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Encyclopédie Médico-Chirurgicale 11-033-C-10

11-033-C-10

Tachycardie de la jonction
auriculoventriculaire
B Brembilla-Perrot

Résumé. – Les tachycardies de la jonction auriculoventriculaire sont dues à des tachycardies par réentrée
dont au moins une des voies du circuit passe par le nœud auriculoventriculaire. Elles sont paroxystiques dans
90 % des cas et, si l’électrocardiogramme intercritique est normal, la réentrée intranodale représente leur
mécanisme essentiel (75 % des cas). Les formes chroniques sont plus rares (10 %) mais sont faciles à
documenter par opposition aux formes paroxystiques. Elles ont sensiblement le même mécanisme.
Suivant la fréquence de la tachycardie, qui peut varier de 130 à 280/min, et l’âge de survenue, la sémiologie
fonctionnelle et le pronostic sont très variables d’un patient à l’autre, allant d’une affection bénigne à une
affection parfois potentiellement grave aux deux âges extrêmes de la vie. Toutefois, le traitement curatif par
ablation par radiofréquence du circuit a permis de transformer le pronostic des patients à risque. Il reste plus
discutable chez les enfants et les jeunes adultes où le pronostic de l’affection est excellent.
© 2001 Editions Scientifiques et Médicales Elsevier SAS. Tous droits réservés.

Mots-clés : tachycardie jonctionnelle paroxystique, réentrée intranodale, faisceau accessoire latent,


tachycardie jonctionnelle chronique, tachycardie hisienne.

Introduction
Les tachycardies de la jonction auriculoventriculaire sont des
tachycardies dont le trajet total ou partiel utilise le nœud de Tawara
et/ou le faisceau de His jusqu’à sa bifurcation. Les formes les plus
fréquentes sont les tachycardies jonctionnelles paroxystiques,
appelées autrefois tachycardies de Bouveret. Toutefois, ce nom tend
à être moins utilisé car il s’agissait d’une description clinique,
réalisée en 1889, susceptible d’avoir inclus des tachycardies de
natures diverses.
L’affection est assez fréquente, probablement sous-estimée car les
crises peuvent être rares ou avoir des manifestations très atypiques.
Aux États-Unis, il y a 89 000 nouveaux cas par an et 570 000 patients
atteints par des tachycardies supraventriculaires paroxystiques [50].
Cela correspond à une prévalence de 2,25/1 000 personnes et une
incidence de 35/100 000 personnes. L’affection peut toucher tous les
âges de la vie. Elle a une sémiologie fonctionnelle parfois trompeuse
et un pronostic variable.
Les principaux problèmes cliniques sont celui de la mise en évidence
de la tachycardie puis celui de l’attitude thérapeutique, qui peut
aller de l’abstention à l’indication d’un traitement curatif mais
invasif. 1 Différentes tachycardies de la jonction auriculoventriculaire par rythme récipro-
que.
Les deux figures de gauche correspondent aux tachycardies paroxystiques. À gauche,
Mécanismes des tachycardies réentrée dans un faisceau de Kent (25 % des tachycardies paroxystiques avec électro-
cardiogramme [ECG] intercritique normal). L’auriculogramme suit le ventriculo-
de la jonction auriculoventriculaire gramme. À droite, réentrée nodale typique (75 % des tachycardies paroxystiques avec
ECG intercritique normal). Descente de l’impulsion par la voie lente et remontée par la
voie rapide. L’auriculogramme est dans le ventriculogramme, avec un faux aspect de re-
PHÉNOMÈNE DE RÉENTRÉE OU RYTHME RÉCIPROQUE tard droit en V1.
La majorité de ces tachycardies sont dues à un phénomène de Les deux figures de droite correspondent aux tachycardies chroniques ou permanentes.
réentrée ou rythme réciproque (fig 1). À gauche, réentrée nodale atypique. L’impulsion descend par une voie rapide et re-
monte par une voie lente. L’auriculogramme est loin derrière le ventriculogramme. À
droite, réentrée dans un faisceau de Kent à conduction lente. L’auriculogramme est
donc loin du ventriculogramme.
Béatrice Brembilla-Perrot : Praticien hospitalier, cardiologie, centre hospitalier universitaire de Brabois, rue NAV : nœud auriculoventriculaire.
du Morvan, 54500 Vandœuvre-Lès-Nancy, France.

Toute référence à cet article doit porter la mention : Brembilla-Perrot B. Tachycardie de la jonction auriculoventriculaire. Encycl Méd Chir (Encyclopédie Scientifique et Médicale Elsevier SAS, Paris, tous droits réservés), Cardiologie,
11-033-C-10, 2001, 9 p.
11-033-C-10 Tachycardie de la jonction auriculoventriculaire Cardiologie

Une des voies du circuit des réentrées au moins passe par le nœud
de Tawara. Suivant les propriétés électrophysiologiques des voies
en cause, la tachycardie peut être paroxystique ou chronique.

