présence d’un circuit de réentrée, qui est habituellement composé de
origine dans une région myocardique située en dessous de la bifurcation du myocarde ventriculaire sain et de myocarde ventriculaire pathologique, c’est-
faisceau de His, constituée d’au moins trois battements, à une fréquence à-dire ischémique comme dans la zone péri-infarctus, fibrosée comme dans
supérieure à 100/min [24]. Cette tachycardie est non soutenue si elle dure moins les cardiopathies dilatées ou dysplasique dans la dysplasie arythmogène du
de 30 secondes ou soutenue au-delà de ce délai, ou si elle requiert un moyen ventricule droit. Rarement, ce circuit peut être composé par les branches du
pour l’arrêter avant ce délai, du fait de sa mauvaise tolérance. faisceau de His-Purkinje elles-mêmes [61]. Ce circuit de réentrée est composé
de deux voies ayant des propriétés de vitesse de conduction et de périodes
La présence d’une tachycardie ventriculaire est généralement associée à un réfractaires différentes : la voie saine a des valeurs normales, la voie
pronostic cardiovasculaire défavorable, à l’exception des rares TV survenant pathologique a une période réfractaire effective allongée et une vitesse de
chez des sujets ayant un cœur apparemment sain. De ce fait, plusieurs conduction ralentie ;
problèmes vont se poser aux cardiologues : poser le diagnostic de tachycardie
– l’existence d’une extrasystolie ventriculaire (ESV) qui est un phénomène
ventriculaire avec certitude, identifier une cardiopathie sous-jacente et enfin électrophysiologique quasiment physiologique, puisque la plupart des sujets
identifier un traitement médical ou non médical adapté. ont des ESV avec une incidence qui augmente avec l’âge. Elle déclenche la
réentrée. L’ESV est en effet précoce et peut rencontrer la voie pathologique
en période réfractaire ; elle ne s’engage que dans la voie saine et peut
Mécanisme des tachycardies ventriculaires remonter dans la voie anormale, si elle l’atteint quand celle-ci est sortie de sa
période réfractaire. Elle va ainsi provoquer une réentrée qui pourra se
pérenniser en provoquant une tachycardie.
Comme pour l’ensemble des troubles du rythme, les TV peuvent relever de
trois mécanismes [23, 55] : le phénomène de réentrée, qui est le plus courant, un Un quatrième facteur est souvent nécessaire : c’est la gâchette
automatisme anormal ou une activité déclenchée, ces deux derniers catécholergique [25] qui permet de créer les conditions propices à la réentrée,
mécanismes ne se retrouvant qu’en présence d’étiologies bien définies et en raccourcissant les périodes réfractaires et les temps de conduction, et en
facilitant l’apparition d’ESV.
aiguës, comme l’ischémie coronaire aiguë, les troubles électrolytiques, les
intoxications médicamenteuses. Les tachycardies par réentrée sont généralement facilement reconnaissables
sur le plan électrophysiologique car elles sont d’une part monomorphes et,
surtout, facilement déclenchées et arrêtées par la stimulation ventriculaire
programmée.
Béatrice Brembilla-Perrot : Praticien hospitalier, service de cardiologie, centre hospitalier
universitaire de Brabois, rue du Morvan, 54511 Vandœuvre-lès-Nancy, France. Automatismes anormaux
© Elsevier, Paris

Ils sont dus à une modification du potentiel d’action des fibres de Purkinje [26].
Toute référence à cet article doit porter la mention : Brembilla-Perrot B. Tachycardies Celles-ci sont dotées normalement d’une pente de dépolarisation diastolique
ventriculaires. Encycl Méd Chir (Elsevier, Paris), Cardiologie-Angéiologie, 11-033-E-10,
1999, 13 p.
lente et peu marquée, survenant à partir d’un haut niveau de potentiel
diastolique maximal de l’ordre de moins 90 mV. L’automatisme anormal s’en
11-033-E-10 TACHYCARDIES VENTRICULAIRES Cardiologie-Angéiologie

distingue par un potentiel diastolique maximal moins négatif, voisin de


- 60 mV et, dans ces conditions, les fibres myocardiques sont susceptibles
d’acquérir une pente de dépolarisation diastolique lente dès lors qu’elles sont
partiellement dépolarisées au repos. Ce mécanisme est essentiellement
observé sous l’influence des catécholamines et explique les TV adrénergiques
de sujets à cœur apparemment sain.

Activités déclenchées
Les activités déclenchées à partir de postdépolarisation ou postpotentiel
expliquent les TV polymorphes. Deux types ont été décrits :
– les postdépolarisations précoces naissent au niveau du plateau du potentiel
d’action et provoquent un arrêt transitoire de la repolarisation ; si ce
postpotentiel atteint le potentiel-seuil, il déclenche un nouveau potentiel
d’action, provoquant une réponse répétitive. Ce type d’arythmie n’est observé
que dans des conditions extrêmes, hypokaliémie, hypoxie, acidose, présence
de catécholamines, mais elles pourraient également expliquer les torsades de
pointes du syndrome du QT long [9]. Les postdépolarisations précoces sont en
effet observées en conditions expérimentales dans les torsades de pointes au
césium ; 1 Dégénérescence d’une tachycardie ventriculaire en fibrillation ventriculaire lors d’un
– les postdépolarisations tardives correspondent à des oscillations enregistrement Holter obtenu chez un sujet mort subitement.
transitoires dépolarisantes survenant après la repolarisation d’un potentiel
d’action, mais qui sont dues à celui-ci. Comme dans le cas précédent, elles métaboliques ou électrolytiques majeurs, ou elle peut être due à la
peuvent atteindre le seuil et générer un nouveau potentiel d’actions qui dégénérescence d’une TV en fibrillation ventriculaire.
pourra, lui aussi, être suivi de postdépolarisations. Elles surviennent dans des
conditions de surcharge calcique intracellulaire. Cette surcharge en calcium
active un courant non spécifique entrant transitoire, absent dans des Signes électrocardiographiques
conditions normales. Une des causes cliniques les plus connues est des tachycardies ventriculaires
l’intoxication par les digitaliques, car l’inhibition de l’échange Na/K entraîne
une élévation du sodium intracellulaire qui est échangé contre du calcium. Ce L’électrocardiogramme (ECG) reste le moyen essentiel de diagnostic d’une
mécanisme expliquerait aussi les TV sensibles au vérapamil [3]. TV.
En pratique clinique, une même cause peut avoir des effets
électrophysiologiques multiples ; ainsi, les catécholamines augmentent les Signes électrocardiographiques des tachycardies
automatismes anormaux et favorisent les postpotentiels précoces et tardifs. ventriculaires monomorphes
Ce mécanisme faciliterait l’apparition d’ESV qui peuvent déclencher un
phénomène de réentrée ventriculaire. Évoquer le diagnostic
La différenciation, sur le plan électrophysiologique, de ces différents
mécanismes n’est pas toujours évidente. En règle générale, la TV due à une La règle générale est de toujours évoquer le diagnostic de TV en présence
réentrée est monomorphe, facilement induite et arrêtée par stimulation d’une tachycardie à QRS larges ou légèrement élargis chez un sujet tout-
programmée, les automatismes anormaux ou les activités déclenchées sont venant, et ceci quel que soit son âge, les diagnostics de tachycardie de
insensibles à la stimulation et polymorphes. Parfois, ces dernières sont Bouveret avec aberration de conduction étant trop facilement portés chez des
déclenchables et arrêtables par stimulation et monomorphes, mais sujets jeunes qui ont parfois une dysplasie arythmogène du ventricule droit.
généralement, la fréquence de la tachycardie par automatisme exagéré varie Trois éléments permettent théoriquement de poser le diagnostic de TV.
au début de la crise. Élargissement du QRS
L’élargissement du QRS au-delà de 0,12 seconde est un élément quasiment
Signes cliniques des tachycardies constant, sauf dans les rares TV issues de la portion proximale des branches
ventriculaires du faisceau de His où la largeur des ventriculogrammes est peu augmentée.

Ils sont très variables et vont souvent conditionner le pronostic [39].


Activité auriculaire dissociée
Ces signes peuvent être très peu marqués, avec une absence de signes L’activité auriculaire est théoriquement dissociée (fig 2).
fonctionnels au début de la tachycardie, ou simplement une sensation de En effet, la tachycardie est issue du ventricule, l’activité auriculaire sera en
palpitations si la tachycardie est monomorphe, à une fréquence de moins de rapport soit avec une activité sinusale complètement dissociée, soit avec une
200/min et si elle survient chez un sujet qui a un myocarde peu pathologique. activité auriculaire rétrograde par les voies normales de la conduction [58].
Dans ces conditions, si la tachycardie est soutenue et ne s’arrête pas Dans ces conditions, il sera possible de provoquer une dissociation
spontanément, elle peut être à l’origine d’un tableau d’insuffisance cardiaque auriculoventriculaire par des drogues agissant sur cette conduction
et de cardiomyopathie dilatée hypokinétique, le sujet étant parfois hospitalisé rétrograde, et notamment de la striadyne.
au bout de plusieurs heures, voire de plusieurs jours de TV. L’appréciation de Lorsque la TV est lente, entre 120 et 150, l’activité auriculaire est
l’état myocardique chez un sujet hospitalisé pour ce diagnostic ne doit donc généralement visible et surtout, si elle est dissociée, l’onde P sinusale peut
jamais se faire immédiatement après la réduction de la crise, car certains être à l’origine d’une dépolarisation ventriculaire normale (capture), celle-ci
aspects de cardiomyopathie dilatée très évoluée peuvent complètement pouvant aussi survenir en même temps que le ventriculogramme de la TV
disparaître plusieurs jours après le rétablissement du rythme sinusal. (fusion).
À l’inverse, les signes cliniques d’une TV peuvent être très marqués. Un des
signes cliniques fondamentaux est l’existence d’un malaise ou d’une syncope
qui conditionne le pronostic ultérieur [17] : toute tachycardie ventriculaire
syncopale est associée à un pronostic ultérieur très défavorable si elle n’est
pas identifiée et traitée correctement. La syncope peut être due à l’existence
d’une TV polymorphe, notamment d’une torsade de pointes qui s’arrête
spontanément, ou d’une tachycardie ventriculaire très rapide, monomorphe
au-delà de 250/min, qui s’arrête également spontanément, ou d’une
tachycardie ventriculaire monomorphe plus lente, survenant dans un contexte
d’atteinte préexistante de la fonction ventriculaire gauche.
Enfin, le mode de révélation de la tachycardie peut être dramatique sous forme
d’un arrêt cardiaque par fibrillation ventriculaire (fig 1). En effet, toute TV
survenant dans un contexte de cardiopathie préexistante peut se transformer
en fibrillation ventriculaire [2]. La fibrillation ventriculaire peut être elle-
même primaire ; dans ces conditions, elle dépend des mécanismes
d’automatisme ou d’activité déclenchée et survient dans des conditions 2 Tachycardie à QRS large à type de retard gauche. La dissociation auriculoventriculaire
est visible en V2.
particulières, comme l’ischémie aiguë coronarienne et les troubles

page 2
Cardiologie-Angéiologie TACHYCARDIES VENTRICULAIRES 11-033-E-10

A
4 Aspect typique de tachycardie ventriculaire initiée par stimulation à type de retard droit,
visible en V1. En V1, il y a un aspect monophasique. En V6, il y a un aspect QS.

B
3 Dissociation auriculoventriculaire bien visible sur une tachycardie ventriculaire lente,
sous traitement, visible en V1. L’aspect de l’électrocardiogramme à type de retard gauche
est évocateur d’une tachycardie ventriculaire en raison de la présence d’une onde Q en V6.
En dessous, la tachycardie à QRS larges, ralentie également par des médicaments à type
de retard droit, est évocatrice de ce diagnostic du fait d’une onde Q initiale dans les
précordiales droites. L’activité auriculaire dissociée, soupçonnable en V3, est parfaitement
identifiée par la mise en place d’une sonde œsophagienne qui permet d’enregistrer l’activité
auriculaire, soit dissociée, soit suivant régulièrement le QRS.

