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105 Surveillance des Porteurs de Valve et de ProthèSe Vasculaire

Objectifs

Expliquer les risques inhérents aux valves artificielles et aux prothèses vasculaires et les
mesures préventives correspondantes

Diagnostiquer une complication liée au matériel prothétique ou au traitement associé

Recommandations, consensus

Haute Autorité de santé (2008): Cardiopathies valvulaires et congénitales graves chez l'adulte

American College of Cardiology / American Heart Association (2008): Focused update


incorporated into the ACC/AHA

European Society of Cardiology (2007): Guidelines on the management of valvular heart disease

American College of Cardiology / American Heart Association (2006): Guidelines for the
management of patients with valvular heart disease

Société française de cardiologie (2005): Recommandations concernant la prise en charge des


valvulopathies acquises et des dysfonctions de prothèse valvulaire

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▪ PROTHÈSES VALVULAIRES

→ INTRODUCTION

Le remplacement valvulaire est devenu ces dernières décennies une chirurgie courante et les
prothèses valvulaires sont de plus en plus performantes

Il procure généralement une excellente amélioration clinique

Néanmoins, le remplacement valvulaire par prothèse doit être considéré plutôt comme une
chirurgie palliative que comme une guérison

La mortalité péri-opératoire n'excède pas 1 à 2 % pour un remplacement monovalvulaire; la


survie est de 80 % à 5 ans, de 50 à 60 % à 10 ans et de 50 % environ à 15 ans

Les opérés sont exposés à moyen et à long terme à des complications graves

De ce fait, on opte chaque fois que possible pour une chirurgie conservatrice, surtout pour la
valve mitrale: commissurotomie percutanée pour la sténose mitrale, plastie chirurgicale dans la
majorité des cas d'insuffisance mitrale
→ TYPES DE PROTHÈSE VALVULAIRE

Prothèses mécaniques

Constituées d'un anneau d'insertion métallique et d'un élément mobile

L'élément mobile est une bille dans une cage en titane pour les plus anciennes prothèses
(prothèse de Starr-Edwards), un disque (prothèse de Björk-Shiley), deux hémidisques ou hémi-
ailettes pour les prothèses le plus largement utilisées (prothèses de Saint-Jude, Sorin…)

Prothèses biologiques ou bioprothèses

Hétérogreffes bovines ou porcines ou xénogreffes le plus souvent, rarement homogreffes de


valves prélevées sur donneurs d'organes

Anneau métallique avec trois valves biologiques, sigmoïdes aortiques de porc (bioprothèses de
Hancock, de Carpentier-Edwards…) ou péricarde de veau (valve de Ionescu-Shiley)

Les prothèses plus récentes ne comportent pas d'anneau (valves stentless)

Possible autogreffe de la valve pulmonaire du patient à la place de la valve aortique et


bioprothèse en position pulmonaire (opération de Ross), surtout chez les enfants et les sujets très
jeunes

Les bioprothèses se détériorent plus rapidement en position mitrale qu'en position aortique, en
raison des contraintes mécaniques plus importantes lors de la fermeture mitrale

Elles ne nécessitent aucun traitement antithrombotique définitif, hormis les antiagrégants


plaquettaires, volontiers prescrits pendant au moins 6 mois à 1 an; parfois, AVK pendant 3 mois

Ces dernières années, développement de bioprothèses aortiques mises en place par voie
percutanée (remplacement valvulaire aortique percutané): valves Edwards et CoreValve

Avantages et inconvénients

Prothèses mécaniques

Avantage: longue durée de vie, théoriquement à vie en l'absence de complications

Inconvénients:

thrombogénicité, d'où nécessité d'un traitement anticoagulant à vie, fortement dosé et


parfaitement équilibré, sinon complications thromboemboliques

présence d'un gradient transprothétique

anémie hémolytique par hémolyse mécanique au contact de la prothèse


Prothèses biologiques

Avantages: pas de traitement anticoagulant, bon profil hémodynamique avec faible gradient
transprothétique, beaucoup moins de complications thromboemboliques

Inconvénient: dégénérescence de la prothèse, d'où une durée de vie limitée (8-18 ans), possible
dégénérescence précoce (< 2 ans)

→ CHOIX DE LA PROTHÈSE

Il est fonction de plusieurs paramètres:

âge du patient: prothèse mécanique avant 65 ans, bioprothèse après 70 ans

espérance de vie courte (comorbidité grave): bioprothèse

contre-indication d'un traitement anticoagulant: bioprothèse

femme jeune, désir de grossesse: bioprothèse

risque de mauvaise observance du traitement anticoagulant: bioprothèse

l'insuffisance rénale est un facteur de risque de dégénérescence précoce des bioprothèses

l'hyperparathyroïdie serait un facteur de risque de dégénérescence précoce des bioprothèses

traitement anticoagulant déjà en cours (fibrillation atriale, prothèse mécanique…): prothèse


mécanique

choix du patient

→ SURVEILLANCE

Surveillance postopératoire

Initialement en service de réanimation puis en service de chirurgie

Héparine en continu au pousse-seringue, relais AVK précoce

Médiastinite postopératoire: 1 % des cas environ

Après 1 ou 2 semaines, séjour de convalescence en centre spécialisé pour réadaptation


fonctionnelle cardio-respiratoire pendant 3 à 4 semaines

Bilan cardiologique initial de référence, 3 mois après la chirurgie, avec radiographie


thoracique, échocardiographie transthoracique de référence, hémogramme et INR

L'échocardiographie transthoracique de référence est obligatoire


Surveillance ultérieure

Surveillance clinique

Suivi cardiologique annuel pour rechercher une dysfonction de la prothèse ou du ventricule


gauche, une complication ou une progression de la maladie atteignant une autre valve

Suivi régulier et plus fréquent par le médecin traitant

Éducation du patient, tenue du carnet de suivi des AVK avec dose et INR, prophylaxie de
l'endocardite infectieuse, carte de porteur de prothèse valvulaire

Recherche de signes d'insuffisance cardiaque gauche ou droite, de palpitations évoquant des


troubles du rythme supraventriculaire, de lipothymies ou de syncopes évoquant un trouble de
conduction de haut degré, de douleurs thoraciques évoquant une atteinte des coronaires

Auscultation cardiaque soigneuse:

rechercher l'apparition d'un souffle: un souffle de régurgitation est toujours pathologique;


une diminution d'intensité et/ou le caractère variable des bruits d'ouverture ou de fermeture
d'un cycle cardiaque à l'autre sont suspects

auscultation des bioprothèses identique à celle des valves natives, possible souffle
systolique éjectionnel peu intense

prothèses mécaniques: bruits d'ouverture et surtout de fermeture intenses, claqués,


métalliques, parfois audibles par le patient lui-même et par l'entourage

en position aortique, possible souffle systolique éjectionnel peu intense

en position mitrale, pas de bruit surajouté

Recherche de l'abolition d'un pouls périphérique (embolie périphérique?)

Examen neurologique: recherche d'un déficit sensitif ou moteur et de signes de focalisation


évoquant un AVC ou un accident ischémique transitoire (embolie cérébrale?)

L'absence de fièvre, de foyer infectieux (ORL, dentaire…) et d'altération de l'état général doit
être vérifiée soigneusement à chaque consultation (endocardite infectieuse?)

Recherche de saignements, notamment digestifs (complication hémorragique?), signes cliniques


d'anémie

Surveillance paraclinique

Biologie:
équilibre du traitement anticoagulant par AVK: il doit être parfaitement équilibré et ne doit
jamais être interrompu; surveillance de l'INR avec INR cible

initialement, INR toutes les 48 heures jusqu'à obtention de l'équilibre, puis espacement 1
fois par semaine puis tous les 15 jours puis 1 fois par mois à vie

INR cible fonction du type de prothèse (thrombogénicité de la prothèse) et des facteurs de


risque thrombo-embolique du patient

THROMBOGÉNICITE DE LA FACTEURS DE RISQUE THROMBO-EMBOLIQUE


PROTHÈSE PROPRES AU PATIENT

PAS DE FACTEUR DE AU MOINS 1 FACTEUR DE


RISQUE RISQUE

Faible: prothèses à double ailette, Cible: 2,5 Fourchette: entre Cible: 3,0 Fourchette: entre 2,5
les plus utilisées 2,0 et 3,0 et 3,5

Cible: 3,0 Fourchette: entre Cible: 3,5 Fourchette: entre 3,0


Moyenne
2,5 et 3,5 et 4,0

Cible: 3,5 Fourchette: entre Cible: 4,0 Fourchette: entre 3,5


Élevée
3,0 et 4,0 et 4,5

D'après l'European Society of Cardiology, 2007

les porteurs de bioprothèse ne nécessitent pas de traitement anticoagulant, sauf durant les trois
premiers mois postopératoires, parfois simple traitement par HBPM ou par aspirine

surveillance de la NFS de façon annuelle et si point d'appel, à la recherche d'une anémie


(hémolyse, saignement occulte?)

FACTEURS DE RISQUE THROMBO-EMBOLIQUE PROPRES AU PATIENT

Antécédent d'accident thrombo-embolique, de fibrillation atriale

Oreillette gauche > 50 mm, contraste dense intra-atrial

Fraction d'éjection du ventricule gauche < 35 %


État d'hypercoagulabilité

Rétrécissement mitral

Position mitrale, tricuspide ou pulmonaire de la prothèse

ECG et radiographie thoracique:

ECG pour rechercher un trouble du rythme supraventriculaire, un trouble de conduction,


des signes d'ischémie myocardique

radiographie thoracique pour l'étude de la silhouette cardiaque, diminution de la


cardiomégalie après chirurgie?

Radiocinéma de valve:

étudie le mouvement des structures mobiles de la prothèse

diagnostic d'une dysfonction ou d'une thrombose de prothèse

Échocardiographie:

examen clé, le plus performant pour la surveillance des prothèses valvulaires et le


diagnostic des dysfonctions de prothèse

réalisée systématiquement en cas de changement clinique

au minimum tous les 3 ans pour les patients restant stables, généralement 1 fois par an

si bioprothèse, échocardiographie transthoracique tous les ans à partir de la 5e année

interprétation de l'examen délicate, surtout en cas de prothèse mécanique: échos de


réverbération sur les structures métalliques, image généralement médiocre

l'examen au Doppler est essentiel (Doppler pulsé, continu et couleur): permet de mesurer
les gradients transprothétiques, surtout le gradient moyen

le Doppler continu et couleur permet également de mettre en évidence une fuite


intraprothétique ou paraprothétique par désinsertion de la valve

→ COMPLICATIONS

Complications thrombo-emboliques

Thrombose de prothèse

Complication rare mais grave, apanage des prothèses mécaniques


Favorisée par des facteurs pariétaux (plaie opératoire avant endothélisation), hémodynamiques
(liés à la prothèse cardiaque et au cœur du patient) et hémostatiques (fluctuations de l'hémostase
fréquentes)

L'insuffisance du traitement anticoagulant est fréquente: mauvaise observance du traitement,


changement d'alimentation, interactions médicamenteuses

On distingue les thromboses obstructives et les thromboses non obstructives

Diagnostic précis par échocardiographie transthoracique, radiocinéma de valve,


échocardiographie transœsophagienne (présence, taille, mobilité du thrombus, blocage complet
ou incomplet des éléments mobiles de la prothèse)

Thrombose de prothèse occlusive:

urgence vitale médico-chirurgicale, mortalité de 10 %

clinique:

OAP, décompensation cardiaque globale, syncope, état de choc, voire mort subite,
embolies artérielles périphériques

modification des bruits de prothèse, apparition ou renforcement d'un souffle systolique


pour une prothèse aortique ou d'un roulement diastolique pour une prothèse mitrale;
parfois souffle de régurgitation (prothèses en position semi-ouverte)

paraclinique:

anticoagulation insuffisante: INR < cible

échocardiographie transthoracique: gradients transprothétiques élevés, surface


valvulaire réduite, fuite valvulaire, thrombus parfois visible, surtout en
échocardiographie transœsophagienne (réalisable si patient stable)

radiocinéma de valve: diminution de la cinétique, voire blocage de l'élément mobile

éventuellement anémie hémolytique et syndrome inflammatoire

traitement:

débuter l'héparine le plus rapidement possible

traitement de choix: intervention chirurgicale, de remplacement valvulaire

fibrinolyse si hémodynamique instable, si l'échocardiographie transœsophagienne a


éliminé un gros thrombus, si thrombose d'une prothèse dans le cœur droit, si contre-
indication de la chirurgie
Thrombose de prothèse non occlusive:

urgence thérapeutique; le risque est avant tout embolique, mais aussi évolution vers la
thrombose occlusive

meilleur pronostic immédiat et à long terme

clinique:

parfois asymptomatique, découverte fortuite lors d'une échocardiographie


transthoracique de surveillance

embolies périphériques

auscultation cardiaque rarement modifiée

paraclinique:

anticoagulation insuffisante: INR < cible

échocardiographie transthoracique ± transœsophagienne: gradients transprothétiques


modérément élevés, fuite valvulaire, thrombus parfois visible

radiocinéma de valve: blocage partiel de l'élément mobile

éventuellement anémie hémolytique et syndrome inflammatoire

traitement:

débuter l'héparine le plus rapidement possible

optimisation du traitement anticoagulant (AVK, héparine) ± associé à un antiagrégant


plaquettaire

si volumineux thrombus, discussion d'un traitement chirurgical

contrôles échocardiographiques répétés afin d'apprécier l'évolution du thrombus, sa


croissance, son risque emboligène (volumineux thrombus pédiculé mobile),
l'apparition d'une obstruction, tous signes qui doivent faire discuter une intervention
chirurgicale

Embolies systémiques

Migration dans une artère périphérique d'un thrombus formé sur la prothèse

Embolies le plus souvent cérébrales avec accident ischémique transitoire ou AVC

Plus rarement, ischémie aiguë d'un membre inférieur, infarctus du myocarde embolique, infarctus
rénal ou splénique

Surtout pour les prothèses mitrales avec thrombus sur la face atriale de la prothèse

Endocardite infectieuse

Deux formes: précoces et tardives

Complication redoutable chez les porteurs de prothèse: pronostic sombre, avec une mortalité de
30 à 80 % dans les formes précoces, et de 20 à 40 % dans les formes tardives

Endocardite infectieuse postopératoire précoce

Conséquence d'une contamination per ou péri-opératoire, le plus souvent à staphylocoques

Classiquement dans les 2 mois suivant l'intervention chirurgicale, en fait jusqu'à 1 an

Caractère aigu et bruyant

Se complique de désinsertion de la prothèse

Réintervention chirurgicale précoce en plus de l'antibiothérapie

Endocardite infectieuse tardive

Se rapproche de l'endocardite infectieuse sur valve native, avec des germes comparables

Réintervention chirurgicale souvent nécessaire

Diagnostic par les hémocultures et par l'échocardiographie transthoracique et


transœsophagienne (végétations sur la prothèse, désinsertion de prothèse avec fuite
paraprothétique, abcès, surtout au niveau de l'anneau aortique)

Il faut insister sur la prévention et le traitement indispensable de tout foyer infectieux, notamment
ORL et dentaire, chez les porteurs de prothèse

En cas de fièvre inexpliquée, réaliser systématiquement des hémocultures

Désinsertion de prothèse

Complication rare du remplacement valvulaire

Plus fréquente dans les premiers mois postopératoires, peut être secondaire au lâchage d'une ou
de plusieurs sutures sur tissus fragiles (calcification de l'anneau, sujet âgé) ou à une endocardite
infectieuse, responsables d'une fuite

Clinique variable en fonction de l'importance de la fuite et de la cause: souffle de régurgitation,


OAP, anémie hémolytique…
Diagnostic à l'échocardiographie transthoracique et transœsophagienne: fuite paraprothétique

Pronostic fonction de la cause, de l'importance de la fuite et d'une éventuelle hémolyse

Réintervention chirurgicale si endocardite infectieuse ou hémolyse importante ou fuite


importante

Dégénérescence de bioprothèse

Survient inexorablement avec les années

Mécanisme de détérioration le plus fréquent: calcification du tissu

Risque de dégénérescence d'environ 15 % à 8 ans et de 60 % à 15 ans

Responsable de sténoses et/ou de fuites valvulaires imposant la réintervention

Dégénérescence plus rapide chez les patients jeunes, en position mitrale, si grossesse et si
facteurs favorisant la calcification (hyperparathyroïdie et insuffisance rénale)

Meilleure durabilité avec les valves de dernière génération: jusqu'à 20 ans

À l'échocardiographie transthoracique: épaississement des cusps, apparition ou aggravation


d'une fuite, réduction de la surface valvulaire ou augmentation du gradient transprothétique

Traitement: remplacement valvulaire

Accidents hémorragiques des AVK (voir item 182: « Accidents des anticoagulants »)

Contexte de surdosage en AVK fréquent

Gravité variable en fonction de l'importance et de la localisation du saignement (cérébrale,


digestive, psoas…)

Rechercher une lésion organique sous-jacente

Conduite à tenir:

saignement mineur sans gravité ni surdosage: traitement hémostatique local, diminution


transitoire de la dose des AVK

saignement mineur sans gravité mais avec surdosage: traitement hémostatique local,
suspension des AVK puis diminution de la dose; éviter la vitamine K car risque de
thrombose de prothèse, à discuter si INR > 9

hémorragie majeure ou AVC hémorragique: urgence vitale; suspension des AVK et


administration de complexe prothrombique humain (Kaskadil®, Octaplex®) ou de vitamine
K (avis spécialisé), héparine dès que possible

Hémolyse

Constante, souvent infraclinique, due au traumatisme des hématies sur la prothèse

Une anémie hémolytique marquée doit faire rechercher une dysfonction de prothèse, thrombose
ou désinsertion

Haptoglobine diminuée en raison de l'hémolyse physiologique observée avec les prothèses


mécaniques en l'absence de dysfonction (haptoglobine: trop sensible)

Bien que non spécifique, l'élévation des LDH est le meilleur critère quantitatif d'hémolyse; un
taux de LDH > 2 fois la normale témoigne presque toujours d'une hémolyse pathologique

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▪ PROTHÈSES VASCULAIRES

→ GÉNÉRALITÉS

Plusieurs types de substituts utilisés en chirurgie vasculaire:

prothèses tubulaires, droites ou bifurquées: tissu synthétique, polyester,


polytétrafluoroéthylène (PTFE)

patchs, pièces de tissu (Dacron®, Gore Tex®)

greffons biologiques (artériels ou veineux, sous forme de tube ou de patch)

endoprothèses (stents), le plus souvent par cathétérisme artériel percutané

Principaux sites d'implantation: axes aorto-ilio-fémoro-poplités et artères de jambe (traitement


des artériopathies oblitérantes des membres inférieurs et des anévrismes), artères des membres
supérieurs (lignes artério-veineuses d'hémodialyse), branches viscérales de l'aorte, troncs
supra-aortiques et carotides

Nécessité de surveillance à vie, d'éducation des patients et de mesures préventives spécifiques

→ COMPLICATIONS

Complications précoces

Thrombose: tableau d'ischémie aiguë ou subaiguë ou asymptomatique en fonction de la


collatéralité
Sepsis:

contamination peropératoire le plus souvent

prévention: préparation cutanée rigoureuse, dépistage et traitement préopératoire de tous


les foyers infectieux, antibioprophylaxie peropératoire de courte durée, asepsie rigoureuse

clinique: signes généraux classiques d'infection et/ou signes locaux (tuméfaction


inflammatoire, écoulement louche ou franchement purulent…)

Rupture anastomotique:

secondaire à la fracture d'un fil d'anastomose, une déchirure artérielle ou prothétique, un


sepsis

clinique: hématome pulsatile ou hémorragie, progressive ou brutale

Complications tardives

Thrombose:

facteurs favorisants: sténoses et faux anévrismes anastomotiques, dégradation de l'axe


artériel d'amont ou du lit artériel d'aval, évolution de la maladie athéromateuse…

prévention: surveillance clinique (interrogatoire, palpation des pouls, intérêt de


l'autosurveillance, contrôle de l'index de pression systolique à la cheville), surveillance
par échographie-Doppler, traitement antiagrégant plaquettaire

tableau d'ischémie aiguë ou subaiguë ou asymptomatique en fonction de la collatéralité

Sepsis:

complication rare

infection endogène ou contamination peropératoire évoluant à bas bruit

prévention: antibioprophylaxie lors des gestes invasifs et à risque de bactériémie

clinique: signes généraux ou locaux d'infection, hémorragies digestives en cas de prothèse


aortique (fistule aorto-duodénale), hémorragies internes ou extériorisées

diagnostic:

examen clinique, bilan infectieux et inflammatoire (NFS, VS, CRP, hémocultures)

examens morphologiques (échographie-Doppler, TDM et/ou IRM) à la recherche


d'une collection périprothétique, liquidienne ou gazeuse, ± scintigraphie aux
leucocytes marqués

Faux anévrismes anastomotiques:

facteurs favorisants: mouvements excessifs dans une zone de flexion articulaire, sepsis

clinique: tuméfaction battante et expansive, symptômes liés à une compression, rupture


avec hémorragie digestive, hémorragie interne ou hématome expansif

Dégradations de matériel:

dilatation, allongement ou déchirure de prothèse

déclaration au comité de matériovigilance

Complications propres à certains substituts ou à certaines utilisations:

stents: migration, rupture, plicature, thrombose, resténose, endofuites responsables d'une


reperfusion de l'anévrisme exclu

pontages veineux: sténoses au niveau des valvules ou de dépôts athéromateux, dilatations


anévrismales

lignes artério-veineuses pour hémodialyse:

risque de sepsis, de dilatations et de faux anévrismes à cause des ponctions répétées

risque de sténoses anastomotiques, de dilatations de l'artère d'amont à cause de


l'hyperdébit

→ SURVEILLANCE AU LONG COURS

Contrôles cliniques et par échographie-Doppler:

2 fois au cours de la 1re année postopératoire

annuels durant les 2 années suivantes

puis, en l'absence d'anomalie, tous les 2 ou 3 ans

Bilan d'extension de la maladie athéromateuse

Éducation du patient: règles de prévention secondaire (sevrage du tabac, activité physique…) et


antibioprophylaxie dans les situations à risque

Surveillance renforcée et plus fréquente si pontage distal (artère de jambe ou de cheville),


pontage sur mauvais lit artériel d'aval, montage complexe, allogreffe, pontage désobstrué,
pontage dont les contrôles ont montré une anomalie

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128 AthéRome: éPidéMiologie et Physiopathologie. Le Malade PolyathéRomateux

Objectifs

Expliquer l'épidémiologie et les principaux mécanismes de la maladie athéromateuse et les


points d'impact des thérapeutiques

Préciser les localisations préférentielles et l'évolution naturelle de la maladie athéromateuse

Décrire les principes de la prise en charge au long cours d'un malade polyathéromateux

Recommandations, consensus

Haute Autorité de santé (2008): Prévention vasculaire après un infarctus cérébral ou un accident
ischémique transitoire

Haute Autorité de santé (2007): Artériopathie oblitérante des membres inférieurs

Haute Autorité de santé (2007): Maladie coronarienne

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▪ ÉPIDÉMIOLOGIE

Il s'agit de la première cause de décès dans les pays développés

En France, on dénombre environ 100 000 infarctus du myocarde et 80 000 AVC chaque année

La maladie athéromateuse est souvent révélée par un événement vasculaire aigu localisé
(infarctus du myocarde, AVC). Cependant, il ne faut pas oublier que l'athérome est une maladie
généralisée avec fréquemment des localisations vasculaires multiples. En effet, le registre
REACH a observé chez plus de 65 000 patients vasculaires les données suivantes:

25 % des coronariens présentent d'autres localisations vasculaires symptomatiques

40 % des patients ayant présenté un AVC ischémique ou un accident ischémique transitoire


sont porteurs d'autres localisations vasculaires symptomatiques

60 % des patients présentant une artériopathie oblitérante des membres inférieurs


symptomatique souffrent d'autres localisations vasculaires symptomatiques

Le développement de l'athérome est favorisé par la présence de facteurs de risque cardio-


vasculaire (voir item 129, « Facteurs de risque cardio-vasculaire et prévention »)

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▪ MÉCANISMES PHYSIOPATHOLOGIQUES

→ FORMATION DE LA PLAQUE D'ATHÉROME

Deux éléments fondamentaux de l'athérogenèse: la cholestérolémie et l'immunité (inflammation)

Pénétration et accumulation du cholestérol des LDL dans l'intima artérielle:

cholestérolémie des LDL élevée (cible: statines)

accumulation du cholestérol des LDL dans l'intima artérielle, favorisée par l'effet
mécanique de la pression artérielle (rôle délétère de l'hypertension artérielle)

oxydation in situ du cholestérol des LDL par des mécanismes enzymatiques et non
enzymatiques

Recrutement des monocytes circulants, différenciation en cellules spumeuses:

dysfonction endothéliale avec expression de molécules d'adhésion (ICAM-1, VCAM-1)

adhésion des monocytes à l'endothélium puis pénétration dans l'espace sousendothélial

transformation des monocytes en macrophages

production de cytokines pro-inflammatoires (IL-1, TNFα…) par les macrophages entraînant


une réaction inflammatoire locale, réponse coordonnée avec les lymphocytes T

expression des récepteurs « scavenger » (éboueur) à la surface des macrophages


permettant de capter les molécules de cholestérol des LDL oxydées

transformation des macrophages en cellules spumeuses

Formation de la structure de la plaque:

cœur lipidique: regroupement des lipides intra et extracellulaires en un amas

chape fibreuse ou fibromusculaire: elle entoure le cœur lipidique et le sépare de la lumière


artérielle; les cellules musculaires lisses et les protéines de la matrice extracellulaire
(collagène, élastine, protéoglycanes…) sont les principaux constituants de la chape
fibreuse; la chape joue un rôle fondamental dans la stabilité de la plaque d'athérome

→ HISTOIRE NATURELLE DE LA PLAQUE D'ATHÉROME

Progression de la plaque et remodelage compensateur:

l'accumulation de cellules spumeuses favorise l'augmentation du volume du cœur lipidique


la chape fibreuse s'épaissit grâce à la prolifération de cellules musculaires lisses et à la
synthèse de protéines de la matrice extracellulaire; incorporation également de matériel
thrombotique

l'artère s'adapte initialement à la sténose athéromateuse par un phénomène de remodelage


compensateur permettant le maintien temporaire d'un diamètre vasculaire suffisant

à terme, si la sténose devient suffisamment serrée, le patient peut présenter des symptômes
à l'effort (sténose > 50 %) ou au repos (sténose > 90 %)

Régression de la plaque d'athérome: certaines plaques d'athérome peuvent régresser


spontanément ou après un traitement prolongé par des statines

Évolution anévrismale et vasospasme:

l'activation de métalloprotéinases entraîne une désorganisation de la matrice extracellulaire


(dégradation de l'élastine) et le développement d'anévrismes au niveau de certains
segments artériels (artères coronaires, aorte thoracique ou abdominale)

la dysfonction endothéliale peut être à l'origine d'une réponse vasomotrice paradoxale sur
les cellules musculaires lisses, responsable d'un vasospasme
Représentation simplifiée de l'athérogenèse

→ RUPTURE DE LA PLAQUE D'ATHÉROME

Facteurs de rupture

Extrinsèques: poussée hypertensive, effort important

Intrinsèques:

notion de plaque vulnérable à haut risque de rupture: centre lipidique important, chape
fibreuse fine ou fragile (l'INFγ et les métalloprotéinases fragilisent la plaque, le TGFβ et
les inhibiteurs des métalloprotéinases - TIMP - stabilisent la plaque)

apoptose des cellules endothéliales ou musculaires lisses

ruptures des néovaisseaux contenus dans la plaque d'athérome: hématome intrapariétal


pouvant conduire à la rupture de plaque

infections (Chlamydia pneumoniae, CMV…): favorisent la réaction inflammatoire et la


croissance de la plaque d'athérome (données à préciser)

Rupture de plaque

La rupture ou l'érosion de la chape fibreuse met en contact direct le centre lipidique avec le sang

La rupture peut se compliquer d'une thrombose aiguë de plaque pouvant évoluer vers un état sub-
occlusif ou occlusif; ce phénomène n'est pas constant et peut être corrigé par la fibrinolyse
physiologique ou médicamenteuse (infarctus du myocarde ou AVC); les antiagrégants
plaquettaires (aspirine, clopidogrel) préviennent l'événement thrombotique

Des facteurs favorisent la thrombose: la libération de facteur tissulaire, une thrombopathie, des
troubles de la coagulation…

Le phénomène thrombotique débute par l'activation plaquettaire: libération d'adénosine


diphosphate (ADP) et de thromboxane A2 (TXA2), entraînant le recrutement plaquettaire et la
formation d'un thrombus plaquettaire; dans un second temps, l'activation des facteurs de
coagulation consolide le thrombus initial

Des ruptures de plaques concomitantes sont souvent constatées: thrombus dans deux artères
coronaires distinctes, association AVC ischémique et syndrome coronaire aigu

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▪ LOCALISATIONS PRÉFÉRENTIELLES ET ÉVOLUTION DE L'ATHÉROME


LOCALISATION ARTÉRIELLE PLAQUE SYMPTOMATIQUE RUPTURE DE PLAQUE

Coronaire Angor stable Syndrome coronaire aigu

Aorte abdominale Anévrisme Emboles périphériques

Carotide, vertébrale Accident ischémique transitoire AVC ischémique

Périphérique Artériopathie oblitérante Ischémie aiguë

Rénale Sténose d'artère rénale Thrombose d'artère rénale

Mésentérique Angor mésentérique Ischémie mésentérique

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▪ PRISE EN CHARGE DU MALADE POLYATHÉROMATEUX

→ BILAN DE LA MALADIE ATHÉROMATEUSE DIFFUSE

LOCALISATION CLINIQUE PARACLINIQUE

ECG de repos ± épreuve


d'effort, scintigraphie
Coronaire Angor, dyspnée, blockpnée, palpitations
myocardique,
coronarographie

Doppler des troncs supra-


Accident ischémique transitoire, séquelles aortiques ± Doppler
Cérébrale
d'AVC, souffle carotidien transcrânien TDM et IRM
cérébrales

Claudication intermittente Abolition d'un pouls, Doppler artériel des membres


Périphérique souffle iliaque, fémoral ou poplité Troubles inférieurs ± angio-IRM,
trophiques Index de pression systolique < 0,90 angio-TDM, angiographie

Doppler de l'aorte
Masse battante péri-ombilicale expansive en
Aorte abdominale ± angio-TDM ou
systole Souffle systolique péri-ombilical
angio-IRM aortique

Hypokaliémie, insuffisance
Hypertension artérielle résistante Souffle para-
Rénale rénale Doppler des artères
épigastrique
rénales Angio-IRM

Angio-TDM ou angio-IRM
Mésentérique Douleur et météorisme abdominal post-prandial Artériographie cœlio-
mésentérique

→ CIBLE THÉRAPEUTIQUE

Tous les patients présentant une maladie vasculaire établie doivent recevoir le traitement suivant en
l'absence de contre-indication:

règles hygiéno-diététiques: arrêt du tabac, alimentation équilibrée et adaptée en cas de diabète,


de dyslipidémie ou d'hypertension artérielle; exercice physique d'endurance régulier, perte de
poids si nécessaire

statines:

elles diminuent la concentration plasmatique du cholestérol des LDL et son accumulation


dans l'intima artérielle

exemples: atorvastatine (Tahor®), fluvastatine (Fractal®, Lescol®), pravastatine (Elisor®,


Vasten®), rosuvastatine (Crestor®), simvastatine (Lodales®, Zocor®)

antiagrégants plaquettaires:

ils diminuent le risque de thrombose en cas de rupture de plaque d'athérome en bloquant


l'activation plaquettaire

exemples: acide acétylsalicylique (Aspégic®, Kardégic®), clopidogrel (Plavix®),


dipyridamole + acide acétylsalicylique (Asasantine®), prasugrel (Efient®), ticagrelor
(Brilique®)

bloqueurs du système rénine-angiotensine:

le blocage des récepteurs de l'angiotensine I (ATI) (IEC) inhibe la synthèse de TGFβ et la


prolifération de cellules musculaires lisses

le blocage des récepteurs de l'angiotensine II (ATII) (IEC ou antagonistes des récepteurs de


l'angiotensine II - ARAII) diminue la dégénérescence des fibres élastiques et inhibe
l'apoptose des cellules de la plaque d'athérome

exemples d'IEC: énalapril (Renitec®), périndopril (Coversyl®), ramipril (Triatec®),


trandolapril (Odrik®)

exemples d'ARAII en cas d'intolérance aux IEC: candésartan (Atacand®, Kenzen®),


irbésartan (Aprovel®), losartan (Cozaar®), telmisartan (Micardis®, Pritor®), valsartan
(Nisis®, Tareg®)

contrôle des facteurs de risque cardio-vasculaire: équilibrer la glycémie, la dyslipidémie et la


pression artérielle

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129 Facteurs de Risque Cardio-Vasculaire et PréVention