¶ Tachycardies jonctionnelles paroxystiques


Ce sont les plus fréquentes.
La tachycardie par réentrée intranodale représente le mécanisme le
plus fréquent des tachycardies jonctionnelles paroxystiques
survenant chez des sujets dont l’électrocardiogramme (ECG) en
rythme sinusal ne montre pas de syndrome de Wolff-Parkinson-
White, et ceci quel que soit l’âge du patient, très jeune ou très âgé
[9, 16]
. L’âge du patient influence seulement la fréquence qui peut être
très rapide chez le jeune enfant et qui tend à se ralentir avec l’âge [69].
Comme dans tout rythme réciproque, il y a :
– un circuit composé de deux voies ayant des périodes réfractaires
et des vitesses de conduction différentes ;
– une extrasystole qui ne peut s’engager que dans la voie de sortie 2 Tachycardie orthodromique classique chez un sujet qui a un syndrome de Wolff-
de sa période réfractaire (fig 1). Parkinson-White (localisation antéroseptale). La stimulation auriculaire programmée
Dans la réentrée nodale typique, l’extrasystole auriculaire qui initie déclenche une tachycardie jonctionnelle paroxystique. L’extrasystole descend par les
la réentrée descend par une voie à période réfractaire effective voies normales de conduction et remonte par le faisceau de Kent dont la période réfrac-
courte, donc en dehors de sa période réfractaire, et à conduction taire est plus longue que celle des voies normales.
lente située dans la partie postéro-inférieure du nœud de Tawara
(voie lente), puis remonte par une voie nodale antéroseptale à
période réfractaire effective plus longue mais à vitesse de conduction
rapide (voie rapide) [27]. L’individualisation anatomique de ces voies
n’a jamais été prouvée réellement [32]. Il s’agirait simplement de
structures anisotropiques s’étendant dans le triangle de Koch et en
contact électrotonique [ 3 6 , 3 8 ] . Les voies ne seraient pas
obligatoirement totalement situées dans le nœud de Tawara [48]. La
participation de l’oreillette au circuit, prouvée par l’ablation réussie
de certaines tachycardies à ce niveau [49], est possible. De plus,
certaines tachycardies sont probablement plus complexes que le
schéma classique [51] et pourraient utiliser une troisième voie
correspondant à une anomalie fonctionnelle de conduction et de
période réfractaire [32, 61, 66, 70]. Cette troisième voie pourrait expliquer
des modifications du circuit de réentrée et des changements de
l’aspect électrocardiographique de la tachycardie chez un même
malade. Ainsi, un même patient peut avoir des tachycardies
typiques et des tachycardies atypiques (cf infra).
D’autres tachycardies jonctionnelles paroxystiques ont un circuit
composé d’une voie nodale et d’un faisceau accessoire. 3 Tachycardie antidromique chez un sujet qui a un syndrome de Wolff-Parkinson-
White (Kent latéral gauche probable). L’extrastimulus descend dans le faisceau de Kent
En cas d’ECG intercritique normal, 25 % des tachycardies à période réfractaire courte et remonte par les voies normales. Chez ce patient, la vitesse
jonctionnelles paroxystiques sont dues à une réentrée utilisant le de conduction dans le faisceau accessoire est très rapide et provoque une tachycardie
nœud de Tawara pour sa conduction antérograde et un faisceau avec aspect de préexcitation maximale à 300/min (forme maligne du syndrome de
accessoire latent pour sa conduction rétrograde [2, 60]. Les tachycardies Wolff-Parkinson-White).
en rapport avec ce mécanisme surviendraient plus tôt dans la vie
que les réentrées intranodales [54], mais ceci n’a pas été confirmé dans
d’autres études. Le syndrome de Wolff-Parkinson-White n’est plus tachycardie descend par le faisceau accessoire et remonte par les
visible en rythme sinusal chez ces patients. En effet, le faisceau de voies normales. Elle a donc une morphologie de retard gauche.
Kent a une structure théoriquement plus fragile que les voies
normales et tend à dégénérer avec le temps, en perdant d’abord ses ¶ Tachycardies jonctionnelles chroniques
propriétés de conduction antérograde tout en conservant des
Encore appelées incessantes ou permanentes, elles ont un circuit de
propriétés de conduction rétrograde, ce qui permet l’installation
réentrée de topographie identique aux tachycardies paroxystiques
d’une réentrée.
mais qui diffère par la nature et les propriétés électrophysiologiques
Lorsque la tachycardie jonctionnelle paroxystique survient chez un des voies en cause.
sujet qui a un syndrome de Wolff-Parkinson-White patent sur l’ECG,
la tachycardie orthodromique descendant par le nœud de Tawara et La tachycardie peut être due à une réentrée intranodale. Il s’agit
remontant par le faisceau de Kent, qui est donc à QRS fins, d’une forme atypique, correspondant à une descente de l’activité
représente la cause la plus fréquente des tachycardies du syndrome auriculaire dans une voie à période réfractaire courte qui est soit
de Wolff-Parkinson-White (80 %) [25] (fig 2). Les tachycardies une voie rapide, soit une voie lente, et une remontée de l’impulsion
antidromiques correspondant à une réentrée utilisant le faisceau par une voie à période réfractaire longue et à conduction toujours
accessoire dans le sens antérograde et les voies normales de lente (tachycardie appelée fast-slow ou slow-slow) [33].
conduction dans le sens rétrograde sont des tachycardies à QRS Le rythme réciproque des tachycardies permanentes peut également
larges, avec aspect de préexcitation maximale (fig 3) et elles utiliser un faisceau de Kent latent qui a la caractéristique d’avoir
représentent 10 % des tachycardies du syndrome de des propriétés de conduction lente, voire décrémentielle [21, 54], ce
Wolff-Parkinson-White. faisceau de Kent pouvant se situer dans des localisations variées,
Dans le cas des préexcitations en rapport avec un faisceau de soit latérales gauches, soit à différents niveaux de l’oreillette
Mahaim, faisceau habituellement nodoventriculaire et droit, la droite [54].

2
Cardiologie Tachycardie de la jonction auriculoventriculaire 11-033-C-10

¶ Chez le bébé et le jeune enfant


Chez le bébé et le jeune enfant qui ne savent pas traduire les
sensations de palpitations et ont des crises fréquentes, le tableau est
celui d’une insuffisance cardiaque, parfois sévère, en rapport avec le
développement d’une cardiopathie rythmique [45, 56].