L’activité auriculaire dissociée, les phénomènes de capture et fusion ne sont 5 Aspect typique de tachycardie ventriculaire à type de retard gauche, avec présence
d’une onde R en V1, de durée 80 millisecondes.
généralement pas visibles au cours des TV qui ont une fréquence supérieure à
150/min, sauf au démarrage de la crise. Dans ces conditions, il est Localisation du point de départ
recommandé d’enregistrer cette activité auriculaire devant toute tachycardie
à QRS larges, soit par voie œsophagienne (fig 3), soit par voie endocavitaire Outre le diagnostic de TV, l’étude de la morphologie de QRS peut également
et, s’il y a une activité rétrograde, il est conseillé de faire une injection d’un permettre de localiser le point de départ de la TV (tableau I). L’aspect en
produit comme de la striadyne pour voir les effets sur cette conduction et sur dérivations précordiales permet de les situer à droite ou à gauche, encore que
la tachycardie. l’aspect de retard gauche peut s’observer dans des TV naissant du septum
interventriculaire côté gauche.
Morphologie du QRS L’axe sur les dérivations frontales permet de les situer au niveau de la paroi
La morphologie du QRS permet, en général, de différencier la TV d’une inférieure ou de l’infundibulum ou en bas ou en haut du ventricule gauche
tachycardie supraventriculaire avec bloc de branche droit ou bloc de branche (VG). Le tableau I rapporte les différents éléments diagnostiques.
gauche. Il est beaucoup plus difficile d’éliminer une tachycardie Notons que si cette localisation est relativement aisée par le simple ECG chez
antidromique, utilisant un faisceau de Kent dans le sens antérograde, si la des sujets normaux, elle devient très complexe chez des sujets ayant une
préexcitation ventriculaire n’est pas connue. anomalie comme un bloc de branche et surtout une séquelle d’infarctus du
myocarde (fig 6). Quand il existe un infarctus du myocarde, les critères
Critères diagnostiques topographiques suivants ont été proposés :
– aspect QS de V1 à V6 : origine dans la région antéroseptale ;
Beaucoup d’auteurs ont proposé des critères pour différencier une tachycardie
supraventriculaire d’une TV : – onde Q en D1 et V6 avec déviation axiale vers le haut dans le plan frontal :
origine dans la partie antérieure et apicale du septum ;
– un aspect de retard droit, un QRS mono- ou biphasique, ou la présence
d’une onde Q en V1, un rapport R/S inférieur à 1 en V6 caractérisent les TV – onde R en D1 et de V2 à V6 : origine postérieure, septale ou paraseptale ;
(fig 4) ; – retard gauche avec orientation du QRS vers le bas : point de départ dans la
– en présence d’un aspect de retard gauche, l’existence d’une onde R en V1 partie antérosupérieure du septum ;
ou V2 de durée supérieure à 30 millisecondes (fig 5), ou la présence d’une – dans les TV, aspect de retard droit, origine toujours ventriculaire gauche.
onde Q en V6, sont des éléments évocateurs de TV. Les critères de Josephson [40] sont les suivants :
D’autres signes ont été proposés. P Brugada [19] a proposé des critères ayant – aspect QR ou QS en V1 avec onde Q dans les précordiales à partir de V2 et
une sensibilité et une spécificité voisines de 100 % : V3, origine antéroapicale ;
– l’absence de complexes R/S dans les précordiales est pathognomonique – onde R sur tout le précordium, origine postérieure.
d’une TV ;
– la présence de complexes R/S dont le pic survient plus de 100 millisecondes Appréciation de la cause de la tachycardie ventriculaire
après le début traduit une TV ; Par ailleurs, l’aspect morphologique chez un sujet qui n’a pas de cardiopathie
– la troisième étape est la recherche d’une dissociation auriculoventriculaire. apparente doit faire évoquer certaine étiologies :
Les tachycardies non classifiées sont réparties en fonction des critères – une tachycardie avec aspect de retard gauche doit faire rechercher une
morphologiques en V1 et V6 cités (cf supra). dysplasie arythmogène du ventricule droit [35] ;

page 3
11-033-E-10 TACHYCARDIES VENTRICULAIRES Cardiologie-Angéiologie

Tableau I. – Localisation de la tachycardie ventriculaire à partir de son aspect sur électrocardiogramme.

Cardiopathie Aspects Morphologie Axe Durée Électrocardiogramme


Régions
(ms) IVL II III VF V1V2 V5V6

VD 0 Apex VD retard gauche gauche > 150 R rS QS qR


rS

infundibulum retard gauche verticalisé vers le bas > 150 R R# QS R


rS rS

tricuspide retard gauche normal < 150 R qR QS qR


[horizontalisé gauche] rS R R

paroi inférieure retard gauche gauche ou horizontal gauche < ou > R rS - QS QS R


à 150 rS ou qR

septum haut VD retard gauche verticalisé vers le bas > 150 R qR QS Rr’-R
rS R

septum bas VD retard gauche normal > 150 R R& QS rR’-R


[horizontalisé gauche] rS

VG 0 apicale VG retard droit droit ou hyperdroit > 160 rS qR qR Rs


QS rS R QS

septale VG retard droit gauche > 160 rS rS R Rs


QS rR’ rS
rsR’ QS

aspects atypiques gauche > 160 R rS V1 rsR’ Rs


V2R

supérolatérale VG retard droit normal verticalisé vers le bas > 170 Rs R rS


QS R#
Rs

infarctus du myocarde apicale VG retard droit hyperdroit > 200 rS rS R rS


QS QS QS

aspects atypiques hypergauche verticalisé > 200 I QS rS rS


vers le bas VL Rs QS QS QS

septale VG retard droit verticalisé vers le haut > 180 rS rS R rS


gauche ou droit QS QS QS
Rs
R rS R Rs

$
aspects atypiques 1 - gauche > 180 QS rsR’

bloc masqué 2 - verticalisé vers le haut > 180 I QS QS V1 qR rS


VL Rs V2rS-QS QS
supérolatérale VG retard droit droit ou hyperdroit > 200 rS
QS rS R rS
RS qR RS
VG : ventricule gauche ; VD : ventricule droit.

Aspects particuliers
Certaines TV ont un aspect particulier :
– les tachycardies bidirectionnelles sont caractérisées par une alternance de
complexes ventriculaires anormaux avec, dans le plan frontal, une alternance
d’axe hyperdroit et d’axe hypergauche et, dans les précordiales, un aspect de
retard droit et des variations d’alternance d’amplitude ou de morphologie.
Elles sont devenues actuellement tout à fait exceptionnelles, car elles étaient
observées autrefois dans des cardiopathies très évoluées ou en cas
d’intoxication digitalique ;
– les TV par réentrée de branche à branche [61] sont très difficiles à différencier
d’une tachycardie supraventriculaire avec aberration de conduction, d’autant
qu’elles sont souvent déclenchées par une extrasystole auriculaire. Seule
l’étude électrophysiologique montrant un potentiel hisien loin devant les
ventriculogrammes, et surtout le contexte clinique de cardiopathie souvent
très évoluée, permet d’évoquer ce diagnostic.
Aucun de ces signes n’est spécifiques.

Signes électrocardiographiques des tachycardies


ventriculaires polymorphes (fig 7)
Les plus connues sont les torsades de pointes rapportées dès 1966 par
Dessertenne [28], aspect ECG caractérisé par :
– l’existence en rythme sinusal d’un QT long qui est soit idiopathique, soit
acquis sous l’effet de troubles électrolytiques ou de certains médicaments ;
6 Sujet ayant un bloc trifasciculaire spontané à gauche en tachycardie, il y a un aspect de – la présence d’une extrasystole ventriculaire qui tombe dans la fin de l’onde
bloc de branche droit, comme en rythme sinusal, mais les QRS n’ont pas la même T. Toutefois, Leenhardt [50] a rapporté l’existence possible de torsades de
morphologie. L’analyse montre qu’il y a les critères de tachycardie ventriculaire avec un
aspect RS en V1 et un aspect à prédominance QS en V6.
pointes à couplage court chez des sujets sans cardiopathie, avec espace QT
par ailleurs normal ;
– enfin, la torsade elle-même se caractérise par des salves non soutenues de
– une tachycardie avec aspect de retard droit, axe gauche ou axe droit, chez QRS larges d’amplitude et de polarité variables, de fréquence rapide de 150 à
un sujet apparemment sain, évoque le diagnostic de TV sensible au 300/min, irrégulière avec une rotation progressive et cyclique tous les 5 à
vérapamil [3] et une tentative d’arrêt de la tachycardie à QRS larges peut 10 ventriculogrammes autour de la ligne isoélectrique. Ces salves peuvent
d’ailleurs être proposée à visée diagnostique. parfois dégénérer en tachycardie ou en fibrillation ventriculaire.

page 4
Cardiologie-Angéiologie TACHYCARDIES VENTRICULAIRES 11-033-E-10

7 Syndrome du QT long typique avec, en dessous, une torsade de pointes classique


associant la présence d’un QT long, d’une extrasystole ventriculaire tombant dans la fin de
l’onde T et d’une tachycardie ventriculaire polymorphe.

D’autres TV polymorphes sont observées dans l’intoxication digitalique ou


l’infarctus dans l’ischémie myocardique aiguë mais, à la différence des
torsades de pointes, elles ne sont pas associées à un QT long mais à des signes
d’ischémie coronarienne aiguë, sous forme d’une modification de la
repolarisation. La pérennisation de la TV polymorphe conduit à une
fibrillation ventriculaire, l’activité ventriculaire devenant d’amplitude de plus
en plus faible jusqu’à l’apparition d’un tracé plat.

Signes électrocardiographiques intercritiques


Ils sont parfois les seuls disponibles pour poser ou éliminer un diagnostic
de TV.

Arguments post-tachycardiques sur l’électrocardiogramme


En effet, le sujet est parfois examiné après sa tachycardie et on ne dispose que
de l’ECG en rythme sinusal qui peut apporter des éléments diagnostiques
importants en faveur d’une TV (fig 8) : 8 Aspect ECG intercritique orientant vers le diagnostic de tachycardie ventriculaire. En
haut, l’aspect de l’électrocardiogramme (ECG), enregistré après une tachycardie à 280/min,
– une onde epsilon en V1 [35] correspondant au potentiel tardif de l’ECG à montre des séquelles d’infarctus postéro-inférieur ainsi qu’un sus-décalage de ST dans le
haute amplification ou simplement une repolarisation droite très pathologique territoire antérieur. Au milieu, l’ECG montre une onde epsilon typique, visible en V1 mais
évoquent une dysplasie arythmogène du ventricule droit ; également en D3 VF. Il y a d’importants troubles de la repolarisation dans les précordiales
droites. Cet aspect est typique d’une dysplasie arythmogène du ventricule droit évoluée. En
– la présence d’une séquelle d’infarctus du myocarde représente un bas, aspect ECG évocateur d’un syndrome de Brugada, avec aspect de bloc incomplet droit
substratum arythmogène qui doit impérativement faire rechercher une TV ; et sus-décalage de ST en V1-V2.
– l’existence d’un syndrome du QT long doit être recherché sur des ECG
répétés, surtout chez les sujets jeunes, car il est parfois intermittent. La simple
dispersion du QT [57] notée sur un ECG 12 dérivations, avec des variations de
fin de l’onde T de plus de 70 ms, est également un élément en faveur d’une
origine ventriculaire des troubles du rythme, mais ces éléments sont parfois
difficiles à déterminer car la mesure exacte de QT est souvent difficile ;
– Brugada [18] a rapporté une entité ECG associée à un risque de fibrillation
ventriculaire qui est l’existence intermittente d’un aspect de bloc de branche
droit en V1 et avec, dans cette dérivation, un important sus-décalage de ST de
type Prinzmetal qui n’est pas d’origine ischémique. Cet aspect est également
souvent transitoire ;
– l’ECG intercritique montre un bloc de branche. Si l’aspect en TV n’est pas
strictement superposable à celui du rythme sinusal, le diagnostic de TV doit
être posé. De nombreux aspects ont pu être rapportés dans ce contexte. Ainsi,
chez un sujet qui a un bloc de branche préexistant et dont la TV naît du côté de
ce bloc de branche, la conduction semble paradoxalement améliorée en
tachycardie avec un affinement des QRS.