Objectifs

Expliquer les facteurs de risque cardio-vasculaire et leur impact pathologique

Expliquer les modalités de la prévention primaire et secondaire des facteurs de risque cardio-
vasculaire et les stratégies individuelles et collectives

Recommandations, consensus

European Society of Cardiology / European Atherosclerosis Society (2011): Guidelines for the
management of dyslipidaemias

European Society of Cardiology (2007): Guidelines on cardiovascular disease prevention in


clinical practice

Haute Autorité de santé - Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (2006):
Traitement médicamenteux du diabète de type 2

Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (2005): Prise en charge
thérapeutique du patient dyslipidémique

Haute Autorité de santé (2005): Prise en charge des patients adultes atteints d'hypertension
artérielle essentielle

Agence nationale d'accréditation et d'évaluation en santé (2004): Méthodes d'évaluation du


risque cardio-vasculaire global

Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (2003): Stratégies thérapeutiques
médicamenteuses et non médicamenteuses de l'aide à l'arrêt du tabac

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▪ INTRODUCTION

→ DÉFINITION

État physiologique (âge, antécédents familiaux) ou pathologique (hypertension artérielle,


diabète, dyslipidémie) ou comportement (tabagisme) responsable d'une incidence accrue de
l'apparition d'une maladie cardio-vasculaire

Le facteur de risque cardio-vasculaire présente trois caractéristiques principales:

la chronologie: il précède l'apparition de la maladie cardio-vasculaire


la réversibilité: sa correction permet de prévenir l'apparition de la maladie

la corrélation: il existe une relation scientifique entre le facteur de risque et la survenue de


la maladie

Les six principaux facteurs de risque cardio-vasculaire sont l'âge, les antécédents familiaux,
l'hypertension artérielle, le tabagisme, les dyslipidémies et le diabète

→ NOTIONS DE RISQUE ABSOLU ET DE RISQUE RELATIF

Risque absolu ou global: probabilité de survenue d'un événement cardio-vasculaire pendant une
période de temps donnée (5 ans, 10 ans…) chez un patient ayant un ou plusieurs facteurs de
risque cardio-vasculaire (par exemple: un patient a 10 % de risque d'avoir une coronaropathie
dans les 5 ans au vu de ses facteurs de risque)

Le risque absolu doit être évalué par le score « SCORE » (Société européenne de cardiologie):
il prédit en pourcentage le risque de décès cardio-vasculaire à 10 ans, il faut multiplier la valeur
par 3 pour obtenir le risque d'événement cardio-vasculaire fatal ou non
Risque SCORE (Risque de maladie cardio-vasculaire mortelle à 10 ans dans les populations à
faible risque)

Les limites de SCORE sont l'absence de prise en compte du C-HDL, du diabète (multiplier la
valeur par 5 chez la femme et par 3 chez l'homme), des antécédents familiaux (multiplier la
valeur par 2), de la fonction rénale (clairance < 60 mL/min), de l'obésité abdominale et de la
sédentarité

Risque relatif: probabilité de survenue d'un événement cardio-vasculaire chez un sujet ayant un
ou plusieurs facteurs de risque cardio-vasculaire rapportée à la probabilité de survenue de ce
même événement en l'absence de ces facteurs de risque (par exemple: un patient tabagique a 5
fois plus de risque d'avoir un infarctus du myocarde qu'un non-fumeur au même âge)

Attention, le cumul des facteurs de risque est multiplicatif. Par exemple, pris séparément, le
risque relatif lié à l'hypertension artérielle est de 3 et celui lié au tabagisme est de 1,6;
l'association tabagisme + hypertension artérielle entraîne un risque relatif de 3 × 1,6 = 4,8

→ PRÉVENTION PRIMAIRE ET SECONDAIRE

La prévention primaire vise à corriger les facteurs de risque cardio-vasculaire au sein d'une
population indemne de maladie cardio-vasculaire afin d'empêcher son apparition

La prévention secondaire consiste à contrôler les facteurs de risque cardio-vasculaire chez des
patients ayant déjà une maladie cardio-vasculaire ou rénale (protéinurie > 0,5 g/24 h ou débit de
filtration glomérulaire < 60 mL/min) avérée

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▪ ÂGE

Le risque de développer une maladie cardio-vasculaire augmente avec l'âge. Les femmes sont
exposées plus tardivement en raison d'une protection hormonale jusqu'à la ménopause

Le facteur de risque cardio-vasculaire est défini par:

un âge supérieur à 50 ans chez un homme

un âge supérieur à 60 ans chez une femme

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▪ ANTÉCÉDENTS FAMILIAUX

Les antécédents familiaux suivants sont considérés comme des facteurs de risque cardio-vasculaire:

infarctus du myocarde ou mort subite avant 55 ans chez le père ou chez un parent du 1er degré de
sexe masculin

infarctus du myocarde ou mort subite avant 65 ans chez la mère ou chez un parent du 1er degré de
sexe féminin

AVC avant 45 ans chez un parent du 1er degré

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▪ HYPERTENSION ARTÉRIELLE (voir item 130, « Hypertension artérielle de l'adulte »)

Une hypertension artérielle permanente, traitée ou non traitée, est un facteur de risque cardio-
vasculaire

Les valeurs retenues pour définir l'HTA sont:

PA systolique ≥ 140 mmHg et/ou PA diastolique ≥ 90 mmHg

PA systolique ≥ 130 mmHg et/ou PA diastolique ≥ 80 mmHg chez le diabétique

Le risque relatif est de 8 pour les AVC et de 3 pour les coronaropathies et pour l'artériopathie
oblitérante des membres inférieurs (AOMI)

La pression artérielle présente une relation continue avec le risque cardio-vasculaire, et ce dès
115/75 mmHg

Avant 55 ans, la pression artérielle systolique et la pression artérielle diastolique sont corrélées
toutes les deux au risque d'événement cardio-vasculaire

Après 55 ans, le risque cardio-vasculaire est davantage corrélé à la pression pulsée (pression
artérielle systolique - pression artérielle diastolique), sans qu'un seuil soit clairement défini
(50-55 mmHg?)

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▪ TABAGISME

Un tabagisme actuel ou arrêté depuis moins de 3 ans est considéré comme un facteur de risque
cardio-vasculaire.

→ PHYSIOPATHOLOGIE

Le tabac entraîne:

une accélération du développement des lésions athéromateuses

une anomalie de la vasomotricité

une augmentation de l'activation plaquettaire

une augmentation de la pression artérielle et de la fréquence cardiaque via la nicotine

une baisse de la cholestérolémie des HDL (C-HDL)

Le risque relatif est:


de 3 pour la survenue d'une coronaropathie et de 5 pour l'infarctus du myocarde

de 2, voire plus pour l'apparition d'une AOMI

de 1,5 pour la survenue d'un AVC

Les effets bénéfiques de l'arrêt du tabagisme sont rapides:

en prévention primaire, après 3 ans de sevrage, le risque coronaire rejoint celui des non-
fumeurs

en prévention secondaire, le risque d'infarctus du myocarde ou de décès diminue de 50 %

À noter que le tabagisme passif est également associé à une augmentation du risque cardio-
vasculaire

→ ÉVALUATION DE LA DÉPENDANCE AU TABAC PAR LE TEST DE FAGERSTRÖM

Combien de temps après votre réveil fumez-vous votre première cigarette?

- dans les 5 premières minutes: 3

- entre 6 et 30 minutes: 2

- entre 31 et 60 minutes: 1

- après 60 minutes: 0

Trouvez-vous difficile de vous abstenir de fumer dans les endroits où c'est interdit?

- oui: 1

- non: 0

À quelle cigarette de la journée vous sera-t-il plus difficile de renoncer?

- la première le matin: 1
- n'importe quelle autre: 0

Combien de cigarettes fumez-vous par jour?

- 10 ou moins: 0

- 11 à 20: 1

- 21 à 30: 2

- 31 ou plus: 3

Fumez-vous à un rythme plus soutenu le matin que l'après-midi?

- oui: 1

non: 0

Fumez-vous lorsque vous êtes malade et que vous devez rester au lit presque toute la journée?

- oui: 1

non: 0

Total sur 10 points

→ AIDE AU SEVRAGE TABAGIQUE

Traitement nicotinique de substitution:

multiplie par 2 le taux d'abstinence à 6 mois

formes galéniques: gommes à mâcher, patchs, pastilles, inhaleur


durée de 6 semaines à 6 mois avec diminution progressive

Bupropion LP (Zyban®):

inhibiteur de la recapture de la sérotonine et de la noradrénaline au niveau du système


nerveux central

efficacité légèrement supérieure à celle des substituts nicotiniques

l'association des deux n'apporte pas de bénéfice

durée du traitement: 8 semaines

Varénicline (Champix®)

agoniste partiel des récepteurs nicotiniques

efficacité supérieure à celle du bupropion

durée du traitement: 12 semaines

Thérapies cognitivo-comportementales:

multiplient par 2 le taux d'abstinence à 6 mois

augmentent le succès du sevrage en association au traitement pharmacologique

→ INDICATIONS SELON LES RÉSULTATS AU TEST DE FAGERSTRÖM

0-4 points: pas ou peu de dépendance. Sevrage sans traitement ou substitut nicotinique

5-6 points: dépendance moyenne. Aide d'un professionnel de santé et substitut nicotinique

≥ 7 points: dépendance forte. Aide médicalisée spécialisée et substitut nicotinique ou bupropion


ou varénicline

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▪ DYSLIPIDÉMIE (voir item 129bis, « Dyslipidémies »)

Les valeurs biologiques suivantes correspondent à un facteur de risque cardiovasculaire:

cholestérolémie des LDL (C-LDL) ≥ 1,60 g/L (4,1 mmol/L)

C-HDL ≤ 0,40 g/L (1 mmol/L), quel que soit le sexe

Une C-HDL ≥ 0,60 g/L est considérée comme un facteur protecteur


La dyslipidémie entraîne une incidence accrue de l'ensemble des maladies cardio-vasculaires et
notamment d'une coronaropathie

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▪ DIABÈTE (voir « Diabète sucré de type 1 et 2 de l'enfant et de l'adulte », item 233, Gynécologie
- Endocrinologie - Nutrition)

Le diabète est un facteur de risque cardio-vasculaire majeur

Sa définition est biologique:

glycémie à jeun > 1,26 g/L (7 mmol/L) contrôlée à deux reprises

glycémie > 2 g/L (11 mmol/L) indépendamment de l'heure du prélèvement, associée à des
signes cliniques de diabète (amaigrissement, polyurie, polydipsie)

Les conséquences du diabète sont de deux types:

microvasculaires: rétinopathie, néphropathie

macrovasculaires: coronaropathie, AOMI, AVC

Le risque cardio-vasculaire est majoré lors de l'association du diabète à une néphropathie (débit
de filtration glomérulaire < 60 mL/min ou protéinurie > 0,3 g/24 h)

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▪ AUTRES FACTEURS À PRENDRE EN COMPTE

Obésité abdominale: périmètre abdominal > 102 cm chez l'homme et > 88 cm chez la femme
(fréquemment associée à l'hypertension artérielle, la dyslipidémie et au diabète)

Fonction rénale: une clairance < 60 mL/min est considérée comme à très haut risque cardio-
vasculaire

Sédentarité: absence d'activité physique régulière

Consommation excessive d'alcool: plus de 3 verres de vin par jour chez l'homme et plus de 2
verres par jour chez la femme

Atteinte des organes cibles (voir item 130, « Hypertension artérielle de l'adulte »)

Maladies inflammatoires chroniques: lupus, polyarthrite rhumatoïde, psoriasis


Biomarqueurs: CRP ultrasensible, fibrinogène, homocystéine…

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▪ RISQUE CARDIO-VASCULAIRE GLOBAL

Les recommandations européennes proposent quatre niveaux de risque

Très haut risque: maladie coronaire ou vasculaire (AVC ischémique, artériopathie oblitérante
des membres inférieurs) avérée, diabète de type 1 ou 2 avec microalbuminurie, maladie rénale
chronique avec clairance < 60 mL/min, risque SCORE ≥ 10 %

Haut risque: hypertension artérielle sévère, dyslipidémie familiale, risque SCORE entre 5 % et
10 %

Risque modéré: hérédité cardio-vasculaire, obésité abdominale, risque SCORE entre 1 % et 5


%

Risque faible: risque SCORE < 1 %

SYNDROME MÉTABOLIQUE

Il correspond à un profil métabolique d'insulinorésistance et expose à un risque cardio-


vasculaire élevé

Il se définit par la présence chez un sujet d'au moins trois des cinq facteurs suivants:

obésité abdominale: tour de taille > 102 cm chez l'homme, > 88 cm chez la femme

triglycérides > 1,5 g/L

C-HDL < 0,4 g/L chez l'homme, < 0,5 g/L chez la femme

pression artérielle ≥ 130/85 mmHg

glycémie à jeun ≥ 1,10 g/L

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▪ PRÉVENTION

→ PRÉVENTION COLLECTIVE

Information par les médias: campagnes publicitaires (tabagisme, alimentation, obésité)


Information, par les professionnels de santé, des patients et de leur entourage

Correspond à une éducation de la population

→ PRÉVENTION INDIVIDUELLE

Elle s'adapte à chaque patient dans le cadre d'une prévention primaire ou secondaire

Elle consiste à contrôler les facteurs de risque cardio-vasculaire modifiables:

tabagisme (aide au sevrage)

dyslipidémie (régime pauvre en acides gras saturés et cholestérol au profit des acides gras
insaturés et notamment les oméga-3, utilisation d'hypolipémiants si besoin)

hypertension artérielle (régime pauvre en sel, consommation modérée d'alcool,


antihypertenseurs)

diabète (régime pauvre en aliments à index glycémique élevé, antidiabétiques oraux,


insuline)

obésité (régime hypocalorique, activité physique régulière)

En prévention secondaire après accident coronaire, AVC ou AOMI, un traitement spécifique est
nécessaire par antiagrégants plaquettaires, IEC et statines; dans les coronaropathies,
bêtabloquants en plus

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130 Hypertension ArtéRielle de L'Adulte

Objectifs

Expliquer l'épidémiologie, les principales causes et l'histoire naturelle de l'hypertension


artérielle de l'adulte

Réaliser le bilan de l'hypertension artérielle de l'adulte

Argumenter l'attitude thérapeutique et planifier le suivi du patient

Décrire les principes de la prise en charge au long cours

Recommandations, consensus

European Society of Hypertension / European Society of Cardiology (2007): Guidelines for the
management of arterial hypertension

Haute Autorité de santé (2005): Prise en charge des patients adultes atteints d'hypertension
artérielle essentielle

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▪ DÉFINITION, RECOMMANDATIONS POUR LA MESURE ET CLASSIFICATION

→ DÉFINITION

Pression artérielle systolique (PAS) ≥ 140 mmHg et/ou pression artérielle diastolique (PAD) ≥ 90
mmHg confirmée(s) à plusieurs reprises pendant une période de 3 à 6 mois (trois consultations avec
deux mesures à chaque fois).

→ RECOMMANDATIONS POUR LA MESURE DE LA PA

Patient assis ou allongé depuis plusieurs minutes au calme

Brassard situé au niveau du cœur et adapté à la morphologie du patient

Mesures aux deux bras lors de la 1re consultation, puis garder la plus élevée comme référence

Réaliser au moins deux mesures à 1 ou 2 minutes d'intervalle

Rechercher une hypotension orthostatique à 1 et 5 minutes (diabétique et personne âgée +++)

→ CLASSIFICATION
CATÉGORIE PAS (mmHg) PAD (mmHg)

PA optimale < 120 et < 80

PA normale 120-129 et/ou 80-84

PA normale haute 130-139 et/ou 85-89

HTA grade 1 140-159 et/ou 90-99

HTA grade 2 160-179 et/ou 100-109

HTA grade 3 ≥ 180 et/ou ≥ 110

HTA systolique isolée ≥ 140 et ≤ 90

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▪ ÉPIDÉMIOLOGIE

8 millions de patients atteints d'hypertension artérielle (HTA) en France

La prévalence augmente avec l'âge (un tiers des sujets âgés de plus de 50 ans sont hypertendus)

La PA présente une relation continue avec le risque cardio-vasculaire, et ce dès 115/75 mmHg

Avant 55 ans, la PAS et la PAD sont corrélées toutes les deux au risque d'un événement cardio-
vasculaire

Après 55 ans, le risque cardio-vasculaire est davantage corrélé à la pression pulsée (PAS -
PAD) sans qu'un seuil soit clairement défini (50-55 mmHg)

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▪ PHYSIOPATHOLOGIE

PA = débit cardiaque × résistances vasculaires systémiques


Débit cardiaque = fréquence cardiaque × volume d'éjection systolique

Lors d'un effort, l'élévation de la PA est physiologique. Elle est secondaire à l'augmentation du
débit cardiaque, en relation avec l'élévation de la fréquence cardiaque et du volume d'éjection
systolique

L'élévation inappropriée des résistances vasculaires systémiques est le plus souvent en cause
dans la genèse de l'HTA

La régulation des résistances vasculaires périphériques dépend de plusieurs mécanismes:

la stimulation sympathique

le système rénine-angiotensine-aldostérone

la fonction rénale

les hormones (glucocorticoïdes, œstrogènes…)

l'obésité

l'alimentation

Les reins sont au centre de la régulation de la PA. D'une part, ils contrôlent la volémie par
l'intermédiaire de la natriurèse. D'autre part, ils interviennent dans la régulation des résistances
vasculaires systémiques par l'intermédiaire du système rénine-angiotensine

L'HTA entraîne à long terme un retentissement cardio-vasculaire sur les organes cibles:

cardiaque: hypertrophie du ventricule gauche par adaptation à l'élévation de la post-charge,


dilatation de l'oreillette gauche favorisant l'apparition d'une fibrillation atriale

athérosclérose: coronaropathie, artériopathie oblitérante des membres inférieurs, sténose


carotidienne, AVC ischémique

artériolosclérose: rétinopathie hypertensive, néphroangiosclérose, démence vasculaire

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▪ ÉTIOLOGIE

HTA essentielle: 95 % des cas

HTA secondaires:

néphropathies parenchymateuses (+++): glomérulopathies, tubulopathies, polykystose


rénale…

néphropathie vasculaire (+ +): sténose de l'artère rénale, microangiopathie thrombotique,


syndrome des antiphospholipides

endocriniennes: hyperaldostéronisme primaire, phéochromocytome, syndrome de Cushing,


acromégalie, hyperthyroïdie, hyperparathyroïdie

vasculaire: coarctation de l'aorte, insuffisance aortique, fistule, maladie de Paget…

syndrome d'apnée du sommeil

alimentaires et toxiques: sel, alcool, réglisse, amphétamines, cocaïne, érythropoïétine,


AINS, ciclosporine, corticoïdes, œstroprogestatifs, sympathomimétiques, tacrolimus

STÉNOSE DE L'ARTÈRE RÉNALE

Dans 75 % des cas: d'origine athéromateuse chez un patient polyvasculaire; dans 25 % des cas:
dysplasie fibromusculaire de la média (femme jeune)

Signes d'appel: hypokaliémie < 3,5 mmol/L en l'absence de traitement modifiant la kaliémie
(IEC, antialdostérone…), prélèvement sans garrot; altération de la fonction rénale spontanée ou
après introduction d'un IEC ou d'un antagoniste des récepteurs de l'angiotensine II (ARAII);
HTA sévère, résistante, maligne ou accélérée; souffle para-ombilical; hypotrophie rénale à
l'échographie

Profil hormonal d'hyperaldostéronisme secondaire: rénine et aldostérone élevées

Diagnostic par Doppler des artères rénales (1re intention), angio-IRM (débit de filtration
glomérulaire > 30 mL/min), angio-TDM (débit de filtration glomérulaire > 60 mL/min)

En cas de doute persistant, artériographie rénale; pas de place pour les prélèvements veineux
étagés et la scintigraphie au captopril

Revascularisation par angioplastie avec implantation d'une endoprothèse (stent) en cas de


dysplasie de la média

Revascularisation par angioplastie avec implantation d'un stent en cas d'athérome si sténose >
60 % symptomatique (HTA), insuffisance rénale (rein ischémique), OAP ou insuffisance
cardiaque avec fraction d'éjection du ventricule gauche conservée

Traitement antihypertenseur pouvant être efficace: IEC/ARAII (sauf sténose des artères rénales
bilatérale), inhibiteurs calciques

HYPERALDOSTÉRONISME PRIMAIRE

Dans 70 % des cas: hyperplasie bilatérale des surrénales; dans 30 % des cas: adénome de Conn,
carcinome surrénal…

Signe d'appel: hypokaliémie (+++) (myalgies, faiblesse musculaire, constipation, polyurie)

Dosages de rénine et d'aldostérone plasmatiques en conditions standardisées (milieu spécialisé;


arrêt des IEC et des antialdostérone depuis 4 semaines au moins, arrêt des diurétiques depuis 1
semaine au moins): rénine basse, aldostérone haute

TDM centrée sur les surrénales à la recherche d'un adénome ou d'une hyperplasie

En cas de doute persistant, prélèvements hormonaux veineux étagés (veines rénales et


surrénaliennes, veine cave inférieure)

Si hyperplasie, traitement médical par spironolactone

Si adénome, traitement chirurgical à discuter

Surveillance stricte de la kaliémie

PHÉOCHROMOCYTOME

HTA permanente ou paroxystique

Tumeur sécrétant des catécholamines, localisation surrénale (+++) ou chaîne ganglionnaire


sympathique

Triade de Ménard: céphalées, sueurs et palpitations

Dépistage par dosage des dérivés méthoxylés et des catécholamines plasmatiques

Si dosage positif, TDM abdominale pour rechercher la tumeur

Bilan d'extension par scintigraphie à la méta-iodobenzylguanidine (MIBG): métastases ou


localisations extrasurrénales

Association possible avec la néoplasie endocrinienne multiple de type 2, le syndrome de Von


Hippel-Lindau et la neurofibromatose de type 1

Stabilisation tensionnelle par labétalol (alpha et bêtabloquant) puis chirurgie rapide (au cours
de la même hospitalisation)

Surveillance à vie car risque de récidive

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▪ CLINIQUE
→ INTERROGATOIRE

Ancienneté de l'HTA et valeurs de PA antérieures

Recherche d'une HTA secondaire:

maladie rénale familiale (polykystose rénale), infections urinaires, hématurie, antalgiques


au long cours (néphropathies tubulo-interstitielles)

traitement en cours, toxicomanie, consommation de sel et d'alcool

sueurs, céphalées, anxiété, palpitations (phéochromocytome)

faiblesse musculaire, tétanie (hypokaliémie en faveur d'un hyperaldostéronisme)

ronflements, somnolence diurne, asthénie, pauses respiratoires nocturnes (apnée du


sommeil)

Évaluation du risque cardio-vasculaire:

antécédents personnels et familiaux de maladie cardio-vasculaire

diabète, dyslipidémie, tabagisme, surcharge pondérale, activité physique

Symptômes en faveur d'une atteinte des organes cibles (AOC):

cérébrale: céphalées, vertiges, troubles visuels, amaurose

cardiaque: palpitations, angor, dyspnée, œdèmes des membres inférieurs (signes


d'insuffisance cardiaque)

rénale: soif, polyurie, nycturie

vasculaire: claudication intermittente, extrémités froides

Traitement antihypertenseur entrepris: classe médicamenteuse, efficacité, tolérance…

→ SIGNES CLINIQUES SUGGESTIFS D'UNE HTA SECONDAIRE

Syndrome de Cushing, neurofibrome (phéochromocytome)

Contact lombaire (polykystose rénale)

Souffle para-ombilical (sténose de l'artère rénale)

Souffle précordial: coarctation, insuffisance aortique

Diminution des pouls fémoraux, PA diminuée aux membres inférieurs (coarctation)


→ SIGNES SUGGESTIFS D'UNE AOC

Souffle vasculaire, abolition ou asymétrie des pouls, lésions cutanées d'origine vasculaire

Rétinopathie hypertensive au fond d'œil

Déviation du choc de pointe, trouble du rythme cardiaque, galop, crépitants pulmonaires,


œdèmes des membres inférieurs

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▪ PARACLINIQUE

→ EXAMENS SYSTÉMATIQUES (BILAN DE L'OMS)

Kaliémie, créatininémie avec estimation de la fonction rénale: formules de MDRD


(Modification of Diet in Renal Disease) ou de Cockcroft et Gault

Bandelette urinaire

Hémoglobine, hématocrite

Glycémie à jeun, cholestérolémie totale, des HDL et des LDL, triglycéridémie, uricémie

ECG de repos

→ EXAMENS CONSEILLÉS EN CAS DE RISQUE CARDIO-VASCULAIRE ÉLEVÉ

Échocardiographie transthoracique (calcul de la masse ventriculaire gauche)

Doppler des troncs supra-aortiques (mesure de l'épaisseur intima-média)

Index de pression systolique (PA cheville/PA humérale au Doppler)

Fond d'œil

Automesure tensionnelle, mesure ambulatoire de la PA

Mesure de la vitesse de l'onde de pouls

Microalbuminurie

→ EXAMENS POUSSÉS EN CAS DE SUSPICION D'HTA SECONDAIRE

Dosages hormonaux plasmatiques (rénine, aldostérone, dérivés méthoxylés, catécholamines…)

Dosages hormonaux urinaires (cortisol…)


Doppler des artères rénales, échographie rénale, TDM des surrénales…

ATTEINTES INFRACLINIQUES DES ORGANES CIBLES

Hypertrophie du ventricule gauche électrique (Sokolow > 3,8 mV) ou échographique (index de
masse ventriculaire gauche > 125 g/m2 chez l'homme et > 115 g/m2 chez la femme)

Sténose carotidienne > 50 % ou épaisseur intima-média carotide primitive > 0,9 mm

Vitesse de l'onde de pouls carotidofémorale > 12 m/s (rigidité aortique)

Microalbuminurie ou altération de la fonction rénale < 60 mL/min

Index de pression systolique < 0,9: artériopathie oblitérante des membres inférieurs

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▪ TRAITEMENT

La prise en charge dépend du niveau tensionnel et du risque cardio-vasculaire qui prend en compte:

les facteurs de risque cardio-vasculaire (FDRCV)

la présence d'une maladie cardio-vasculaire ou rénale

les atteintes infracliniques des organes cibles (AOC)

HTA GRADE 1 HTA GRADE 2 HTA GRADE 3

RHD 1 à 3 mois RHD associées à


RHD 6 mois puis
0 FDRCV puis traitement si un traitement
traitement si besoin
besoin d'emblée

RHD 1 à 3 mois RHD 1 à 3 mois RHD associées à


1 ou 2 FDRCV puis traitement si puis traitement si un traitement
besoin besoin d'emblée

≥ 3 FDRCV ou AOC ou diabète ou RHD associées à


RHD associées à un RHD associées à un
maladie cardio-vasculaire ou rénale un traitement
traitement d'emblée traitement d'emblée
établie d'emblée
RHD: règles hygiéno-diététiques

→ RÈGLES HYGIÉNO-DIÉTÉTIQUES (RHD)

Arrêt du tabac, réduction pondérale si besoin, diminution de la consommation d'alcool (< 30 g/j
chez l'homme et < 20 g/j chez la femme), exercice physique régulier d'endurance

Apport sodé limité à 5-6 g/j de NaCl, privilégier les fruits et légumes

→ TRAITEMENT MÉDICAMENTEUX

Cinq classes thérapeutiques sont recommandées en première intention dans l'HTA: diurétiques
thiazidiques, bloqueurs du système rénine-angiotensinealdostérone (IEC et ARAII), inhibiteurs
calciques et bêtabloquants

Le traitement est débuté par une monothérapie ou une association fixe faiblement dosée. La
monothérapie est rarement suffisante pour obtenir la valeur cible de PA:

< 140/90 mmHg

< 130/80 mmHg en cas de diabète ou d'insuffisance rénale

en cas de protéinurie, la cible de protéinurie doit être inférieure à 0,5 g/24 h

Après 1 mois de traitement, il faut évaluer l'efficacité et la tolérance du traitement. En cas


d'effets secondaires, on change de classe thérapeutique. Si le traitement est bien toléré et la
valeur cible non atteinte, on peut choisir d'augmenter la dose ou de passer à une bithérapie. En
cas de recours à une trithérapie antihypertensive, il faut utiliser un diurétique

Différentes classes médicamenteuses

À PRIVILÉGIER EN EFFETS
CLASSE CONTRE-INDICATIONS
CAS DE… SECONDAIRES

Asthme, bloc atrioventriculaire, Asthénie,


Infarctus du myocarde,
BPCO, artériopathie oblitérante Raynaud,
Bêtabloquants insuffisance cardiaque,
des membres inférieurs au stade 3 impuissance,
angor
ou 4 cauchemars

Infarctus du myocarde,
Toux, œdème
insuffisance cardiaque, Sténose bilatérale des artères
IEC angioneurotique,
maladie rénale ou rénales, hyperkaliémie
hyperkaliémie
vasculaire, diabète

Infarctus du myocarde,
insuffisance cardiaque, Sténose bilatérale des artères
ARAII Hyperkaliémie
maladie rénale ou rénales, hyperkaliémie
vasculaire, diabète

Asthénie,
Diurétique Personnes âgées, sujets de
Goutte impuissance,
thiazidique race noire
goutte

œ;dème des
Inhibiteur membres
Personnes âgées, angor
calcique inférieurs,
céphalées, flush

Associations à privilégier:

un bloqueur du système rénine-angiotensine-aldostérone (IEC/ARAII) avec un inhibiteur


calcique ou un diurétique thiazidique

un bêtabloquant avec un inhibiteur calcique (sauf diltiazem et vérapamil: risque de


bradycardie)

Il faut éviter l'association d'un bêtabloquant avec un diurétique thiazidique chez les patients à
risque de développer un trouble du métabolisme glucidolipidique

En cas d'insuffisance rénale ou cardiaque, on remplace le diurétique thiazidique par un


diurétique de l'anse

Si la PA n'est pas à la cible malgré les RHD et trois médicaments à dose optimale dont un
diurétique, il s'agit d'une HTA résistante dont les causes sont:

mauvaise observance, alcoolisme, cocaïne, corticoïdes, AINS

HTA secondaire

Diagnostics différentiels de l'HTA résistante: HTA « blouse blanche » (intérêt de la mesure


ambulatoire de la PA ou de l'automesure), brassard mal adapté et pseudo-HTA (rigidité
artérielle extrême empêchant une mesure fiable)

HTA MALIGNE
PAD > 130 mmHg, responsable d'un retentissement viscéral

Rétinopathie hypertensive (hémorragies, œdème papillaire): flou visuel, baisse de l'acuité


visuelle

Néphroangiosclérose maligne: insuffisance rénale rapidement progressive

Encéphalopathie hypertensive (hypertension intracrânienne par œdème cérébral): céphalées


intenses, crise comitiale, troubles de conscience

Insuffisance cardiaque: élévation de la post-charge associée à une rétention hydrosodée si


insuffisance rénale rapidement progressive

Dissection aortique: douleur thoracique intense

Urgence vitale: hospitalisation en unité de soins intensifs cardiologiques pour surveillance


rapprochée, antihypertenseurs en IV (par exemple, nicardipine: Loxen®), traitement
symptomatique, recherche d'une cause d'HTA secondaire même s'il s'agit le plus souvent d'une
HTA essentielle

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▪ SUIVI

Période d'ajustement thérapeutique: consultation mensuelle

Contrôle tensionnel obtenu: consultation tous les 3 à 6 mois

En l'absence d'anomalie initiale, il faut réaliser:

tous les ans: bandelette urinaire, kaliémie, créatininémie

tous les 3 ans: glycémie à jeun, exploration anomalie lipidique, ECG

En présence d'une AOC, on fait tout au plus 1 fois par an une échocardiographie transthoracique
et un Doppler des troncs supra-aortiques

Pour améliorer l'observance: expliquer régulièrement les bénéfices attendus du traitement,


privilégier les associations médicamenteuses en une prise, accorder son attention aux effets
secondaires et former le patient à l'automesure