¶ Chez l’adolescent
La tachycardie peut être méconnue et seuls les signes reliés à l’arrêt
de la crise peuvent être rapportés, avec soit une réaction de panique,
soit un malaise ou une syncope de nature vagale.

¶ Chez le sujet âgé


La tachycardie jonctionnelle est souvent mal tolérée, soit parce
qu’elle est rapide, soit parce qu’elle n’est pas ressentie et dure
longtemps ou parce qu’il y a une cardiopathie sous-jacente [5].
Elle peut se traduire par des malaises ou syncopes en rapport avec
4 Réaction vagale provoquée par l’arrêt d’une tachycardie par réentrée intranodale la fréquence cardiaque trop rapide de la tachycardie, chez un sujet
(auriculogramme œsophagien dans le ventriculogramme). L’arrêt de la crise est suivi qui a une cardiopathie évoluée ou des lésions vasculaires
d’un court épisode de tachycardie sinusale (hyperadrénergie), suivi d’une bradycardie carotidiennes associées, ou plus souvent en rapport avec une
jonctionnelle par hypervagotonie réactionnelle. réaction vagale secondaire à la tachycardie [5].
TACHYCARDIES PAR AUTOMATISME La tachycardie peut provoquer un œdème aigu pulmonaire ou une
crise d’angor. L’ischémie associée aux tachycardies jonctionnelles
Les tachycardies de la jonction auriculoventriculaire peuvent être
paroxystiques n’a toutefois pas de signification si la fréquence de la
exceptionnellement dues à un automatisme naissant dans le faisceau
crise est rapide et au-delà de la fréquence cardiaque maximale du
de His. Il s’agit des tachycardies hisiennes [14, 20, 26]. Elles peuvent être,
sujet. Elle est un signe de révélation de lésions coronaires associées
soit de nature congénitale, soit acquises.
si cette crise a une fréquence inférieure à la fréquence maximale du
¶ Congénitales sujet.
Une tachycardie relativement lente et qui dure longtemps, surtout si
Les tachycardies hisiennes congénitales représentent 5 % des
elle est chronique, peut provoquer un tableau d’insuffisance
tachycardies supraventriculaires du jeune enfant. Elles apparaissent
cardiaque globale et de cardiomyopathie rythmique [5] , donc
souvent durant la vie intra-utérine pour disparaître quelques années
susceptible d’être totalement régressive après traitement des
après [20].
tachycardies.
¶ Chez l’adulte Enfin, certains accidents vasculaires cérébraux inexpliqués
pourraient être dus à la dégénérescence d’une tachycardie
Il s’agit de tachycardies provoquées par des phénomènes aigus,
jonctionnelle paroxystique en fibrillation auriculaire [6].
comme une intoxication digitalique ou un phénomène infectieux
avec myocardite [14]. Exceptionnellement, les tachycardies jonctionnelles paroxystiques
ont été associées à un risque de mort subite [65] si la tachycardie
survient dans un contexte de cardiomyopathie hypertrophique et
Signes cliniques obstructive, la tachycardie provoquant une chute tensionnelle et
étant susceptible de dégénérer en fibrillation ventriculaire.
Ils sont extrêmement variables d’un patient à l’autre car ils
dépendent de l’âge du patient et de la fréquence de la tachycardie.
Aux deux âges extrêmes de la vie, la tachycardie n’est pas ressentie Signes électrocardiographiques (tableau I)
en tant que telle et se manifeste sous la forme de ses effets
secondaires, le jeune enfant n’étant pas capable de décrire la
tachycardie et le vieillard ressentant peu la crise parce que sa TACHYCARDIE DOCUMENTÉE
tachycardie est souvent beaucoup plus lente que chez l’adulte [44].
Si la tachycardie peut être documentée par un ECG en crise, le
diagnostic du type de réentrée peut être fait dans 80 à 84 % des cas
MANIFESTATIONS TYPIQUES [19, 40]
. Enregistrer l’ECG est facile dans les formes chroniques. Il est
Les manifestations typiques sont surtout rapportées par les adultes
jeunes qui ressentent très bien la sensation de tachycardie à début et
fin brutaux, suivie d’une polyurie. La tachycardie est parfois Tableau I. – Signes électrocardiographiques (ECG) et/ou électrophy-
accompagnée d’une sémiologie fonctionnelle riche chez les jeunes siologiques observés chez un sujet qui n’a pas de syndrome de Wolff-
Parkinson-White en rythme sinusal.
avec angoisse et crise de panique. Chez ces jeunes patients, la
tachycardie peut être suivie d’une lipothymie ou d’une syncope, tout TJP NAV Kent latent
particulièrement si le rythme sinusal intercritique est relativement
Signes double voie nodale ou normal normal
lent [24], ce qui est dû à une réaction vagale secondaire à la crise de intercritiques
tachycardie [11, 24] (fig 4). Les tachycardies étant parfois brèves, donc
très angoissantes, peuvent être interprétées comme des Crise A dans V (forme typique) A après V
VA variable ou dissociée A - en D1
manifestations d’allure psychiatrique, notamment chez les jeunes
(exclure tachycardie hisienne) A + en V1 après OG en œsophagien
femmes, la documentation de la crise ne pouvant être obtenue du VA constant (après ESA ou ESV)
fait de l’arrêt spontané de la tachycardie [11]. A loin de V (forme atypique) BB ralentisseur
A - en D2 D3 VF, + en D1 (dépolarisation A rétrograde
anormale)
MANIFESTATIONS ATYPIQUES
Aux deux extrêmes de la vie, les manifestations sont souvent A : auriculogramme en tachycardie ; V : ventriculogramme en tachycardie ; BB : bloc de branche ; ESA :
extrasystoles auriculaires ; ESV : extrasystoles ventriculaires ; TJP NAV : tachycardie jonctionnelle paroxystique du
atypiques. nœud auriculoventriculaire ; − : négatif ; + : positif.