Arguments contre une tachycardie ventriculaire


L’ECG peut apporter des arguments contre une TV en montrant :
– un aspect de bloc de branche très exactement similaire aux 12 dérivations
de l’ECG en TV ;
– un syndrome de préexcitation ventriculaire parfois peu visible en rythme 9 Bien que l’électrocardiogramme (ECG) du bas de ce patient montre une tachycardie à
sinusal, notamment s’il s’agit d’un syndrome de préexcitation utilisant un QRS large avec onde R initiale en V1 à 30 millisecondes, l’ECG intercritique fait apparaître
faisceau de Mahaim dont l’aspect en tachycardie va créer une tachycardie à un syndrome de préexcitation ventriculaire, avec un aspect identique à la tachycardie,
permettant de poser le diagnostic de tachycardie antidromique.
QRS larges et à type de bloc de branche gauche (fig 9). La reproduction de
l’aspect observé en tachycardie antidromique requiert généralement des
épreuves de stimulation auriculaire à fréquences croissantes ou des il y a aussi souvent une dissociation auriculoventriculaire, la conduction
manœuvres vagales pour bloquer les voies normales de conduction, faire rétrograde s’effectuant dans le nœud auriculoventriculaire ;
apparaître la préexcitation maximale et déclencher la tachycardie (fig 10). – un flutter auriculaire qui, en présence d’un antiarythmique de classe I, peut
Dans le cas d’une tachycardie antidromique utilisant un faisceau de Mahaim, se compliquer d’un flutter 1/1 avec aberration de conduction dont l’aspect est

page 5
11-033-E-10 TACHYCARDIES VENTRICULAIRES Cardiologie-Angéiologie

10 Tracé enregistré chez le même sujet, lors d’une épreuve de stimulation auriculaire par
voie œsophagienne. Cette tachycardie antidromique s’accompagne d’une dissociation
auriculoventriculaire, ce sujet a un faisceau de Mahaim ; la présence d’une dissociation
auriculoventriculaire pendant une tachycardie à QRS larges n’est donc pas constamment le
signe d’une tachycardie ventriculaire. En bas, tachycardie avec QRS très large à 180/min,
révélant un flutter 1/1 sous-antiarythmique de classe I.

difficile à différencier d’une TV, du fait des troubles de conduction


intraventriculaires provoqués par l’antiarythmique de classe I (fig 10).

Étiologies des tachycardies ventriculaires


Elles sont particulièrement importantes à rechercher car elles vont
conditionner le pronostic et la prise en charge du patient : classiquement, les
TV sont très délétères en cas de cardiopathie et ont, à l’inverse, un excellent 11 Sujet de 28 ans, ayant une extrasystolie ventriculaire. L’électrocardiogramme (ECG)
pronostic en leur absence. de base met en évidence un bloc de branche droit incomplet. Lors de l’épreuve d’effort, il
apparaît une extrasystolie ventriculaire à type de retard gauche avec développement d’une
tachycardie ventriculaire soutenue monomorphe. Il y a également des potentiels tardifs à
Substratum étiologique des tachycardies l’ECG haute amplification. Cet ensemble d’éléments doit conduire formellement à recher-
ventriculaires monomorphes cher une dysplasie arythmogène du ventricule droit qui était présente chez le patient.

Il est présent dans au moins 90 % des cas.


cardiomyopathie hypertrophique, est un signe de pronostic défavorable,
Cardiopathies ischémiques surtout si cette association se fait avec la notion de syncope ou d’histoire
familiale de cardiopathie hypertrophique ou de mort subite. Dans ce cas, le
Les cardiopathies ischémiques sont la cause des trois quarts des TV. risque de mort subite est multiplié par six [51].
Quand elles surviennent en dehors de la phase aiguë d’infarctus du myocarde,
c’est-à-dire plus de 48 heures après le début de celui-ci, elles sont à très haut Dysplasie arythmogène
risque de récidive spontanée. Elles sont d’autant plus graves qu’elles
Celle du ventricule droit doit être recherchée chez tous les sujets qui ont une
surviennent chez des sujets qui ont une séquelle d’infarctus étendue, avec une
TV avec aspect de retard gauche. La TV est souvent provoquée par un effort
fraction d’éjection inférieure à 35 %. Dans ce cas, la mortalité des sujets non
(fig 11). Cette affection a été décrite par Fontaine [34]. L’anomalie principale
traités est de près de 50 % à 1 an et des sujets traités de 50 % à 5 ans et 70 %
est la transformation de la couche musculaire ventriculaire droite en tissu
à 10 ans [4, 49]. En cas de fraction d’éjection supérieure à 35 %, la mortalité des
fibroadipeux. La lésion peut être diffuse ou localisée, les zones
sujets traités est de 30 % à 5 ans et 39 % à 10 ans [49]. Elles sont également
préférentiellement touchées sont l’infundibulum, la région paratricuspidienne
aggravées par l’existence d’une ischémie résiduelle qui rend la tolérance de
et l’apex, les lésions peuvent s’étendre à l’ensemble du myocarde. L’origine
la TV moins bonne et facilite leur dégénérescence en fibrillation ventriculaire.
génétique vient d’en être démontrée, expliquant qu’une histoire familiale est
Lorsque la TV a été documentée, la prise en charge du patient est actuellement
retrouvée, par l’interrogatoire, au moins dans 12 à 25 % des cas. La révélation
parfaitement codifiée. Elle n’est parfois pas documentée, mais il est
clinique se ferait sous l’influence d’un facteur extérieur, et notamment viral,
également facile d’identifier les sujets à risque de TV après un infarctus du
avec une myocardite [34]. Fontaine a souligné les risques engendrés par un gros
myocarde. La prise en charge de ces patients est cependant encore discutée.
effort lors d’une compétition sportive dans les suites immédiates d’un
syndrome infectieux. En effet, la décharge de catécholamines provoquée par
Cardiomyopathies dilatées cet effort peut provoquer et aggraver un trouble du rythme ventriculaire en
Elles sont plus rarement en cause. Si les TV non soutenues, polymorphes ou facilitant sa dégénérescence en fibrillation ventriculaire. En dehors de ces
monomorphes, sont notées dans près des trois quarts des cas des sujets avec conditions, le pronostic général des TV révélant une dysplasie arythmogène
cardiomyopathie dilatée primitive ou ischémique évoluée entraînant une du ventricule droit semble assez bon dans la mesure où les lésions restent
déchéance myocardique, la TV soutenue monomorphe de la cardiomyopathie généralement localisées au ventricule droit [5].
dilatée primitive est plus rare, puisqu’elle ne présente que 0 à 10 % des causes La fréquence réelle de cette affection reste actuellement discutée, notamment
des TV. Sa prise en charge est elle-même bien codifiée et va dépendre dans les cas de mort subite du sportif. Les séries européennes retrouvent une
essentiellement de l’état du myocarde. Si la présence d’une TV s’associe à un incidence non négligeable de séquelles de myocardite, alors que les séries
mauvais pronostic dans la cardiomyopathie dilatée, avec un risque de américaines retrouvent plutôt des cardiomyopathies hypertrophiques
mortalité de 50 % à 1 an, c’est généralement plus en raison d’une mortalité méconnues chez les sujets qui n’ont pas de lésion coronaire authentifiée à
globale non rythmique qu’en raison d’une mortalité rythmique. Elle a souvent l’autopsie.
été provoquée, dans les années précédentes, par l’utilisation abusive
d’antiarythmique de classe I chez ces patients. Prolapsus valvulaire mitral
Cardiomyopathie hypertrophique Il a fait l’objet, il y a un certain nombre d’années, de nombreuses publications,
car il était apparu que les patients avaient souvent des salves d’extrasystoles
Elle est également très rarement la cause de TV monomorphes. En revanche, ventriculaires et qu’ils avaient une mortalité plus élevée que les sujets sans
la présence de salves de TV non soutenues, notée chez les sujets jeunes avec prolapsus. Plus récemment, d’autres travaux ont montré que les TV