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131 ArtéRiopathie OblitéRante de L'Aorte et des Membres InféRieurs. AnéVrismes

Objectifs

Diagnostiquer une artériopathie oblitérante de l'aorte et des membres inférieurs

Diagnostiquer un anévrisme de l'aorte et des artères périphériques

Identifier les situations d'urgence et planifier leur prise en charge

Argumenter l'attitude thérapeutique et planifier le suivi du patient

Décrire les principes de la prise en charge au long cours

Recommandations, consensus

European Society of Cardiology (2011): Guidelines on the diagnosis and treatment of peripheral
artery diseases

Haute Autorité de santé (2007): Artériopathie oblitérante des membres inférieurs

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▪ ARTÉRIOPATHIE OBLITÉRANTE DES MEMBRES INFÉRIEURS (AOMI)

→ DÉFINITION

Rétrécissement du calibre des artères irriguant les membres inférieurs, se traduisant par une
chute de pression, avec index de pression systolique < 0,9 (IPS: rapport pression artérielle
systolique à la cheville sur pression artérielle systolique humérale mesurée à l'aide d'une sonde
Doppler)

Ischémie d'effort avec ou sans signe clinique (IPS < 0,9): risque cardio-vasculaire

Ischémie permanente chronique ou aiguë (voir item 208, « Ischémie aiguë des membres »):
risque local

Prévalence au-delà de 70 ans: environ 10 % des femmes et 18 % des hommes

→ ANATOMIE
Vascularisation artérielle des membres inférieurs

→ PHYSIOPATHOLOGIE

Réduction du calibre artériel le plus souvent liée au développement de l'athérome, entraînant une
ischémie d'effort puis de repos

Favorise un métabolisme anaérobie avec accumulation de lactates et douleurs musculaires

L'hypoxie chronique favorise le développement d'un réseau de suppléance, parfois insuffisant,


entraînant des lésions tissulaires

Les deux facteurs de risque cardio-vasculaire dont le poids est le plus important dans le
développement de l'AOMI sont le tabac et le diabète

→ ÉTIOLOGIE

Athérosclérose (+++)

Médiacalcose: lésions distales calcifiantes chez le diabétique; revascularisation difficile


Causes rares: radique, maladie de Buerger, maladie de Takayasu

→ CLINIQUE

Interrogatoire

Facteurs de risque cardio-vasculaire: antécédents familiaux, hypertension artérielle, insuffisance


rénale

Maladies cardio-vasculaires, maladies de système, maladies congénitales

Ancienneté de plaie des membres inférieurs de guérison difficile (ulcère artériel)

Signes fonctionnels

Claudication intermittente:

crampe, fatigue ou douleur musculaire à l'effort, cédant rapidement au repos

la localisation oriente vers le niveau de la lésion: iliaque (fesse, cuisse), fémoropoplité


(mollet), jambier (pied)

quantifier le périmètre de marche

Douleur de repos, notamment en position couchée (stade III de Leriche et Fontaine)

Dysfonction érectile

Autres localisations athéromateuses: angor, douleurs abdominales et diarrhées post-prandiales


avec perte de poids (angor mésentérique), signes fonctionnels neurologiques transitoires
(accident ischémique transitoire)

Signes physiques

Mesures de la pression artérielle au niveau des deux membres supérieurs et des deux membres
inférieurs (recherche d'un gradient de pression ou d'une hypertension artérielle)

Abolition ou diminution d'un pouls artériel (membres supérieurs et inférieurs), recherche d'un
souffle artériel (carotidien, fémoral, poplité et périombilical)

Palpation abdominale à la recherche d'un anévrisme de l'aorte abdominale

Troubles trophiques: peau froide et pale, ulcère artériel, nécrose, dépilation

Syndrome de Leriche: oblitération de l'aorte abdominale entraînant une claudication fessière et


une impuissance

Blue toe syndrome (syndrome des orteils pourpres):


migration d'emboles de cholestérol responsable d'orteils douloureux et cyanosés et de
pétéchies

la biologie retrouve un syndrome inflammatoire associé à une hyperéosinophilie

il fait suite à un geste endovasculaire artériel ou à une chirurgie cardiovasculaire

le diagnostic de certitude repose sur la biopsie (cutanée, musculaire ou rénale) qui met en
évidence les cristaux de cholestérol

Classifications

CLASSIFICATION DE
CLASSIFICATION DE LERICHE ET FONTAINE
RUTHERFORD

Stade Asymptomatique (abolition d'un ou de plusieurs pouls Grade Catégorie


Asymptomatique
I ou IPS < 0,9) 0 0

Catégorie
Claudication faible
1

Stade Claudication intermittente IIA > 100 mètres IIB < 100 Grade Catégorie Claudication
II mètres 1 2 modérée

Catégorie
Claudication sévère
3

Stade Grade Catégorie


Douleurs de décubitus Ischémie de repos
III II 4

Stade Grade Catégorie Perte de substance


Ulcération ou gangrène
IV III 5 minime

Stade III ou IV de la classification de Leriche et Fontaine

Symptômes permanents depuis 15 jours (douleur de repos ou lésions ischémiques)

Pression artérielle systolique à la cheville < 50 mmHg si douleur de repos, < 70 mmHg si
lésions ischémiques, ou pression artérielle systolique aux orteils <30 mmHg (à utiliser en cas de
médiacalcose, notamment IPS > 1,4)

Hospitalisation en urgence en centre vasculaire pluridisciplinaire

Mesure transcutanée de la pression artérielle en oxygène (TcPO2): normale si > 50 mmHg,


ischémie sévère si < 30 mmHg

Recherche d'un contact osseux (ostéite) en cas d'ulcère artériel

Artériographie conventionnelle ou angio-TDM ou angio-IRM (pas de toxicité rénale)

Éducation, antiagrégants plaquettaires, IEC, statines

Antalgiques, nursage, prévention thrombo-embolique, soutien psychologique

Revascularisation chirurgicale ou endovasculaire (en 1re ligne)

Amputation (après mesure étagée de la TcPO2) si échec du traitement médical et risque vital
(réadaptation +++, appareillage, kinésithérapie, soins infirmiers, prise en charge psychologique)

→ PARACLINIQUE

Examens systématiques:

mesure de l'IPS avec sonde Doppler (pression artérielle systolique de l'artère tibiale
postérieure ou pédieuse divisée par pression artérielle systolique de l'artère humérale),
c'est l'examen de première intention:

si <0,9: AOMI

si compris entre 0,9 et 1,4: normal

si > 1,4: artères rigides

échographie-Doppler artérielle des membres inférieurs et de l'aorte abdominale avec


mesure de l'IPS

échographie-Doppler des troncs supra-aortiques

ECG de repos

glycémie à jeun, exploration d'une anomalie lipidique, NFS (anémie), créatininémie,


protéinurie

Si suspicion de coronaropathie: épreuve d'effort, scintigraphie myocardique, coronarographie


Si hypertension artérielle ou insuffisance rénale: recherche d'une sténose des artères rénales par
Doppler

Si décision de revascularisation: artériographie, angio-TDM (si débit de filtration glomérulaire


> 60 mL/min), angio-IRM (si débit de filtration glomérulaire > 30 mL/min)

Épreuve d'effort sur tapis de marche (3,2 km/h, pente 10 %) pour quantifier le périmètre de
marche et son amélioration après traitement

→ TRAITEMENT

Correction des facteurs de risque cardio-vasculaire: arrêt du tabac (+++), équilibre du diabète
et de la pression artérielle; information et éducation du patient: marche quotidienne de 30
minutes, objectif de pression artérielle <140/90 mmHg

Antiagrégants plaquettaires: aspirine (75 à 160 mg/j) ou clopidogrel (75 mg/j)

IEC: augmentation posologique progressive par paliers de 2 à 4 semaines (surveillance de la


pression artérielle et de la créatininémie)

Statines: cholestérolémie des LDL cible < 1 g/L, voire < 0,7 g/L si possible; en cas d'échec,
diminution du taux de LDL > 50%

Réadaptation vasculaire avec évaluation par un test de marche standardisé

Revascularisation si échec après 3 à 6 mois de traitement ou si lésion proximale menaçante ou


ischémiante:

angioplastie percutanée avec implantation d'une endoprothèse (stent):

association aspirine + clopidogrel pendant 1 mois puis monothérapie

perméabilité de 90 % à 5 ans en cas d'angioplastie iliaque

revascularisation chirurgicale: pontage prothétique en Dacron® au niveau fémoral ou


iliaque, pontage veineux au niveau poplité

Amputation si échec du traitement médical et impossibilité de revascularisation ou pronostic


vital en jeu

▶▶.............

En cas de coronaropathie, les bêtabloquants sont contre-indiqués au stade de l'ischémie chronique


permanente. Les AVK sont exceptionnellement utilisées si le réseau d'aval est très altéré.

→ ARBRES DÉCISIONNELS
Prise en charge de la claudication intermittente
Prise en charge de l'ischémie critique de membre

→ SUIVI

Objectifs du traitement: prévenir les complications cardio-vasculaires et les accidents


thrombotiques, freiner l'évolution de la maladie athéromateuse, améliorer la qualité de vie

Patient stable:

Doppler artériel des membres inférieurs à 6 mois, à 12 mois puis tous les ans

tous les ans: IPS, ECG de repos, glycémie à jeun, exploration d'une anomalie lipidique,
créatininémie, protéinurie

Doppler des troncs supra-aortiques tous les 4 ans si pas d'anomalie initiale

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▪ ANÉVRISME DE L'AORTE ABDOMINALE

→ DéFINITION

Augmentation de 50%du diamètre par rapport à celui de l'artère sus-jacente avec perte du
parallélisme des bords:

sacciforme: asymétrique, forme un sac sur un bord de l'anévrisme


fusiforme: dilatation régulière sur l'ensemble de la circonférence

Faux anévrisme: poche néoformée par extravasation de sang située autour de l'artère
(typiquement après une ponction ou un traumatisme)

Localisation la plus fréquente: sous-rénale

Risque principal: rupture de l'anévrisme

→ ÉTIOLOGIE

Athérosclérose dans 95%des cas

Infection: endocardite infectieuse (anévrismes mycotiques), bactériémie, abcès de contiguïté,


syphilis (aorte thoracique et abdominale)

Traumatisme: faux anévrisme

Inflammation: Takayasu, Horton, Behcet

Maladie congénitale: Ehlers-Danlos, Marfan, dysplasie fibromusculaire

→ PHYSIOPATHOLOGIE

Facteurs favorisants: athérome, génétique, activation des métalloprotéinases, inflammation, zone


de bifurcation (contraintes hémodynamiques)

Raréfaction des fibres élastiques de la média ne pouvant résister à la tension pariétale

Distension progressive de la paroi avec constitution de thrombus et de fibrose intra-anévrismaux

Adhérence aux organes de voisinage: veines, tube digestif, uretère…

→ CLINIQUE

Interrogatoire

Facteurs de risque cardio-vasculaire

Maladies de système, maladies congénitales, infections

Signes fonctionnels

Asymptomatique (+++), de découverte fortuite

Douleur sourde à type de pesanteur épigastrique: doit évoquer un état de prérupture

Ischémie aiguë de membre en cas d'emboles systémiques


Constipation, vomissements en cas de compression digestive

Signes physiques

Masse épigastrique ou péri-ombilicale battante et expansive en systole

Anévrisme sous-rénal si on peut placer la main entre le rebord supérieur de l'anévrisme et le


bord inférieur des côtes (signe de De Bakey)

Souffle systolique inconstant au niveau de l'anévrisme

→ PARACLINIQUE

Radiographie de l'abdomen sans préparation: peu d'intérêt, recherche de calcifications sur la


paroi anévrismale

Échographie abdominale: diagnostic, taille, limites, thrombus

Angio-TDM abdominale: examen de référence, plus précis que l'échographie pour mesurer
l'anévrisme et rechercher un thrombus; injection de produit de contraste pour limiter le thrombus
et la paroi

Angio-TDM thoracique: recherche d'une atteinte de l'aorte thoracique

Angio-IRM: pas de néphrotoxicité; ne permet pas d'identifier les calcifications

Artériographie en cas d'indication opératoire

Bilan du terrain: Doppler artériel des membres inférieurs et des troncs supraaortiques, ECG de
repos, créatininémie, exploration d'une anomalie lipidique, glycémie à jeun

Bilan préopératoire: gaz du sang, radiographie thoracique, exploration fonctionnelle respiratoire

Dans 50 % des cas, le patient présente un second anévrisme, d'où l'intérêt de réaliser un bilan de
l'ensemble du réseau artériel

→ COMPLICATIONS

Prérupture ou syndrome fissuraire: douleur sourde abdominale, dorsale ou lombaire

Rupture rétropéritonéale: rupture postérieure formant un hématome rétropéritonéal contenant


initialement l'hémorragie puis collapsus secondaire

Hémorragie intrapéritonéale: rupture antérieure avec collapsus immédiat

Rupture duodénale: douleur abdominale, hématémèse, méléna, associés à un choc hémorragique

Rupture dans la veine cave inférieure: fistule aorto-cave, insuffisance cardiaque sévère
Embolie: à partir d'un thrombus; ischémie aiguë de membre ou syndrome des orteils pourpres

Compression: cruralgie, sciatique, hydronéphrose (uretère), oedèmes des membres inférieurs


(veine cave inférieure), nausées et vomissements (duodénum)

→ TRAITEMENT

Indications: diamètre > 50 mm ou croissance rapide (> 5 mm par an), fissuration, dissection,
rupture (mortalité proche de 100 %), compression, embolies distales, thrombus intra-anévrismal
important ou lésions iliaques associées

Chirurgie: voie transpéritonéale, mise à plat-greffe de l'anévrisme, évacuation du thrombus


intra-anévrismal (prélèvements bactériologiques et anatomopathologiques), mise en place d'une
prothèse synthétique en Dacron®, geste associé à un pontage (aorto-iliaque ou aorto-fémoral)
et/ou à une réimplantation (artères rénales, mésentérique inférieure) selon les lésions associées

Endoprothèse aortique droite ou bifurquée par abord fémoral en cas de contre-indication


chirurgicale; à long terme, il existe un problème de stabilité prothétique en raison de la poursuite
de la dilatation de l'anévrisme

Particularités de l'anévrisme de l'aorte abdominale sus-rénale:

voie d'abord complexe: thoraco-phréno-laparotomie

en cas d'atteinte du tronc coeliaque et de l'artère mésentérique supérieure, il existe un


risque d'ischémie digestive et médullaire

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▪ ANÉVRISME DE L'AORTE THORACIQUE

→ DéFINITION

Perte du parallélisme des bords avec un diamètre > 35 mm ou > 2 fois le diamètre de l'aorte
adjacente.

→ CLINIQUE

Découverte fortuite sur une radiographie thoracique, une échocardiographie ou une TDM
thoracique

Douleur thoracique avec migration rachidienne évoquant une fissuration ou une dissection

Insuffisance aortique: dyspnée, souffle diastolique

Ischémie aiguë de membre (embolie)


Compression: dysphagie, dysphonie, toux, névralgie intercostale

→ PARACLINIQUE

Radiographie thoracique: élargissement du médiastin supérieur

Échocardiographie transthoracique (aorte initiale dilatée) ou transoesophagienne (permet de


visualiser l'ensemble de la crosse aortique)

TDM thoracique avec injection: définit les limites, la taille et les calcifications

Angio-IRM: en cas de contre-indication de l'injection de produit de contraste iodé

→ TRAITEMENT

Indications: diamètre > 55 mm, emboles systémiques, insuffisance aortique sévère, compression,
rupture, dissection (voir item 197, <<Douleur thoracique aiguë et chronique “)

Chirurgie:

complexe, sous circulation extracorporelle, avec implantation d'une prothèse synthétique

en cas d'insuffisance aortique associée, remplacement de la valve aortique et de l'aorte


ascendante et réimplantation des artères coronaires (intervention de Bentall)

Traitement endoluminal:

implantation par voie fémorale d'une prothèse en Dacron®

risque opératoire plus faible mais résultats moins bons

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▪ ANÉVRISME DES ARTÈRES PÉRIPHÉRIQUES

La localisation la plus fréquente se situe au niveau de l'artère poplitée

Le risque essentiel est la complication thrombo-embolique

→ CLINIQUE

Masse battante et expansive en systole au niveau inguinal ou poplité

Souffle systolique à l'auscultation

Emboles systémiques: ischémie aiguë de membre, blue toe syndrome


Rupture sous-cutanée de l'anévrisme

Compression veineuse: cedème des membres inférieurs, thrombose veineuse profonde

Compression nerveuse: paresthésies, déficit moteur

→ PARACLINIQUE

Échographie-Doppler: examen de choix pour le diagnostic

Radiographie: peut mettre en évidence des calcifications

Artériographie: réalisée dans le bilan préopératoire

→ DIAGNOSTICS DIFFÉRENTIELS

Fistule artério-veineuse (thrill, souffle systolo-diastolique)

Kyste poplité

→ TRAITEMENT

Indications: diamètre > 20 mm au niveau poplité, thrombus, embolie, compression

Chirurgie:

mise à plat de l'anévrisme et greffe, par un pontage veineux au niveau poplité et un pontage
prothétique aux étages fémoral et iliaque

exclusion de l'anévrisme à son collet, éventuellement associée à un pontage

Traitement endoluminal si le risque opératoire est trop important: stent autoexpansible

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132 Angine de Poitrine et Infarctus Myocardique

Objectifs

Diagnostiquer une angine de poitrine et un infarctus du myocarde

Identifier les situations d'urgence et planifier leur prise en charge

Argumenter l'attitude thérapeutique et planifier le suivi du patient

Décrire les principes de la prise en charge au long cours

Recommandations, consensus

European Society of Cardiology (2011): Guidelines for the management of acute coronary
syndromes in patients presenting without persistent STsegment elevation

European Society of Cardiology (2010): Guidelines on myocardial revascularization

European Society of Cardiology (2008): Management of acute myocardial infarction in patients


presenting with persistent ST-segment elevation

Haute Autorité de santé (2007): Maladie coronarienne

European Society of Cardiology (2006): Guidelines on the management of stable angina pectoris

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▪ INTRODUCTION

→ ANATOMIE

Le réseau coronaire naît de l'aorte ascendante initiale et comporte trois artères principales:

l'artère interventriculaire antérieure (IVA) et l'artère circonflexe (Cx), qui sont les branches
de division du tronc commun de la coronaire gauche

l'artère coronaire droite (CD)

La CD vascularise les cavités droites du coeur

L'IVA vascularise la partie antérieure du septum interventriculaire (artères septales), la paroi


antérieure et l'apex du ventricule gauche

La Cx vascularise la paroi latérale des cavités gauches

Si le réseau coronaire droit est dominant (deux tiers des cas), la coronaire droite se divise en
rétroventriculaire et interventriculaire postérieure, elle vascularise la partie basse du septum et
la paroi inférieure du ventricule gauche. Si le réseau coronaire gauche est dominant, c'est la Cx
qui donne la rétroventriculaire

Une atteinte tritronculaire correspond à la présence de lésions significatives sur les trois artères
principales (IVA, Cx et CD). Si une seule artère est atteinte, on parle de lésion monotronculaire.
Si deux artères sont atteintes, il s'agit d'une atteinte bitronculaire

Réseau coronaire

→ PHYSIOPATHOLOGIE

La perfusion coronaire a lieu principalement en diastole. En systole, la contraction du ventricule


gauche écrase les artères intramyocardiques

Les trois paramètres majeurs déterminant la consommation d'oxygène par le myocarde sont:

la fréquence cardiaque

la contractilité (inotropisme)

la tension pariétale du ventricule gauche: diamètre, épaisseur, précharge, postcharge

Concept d'hibernation myocardique: défaut de contractilité myocardique chronique observé dans


un territoire myocardique déterminé. Il s'agit d'un phénomène d'adaptation du myocarde
secondaire à une diminution de la perfusion coronaire. Le métabolisme basal du cardiomyocyte
est maintenu au détriment de sa fonction contractile. La revascularisation de ce territoire permet
une récupération de sa fonction contractile (notion de viabilité)

Concept de sidération myocardique: dans les suites d'un infarctus du myocarde (IDM) reperfusé
précocement, il peut exister des zones hypocontractiles récupérant une fonction mécanique
normale dans un délai de plusieurs jours à plusieurs semaines. Le traumatisme hypoxique
entraîne une sidération transitoire de la fonction contractile sans nécrose tissulaire

L'évolution des lésions coronaires est variable:

les plaques stables ont une progression lente et régulière, leur chape fibromusculaire est
épaisse et un réseau artériel de suppléance a généralement le temps de se développer; la
clinique s'exprime par un angor stable

les plaques instables ou vulnérables disposent d'une chape fibreuse fine pouvant se rompre
et entraîner une thrombose (sténose critique ou occlusion totale) sans réseau de suppléance;
le tableau clinique correspondant est le syndrome coronaire aigu (SCA) ou la mort subite

Physiopathologie

→ CORRESPONDANCE ANATOMO-ÉLECTRIQUE

ARTÈRE DÉRIVATION ECG TERRITOIRE


V1 à V3 Antéroseptal

VI à V4 Antéroseptoapical
IVA
V1à V6, DI, VL Antérieur étendu

V1 à V4, DII, DIII, VF Septal profond

IVA distale V3 à V4 Septoapical

V7 à V9 Basal ou postérieur
Coronaire droite
V3R, V4R Ventricule droit

DI, VL Latéral haut


Circonflexe/marginale
V5, V6 Latéral bas

DII, DIII, VF Inférieur

Circonflexe ou coronaire droite DII, DIII, VF, V7 à V9 Inférobasal ou inféropostérieur

DII, DIII, VF, V5, V6 Inférolatéral

Tronc commun ou tritronculaire Diffus ou VR Circonférentiel

→ PIDÉMIOLOGIE

Prévalence de la coronaropathie en France estimée entre 2 et 4 %; 120 000 IDM et 46 000 décès
par an

Mortalité hospitalière: 7 % pour les SCA avec sus-décalage de ST (SCA ST +) et 5 % pour les
SCA sans sus-décalage de ST (SCA ST -; attention: ST - ne veut pas dire “ avec sous-décalage
de ST “ mais “ sans sus-décalage de ST “)

Mortalité à 6 mois: 12 % pour les SCA ST +, 13 % pour les SCA ST -

→ PRéSENTATIONS CLINIQUES

Chronique (présence d'une ou de plusieurs sténoses coronaires stables):

angor stable

insuffisance cardiaque (séquelle d'IDM ou hibernation myocardique)

ischémie silencieuse

Aiguë (rupture de plaque d'athérome):

SCA ST +: IDM transmural (nécrose de toute l'épaisseur du myocarde)

SCA ST -, troponine +: IDM rudimentaire (nécrose d'une seule partie de l'épaisseur du


myocarde, en général l'endocarde)

SCA ST -, troponine -: angor instable

mort subite

→ ÉTIOLOGIE

Causes organiques: coronaropathies

Athérosclérose coronaire (+++) (> 90 %); rechercher les facteurs de risque cardio-vasculaire

Spasme coronaire: angor de Prinzmetal, chimiothérapie au 5-fluoro-uracile, cocaine, triptans,


dérivés ergotés

Dissection coronaire: dissection aortique, durant une coronarographie, traumatisme

Maladies inflammatoires du tissu conjonctif: Buerger, Horton, Kawasaki, lupus, périartérite


noueuse, Takayasu, Wegener

Maladie infectieuse: coronarite syphilitique, emboles septiques ou abcès comprimant la


coronaire lors d'une endocardite infectieuse

Fibrose coronaire: postradique (lymphomes de Hodgkin, cancer du sein), après transplantation


cardiaque

Atteinte congénitale: pont musculaire myocardique entourant l'artère coronaire, fistule coronaire

Syndrome ×: trouble du métabolisme aérobie intramyocardique responsable d'un angor d'effort


objectivé en l'absence de lésion coronaire et de vasospasme

Causes fonctionnelles ou extracoronaires

Diminution des apports en oxygène: anémie, tachycardie (raccourcissement de la diastole),


hypoxie, état de choc, bradycardie sévère

Augmentation des besoins: hyperthyroïdie, hypertrophie myocardique (cardiomyopathie


hypertrophique, cardiomyopathie hypertensive)

Diminution des apports et augmentation des besoins: rétrécissement aortique serré (hypertrophie
myocardique et baisse du débit cardiaque), insuffisance aortique (chute de la pression artérielle
diastolique et augmentation de l'inotropisme)

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▪ ANGOR STABLE

→ CLINIQUE

Angor:

douleur thoracique rétrosternale constrictive apparaissant à l'effort (marche…), stress,


période postprandiale, cédant au repos ou à la prise de trinitrine et durant moins de 10
minutes (généralement 2 à 3 min)

si tous ces critères sont réunis, il s'agit d'une douleur angineuse typique; en l'absence de l'un
de ces critères, on parle de douleur angineuse atypique

dans 20 % des cas, la douleur n'est pas rétrosternale et la localisation peut égarer le
diagnostic: bras gauche, xiphoïde, dos…; son apparition à l'effort est donc fondamentale

la douleur peut irradier dans les bras (gauche > droit), les épaules, le maxillaire inférieur
ou l'épigastre

l'angor est stable lorsqu'il apparaît pour des efforts d'intensité fixe sans aggravation

Quatre tableaux cliniques évoquent une progression brutale des lésions coronaires, équivalant à
un SCA:

angor crescendo: aggravation rapide des symptômes angineux

angor de novo: apparition d'un angor d'emblée sévère

angor de primodécubitus: angor au coucher, lié à l'augmentation de la précharge


angor de repos (douleur persistante ≥ 20 min)

Ischémie myocardique silencieuse: particulièrement fréquente chez les diabétiques; correspond


à une ischémie myocardique démontrée par des examens paracliniques (scintigraphie
myocardique, échographie de stress, épreuve d'effort, IRM de stress…) en l'absence d'angor

Signes fonctionnels pouvant être associés à l'angor: dyspnée, palpitations (troubles du rythme
ventriculaire ou supraventriculaire)

Certains patients décrivent une sensation de blockpnée (blocage respiratoire à l'effort); ce


symptôme a une signification équivalente à la douleur angineuse

La recherche des facteurs de risque cardio-vasculaire à l'interrogatoire est fondamentale

L'examen physique du patient angineux est souvent pauvre; il faut cependant rechercher les
éléments suivants:

une surcharge pondérale avec évaluation de l'indice de masse corporelle

une mesure de la pression artérielle à la recherche d'une éventuelle hypertension artérielle

des signes d'athérosclérose: abolition d'un pouls, souffle vasculaire

une valvulopathie permanente (rétrécissement aortique…) ou transitoire (insuffisance


mitrale lors d'une douleur angineuse évoquant une dysfonction de pilier), apparition lors
d'une crise angineuse d'un B3 (trouble de relaxation) ou d'un B4 (augmentation des
pressions de remplissage)

évaluation de la gêne fonctionnelle (classification de la Société canadienne de cardiologie):

stade I: angor pour des efforts importants et prolongés

stade II: limitation légère, angor pour un périmètre de marche supérieur à 100-200 mètres
sur le plat ou la montée de plus d'un étage

stade III: limitation marquée, angor pour un périmètre de marche inférieur à 100-200 mètres
sur le plat ou la montée d'un étage

stade IV: angor au moindre effort, voire au repos

→ PARACLINIQUE

Examens non invasifs à la recherche de l'ischémie myocardique

ECG de repos

Souvent normal, parfois signes d'ischémie permanente (ondes T négatives pointues et symétriques,
sous-décalage de ST) ou séquelles d'IDM (ondes Q).

Épreuve ou ECG d'effort

Examen de référence pour le diagnostic de l'angor stable compte tenu de sa disponibilité et de


son coût faible (sensibilité de 70 %, spécificité de 80 %)

Précautions: médecin et matériel de réanimation à proximité, risque d'IDM et de mort subite,


prise de la pression artérielle à chaque palier, ECG douze dérivations en continu

Indications: angor stable, ou diabétique présentant deux autres facteurs de risque cardio-
vasculaire (dépistage d'une ischémie silencieuse)

Modalités: sur cyclo-ergomètre ou tapis de marche, protocole de Bruce avec paliers d'intensité
progressive (augmentation de 10 à 30 W toutes les minutes): le test est maximal si la fréquence
cardiaque atteinte correspond à 85 % de la fréquence maximale théorique (220 - âge)

Interprétation:

test positif si apparition d'un sous-décalage descendant ou horizonta de ST > 1 mm (0,1


mV) ou d'un sus-décalage de ST > 1 mm; les modifications électriques peuvent être
associées à l'apparition d'une douleur angineuse; une douleur thoracique sans modification
électrique ne permet pas de se prononcer; cependant, une douleur thoracique typique isolée
est évocatrice et l'on parle d'épreuve cliniquement positive

test négatif en l'absence de modifications électriques pour une fréquence cardiaque


correspondant à 85 % de la fréquence maximale théorique

test non contributif si la fréquence cardiaque correspondant à 85 % de la fréquence


maximale théorique n'est pas atteinte

test non interprétable en présence d'éléments modifiant la repolarisation: bloc de branche


gauche, stimulateur cardiaque, hypertrophie du ventricule gauche, syndrome de
préexcitation, prise de digitalique, fibrillation atriale

test non réalisable: maladie rhumatismale des membres inférieurs, artériopathie oblitérante
des membres inférieurs

Contre-indications: IDM récent, rétrécissement aortique serré, sténose serrée du tronc commun,
hypertension artérielle non contrôlée, thrombus ventriculaire gauche, embolie pulmonaire,
cardiomyopathie obstructive, insuffisance cardiaque décompensée

Signes faisant suspecter une coronaropathie sévère (atteinte tritronculaire ou du tronc commun
gauche): chute de la pression artérielle à l'effort, sousdécalage > 2 mm ou sus-décalage de ST,
signes d'ischémie à faible charge, troubles du rythme ventriculaire

Scintigraphie myocardique de perfusion


Injection de thallium201 ou de technétium99m, perfusion associée à une épreuve d'effort physique
(cyclo-ergomètre, tapis de marche) ou pharmacologique (dipyridamole: agent vasodilatateur
coronaire)

Analyse de la perfusion au repos et à l'effort; en cas d'hypoperfusion uniquement l'effort, il s'agit


d'une ischémie; si l'hypoperfusion est déjà présente au repos, c'est une nécrose

Points positifs: permet de localiser l'ischémie et d'en apprécier l'étendue; sensibilité supérieure
à celle de l'épreuve d'effort

Points négatifs: faux positifs fréquents, coût, irradiation

Recommandée en cas d'épreuve d'effort non interprétable, non réalisable ou douteuse

Échocardiographie de stress

L'examen débute par une échocardiographie transthoracique puis se poursuit par des perfusions
à doses croissantes de dobutamine (amine inotrope et chronotrope positive); la perfusion de
dobutamine mime une épreuve d'effort et permet de visualiser l'apparition de troubles de la
cinétique segmentaire évoquant une ischémie localisée à l'effort

Avantages: plus sensible et plus spécifique que l'épreuve d'effort; localise l'ischémie; pas
d'irradiation; analyse fonctionnelle cardiaque

Inconvénients: coûteux en temps médical, irréalisable en cas de mauvaise échogénicité ou de


bloc de branche gauche

Recommandée en cas d'épreuve d'effort non interprétable, non réalisable ou douteuse

IRM de stress

Peut également être utilisée pour rechercher une ischémie.