3
11-033-C-10 Tachycardie de la jonction auriculoventriculaire Cardiologie

5 Aspects de l’auriculogramme à rechercher en tachycardie pour identifier le circuit 6 Schéma du bloc de branche ralentisseur, d’après Slama et al [60]. Illustration
de réentrée. de l’effet d’un bloc de branche gauche chez un sujet où la réentrée se fait dans un fais-
En haut, l’auriculogramme (A) suit le ventriculogramme (V). L’activité est négative en ceau de Kent latéral gauche : le temps de conduction rétrograde s’allonge et la
D3 et D1, V6. La négativité en D1 est évocatrice d’une réentrée dans un faisceau de tachycardie est plus lente en cas de bloc de branche gauche. La fréquence de la
Kent gauche. En cas d’enregistrement œsophagien, la précession de l’auriculogramme tachycardie n’est pas affectée par le bloc de branche droit. Un schéma identique a été
œsophagien par rapport à l’auriculogramme en V1 est aussi un signe de réentrée dans proposé pour le bloc de branche droit et la réentrée dans un faisceau de Kent droit, mais
un faisceau de Kent gauche. l’effet est inconstant car la branche droite est plus longue que la gauche et le niveau
En bas, deux aspects de tachycardie par réentrée intranodale : en haut, réentrée classi- du bloc de branche droit peut être situé en dessous de l’insertion du faisceau de Kent.
que avec un auriculogramme dans ou juste à la fin du ventriculogramme (faux aspect La fréquence de la tachycardie n’est alors pas affectée.
de retard droit en V1). Cette crise est apparue après un allongement brutal de l’espace
AV (voie rapide en période réfractaire, descente de l’extrastimulus par la voie lente). En
bas, tachycardie jonctionnelle avec un auriculogramme qui suit le ventriculogramme, que la réentrée utilise un faisceau de Kent postérolatéral
mais variations de l’espace VA de 100 à 140 ms, ce qui exclut une remontée dans un
gauche [52]. Toutefois, ce signe peut être noté également dans les
faisceau de Kent classique qui conduit à vitesse constante.
réentrées utilisant un faisceau de Kent antéroseptal [59]. Lorsque
l’on peut disposer d’un enregistrement de l’auriculogramme par
parfois beaucoup plus difficile dans les formes paroxystiques qui voie œsophagienne, la présence d’une activité auriculaire en V1,
s’arrêtent souvent spontanément avant qu’un ECG puisse être notée après la survenue de l’auriculogramme œsophagien, est un
réalisé. signe de réentrée dans un faisceau de Kent gauche [4] ;
Différents éléments peuvent être utilisés pour poser le diagnostic de
tachycardie jonctionnelle et évoquer son mécanisme électro- – l’activité auriculaire peut être dissociée des ventricules : 10 %
physiologique : des tachycardies par réentrée intranodale sont associées à la
survenue d’un bloc 2/1 vers les ventricules [46]. Une dissociation
– la fréquence cardiaque varie de 130 à 280/min [44]. Classiquement, auriculoventriculaire au cours d’une tachycardie à QRS fins peut
elle est le plus souvent aux alentours de 180/min ; être observée dans certaines tachycardies par réentrée intranodale,
– la tachycardie est régulière ; mais est également un signe de tachycardie hisienne par
automatisme. Une dissociation auriculoventriculaire au cours
– les complexes QRS sont fins ou comportent une aberration de d’une tachycardie avec bloc de branche gauche survenant chez
conduction similaire à celle qui est notée en rythme sinusal. Chez un sujet qui a un aspect de préexcitation ventriculaire sur l’ECG
certains patients, il y a une alternance électrique, les complexes QRS en rythme sinusal est un signe de réentrée dans un faisceau de
changeant de morphologie une fois sur deux, surtout dans la Mahaim nodoventriculaire ;
dérivation V1 [26]. Ce signe est retrouvé plus souvent dans les
tachycardies utilisant un faisceau de Kent mais il n’est pas – la mise en évidence de l’activité auriculaire est souvent difficile
spécifique ; si la tachycardie est rapide ou s’il existe une aberration de
conduction. Les signes sont également parfois trompeurs, avec des
– l’activité auriculaire doit être recherchée. La place de aspects pouvant évoquer des tachycardies atriales [62] ;
l’auriculogramme par rapport au ventriculograme et sa morphologie
doivent être notées (fig 5) : – les tachycardies rapides présentent parfois, lors de leur initiation,
un bloc de branche fonctionnel. Normalement, la fréquence
– l’activité peut être invisible ou apparaître à la fin du cardiaque est soit inchangée, soit plus rapide lors de l’aberration de
ventriculogramme et se traduire par un aspect de bloc incomplet conduction. En cas de réentrée dans un faisceau de Kent gauche et
droit en V1 : il s’agit d’une réentrée intranodale [27] ; en présence d’un bloc de branche gauche transitoire, la tachycardie
– l’activité auriculaire peut être clairement visible après le est plus lente que la tachycardie à QRS fins. Il s’agit du phénomène
ventriculogramme ; elle est négative en D2, D3, VF. Si par ailleurs de bloc de branche ralentisseur dont le mécanisme a été explicité
l’onde P est négative en D1, il y a une forte présomption pour par Slama et al [60] (fig 6). Exceptionnellement, en cas de réentrée

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Cardiologie Tachycardie de la jonction auriculoventriculaire 11-033-C-10

dans un Kent latéral droit, dans les tachycardies avec un bloc de


branche droit, on peut observer un bloc de branche droit
ralentisseur [60] ;
– les manœuvres vagales ou l’injection d’acide adénosine triphosphorique
(ATP) (Striadynet) reproduisant une action vagale intense peuvent
aider au diagnostic en provoquant éventuellement une dissociation
auriculoventriculaire pendant la tachycardie, sans l’arrêter, ce qui
est un signe d’une réentrée intranodale ou plus souvent en révélant
la présence d’un syndrome de préexcitation lors de l’arrêt de la
crise [3] par le blocage des voies normales de conduction.