page 6
Cardiologie-Angéiologie TACHYCARDIES VENTRICULAIRES 11-033-E-10

monomorphes, associées au prolapsus de la valve mitrale, étaient soit en Les tachycardies ventriculaires polymorphes, de l’ischémie coronarienne
rapport avec une affection associée comme une dysplasie arythmogène du aiguë ou de l’intoxication digitalique sont facilement identifiées par l’histoire
ventricule droit, soit en rapport avec une atteinte valvulaire mitrale et une fuite clinique et l’ECG intercritique.
importante entraînant une dilatation du ventricule gauche [45, 53]. Les morts Les tachycardies ventriculaires polymorphes idiopathiques sont
subites autrefois rapportées ont pu être favorisées par l’utilisation exceptionnelles. Elles sont parfois classées avec les torsades de pointes du QT
intempestive d’antiarythmiques de classe TA allongeant l’espace QT, et la long congénital. Il s’agit généralement d’une TV polymorphe initiée par une
règle est actuellement de respecter l’extrasystolie d’un prolapsus valvulaire ESV à couplage court [50]. Cette tachycardie est exceptionnelle, concerne des
mitral avec valve peu altérée et absence de fuite ou d’atteinte de la fonction sujets jeunes qui présentent des syncopes d’effort. Contrairement au
ventriculaire gauche, le risque réel de troubles du rythme ventriculaire graves syndrome du QT long congénital, l’affection est insensible aux bêtabloquants
étant nul ou très faible. mais elle est sensible, transitoirement, au vérapamil. L’évolution spontanée
est gravissime.
Valvulopathies évoluées
Elles peuvent se compliquer de TV non soutenues, voire soutenues, dont la
seule issue thérapeutique est le remplacement valvulaire en urgence [52]. Pronostic des tachycardies ventriculaires
Cardiopathies congénitales Pronostic spontané
Opérées ou non, elles sont une cause non négligeable des TV de l’enfant et de
l’adulte jeune. L’affection la plus fréquente est la tétralogie de Fallot opérée. Celui des TV monomorphes dépend de l’existence ou non d’une
Les enfants opérés tardivement gardent une dysfonction ventriculaire droite cardiopathie : une TV monomorphe idiopathique a un excellent pronostic
importante et sont les plus à risque de développement de TV monomorphes spontané. À l’inverse, la TV soutenue monomorphe d’un sujet avec
avec retard gauche. Le suivi rythmologique systématique de ces enfants est cardiopathie a un pronostic défavorable si elle n’est pas prise en charge
indispensable. correctement [4, 49]. Toutefois, en 1998, le pronostic a été transformé si la prise
en charge se fait de façon correcte et si le myocarde n’est pas déchu. C’est en
Tachycardies ventriculaires iatrogènes général l’atteinte du myocarde qui conditionne actuellement le pronostic
général de ces patients. S’ils sont pris en charge correctement, ils ne décèdent
Les TV provoquées par les antiarythmiques de classe I ont quasiment disparu. plus de troubles du rythme ventriculaire mais sont susceptibles de garder une
Elles apparaissaient quelques jours après la mise en route d’un traitement pour mortalité cardiovasculaire élevée par insuffisance cardiaque, car ils ont
extrasystolie chez des sujets qui avaient des cardiomyopathies évoluées, souvent une atteinte de leur fonction myocardique. Chez un sujet de plus de
surtout d’origine ischémique. Elles étaient précédées par l’apparition d’un 60 ans, le pronostic rejoint celui d’insuffisance cardiaque en général.
élargissement des QRS. Cet effet proarythmique ventriculaire se traduisait par
la survenue d’une TV relativement lente, à QRS très larges, et elle était très
mal tolérée sur le plan hémodynamique. Torsades de pointes
Elles ont également actuellement un excellent pronostic, à partir du moment
Tachycardies ventriculaires monomorphes idiopathiques où elles ont pu être identifiées. La suppression des facteurs favorisants, la mise
Ce n’est qu’après avoir éliminé ces différents diagnostics qu’il sera possible en route d’un traitement bêtabloquant à vie permet d’espérer une espérance
de parler de TV idiopathique [32]. de vie identique à la population générale. Seules les exceptionnelles TV
Certaines d’entre elles sont assez faciles à reconnaître : il s’agit de TV non polymorphes catécholergiques (torsade à couplage court) ont un pronostic
soutenues monomorphes, qui ont un aspect de retard gauche avec axe droit ou défavorable et requièrent un défibrillateur implantable [50].
plus rarement normal (TV en salves de Gallavardin ou syndrome de Parkinson
Papp). Elles s’observent surtout chez l’enfant et l’adolescent et sont souvent
asymptomatiques. Elles naissent dans l’indundibulum du ventricule droit. Ces Bilan et prise en charge d’un patient
TV ont un excellent pronostic, dégénèrent très rarement en TV soutenue, ne ayant présenté une tachycardie
s’aggravent pas lors de la perfusion d’Isuprelt et sont associées à un bilan ventriculaire soutenue
étiologique négatif.
Les TV soutenues idiopathiques sont plus rares : Ce bilan doit s’effectuer après arrêt de tout antiarythmique depuis au moins
– l’entité la plus connue est l’aspect de retard droit et axe gauche, plus cinq demi-vies et rééquilibration de l’état hémodynamique.
rarement axe droit dont Belhassen [3] a montré la sensibilité au vérapamil. Elle
évolue cliniquement sous forme de paroxysmes (Bouveret ventriculaire). Son Tachycardies ventriculaires monomorphes
mécanisme exact est encore peu connu ; il s’agit probablement d’une réentrée
puisqu’elle est facilement déclenchable par stimulation, mais un phénomène Explorations non invasives systématiques
de postdépolarisation tardive a aussi été évoqué. Le pronostic général est
excellent ; L’enregistrement Holter des 24 heures permet de quantifier et de rechercher
une extrasystolie ventriculaire intercritique. Cependant, la présence d’une
– d’autres TV soutenues, issues du ventricule droit avec aspect de retard
salve de TV chez des sujets qui ont des TV spontanées est tout à fait
gauche, ont été rapportées dans quelques cas ; il s’agit d’une TV souvent mal
inconstante. L’enregistrement Holter peut être parfaitement normal. Si une
tolérée, syncopale, survenant à l’effort, déclenchée par l’épreuve d’effort, non
arythmie ventriculaire est présente, celle-ci servira de base pour la
déclenchable par stimulation, apparaissant spontanément lors de la perfusion
surveillance initiale de l’efficacité du traitement antiarythmique [6, 31].
d’isoprotérénol, car elle est sensible aux catécholamines et également aux
bêtabloquants. Elle est donc de bon pronostic. Toutefois, le suivi à long terme L’analyse de la variabilité sinusale doit être également effectuée pour évaluer
de ces patients est nécessaire car il est toujours difficile d’éliminer le pronostic de l’affection, notamment en postinfarctus du myocarde [7, 48].
formellement une dysplasie arythmogène du ventricule droit débutante. En effet, une dizaine de jours après l’infarctus, la perte de la variabilité
sinusale, caractérisée par une tachycardie sinusale permanente et un
effondrement de la déviation standard des espaces RR sur 24 heures (SDNN)
Tachycardies ventriculaires polymorphes inférieur à 50 millisecondes, expose le sujet à un pronostic ultérieur
La plupart sont déclenchées par une cause aiguë réversible. défavorable, que ce soit sur le plan des troubles du rythme ou de l’insuffisance
Les torsades de pointes sont généralement provoquées chez l’adulte par cardiaque. La dispersion de l’espace QT sur cet enregistrement Holter des
différentes causes bien connues : prise d’antiarythmique de classe I, plus 24 heures serait également un élément de pronostic défavorable [68] et qui n’est
rarement de classe III, hypokaliémie, hypomagnésémie, bradycardie ; pas encore d’utilisation courante car difficile à apprécier de façon correcte sur
beaucoup de médicaments sont susceptibles d’allonger le QT et de favoriser les enregistrements. Perte de la variabilité sinusale et dispersion de QT vont
les torsades de pointes mais, pris à doses normales, ils révèlent souvent une apporter des arguments de pronostic défavorables et aider à indiquer des
origine génétique sous-jacente avec un syndrome du QT long, idiopathique, traitements non médicamenteux.
frustre, qui se complique de torsades à l’occasion de la prise médicamenteuse. L’épreuve d’effort, quand elle est possible, doit être proposée. Elle permettra
C’est particulièrement le cas chez l’enfant, l’adolescent ou l’adulte jeune où d’abord d’évaluer la cardiopathie ischémique sous-jacente et de rechercher
la survenue d’une torsade de pointes à l’effort ou lors d’un stress, ou à une ischémie, facteur aggravant des TV monomorphes et facteur déclenchant
l’occasion de la prise d’un médicament à dose normale, révèle presque des TV polymorphes. Le déclenchement d’une TV monomorphe à l’épreuve
constamment un syndrome du QT long congénital et parfois intermittent sur d’effort est cependant rarement observé, la sensibilité du test n’étant que de
l’ECG de surface. Il doit être recherché par des ECG répétés, par l’analyse du 10 %. Néanmoins, si elle se produit, elle permettra de servir de base à la
QT au cours d’un enregistrement Holter des 24 heures et en vérifiant que le surveillance du traitement en répétant cette épreuve sous médicament.
QT se raccourcit normalement lors de l’accélération de la fréquence cardiaque L’ECG à haute amplification est peu utile chez les sujets qui ont des TV
pendant une épreuve d’effort. documentées. En effet, l’absence de potentiels tardifs ou d’élargissement du

page 7
11-033-E-10 TACHYCARDIES VENTRICULAIRES Cardiologie-Angéiologie

QRS chez un sujet sans bloc de branche n’élimine pas du tout le diagnostic de arythmogène du ventricule droit, si, pour ces deux dernières affections, la
TV, les sujets qui présentent des TV rapides ayant généralement un tel examen perfusion d’isoprotérénol est utilisée. La technique doit reproduire la TV
strictement normal, car le circuit de réentrée est petit et la dépolarisation des spontanée, mais il est parfois possible, notamment dans l’infarctus du
fibres pathologiques est noyée dans le ventriculogramme normal [14]. myocarde, de déclencher une autre TV monomorphe qui, de toute façon, si
D’autres examens ont pu être proposés, comme l’angiographie isotopique elle est soutenue, doit être considérée comme pathologique. En effet, une
avec analyse de phase pour essayer de localiser la TV, mais ils sont, en même origine peut se traduire par des aspects ECG différents en cas de
pratique, peu utilisés. séquelles d’infarctus, la sortie du circuit pouvant être variable. Si
l’exploration reste négative chez ces sujets avec TV documentée et séquelles
Examens invasifs d’infarctus, cardiomyopathie ou dysplasie droite, c’est-à-dire ne déclenche
aucun trouble du rythme ou simplement des salves de TV non soutenue, elle
Ils sont obligatoires en cas de TV soutenue, documentée ou très probable. doit faire reconsidérer le diagnostic de la nature de la tachycardie à QRS large
L’exploration électrophysiologique endocavitaire est formellement indiquée ou faire envisager une nouvelle stimulation programmée à distance.
comme préalable à tout traitement chez un sujet qui a une tachycardie à QRS L’examen peut être faussement négatif, en particulier lorsque le patient a reçu
larges. Cet examen a pour but de déclencher la TV pour vérifier le diagnostic, un traitement antiarythmique transitoire, notamment de l’amiodarone.
aider à sa localisation par l’enregistrement ECG 12 dérivations de la La sensibilité et la spécificité de la technique sont beaucoup moins bonnes
tachycardie, et surtout pour servir de base à l’identification d’un dans les autres cardiopathies, notamment dans la cardiomyopathie
antiarythmique efficace. hypertrophique. En effet, dans cette affection, la stimulation programmée
déclenche une fibrillation ventriculaire non spécifique dans 50 % des cas,
Protocole de stimulation quelle que soit la symptomatologie de base, notamment chez des sujets
asymptomatiques [46]. Les TV idiopathiques sont rarement déclenchables ou
Le protocole de stimulation ventriculaire est maintenant bien codifié [65]. elles apparaissent spontanément lors de la perfusion d’Isuprelt, car ces TV
La stimulation se réalise à une intensité double du seuil de stimulation, avec ne sont pas dues à une réentrée.
une largeur d’impulsions de 1 à 2 millisecondes. L’augmentation de
l’intensité augmente la sensibilité au détriment de la spécificité. La Contrôle des thérapeutiques
stimulation s’effectue d’abord dans l’oreillette droite, pour vérifier la
conduction auriculoventriculaire et parfois induire des TV lors de la L’ensemble des moyens d’investigation non invasifs et invasifs seront répétés
stimulation auriculaire qui sont des TV de mécanisme particulier comme les sous traitement antiarythmique [21] ; l’exploration invasive ne sera proposée
TV par réentrée de branche à branche ou les TV de Belhassen. Plus qu’après négativation des examens non invasifs, si ceux-ci étaient
généralement, il faut recourir à la stimulation du ventricule droit qui s’effectue pathologiques au départ. La stimulation ventriculaire programmée doit être
dans l’apex jusqu’à deux extrastimuli, puis dans l’infundibulum avec deux répétée sous traitement antiarythmique. Il s’agit du traitement guidé par
extrastimuli, avant d’utiliser un troisième extrastimulus dans les deux sites. l’électrophysiologie. Pour prouver qu’un patient est protégé contre une
La stimulation du ventricule gauche accroît de 10 % les chances de reproduire récidive, il faut que la stimulation ventriculaire programmée, pratiquée
la TV et son indication est exceptionnelle. jusqu’à trois extrastimuli dans deux sites, ne déclenche plus de tachycardie
La technique de la stimulation ventriculaire programmée est elle-même bien ventriculaire ou simplement une TV non soutenue (fig 12) [64]. Cela est obtenu
codifiée. Il s’agit d’envoyer un à trois extrastimuli en rythme sinusal et dans 20 à 30 % des sujets traités par antiarythmiques de classe I, sotalol ou
au moins deux cycles ventriculaires imposés, généralement 600 et amiodarone [43] . Toutefois, les résultats dépendent souvent de l’état
400 millisecondes. L’utilisation d’un nombre croissant d’extrastimuli myocardique sous-jacent et les chances de négativer l’exploration sont
augmente la sensibilité du test au détriment de sa spécificité. En effet, à partir d’autant plus importantes que le myocarde est moins atteint. De même, une
de trois extrastimuli et au-delà, on augmente considérablement le risque TV initiale rapide serait plus facile à prévenir qu’une TV plus lente. Dans 40
d’induire une fibrillation ventriculaire non spécifique. La stimulation utilise à 60 % des cas, et malgré différents essais d’antiarythmiques, il n’est
d’abord un premier extrastimulus qui balaye le site 350 millisecondes jusqu’à généralement possible que d’induire une TV plus lente et bien tolérée (fig 13).
la période réfractaire effective du ventriculaire, avec des décréments de 5 à C’est un résultat satisfaisant pour les sujets traités sous amiodarone [43] car le
10 millisecondes. Ensuite, le premier extrastimulus est fixé 20 millisecondes risque de récidive de la TV est faible, mais c’est un résultat plus discutable
au-delà de la période réfractaire du ventricule et un deuxième extrastimulus pour les sujets traités par d’autres antiarythmiques comme le sotalol ou les
balayera le cycle de 350 millisecondes jusqu’à la période réfractaire du antiarythmiques de classe I, où le risque de récidive est plus important,
ventricule. Il en est de même pour le troisième extrastimulus. Il faut parfois se pouvant atteindre 80 % pour les antiarythmiques de classe IA. Le traitement
méfier des couplages courts, notamment chez les sujets qui ont présenté un guidé par électrophysiologie serait d’intérêt moindre pour le sotalol que pour
infarctus du myocarde car, en dessous d’une valeur de 180 millisecondes, on les autres antiarythmiques, la concordance entre les résultats de la stimulation
risque d’induire une fibrillation ventriculaire non spécifique. Il est conseillé, programmée et le devenir ultérieur des patients étant inconstants. L’étude
quand la stimulation déclenche des salves non soutenues polymorphes, de ESVEM [31] a montré que lorsque les sujets ont des salves de TV non
limiter le couplage à 200 millisecondes pour éviter un tel accident. soutenues sur l’enregistrement Holter, la suppression de ces salves par le
sotalol était un meilleur argument de pronostic que la négativation de la
D’autres protocoles ont été proposés avec notamment l’utilisation de salves, stimulation programmée. Outre l’efficacité du traitement antiarythmique,
rarement utilisées, car difficilement contrôlables, mais surtout par la l’étude électrophysiologique guidée a le mérite également d’identifier
réalisation d’une deuxième stimulation programmée sous perfusion rapidement les effets arythmogènes des antiarythmiques, car parfois la
d’isoprotérénol, si la stimulation ventriculaire réalisée à l’état de base est prescription d’un antiarythmique se traduit par l’induction d’une TV plus
restée négative et si le sujet a des TV documentées, même si elles ne rapide (fig 14) ou d’une TV lente mais mal tolérée sur le plan
surviennent pas obligatoirement à l’effort. Cela est particulièrement hémodynamique, ce qui est observé habituellement quand le patient est sous
important dans la dysplasie arythmogène du ventricule droit et dans la antiarythmique de classe IC.
cardiomyopathie dilatée primitive. Le recours à cette perfusion permet
d’amener la sensibilité de la stimulation programmée à plus de 90 % dans ces Le bilan de la cardiopathie est obligatoire : il comporte une étude de la
affections [12]. fonction ventriculaire gauche, une coronarographie, une recherche
d’ischémie chez les sujets coronariens par un examen d’effort au thallium, une
angiographie droite systématique s’il n’y a pas de cardiopathie gauche ;
Interprétation du test l’étude du ventricule droit peut également se faire en imagerie par résonance
Elle doit se faire en fonction du trouble du rythme induit et de nature de la magnétique (IRM) [59].
cardiopathie sous-jacente.
Le déclenchement d’une TV monomorphe inférieure à 270/min est toujours Tachycardies ventriculaires polymorphes
très pathologique si cette TV est soutenue, c’est-à-dire supérieure à
30 secondes ou requérant un moyen pour l’arrêter avant son délai, du fait de Le bilan et la prise en charge des TV polymorphes sont axés sur la recherche
sa mauvaise tolérance. Il est conseillé de répéter une deuxième fois le d’une étiologie. En cas de torsades de pointes, même s’il y a apparemment
déclenchement pour s’assurer que la méthode est reproductible. De même, une cause médicamenteuse ou électrolytique, il faut surtout s’efforcer de
l’induction d’une TV monomorphe très rapide à plus de 280/min, appelée dépister un QT long, parfois intermittent, par la réalisation d’un
flutter ventriculaire, ou d’une fibrillation ventriculaire a toujours, dans le enregistrement Holter et d’une épreuve d’effort où le comportement du QT
contexte d’une tachycardie à QRS large, une valeur pathologique, alors que sera étudié avec précision. La survenue de TV sera également notée. Si un
ces troubles du rythme sont en revanche dénués de spécificité s’ils sont induits syndrome du QT long congénital est identifié, une enquête familiale et
chez des sujets sans tachycardie documentée. Pour les tachycardies qui génétique est indispensable [44]. Les épreuves de stimulation programmée ont
doivent être arrêtées par cardioversion, la reproductibilité de leur peu d’intérêt dans les torsades de pointes qui ne sont pas déclenchables par
déclenchement est déconseillée. stimulation.
La sensibilité de la technique est excellente, supérieure à 90 % dans Les TV polymorphes chez l’insuffisant coronarien révèlent l’existence d’une
l’infarctus du myocarde, la cardiomyopathie dilatée et dans la dysplasie ischémie coronaire qui doit être recherchée. Elles peuvent être induites par