Examens non invasifs n'explorant pas l'ischémie

échocardiographie transthoracique:

analyse de la fonction systolique segmentaire et globale

recherche d'une valvulopathie, d'une hypertrophie ventriculaire et de signes d'insuffisance


cardiaque

Holter-ECG:

recherche de troubles de repolarisation ou de troubles du rythme ventriculaire lors des


activités quotidiennes
arguments pour une ischémie silencieuse ou un angor de Prinzmetal

Coro-TDM (TDM des artères coronaires avec injection de produit de contraste iodé):

permet la visualisation des lésions coronaires et des calcifications

recommandée si les autres examens non invasifs ne sont pas contributifs et si la probabilité
de coronaropathie est faible

en cas de lésions identifiées à la coro-TDM, la coronarographie reste indispensable pour


mieux quantifier les lésions et discuter de la prise en charge thérapeutique

valeur prédictive négative élevée: permet d'éliminer une coronaropathie si l'examen est
norma

Examen invasif: coronarographie

Gold standard pour évaluer les lésions coronaires

Information du patient sur le rapport bénéfice/risque

Cathétérisme sélectif des artères coronaires par ponction d'une artère fémorale ou radiale

Quantification des lésions coronaires et discussion sur la méthode de revascularisation

Sténose significative si > 50 %, sténose serrée si > 70 % et très serrée si > 90 %

Les lésions coronaires “limites “peuvent être évaluées au cours de l'examen par des techniques
d'échographie endocoronaire (étude anatomique) ou de guide de pression (étude fonctionnelle)
pour discuter d'une revascularisation

Dans le même temps, une ventriculographie peut être réalisée pour analyser la fonction
systolique globale et segmentaire du ventricule gauche

Complications (1 à 2 %): hématome au point de ponction, fistule artérioveineuse, dissection de


l'artère fémorale ou radiale, IDM (dissection coronaire), AVC, tubulopathie aux produits de
contraste iodés, emboles de cholestérol…

Indication dans l'angor stable: quasi systématique si patient en bon état général, traitement
médical ne permettant pas de contrôler l'angor chez un patient en mauvais état général, doute
diagnostique après les examens non invasifs

La revascularisation par angioplastie percutanée peut avoir lieu au cours du même geste

Surveillance de la fonction rénale après la coronarographie: la néphropathie au produit de


contraste iodé apparaît 3 à 7 jours après l'injection d'iode. Les mesures préventives sont: arrêt
de la metformine chez les diabétiques, injecter le moins de produit de contraste iodé possible;
en cas de néphropathie, hydratation avec du sérum salé isotonique - 1 mL/kg/h 12 heures avant et
jusqu'à 24 heures après -, N-acétylcystéine - 600 à 1 200 mg/j pendant 48 heures

En vue d'un possible geste d'angioplastie, administration avant l'examen de 250 mg d'aspirine
IV, de 300 à 600 mg de clopidogrel et d'un bolus d'anticoagulant (sauf en cas d'évaluation avant
une chirurgie cardiaque, par exemple un remplacement valvulaire)

→ TRAITEMENT

La prise en charge de l'angor stable peut se faire en ambulatoire ou lors d'une hospitalisation courte si
une coronarographie est nécessaire.

Objectifs

Contrôler l'angor dans les activités de la vie quotidienne

Ralentir la progression de l'athérome

Diminuer le risque de SCA et améliorer l'espérance de vie

Prévention cardio-vasculaire secondaire

Sevrage tabagique

Contrôle d'une hypertension artérielle ou d'un diabète

Alimentation équilibrée: riche en acides gras mono et polyinsaturés, pauvre en acides gras
saturés et en cholestérol

Statines systématiques avec objectif de cholestérolémie des LDL < 1 g/L, si possible < 0,7 g/L;
si la cible n'est pas atteinte, association possible à l'ézétimibe (Ezetrol®)

Aspirine (Kardégic®) - 75 à 160 mg/j; en cas de contre-indication, clopidogrel (Plavix®)

IEC

Traitement anti-ischémique de la crise

Arrêt de l'effort, s'asseoir ou s'allonger et utiliser de la trinitrine en spray, 1 à 2 bouffées


(Isocard®, Natispray®). Effet quasi immédiat, de l'ordre de la minute. Renouveler la prise si
besoin. Risque de surdosage en trinitrine avec hypotension, voire syncope vagale

Si la douleur persiste plus de 15 minutes, appeler le 15 (SAMU): il s'agit d'un SCA jusqu'à
preuve du contraire

Traitement anti-ischémique préventif


Bêtabloquants

Traitement anti-ischémique de première intention; améliore les symptômes chez l'ensemble des
coronariens et la mortalité en cas de fraction d'éjection du ventricule gauche (FEVG) < 40 %

Antagonistes de la noradrénaline, ils permettent une diminution de la consommation d'oxygène


par le myocarde par leurs propriétés:

inotrope négative: diminution de la contractilité

chronotrope négative: bradycardie

hypotensive: baisse de la post-charge

Ils possèdent également un rôle antiarythmique, prévenant l'apparition de troubles du rythme


ventriculaire (extrasystoles ventriculaires, tachycardie ventriculaire, fibrillation ventriculaire)

Contre-indications absolues: asthme, bloc atrio-ventriculaire de haut degré (2e degré Mobitz II
et 3e degré), insuffisance cardiaque non contrôlée, artériopathie oblitérante des membres
inférieurs au stade d'ischémie chronique permanente

Contre-indications relatives: syndrome de Raynaud, BPCO, bradycardie, hypotension artérielle

Attention, les bêtabloquants masquent les signes adrénergiques d'hypoglycémie chez le


diabétique

Quelques médicaments utilisés: acébutolol (Sectral®) - 400 à 800 mg/j -, aténolol


(Ténormine®) - 50 à 100 mg/j -, bisoprolol (Detensiel®, Soprol®) - 5 à 10 mg/j -, métoprolol
(Seloken®) - 100 à 200 mg/j

La dose est adaptée à une fréquence cardiaque cible: < 60 battements par minute au repos et <
110 battements par minute à l'effort

Effets secondaires: asthénie, hypotension, syndrome de Raynaud, impuissance, bradycardie,


asthme, insomnie, cauchemars

Particularités de certains bêtabloquants:

cardiosélectivité: effet essentiellement sur les récepteurs bêta-adrénergiques cardio-


vasculaires; moins d'effets secondaires non cardio-vasculaires (aténolol, bisoprolol,
métoprolol)

activité sympathique intrinsèque: effet bradycardisant peu marqué au repos mais présent à
l'effort (acébutolol)

Dérivés nitrés, molsidomine


Effets vasodilatateurs sur le système veineux périphérique (baisse de la précharge) et sur les
artères coronaires (moindres)

Différentes galéniques: comprimés, patchs

En cas d'imprégnation 24 h/24, il existe un échappement thérapeutique en quelques jours; ils sont
donc prescrits uniquement pendant la période diurne

Médicaments utilisés: dinitrate d'isosorbide (Risordan®) - 20 à 60 mg/j -, molsidomine


(Corvasal®) - 6 à 12 mg/j

Inhibiteurs calciques

Traitement de choix de l'angor de Prinzmetal

Dihydropyridines:

effets vasodilatateurs coronaires directs et hypotenseurs par vasodilatation périphérique


(baisse de la post-charge)

effets secondaires: cedèmes des membres inférieurs, céphalées, flush

exemple: amlodipine (Amlor®) - 5 à 10 mg/j

Bradycardisants:

effets vasodilatateurs coronaires et périphériques, inotropes négatifs, chronotropes négatifs

contre-indications: dysfonction systolique du ventricule gauche, dysfonction sinusale, bloc


atrio-ventriculaire de haut degré, association aux bêtabloquants

exemples: diltiazem (Bitildiem®, Monotildiem®) - 120 à 300 mg/j -, vérapamil


(Isoptine®) - 120 à 240 mg/j

Autres traitements anti-ischémiques

Activateur des canaux potassiques:

vasodilatateur coronaire

exemple: nicorandil (Adancor®, Ikorel®) - 20 à 40 mg/j

Inhibiteur du courant If:

bradycardisant pur sans effet hypotenseur

diminue la pente de dépolarisation des canaux calciques du noeud sinusal


exemple: ivabradine (Procoralan®) - 10 à 15 mg/j

Stratégie des anti-ischémiques

En première intention: bêtabloquants

En cas d'intolérance ou de contre-indication aux bêtabloquants: inhibiteurs calciques


bradycardisants ou ivabradine

En cas de symptômes persistants malgré une dose optimale de bêtabloquants, on peut ajouter une
dihydropyridine, un activateur des canaux potassiques ou un nitré

Revascularisation myocardique

Il s'agit du traitement étiologique de la coronaropathie. Il permet d'améliorer les symptômes et de


préserver la fonction contractile du myocarde.

Angioplastie

Geste réalisé par voie percutanée au décours d'une coronarographie

Inflation d'un ballonnet sur la lésion coronaire avec implantation d'une endoprothèse métallique
(stent) permettant de maintenir l'artère ouverte

Indications: atteintes mono ou bitronculaires, atteintes tritronculaires chez un patient récusé pour
la chirurgie

Deux types de stents: nu ou actif (présence d'une substance inhibant la prolifération endothéliale
dans le stent: paclitaxel, sirolimus)

Stent actif privilégié chez les patients diabétiques, en cas de lésion longue et sur des artères
grêles de petit diamètre

Complications: thrombose aiguë de stent (< 1 %, IDM nécessitant une nouvelle angioplastie en
urgence), thrombose tardive de stent, resténose dans le stent par prolifération intimale au bout
de plusieurs mois (25 %, moins fréquente avec les stents actifs)

Traitement adjuvant: aspirine + clopidogrel pendant 1 mois si stent nu, au moins 9 mois si stent
actif; poursuivre un des deux antiagrégants à vie

Pontage aorto-coronaire

Deux types de pontages:

pontage artériel (mammaire interne), à réserver pour le réseau gauche (atteinte du tronc
commun gauche ou de l'IVA) car la durée de vie de ce pontage est plus longue que celle
d'un greffon veineux (NB: durée de vie du pontage mammaire interne gauche > mammaire
interne droit > veineux), développement de techniques de pontages “tout artériel”

pontage veineux (saphène interne)

Indications: atteintes tritronculaires ou du tronc commun, chirurgie valvulaire associée, lésions


non revascularisables par angioplastie

En cas de rétrécissement aortique avec gradient moyen compris entre 30 et 50 mmHg, il faut
associer au pontage un remplacement valvulaire aortique; en cas d'insuffisance mitrale sévère
avec FEVG > 30 %, il faut associer une chirurgie mitrale au pontage

Chirurgie “lourde “, notamment en cas de circulation extracorporelle; chirurgie à coeur battant


(sans circulation extracorporelle) en développement

Complications opératoires: elles dépendent des comorbidités

▶▶.............

On peut, pour des raisons techniques, réaliser des stratégies combinées de revascularisation associant
angioplastie et chirurgie. Par exemple: pontage mammaire interne sur IVA, pontage saphène sur
marginale du bord gauche et angioplastie de la coronaire droite proximale.

▶▶.............

Attention, la revascularisation ne dispense pas de la poursuite des règles hygiéno-diététiques et du


traitement médical. Cependant, elle permet souvent d'alléger la thérapeutique anti-ischémique.

→ SUIVI

Objectifs

Évaluer l'observance, l'efficacité et la tolérance du traitement antiangineux

S'assurer du contrôle des facteurs de risque cardio-vasculaire

élements du suivi

Consultation tous les 3 mois chez le généraliste et tous les ans chez le cardiologue

ECG de repos tous les ans

Épreuve d'effort annuelle, voire échographie de stress ou scintigraphie myocardique tous les 3
ans; si les examens non invasifs retrouvent une ischémie non documentée auparavant, il faut
discuter la réalisation d'une coronarographie

Surveillance biologique adaptée au traitement: kaliémie et créatininémie (IEC), transaminases et


cholestérolémie des LDL (statines)…
→ COMPLICATIONS

Mort subite: tachycardie ventriculaire ou fibrillation ventriculaire (80 %), IDM (20 %)

SCA: incidence de l'ordre de 5 % chez les coronariens

Insuffisance cardiaque: séquelles d'IDM, ischémie silencieuse

ISCHÉMIE SILENCIEUSE

Ischémie myocardique sans manifestation angineuse

Terrain: diabète (+++) (pas de douleur du fait de la neuropathie végétative), mais tout patient
coronarien peut présenter une ischémie silencieuse

Clinique: dyspnée révélant une insuffisance cardiaque, palpitations (troubles du rythme)

Diagnostic: mise en évidence d'une ischémie par épreuve d'effort, scintigraphie myocardique ou
échocardiographie de stress

Traitement: identique à celui de l'angor stable, à l'exception du traitement de la crise (absence


de douleur angineuse)

Intérêt du dépistage chez le diabétique à haut risque cardio-vasculaire et chez le coronarien


stable

→ EN RÉSUMÉ
Prise en charge de I'angor stable

ANGOR SPASTIQUE DE PRINZMETAL

Ischémie myocardique transitoire secondaire à une vasoconstriction coronaire importante

Clinique: douleurde repos, souvent nocturne, durant plus de 10 minutes, trinitrosensible

Complications: mort subite, IDM

ECG percritique: sus-décalage transitoire de ST, extrasystoles ventriculaires, tachycardie


ventriculaire, bloc atrio-ventriculaire

Coronarographie: présence ou non de lésions coronaires significatives mais n'expliquant pas les
symptômes au repos

Test diagnostique à la méthylergométrine (Méthergin®, n'a pas l'AMM dans cette indication):
reproduit la douleur angineuse et les signes électriques; peut être réalisé au cours d'une
coronarographie; le spasme est levé par administration de dérivés nitrés ou de trinitrine

Traitement: inhibiteurs calciques de type dihydropyridines, dérivés nitrés en plus si besoin

Efficacité du traitement contrôlée par Holter-ECG ou par test au Méthergin®


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▪ SYNDROMES CORONAIRES AIGUS

Les SCA ont un substrat physiopathologique commun correspondant à la rupture ou à l'érosion


d'une plaque d'athérome vulnérable. Cette complication aiguë évolue vers différents degrés de
thrombose coronaire et peut s'associer à l'embolisation de microthrombus dans la distalité de
l'artère coronaire

Ce phénomène entraîne une anoxie tissulaire dans le territoire d'aval responsable d'une nécrose
myocardique

Le pronostic des SCA a été largement amélioré par le développement des techniques de
revascularisation et par le raccourcissement des délais de prise en charge

Il s'agit d'une urgence thérapeutique nécessitant une hospitalisation immédiate et une


coronarographie dans un délai variable

Démarche diagnostique en cas de SCA

→ SCA ST-

Le SCA ST - regroupe plusieurs entités, de gravité variable:

SCA ST -, troponine -: lésion coronaire serrée sans nécrose myocardique


SCA ST -, troponine +: lésion coronaire serrée avec emboles en aval responsables de foyers de
nécrose, ou occlusion d'une artère de petit calibre

Clinique

La douleur comporte des caractéristiques identiques à celle de l'angor, mais son mode
d'apparition diffère:

douleur angineuse de repos > 20 minutes (80 %)

angor de novo ou crescendo de classe III de la Société canadienne de cardiologie (20 %)

Sa sensibilité à la trinitrine est inconstante. La douleur peut s'accompagner de sueurs, nausées,


douleur abdominale, dyspnée ou syncope

L'examen physique comporte:

une auscultation cardio-pulmonaire (souffle, frottement, syndrome pleural…)

une prise de la pression artérielle aux quatre membres (dissection aortique)

la recherche de signes de gravité: instabilité hémodynamique, insuffisance cardiaque


(classification de Killip)

Il faut éliminer les principaux diagnostics différentiels: embolie pulmonaire, dissection aortique,
péricardite, valvulopathie, pneumothorax, pleurésie, pneumopathie, ulcère gastro-duodénal,
oesophagite, douleur chondro-costale (voir item 197, “Douleur thoracique aiguë et chronique
“)…

CLASSIFIC ATION DE KILLIP

Classe I Absence de crépitants

Classe II Crépitants < 50 % des champs pulmonaires ou B3

Classe III Crépitants > 50 % des champs pulmonaires

Classe IV Choc cardiogénique

Paraclinique
ECG de repos 18 dérivations (standard + dérivations droites et postérieures)

Examen de première intention à réaliser dans les 10 minutes après l'arrivée du patient et à
répéter 6 heures et 24 heures plus tard. Le comparer si possible à un tracé de référence

Les anomalies pouvant être constatées (par ordre de gravité décroissante) sont les suivantes:

sous-décalage de ST > 0,5 mm dans au moins deux dérivations contiguës

ondes T négatives profondes et symétriques

ECG normal dans 5 % des cas

SCA ST - antérieur (également appelé syndrome de menace de l'IVA; par sténose serrée de l'IVA
proximale). Ondes T négatives dans le territoire antéro-septo-apico-latéral

Échocardiographie transthoracique

Recherche une hypokinésie ou une akinésie segmentaire dans le territoire des modifications
électriques: confirme le diagnostic

Évalue la FEVG et recherche des signes d'insuffisance cardiaque

Élimine certains diagnostics différentiels: péricardite, embolie pulmonaire, rétrécissement


aortique, cardiomyopathie hypertrophique

Radiographie thoracique

Réalisée de principe pour éliminer les diagnostics différentiels et rechercher des signes de surcharge
pulmonaire.

Bilan biologique standard

NFS: anémie, thrombopénie, leucocytose

Coagulation

Ionogramme sanguin

Surveillance par monitorage continu du segment ST

Permet de visualiser des épisodes ischémiques transitoires au cours de l'hospitalisation, si le


diagnostic de SCA n'est pas évident initialement.

Coronarographie

Gold standard pour évaluer la coronaropathie

Recherche de la lésion coupable: zone thrombotique occluse ou suboccluse

évaluation de l'ensemble du réseau coronaire

Discussion de la stratégie de revascularisation

Coro-TDM

Non recommandée pour l'évaluation du SCA.

IRM cardiaque

Diagnostic différentiel en cas de myocardite

Évaluation à distance de l'étendue de la nécrose et d'une viabilité myocardique

Épreuve d'effort, scintigraphie myocardique et échocardiographie de stress

En cas de SCA ST -, troponine -, en l'absence de récidive angineuse, de modification ECG et de


signes d'insuffisance cardiaque.

Dosage des marqueurs de nécrose myocardique

Troponine I ou T:

marqueur de première intention, le plus sensible et le plus spécifique

son élévation débute à la 4e heure, d'où l'intérêt d'une seconde mesure 6 à 9 heures après le
premier dosage
le dosage de la troponine ultra-sensible permet de réduire le délai de détection de nécrose
myocardique: un dosage à l'admission aux urgences et un second 3 heures plus tard

Créatine kinase et myoglobine:

moins sensibles et moins spécifiques

demi-vie plus courte que celle de la troponine

intérêt en cas de récidive angineuse après IDM (détection d'une nouvelle nécrose alors que
les dosages de troponine sont toujours positifs)

CAUSES D'ÉLÉVATION DE LA TROPONINE EN DEHORS DU SCA

Contusion myocardique: traumatisme, cardioversion, stimulateur cardiaque, biopsie


myocardique

Myocardite, myopéricardite, endocardite avec extension au myocarde

Poussée d'insuffisance cardiaque, cardiomyopathie hypertrophique, dissection aortique, embolie


pulmonaire

État de choc avec bas débit coronaire

Syndrome detakotsuboou “ballonnisation “apicale

Insuffisance rénale aiguë ou chronique

AVC, hémorragie méningée

Rhabdomyolyse, brûlures étendues

Marqueurs biologiques pronostiques dans le SCA ST -

CRP ultrasensible: élèvation corrélée à une augmentation de la morbimortalité

Brain Natriuretic Peptide (BNP) ou NT-pro-BNP: marqueur de l'insuffisance cardiaque;


élévation corrélée à une augmentation de la morbimortalité

Créatininémie avec calcul de la clairance par la formule MDRD (Modification of Diet in Renal
Disease) ou de Cockcroft et Gault: l'insuffisance rénale est un critère de mauvais pronostic

À l'issue de l'évaluation clinique et paraclinique, certaines équipes utilisent des scores de gravité
pour orienter la prise en charge et décider de l'urgence de la coronarographie (stratification du
risque). Parmi les plus utilisés, on retient les scores GRACE, TIMI et FRISC.

Stratification du risque par le score GRACE (évaluation de la mortalité)


FRéQUENCE PRESSION AUTRES
CRéATININE ÂGE
KILLIP CARDIAQUE ARTÉRIELLE FACTEURS DE
(µmol/L) (années)
(bpm) SYSTOLIQUE (mmHg) RISQUE

Stade
0-34 2 0 <40 0 <70 0 <80 63 Arrêt cardiaque 43
I

Stade Troponine
35-70 5 21 40-49 18 70-89 7 80-99 58 15
II élevée

Stade
71-105 8 43 50-59 36 90-109 13 100-119 47
III

Stade
106-140 11 64 60-69 55 110-149 23 120-139 37
IV

141-176 14 70-79 73 150-199 36 140-159 26

177-353 23 ≥80 91 >200 46 160-199 11

≥354 31 >200 0

SCORE TOTAL <96 96-112 113-133 >133

Mortalité à 30 jours 3,1 % 5,3 % 5,9 % 11,2 %

Mortalité à 1 an 4,2 % 9,6 % 11,9 % 27,2

Stratification du risque global dans le SCA ST -

Critères primaires: élévation de la troponinémie, modifications dynamiques du segment ST ou


de l'onde T
Critères secondaires: diabète, débit de filtration glomérulaire < 60 mL/min, FEVG < 40 %,
angor précoce post-IDM, angioplastie récente, antécédent de pontage aorto-coronaire, score
GRACE intermédiaire à élevé (> 108)

Thérapeutique

En urgence

Hospitalisation en unité de soins intensifs cardiologiques avec monitorage continu

Pose de deux voies veineuses périphériques

Arrêt des antidiabétiques oraux, équilibre glycémique strict par insuline

Traitement anti-ischémique:

bêtabloquants: recommandés en première intention à la phase aiguë en l'absence de contre-


indications (asthme, bloc atrio-ventriculaire de haut degré, FEVG < 40 %); voie orale le
plus souvent; fréquence cardiaque cible au repos entre 50 et 60 battements par minute

dérivés nitrés: voie IV ou per os, dose adaptée pour contrôler la douleur angineuse

inhibiteurs calciques:

dihydropyridines: en première intention si angor spastique, en association aux


bêtabloquants et aux nitrés si la douleur angineuse persiste

bradycardisants: alternative en cas de contre-indication aux bêtabloquants

Traitement antithrombotique (associe un traitement anticoagulant à deux ou trois antiagrégants


plaquettaires):

anticoagulants:

traitement à débuter dès que le diagnostic est posé

différentes options possibles: les recommandations proposent l'utilisation en première


intention du fondaparinux, en deuxième intention de l'énoxaparine et en troisième
intention de l'héparine non fractionnée (HNF) en raison du rapport bénéfice-risque de
ces différents anticoagulants

HNF: bolus en IV direct de 60 à 70 UI/kg (max: 5 000 UI) puis 12-15 UI/kg/h au
pousse-seringue électrique; vitesse adaptée pour obtenir un TCA entre 1,5 et 2,5 fois
celui du témoin (environ 50 à 70 s)

héparinede bas poids moléculaire (HBPM): bolus IV puis en sous-cutané toutes les 12
heures à dose curative; contre-indiquée en cas d'insuffisance rénale (clairance < 30
mL/min); énoxaparine (Lovenox®) - 100 UI/kg/12 h (patient de 70 kg: 0,3 mL IV puis
0,7 mL/12 h en sous-cutané); éviter les HBPM si débit de filtration glomérulaire < 60
mL/min; en l'absence d'alternative thérapeutique, surveillance de l'activité anti-Xa
pour adaptation de la posologie

inhibiteur sélectif du facteur Xa: fondaparinux (Arixtra®) en sous-cutané 2,5 mg/24 h


-; utilisable uniquement en l'absence d'angioplastie urgente (< 2 h); intérêt: absence de
thrombopénie induite par l'héparine; contreindication si débit de filtration
glomérulaire < 20 mL/min; lors de la coronarographie, un bolus d'HNF est nécessaire
en plus du fondaparinux

inhibiteur direct de la thrombine: bivalirudine (Angiox®) - bolus de 0,75 mg/kg, puis


1,75 mg/kg/h

l'HNF et les HBPM sont les plus utilisées

la durée du traitement anticoagulant varie de 2 à 8 jours; en pratique, il est arrêté à la


sortie de l'hôpital, le plus souvent 24 à 48 heures après la revascularisation

antiagrégants plaquettaires:

la double antiagrégation plaquettaire est nécessaire (aspirine associée à un inhibiteur


des récepteurs P2Y12: clopidogrel ou prasugrel ou ticagrelor) dès la prise en charge
initiale

aspirine: chez tous les patients; dose de charge de 160 à 325 mg IV, puis 75 à 100 mg
per os à vie en l'absence de contre-indication

clopidogrel (Plavix®): dose de charge de 600 mg per os, puis 75 mg/j (on peut
proposer 150 mg/j pendant 1 semaine) pendant 1 an dans tous les cas (implantation
d'un stent ou non); si la décision de pontage aorto-coronaire est prise, le clopidogrel
doit être arrêté 5 à 7 jours avant la chirurgie

prasugrel (Efient®): dose de charge de 60 mg per os, puis 10 mg/j pendant 1 an; la
coronaropathie doit être avérée avant de débuter le prasugrel; traitement contre-
indiqué en cas d'antécédent d'AVC, d'un age > 75 ans ou d'un poids inférieur à 60 kg
(risque hémorragique accru en comparaison du clopidogrel)

ticagrelor (Brilique®): dose de charge de 180 mg per os puis 90 mg/j pendant 1 an;
l'AMM française n'est pas encore disponible mais les recommandations le placent
comme l'inhibiteur des récepteurs P2Y12 de première intention

l'arrêt de la double antiagrégation plaquettaire est déconseillé durant les 12 premiers


mois sauf en cas de risque hémorragique

anti-G PIIb-IIIa: blocage des liaisons entre les plaquettes activées; recommandés en
association avec le clopidogrel, l'aspirine et l'HNF dans le cadre du SCA ST - à haut
risque (élévation de la troponine, diabète, sous-décalage de ST) pour lequel une
coronarographie précoce (< 72 h) est réalisée; évaluer le risque hémorragique avant
de mettre ce traitement en place: abciximab (Réopro®), eptifibatide (Integrilin®),
tirofiban (Agrastat®); durée d'environ 48 à 72 heures, sans dépasser 24 heures après
l'angioplastie

la place des anti-G PI Ib-IIIa est devenue moins importante depuis l'apparition du
prasugrel (Efient®) et du ticagrelor (Brilique®)

Coronarographie:

urgente (< 2 h, même délai que lors d'un SCA ST +), en présence de signes de gravité
immédiate:

instabilité hémodynamique (signe de choc cardiogénique)

insuffisance cardiaque

arythmie ventriculaire grave (tachycardie ventriculaire, fibrillation ventriculaire)

angor persistant ou récurrent avec modification de ST malgré un traitement médical


bien conduit

dans les 24 heures en cas d'élévation de troponine ou de modification dynamique du


segment ST ou de l'onde T ou d'un score GRACE > 140

précoce dans les 72 heures:

diabète, insuffisance rénale (débit de filtration glomérulaire < 60 mL/min)

FEVG < 40 %

angor précoce post-IDM, angioplastie récente, antécédent de pontage aortocoronaire

score GRACE intermédiaire à élevé (> 108)

non recommandée en première intention chez les patients présentant un SCA ST - à bas
risque:

pas de récidive angineuse, pas de signe d'insuffisance cardiaque

pas de modification électrique, pas d'élévation de la troponine

dans ce cas, on réalise un examen non invasif à la recherche d'une ischémie; si une
ischémie est documentée, la coronarographie est réalisée dans un second temps

en cas d'insuffisance rénale, réaliser une hydratation avant et après la coronarographie avec
500 mL de sérum salé isotonique pour prévenir la néphropathie aux produits de contraste
iodés

Revascularisation:

lésion coupable monotronculaire accessible: angioplastie avec implantation d'un stent nu

lésions pluritronculaires: différentes stratégies sont possibles: angioplastie de la lésion


coupable dans un premier temps, puis reprise des autres lésions quelques semaines plus
tard; pontages aorto-coronaires en semi-urgence, après 5 jours d'arrêt du clopidogrel

lésions sévères non revascularisables: traitement médical optimal

À long terme

Prévention cardio-vasculaire secondaire:

règles hygiéno-diététiques

arrêt du tabac

activité physique aérobie 30 minutes par jour

alimentation riche en fruits, légumes, acides gras insaturés, pauvre en sel et acides
gras saturés

indice de masse corporelle < 25 ou perte de poids de 10 % en cas d'obésité

contrôle de la pression artérielle, de préférence par bêtabloquants, IEC et inhibiteurs


calciques:

< 140/90 mmHg

< 130/80 mmHg chez le diabétique ou l'insuffisant réna

équilibre glycémique chez le diabétique avec objectif d'HbA1c < 6,5 %

hypolipémiants: statines pour tous les patients, quelle que soit la cholestérolémie des LDL:

traitement débuté entre le 1er et le 4e jour

cible < 1 g/L, voire < 0,7 g/L (encore plus bénéfique) en l'absence de contreindication

bêtabloquants: bénéfice prouvé pour les patients ayant une dysfonction du ventricule gauche
(FEVG < 40 %), données moins claires pour les autres

aspirine à vie (75 à 160 mg/j) en l'absence de contre-indication (sinon, clopidogrel)


inhibiteur des récepteurs P2Y12 (clopidogrel, prasugrel ou ticagrelor) pendant 12 mois au
minimum en l'absence de déstabilisation ischémique

inhibiteur de la pompe à protons recommandé (éviter l'oméprazole car interaction


médicamenteuse) chez les sujets à risque: antécédents d'ulcère gastro-duodénal ou
d'hémorragie digestive, présence d'autres facteurs de risque (âge > 65 ans, antécédent
d'infection à Helicobacter pylori, traitement par AINS ou AVK)

IEC:

réduisent le remodelage du ventricule gauche, contrôlent la pression artérielle et ont


un rôle antiathérogène

périndopril (Coversyl®), ramipril (Triatec®)

nécessaires si FEVG altérée, diabète, hypertension artérielle ou insuffisance rénale

recommandés pour les autres patients (niveau de preuve plus faible)

antagonistes des récepteurs de l'angiotensine II (ARAII): en cas d'intolérance aux IEC

antagonistes des récepteurs de l'aldostérone:

éplérénone (Inspra®)

indiqués après IDM si FEVG ≤ 40 % et présence de signes d'insuffisance cardiaque à


la phase aiguë

attention: l'association avec les IEC favorise l'hyperkaliémie

contre-indiqués en cas d'insuffisance rénale et d'hyperkaliémie

Réadaptation cardiaque:

systématique en cas de pontage aorto-coronaire

possible en cas d'angioplastie, notamment en cas d'altération de la FEVG

épreuve d'effort systématique 4 à 8 semaines après le SCA pour rechercher une ischémie
résiduelle

SCA ST -, en résumé
Schéma SCA ST -, en résumé

→ SCAST +

La fissuration ou la rupture d'une plaque d'athérome vulnérable est responsable d'une thrombose
d'une des principales artères coronaires (IVA, Cx ou CD). L'ischémie myocardique s'installe
dans le territoire d'aval, responsable d'une nécrose myocardique, débutant dès la 30e minute. Cet
état de nécrose irréversible s'initie au niveau de l'endocarde et s'étend en direction de l'épicarde

Les conséquences hémodynamiques sont une diminution du volume d'éjection systolique et du


débit cardiaque ainsi qu'un trouble de la compliance responsable d'une élévation de la pression
télédiastolique du ventricule gauche

Une nécrose de plus de 25 % de la masse du ventricule gauche s'accompagne généralement de


signes d'insuffisance ventriculaire gauche. Si la masse nécrosée dépasse 40 % du ventricule
gauche, un choc cardiogénique peut apparaître

La libération des catécholamines à la phase aiguë favorise une hyperkinésie compensatrice des
segments de myocarde sain

La zone infarcie est responsable d'un remodelage et d'une dilatation du ventricule gauche
pouvant aller même jusqu'à une dilatation anévrismale du territoire nécrosé
Clinique

Le tableau peut être inaugural ou celui d'un angor crescendo

La douleur angineuse débute au repos:

siège: médiothoracique, rétrosternal ou précordial, irradiant classiquement dans les


épaules, le bras gauche, la machoire et l'épigastre

type: constriction en étau ou pesanteur

intensité: beaucoup plus forte que celle de l'angor, sensation de mort imminente

durée: > 20 minutes et ne cédant pas à la trinitrine (parfois partiellement)

Parfois la douleur angineuse est absente (personnes agées, diabétiques)

L'IDM inférieur peut revêtir une forme trompeuse, avec syndrome vagal, douleur épigastrique,
nausées et vomissements

Les signes fonctionnels pouvant être associés sont:

activation du système nerveux autonome: sueurs, nausées, vomissements, paleur

dyspnée: insuffisance ventriculaire gauche associée

palpitations: tachycardie ventriculaire, fibrillation atriale

syncope: tachycardie ventriculaire, fibrillation ventriculaire, bloc atrio-ventriculaire

Les signes généraux sont à évaluer systématiquement:

signes de choc: marbrures, hypotension artérielle, oligurie, agitation

fièvre modérée fréquente dans les 48 premières heures

L'examen clinique recherche:

un souffle holosystolique: insuffisance mitrale, communication interventriculaire

des signes d'insuffisance ventriculaire gauche: crépitants, B3

des signes d'insuffisance ventriculaire droite (en faveur d'une nécrose du ventricule droit):
turgescence jugulaire, reflux hépato-jugulaire, hépatalgie

La classification de Killip est directement corrélée à la mortalité à la phase aiguë del'IDM

Paraclinique
ECG

L'ECG 18 dérivations permet le diagnostic du SCA ST +:

signes directs dans le territoire de l'IDM:

1re heure: grandes ondes T amples, pointues et symétriques, signe le plus précoce
d'ischémie sous-endocardique

à partir de la 1re heure: sus-décalage persistant de ST englobant l'onde T (onde de


Pardee: lésion sous-épicardique)

à partir de la 4e heure: onde Q de nécrose transmurale, large (> 0,04 s) et profonde (>
1/3 de l'onde R)

à partir de la 24e heure: onde Q suivie par une onde T négative symétrique et pointue
(ischémie sous-épicardique)

signes indirects dans le territoire opposé à l'IDM (miroir de la nécrose):

sous-décalage de ST dans le territoire opposé à celui du sus-décalage de ST

tout sous-décalage de ST doit faire rechercher un sus-décalage de ST

l'apparition récente d'un bloc de branche gauche associé à une douleur angineuse typique
est un SCA ST + jusqu'à preuve du contraire

La présence d'un bloc de branche gauche ou d'un stimulateur cardiaque ne permet pas toujours
d'interpréter la repolarisation dans les dérivations précordiales. La clinique et les marqueurs de
nécrose doivent orienter la prise en charge

L'IDM de l'oreillette entraîne un sus-décalage de PQ et des troubles du rythme


supraventriculaire
SCA ST + antérieur étendu (occlusion de l'IVA proximale). Sus-décalage du segment ST antérieur
étendu (V1-V6, DI, VL), miroir inférieur avec sous-décalage en DII, DIII et VF, apparition d'ondes Q
en V1-V2

SCA ST + postéro-inférieur (occlusion de la coronaire droite). Sus-décalage du segment ST et ondes


Q en territoire postéro-inférieur (DII, DIII, VF, V7-V9), avec sous-décalage en miroir antérieur (V1-
V2) et droit (V3R, V4R)

Échocardiographie transthoracique

Elle ne doit pas retarder la reperfusion coronaire; elle est donc souvent réalisée après la
revascularisation, sauf en cas de doute diagnostique
Recherche de la zone akinétique ou hypokinétique secondaire à la nécrose

évaluation de la fonction systolique globale et de la fonction diastolique

Recherche de complications mécaniques: insuffisance mitrale, rupture septale, anévrisme du


ventricule gauche…

élimination des diagnostics différentiels: dissection aortique, embolie pulmonaire, péricardite

Radiographie thoracique

Recherche des signes d'insuffisance ventriculaire gauche, d'une cardiomégalie

Peu d'intérêt en pratique

Biologie

L'attente des résultats biologiques ne doit en aucun cas retarder la reperfusion coronaire

Marqueurs de nécrose myocardique: leur pic est un reflet de l'étendue de la nécrose en l'absence
de reperfusion; en revanche, un pic enzymatique précoce (H + 12 pour la troponine) indique une
reperfusion précoce et efficace

Un syndrome inflammatoire apparaît après 48 à 72 heures: hyperleucocytose à PNN,


augmentation de la CRP et du fibrinogène

APPARITION PIC DISPARITION

Troponine I ou T H + 3-4 H + 24 4 à 10 jours

CPK MB H+4 H + 24 2 jours

Myoglobine H+1 H + 9-12 H + 16

Thérapeutique

Chaque minute compte: la reperfusion coronaire doit être la plus précoce possible pour diminuer la
mortalité et l'étendue de la zone de nécrose.