ÉLECTROCARDIOGRAMME EN DEHORS DE LA CRISE


Le plus souvent, l’ECG est enregistré en dehors d’une crise de
tachycardie.
Son principal intérêt est de dépister un syndrome de Wolff-
Parkinson-White, auquel cas le diagnostic rétrospectif de tachycardie
jonctionnelle est très hautement probable.
7 Dégénérescence d’une tachycardie jonctionnelle en fibrillation auriculaire. Ce phé-
Chez les autres patients, l’ECG est normal ou montre un espace PR nomène a surtout été rapporté dans les réeentrées dans un faisceau accessoire dont
relativement court, signe d’une conduction dans une voie rapide. l’ablation ferait régresser le risque de fibrillation auriculaire. Il semble aussi fréquent
Rarement, il peut révéler la présence d’une double voie nodale en dans les réentrées intranodales (tracé présenté), mais actuellement il n’est pas prouvé
montrant des variations de l’espace PR sur l’ECG qui est soit court que l’ablation de la voie lente diminue le risque de fibrillation auriculaire.
en raison d’une conduction dans la voie rapide, soit long en raison
d’une conduction dans la voie lente.
se répéter à un rythme plus ou moins éloigné. Chez les sujets vus
entre 50 et 60 ans, ce qui représente la majorité des patients [9],
l’histoire clinique retrouve souvent un long passé de tachycardies
Étiologies bien tolérées initialement et de moins en moins bien tolérées au fur
et à mesure que l’âge du patient avance.
TACHYCARDIES JONCTIONNELLES
Les tachycardies jonctionnelles paroxystiques ou chroniques sont ÉLÉMENTS DÉFAVORABLES
classiquement des tachycardies qui surviennent sur cœur sain, ce
Le pronostic bénin peut être remis en question dans deux cas : aux
qui explique leur pronostic généralement favorable. En cas de
deux extrêmes de la vie et en cas de syndrome de Wolff-
syndrome de Wolff-Parkinson-White en rapport avec une
Parkinson-White.
préexcitation droite (Wolff-Parkinson-White de type B), il est utile
de vérifier l’absence de cardiopathie congénitale associée, comme
une maladie d’Ebstein. En cas de signes fonctionnels de mauvaise ¶ Âge
tolérance, il est également souhaitable de vérifier qu’il n’y ait pas de Aux deux extrêmes de la vie, la tolérance est souvent médiocre.
cardiopathie sous-jacente. Des facteurs favorisants de la survenue
des crises peuvent être recherchés. Classiquement, le facteur Chez le sujet âgé, les récidives sont plus fréquentes [17] et peuvent
catécholergique facilite l’ensemble des troubles du rythme. mettre en jeu le pronostic vital. La tolérance de la crise est mauvaise,
conduisant à un tableau d’insuffisance cardiaque ou à l’aggravation
La survenue au cours d’une activité sportive a pu être rapportée [18].
d’une cardiopathie ischémique associée. Le risque de fibrillation
Il s’agit d’un trouble du rythme relativement rare dans ces
auriculaire est de plus en plus important [13] (fig 7). Près de 12 % des
conditions.
patients ayant des tachycardies jonctionnelles développent une
La grossesse peut être également un élément favorisant des fibrillation auriculaire dans l’année qui suit [30], avec un risque
tachycardies jonctionnelles. Il est rare qu’une première crise croissant au fur et à mesure que l’âge avance. Il y a également un
survienne lors d’une grossesse (3,9 % des cas) [43], mais en revanche, risque de flutter auriculaire [41].
la grossesse est un facteur aggravant de crises de tachycardies qui
Chez le jeune enfant, les tachycardies fréquentes ou chroniques
existaient préalablement.
peuvent entraîner une insuffisance cardiaque potentiellement très
grave. Toutefois, ces enfants traités ont une évolution favorable avec
TACHYCARDIES HISIENNES une régression de la cardiomyopathie et une disparition fréquente
des crises dans l’adolescence.
Les tachycardies hisiennes acquises sont associées généralement à
un contexte aigu infectieux ou médicamenteux qu’il est impératif de
rechercher. ¶ En cas de syndrome de Wolff-Parkinson-White
En cas de syndrome de Wolff-Parkinson-White patent, le pronostic
devient celui de cette affection.
Pronostic Les patients qui ont un syndrome de Wolff-Parkinson-White, qu’il
soit asymptomatique ou associé à des tachycardies jonctionnelles
TACHYCARDIES JONCTIONNELLES
paroxystiques, ont le même pronostic, avec un risque de 5 à 10 %
d’avoir une forme potentiellement maligne de l’affection [8, 63], c’est-
Les tachycardies de la jonction auriculoventriculaire ont à-dire un faisceau de Kent susceptible de conduire très rapidement
classiquement un bon pronostic. et une vulnérabilité atriale augmentée. Ces patients sont donc
À l’âge adulte, les tachycardies survenant sur cœur sain sont exposés à un risque de survenue d’une fibrillation auriculaire très
considérées comme bénignes, sous réserve que les crises ne rapide dégénérant en fibrillation ventriculaire. Ce risque est surtout
deviennent pas fréquentes et donc invalidantes. Lorsque le patient important en cas de circonstances catécholergiques comme l’effort
est vu pour une première crise de tachycardie, il est difficile de ou le stress. La tachycardie jonctionnelle peut elle-même dégénérer
prédire l’évolution de la maladie, la crise pouvant rester unique ou en fibrillation auriculaire [53].