page 8
Cardiologie-Angéiologie TACHYCARDIES VENTRICULAIRES 11-033-E-10

13 Tests sériés répétés chez un patient ayant des tachycardies ventriculaires (TV). En
12 Tests sériés chez un patient ayant des tachycardies ventriculaires inductibles mono- haut, en l’absence de traitement, la stimulation ventriculaire programmée utilisant deux
morphes à 170 à l’état de base. La tachycardie ventriculaire est induite par trois extrastimuli extrastimuli déclenche une tachycardie ventriculaire monomorphe à 170/min. Au milieu, un
délivrés sur un rythme imposé. Le patient reçoit des antiarythmiques, sous traitement en premier essai de traitement antiarythmique se solde par un échec : l’utilisation d’un extra-
dessous, la même étude ne déclenche plus qu’une salve de réentrée intraventriculaire, le stimulus déclenche une TV similaire, à fréquence quasiment identique à 165/min. En
patient est donc protégé par son traitement. dessous, un deuxième essai thérapeutique permet d’obtenir un ralentissement de la TV
induite qui n’est plus qu’à 130/min. Si cette TV est bien tolérée sur le plan hémodynamique,
le patient peut être considéré comme protégé par le traitement.
stimulation après avoir provoqué une ischémie coronaire, lors de l’épreuve
de stimulation ventriculaire qui n’a donc pas d’intérêt réel dans ce type de TV.
Ce n’est pas du tout le cas s’il s’agit d’une fibrillation ventriculaire ESV nombreuses et en salves, expose le patient à un risque de mortalité subite
documentée lors d’un arrêt cardiaque récupéré, qui impose un bilan non élevée, risque qui augmentera si ces salves sont associées à une dysfonction
invasif et invasif complet, strictement superposable à celui des TV ventriculaire gauche [6, 38]. L’analyse de la variabilité sinusale est également
monomorphes, car une fibrillation ventriculaire survenant en dehors d’une conseillée puisque la perte de cette variabilité est associée à un risque
phase aiguë d’infarctus a toutes les chances de récidiver, si sa cause n’a pu d’événements rythmique et cardiaque augmentés par rapport aux sujets qui
être identifiée et traitée spécifiquement. Après le bilan non invasif, la ont conservé leur variabilité sinusale [7].
stimulation ventriculaire programmée complète, avec perfusion – L’épreuve d’effort est surtout intéressante pour rechercher une ischémie
d’isoprotérénol si nécessaire, doit être systématique : une TV monomorphe résiduelle, facteur pronostic péjoratif.
ou une fibrillation ventriculaire est déclenchable dans près de 90 % des cas et – L’ECG à haute amplification permet de dépister des potentiels tardifs dont
la prise en charge sera identique à celles des TV monomorphes. Devant le haut les critères varient d’un auteur à l’autre (amplitude des 40 dernières
risque de récidive, si un traitement adéquat n’est pas trouvé, notamment chez millisecondes du QRS < 20 µV, durée de l’activité terminale de QRS > 38-40
les sujets où la stimulation programmée reste négative et chez lesquels, par millisecondes ou simplement élargissement du QRS au-delà de 115
conséquent, le traitement ne pourra pas être surveillé, la mise en place d’un millisecondes). La présence de ces potentiels tardifs augmente le risque de
défibrillateur s’avère nécessaire. survenue d’une TV et d’une mort subite [11]. Toutefois, la plupart des travaux
ont utilisé cet examen en association avec d’autres techniques [10, 27] et
l’interprétation de l’ECG à haute amplification ne peut se faire qu’avec le
Bilan et prise en charge d’un patient à risque reste du bilan. De plus, la valeur diagnostique de cette seule technique est
de tachycardie ventriculaire, mais sans médiocre avec une spécificité faible, près de 20 % des sujets ayant des
arythmie soutenue spontanée anomalies et une sensibilité moyenne, les sujets à risque de TV rapide ou de
fibrillation ventriculaire ayant parfois un examen normal.
La plupart des cardiopathies avec atteinte de la fonction ventriculaire droite La mesure de la fraction d’éjection ventriculaire gauche est indispensable, car
ou gauche sont potentiellement la cause d’un risque accru de TV et de mort elle permet de quantifier le risque : la présence d’une fraction d’éjection
subite. L’identification de ce risque est théoriquement facile et dépend de la inférieure à 35 % augmente la mortalité de 5 à 20 % à 1 an [41], car elle rend la
cardiopathie. tolérance des troubles du rythme moindre et augmente les risques de mort
subite inhérents à ce trouble du rythme [38].
En cas d’infarctus du myocarde – La stimulation ventriculaire programmée a autrefois été proposée à titre
systématique [ 1 0 , 11 , 1 5 , 2 7 ] . Les différents auteurs ont montré que le
Principale cardiopathie arythmogène, un bilan systématique est préconisé déclenchement d’une TV soutenue monomorphe, inférieure à 280/min,
après la phase aiguë. Il est réalisé à partir de la 48e heure, sauf pour l’analyse augmentait les risques de TV et de mort subite à long terme chez ces patients.
de variabilité sinusale et pour la recherche de potentiels tardifs qui ne doivent Toutefois, tous ces travaux ont montré également que les patients ayant ce
se faire qu’au-delà de la première semaine. trouble du rythme avaient également d’autres anomalies de leur bilan non
– L’enregistrement Holter doit être systématique. En effet, la découverte invasif. Dans ces conditions, l’indication de la stimulation ventriculaire
d’une extrasystolie ventriculaire de grade IVA ou IVB de Lown, à savoir les programmée est actuellement limitée aux patients qui ont une altération de