Prise en charge initiale: premier contact médical (SAMU ou service d'urgence)

Repos strict
Monitorage électrique

Voie veineuse périphérique avec sérum glucosé à 5 % + 2 g KCl + 3 g MgSO4

Oxygène: 3 à 5 L/min

Aspirine: 250 mg IV (dose de charge)

Clopidogrel: 600 mg per os (dose de charge) si angioplastie; si fibrinolyse, 300 mg ou 75 mg si


age > 75 ans

Prasugrel 60 mg ou ticagrelor 180 mg (pas d'AMM pour le ticagrelor pour l'instant) peuvent être
proposés à la place de la dose de charge de clopidogrel en cas d'angioplastie

Dérivés nitrés sublinguaux, à répéter si besoin

Morphine, IV ou sous-cutanée, à adapter à l'échelle visuelle analogique

Un anticoagulant parmi: HNF (bolus de 100 UI/kg suivi d'une perfusion continue avec un TCA
cible: 2 à 3 fois celui du témoin), HBPM (Lovenox® 0,3 mL IV), bivalirudine ou fondaparinux

Stratégie de revascularisation

éléments orientant la décision:

début des symptômes?

durée du transfert dans une salle de coronarographie?

signes de gravité (pression artérielle systolique < 100 mmHg, fréquence cardiaque > 100
battements par minute, insuffisance ventriculaire gauche)?

contre-indication à la thrombolyse?

Si les signes cliniques ont débuté depuis moins de 12 heures, la reperfusion peut se faire par
angioplastie ou par thrombolyse selon le schéma ci-après

Au-delà de la 12e heure après le début des signes cliniques, la fibrinolyse est contre-indiquée

L'angioplastie est possible jusqu'à la 24e heure bien que son bénéfice ne soit pas démontré

Angioplastie primaire:

revascularisation par angioplastie avec implantation d'un stent après le premier contact
médical

elle nécessite une salle de coronarographie disponible 7 j/7 et 24 h/24 et une équipe
entraînée

à la phase aiguë, seule la lésion coupable est traitée, sauf en cas de choc cardiogénique;
une revascularisation complète par angioplastie ou pontage aortocoronaire sera discutée à
distance

cette méthode est à préférer à la thrombolyse si le délai de reperfusion est estimé à moins
de 2 heures (délai de transfert < 1 h 30 min)

si la douleur thoracique a débuté depuis moins de 2 heures et qu'il s'agit d'un SCA ST +
antérieur ou qu'il existe des signes de gravité (OAP, choc), le délai d'angioplastie primaire
est abaissé à 1 h 30 min (délai de transfert < 1 h)

par rapport à la fibrinolyse, pour une prise en charge dans un délai comparable,
l'angioplastie primaire assure une meilleure reperfusion, diminue le risque de réocclusion,
préserve une meilleure FEVG et diminue le risque de saignement

au cours de l'angioplastie, il peut être administré un anti-GPI Ib-IIIa (abciximab, Réopro®)


en cas de thrombus intracoronaire important

en cas d'échec de l'angioplastie, un pontage aorto-coronaire en urgence peut parfois être


proposé

Angioplastie de sauvetage: angioplastie après un échec de fibrinolyse (60 à 90 min après


fibrinolyse, persistance de la douleur thoracique ou régression du sus-décalage de ST < 50 %)

Angioplastie facilitée: angioplastie réalisée après une fibrinolyse efficace (il persiste souvent
une lésion coronaire serrée malgré la reperfusion par fibrinolyse)

Thrombolyse:

elle est indiquée de préférence avant la 6e heure, mais elle peut être réalisée jusqu'à la 12e
heure; elle doit être débutée dans les 30 minutes après le premier contact médical

permet une fibrinolyse du thrombus frais

produits de référence: altéplase (Actilyse®), administrée en bolus de 15 mg suivi d'une


dose de 0,75 mg/kg en 30 minutes puis d'une dose de 0,5 mg/kg en 60 minutes; ténectéplase
(Métalyse®)

contre-indications absolues: AVC hémorragique, AVC ischémique < 6 mois, tumeur ou


traumatisme du système nerveux central, traumatisme (cranien +++) ou chirurgie < 3
semaines, ulcère gastro-duodénal < 1 mois, troubles de la coagulation, dissection aortique,
point de ponction non compressible (ponction lombaire, biopsie hépatique…)

contre-indications relatives: accident ischémique transitoire > 6 mois, traitement


anticoagulant en cours, grossesse ou accouchement < 1 semaine, hypertension artérielle >
180/110 mmHg, cirrhose, endocardite infectieuse, massage cardiaque externe

efficacité: succès de la reperfusion de 50 à 75 % dans les 90 minutes; les éléments en


faveur de la reperfusion sont la régression de la douleur thoracique, l'apparition d'un
rythme idioventriculaire accéléré, une diminution de 50 % ou une disparition du sus-
décalage de ST; en cas de succès, une coronarographie de contrôle est recommandée dans
les 24 heures suivant la reperfusion (réocclusion dans 15 % des cas)

échec: en cas d'absence de signe de reperfusion après 45 minutes, une angioplastie de


sauvetage doit être pratiquée

effets secondaires: hémorragies mineures (gingivorragies, épistaxis, hématomes…) ou


majeures (intracraniennes, digestives, urogénitales ou rétropéritonéales)

en cas d'hémorragie sévère: arrêt de la thrombolyse et de l'héparine; transfusion de plasma


frais congelé, de culots de globules rouges et de fibrinogène; antidote de l'héparine:
protamine; antidote de la fibrinolyse: acide tranexamique (Exacyl®) ou aprotinine
(Trasylol®)

Nécrose hors délai (> 24 heures):

pas de bénéfice démontré d'une reperfusion immédiate sauf pour les IDM inférieurs avec
extension au ventricule droit

traitement médical par clopidogrel (75 mg), aspirine (75 mg) et anticoagulant (HBPM,
HNF ou fondaparinux)

la douleur thoracique disparaît progressivement pour laisser place à un état fébrile


secondaire à la nécrose myocardique

coronarographie et recherche d'une viabilité myocardique (scintigraphie myocardique, IRM


cardiaque, échocardiographie transthoracique sous dobutamine) avant la sortie de l'hôpital
pour discuter d'une stratégie de revascularisation

La classification TIMI (Thrombolysis In Myocardial Infarction) permet de décrire les lésions


coronaires lors de la coronarographie
Stratégie thérapeutique dans les SCA ST +

TIMI 0 Absence de flux antérograde en aval de la lésion

TIMI 1 Flux passant la lésion sans atteindre la distalité de l'artère coronaire

TIMI 2 Flux atteignant la distalité de l'artère mais opacification ralentie

TIMI 3 Opacification artérielle normale

Prise en charge après reperfusion

Hospitalisation en unité de soins intensifs cardiologiques au minimum 3 jours avec monitorage


continu

Régime sans graisse, sans sel si insuffisance ventriculaire gauche

Régime diabétique si besoin

Équilibre tensionnel et glycémique (protocole d'insuline rapide IV au pousseseringue électrique


ou en sous-cutané)
Aspirine (Kardégic®) - 75 mg/j per os

Clopidogrel (Plavix®) - 75 mg/j (150 mg pendant 1 semaine) per os - ou prasugrel (Efient®) -


10 mg per os - ou ticagrelor (Brilique®, AMM en attente) - 90 mg per os, pendant 1 an

Anticoagulants à dose curative pendant 3 jours (HNF, HBPM ou fondaparinux)

Bêtabloquants per os pour une fréquence cardiaque cible au repos de 50 à 60 battements par
minute en l'absence d'insuffisance ventriculaire gauche ou d'hypotension artérielle

IEC dès J1 en l'absence d'hypotension artérielle et d'insuffisance rénale (ARAII en cas de


contre-indications aux IEC)

Statines à fortes doses pour obtenir une cholestérolémie des LDL < 0,7 g/L: atorvastatine
(Tahor®) - 80 mg -, rosuvastatine (Crestor®) - 20 mg -, simvastatine (Zocor®) - 40 mg -; la
statine est nécessaire même si la cholestérolémie des LDL spontanée est < 0,7 g/L

Antialdostérone: éplérénone (Inspra®) si insuffisance ventriculaire gauche à la phase aiguë et


FEVG < 40 %

Si besoin: substituts nicotiniques, antalgiques, anxiolytiques, inhibiteurs de la pompe à protons,


laxatifs

Surveillance quotidienne clinique (insuffisance ventriculaire gauche, insuffisance ventriculaire


droite, souffle cardiaque) et paraclinique (ECG, troponine, NFS, coagulation et ionogramme
sanguin)

En l'absence de complication, mutation en service de cardiologie pour surveillance et adaptation


thérapeutique (environ 48 heures)

Échocardiographie transthoracique systématique au cours de l'hospitalisation

Complications

Complications précoces

Dix causes de décès à la phase aiguë: fibrillation ventriculaire, tachycardie ventriculaire,


torsade de pointe, bloc atrio-ventriculaire complet, choc cardiogénique, infarctus du ventricule
droit, rupture de la paroi libre du ventricule gauche, insuffisance mitrale aiguë, communication
interventriculaire, hémorragie iatrogène

Insuffisance cardiaque (25 %):

causes multiples: nécrose étendue, troubles rythmiques, complications mécaniques

modérée (Killip II): le traitement comprend oxygène, diurétiques de l'anse, nitrés et IEC en
l'absence d'hypotension artérielle et d'insuffisance rénale
sévère (Killip III): traitement identique au stade précédent; si besoin, ventilation “non
invasive “par pression positive continue (CPAP: Continuous Positive Airway Pressure),
voire intubation oro-trachéale et ventilation mécanique

choc cardiogénique (Killip IV, < 10 %)

causes: nécrose étendue du ventricule gauche, infarctus du ventricule droit

clinique: pression artérielle systolique < 90 mmHg, tachycardie, marbrures, cyanose


des extrémités, troubles de conscience, oligurie (diurèse < 20 mL/h)

hémodynamique: chute du débit cardiaque (index cardiaque < 1,8 L/min/m2),


résistances vasculaires systémiques élevées, pression veineuse centrale > 20 cmH2O

échocardiographie transthoracique en urgence pour évaluation hémodynamique et recherche


de la cause

traitement: revascularisation en urgence, remplissage uniquement si infarctus du ventricule


droit, amines inotropes (dobutamine: Dobutrex®, 5 à 20 µg/kg/min, voire adrénaline),
contre-pulsion par ballonnet intra-aortique

contre-indications: bêtabloquants, IEC, ARAII et diurétiques

Rupture de la paroi libre du ventricule gauche (secondaire à la fragilité de la zone de nécrose):

rupture aiguë: collapsus et dissociation électromécanique, décès survenant en quelques


minutes; un sauvetage chirurgical est rarement possible

rupture subaiguë: un thrombus se forme au niveau du péricarde; douleur thoracique aiguë


avec sus-décalage de ST, détérioration hémodynamique, signes de tamponnade; diagnostic
par l'échocardiographie transthoracique qui montre un hémopéricarde; chirurgie en urgence

Rupture septale:

formation d'une communication interventriculaire au cours d'un IDM antéro septal ou plus
rarement inférieur

détérioration clinique brutale, tableau de choc cardiogénique, souffle holosys tolique


irradiant en rayons de roue

l'échocardiographie transthoracique retrouve un défaut du septum interventriculaire associé


à un shunt gauche-droite

stabilisation hémodynamique par contre-pulsion par ballonnet intra-aortique et amines puis


chirurgie réparatrice ± pontage aorto-coronaire

mortalité > 50 %
Insuffisance mitrale aiguë:

apparaît entre J3 et J7 sous forme d'un tableau d'insuffisance ventriculaire gauche associée
à un souffle holosystolique à l'apex irradiant dans l'aisselle

trois mécanismes sont possibles:

dilatation de l'anneau mitral secondaire à une dilatation du ventricule gauche (zone de


nécrose): traitement par annuloplastie mitrale

dysfonction de pilier (muscle papillaire), notamment le pilier postéromédia au cours


de l'IDM inférieur: remplacement valvulaire mitral

rupture de cordage ou de pilier (postéromédial par occlusion de la circonflexe ou de


la coronaire droite): détérioration hémodynamique brutale avec OAP; à
l'échocardiographie transthoracique, l'oreillette gauche n'est pas dilatée et le
ventricule gauche est hyperkinétique; nécessite un remplacement valvulaire mitral en
urgence, si besoin sous couvert d'une contre-pulsion par ballonnet intra-aortique

Infarctus du ventricule droit:

l'atteinte anatomopathologique est présente dans 50 % des IDM inférieurs; cependant, il


existe un retentissement hémodynamique dans seulement 10 % des cas

clinique: signes d'insuffisance ventriculaire droite (turgescence jugulaire, reflux hépato-


jugulaire, hépatalgie, insuffisance tricuspide), hypotension artérielle, voire tableau de choc
cardiogénique sans signe d'insuffisance ventriculaire gauche

ECG: sus-décalage en V3R et V4R associé à la nécrose inférieure, fibrillation atriale, bloc
atrio-ventriculaire

échocardiographie transthoracique: ventricule droit dilaté et hypokinétique, pression dans


l'oreillette droite > 10 mmHg

traitement: revascularisation urgente, expansion volémique rapide et importante en cas de


choc, dobutamine (mais peu efficace)

contre-indications: nitrés, diurétiques, IEC, ARAI

taux de décès élevé en cas de choc cardiogénique sur infarctus du ventricule droit non
reperfusé

Malaise vagal:

dans les IDM inférieurs

clinique: hypotension artérielle, bradycardie sinusale, nausées, vomissements


traitement: remplissage vasculaire, atropine si besoin

Troubles du rythme ventriculaire:

contexte d'orage catécholergique à la phase précoce

avant tout, corriger une hypokaliémie, une hypomagnésémie, une hypoxémie ou une acidose

prévention par les bêtabloquants et par la revascularisation

extrasystoles ventriculaires: polymorphes et prématurées, elles traduisent l'instabilité


myocardique

tachycardies ventriculaires non soutenues répétées: bêtabloquants puis amiodarone

tachycardie ventriculaire soutenue bien tolérée: amiodarone IV ou Xylocaïne® IV; si


échec, choc électrique externe au cours d'une brève anesthésie générale

fibrillation ventriculaire ou tachycardie ventriculaire mal tolérée: choc électrique externe


et réanimation cardiorespiratoire si besoin

rythme idioventriculaire accéléré: tachycardie ventriculaire lente à 70-100 battements par


minute, spontanément régressive, signe de reperfusion coronaire

torsade de pointe: sulfate de magnésium, correction d'une hypokaliémie, arrêt des


médicaments allongeant le QT; si échec, accélérer la fréquence ventriculaire avec de
l'isoprénaline (Isuprel®) ou une sonde d'entraînement électrosystolique

Troubles du rythme supraventriculaire (30 %):

fibrillation atriale, flutter atrial, extrasystoles atriales

traitement par des médicaments bradycardisants: bêtabloquants, inhibiteurs calciques,


digitaliques

si mauvaise tolérance: réduction par amiodarone ou par choc électrique externe

anticoagulants à dose curative

Troubles de conduction:

bradycardie sinusale: fréquente dans les IDM inférieurs; si elle est mal tolérée, atropine ou
sonde d'entraînement électrosystolique

bloc sino-atrial: au cours des IDM inférieurs; même traitement que la bradycardie sinusale

bloc atrio-ventriculaire du 1er degré: pas de traitement


bloc atrio-ventriculaire nodal avec échappement ventriculaire fin: au cours des IDM
inférieurs; en général, tolérance bonne et régression spontanée

bloc atrio-ventriculaire infrahisien avec échappement ventriculaire lent: au cours des IDM
antérieurs; nécessite souvent la mise en place d'une sonde d'entraînement électrosystolique
puis l'implantation définitive d'un stimulateur cardiaque

bloc de branche gauche, bloc bifasciculaire ou bloc de branche alternant (gauche et droit):
au cours des IDM antérieurs; peut évoluer vers un bloc atrioventriculaire complet; la mise
en place d'une sonde d'entraînement électrosystolique est souvent nécessaire

Menace d'extension ou récidive précoce d'IDM:

nouvelle douleur thoracique avec modifications électriques et ascension de la troponine

réocclusion coronaire après thrombolyse ou thrombose aiguë de stent

coronarographie en urgence et angioplastie de la lésion coupable

Complications thrombo-emboliques:

thrombose veineuse profonde et embolie pulmonaire: rares à la phase aiguë en raison du


traitement anticoagulant

thrombus ventriculaire gauche: au cours de la formation d'un anévrisme du ventricule


gauche ou en cas de cardiopathie dilatée avec dysfonction systolique sévère; risque
d'embolie artérielle (AVC, ischémie aiguë de membre); traitement anticoagulant au
minimum de 3 à 6 mois, voire à vie (anévrisme du ventricule gauche, dysfonction
systolique du ventricule gauche sévère)

Péricardite aiguë:

souvent bénigne (réaction inflammatoire locale secondaire à la nécrose) mais parfois


hémopéricarde par rupture du ventricule gauche en paroi libre

douleur thoracique atypique augmentant à l'inspiration et aux changements de position

pas de réascension des marqueurs de nécrose myocardique

échocardiographie transthoracique: parfois épanchement péricardique visible, recherche de


signes de tamponnade

traitement d'épreuve par aspirine: 1 g/8 h

drainage péricardique en urgence si tamponnade

arrêt des anticoagulants (et poursuite des antiagrégants) si épanchement car risque de
transformation hémorragique

Fibrillation ventriculaire à la phase aiguë d'un SCA ST +

Rythme idioventriculaire accéléré secondaire à une reperfusion coronaire: tachycardie ventriculaire


lente de type retard droit (aspect de bloc de branche droite)

Complications tardives

Évolution de la coronaropathie: angor stable, SCA ST - ou ST + dans le même territoire


(thrombose ou sténose destent) ou sur une autre artère

Insuffisance cardiaque gauche chronique:

rechercher une cause curable: revascularisation incomplète, anévrisme du ventricule


gauche, insuffisance mitrale ischémique ou communication interventriculaire

IEC, bêtabloquants de l'insuffisance cardiaque, diurétiques, antialdostérone, voire


transplantation cardiaque

Troubles du rythme ventriculaire:


leur apparition tardive est plus grave qu'à la phase aiguë

plus fréquents en cas d'IDM étendu ou d'évolution anévrismale

font discuter l'implantation d'un défibrillateur automatique

Anévrisme du ventricule gauche:

dilatation de la paroi libre du ventricule gauche en regard de la zone de nécrose


(remodelage ventriculaire) en cas d'absence ou de retard de revascularisation

plus fréquent dans les IDM antéro-septo-apicaux que dans les IDM inférieurs

ECG: sus-décalage persistant de ST après la 3e semaine

complications: thrombus ventriculaire gauche avec emboles systémiques, troubles du


rythme ventriculaire, insuffisance cardiaque réfractaire

traitement: IEC à la phase précoce pour limiter le remodelage ventriculaire, AVK au long
cours si risque embolique, résection chirurgicale de l'anévrisme si insuffisance cardiaque
réfractaire ou trouble du rythme ventriculaire menaçant

Syndrome de Dressler:

péricardite ou pleuro-péricardite associée à des arthralgies apparaissant à partir de la 3e


semaine après l'IDM

syndrome inflammatoire biologique

traitement par aspirine

Algoneurodystrophie ou syndrome épaule-main: apparaît plusieurs semaines après l'IDM,


généralement du côté gauche

ORDONNANCE DE SORTIE (EXEMPLE)

Date, nom du patient

Prise en charge à 100%, ALD 30

Dérivés nitrés: Natispray® fort, 0,3 mg/dose

En cas de douleur thoracique, s'asseoirou s'allonger, administrer 2 bouffées sous la langue; si la


douleur persiste plus de 15 minutes, appeler le SAMU (15)

Bêtabloquants: métoprolol (Seloken®), 100 mg matin et soir


Antiagrégants:

aspirine (Kardégic®), 75 mg/j

clopidogrel (Plavix®), 75 mg/j (150 mg/j pendant 7 j)

ne pasarrêter l'association Plavix® + Kardégic®avant 1 an sans avis spécialisé

Statines: atorvastatine (Tahor®), 80 mg/j

Inhibiteur de la pompe à protons si facteur de risque: lansoprazole (Ogastoro®), 15 mg/j

IEC: périndopril (Coversyl®), 8 mg/j

Correction des facteurs de risque cardio-vasculaire:

arrêt du tabac et substituts nicotiniques si besoin

activité physique d'endurance 30 à 45 minutes par jour

régime méditerranéen

Arrêt de travail de 2 à 3 semaines

Suivi

Réadaptation cardiaque en ambulatoire ou à temps plein, à discuter au cas par cas

À 1 mois:

consultation avec le cardiologue traitant (interrogatoire, examen clinique)

ECG de repos, épreuve d'effort, échocardiographie transthoracique

glycémie à jeun, exploration d'une anomalie lipidique

objectifs: pression artérielle < 140/90 mmHg, cholestérolémie des LDL<0,7 g/L, HbA1c <
6,5 %, indice de masse corporelle < 25

adaptation thérapeutique si besoin (poursuivre la double antiagrégation plaquettaire +++)

si besoin, réalisation d'un geste de revascularisation complémentaire, soit par pontage


aorto-coronaire, soit par angioplastie

discussion de l'implantation d'un défibrillateur automatique si FEVG < 35 % ou si


persistance de troubles du rythme ventriculaire menaçants

poursuite d'une activité physique aérobie > 30 min/j


Tous les 6 mois initialement, puis tous les ans en cas de stabilité de la coronaropathie: examen
clinique, ECG de repos, épreuve d'effort, échocardiographie transthoracique, exploration d'une
anomalie lipidique

Pronostic

Les éléments de mauvais pronostic sont:

l'étendue des lésions coronaires

l'altération de la fonction systolique

la présence de tachycardie ventriculaire soutenue ou de fibrillation ventriculaire

le diabète

l'insuffisance rénale chronique

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▪ RéSUMé THÉRAPEUTIQUE DES CORONAROPATHIES

ANGOR SCAT ST- SCAT ST- SCAT


STABLE TROPONINE- TROPONINE + ST+

Coronarographie Programmée Différée < 72 heures Urgente

< 12
Thrombolyse - - -
heures

Phase
Anticoagulants - Phase aiguë Phase aiguë
aiguë

Bêtabloquants + + + +

Aspirine + + + +

Clopidogrel Si stent 9-12 mois 9-12 mois 9-12 mois


Statines + + + +

IEC + + + +

Nitrés + + + +

Oméga-3 - - - +

Règles
+ + + +
hygiénodiététiques

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135 Thrombose Veineuse Profonde et Embolie Pulmonaire

Objectifs

Diagnostiquer une thrombose veineuse profonde et/ou une embolie pulmonaire

Identifier les situations d'urgence et planifier leur prise en charge

Argumenter l'attitude thérapeutique et planifier le suivi du patient

Recommandations, consensus

Haute Autorité de santé (2011): Compression médicale veineuse en prévention de la thrombose


veineuse

Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (2009): Prévention et traitement de
la maladie thrombo-embolique veineuse en médecine

European Society of Cardiology (2008): Guidelines on the diagnosis and management of acute
pulmonary embolism

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▪ DÉFINITIONS ET ÉPIDÉMIOLOGIE

Thrombose veineuse profonde (TVP): activation localisée de la coagulation avec constitution


d'un thrombus dans le système veineux profond

Embolie pulmonaire (EP): migration dans l'arbre artériel pulmonaire d'un embole, le plus
souvent cruorique, responsable d'une oblitération brusque, totale ou partielle, du tronc ou d'une
ou de plusieurs branches de l'artère pulmonaire

EP et TVP sont deux manifestations de la maladie thrombo-embolique veineuse (MTEV)

L'incidence annuelle des MTEV suspectées cliniquement est de 2-3/1 000 dans le monde
occidental, elle augmente avec l'age

Environ 65 % des patients présentant une EP ont plus de 60 ans

L'EP est une affection fréquente, grave, mettant en jeu le pronostic vital, constituant une urgence
cardiologique, souvent méconnue en raison du polymorphisme de ses manifestations

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▪ PHYSIOPATHOLOGIE
Triade de Virchow favorisant la TVP: stase sanguine + altération de la paroi vasculaire +
hypercoagulabilité

Au stade initial, le thrombus est peu adhérent et les risques de migration sont élevés; au bout de
quelques jours, le thrombus devient adhérent et les risques d'embolie sont moindres

Migration de l'embole dans l'arbre artériel pulmonaire et obstruction d'une artère pulmonaire ou
d'une de ses branches

Conséquences:

au niveau des échanges gazeux:

baisse du rapport ventilation/perfusion au niveau des territoires sains

effet espace mort au niveau des zones ventilées non perfusées

effet shunt dû à un hyperdébit par redistribution du sang dans les territoires non
embolisés et à une pneumoconstriction dans les zones embolisées

au niveau de l'hémodynamique:

augmentation des résistances vasculaires pulmonaires et des pressions artérielles


pulmonaires aboutissant à une hypertension artérielle pulmonaire (HTAP)
précapillaire

si obstruction de plus de 50 % du réseau artériel pulmonaire (EP massive),


retentissement hémodynamique patent avec insuffisance cardiaque droite (” coeur
pulmonaire aigu “) et chute du débit cardiaque pouvant aller jusqu'au choc
cardiogénique par compression du ventricule gauche par le ventricule droit

chez un sujet ayant une maladie cardiaque ou pulmonaire, le retentissement


hémodynamique apparaît pour des obstructions moindres

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▪ ÉTIOLOGIE

90 % des EP sont dues à des TVP

Facteurs de risque transitoires ou réversibles (40 %):

chirurgie orthopédique, urologique ou carcinologique

voie veineuse centrale


immobilisation, alitement

chimiothérapie

grossesse, post-partum

traitement hormonal (contraception cestroprogestative)

immobilisation prolongée, voyage prolongé de plus de 7 heures (syndrome de la classe


économique)

Facteurs de risque permanents (20 %):

thrombophilie (déficit en antithrombine III, déficit en protéine C, résistance à la protéine C


activée = facteur V Leiden, déficit en protéine S, mutation du facteur II G20210A,
anomalies du fibrinogène), hyperhomocystéinémie, syndrome des antiphospholipides

age > 75 ans

insuffisance cardiaque ou respiratoire chronique

antécédent de MTEV

insuffisance veineuse

cancer

obésité

atteinte médullaire (syndrome myéloprolifératif)

MTEV idiopathique (30-40 %)

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▪ DIAGNOSTIC DE TVP

→ CLINIQUE

Examen comparatif des deux membres inférieurs

Recherche systématique de signes évocateurs d'EP, notamment signes d'insuffisance cardiaque


droite

Palpation systématique des pouls périphériques

Touchers pelviens systématiques à la recherche d'une extension


Un nombre important de TVP est totalement asymptomatique

L'examen clinique peut retrouver:

signes généraux: tachycardie, hyperthermie modérée

cedème unilatéral rétromalléolaire discret, érythème local

douleur provoquée par la palpation, au mollet si TVP surale, à la cuisse ou inguinale en cas
de TVP ilio-fémorale

signe de Homans: douleur du mollet à la dorsiflexion du pied, classique mais de peu de


valeur

chaleur locale plus élevée du côté atteint

ballottement du mollet diminué du côté atteint

Au stade tardif (phlegmatia alba dolens):

ocedème important, blanc, chaud, dur, ne prenant pas le godet et pouvant intéresser
l'ensemble du membre inférieur, douleur beaucoup plus vive, parfois spontanée et
invalidante

recherche des complications primordiale: extension de la TVP (mesure comparative des


diamètres des membres, touchers pelviens), EP

Phlébite bleue (phlegmatia coerulea):

urgence en raison de sa gravité

signes d'ischémie aiguë du membre inférieur, impotence fonctionnelle totale et douleur


importante, membre inférieur oedématié, froid, cyanosé, avec disparition des pouls
périphériques

→ EXAMENSCOMPLÉMENTAIRES

D-dimères:

produits spécifiques de dégradation de la fibrine

dosage par ELISA

un taux normal de D-dimères (< 500 ng/mL) permet d'écarter le diagnostic de TVP en
évolution, un taux élevé de D-dimères ne permet pas de l'affirmer

peuvent être augmentés dans de nombreuses situations: infection profonde, maladie


inflammatoire, néoplasie, grossesse, en postopératoire, sujets agés

sensibilité et valeur prédictive négative très élevées, mais spécificité très basse

Écho-Doppler veineux des membres inférieurs:

examen non invasif sensible et spécifique pour les TVP proximales (fémorales, poplitées),
sensibilité plus basse pour les TVP distales

opérateur-dépendant

seul critère validé: incompressibilité totale ou partielle de la veine

parfois, visualisation directe du thrombus, dilatation veineuse en amont

Phlébographie des membres inférieurs:

rarement réalisée, examen douloureux avec de nombreuses complications

visualisation d'une lacune correspondant au thrombus

ECG et radiographie thoracique systématiques à la recherche de signes d'EP

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▪ DIAGNOSTIC D'EMBOLIE PULMONAIRE

→ CIRCONSTANCESDEDÉCOUVERTE

Plus de 95 % des EP se présentent selon l'un des trois tableaux suivants:

infarctus pulmonaire (65 %)

dyspnée isolée (20-25 %)

coeur pulmonaire aigu (5-10 %)

Parfois, découverte fortuite dans le cadre d'un bilan de TVP ou d'un bilan d'extension de cancer

→ CLINIQUE

Recherche d'arguments en faveur d'une EP sévère: signes de mauvaise tolérance respiratoire et


hémodynamique (signes d'insuffisance cardiaque droite)

Signes généraux: tachycardie, fébricule

Signes fonctionnels:
signes pulmonaires:

dyspnée constante sous forme de polypnée superficielle, tachypnée

douleur thoracique, le plus souvent point de côté basithoracique

toux irritative

hémoptysie: signe tardif et très inconstant

cyanose rare

signes extrapulmonaires:

syncope au lever ou lipothymie, toujours signe d'EP sévère

choc avec hypotension artérielle

anxiété, angoisse

fièvre ou fébricule, souvent retardée par rapport au début clinique

parfois, douleur abdominale de l'hypochondre droit trompeuse

chez le malade cardiaque, possible poussée d'insuffisance cardiaque

rarement, mort subite avec diagnostic posé à l'autopsie

Signes physiques:

l'examen pulmonaire est pauvre; auscultation pulmonaire souvent normale; parfois, foyer de
crépitants (infarctus pulmonaire) ou signes d'épanchement pleural

contraste saisissant entre la normalité de l'examen pulmonaire et la dyspnée

parfois, cyanose

signes d'insuffisance cardiaque droite

éclat de B2 au foyer pulmonaire en cas d'HTAP

pouls paradoxal de Küssmaul dans les EP sévères

signes de TVP inconstants

les touchers pelviens, bien que rarement concluants, doivent être réalisés à la recherche
d'une thrombose pelvienne
Recherche des facteurs de risque

→ EXAMENSCOMPLÉMENTAIRES

ECG

Peut être normal

Tachycardie sinusale

Troubles du rythme atrial, fibrillation atriale, flutter atrial

Signes de coeur droit:

bloc de branche droite complet ou incomplet

déviation axiale droite

aspect S1Q3 (grande onde S en D1 et grande onde Q en D3)

ondes T négatives en V1, V2, V3 (pouvant en imposer pour un syndrome coronaire aigu)

Radiographie thoracique de face

Le moyen mnémotechnique suivant permet d'analyser la radiographie thoracique de face en limitant


les oublis (HSAIGNE):

Hyperclarté

Surélévation d'une coupole diaphragmatique

Atélectasie

Infarctus pulmonaire: opacité triangulaire à base périphérique

Gros hile pulmonaire, dilatation de l'artère pulmonaire en amont de l'embole

peut être Normale

Épanchement pleural

Gaz du sang artériel

Classiquement, effet shunt (PaO2 + PaCO2 < 120 mmHg), avec hypoxie et hypocapnie,
responsable d'une alcalose respiratoire

Peuvent être normaux


En cas d'EP grave, acidose possible

D-dimères

Voir supra “ Examens complémentaires “.