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11-033-C-10 Tachycardie de la jonction auriculoventriculaire Cardiologie

Tableau II. – Conduite à tenir devant une tachycardie jonctionnelle.

Bilan Traitement
ECG normal, crises rares, bien tolérées 0 0

WPW, crises rares Étude électrophysiologique (œsophagienne) 0 si forme bénigne ou ablation si forme maligne

ECG normal, crises non documentées, mal tolérées Holter, épreuve d’effort, étude électrophysiologique (œso- Traitement médical
phagienne)
Ablation si traitement mal toléré ou inefficace

ECG normal, crises documentées 0 ou étude endocavitaire Traitement médical ou ablation

ECG normal + crises documentées gênantes ou Étude électrophysiologique endocavitaire Ablation


traitement mal toléré ou WPW + crises fréquentes

ECG : électrocardiogramme ; WPW : syndrome de Wolff-Parkinson-White.

Bilan des tachycardies de la jonction Recherches particulières


auriculoventriculaire (tableau II) Plusieurs éléments sont recherchés durant l’étude électro-
physiologique [68] (tableau I).
La stimulation auriculaire programmée est utilisée pour mettre en
EXAMENS COMPLÉMENTAIRES évidence la présence d’une double voie nodale : pour un couplage
Il est essentiel d’obtenir un document de la crise de tachycardie, si long, il y a une conduction par une voie rapide à période réfractaire
celle-ci n’a pas pu être enregistrée. effective longue. En raccourcissant le couplage, il y a un saut de
conduction avec allongement brutal du délai AV ou AH, car
¶ Enregistrement Holter l’extrastimulus rencontre la voie rapide en période réfractaire et ne
peut s’engager que dans la voie lente à période réfractaire longue.
L’enregistrement Holter des 24 heures a toutes les chances de La même méthode permet également de déclencher la tachycardie
dépister une forme chronique de l’affection, mais a peu de chances jonctionnelle paroxystique et les signes ECG de la tachycardie, déjà
de dépister une forme paroxystique. rapportés, sont recherchés. Les principaux moyens de diagnostic
sont basés sur l’étude de l’auriculogramme pendant la tachycardie
¶ Épreuve d’effort qui doit être étudiée avec soin par l’enregistrement de l’activité
œsophagienne ou atriale endocavitaire.
C’est un examen peu sensible pour déclencher une crise. Toutefois,
le déclenchement d’une tachycardie supraventriculaire est noté dans – La survenue de l’auriculogramme dans le ventriculogramme est
6 % des cas et est prédictif du risque de récidive de l’affection [46]. un signe de réentrée intranodale.
– La survenue de l’auriculogramme après le ventriculogramme n’est
¶ Étude électrophysiologique pas spécifique du type de réentrée mais doit faire rechercher en
Elle est souvent nécessaire pour déclencher la crise de tachycardie. priorité un faisceau accessoire latent. La présence d’une onde P
Comme il s’agit, dans une majorité des cas, d’un rythme réciproque, négative en D1, la survenue d’une activité de P en V1 après l’activité
il est donc facilement initié par stimulation auriculaire programmée. auriculaire gauche et une anomalie de la dépolarisation auriculaire
Celle-ci peut être effectuée par voie transœsophagienne chez l’enfant rétrograde, si l’étude est faite par voie endocavitaire, sont les
ou l’adulte [12, 21, 22], ou par voie endocavitaire. éléments utilisés pour mettre en évidence un faisceau de Kent latent.
– Le bloc de branche ralentisseur peut être recherché en provoquant
Protocole plusieurs fois la tachycardie [ 7 1 ] . L’allongement du délai
ventriculogramme-auriculogramme (VA’), lors de la survenue d’un
Il est actuellement bien défini. bloc de branche, est un signe de réentrée dans un faisceau de Kent
À l’état de base, après arrêt de tout traitement antiarythmique latéral avec une sensibilité de 95 % et une spécificité de 100 % [71].
depuis cinq demi-vies et en l’absence de traitement sédatif sauf chez
– Enfin, dans les cas litigieux avec activité auriculaire après le
le jeune enfant, les données suivantes sont étudiées :
ventriculogramme mais séquence de dépolarisation auriculaire
– par voie endocavitaire : mesure des intervalles de conduction de rétrograde normale, évoquant soit une conduction par une voie
base (intervalles de conduction AH, HV...) ; nodale, soit par un faisceau de Kent paraseptal, l’épreuve de
stimulation auriculaire et ventriculaire programmée pendant la crise
– par voies endocavitaire et œsophagienne :
peut être utilisée [19, 49] pour rechercher les phénomènes de capture.
– stimulation auriculaire à fréquence croissante jusqu’au point de Un faisceau de Kent conduit toujours, selon la loi du tout ou rien, et
Wenckeback ; on ne doit pas observer d’allongement de l’espace VA’ lors d’une
stimulation ventriculaire précoce. La stimulation ventriculaire
– stimulation auriculaire programmée utilisant jusqu’à deux
programmée est donc utilisée pour le diagnostic des formes
extrastimulus délivrés sur au moins deux cycles imposés (600,
atypiques [49] de réentrée nodale où l’auriculogramme survient loin
400 ms) avec un raccourcissement de l’intervalle de couplage de
derrière le ventriculogramme et où l’activité septale précède
l’extrastimulus jusqu’à la période réfractaire effective auriculaire ;
l’activité auriculaire droite et gauche. L’absence d’allongement de
– par voie endocavitaire : stimulation ventriculaire fixe à fréquence VA’ après un extrastimulus précoce est un argument pour un
croissante et étude de la conduction rétrograde et de la séquence de faisceau accessoire plutôt que pour une conduction rétrograde dans
dépolarisation auriculaire rétrograde. une voie nodale lente.
Sous perfusion de 20 à 30 µg d’isoprénaline, ce protocole est répété : Les tachycardies par automatisme exagéré ne sont pas déclenchables
par stimulation. Elles peuvent apparaître spontanément lors d’une
– en cas d’ECG normal, si la tachycardie n’a pas été déclenchée à perfusion d’isoprotérénol (Isuprelt).
l’état basal ;
– systématiquement en cas de syndrome de Wolff-Parkinson-White ¶ Autres méthodes
pour rechercher les effets des catécholamines sur la perméabilité du La crise peut être documentée par un enregistrement séquentiel
faisceau de Kent et le déclenchement des tachycardies. volontaire.