page 9
11-033-E-10 TACHYCARDIES VENTRICULAIRES Cardiologie-Angéiologie

15 Présence d’une arythmie ventriculaire de type 4A de Lown à l’enregistrement Holter,


chez un sujet ayant présenté un infarctus antérieur avec atteinte de la fonction ventriculaire
14 Effet proarythmique dépisté par les tests sériés. En l’absence de traitement, deux gauche. Au milieu, enregistrement de potentiels tardifs caricaturaux à l’électrocardio-
extrastimuli déclenchent une tachycardie ventriculaire monomorphe à 200/min. Sous anti- gramme haute amplification. Ces deux examens ont conduit à proposer l’indication d’une
arythmique, un seul extrastimulus induit un flutter ventriculaire. stimulation ventriculaire programmée et au déclenchement d’une tachycardie ventriculaire
soutenue monomorphe hautement pathologique.
leur fonction ventriculaire gauche (fraction d’éjection < 35 %) et qui ont soit
une salve de TV non soutenue à l’enregistrement Holter, soit des potentiels
tardifs (fig 15, 16) [15]. Le déclenchement d’une TV soutenue monomorphe En cas de syncope inexpliquée
chez ces sujets identifiera les sujets qui auront besoin d’avoir un traitement
spécifique préventif de ces TV. Il faut noter que la stimulation ventriculaire La recherche d’une TV est indispensable si le patient a une cardiopathie sous-
programmée réalisée en postinfarctus risque d’induire des troubles du rythme jacente, infarctus du myocarde ou cardiomyopathie dilatée [17] et cette
non spécifiques comme une fibrillation ventriculaire dans 20 % des cas, mais recherche s’effectuera en présence d’un ECG ou d’une échocardiographie
également un flutter ventriculaire dont la signification reste discutée. pathologique. Seule la stimulation ventriculaire programmée est fiable pour
Toutefois, en cas de salves de TV non soutenues à l’enregistrement Holter, ce établir ce diagnostic en déclenchant une TV soutenue ou une TV non soutenue
trouble du rythme pourrait avoir la même signification qu’une TV soutenue monomorphe syncopale.
monomorphe inférieure à 280/min [15].
L’ECG haute amplification, chez des sujets admis pour syncope, pourrait
aider à dépister une dysplasie arythmogène du ventricule droit en mettant en
En cas de cardiomyopathie dilatée primitive évidence des potentiels tardifs, qui sont très exceptionnels chez des sujets
La découverte de salves de TV non soutenues sur un enregistrement Holter ne sains, ne recevant pas d’antiarythmiques. Malheureusement, cet examen peut
doit déboucher sur aucun bilan particulier [62], sauf si le patient a des malaises être normal dans les formes débutantes de l’affection. En pratique, la
ou syncopes qui doivent faire rechercher une TV rapide non soutenue ou une négativité de l’ECG haute amplification ne permet en aucun cas d’éliminer le
TV soutenue [12]. Ce n’est que dans ce cas particulier que la stimulation diagnostic de TV syncopale dans l’infarctus du myocarde ou toute autre
ventriculaire programmée doit être indiquée ; si une TV soutenue cardiopathie.
monomorphe est induite, elle a la même signification pathologique que dans
l’infarctus du myocarde. L’enregistrement Holter pourrait être plus
intéressant dans l’évaluation pronostique, s’il conduit à étudier la variabilité En cas d’histoire familiale
sinusale. La perte de celle-ci serait un élément de pronostic très
défavorable [33]. Le bilan est beaucoup plus difficile à préciser : ce sont des sujets issus de
L’ECG à haute amplification est lui aussi d’interprétation délicate dans cette familles ayant une affection à risque de TV ou de mort subite, en particulier
affection car si la présence de potentiels tardifs est un élément prédictif de la une dysplasie arythmogène du ventricule droit, une cardiomyopathie
survenue de TV [16], elle ne prédit pas le risque de mort subite. De plus, hypertrophique ou un syndrome du QT long.
l’examen est souvent faussé par l’existence de troubles de conduction Dans la dysplasie arythmogène du ventricule droit, la règle est de proposer un
intraventriculaire gauche [16]. ECG à haute amplification systématique dans la famille, de ne proposer la
réalisation d’un Holter ou une épreuve d’effort que chez le jeune sportif ou
En cas de cardiomyopathie hypertrophique chez le sujet ayant un symptôme évocateur d’une tachycardie. Dans la
cardiomyopathie hypertrophique, le bilan comporte uniquement une
L’enregistrement Holter des 24 heures est l’examen de choix. La découverte
échocardiographie à la recherche de la maladie.
d’une salve de TV non soutenue conduit à des examens invasifs s’il s’agit
d’un sujet jeune ou d’un sujet qui a des syncopes inexpliquées, ou une histoire Dans le syndrome du QT long, il est impératif d’effectuer un ECG, un
familiale de mort subite [51], en gardant à l’esprit cependant que la valeur enregistrement Holter des 24 heures et une épreuve d’effort systématiques
diagnostique de la stimulation programmée est médiocre dans cette affection. dans la fratrie, le QT long ne pouvant être qu’intermittent.

page 10
Cardiologie-Angéiologie TACHYCARDIES VENTRICULAIRES 11-033-E-10

Traitement préventif des tachycardies ventriculaires


monomorphes documentées
Il peut utiliser plusieurs moyens.

Traitement médicamenteux : le premier [37]


Actuellement, les médicaments antiarythmiques sont relativement limités.
En effet, les antiarythmiques de classe IA, quinidine et disopyramide, sont de
vieilles molécules qui n’ont jamais fait l’objet d’investigations très larges
pour montrer leur bénignité d’utilisation chez les sujets avec cardiopathie.
Dans ces conditions, ils ont été assimilés, peut-être à tort, avec les
antiarythmiques de classe IC dont les effets délétères en postinfarctus ont été
montrés pour la flécaïnide dans l’étude CAST [30]. Ils ne sont plus utilisés que
par certaines équipes, en association avec les bêtabloquants, car il faut
rappeler que de nombreuses études ponctuelles ont montré que les
quinidiniques négativaient les stimulations ventriculaires programmées, dans
près de 30 % des cas, avec un pronostic ultérieur favorable [64]. Ils sont encore
actuellement utilisés, de préférence chez les sujets qui n’ont pas de
cardiopathie, ou avec prudence, à demi-dose (exemple : quinidine 300 à
400 mg/j ou disopyramide 200 à 250 mg/j), en surveillance en milieu
hospitalier et uniquement sous contrôle avec des tests électrophysiologiques
sérieux, en cas de contre-indication ou d’échec de l’amiodarone.
Les antiarythmiques de classe IB ne sont quasiment plus utilisés car ils sont
peu efficaces, même si les auteurs américains avaient montré que l’association
mexilétine-quinidine augmentait les chances de succès de ce traitement.
Les antiarythmiques de classe IC, propafénone, flécaïnide et cibenzoline, sont
contre-indiqués en cas de séquelles d’infarctus du myocarde et d’atteinte de
la fonction ventriculaire gauche, en raison de l’étude CAST [30], qui a montré
un effet délétère de la flécaïnide en postinfarctus, et des études
électrophysiologiques sériées sous ces médicaments dans les cardiopathies
ischémiques, qui montrent une mauvaise tolérance des TV encore inductibles,
bien qu’elles soient plus lentes. Ils gardent toutefois une petite place chez les
sujets ayant un cœur sain, en association aux bêtabloquants et sous réserve de
contrôles par des tests électrophysiologiques sérieux.
Les antiarythmiques de classe II, c’est-à-dire les bêtabloquants (nadolol 10 à
16 En haut, présence d’une tachycardie ventriculaire (TV) non soutenue sur l’enregistre-
80 mg/j, aténolol, métoprolol, acébutolol...) ne peuvent être utilisés seuls
ment Holter, chez un sujet ayant présenté un infarctus du myocarde. Au milieu, perte de la qu’en cas de TV purement catécholergique sur cœur sain ou en cas de
variabilité sinusale : ceci a conduit à la réalisation d’une stimulation ventriculaire program- prévention de torsades de pointes. Habituellement, ils sont associés, si
mée qui déclenche une TV monomorphe rapide, à 290/min, appelée flutter ventriculaire. Ce possible de façon systématique, aux antiarythmiques [49] dans la prévention
trouble du rythme, en association avec la salve de TV, est pathologique. des TV. Ils ont pour but d’agir sur la gâchette initiant le trouble du rythme [25]
et de limiter la survenue d’effets proarythmogènes supra- ou ventriculaires,
Autres circonstances comme cela a été démontré sur le plan expérimental pour la Flécaïnet.
Dans les autres affections à risque de TV, comme la tétralogie de Fallot Les antiarythmiques de classe III sont les plus utilisés pour la prévention des
opérée, l’enregistrement Holter des 24 heures est couramment utilisé, bien TV.
que peu sensible et peu spécifique. D’autres techniques, comme l’ECG à – Le sotalol, à raison de 320 mg/j, qui était apparu une drogue sans danger
haute amplification, ne sont pas fiables car elles sont insuffisamment validées. dans le postinfarctus [42], plus efficace que la quinidine pour prévenir les TV
soutenues dans l’étude ESVEM [31], a perdu quelque peu de son intérêt
récemment depuis que les auteurs allemands [8] ont montré que le pronostic
Traitement des sujets avec TV soutenue ou fibrillation ventriculaire était moins bon chez
les sujets traités par sotalol que chez ceux ayant reçu un défibrillateur
Traitement curatif de la tachycardie implantable.
ventriculaire monomorphe – L’amiodarone est certainement l’antiarythmique de référence actuel dans
la prévention des TV soutenues monomorphes. En effet, les études EMIAT [41]
La réduction médicamenteuse est proposée aux sujets ayant une TV soutenue et CAMIAT [20] ont montré qu’il pouvait être utilisé sans risque dans le
bien tolérée ; la lidocaïne, 1 à 1,5 mg/kg, soit une ampoule de 5 mL, est postinfarctus. Toutefois, il est nécessaire de réaliser un traitement guidé par
l’antiarythmique généralement utilisé en première intention car s’il n’est électrophysiologie car le traitement empirique non contrôlé avec de
efficace que dans environ 30 % des cas d’origine ischémique, la drogue est l’amiodarone (200 à 400 mg/j) n’améliore pas le pronostic des sujets avec
peu dépressive et d’élimination rapide. Les antiarythmiques de classe I par TV [1]. Il faut donc démontrer soit que la TV n’est plus déclenchable ou qu’elle
voie injectable sont quasiment abandonnés, sauf en milieu de réanimation est devenue lente et bien tolérée, pour en rester à ce traitement qui peut
chez des sujets n’ayant pas de cardiopathie sous-jacente connue. d’ailleurs être associé à de faibles doses de bêtabloquants. Si ce n’est pas le
L’amiodarone injectable (150 à 300 mg) peut être également proposée chez cas, un traitement non médicamenteux doit être proposé.
un sujet non traité par un antiarythmique et avec un moyen de réanimation à – Les nouveaux antiarythmiques de classe III purs non commercialisés
disposition, la drogue étant dépressive. L’arrêt d’une TV par du vérapamil est pourraient trouver une place importante pour la prévention des TV, d’autant
plutôt utile, à visée diagnostique lorsqu’on suspecte une TV de Belhassen. que pour l’un d’eux, le dofétilide, il vient d’être démontré que ce produit
Chez un sujet déjà traité ou chez lequel le diagnostic de la nature de la crise pouvait être utilisé dans le postinfarctus [29].
reste douteux, il est conseillé de recourir, en milieu hospitalier, à la mise en Les classes antiarythmiques de classe IV sont dominés, sur le plan
place d’une sonde endocavitaire qui va servir d’une part à vérifier la nature de ventriculaire, par le vérapamil qui n’a d’intérêt qu’à titre diagnostique, pour
la crise en enregistrant l’activité auriculaire, puis l’activité hisienne, et réduire les TV de Belhassen. Généralement, le traitement de fond par cette
permettra ensuite de réduire la crise par stimulation. drogue dans cette affection est inefficace, ces TV étant habituellement plutôt
Le choc électrique externe reste la solution de première intention pour les TV prévenues par les bêtabloquants.
mal tolérées et ne pourra se réaliser qu’après une brève anesthésie générale
ou analgésie par du diazépam. Traitement non médicamenteux
Le traitement non médicamenteux des TV a explosé depuis quelques années.
Traitement curatif des torsades de pointes La technique d’ablation du circuit de réentrée par voie endocavitaire a été
Il comporte une perfusion de magnésium (6 à 8 g) et l’accélération de la développée par Fontaine avec la fulguration [36]. Si les indications d’ablation
fréquence cardiaque par une perfusion d’isoprotérénol (deux ampoules à par fulguration sont devenues très exceptionnelles du fait de leurs risques, en
0,2 mg dans un flacon de perfusion), et, en milieu hospitalier, la mise en place revanche, les ablations du circuit de réentrée par radiofréquence sont
d’une sonde d’entraînement électosystolique provisoire. indiquées dans les cas de TV monomorphe bien tolérée, permettant de réaliser