Écho-Doppler veineux des membres inférieurs

Voir supra “ Examens complémentaires “.

Angio-TDM thoracique spiralée

Examen de référence, sensibilité et spécificité d'environ 90 %, valeur prédictive négative à 99


%

Développement de la TDM multibarrettes

Plus efficace pour les atteintes lobaires que segmentaires, visualisation de l'embole après
injection

Peu performant pour les emboles distaux

Angio-TDM

Scintigraphie pulmonaire de ventilation et de perfusion

Examen non invasif, sensible mais peu spécifique et rarement disponible en urgence

Intérêt si la radiographie thoracique est normale et en l'absence d'antécédents broncho-


pulmonaires, performance diagnostique en pratique clinique courante décevante
Scintigraphie de perfusion normale: élimine le diagnostic d'EP

Défaut de perfusion sans anomalie de ventilation: signe caractéristique de l'EP, aspect dit de
haute probabilité (observé dans 15 % des cas)

Défaut de perfusion avec défaut de ventilation ou anomalie parenchymateuse dans le même


territoire: pas de valeur, ne peut ni affirmer ni éliminer l'EP, aspect dit de probabilité
intermédiaire (observé dans 70 % des cas)

Intérêt pour reconnaître et suivre l'évolution de la maladie

Réalisée si contre-indication à la TDM (injection d'iode)

Angiographie pulmonaire

Examen performant, sensible, spécifique et avec une bonne valeur prédictive négative, mais
invasif

Peu réalisée, voire abandonnée

Utilisée parfois en cas d'examens non invasifs non concluants et de doute diagnostique; réalisée
alors en même temps qu'un cathétérisme cardiaque droit

Montre une amputation d'une branche d'artère pulmonaire et/ou une hypoperfusion périphérique

Échocardiographie transthoracique

N'élimine pas une EP si normale

Intérêt quand le tableau est sévère, coeur pulmonaire aigu

Signes indirects d'EP: HTAP, dilatation des cavités droites, septum paradoxal

Visualisation d'un thrombus dans la veine cave inférieure, dans l'oreillette droite, le ventricule
droit

Estimation du débit cardiaque

élimination des diagnostics différentiels: choc cardiogénique d'autre origine, dissection aortique

Enzymes cardiaques, Brain Natriuretic Peptide

Dosage de la troponine I ou T:

intérêt pour rechercher une souffrance myocardique, permet de stratifier le risque de


mortalité de l'EP

intérêt pour rechercher un diagnostic différentiel (syndrome coronaire aigu)


Dosage du Brain Natriuretic Peptide: intérêt pour évaluer l'importance de la dysfonction
ventriculaire droite

▶▶.............

À part les D-dimères et la scintigraphie, un examen négatif ne permet pas d'éliminer le diagnostic.

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▪ éVOLUTION ET PRONOSTIC

→ HISTOIRENATURELLE

Sous traitement bien conduit, l'évolution vers la guérison est la règle

Amélioration de l'état clinique progressivement en quelques jours

Sans traitement, évolution vers le décès dans 25 % des cas pour l'EP

→ COMPLICATIONS

Pour la TVP:

extension de la TVP

récidive

EP

maladie postphlébitique, apparition d'oedèmes réfractaires, avec dermite ocre, ulcères,


lésions eczématiformes et varices, douleurs sourdes des membres inférieurs avec
paresthésies et fatigabilité

Pour l'EP:

infarctus pulmonaire

épanchement pleural

récidive

mort subite

à long terme, coeur pulmonaire chronique postembolique avec HTAP

→ PRONOSTIC
Pour la TVP:

pronostic fonctionnel en raison du syndrome postphlébitique

pronostic vital dû à la survenue d'une EP

Pour l'EP:

très mauvais pour les EP massives: 20-40 % de survie

bon pour les EP moyennes

pour les petites EP, bon pronostic mais risque de développer une HTAP

le risque de mortalité est surtout lié à l'erreur diagnostique; il existe des scores permettant
de distinguer les patients à risque de mortalité faible

▶▶.............

Penser à l'EP, c'est adopter le diagnostic et donner des anticoagulants, jusqu'à preuve du contraire.

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▪ DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL

De la TVP:

atteinte musculo-squelettique, déchirure ou contusion musculaire

rupture de kyste poplité

arthrite du genou ou de la cheville

érysipèle, cellulite, lymphangite

insuffisance veineuse

De l'EP:

nombreux du fait du polymorphisme clinique de l'EP

douleur thoracique prédominante: dissection aortique, syndrome coronaire aigu,


péricardite, pneumothorax, pleurésie...

dyspnée prédominante: insuffisance cardiaque, décompensation de BPCO, pneumopathie

insuffisance cardiaque droite aiguë: tamponnade, infarctus du ventricule droit,


pneumothorax compressif

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▪ STRATÉGIE DIAGNOSTIQUE

→ POUR LA TVP

Cancer évolutif 1 point

Paralysie ou immobilisation platrée récente 1 point

Alitement > 3 jours ou chirurgie majeure datant de moins de 4 semaines 1 point

Douleur à la palpation des trajets veineux 1 point

Tuméfaction de tout un membre 1 point

CE dème unilatéral d'un mollet 1 point

CE dème prenant le godet 1 point

Veines superficielles collatérales 1 point

Diagnostic alternatif au moins aussi probable - 2 points

Probabilité clinique faible si score < 1 point Probabilité clinique intermédiaire si score = 1 ou 2
points Probabilité clinique forte si score ≥ 3 points

évaluation de la probabilité clinique de TVP par un score, par exemple celui de Wells.
Stratégie en cas de TVP

→ POURL'EP

Stratification du risque de mortalité de l'EP suspectée:

risque élevé si état de choc

risque intermédiaire si dysfonction du ventricule droit et/ou stigmates de souffrance


myocardique

sinon, risque faible

évaluation de la probabilité clinique d'EP pour orienter les examens paracliniques: utilisation de
scores (de Wells ou de Genève modifié) afin de classer les patients en probabilité faible,
moyenne ou forte

En cas de suspicion d'EP avec risque élevé de mortalité, la stratégie est la suivante

En cas de suspicion d'EP avec risque faible à modéré de mortalité, la stratégie est la suivante

En cas d'insuffisance rénale, la stratégie est la suivante

SCORE DE GENÈVE MODIFIÉ SCORE DE WELLS

Âge > 65 ans 1 point

Antécédent de TVP ou d'EP 3 points Antécédent de TVP ou d'EP 1,5 point


Chirurgie ou fracture datant de
2 points Immobilisation ou chirurgie récente 1,5 point
moins de 1 mois

Cancer actif 2 points Cancer 1 point

Douleur basithoracique unilatérale 3 points Signes d'insuffisance cardiaque droite 3 points

Hémoptysies 2 points Hémoptysies 1 point

Fréquence cardiaque: - 75-94 b/min 3 points 5


Fréquence cardiaque > 100 b/min 1,5 point
->94b/min points

Douleur et cedème unilatéraux 4 points Diagnostic alternatif moins probable 3 points

Probabilité clinique faible si score = 0-3 points Probabilité clinique faible si score = 0-1 point
Probabilité clinique intermédiaire si score = 4-10 Probabilité clinique intermédiaire si score = 2-6
points Probabilité clinique forte si score > 10 points Probabilité clinique forte si score > 6
points points

Stratégie en cas d'EP à risque élevé de mortalité


Stratégie en cas d'EP à risque faible ou modéré de mortalité

Stratégie en cas d'insuffisance rénale


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▪ TRAITEMENT

→ EP NON GRAVE

Hospitalisation

Oxygénothérapie adaptée pour obtenir une saturation en O2 > 92%

Traitement anticoagulant par héparine d'abord:

héparine de bas poids moléculaire (HBPM) ou fondaparinux (Arixtra®) sont préférés à


l'héparine non fractionnée (HNF) (réduction du risque de thrombopénie induite par
l'héparine, plus grande commodité d'emploi)

plusieurs HBPM ont l'AMM: Innohep®, Lovenox®

HNF IV en cas d'insuffisance rénale (clairance de la créatinine < 30 mL/min) ou pour les
patients instables ou si une intervention chirurgicale est prévisible (accord professionnel)

Relais précoce par AVK, dès J1, objectif INR = 2-3; arrêt des HBPM ou fondaparinux au bout
de 5 jours, à condition que 2 INR consécutifs soient entre 2 et 3 à 24 heures d'intervalle

Repos strict au lit limité aux 24 premières heures d'anticoagulation efficace

Contention élastique veineuse

Prise en charge des facteurs de risque

Antalgiques en cas de douleur pleurale

Antibiotiques en cas de surinfection d'infarctus pulmonaire

Filtre cave: prévention de l'EP chez les patients avec contre-indication absolue des
anticoagulants, TVP récidivante malgré une anticoagulation adaptée; réduit l'incidence des EP
mais augmente les TVP et n'augmente pas la survie globale

→ EP GRAVE

Hospitalisation en soins intensifs

Oxygénothérapie pour obtenir une saturation en O2 > 92 %

Stabilisation hémodynamique, remplissage vasculaire modéré, amines

Thrombolyse par streptokinase, urokinase, rtPA, en l'absence de contre-indication


Embolectomie chirurgicale rarement nécessaire, en cas d'EP menaçant le pronostic vital et
contre-indication des thrombolytiques

→ TVP

Traitement local: alitement systématique non recommandé, contention veineuse élastique (à 30-
40 mmHg à la cheville) pendant au moins 2 ans, lever précoce afin de diminuer l'influence de la
stase veineuse

Antalgiques

Si TVP distale sans argument pour une EP, bien tolérée et patient compliant, traitement
ambulatoire possible par HBPM ou fondaparinux

Traitement anticoagulant identique à celui de l'EP avec relais AVK précoce

→ DURÉE DU TRAITEMENT (TVP ET EP)

RISQUE
ANNUEL DE
RÉCIDIVE DURÉE DU
GRADE DE
FACTEURS APRÈS ARRÊT TRAITEMENT
RECOMMANDATION
D'UN RECOMMANDÉE
TRAITEMENT
DE 3 MOIS

Chirurgie
MTEV avec Immobilisation
facteur prolongée ≥3 jours
déclenchant Fracture des Faible (3 %) 3 mois Grade A
majeur membres inférieurs
transitoire dans les 3 derniers
mois

MTEV avec
Cancer en cours de
facteur de ≥ 6 mois Prolongée
traitement Syndrome
risque Éevé (9 %) tant le facteur Accord professionnel
des que
persistant persiste
antiphospholipides
majeur

Absence de facteur
déclenchant majeur
MTEV Absence de facteur Élevé (9 %) > 6 mois Grade B
idiopathique de risque persistant
majeur

Contexte clinique déterminant la durée du traitement anticoagulant (recommandations de l'Agence


française de sécurité sanitaire des produits de santé, 2009)

→ TRAITEMENT PRÉVENTIF

Lutte contre les facteurs de risque

En première intention, HBPM (seules énoxaparine et daltéparine ont l'AMM) ou fondaparinux en


sous-cutané si la fonction rénale le permet; sinon, HNF en sous-cutané; durée 7 à 14 jours si
l'indication est une affection médicale aiguë ou un AVC (14 jours)

Alternative en prévention primaire par les nouveaux anticoagulants oraux (dabigatran,


rivaroxaban) en postopératoire de certaines interventions chirurgicales orthopédiques (prothèses
totales de genou et de hanche)

Compression veineuse élastique par chaussettes antithrombose (classe 2, 15-25 mmHg)

chez les patients à risque en cas d'alitement, d'intervention chirurgicale à risque thrombo-
embolique; pendant 7 à 10 jours si chirurgie à faible risque, 7 semaines si chirurgie à fort
risque (chirurgie orthopédique, chirurgie carcinologique abdominale)

port bilatéral jour et nuit dès l'admission et tant que persiste le risque thromboembolique
(même si reprise de la marche)

en l'absence de contre-indication: artériopathie oblitérante des membres inférieurs avec


indice de pression systolique < 0,6; microangiopathie diabétique évoluée (compression >
30 mmHg); phlegmatia coerulea dolens (phlébite bleue douloureuse avec compression
artérielle); thrombose septique

en cas de grossesse ou dans le post-partum: la prévention par bas (bascuisse, chaussettes,


collants) est recommandée durant toute la grossesse et 6 semaines après l'accouchement (6
mois après une césarienne); compression à 15-20 mmHg; si insuffisance veineuse associée,
compression à 20-36 mmHg

Mobilisation précoce (postopératoire +++)

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▪ BILAN éTIOLOGIQUE AU DéCOURS D'UN PREMIER éPISODE DE TVP OU D'EP


Rechercher les facteurs de risque, notamment les néoplasies

La recherche d'anomalies de la coagulation chez les patients comme chez les proches est peu
informative et souvent perturbée, d'une part, lors des épisodes thrombotiques aigus et, d'autre
part, par l'administration d'anticoagulants

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136 Insuffisance Veineuse Chronique. Varices

Objectifs

Diagnostiquer une insuffisance veineuse chronique et/ou des varices

Argumenter l'attitude thérapeutique et planifier le suivi du patient

Recommandations, consensus

Collège français de chirurgie vasculaire (2006): www.vasculaire.com

Retour au début

▪ DÉFINITIONS, ÉPIDÉMIOLOGIE

Insuffisance veineuse chronique (IVC): ensemble des manifestations cliniques en rapport avec
une insuffisance du retour veineux par incontinence valvulaire

Varices: dilatations pathologiques et permanentes de veines superficielles

IVC des membres inférieurs: problème de santé publique

Prévalence globale: 11 à 24 % dans les pays industrialisés

Deux fois plus fréquente chez la femme

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▪ PHYSIOLOGIE, ANATOMIE

Deux réseaux veineux du membre inférieur, reliés par des veines perforantes:

réseau veineux profond: draine 90 % du sang veineux

réseau veineux superficiel (veines saphènes): draine le reste

Réseau veineux superficiel anastomotique composé de la grande veine saphène (saphène


interne) et de la petite veine saphène (saphène externe)

Valvules antireflux dans les veines des membres inférieurs

Retour veineux assuré par trois systèmes successifs:

semelle plantaire statique et déroulement du pas


pompe musculaire du mollet

système abdomino-diaphragmatique

Réseau veineux des membres inférieurs

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▪ ÉTIOLOGIE

→ INSUFFISANCE VEINEUSE PRIMITIVE

Maladie variqueuse: varices essentielles; part génétique probable

Insuffisance veineuse fonctionnelle: défaillance du système valvulaire veineux; souvent sujets


âgés

→ INSUFFISANCE VEINEUSE SECONDAIRE

Maladie postphlébitique:

survient après une thrombose veineuse profonde (TVP)


syndrome obstructif chronique avec incontinence valvulaire superficielle et des perforantes

syndrome de reperméation: recanalisation du thrombus avec reflux valvulaire profond et


dégradation des parois veineuses

Compressions veineuses extrinsèques:

compression de la veine iliaque commune gauche par l'artère iliaque commune droite
(syndrome de Cockett)

syndrome soléaire: compression des veines tibio-péronières par l'arcade du soléaire

tumeur pelvienne comprimant une veine iliaque

Malformations veineuses ou artério-veineuses

Dysgénésies valvulaires: anomalie embryologique; insuffisances valvulaires profondes par


agénésie ou dysplasie

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▪ DIAGNOSTIC

Le diagnostic d'IVC est clinique.

→ CIRCONSTANCES DE DÉCOUVERTE

Gêne fonctionnelle

Gêne esthétique

Complications

→ CLINIQUE

Interrogatoire

Recherche de facteurs favorisants: antécédents de maladie thrombo-embolique veineuse,


antécédents familiaux d'IVC, antécédents obstétricaux, contraception œstroprogestative,
constipation, profession nécessitant une position debout prolongée…

Signes fonctionnels:

jambes lourdes

crampes
prurit

phlébalgies (douleurs sur le trajet veineux)

paresthésies

Symptômes majorés:

au cours de la journée

après station debout ou assise prolongée

par la chaleur (chauffage par le sol)

Symptômes améliorés par:

le froid

la surélévation des membres inférieurs

l'exercice physique (activation de la pompe musculaire)

la contention-compression veineuse

Parfois, impatience nocturne (besoin impérieux de mobiliser les jambes), brûlures et rougeur du
pied au cours de la nuit (à différencier de l'érythermalgie vraie), claudication intermittente
veineuse (cède en décubitus)

Examen clinique

Chez un malade en position debout

Inspection et palpation

Examen bilatéral et comparatif des membres inférieurs, le poids du patient reposant sur le
membre non concerné

Trajets veineux superficiels, varices, troubles trophiques, cordon induré, douleur provoquée

Ectasie veineuse des crosses saphènes ou le long d'un trajet: incontinence valvulaire (ostiale ou
perforante)

«Thrill» de la crosse de la grande saphène à la toux: reflux valvulaire ostial important

Signe du flot: percussion de la saphène avec un doigt et perception d'une onde de pression
provoquée en aval, pour repérer le trajet veineux
Manœuvres d'intérêt secondaire avec l'échographie-Doppler:

manœuvre de Schwartz: percussion de la veine en mode inverse de celui du signe du flot; si


perception de l'onde de pression, incontinence valvulaire

manœuvre de Trendelenburg: sujet allongé, membre inférieur surélevé pour vidanger les
veines superficielles; mise en place d'un garrot veineux à la racine de la cuisse, puis le
sujet se lève:

si la grande saphène se remplit de bas en haut: pas d'incontinence ostiale

si la grande saphène se remplit de haut en bas: incontinence ostiale

Signes de stase:

œdème du pied blanc, mou, prenant le godet, à recrudescence vespérale, absent le matin au
lever, sans redistribution vers d'autres territoires

varicosités bleutées de la cheville et de l'arche plantaire: dilatations de petites veines


cutanées et sous-cutanées de l'arche plantaire et des régions malléolaires

Signes du retentissement tissulaire:

lésions cutanées:

dermite ocre: dermite purpurique et pigmentée, due à une extravasation sanguine

atrophie blanche de Milian (dermite atrophique): zones blanc porcelaine,


cicatricielles, arrondies, malléolaires; précède l'ulcère veineux

eczéma: tiers inférieur de jambe; complication fréquente de la stase veineuse


chronique; peut être aggravé par un eczéma de contact lié à l'application de topiques

lésions cutanées et sous-cutanées:

dermo-hypodermite de stase (lipodermatosclérose) au tiers inférieur de jambe: aspect


inflammatoire initialement, puis hypodermite scléreuse avec peau fibreuse indurée

stase lymphatique avec lymphœdème: peau infiltrée, épaissie et cartonnée, orteils


boudinés

ulcères veineux: indolores, non creusants; fond propre humide; siège périmalléolaire;
contour en carte de géographie

Appréciation de la statique du pied, de la semelle plantaire et de la mobilité de la cheville

Touchers pelviens à la recherche d'une compression veineuse


Palpation des pouls, recherche d'une artériopathie oblitérante des membres inférieurs associée

→ ÉCHOGRAPHIE-DOPPLER VEINEUX DES MEMBRES INFÉRIEURS

Examen complet et détaillé, morphologique et dynamique, de la circulation veineuse

Recherche:

d'un reflux veineux pathologique (par insuffisance valvulaire ostiale ou tronculaire)

d'une incontinence de veine perforante

de séquelles de thrombose veineuse (reflux ou obstruction) ou de compression

de signes de TVP (incompressibilité de la veine)

Permet un repérage avant chirurgie ou sclérose

Réalisé systématiquement avant chirurgie, avant sclérose, dans le bilan étiologique d'un ulcère
des membres inférieurs, en cas de suspicion de TVP

▶▶ .............

On rappelle que le diagnostic d'IVC est clinique.

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▪ CLASSIFICATION DE L'IVC

CLASSIFICATION DE PORTER

Classe
Sujet exempt de gêne fonctionnelle veineuse (avec ou sans varices)
0

Insuffisance veineuse chronique mineure


Classe
1 Présence de signes fonctionnels avec ou sans signes objectifs mineurs de stase (atteinte
limitée en général aux veines superficielles)

Classe Insuffisance veineuse chronique modérée


2 Troubles trophiques francs sans ulcère ou sans antécédents d'ulcère
Insuffisance veineuse chronique sévère
Classe
3 Troubles trophiques majeurs avec ulcère (fréquente atteinte associée des veines profondes)

▪ COMPLICATIONS

→ COMPLICATIONS AIGUËS

Phlébite superficielle:

cordon rouge, douloureux et chaud sur un trajet variqueux

thrombose veineuse superficielle segmentaire: potentiel évolutif banal

thrombose saphène extensive vers les crosses ou par les veines perforantes avec risque de
TVP et d'embolie pulmonaire

d'où la nécessité de la réalisation systématique d'une échographie-Doppler

TVP plus fréquente en cas d'IVC

Rupture (hémorragie par rupture de varices):

hémorragie interne, avec hématome douloureux

hémorragie externe, indolore: traitement par surélévation du membre et pansement


compressif

→ COMPLICATIONS CHRONIQUES

Cutanées: troubles trophiques (dermite ocre, atrophie blanche de Milian, eczéma, varicosités)

Hypodermite chronique, ulcère variqueux

Lymphœdème

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▪ DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL

Maladies non veineuses:

hernie crurale

kyste synovial
anévrisme poplité

hernie aponévrotique musculaire

Maladies veineuses:

malformations vasculaires congénitales chez l'enfant

fistules artério-veineuses

compressions pelviennes

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▪ TRAITEMENT

→ HYGIÈNE DE VIE ET PRÉVENTION

Favoriser le retour veineux: jambes surélevées, marche régulière, réduction pondérale, éviter le
chauffage par le sol et l'exposition au soleil prolongée, lutte contre la station debout prolongée,
surélever les pieds du lit de 10 cm

Régime riche en fibres pour éviter une constipation chronique

Traitement adapté des TVP

À noter que les varices lors d'une grossesse peuvent régresser à la fin de celle-ci

→ TRAITEMENT MÉDICAL

Contention veineuse:

bandes, chaussettes, bas, collants

réduit la dilatation des veines et augmente la vitesse d'écoulement du sang veineux; diminue
le volume du membre; effet antiœdème; améliore l'efficacité de la pompe musculaire

effet bénéfique sur la microcirculation cutanée et lymphatique

pour les bas et collants de contention, quatre classes en fonction de la pression exercée:
contention faible (classe I), moyenne (classe II), forte (classe III), très forte (classe IV)

contre-indiquée en cas d'artériopathie oblitérante des membres inférieurs

Traitement médicamenteux:

médicaments veinotoniques, veinoactifs ou veinotropes


deux groupes: extraits de plantes, ou flavonoïdes, et molécules de synthèse

efficacité discutée

indications: présence d'une gêne fonctionnelle

pas d'indication pour une gêne esthétique isolée

pas d'association de deux ou plusieurs veinoactifs car il n'y a pas de bénéfice

pas d'effet prophylactique

Vaccination antitétanique si troubles trophiques

Crénothérapie: en cas de gêne clinique persistante après une prise en charge médicale et/ou
chirurgicale correcte; durée de la cure: 3 semaines

→ SCLÉROTHÉRAPIE

Mécanisme d'action: injection d'un produit sclérosant dans une veine superficielle aboutissant à
une fibrose et une disparition du matériel veineux

Indications: varices non systématisées, ou en complément de la chirurgie d'éveinage, reflux


valvulaire ostial, sclérose des perforantes, varices des collatérales des troncs saphènes,
veinules, varicosités, télangiectasies

Complications: réaction allergique, injection intra-artérielle avec risque d'amputation majeur,


pigmentation, hématome, veinite ou périveinite (surdosage de produit sclérosant), hypodermite
ou nécrose cutanée si extravasation de produit, TVP exceptionnelle

→ CHIRURGIE

Indications:

à discuter au cas par cas

varices systématisées le long d'un réseau saphène

éveinage par stripping, sous anesthésie locale ou générale

ligature des perforantes incontinentes en dehors de la zone du stripping

phlébectomie des varices de moyen et gros calibre

Contre-indication classique: TVP (car suppression de réseau de suppléance)

Traitement par laser: en cours d'évaluation


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136 Insuffisance Veineuse Chronique. Varices

Objectifs

Diagnostiquer une insuffisance veineuse chronique et/ou des varices

Argumenter l'attitude thérapeutique et planifier le suivi du patient

Recommandations, consensus

Collège français de chirurgie vasculaire (2006): www.vasculaire.com

Retour au début

▪ DÉFINITIONS, ÉPIDÉMIOLOGIE

Insuffisance veineuse chronique (IVC): ensemble des manifestations cliniques en rapport avec
une insuffisance du retour veineux par incontinence valvulaire

Varices: dilatations pathologiques et permanentes de veines superficielles

IVC des membres inférieurs: problème de santé publique

Prévalence globale: 11 à 24 % dans les pays industrialisés

Deux fois plus fréquente chez la femme

Retour au début

▪ PHYSIOLOGIE, ANATOMIE

Deux réseaux veineux du membre inférieur, reliés par des veines perforantes:

réseau veineux profond: draine 90 % du sang veineux

réseau veineux superficiel (veines saphènes): draine le reste

Réseau veineux superficiel anastomotique composé de la grande veine saphène (saphène


interne) et de la petite veine saphène (saphène externe)

Valvules antireflux dans les veines des membres inférieurs

Retour veineux assuré par trois systèmes successifs:

semelle plantaire statique et déroulement du pas


pompe musculaire du mollet

système abdomino-diaphragmatique

Réseau veineux des membres inférieurs

Retour au début

▪ ÉTIOLOGIE

→ INSUFFISANCE VEINEUSE PRIMITIVE

Maladie variqueuse: varices essentielles; part génétique probable

Insuffisance veineuse fonctionnelle: défaillance du système valvulaire veineux; souvent sujets


âgés

→ INSUFFISANCE VEINEUSE SECONDAIRE

Maladie postphlébitique:

survient après une thrombose veineuse profonde (TVP)


syndrome obstructif chronique avec incontinence valvulaire superficielle et des perforantes

syndrome de reperméation: recanalisation du thrombus avec reflux valvulaire profond et


dégradation des parois veineuses

Compressions veineuses extrinsèques:

compression de la veine iliaque commune gauche par l'artère iliaque commune droite
(syndrome de Cockett)

syndrome soléaire: compression des veines tibio-péronières par l'arcade du soléaire

tumeur pelvienne comprimant une veine iliaque

Malformations veineuses ou artério-veineuses

Dysgénésies valvulaires: anomalie embryologique; insuffisances valvulaires profondes par


agénésie ou dysplasie

Retour au début

▪ DIAGNOSTIC

Le diagnostic d'IVC est clinique.

→ CIRCONSTANCES DE DÉCOUVERTE

Gêne fonctionnelle

Gêne esthétique

Complications

→ CLINIQUE

Interrogatoire

Recherche de facteurs favorisants: antécédents de maladie thrombo-embolique veineuse,


antécédents familiaux d'IVC, antécédents obstétricaux, contraception œstroprogestative,
constipation, profession nécessitant une position debout prolongée…

Signes fonctionnels:

jambes lourdes

crampes
prurit

phlébalgies (douleurs sur le trajet veineux)

paresthésies

Symptômes majorés:

au cours de la journée

après station debout ou assise prolongée

par la chaleur (chauffage par le sol)

Symptômes améliorés par:

le froid

la surélévation des membres inférieurs

l'exercice physique (activation de la pompe musculaire)

la contention-compression veineuse

Parfois, impatience nocturne (besoin impérieux de mobiliser les jambes), brûlures et rougeur du
pied au cours de la nuit (à différencier de l'érythermalgie vraie), claudication intermittente
veineuse (cède en décubitus)

Examen clinique

Chez un malade en position debout

Inspection et palpation

Examen bilatéral et comparatif des membres inférieurs, le poids du patient reposant sur le
membre non concerné

Trajets veineux superficiels, varices, troubles trophiques, cordon induré, douleur provoquée

Ectasie veineuse des crosses saphènes ou le long d'un trajet: incontinence valvulaire (ostiale ou
perforante)

«Thrill» de la crosse de la grande saphène à la toux: reflux valvulaire ostial important

Signe du flot: percussion de la saphène avec un doigt et perception d'une onde de pression
provoquée en aval, pour repérer le trajet veineux
Manœuvres d'intérêt secondaire avec l'échographie-Doppler:

manœuvre de Schwartz: percussion de la veine en mode inverse de celui du signe du flot; si


perception de l'onde de pression, incontinence valvulaire

manœuvre de Trendelenburg: sujet allongé, membre inférieur surélevé pour vidanger les
veines superficielles; mise en place d'un garrot veineux à la racine de la cuisse, puis le
sujet se lève:

si la grande saphène se remplit de bas en haut: pas d'incontinence ostiale

si la grande saphène se remplit de haut en bas: incontinence ostiale

Signes de stase:

œdème du pied blanc, mou, prenant le godet, à recrudescence vespérale, absent le matin au
lever, sans redistribution vers d'autres territoires

varicosités bleutées de la cheville et de l'arche plantaire: dilatations de petites veines


cutanées et sous-cutanées de l'arche plantaire et des régions malléolaires

Signes du retentissement tissulaire:

lésions cutanées:

dermite ocre: dermite purpurique et pigmentée, due à une extravasation sanguine

atrophie blanche de Milian (dermite atrophique): zones blanc porcelaine,


cicatricielles, arrondies, malléolaires; précède l'ulcère veineux

eczéma: tiers inférieur de jambe; complication fréquente de la stase veineuse


chronique; peut être aggravé par un eczéma de contact lié à l'application de topiques

lésions cutanées et sous-cutanées:

dermo-hypodermite de stase (lipodermatosclérose) au tiers inférieur de jambe: aspect


inflammatoire initialement, puis hypodermite scléreuse avec peau fibreuse indurée

stase lymphatique avec lymphœdème: peau infiltrée, épaissie et cartonnée, orteils


boudinés

ulcères veineux: indolores, non creusants; fond propre humide; siège périmalléolaire;
contour en carte de géographie

Appréciation de la statique du pied, de la semelle plantaire et de la mobilité de la cheville

Touchers pelviens à la recherche d'une compression veineuse


Palpation des pouls, recherche d'une artériopathie oblitérante des membres inférieurs associée

→ ÉCHOGRAPHIE-DOPPLER VEINEUX DES MEMBRES INFÉRIEURS

Examen complet et détaillé, morphologique et dynamique, de la circulation veineuse

Recherche:

d'un reflux veineux pathologique (par insuffisance valvulaire ostiale ou tronculaire)

d'une incontinence de veine perforante

de séquelles de thrombose veineuse (reflux ou obstruction) ou de compression

de signes de TVP (incompressibilité de la veine)

Permet un repérage avant chirurgie ou sclérose

Réalisé systématiquement avant chirurgie, avant sclérose, dans le bilan étiologique d'un ulcère
des membres inférieurs, en cas de suspicion de TVP

▶▶ .............