6
Cardiologie Tachycardie de la jonction auriculoventriculaire 11-033-C-10

En cas de signes fonctionnels notables, comme des signes – Si l’état cardiaque préalable du patient est inconnu, il vaut mieux
d’insuffisance cardiaque ou des malaises, ou chez le sujet âgé, un utiliser de l’amiodarone injectable (150 à 300 mg) ou privilégier, en
bilan cardiologique complémentaire comportant au moins une milieu hospitalier, la mise en place d’une sonde endocavitaire pour
échocardiographie est indiqué. établir la nature de la tachycardie à QRS larges, puis arrêter la
tachycardie par stimulation auriculaire ou ventriculaire.
– Certaines tachycardies antidromiques sont très rapides et sont mal
INDICATIONS DES MÉTHODES D’EXPLORATION
tolérées. Une cardioversion en urgence et après sédation est parfois
Le bilan est extrêmement variable d’un sujet à l’autre et dépend de nécessaire.
l’âge du patient et du caractère invalidant ou non des crises.
– Il ne s’impose pas si l’ECG intercritique est normal et les crises TRAITEMENTS PRÉVENTIFS
rares. ¶ Possibilités thérapeutiques
– Il s’impose quand il y a un syndrome de Wolff-Parkinson-White Les moyens sont actuellement nombreux.
qui ne disparaît pas brutalement à l’épreuve d’effort, même chez un
sujet peu gêné, pour vérifier la nature de ce syndrome, l’examen Traitements médicamenteux
pouvant se faire par voie transœsophagienne ou endocavitaire. Les médicaments agissant sur la conduction nodale sont les mieux
– Lorsque le patient a des tachycardies non documentées mais indiqués. Le traitement par bêtabloquant est le traitement de choix.
récidivantes, dans un contexte d’angoisse, il est souhaitable de En cas de contre-indication, le vérapamil (120 à 360 mg/j) est
prouver qu’il s’agit de tachycardies jonctionnelles avant de proposer préconisé, sauf chez le sujet qui a un syndrome de Wolff-Parkinson-
un éventuel traitement curatif. L’étude électrophysiologique peut White et tant que la nature exacte du syndrome n’a pas été vérifiée
être faite par voie transœsophagienne puisque sa sensibilité est par étude électrophysiologique.
excellente (95 %) [12]. Chez les sujets qui ont des réentrées dans un faisceau accessoire
latent ou patent, les antiarythmiques de classe I ont une action
– Si les crises sont documentées et récidivantes, l’étude dépressive sur le faisceau.
électrophysiologique doit se faire par voie endocavitaire dans le but
L’association des antiarythmiques à un bêtabloquant ou l’utilisation
de procéder, après l’étude électrophysiologique et l’établissement du
d’amiodarone permettrait généralement de contrôler la majorité des
mécanisme exact, à l’ablation par radiofréquence du circuit de
tachycardies.
réentrée en cause.
Les risques des traitements antiarythmiques doivent être rappelés,
notamment chez les sujets âgés et chez les patients qui ont des
troubles de conduction spontanés ou une cardiopathie sous-jacente,
Traitement cardiomyopathie et/ou antécédents d’infarctus.
Traitements curatifs
TRAITEMENTS DE LA CRISE DE TACHYCARDIE
Depuis une dizaine d’années, il y a eu une explosion des traitements
Ils ont peu évolué depuis de nombreuses années. curatifs par ablation par radiofréquence des circuits de réentrée des
tachycardies jonctionnelles.
¶ Manœuvres vagales De nombreuses études ont montré qu’il est possible de traiter de
façon curative, dans au moins 90 % des cas, les tachycardies par
Les traitements de la crise de tachycardie font appel avant tout aux
réentrée intranodale en réalisant l’ablation de la voie lente de
manœuvres vagales [64] : gorgée d’eau glacée, manœuvre de Valsalva,
préférence à l’ablation de la voie rapide [28, 35, 37], et les tachycardies
massage sinocarotidien, réflexe oculocardiaque...).
utilisant un faisceau de Kent latent ou patent par l’ablation de ce
faisceau [34].
¶ En cas de tachycardie à QRS fins
Il faut néanmoins rappeler les risques inhérents à la technique qui
– En l’absence de traitement antiarythmique au long cours et s’il y doivent être mis en balance avec l’évolution spontanée de la
a échec des manœuvres vagales classiques, l’injection de 20 à 40 mg maladie. Indépendamment des risques du cathétérisme et de
d’ATP (Striadynet) ou de 5 à 10 mg de vérapamil (Isoptinet) sont l’application du courant de radiofréquence qui représentent 1 à 10 %
les traitements de choix. Certains auteurs utilisent également des cas suivant les séries et la gravité de la complication, il y a des
l’injection de 2,5 mg d’esmolol (Brevibloct), bêtabloquant de très risques propres à l’ablation des tachycardies jonctionnelles par
courte demi-vie. L’ATP est déconseillé chez les sujets avec réentrée intranodale : le principal risque est celui d’un bloc
antécédent d’asthme. Tous ces produits injectables doivent être auriculoventriculaire qui peut être définitif dans 0,5 à 1 % des cas [10].
utilisés avec une prudence extrême (demi-doses) ou doivent être Dans le cas des réentrées dans le faisceau de Kent, le même risque
évités chez les sujets âgés ou avec suspicion de troubles de existe pour les réentrées dans les faisceaux de Kent antéroseptaux
conduction sinoauriculaire ou auriculoventriculaire. situés près du faisceau de His.
– En cas de contre-indication aux médicaments précédents, ou en De plus, les complications liées au cathétérisme et à l’ablation
cas de traitement préalable, il est préférable d’utiliser un digitalique augmentent chez les sujets âgés [5, 16].
injectable dont l’action est cependant retardée. Chez le jeune enfant, ¶ Indications (tableau II)
la digoxine injectable est également le traitement de choix.
Généralement, l’abstention thérapeutique s’impose tout
– Il est exceptionnel d’avoir recours à une stimulation auriculaire particulièrement chez un sujet jeune qui a des crises spontanément
pour arrêter la crise. courtes relativement bien tolérées et qui a un ECG intercritique
normal ou une forme bénigne de syndrome de Wolff-Parkinson-
¶ En cas de tachycardie antidromique avec aspect White. L’évolution naturelle de la maladie peut se faire vers une
de préexcitation maximale guérison spontanée.
– Le vérapamil et la digoxine sont formellement contre-indiqués car Crises rares
ils peuvent faciliter la conduction dans la voie accessoire en bloquant
Si les crises sont rares mais nécessitent un moyen médicamenteux
la conduction dans les voies normales.
pour les arrêter, un traitement au coup par coup de la crise peut
– Quand le syndrome de Wolff-Parkinson-White est connu et que le s’envisager, avec la prise orale d’un bêtabloquant (par exemple
diagnostic de tachycardie antidromique est hautement probable, 40 mg de propranolol ou 80 mg de vérapamil), le délai d’action étant
l’injection de flécaïnide (1 à 2 mg/kg) est la drogue de choix. d’au moins 15 minutes.