page 11
11-033-E-10 TACHYCARDIES VENTRICULAIRES Cardiologie-Angéiologie

un mapping pendant la crise [22]. Elles sont particulièrement efficaces dans les D’autres études préventives ont utilisé la stimulation ventriculaire
TV sur cœur sain et peuvent également être proposées dans les dysplasies programmée pour sélectionner les indications du traitement et le réserver
arythmogènes du ventricule droit, dans les exceptionnelles TV par rentrée de aux sujets qui déclenchaient une TV monomorphe. Les petites et rares
branche à branche [61] et dans certains cas de TV monomorphes bien tolérées études concernant les antiarythmiques ont montré que ceux-ci
du postinfarctus. n’amélioraient pas le pronostic, même si le traitement était guidé par
Si les TV ne sont pas monomorphes ou sont trop rapides pour permettre un électrophysiologie. Toutefois, il faut noter que ces études souffrent du petit
mapping correct, la mise en place d’un pacemaker antitachycardique avec nombre de leurs malades [10, 13].
fonction défibrillatoire est préconisée. Ce traitement est quasiment À l’inverse, une étude multicentrique, l’étude MADIT [54], a montré que chez
systématique aux États-Unis, à partir du moment où il y a une TV soutenue les sujets qui avaient une TV encore inductible sous un antiarythmique de
monomorphe et documentée [1]. En France, le défibrillateur implantable est classe I (Pronestyl), la mise en place d’un défibrillateur améliore le pronostic
indiqué après échec des traitements médicamenteux, en particulier si le sujet en comparaison avec les sujets traités uniquement avec un antiarythmique.
garde une TV inductible sous amiodarone relativement rapide ou mal tolérée Toutefois, cette étude comporte des biais méthodologiques évidents puisque
sur le plan fonctionnel, ou si le sujet a été récupéré d’un arrêt cardiaque et si les sujets traités uniquement avec l’antiaryhmique n’ont pas été contrôlés
la stimulation ventriculaire programmée n’a pas permis d’induire une TV. par tests électrophysiologiques sériés, que cette étude inclut des sujets avec
La chirurgie des troubles du rythme est devenue d’indication exceptionnelle, des TV soutenues monomorphes inférieures ou supérieures à 270/min, ces
réservée aux patients qui doivent avoir un traitement chirurgical de leur dernières ayant une signification discutable, et qu’enfin le Pronestyl,
cardiopathie sous-jacente. La principale indication est la résection d’un antiarythmique de classe I, n’est plus utilisé en France.
anévrysme avec ventriculotomie circulaire d’exclusion ou chirurgie guidée
par cartographie [40, 47]. La transplantation cardiaque est en revanche le moyen Il n’en reste pas moins qu’au terme de ces études dans le postinfarctus, il est
chirurgical auquel il faut recourir chez des sujets qui ont des TV compliquant possible de dire qu’il ne faut surtout pas donner un antiarythmique de façon
une cardiomyopathie dilatée très évoluée. Un traitement des lésions empirique chez un sujet qui a des potentiels tardifs ou des salves de TV au
coronaires par angioplastie ou pontage ne peut en aucun cas à lui seul prévenir Holter ou à l’épreuve d’effort. Ces anomalies indiquent une stimulation
des TV soutenues monomorphes ; l’ischémie n’est qu’un facteur aggravant ventriculaire programmée pour identifier les sujets qui vont nécessiter un
d’un substrat sous-jacent qui doit être traité par ailleurs. Il n’est efficace que traitement médical ou non médicamenteux spécifique.
dans les rares cas de TV polymorphes d’origine ischémique.
Cardiomyopathie dilatée
Traitement préventif des tachycardies Dans la cardiomyopathie dilatée, le problème est sensiblement similaire. De
ventriculaires polymorphes nombreuses études ont essayé de montrer que l’amiodarone pourrait
améliorer le pronostic des sujets qui ont des tachycardies ventriculaires non
Il est beaucoup plus simple à partir du moment où l’étiologie est trouvée et soutenues. Seule une étude argentine a démontré cette amélioration de
traitée. Dans le syndrome du QT long congénital, le traitement par pronostic, mais plusieurs autres études ont montré l’absence d’amélioration
bêtabloquant, en particulier le nadolol (10 à 80 mg/j), est généralement le seul du pronostic par cette drogue et, actuellement, le traitement préventif dans
indiqué et ce n’est qu’en cas de récidive sous ce traitement de torsades de
cette affection n’est plus recommandé [60].
pointes qu’un défibrillateur implantable est envisagé.
Autres cardiopathies
Traitement préventif des tachycardies
ventriculaires monomorphes Aucune autre cardiopathie ne justifie un traitement antiarythmique préventif.
En cas de gêne fonctionnelle, seuls les bêtabloquants sont préconisés.
Chez des patients sans TV soutenue documentée [56], il reste beaucoup plus
discutable, et ceci bien qu’on sache identifier les sujets à risque.
Traitement préventif des torsades de pointes
Postinfarctus
Le traitement préventif des problèmes de torsades de pointes, en l’absence
Dans le postinfarctus, toutes les études comportant des traitements de TV spontanées, est en revanche nécessaire chez les sujets
médicamenteux, donnés à titre empirique, ont échoué pour améliorer le asymptomatiques où un syndrome du QT long a été dépisté, notamment lors
pronostic. d’une enquête familiale ; un traitement par bêtabloquant systématique doit
Lorsque que les antiarythmiques étaient donnés à titre systématique, en raison être indiqué.
d’une anomalie d’un examen non invasif, aucun d’entre eux n’a pu améliorer
le pronostic [35]. Au contraire, les antiarythmiques de classe IC ou le d-sotalol •
antiarythmique de classe III pur non commercialisé [63] se sont avérés • •
délétères. Le d, l-sotalol et l’amiodarone, plus récemment dans l’étude
EMIAT [41] où le médicament était utilisé à titre systématique chez les sujets En conclusion, ces dernières années ont vu une amélioration très nette
avec atteinte de la fonction ventriculaire gauche, ou dans l’étude CAMIAT [20] du pronostic des tachycardies ventriculaires dont la prise en charge est
chez les sujets qui avaient des salves de TV non soutenues au Holter, ont eu bien codifiée. Toute TV documentée ou probable impose un bilan
un effet neutre sur la mortalité globale. Il en est de même pour un nouvel complet, notamment à la recherche d’une étiologie dont la présence
antiarythmique de classe III non commercialisé, le dofétilide [29]. très fréquente conditionne le pronostic. Le caractère délétère de
Les bêtabloquants améliorent en revanche le pronostic [67] en réduisant le l’usage intempestif de certains traitements antiarythmiques a pu
risque de mort subite mais sans agir sur les troubles du rythme ventriculaire. quasiment être supprimé et les techniques de traitement non
Ils sont donc les seuls à pouvoir être prescrits à titre systématique dans le médicamenteux se sont considérablement développées dans des cas
postinfarctus. sélectionnés.