On rappelle que le diagnostic d'IVC est clinique.

Retour au début

▪ CLASSIFICATION DE L'IVC

CLASSIFICATION DE PORTER

Classe
Sujet exempt de gêne fonctionnelle veineuse (avec ou sans varices)
0

Insuffisance veineuse chronique mineure


Classe
1 Présence de signes fonctionnels avec ou sans signes objectifs mineurs de stase (atteinte
limitée en général aux veines superficielles)

Classe Insuffisance veineuse chronique modérée


2 Troubles trophiques francs sans ulcère ou sans antécédents d'ulcère
Insuffisance veineuse chronique sévère
Classe
3 Troubles trophiques majeurs avec ulcère (fréquente atteinte associée des veines profondes)

▪ COMPLICATIONS

→ COMPLICATIONS AIGUËS

Phlébite superficielle:

cordon rouge, douloureux et chaud sur un trajet variqueux

thrombose veineuse superficielle segmentaire: potentiel évolutif banal

thrombose saphène extensive vers les crosses ou par les veines perforantes avec risque de
TVP et d'embolie pulmonaire

d'où la nécessité de la réalisation systématique d'une échographie-Doppler

TVP plus fréquente en cas d'IVC

Rupture (hémorragie par rupture de varices):

hémorragie interne, avec hématome douloureux

hémorragie externe, indolore: traitement par surélévation du membre et pansement


compressif

→ COMPLICATIONS CHRONIQUES

Cutanées: troubles trophiques (dermite ocre, atrophie blanche de Milian, eczéma, varicosités)

Hypodermite chronique, ulcère variqueux

Lymphœdème

Retour au début

▪ DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL

Maladies non veineuses:

hernie crurale

kyste synovial
anévrisme poplité

hernie aponévrotique musculaire

Maladies veineuses:

malformations vasculaires congénitales chez l'enfant

fistules artério-veineuses

compressions pelviennes

Retour au début

▪ TRAITEMENT

→ HYGIÈNE DE VIE ET PRÉVENTION

Favoriser le retour veineux: jambes surélevées, marche régulière, réduction pondérale, éviter le
chauffage par le sol et l'exposition au soleil prolongée, lutte contre la station debout prolongée,
surélever les pieds du lit de 10 cm

Régime riche en fibres pour éviter une constipation chronique

Traitement adapté des TVP

À noter que les varices lors d'une grossesse peuvent régresser à la fin de celle-ci

→ TRAITEMENT MÉDICAL

Contention veineuse:

bandes, chaussettes, bas, collants

réduit la dilatation des veines et augmente la vitesse d'écoulement du sang veineux; diminue
le volume du membre; effet antiœdème; améliore l'efficacité de la pompe musculaire

effet bénéfique sur la microcirculation cutanée et lymphatique

pour les bas et collants de contention, quatre classes en fonction de la pression exercée:
contention faible (classe I), moyenne (classe II), forte (classe III), très forte (classe IV)

contre-indiquée en cas d'artériopathie oblitérante des membres inférieurs

Traitement médicamenteux:

médicaments veinotoniques, veinoactifs ou veinotropes


deux groupes: extraits de plantes, ou flavonoïdes, et molécules de synthèse

efficacité discutée

indications: présence d'une gêne fonctionnelle

pas d'indication pour une gêne esthétique isolée

pas d'association de deux ou plusieurs veinoactifs car il n'y a pas de bénéfice

pas d'effet prophylactique

Vaccination antitétanique si troubles trophiques

Crénothérapie: en cas de gêne clinique persistante après une prise en charge médicale et/ou
chirurgicale correcte; durée de la cure: 3 semaines

→ SCLÉROTHÉRAPIE

Mécanisme d'action: injection d'un produit sclérosant dans une veine superficielle aboutissant à
une fibrose et une disparition du matériel veineux

Indications: varices non systématisées, ou en complément de la chirurgie d'éveinage, reflux


valvulaire ostial, sclérose des perforantes, varices des collatérales des troncs saphènes,
veinules, varicosités, télangiectasies

Complications: réaction allergique, injection intra-artérielle avec risque d'amputation majeur,


pigmentation, hématome, veinite ou périveinite (surdosage de produit sclérosant), hypodermite
ou nécrose cutanée si extravasation de produit, TVP exceptionnelle

→ CHIRURGIE

Indications:

à discuter au cas par cas

varices systématisées le long d'un réseau saphène

éveinage par stripping, sous anesthésie locale ou générale

ligature des perforantes incontinentes en dehors de la zone du stripping

phlébectomie des varices de moyen et gros calibre

Contre-indication classique: TVP (car suppression de réseau de suppléance)

Traitement par laser: en cours d'évaluation


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175 Prescription et Surveillance D'Un Traitement Antithrombotique

Objectifs

Prescrire et surveiller un traitement antithrombotique à titre préventif et curatif, à court et à long


terme (P)

Recommandations, consensus

Agence européenne du médicament (2011): Rapport d'évaluation du ticagrelor

European Society of Cardiology (2011): Guidelines for the management of acute coronary
syndromes in patients presenting without persistent ST-segment elevation

Haute Autorité de santé (2009): Synthèse d'avis et fiche de bon usage des médicaments prasugrel
(Efient® ) et rivaroxaban (Xarelto® )

Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (2009): Prévention et traitement de
la maladie thrombo-embolique veineuse en médecine

European Society of Cardiology (2004): Use of antiplatelet agents

Société française de cardiologie (1997): Indications et surveillance du traitement anticoagulant


oral

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▪ ANTIAGRÉGANTS PLAQUETTAIRES

→ ASPIRINE

Mécanisme d'action, durée d'action

Inhibe la cyclo-oxygénase plaquettaire et endothéliale, COX1, à faible dose, et la COX2


(responsable de l'activité inflammatoire), à dose plus forte

Effet antiagrégant à dose faible (75 à 500 mg/j), effet anti-inflammatoire à dose plus forte (> 1
g/j)

Effet sur les plaquettes irréversible; nécessité d'attendre 8 à 10 jours (durée de vie normale des
plaquettes) pour ne plus avoir d'effet antiagrégant détectable; en pratique, compétence
hémostatique 3 à 4 jours après l'arrêt

Indications

Comme antiagrégant:
syndrome coronaire aigu (SCA) avec (« ST + » ) ou sans (« ST - ») sus-décalage de ST
avec dose de charge initiale

angor stable, pontage aorto-coronaire

fibrillation atriale à faible risque embolique

artériopathie oblitérante des membres inférieurs, accident ischémique transitoire, AVC

thrombocytoses

Comme anti-inflammatoire (voir «Prescription et surveillance des anti-inflammatoires


stéroïdiens et non stéroïdiens», item 174, Orthopédie-Rééducation - Rhumatologie -
Médecine interne):

péricardite

autres indications des AINS

Contre-indications

Allergie; mais possibilité de désensibilisation sous surveillance rapprochée si nécessaire

Ulcère gastro-duodénal

Maladie hémorragique

Posologie

Entre 75 et 330 mg/j pour l'effet antiagrégant plaquettaire

De 1 à 3 g/j pour l'effet anti-inflammatoire

Effets secondaires

Ulcère gastro-duodénal (+++), saignements digestifs surtout pour les posologies anti-
inflammatoires

Autres hémorragies

Allergie

→ CLOPIDOGREL (PLAVIX®)

Mécanisme et durée d'action

Antagoniste spécifique de l'adénosine diphosphate appartenant à la famille des thiénopyridines


Dérivé de la ticlopidine (Ticlid® ), avec le même effet antiagrégant pour une dose 7 fois plus
faible et avec une tolérance digestive et hématologique meilleure que celle du Ticlid®

Effet quelques heures (2 à 4 h) après administration d'une dose de charge de 300 mg

Durée d'action: 7 jours (3 à 10 j)

Indications

Artériopathie oblitérante des membres inférieurs

SCA avec (« ST + ») ou sans (« ST - ») sus-décalage de ST avec dose de charge initiale

Angor stable avec mise en place d'une endoprothèse (stent) coronaire, pendant au minimum 1
mois si stent nu, 12 mois si stent actif

AVC ischémique de plus de 7 jours

Allergie à l'aspirine: mêmes indications à titre d'antiagrégant plaquettaire

Contre-indications

Hypersensibilité connue

Hémorragie

Insuffisance hépatique sévère

Grossesse, allaitement

Posologie

75 mg/j

Dose de charge de 600 à 900 mg uniquement avant une angioplastie (SCA et angioplastie
programmée avec mise en place d'un stent)

Effets secondaires

Hémorragies

Thrombopénie, neutropénie (rares)

Allergie

Précautions d'emploi

Doit être suspendu 5 jours avant une chirurgie programmée.


→ PRASUGREL (EFIENT®)

Mécanisme et durée d'action

Prodrogue appartenant à la famille des thiénopyridines, transformée en métabolite actif

Bloque de manière irréversible la liaison de l'adénosine diphosphate au récepteur P2Y12 et


inhibe ainsi l'activation et l'agrégation plaquettaires

Action plus rapide (délai d'action 30 min) et plus importante (moins de biotransformation) que
le clopidogrel

A démontré la diminution des événements ischémiques (AVC, infarctus du myocarde dont les
thromboses de stent, décès cardio-vasculaire) sans diminution de la mortalité par rapport au
clopidogrel mais avec un sur-risque hémorragique, surtout chez les sujets âgés de plus de 75
ans, les sujets pesant moins de 60 kg et les patients aux antécédents d'AVC ou d'accident
ischémique transitoire

Demi-vie moyenne: 7,4 heures

Durée d'action: 5 à 10 jours

Indication

Prévention des événements athérothrombotiques chez les patients traités par angioplastie primaire ou
retardée dans les SCA (angor instable, SCA ST +, SCA non ST +) en association à l'aspirine.

Contre-indications

Âge > 75 ans

Poids < 60 kg

Antécédent d'AVC ou d'accident ischémique transitoire

Insuffisance hépatique sévère

Allergie

Posologie

Dose de charge de 60 mg, puis 10 mg/j.

Effets secondaires

Hémorragies.

Précautions d'emploi
Doit être suspendu 7 jours avant une chirurgie programmée.

→ TICAGRELOR (BRILIQUE®)

Mécanisme et durée d'action

Antagoniste réversible de la liaison de l'ADP aux récepteurs P2Y12

Appartient à la classe des cyclopentyl-triazolo-pyrimidines

Action plus rapide (délai d'action de 30 min) et plus importante que celle du clopidogrel

Demi-vie courte: 12 heures

Durée d'action: 3-4 jours

Indication

A l'AMM européenne (pas d'AMM en France pour l'instant), en association à l'aspirine (dose de
maintien: 75-150 mg/j) dans la prévention des événements athérothrombotiques chez les adultes
atteints de SCA (angor instable, SCA ST -, SCA ST +), incluant les patients pris en charge
médicalement et ceux subissant une intervention percutanée ou un pontage.

Contre-indications

Insuffisance hépatique

AVC hémorragique, hémorragie

Allergie

Posologie

Dose de charge de 180 mg (2 comprimés) en 1 prise, puis 90 mg 2 fois par jour.

Effets secondaires

Hémorragies

Dyspnée

Céphalées

Épistaxis

Troubles du rythme: bradycardie, fibrillation atriale

Élévation de la créatininémie et de l'uricémie


Précautions d'emploi

Doit être suspendu 5 jours avant une chirurgie programmée

Interactions médicamenteuses avec kétoconazole, atanavir et ritonavir, néfazodone


(antidépresseur), simvastatine? diltiazem?

→ ANTI-GPIIB-IIIA: ABCIXIMAB (REOPRO®), EPTIFIBATIDE (INTEGRILIN®), TIROFIBAN


(AGRASTAT®)

Mécanisme d'action

Antiagrégants plaquettaires empêchant la liaison du fibrinogène et du facteur von Willebrand aux


récepteurs IIb-IIIa des plaquettes

Demi-vie courte, d'où effet antiagrégant immédiatement réversible après arrêt de la perfusion

Indications

Eptifibatide, tirofiban: SCA ST -, à haut risque dans les 24 heures avant la réalisation de la
coronarographie

Leur place est de moins en moins importante avec l'apparition du prasugrel et du ticagrelor

Abciximab:

SCA ST +, avant, pendant et après l'angioplastie, en présence d'une masse thrombotique


importante

complication d'angioplastie coronaire (thrombose de stent, dissection coronaire)

Contre-indications

Hypersensibilité connue

Thrombopénie

Maladie intracrânienne: antécédent d'hémorragie cérébro-méningée, néoplasie, anévrisme,


chirurgie ou traumatisme récent, AVC ischémique < 6 mois

Ulcère gastro-duodénal évolutif ou récent < 1 mois

Chirurgie oculaire récente

Intervention chirurgicale récente

Ponction récente (< 24-48 h) d'une artère ou d'un organe sans possibilité de compression
Présence d'une hémorragie extériorisée

Dissection aortique

Insuffisance hépatique ou rénale sévère

Troubles importants de l'hémostase

Effets secondaires

Hémorragies graves

Thrombopénies sévères (nécessité de surveillance des plaquettes toutes les 6 h)

Allergie

Retour au début

▪ ANTICOAGULANTS

→ HÉPARINES

Deux types: héparine non fractionnée (HNF) et héparines de bas poids moléculaire (HBPM).

HNF

Voie d'administration

Administrée par voie sous-cutanée ou IV, inactivée per os, jamais en intramusculaire.

Mécanisme d'action

Polysaccharide sulfaté extrait de l'intestin de porc, de poids moléculaire moyen élevé (environ
15 000 Da), inhibiteur indirect de la thrombine

Se lie à l'antithrombine III (inhibiteur physiologique de la coagulation) par l'intermédiaire d'un


pentasaccharide et accélère l'inhibition des facteurs IIa, IXa, Xa, XIa, XIIa par l'antithrombine
III

Activité anti-Xa et anti-IIa

Inefficacité chez les patients ayant un déficit congénital ou acquis en antithrombine III

Indications

Prévention de la thrombose veineuse profonde et de l'embolie pulmonaire (en sous-cutané)


Traitement de la thrombose veineuse profonde et de l'embolie pulmonaire en attendant
l'efficacité de l'AVK

SCA avec (« ST + ») ou sans (« ST - ») sus-décalage de ST à la phase aiguë

Fibrillation atriale en attendant l'efficacité de l'AVK

Prothèse valvulaire cardiaque mécanique en attendant l'efficacité de l'AVK

Ischémie aiguë de membre

AVC d'origine embolique

Relais AVK-héparine avant geste chirurgical

Substitution aux AVK lors de la grossesse

Hémodialyse, circulation extracorporelle

Contre-indications

Absolues:

antécédent de thrombopénie induite par l'héparine (TIH) de type 2, allergie à l'héparine

dissection aortique

AVC hémorragique

hémorragie récente, surtout cérébro-méningée

syndrome hémorragique majeur

chirurgie neurologique ou ophtalmologique récente

Relatives:

thrombopénie

chirurgie récente

ulcère gastro-duodénal récent

péricardite (risque de tamponnade)

endocardite infectieuse

hypertension artérielle sévère


Posologie

Les doses d'héparine standard s'expriment en UI, par référence à un étalon international

Héparine sodique (Héparine®):

par voie IV

5 000 UI/mL

traitement curatif: 400-500 UI/kg/j à adapter selon le TCA (TCA cible: 2 à 3 fois celui du
témoin)

± dose de charge de 50-100 UI/kg

Héparine calcique (Calciparine®):

par voie sous-cutanée

25 000 UI/mL

traitement curatif: 500 UI/kg/j à adapter selon le TCA (TCA cible: 2 à 3 fois celui du
témoin)

en 3 injections par jour

prévention: 5 000 UI (0,2 mL)/12 h

Effets secondaires

TIH, types 1 et 2 (voir item 182, «Accidents des anticoagulants»)

Accidents hémorragiques

Autres allergies: éruption prurigineuse, hyperéosinophilie

Ostéoporose avec un traitement héparinique de plusieurs mois

Alopécie si traitement prolongé, cytolyse hépatique, hypoaldostéronisme avec hyperkaliémie


(rares)

Surveillance biologique

TCA:

explore la voie endogène de la coagulation

ne s'effectue que lorsque l'héparine est utilisée à doses curatives


très utilisé, sensible et reproductible

TCA cible: 2 à 3 fois celui du témoin

réalisé 6 heures après le début du traitement puis 6 heures après chaque modification de
posologie

Héparinémie:

reflète la sensibilité in vivo d'un individu à l'héparine

doit se situer entre 0,3 et 0,6 UI/mL de plasma

intérêt pour surveiller un patient porteur d'un allongement spontané du TCA (syndrome des
antiphospholipides…)

Surveillance des plaquettes 2 fois par semaine en raison du risque de thrombopénie

HBPM

Mécanisme d'action

Obtenues par fragmentation de l'HNF

Forte activité anti-Xa et faible activité anti-IIa

Disponibilité et efficacité prévisibles

Activité biologique mesurée par l'activité anti-Xa circulante:

0,2 à 0,3 UI anti-Xa/mL en cas de traitement prophylactique

0,5 à 1 UI anti-Xa/mL en cas de traitement curatif

Mesure de l'activité anti-Xa non systématique, réalisée dans certains cas particuliers

Indications

Prévention de la thrombose veineuse profonde et de l'embolie pulmonaire

Traitement de la thrombose veineuse profonde et de l'embolie pulmonaire non grave en attendant


l'efficacité de l'AVK

SCA avec (« ST + ») ou sans («ST -») sus-décalage de ST à la phase aiguë

Hémodialyse

Contre-indications
Idem HNF

Insuffisance rénale:

à dose curative: contre-indication absolue si clairance de la créatinine < 30 mL/min,


contre-indication relative si clairance < 60 mL/min

à dose préventive: contre-indication relative si clairance < 30 mL/min

Posologie

Daltéparine (Fragmine®):

en sous-cutané

traitement préventif: 2 500 à 5 000 UI/j

traitement curatif: 100 UI/kg/12 h

Énoxaparine (Lovénox®):

traitement préventif: 2 000 à 4 000 UI/j

traitement curatif: 100 UI/kg/12 h

Nadroparine (Fraxiparine®):

en sous-cutané

traitement préventif: 2 850 UI/j

traitement curatif: 85 UI/kg/12 h

Nadroparine (Fraxodi®): traitement curatif, 170 UI/kg/j en sous-cutané

Tinzaparine (Innohep®): traitement curatif, 175 UI/kg/j en sous-cutané

Effets secondaires

Idem HNF

Le risque de TIH existe, même s'il est moins fréquent qu'avec l'HNF

Surveillance biologique

Surveillance des plaquettes 2 fois par semaine en raison du risque de thrombopénie

Mesure de l'activité anti-Xa non systématique, réalisée dans certains cas particuliers:
insuffisance rénale modérée (clairance de la créatinine entre 30 et 60 mL/min)

poids < 40 kg ou > 100 kg

accident hémorragique ou thrombotique sous HBPM

patient à risque hémorragique ou utilisation de doses très élevées d'HBPM

Pas de surveillance du TCA

Intérêt des HBPM par rapport à l'HNF

Moins de TIH de type 2

Plus forte activité anti-Xa

Demi-vie plus longue, permettant une seule ou deux injections par jour

Pas de surveillance du TCA, mesure de l'activité anti-Xa dans certains cas particuliers

Meilleure biodisponibilité, moins de variabilité intra-individuelle

→ AVK

Anticoagulants oraux, largement prescrits et souvent pour des périodes longues.

Mécanisme d'action

Inhibition compétitive de la synthèse hépatique de quatre facteurs de la coagulation (II, VII, IX et


X) et de deux inhibiteurs physiologiques de la coagulation (protéines C et S)

Ce mode d'action explique le temps de latence:

entre la première administration et l'apparition de l'effet thérapeutique

entre l'arrêt du traitement et la disparition de l'effet anticoagulant

Interactions médicamenteuses nombreuses avec le métabolisme des AVK

Indications

Traitement de la thrombose veineuse profonde et de l'embolie pulmonaire

Fibrillation atriale

Prothèse valvulaire cardiaque mécanique

Thrombus intracardiaque
Thrombophilie

Contre-indications

Allergie

Trouble de l'hémostase avec déficit de coagulation

Hypertension artérielle sévère non contrôlée

AVC hémorragique récent

Lésion hémorragique: ulcère gastro-duodénal hémorragique, fibrome utérin hémorragique…

Insuffisance hépatocellulaire, cirrhose, insuffisance rénale sévère

Femme enceinte (1er et 3e trimestres) ou allaitante (effet tératogène et risque hémorragique)

Autres contre-indications (relatives): chutes du sujet âgé, antécédent d'ulcère, péricardite


liquidienne; discutées en fonction du rapport bénéfice/risque

Pharmacologie

Deux familles d'AVK commercialisées:

dérivés de l'indanedione: fluindione (Préviscan®)

coumariniques: acénocoumarol (Sintrom®, Mini-Sintrom®), warfarine (Coumadine®)

Délais et durées d'action variables selon la demi-vie de l'AVK utilisé:

acénocoumarol: demi-vie de 8 heures, durée d'action de 2-3 jours

fluindione: demi-vie de 30 heures, durée d'action de 2-3 jours

warfarine: demi-vie de 40 heures, durée d'action de 3-5 jours

Résorption digestive presque complète et rapide

Forte fixation (90 à 99 %) à l'albumine plasmatique; seule la forme libre est active

Métabolisme hépatique avec excrétion urinaire de métabolites inactifs

Les AVK de demi-vie longue ou intermédiaire paraissent préférables

Posologie

Posologies variables en fonction de la molécule, de la sensibilité du malade à ce médicament et


de l'INR cible

Administration en une prise quotidienne, de préférence le soir, ou deux prises quotidiennes pour
l'acénocoumarol (demi-vie courte)

Avant de débuter le traitement, s'assurer de l'absence de contre-indication

Pas de dose de charge

Débuter le traitement par 1 comprimé par jour, contrôle de l'INR à 48 heures puis, en fonction,
ajuster la posologie par 1/4 de comprimé; de nouveau, contrôle de l'INR à 48 heures et
ajustement de la posologie jusqu'à obtention de l'INR cible

Relais héparine-AVK précoce après les premiers jours de traitement par héparine, qui comporte
trois avantages essentiels:

un chevauchement plus long entre les deux traitements avec baisse de tous les cofacteurs
vitamine K-dépendants dont la cinétique de décroissance n'est pas uniforme

une moindre durée du traitement par l'héparine, avec le corollaire d'une moindre incidence
de TIH

une durée d'hospitalisation plus courte

Interactions

Interactions médicamenteuses: nombreuses

PRINCIPAUX MÉDICAMENTS PRINCIPAUX MÉDICAMENTS


POTENTIALISANT L'ACTION DES AVK INHIBANT L'ACTION DES AVK

AINS, aspirine

Amiodarone

Antibiotiques actifs sur la flore intestinale:

tétracyclines et dérivés

Céphalosporine, pénicilline, sulfamides Antiépileptiques: carbamazépine, phénytoïne

Chloramphénicol Barbituriques

Cimétidine Chlordiazépine

Cholestyramine
Cisapride Éthylœstradiol

Cotrimoxazole, fluconazole, kétoconazole, Griséofulvine


métronidazole, miconazole
Rifampicine
Fibrates
Sucralfate
Néomycine

Phénylbutazone

Quinine

Ralentisseurs du transit

Sulfamides hypoglycémiants

Les potentialisateurs des AVK agissent en:

diminuant la synthèse de vitamine K par la flore intestinale (antibiotiques)

diminuant la résorption de vitamine K intestinale (huile de paraffine)

déplaçant l'AVK lié à l'albumine: compétition, donc augmentation de la fraction libre


active (AINS, clofibrate, sulfamides)

inhibant le métabolisme hépatique des AVK par inhibition enzymatique (azolés)

Les inhibiteurs des AVK agissent en:

diminuant la résorption intestinale des AVK (antiacides, cholestyramine, laxatifs)

augmentant le métabolisme hépatique des AVK par induction enzymatique (barbituriques,


carbamates, carbamazépine, griséofulvine, rifampicine)

Indépendamment de toute compétition, l'association de certains médicaments peut être


dangereuse car ils inhibent les fonctions plaquettaires (AINS, aspirine, clopidogrel) et
augmentent le risque hémorragique

Diminution de l'efficacité des AVK si alimentation riche en vitamine K (foie, choux, épinards…)
ou en aliments s'opposant à l'action des AVK (avocats en grande quantité)

Effets secondaires

Accidents hémorragiques des AVK:

problème majeur des AVK (voir item 182, «Accidents des anticoagulants»)
deux cas de figure:

surdosage en AVK (le plus souvent)

lésion hémorragique méconnue (ulcère gastro-duodénal, fibrome utérin, anévrisme


cérébral…) sans surdosage en AVK (traitement AVK bien équilibré)

risque hémorragique dépendant du niveau d'anticoagulation:

INR entre 2 et 2,9: 1 % par an

INR entre 3 et 3,9: 3 % par an

INR entre 4 et 4,9: 4 % par an

INR > 5: 50 % par an

Coumariniques: intolérance digestive

Indanedione: rash cutané, toxicité hématologique

Surveillance biologique

Temps de Quick (ou taux de prothrombine):

explore les facteurs II, VII, X mais aussi le facteur V (non vitamine K-dépendant), n'explore
pas le facteur IX: donc imparfait

exprimé en pourcentage du temps normal de coagulation

doit être compris entre 25 et 35 % pour assurer une hypocoagulation efficace

problème de standardisation: plusieurs réactifs possibles pour déterminer le taux de


prothrombine, d'où des résultats différents entre les laboratoires pour un même sérum

ne doit plus être utilisé aujourd'hui, l'INR devant être la référence

INR (International Normalized Ratio):

temps de Quick du patient/temps de Quick du témoinISI

ISI: International Standardized Index

l'INR permet de standardiser les résultats du taux de prothrombine et de supprimer les


variations dues aux différents réactifs des laboratoires

zones thérapeutiques et INR cible:


fibrillation atriale, thrombose veineuse profonde, embolie pulmonaire: INR entre 2 et
3

prothèse valvulaire cardiaque mécanique: INR entre 2 et 4,5 (plutôt 2 à 3 pour les
prothèses aortiques et 3 à 4,5 pour les prothèses mitrales)

l'INR doit être mesuré:

toutes les 48 heures à l'instauration du traitement jusqu'à obtenir 2 INR consécutifs


dans la cible

puis régulièrement, 1 fois par semaine pendant 1 mois, puis mensuellement à vie

devant toute hémorragie, même minime, changement de traitement (interaction),


changement de posologie

NFS: à vérifier de temps à autre afin de dépister le plus tôt possible un saignement occulte

Éducation du patient concernant les AVK

Port d'un carnet d'anticoagulant avec les coordonnées du cardiologue, l'indication des AVK et
l'INR cible

Résultats des dosages successifs d'INR consignés régulièrement sur le carnet

Bonne observance thérapeutique; ne pas prendre 2 doses si oubli la veille

Surveillance régulière de l'INR, résultats à transmettre au médecin traitant pour adaptation de la


dose

Pas d'automédication, risque d'interactions médicamenteuses

Pas d'alimentation riche en vitamine K (choux +++)

Consultation en urgence si saignement

Éviter activités et sports violents

Signaler le traitement aux professionnels de santé: dentistes…

Pas d'injection intramusculaire

Moyen de contraception efficace

Pas de consommation d'alcool excessive

→ FONDAPARINUX (ARIXTRA®)
Mécanisme d'action

Pentasaccharide de synthèse

Se lie à l'antithrombine III

Activité anti-Xa exclusive, pas d'activité anti-IIa

Excellente biodisponibilité

Indications

Prévention de la thrombose veineuse profonde et de l'embolie pulmonaire

Traitement de la thrombose veineuse profonde et de l'embolie pulmonaire non grave en attendant


l'efficacité de l'AVK

SCA ST - à la phase aiguë avec absence de coronarographie prévue en urgence (< 120 min);
attention: lors de la coronarographie, l'administration d'HNF IV en plus est nécessaire afin
d'éviter les thromboses de cathéter

SCA ST + thrombolysé ou ne relevant d'aucune technique de reperfusion

Contre-indications

Insuffisance rénale, si clairance de la créatinine < 30 mL/min (< 20 mL/min en préventif)

Endocardite infectieuse

Hémorragie active

Allergie

Grossesse, allaitement

Posologie

Pour l'embolie pulmonaire et la thrombose veineuse profonde:

en préventif: 2,5 mg 1 fois par jour en sous-cutané

en curatif: 7,5 mg 1 fois par jour en sous-cutané

Pour les SCA, lors de la coronarographie: un bolus d'HNF est nécessaire en plus du
fondaparinux

Pour le SCA ST -: 2,5 mg 1 fois par jour en sous-cutané


Pour le SCA ST +: 2,5 mg en IV puis 2,5 mg 1 fois par jour en sous-cutané

Effets secondaires

Pas de thrombopénie, donc pas de surveillance des plaquettes

Accidents hémorragiques

Allergie

→ INHIBITEURS DIRECTS DE LA THROMBINE: DANAPAROÏDE (ORGARAN®),


LÉPIRUDINE (REFLUDAN®), BIVALIRUDINE (ANGIOMAX®)

Danaparoïde

Héparinoïde de faible poids moléculaire à forte activité anti-Xa

Indication: traitement substitutif pour les patients présentant une TIH de type 2 ou ayant un
antécédent de TIH de type 2, dans les mêmes indications que l'héparine

En préventif et en curatif, en sous-cutané et en IV au pousse-seringue électrique

Surveillance du traitement par l'activité anti-Xa

Contre-indications: risque hémorragique majeur, endocardite infectieuse, péricardite,


insuffisance rénale sévère, insuffisance hépatique sévère, test d'agrégation plaquettaire positif en
présence de danaparoïde (5 à 10 % des cas de TIH de type 2)

Accidents hémorragiques, parfois gravissimes

Lépirudine

Hirudine recombinante, inhibiteur direct de la thrombine

En IV au pousse-seringue électrique

Indication: anticoagulation des malades avec TIH de type 2

Surveillance du traitement par le TCA: cible = 1,5 à 3 fois celui du témoin

Contre-indications: risque hémorragique majeur, endocardite infectieuse, péricardite,


insuffisance rénale sévère

Accidents hémorragiques, parfois gravissimes (pas d'antidote)

Bivalirudine

Inhibiteur direct de la thrombine


Indication: AMM dans le SCA ST - devant bénéficier d'une coronarographie urgente ou précoce,
le SCA ST + avec angioplastie primaire et l'angioplastie coronaire percutanée programmée

Administration en IV

Posologie:

SCA ST -: bolus IV de 0,1 mg/kg immédiatement suivi d'une perfusion IV de 0,25 mg/kg/h;
si angioplastie, bolus additionnel de 0,5 mg/kg avant l'intervention puis perfusion IV de
1,75 mg/kg/h pendant l'intervention et 0,25 mg/kg/h après l'intervention pendant 4 à 12
heures

SCA ST +, angioplastie primaire et angioplastie programmée: bolus IV de 0,75 mg/kg


immédiatement suivi d'une perfusion IV de 1,75 mg/kg/h pendant l'intervention et après
l'intervention pendant 4 heures au maximum puis, si nécessaire, 0,25 mg/kg/h pendant 4 à
12 heures

Contre-indications: risque hémorragique majeur, endocardite infectieuse, insuffisance rénale


(débit de filtration glomérulaire < 30 mL/min), hypertension artérielle sévère non contrôlée

Dabigatran (voir infra)

Administration per os.