7
11-033-C-10 Tachycardie de la jonction auriculoventriculaire Cardiologie

Crises fréquentes antéroseptale du faisceau de Kent où le risque de bloc


auriculoventriculaire n’est pas négligeable et pour lequel un
En cas de crises fréquentes et donc invalidantes, le traitement peut
traitement médicamenteux associant un antiarythmique de classe IC
être d’abord médical.
et un bêtabloquant est déjà essayé.
– En cas de réentrée intranodale chez un jeune adulte, le risque de Elle est également vivement conseillée chez les sujets qui tolèrent
bloc auriculoventriculaire conduit à faire discuter d’abord le mal leurs crises, si celles-ci s’accompagnent d’une syncope, d’une
traitement par bêtabloquant et c’est seulement si le patient refuse de insuffisance cardiaque ou de crise d’angor [39, 55], et ceci même chez
prendre un médicament ou tolère mal la thérapeutique que des sujets très âgés qui mettent en jeu leur pronostic vital lors de
l’indication d’ablation est posée. leur tachycardie jonctionnelle. Outre l’amélioration fonctionnelle, ces
– De même, chez l’enfant, compte tenu d’une évolution souvent patients bénéficieront d’une amélioration de leur pronostic [5].
favorable dans l’adolescence, le traitement médical au long cours Elle est également la solution de choix chez les sujets mal contrôlés
est souvent efficace. Il peut comporter de l’amiodarone, le risque de par leur traitement médicamenteux ou tolérant mal leurs
dysthyroïdie étant faible à cet âge, ou un antiarythmique de classe médicaments, dont la vie risque d’être perturbée par ces
I [47]. Il faut rappeler les risques de bloc auriculoventriculaire lors de tachycardies par ailleurs bénignes et cependant curables.
l’ablation de la voie lente qui ont été rapportés chez les jeunes
enfants, voire de décès imputables à l’examen [57, 58] , et donc
l’ablation ne se propose qu’en cas de mauvaise tolérance du Conclusion
traitement ou de son inefficacité, et sauf exception après l’âge de 5
ans.
Les méthodes de diagnostic et de traitement des tachycardies
Indications non discutables jonctionnelles paroxystiques ont considérablement évolué depuis la
description initiale en 1889.
L’ablation par radiofréquence de la tachycardie a des indications non Si, actuellement, il est tout à fait possible de guérir de cette affection par
discutables. les techniques d’ablation, il faut garder à l’esprit qu’une majorité des
La présence d’une forme maligne de syndrome de Wolff-Parkinson- patients a une forme bénigne de l’affection et que l’abstention
White conduit à l’ablation du Kent, à l’exception de la localisation thérapeutique est souvent l’attitude la plus sage.

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