page 12
Cardiologie-Angéiologie TACHYCARDIES VENTRICULAIRES 11-033-E-10

Références
[1] (The) AVID Investigators. A comparison of antiarrhythmic [22] Cao K, Gonska BD. Catheter ablation of incessant ventricu- [46] Kuck KH, Kunze KP, Schluter M, Nienaber CA, Costard A.
drug therapy with implantable defibrillator in patients resus- lar tachycardia: acute and long-term results. Eur Heart J Programmed electrical stimulation in hypertrophic cardio-
citated from near-fatal ventricular arrhythmias. N Engl J Med 1996 ; 17 : 756-763 myopathy results in patients with and without arrest or syn-
1997 ; 337 : 1576-1583 [23] Clementy J, Cheradame I, Bordier P, Gosse P, Poquet F. cope. Eur Heart J 1989 ; 9 : 177-185
[2] Bayes DE, Luna A, Coumel P, Leclercq JF. Ambulatory sud- Mechanisms of ventricular tachycardia. Arch Mal Cœur [47] Lacroix D, Warembourg H. Traitement chirurgical des tachy-
den cardiac death: mechanisms of production of fatal ar- 1993 ; 86 : 705-713 cardies ventriculaires. Arch Mal Cœur 1993 ; 86 :819-825
rhythmias on the basis of data from 157 cases. Am Heart J
[24] Coumel P, Leenhardt A. Mental activity, adrenergic modula- [48] Leclercq JF, Leenhardt A, Ruta I, Cauchemez B, Chouty F,
1989 ; 117 : 151-159
tion and cardiac arrhythmias in patients with heart disease. Denjoy I et al. Espérance de vie après une première crise
[3] Belhassen B, Shapira I, Pella A et al. Idiopathic recurrent Circulation 1991 ; 83 (suppl 11) : 1158-1170 de tachycardie ventriculaire monomorphe soutenue. À pro-
sustained ventricular tachycardia responsive to verapamil: pos de 295 patients suivis plus de 5 ans. Arch Mal Cœur
an ECG-electrophysiologic entity. Am Heart J 1983 ; 198 : [25] Coumel P. Definition of ventricular tachycardia. Arch Mal
Cœur 1993 ; 86 : 701-704 1991 ; 84 : 1789-1796
1934-1037
[4] Bellon C, Kirkorian G, Bourret N, Richalet C, Bonnefoy E, [26] Cranefield PF, Wit AL, Hoffman BF. Genesis of cardiac ar- [49] Leenhardt A, Glaser E, Burguera M, Nürnberg M, Maison-
Touboul P. Tachycardie ventriculaire soutenue : une évalua- rhythmias. Circulation 1973 : 47 : 190-199 blanche P, Coumel P. Short-coupled variant of “torsade de
tion du pronostic à long terme. Arch Mal Cœur 1995 ; 88 : [27] Denniss R, Richards DA, Cody DV, Russell PA, Young AA, pointes”. A new electrocardiographic entity in the spectrum
1013-1019 Cooper MJ et al. Prognostic significance of ventricular tachy- of idiopathic ventricular tachyarrhythmias. Circulation 1994 ;
cardia and fibrillation induced at programmed stimulation 89 : 206-215
[5] Berder V, Vauthier M, Mabo PH, DePlace C, Laurent M, Al-
magne C et al. Characteristics and out-come in arrhyth- and delayed potentials detected on the signal-averaged [50] Le Heuzey JY. La variabilité sinusale : intérêt en rythmolo-
mogenic right ventricular dysplasia. Am J Cardiol 1995 ; 75 : electrocardiogram of survivors of acute myocardial infarc- gie. Arch Mal Cœur 1992 ; 85 : 37-43
411-414 tion. Circulation 1986 ; 74 : 731-745 [51] MacKenna WJ, England D, Doy YL, Deanfield JF, Oakley C,
[6] Bigger JT, Fleiss JL, Rolnitsky LM, and the multicenter post- [28] Dessertenne F. La tachycardie ventriculaire à deux foyers Goodwin JF. Arrhythmias in hypertrophic cardiomyopathy:
infarction research group. Prevalence, characteristics and opposés variables. Arch Mal Cœur 1966 ; 59 : 263-272 influence on prognosis. Br Heart J 1981 ; 46 : 168-172
significance of ventricular tachycardia detected by 24-hours [29] (The) Diamond study Group. Dofetilide in patients with ven- [52] Martinez-Rubio A, Schwammenthal Y, Schwammenthal E,
continuous electrocardiographic recordings in the late hospi- tricular dysfunction and other heart failure, acute myocardial Block M, Reinhardt L, Garcia-Alberola A et al. Patients with
tal phase of acute myocardial infarction. Am J Cardiol 1986 ; infarction: rationale, design and patient characteristics of the valvular heart disease presenting with sustained ventricular
58 : 1154-1160 Diamond studies. Clin Cardiol 1997 ; 20 : 71-74 tachyarrhythmias or syncope. Results of programmed ven-
[7] Bigger JT, Fleiss JL, Steinman RC, Rolnitsky LM, Kleiger [30] Echt DS, Liebson PR, Mitchell LB, Peters RW, Obias-Manno tricular stimulation and long-term follow-up. Circulation
RE, Rottman JN. Frequency domain measures of heart pe- D, Barker AH, and the CAST investigators. CAST mortality 1997 ; 96 : 500-508
riod variability and mortality after myocardial infarction. Cir- and morbidity. Treatment versus placebo. N Engl J Med
culation 1992 ; 85 : 164-171 [53] Morady F, Shen E, Bhandari A, Schwartz A, Scheinman MM.
1991 ; 324 : 781-788 Programmed ventricular stimulation in mitral valve prolapse:
[8] Böcker D, Haverkamp W, Block M, Borggrefe M, Hämmel D, [31] (The) ESVEM investigators. Determinants of predicted effi- analysis of 36 patients. Am J Cardiol 1984 ; 53 : 135-138
Breithartdt G. Comparison of d, l-Sotalol and implantable cacy of antiarrhythmic drugs in the electrophysiologic study
defibrillator for treatment of sustained tachycardia or fibrilla- [54] Moss AJ, Hall WJ, Cannon DS, Daubert JP, Higgins SL,
versus electrocardiographic monitoring trial. Circulation Klein H et al. Improved survival with an implanted defibrilla-
tion in patients with coronary artery disease. Circulation
1993 ; 87 : 323-329 tor in patients with coronary artery disease at high risk for
1996 ; 94 : 151-157
[9] Botti G, Bonatti V. Pathogenesis of ventricular arrhythmias [32] Fauchier JP, Fauchier L, Babuty D, Casset-Senon D, Benne ventricular arrhythmia. N Engl J Med 1996 ; 335 : 1933-1940
in long QT syndroms. In : Masoni A, Altoni P eds. Cardiac JL, Cosnay P. Tachycardies ventriculaires idiopathiques mo- [55] Motté G, Laine JF, Slama R. Mécanismes électrophysiologi-
electrophysiology today. London : Academic press, 1982 : nomorphes. Arch Mal Cœur 1996 ; 89 : 897-906 ques des tachycardies ventriculaires. Inf Cardiol 1984 ; 8 :
291-305 [33] Fauchier L, Babuty D, Cosnay P, Autret ML, Fauchier JP. 969-973
[10] Bourke JP, Richards DA, Ross DL, Wallace EM, Mc Guire Heart rate variability in idiopathic dilated cardiomyopathy:
[56] Pires LA, Huang SK. Non sustained ventricular tachycardia:
MA, Uther JB. Routine programmed electrical stimulation in characteristics and prognostic value. J Am Coll Cardiol
identification and management of high-risk patients. Am
survivors of acute myocardial infarction for prediction of 1997 ; 30 : 1009-1014
Heart J 1983 ; 126 : 189-200
spontaneous ventricular tachyarrhythmias during follow-up: [34] Fontaine G, Guiraudon G, Frank R et al. Dysplasie ventricu-
results optimal stimulation protocol and lost-effective screen- laire droite arythmogène et maladie de Uhl. Arch Mal Cœur [57] Priori SG, Napolitano C, Diehl L, Schwartz PJ. Dispersion of
ing. J Am Coll Cardiol 1991 ; 18 : 780-788 1982 ; 75 : 361-370 the QT interval. A marker of therapeutic efficacy in the idio-
pathic long QT syndrome. Circulation 1994 ; 89 : 1681-1689
[11] Breithardt G, Borggrefe M, Haerten K. Ventricular late poten- [35] Fontaine G, Fontaliran F, RosasAndrade F, Velasquez E, To-
tials and inducible ventricular tachyarrhythmias as a marker net J, Jouven X et al. The arrhythmogenic right ventricle. [58] Puech P, Grolleau R, Latour H et al. Diagnostic des tachycar-
for ventricular tachycardia after myocardial infarction. Eur Dysplasia versus cardiomyopathy. Heart Vessels 1995 ; 10 : dies ventriculaires avec conduction rétrograde par la stimu-
Heart J 1986 ; 7 (suppl A) : 127-134 227-235 lation endocavitaire. Arch Mal Cœur 1971 ; 64 : 789-792
[12] Brembilla-Perrot B, Terrier de La Chaise A, Beurrier D. [36] Fontaine G, Tonet JL, Frank R et al. Treatment of resistant [59] Ricci C, Longo R, Pagnan L, DallaPalma L, Pinamonti B,
Signal-averaged electrocardiogram after myocardial infarc- ventricular tachycardia by endocavitory fulguration associ- Camerini F et al. Magnetic resonance imaging in right ven-
tion: correlation with the type of arrhythmia induced during ated with antiarrhythmic therapy. In : Fontaine G, Schein- tricular dysplasia. Am J Cardiol 1992 ; 70 : 1589-1595
electrophysiological testing. J Ambulat Monitor 1993 ; 6 : man MM eds. Ablation in cardiac arrhythmias. New York : [60] Singh SN, Fletcher RD, Fisher SG, Singh BN, Lewis HD,
209-217 Futura publishing, 1987 : 311-323 Deedwania PC et al. Amiodarone in patients with congestive
[13] Brembilla-Perrot B, Terrier De La Chaise A, Briançon S, [37] Furberg CD. Effect of antiarrhythmic drugs on mortality after heart failure and asymptomatic ventricular arrhythmia. N
Suty-Selton C, Beurrier D, Martin N et al. Programmed ven- myocardial infarction. Am J Cardiol 1983 ; 52 : 32C-36C Engl J Med 1995 ; 333 : 77-82
ticular stimulation in survivors of acute myocardial infarction:
long-term follow-up. Int J Cardiol 1995 ; 49 : 55-65 [38] Gomes JA, Winters SL, Martinson M, Machac J, Stewart D, [61] Touboul P, Kirkorian G, Attalah G et al. Bundle branche reen-
Targonski A. The prognostic significance of quantitative trant tachycardia treated by electric and ablation of the right
[14] Brembilla-Perrot B, Terrier de La Chaise A, Suty-Selton C, bundle branch. J Am Coll Cardiol 1986 ; 7 : 1404-1409
signal-averaged variable relative to clinical variables, site of
Louis P, Brua JL. La stimulation ventriculaire programmée
myocardial infarction, ejection fraction and ventricular pre- [62] Von Olhausen K, Steinen U, Schwartz F, Kobler W, Meyer J.
dans les syncopes inexpliquées. Facteurs de risque de dé-
clenchement d’une tachycardie ventriculaire. Arch Mal Cœur mature beats: a prospective study. J Am Coll Cardiol 1989 ; Long-term prognostic significance of ventricular arrhythmias
1991 ; 84 : 1425-1430 13 : 377-384 in idiopathic dilated cardiomyopathy. Am J Cardiol 1988 ;
[15] Brembilla-Perrot B, Donetti J, Terrier de La Chaise A, Sa- [39] Haissaguerre M, Pisapia A, Delaage M. Aspects cliniques, 61 : 146-151
doul N, Aliot E, Juillière Y. Diagnostic value of ventricular électrocardiographiques et étiologiques des tachycardies [63] Waldo AL, Camm AJ, De Ruyter H et al. Effect of d-Sotalol
stimulation in patients with idiopathic dilated cardiomyopa- ventriculaires. In : Les troubles du rythme cardiaque. Acqui-
on mortality in patients with left ventricular dysfunction after
thy. Am Heart J 1991 ; 121 : 1124-1131 sitions actuelles par le groupe de rythmologie de la société
recent and remote myocardiol infarction. Lancet 1996 ; 348 :
française de cardiologie. Paris : Roussel, 1993 : 173-181
[16] Brembilla-Perrot B, Jacquemin L, Terrier de La Chaise A, 7-12
Beurrier D. Programmed ventricular stimulation after myo- [40] Josephson ME, Harken AH, Horowitz LN. Endocardial exci-
sion: a new surgical technique for the treatment of recurrent [64] Waller TH, Kay HR, Spielman SR, Kutalek SP, Greenspan
cardique infarction does not help reduce the risk of ventricu- AM, Horowitz LW. Reduction in sudden death and total mor-
lar events. Cardiovasc Drugs Ther 1996 ; 10 : 549-556 ventricular tachycardia. Circulation 1979 ; 60 : 1430-1439
tality by antiarrhythmic therapy evaluated by electrophysi-
[17] Brembilla-Perrot B, Terrier de La Chaise A, Jacquemin L, [41] Julian DG, Frangin G, Janse MJ, Munoz A, Schwartz PJ, ologic drug testing: criteria of efficacy in patients with sus-
Beurrier D, Houplon P. The signal-averaged electrocardio- Simon P, for the european myocardial randomized trial in- tained ventricular tachycardia. J Am Coll Cardiol 1987 ; 10 :
gram is of limited value in patients with bundle branch block vestigators. Randomized trial of amiodarone on mortality in 83-89
and dilated cardiomyopathy in predicting inducible ventricu- patients with left ventricular dysfunction after recent myocar-
lar tachycardia or death. Am J Cardiol 1997 ; 79 : 154-159 dial infarction: EMIAT. Lancet 1997 ; 349 : 667-674 [65] Wellens HJ, Brugada P, Stevenson WG. Programmed elec-
trical stimulation of the heart in patients with life-treateming
[18] Brugada P, Brugada J, Mont L, Sweets J, Andries EW. A new [42] Julian DG, Prescott RJ, Jackson FS, Szekely P. Controlled
ventricular arrhythmias: what is the significance of induced
approach to the differential diagnosis of a regular tachycar- trial of Sotalol for one year after myocardial infarction. Lan-
arrhythmia and what is the correct stimulation protocol? Cir-
dia with a wide QRS complex. Circulation 1991 ; 83 : cet 1982 ; 1 : 1142-1147
culation 1987 ; 72 : 1-7
1649-1659 [43] Kadish A, Buxton AE, Waxman HL, Flores M, Josephson
ME, Marchlinski FE. Usefulness of electrophysiologic study [66] Wit AL, Rosen MR, Hoffman BF. Electrophysiology and phar-
[19] Brugada P, Brugada J. Right bundle branch block, persis-
to determine the clinical tolerance of arrhythmia recurrences macology of normal and abnormal electrical activity of car-
tent ST segment elevation and sudden cardiac death: a dis-
tinct clinic and electrocardiographic syndrome. A multicenter during amiodarone therapy. J Am Coll Cardiol 1987 ; 10 : diac fibers to the genesis of arrhythmias B reentry. Am Heart
report. J Am Coll Cardiol 1992 ; 20 : 1391-1396 83-89 J 1997 ; 88 : 664-669
[20] Cairns JA, Conolly SJ, Roberts R, Gent M. Randomized trial [44] Keating M. Genetics of the long QT syndrome. J Cardiovasc [67] Yusuf S, Peto R, Lewis R, Sleight P. Betablockade during
of out-come after myocardial infarction in patients with fre- Electrophysiol 1994 ; 5 : 146-153 and after myocardial infarction: an overview of the random-
quent or repetititive ventricular depolarisations (CAMIAT). ized trials. Prog Cardiovasc Dis 1985 ; 25 : 335-371
[45] Kligfield P, Hochreiter C, Kramer H, Devereux RB, Niles N,
Lancet 1997 ; 349 : 679-682 Kramer-Fox R et al. Complex arrhythmias in mitral regurgita- [68] Zabel M, Klingenheben T, Franz MR, Honhloser KH. Assess-
[21] Campbell RW. Postinfarction sustained ventricular tachycar- tion with and without mitral valve prolapse: contrast to ar- ment of QT dispersion for prediction of mortality or arrhyth-
dias. The role of drugs and methods for asessing antiarrhyth- rhythmias in mitral valve prolapse without mitral regurgita- mic events after myocardial infarction. Circulation 1998 ;
mic efficacy. Arch Mal Cœur 1996 ; 89 : 33-36 tion. Am J Cardiol 1985 ; 55 : 1545-1549 97 : 2543-2550

page 13

Vous aimerez peut-être aussi