→ NOUVEAUX ANTICOAGULANTS ORAUX

AMM dans la prévention primaire des événements thrombo-emboliques veineux en chirurgie


orthopédique (prothèses totales de genou et de hanche)

Sont à l'étude dans la prévention du risque thrombo-embolique veineux, dans la fibrillation


atriale et dans la prévention secondaire du SCA

Ne nécessitent pas de surveillance biologique régulière

Attention, l'INR n'est pas interprétable en cas de prise de ces anticoagulants oraux

Absence d'antidote disponible en cas d'hémorragie et/ou de surdosage

Rivaroxaban (Xarelto®)

Inhibiteur direct du facteur Xa

Indiqué dans la prévention des événements thrombo-emboliques veineux en chirurgie


orthopédique (prothèses totales de genou et de hanche)

Doit être pris 6 à 10 heures après la chirurgie, à la dose de 10 mg/j; durée de 2 semaines après
une prothèse totale de genou et 5 semaines après une prothèse totale de hanche
Contre-indications: insuffisance hépatique sévère avec troubles de coagulation, insuffisance
rénale, grossesse, allaitement

Dabigatran (Pradaxa®)

Inhibiteur direct du facteur IIa (thrombine)

Demi-vie: 12 à 17 heures

Absence d'antidote

Posologie: 220 mg/j pendant 10 jours après une prothèse totale de genou et 28 à 35 jours après
une prothèse totale de hanche

L'instauration du traitement se fait à la dose de 110 mg, 1 à 4 heures après la fin de l'intervention
et après vérification de l'hémostase postopératoire

La posologie est réduite à 150 mg/j chez les sujets âgés de plus de 75 ans, en cas d'insuffisance
rénale modérée (clairance entre 30 et 50 mL/min) et en cas d'association à l'amiodarone

Contre-indications: insuffisance rénale sévère (clairance < 30 mL/min), atteinte hépatique (avec
transaminases > 2N)

Retour au début

▪ THROMBOLYTIQUES

→ MÉCANISME D'ACTION

Enzymes activatrices du plasminogène, convertissent le plasminogène en plasmine

Action protéolytique de la plasmine, à la fois sur la fibrine et sur le fibrinogène, permettant une
lyse du thrombus fibrino-plaquettaire

→ INDICATIONS

SCA ST + à la phase aiguë

Embolie pulmonaire massive

Ischémie aiguë des membres inférieurs

AVC ischémique dans les 3 premières heures (délai étendu à 4 h 30 prochainement)

À discuter en dernier recours pour les thromboses occlusives de prothèse valvulaire


→ CONTRE-INDICATIONS

Contre-indications absolues:

maladie intracrânienne: antécédent d'hémorragie cérébro-méningée, néoplasie, anévrisme,


chirurgie ou traumatisme récent, AVC ischémique < 6 mois

ulcère gastro-duodénal évolutif ou récent (< 1 mois)

rétinopathie proliférante, chirurgie oculaire récente

intervention chirurgicale récente

ponction récente (< 24-48 h) d'une artère ou d'un organe sans possibilité de compression

présence d'une hémorragie extériorisée

dissection aortique

insuffisance hépatocellulaire sévère

troubles importants de l'hémostase

spécifiques à la streptokinase: traitement par la même molécule il y a moins de 6 mois,


infection streptococcique il y a moins de 6 mois, allergie connue

Contre-indications relatives en fonction du rapport bénéfice/risque:

âge > 75 ans (terrain, état physique du patient)

péricardite, endocardite infectieuse

hypertension artérielle non contrôlée

post-partum immédiat, grossesse

ponction récente (< 24-48 h) dans un territoire compressible

antécédent d'hémorragie digestive ou d'ulcère gastro-duodénal

insuffisance hépatocellulaire sévère

→ PRODUITS

Altéplase (Actilyse®): produit «recombinant» activateur du plasminogène

Tenectéplase (Metalyse®): s'administre en bolus unique


Retéplase (Rapilysin®)

Streptokinase (Streptase®): immunogène car obtenue à partir d'enzymes d'origine


streptococcique

Urokinase (Urokinase®): moins utilisée

→ EFFETS SECONDAIRES

Complications hémorragiques, saignements aux points de ponction, hémorragies digestives et


intracrâniennes

En cas d'hémorragie grave, neutralisation du traitement fibrinolytique par les antifibrinolytiques:


aprotinine (Trasylol®) ou acide tranexamique (Exacyl®)

Allergie

Retour au début
182 Accidents des Anticoagulants

Objectifs

Diagnostiquer un accident des anticoagulants

Identifier les situations d'urgence et planifier leur prise en charge

Recommandations, consensus

Haute Autorité de santé (2008): Prise en charge des surdosages en antivitamines K, des
situations à risque hémorragique et des accidents hémorragiques chez les patients traités par
antivitamines K en ville et en milieu hospitalier

Retour au début

▪ ACCIDENTS DES AVK

→ SURDOSAGE ASYMPTOMATIQUE

Situation fréquente: 15 à 30 % des contrôles d'INR

Facteur de risque hémorragique lorsque INR > 4

Prise en charge en ambulatoire si contexte social et médical favorable, après information du


patient et de son entourage des risques hémorragiques et des signes d'alerte

Hospitalisation si facteurs de risque hémorragique individuels (âge, comorbidités, antécédents


hémorragiques)

Rechercher la cause du surdosage: erreur de dose, interaction médicamenteuse…

Surveillance rapprochée de l'INR

Mesures correctrices recommandées en fonction de l'INR mesuré et de l'INR cible

INR
MESURES CORRECTRICES
MESURÉ

INR cible: 2,5


INR cible: 3 (fenêtre entre 2,5 et 3,5 ou entre 3 et 4,5)
(fenêtre entre 2 et 3)

Pas de saut de prise


INR < 4 Pas d'apport de
vitamine K

Saut d'une prise Pas Pas de saut de prise


4 ≤ INR <
d'apport de vitamine
6
K Pas d'apport de vitamine K

Arrêt du traitement Saut d'une prise


6 ≤ INR < par AVK Avis du cardiologue si patient porteur d'une prothèse valvulaire
10 1 à 2 mg de vitamine mécanique, pour discuter un traitement par 1 à 2 mg de vitamine K
K per os per os

Arrêt du traitement
par AVK
INR ≥ 10 Avis spécialisé sans délai ou hospitalisation
5 mg de vitamine K
per os

→ ACCIDENTS HÉMORRAGIQUES

Premier rang des accidents iatrogènes, 13 % des hospitalisations pour effets indésirables

Classer les hémorragies en fonction de leur gravité:

hémorragie grave si au moins un des critères suivants:

hémorragie extériorisée non contrôlable par les moyens usuels

instabilité hémodynamique: pression artérielle systolique < 90 mmHg ou diminution


de 40 mmHg par rapport à la pression artérielle systolique habituelle ou pression
artérielle moyenne < 65 mmHg ou tout signe de choc

nécessité d'un geste hémostatique urgent: chirurgie, radiologie interventionnelle,


endoscopie

nécessité de transfusion de culots globulaires

pronostic vital ou fonctionnel menacé: hémorragie intracrânienne ou intraspinale,


intraoculaire ou rétro-orbitaire, digestive aiguë, hémothorax, hémo et rétropéritoine,
hémopéricarde, hématome musculaire profond et/ou syndrome de loge, hémarthrose
hémorragie non grave si aucun des critères ci-dessus

Hémorragie grave

Prise en charge hospitalière

Geste hémostatique chirurgical, endoscopique ou endovasculaire à discuter

Mesure de l'INR en urgence

Mise en route du traitement sans attendre le résultat de l'INR s'il n'est pas disponible rapidement

Réalisation d'un INR par microméthode au lit du patient possible

Restauration d'une hémostase normale (objectif: INR < 1,5) en urgence (quelques minutes):

arrêt des AVK

administration en urgence de complexe prothrombique humain (Kaskadil®, Octaplex®) et


de vitamine K (10 mg de vitamine K per os ou IV lente, quel que soit l'INR de départ)

traitement symptomatique de l'hémorragie: stabilisation de l'hémodynamique, transfusion de


culots globulaires si besoin…

Contrôle de l'INR:

30 minutes après administration du complexe prothrombique humain; si l'INR reste > 1,5,
administration complémentaire de complexe prothrombique humain, adaptée à la valeur de
l'INR

puis, 6 à 8 heures plus tard et quotidiennement pendant l'hospitalisation

Réintroduction des AVK après une hémorragie grave en fonction du siège de l'hémorragie et de
l'indication des AVK:

si hémorragie intracrânienne: arrêt définitif du traitement anticoagulant sauf si le patient est


porteur d'une prothèse valvulaire mécanique

discussion multidisciplinaire pour les autres cas

Si indication des AVK maintenue, une fois le saignement contrôlé, traitement par héparine à
dose curative en parallèle de la reprise des AVK en milieu hospitalier, sous surveillance
clinique et biologique

Hémorragie non grave

Prise en charge ambulatoire par le médecin traitant recommandée si:


environnement médico-social favorable

hémorragie rapidement contrôlable: par exemple, épistaxis

Mesure de l'INR en urgence

Si surdosage, correction de l'INR en fonction du tableau ci-dessus

Si hémorragie non contrôlable, prise en charge hospitalière pour inhibition rapide de


l'anticoagulation

→ CONDUITE À TENIR CHEZ UN PATIENT VICTIME D'UN TRAUMATISME

Mesurer l'INR en urgence

Conduite à tenir identique à celle définie pour les hémorragies spontanées suivant la nature du
traumatisme

En cas de traumatisme crânien:

hospitalisation systématique pour surveillance pendant au moins 24 heures

réalisation d'une TDM cérébrale immédiatement si symptômes neurologiques, dans un délai


rapide (4 à 6 h) dans les autres cas

→ COMPLICATIONS NON HÉMORRAGIQUES

Coumariniques: intolérance digestive

Indanedione: rash cutané, toxicité hématologique

Tératogenèse

→ PRÉVENTION

Carnet d'anticoagulant (++++) avec éducation du patient

Prescription dans les indications selon les recommandations

Respecter les contre-indications des AVK

Connaître les interactions médicamenteuses, les aliments contre-indiqués

Suivre les recommandations concernant la durée du traitement anticoagulant

Surveillance régulière de l'INR

Éviter les injections intramusculaires, prendre des précautions en cas de soins dentaires…
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▪ ACCIDENTS DES HÉPARINES

→ ACCIDENTS HÉMORRAGIQUES

Contexte de surdosage ou non

Peut révéler une lésion hémorragique méconnue (ulcère gastro-duodénal, fibrome utérin,
anévrisme cérébral…)

Gravité variable

Conduite à tenir

Variable selon l'indication de l'héparine (prothèse valvulaire?), la localisation et l'importance


de l'hémorragie

Mesure du TCA, de l'héparinémie

Arrêt du traitement ou diminution de la dose

Stabilisation de l'hémodynamique, transfusion de culots globulaires si besoin…

Antidote: sulfate de protamine qui forme un complexe inactif avec l'héparine:

administration en IV lente pour éviter hypotension, bradycardie, flush, dyspnée

dose à injecter en fonction de l'héparinémie:

neutralisation de l'héparine non fractionnée (HNF): 1 000 UAH (1 mL) neutralisent


environ 1 000 UI d'HNF

neutralisation des héparines de bas poids moléculaire (HBPM): partielle, de 50 à 60


% de l'activité anti-Xa

Prévention

S'assurer de l'absence de contre-indication à l'héparine

Pas de traitement par HBPM en cas d'insuffisance rénale sévère (clairance de la créatinine < 30
mL/min)

Numération plaquettaire et exploration de l'hémostase (INR, TCA) avant le traitement

Surveillance biologique pendant le traitement:


pour l'HNF: numération plaquettaire, TCA ± héparinémie

pour les HBPM: numération plaquettaire ± anti-Xa (patients âgés, insuffisants rénaux,
obèses…)

→ THROMBOPÉNIE INDUITE PAR L'HÉPARINE (TIH)

Complication potentiellement grave en raison du risque de thrombose

Observée lors des traitements par HNF et dans une moindre mesure par HBPM, quelles que
soient les doses utilisées (complication non dose-dépendante)

Fréquence en baisse depuis l'utilisation prédominante des HBPM

TIH de type 1

Thrombopénie bénigne, fréquente, modérée, survenant précocement (avant le 5e jour)

Transitoire, de nature non immunologique

Ne nécessite pas l'arrêt de l'héparine

TIH de type 2

Thrombopénie importante (< 100 000/mm3) ou réduction des plaquettes > 40 %

Urgence car pronostic sévère

Mécanisme immunoallergique: anticorps antiplaquettes héparine-dépendants reconnaissant les


complexes héparine-facteur 4 plaquettaire, de type IgG anti-F4P

Possible association à un tableau de CIVD

Survient:

habituellement entre le 5e et le 21e jour de traitement

parfois avant le 5e jour si traitement par héparine dans les 3 mois précédents

parfois après le 21e jour pour les HBPM

Complications pouvant engager le pronostic vital:

fréquentes et graves: thromboses artérielles ou veineuses extensives (30 à 40 % des cas)


par formation d'agrégats plaquettaires et activation de la coagulation

plus rarement: hémorragies, avec mortalité dans 20 à 30 % des cas


Score de probabilité de Warkentin (Score des 4T)

AUTRES
THROMBOPÉNIE POINTS TIMING POINTS THROMBOSE POINTS POINT
CAUSES

5
10 jours ou 24
Nouvelle
Chute de 50 % ou heures si
2 2 thrombose, 2 Aucune 2
nadir > 20 G/L héparinothérapie
nécrose cutanée
récente < 30
jours

Après 10 jours Extension ou


Chute de 30 à 50 % ou 24 heures si récidive de
ou nadir de 10 1 héparinothérapie 1 thrombose 1 Possible 1
20 G/L de 30 suspectée non
100 jours documentée

Chute < 30 % ou Aucun de ces


0 0 Aucune 0 Certain 0
nadir < 10 G/L cas

0 à 3: risque faible de 4 à 5: risque modéré de 6 à 8: risque élevé


Score total
TIH TIH de TIH

Confirmation du diagnostic:

confirmer la thrombopénie sur tube citraté

tests fonctionnels d'activation plaquettaire et tests immunologiques à la recherche


d'anticorps anti-F4P par ELISA

réascension des plaquettes dès la 48e heure après l'arrêt de l'héparine

Conduite à tenir:

arrêt immédiat de l'héparine sous toutes ses formes (rincer les cathéters…)

contre-indications de relais par les HBPM, de transfusion plaquettaire, de traitement par


AVK (risque d'aggravation des phénomènes thrombotiques avec des nécroses cutanées
extensives, attendre que le taux de plaquettes dépasse 150 000 pour introduire les AVK)
relais par traitement antithrombotique substitutif: danaparoïde (Orgaran®), lépirudine
(Refludan®)

recherche de complications thrombotiques (thromboses veineuses profondes + + +) et


hémorragiques

recherche d'une CIVD associée

déclaration à la pharmacovigilance

contre-indication à vie des héparines (HNF et HBPM)

Prévention

Prévention secondaire: contre-indication à l'héparine en cas d'antécédent de TIH

Prévention primaire:

utilisation préférentielle des HBPM par rapport à l'HNF

numération des plaquettes 2 fois par semaine

relais précoce par AVK

si possible, limiter la durée du traitement par héparine (< 1 semaine)

→ COMPLICATIONS NON HÉMORRAGIQUES

Thrombose sous héparine devant faire rechercher:

une TIH

un sous-dosage héparinique

un déficit congénital en antithrombine III

Autres allergies: éruption prurigineuse, hyperéosinophilie

Ostéoporose avec un traitement héparinique de plusieurs mois

Alopécie si traitement prolongé, cytolyse hépatique, hypoaldostéronisme avec hyperkaliémie


(rares)

CONDUITE À TENIR VIS-A-VIS DU TRAITEMENT PAR AVK EN CAS DE CHIRURGIE OU


D'ACTE INVASIF

Gestes qui peuvent être réalisés sans interrompre les AVK


AVK dans la zone thérapeutique, INR cible compris entre 2 et 3

Chirurgie cutanée, chirurgie de la cataracte, actes de rhumatologie à faible risque hémorragique,


certains actes de chirurgie buccodentaire, certains actes d'endoscopie digestive

Si comorbidités et risque hémorragique, alors interruption des AVK

Dans les autres cas, arrêt des AVK ou inhibition en cas d'urgence

Situations qui imposent un relais par une héparine, si l'interruption des AVK est nécessaire pour un
acte programmé

Lorsque le risque thrombo-embolique, fonction de l'indication du traitement AVK, est élevé,


relais pré et postopératoire par une héparine à dose curative:

porteur de prothèse valvulaire cardiaque mécanique

antécédent de maladie veineuse thrombo-embolique à haut risque thromboembolique:


accident (thrombose veineuse profonde ou embolie pulmonaire) datant de moins de 3 mois
ou maladie thrombo-embolique récidivante idiopathique

fibrillation atriale à haut risque thrombo-embolique: antécédent d'accident ischémique


cérébral, transitoire ou permanent, ou d'embolie systémique

Dans les autres cas, relais postopératoire par une héparine à dose curative

Exemple de relais préopératoire AVK-héparine en vue d'un acte chirurgical programmé

INR déterminé 7 à 10 jours auparavant, dans la fourchette thérapeutique

J - 5: dernière prise d'AVK

J - 4: pas de prise d'AVK

J - 3: première injection d'HBPM ou d'HNF à dose curative en sous-cutané le soir

J - 2: HBPM, 2 injections par jour, ou HNF, 2 ou 3 injections par jour, en souscutané

J - 1:

hospitalisation systématique

HBPM à dose curative le matin de la veille de l'intervention, ou HNF jusqu'au soir de la


veille de l'intervention, en sous-cutané

ajustement de l'anticoagulation en fonction du bilan biologique: si INR ≥ 1,5 la veille de


l'intervention, prise de 5 mg de vitamine K per os
J0: chirurgie

Prise en charge préopératoire du patient pour une chirurgie ou un acte invasif urgent à risque
hémorragique

Mesure de l'INR en urgence à l'admission du patient

Administration de complexe prothrombique humain ± 5 mg de vitamine K (si nécessité


d'inhibition > 4 h)

INR dans les 30 minutes suivant l'administration du complexe prothrombique humain et avant la
réalisation de la chirurgie ou de l'acte invasif

Réalisation d'un INR 6 à 8 heures après l'inhibition recommandée

Si l'acte est réalisable dans un délai compatible avec la réversion par la seule vitamine K (6 à
24 h suivant le niveau de l'INR), l'administration de complexe prothrombique humain n'est pas
nécessaire

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197 Douleur Thoracique Aiguë et Chronique

Objectifs

Diagnostiquer une douleur thoracique aiguë et chronique

Identifier les situations d'urgence et planifier leur prise en charge

Recommandations, consensus

European Society of Cardiology (2002): Management of chest pain

European Society of Cardiology (2001): Diagnosis and management of aortic dissection

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▪ PRÉAMBULE

De nombreuses affections organiques ou fonctionnelles peuvent engendrer des manifestations


douloureuses thoraciques

L'urgence est de rechercher une maladie qui menace le pronostic vital immédiat

Devant toute douleur thoracique, il faut être systématique: interrogatoire précis, examen clinique
rigoureux, examens paracliniques de débrouillage puis décision de réaliser ou non un bilan plus
poussé pouvant déboucher sur une hospitalisation

Dans le doute, toute douleur thoracique justifie l'hospitalisation

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▪ INTERROGATOIRE

Antécédents et traitement:

antécédents: coronaropathie, thrombophilie, maladie veineuse thromboembolique, maladie


pulmonaire, digestive…

traitement en cours

Facteurs de risque cardio-vasculaire

Caractéristiques de la douleur:

éviter d'orienter les réponses, en laissant le soin au patient de trouver les adjectifs qui
décrivent le mieux ses sensations: interrogatoire non directif

date de début, horaire (diurne, nocturne), évolution dans le temps (quotidienne, de plus en
plus fréquente…)

circonstances, modalités d'apparition et de disparition: lien avec l'effort, les repas,


progressive, brutale…

intensité (ne permet pas de préjuger de la gravité de l'affection responsable)

siège: rétrosternal en barre (origine coronaire), interscapulaire (dissection aortique),


basithoracique ou latérothoracique (origine pulmonaire), rétrosternal ascendant (reflux
gastro-œsophagien), précordial (précordialgie)

irradiations: vers les membres supérieurs, les épaules, les avant-bras, les poignets et la
mâchoire (origine coronaire), vers le dos, descendant vers les lombes et les membres
inférieurs (évoquant une douleur migratrice de dissection aortique)…

durée: paroxystique de quelques secondes, quelques minutes, quelques heures, plusieurs


jours

type: constriction, brûlure, piqûre, pincement, gêne thoracique, pesanteur…

facteurs l'atténuant: position antalgique (antéflexion pour la péricardite), prise alimentaire,


prise de trinitrine (douleur angineuse), prise d'aspirine (péricardite), arrêt de l'effort, repas
(ulcère gastro-duodénal)

facteurs aggravants ou favorisants: effort, toux, palpation, mouvement, décubitus dorsal,


repas…

signes d'accompagnement:

dyspnée, palpitations, hémoptysie, toux, expectoration, fièvre, sueurs, pâleur

syndrome grippal, altération de l'état général

éruption cutanée

signes digestifs: pyrosis, nausées, vomissements

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▪ EXAMEN CLINIQUE

Recherche de signes de gravité et de mauvaise tolérance: signes de détresse respiratoire,


d'instabilité hémodynamique, de défaillance neurologique
Recherche d'arguments en faveur d'une urgence: péricardite avec tamponnade, infarctus du
myocarde, embolie pulmonaire, dissection aortique (PIED)

Insister sur l'examen cardio-vasculaire et pulmonaire

Tension artérielle, fréquence cardiaque, fréquence respiratoire, température, état de conscience,


saturation en oxygène, couleur et chaleur des téguments

Asymétrie tensionnelle (anisotension), asymétrie de pouls évoquant une dissection aortique

Signes d'insuffisance cardiaque droite (embolie pulmonaire massive, tamponnade sur dissection
aortique, extension d'un infarctus au ventricule droit ou infarctus du ventricule droit,
pneumothorax compressif)

Signes d'insuffisance cardiaque gauche

Recherche de signes évocateurs de thrombose veineuse profonde en faveur d'une embolie


pulmonaire

Auscultation cardiaque: frottement péricardique, souffle d'insuffisance aortique non connu


évocateur de dissection aortique, souffle d'insuffisance mitrale ou de communication
interventriculaire (complication d'un infarctus du myocarde)

Auscultation pulmonaire: foyer de crépitants, syndrome d'épanchement liquidien ou gazeux

Examen complet, notamment examen digestif, palpation abdominale

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▪ EXAMENS PARACLINIQUES DE DÉBROUILLAGE

→ ECG

Ischémie myocardique: sus-décalage de ST convexe en haut avec miroir et onde de Pardee


(syndrome coronaire aigu avec sus-décalage de ST), troubles de la repolarisation, modification
de ST et/ou de T, séquelles d'ischémie…

Péricardite aiguë: sus-décalage de ST concave en haut, circonférentiel, sousdécalage de PQ,


modification de T…

Embolie pulmonaire: tachycardie sinusale, signes de surcharge du cœur droit…

→ RADIOGRAPHIE THORACIQUE DE FACE

Pneumopathie: foyer systématisé…


Maladie pleurale (pleurésie, pneumothorax)

Embolie pulmonaire: surélévation d'une coupole diaphragmatique…

Dissection aortique: élargissement du médiastin supérieur

Péricardite (cœur en carafe en cas d'épanchement abondant)

→ GAZ DU SANG

Intérêt en cas de suspicion d'embolie pulmonaire: recherche d'un effet shunt (PaO2 + PaCO2 <
120 mmHg) avec hypoxie et hypocapnie responsable d'une alcalose respiratoire

Aussi réalisés en cas de signes de détresse respiratoire

→ PROTÉINES CARDIAQUES

Troponine T ou I:

marqueurs de nécrose myocardique

s'élèvent 4 à 6 heures après le début de la douleur thoracique (positives dès 3 heures pour
les nouvelles troponines dites ultrasensibles)

intérêt d'un dosage de contrôle si le premier est normal, dans les 6 heures suivant la
douleur

peuvent être élevées lors d'une péricardite, d'une myopéricardite, d'une embolie
pulmonaire…

CPK-MB, myoglobine

→ D-DIMÈRES

Intérêt en cas de suspicion d'embolie pulmonaire avec probabilité faible à modérée

Un taux normal (< 500 ng/mL) permet d'écarter le diagnostic d'embolie pulmonaire

Après l'interrogatoire, l'examen clinique et les examens de débrouillage:

soit le diagnostic est posé (syndrome coronaire aigu avec sus-décalage de ST, syndrome
coronaire aigu sans sus-décalage de ST, péricardite, pneumopathie, pneumothorax…)

soit il existe un doute sur une origine organique et il faut alors pousser les investigations plus
loin

soit il s'agit d'une douleur fonctionnelle (diagnostic d'élimination)


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▪ AUTRES EXAMENS COMPLÉMENTAIRES

→ ÉCHOCARDIOGRAPHIE TRANSTHORACIQUE

Ischémie myocardique: troubles de la cinétique segmentaire

Péricardite: épanchement

Embolie pulmonaire massive: surcharge du cœur droit

Dissection aortique: anomalie de la racine de l'aorte, insuffisance aortique non connue,


hémopéricarde

Intérêt de l'échocardiographie transœsophagienne en cas de suspicion de dissection aortique

→ ÉPREUVE D'EFFORT, SCINTIGRAPHIE MYOCARDIQUE

Quand il persiste un doute sur l'origine ischémique d'une douleur thoracique et que les examens
précédents sont normaux

Intérêt de la coro-TDM: en cours d'évaluation

→ ANGIO-TDM THORACIQUE

Recherche d'une embolie pulmonaire, d'une dissection aortique.

→ EXPLORATIONS DIGESTIVES, FIBROSCOPIE œSO-GASTRO-DUODÉNALE

Si suspicion de maladie digestive.

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▪ ÉTIOLOGIE

→ CAUSES CARDIO-VASCULAIRES

Syndrome coronaire aigu avec sus-décalage de ST (voir item 132, «Angine de poitrine et infarctus
myocardique»)

Terrain: facteurs de risque cardio-vasculaire

Douleur thoracique rétrosternale en barre constrictive irradiant vers le cou, la mâchoire


inférieure, les épaules et les membres supérieurs, de survenue brutale, prolongée (> 30 min),
résistante à la trinitrine

ECG: sus-décalage de ST systématisé avec image en miroir et onde de Pardee

Nécessité de revascularisation en urgence

Syndrome coronaire aigu sans sus-décalage de ST (voir item 132, «Angine de poitrine et infarctus
myocardique»)

Terrain: facteurs de risque cardio-vasculaire

Douleur thoracique coronaire

ECG: troubles de la repolarisation, modification de ST et/ou de T

Possible élévation des enzymes cardiaques

Échocardiographie transthoracique: possibles troubles de la cinétique segmentaire

Angor stable (voir item 132, «Angine de poitrine et infarctus myocardique»)

Terrain: facteurs de risque cardio-vasculaire

Douleur thoracique coronaire à l'effort, cédant à l'arrêt de celui-ci, sensible à la trinitrine

ECG: peut être normal; ECG percritique avec signes d'ischémie

Intérêt de réaliser une épreuve d'effort si l'ECG est normal

Péricardite aiguë (voir item 274, «Péricardite aiguë»)

Contexte de syndrome pseudogrippal avec fièvre

Douleur thoracique précordiale ou rétrosternale positionnelle, augmentant à l'inspiration et


soulagée par l'antéflexion et par la prise d'aspirine

ECG: cycle de Holtzman, sous-décalage de PQ, troubles du rythme cardiaque…

Recherche d'un épanchement péricardique à l'échocardiographie transthoracique

Dissection aortique

Clivage de la média avec réalisation d'un faux chenal progressant de façon rétrograde ou
antérograde: urgence médico-chirurgicale, pronostic vital engagé (50 % de décès)

Classification de De Bakey
Classification de De Bakey

Clinique

Douleur thoracique continue, migratrice vers le dos et les membres inférieurs

Syncope

AVC

Abolition d'un ou de plusieurs pouls périphériques

Asymétrie tensionnelle aux membres, poussée hypertensive

Apparition d'un souffle d'insuffisance aortique

Insuffisance cardiaque gauche

Paraclinique

Radiographie thoracique: élargissement du médiastin supérieur

ECG: signes d'ischémie, évoquant une dissection coronaire

TDM thoracique avec injection, en urgence: fait le diagnostic (flap intimal, vrai chenal et faux
chenal)
Angio-TDM thoracique: dissection aortique de l'aorte ascendante avec faux chenal englobant le tronc
commun coronaire gauche

Échocardiographie transthoracique: signes indirects (dilatation de l'aorte ascendante,


insuffisance aortique, hémopéricarde); intérêt de l'échocardiographie transœsophagienne

D-dimères fréquemment augmentés

Bilan préopératoire en urgence

Thérapeutique

Hospitalisation en urgence en unité de soins intensifs cardiologiques ou réanimation,


surveillance par monitorage

Contrôle de la pression artérielle par bêtabloquants IV (esmolol) ± inhibiteurs calciques IV

Morphiniques IV

Arrêts des anticoagulants et des antiagrégants plaquettaires

Traitement chirurgical en urgence sous circulation extracorporelle si dissection de l'aorte


ascendante ou complications viscérales en cas de dissection de l'aorte descendante
Prothèse synthétique aortique ± remplacement ou réparation de la valve aortique

→ CAUSES PLEURO-PULMONAIRES

Embolie pulmonaire (voir item 135, «Thrombose veineuse profonde et embolie pulmonaire»)

Contexte favorisant: postopératoire, néoplasie, thrombose veineuse profonde…

Douleur thoracique à type de point de côté, dyspnée, fièvre modérée, hémoptysies…

Signes radiologiques et ECG aspécifiques

Angio-TDM thoracique: examen de référence

Pneumothorax (voir «Pneumothorax», item 276, Pneumologie - Anesthésie-Réanimation)

Terrain: sujet longiligne

Douleur thoracique brutale accompagnée de toux et de dyspnée, syndrome d'épanchement gazeux


avec tympanisme, diminution du murmure vésiculaire et des vibrations vocales

Radiographie thoracique: clarté entre le poumon et la paroi au sommet en position debout

Pleurésie (voir «Épanchement pleural», item 312, Pneumologie - Anesthésie-Réanimation)

Contexte de syndrome infectieux, de néoplasie…

Douleur positionnelle, syndrome d'épanchement pleural (matité déclive, diminution du murmure


vésiculaire et des vibrations vocales), frottement pleural

Radiographie thoracique: opacité de la base avec limite supérieure concave en haut et en dedans
(ligne de Damoiseau)

Pneumopathie

Contexte de toux fébrile avec expectorations, frissons…

Douleur à type de point de côté, foyer de crépitants à l'auscultation

Foyer alvéolaire à la radiographie thoracique, possible réaction pleurale

→ CAUSES PARIÉTALES

Douleur thoracique à la palpation du relief osseux du thorax, caractère mécanique, augmentée


lors des efforts de toux

Post-traumatique: fracture de côte


Syndrome de Tietze: douleur en regard de l'articulation chondro-costale ou chondro-sternale,
parfois tuméfaction en regard de l'articulation, sans signe inflammatoire

Métastase osseuse

→ CAUSES DIGESTIVES

Rupture œsophagienne: urgence; provoque une médiastinite postérieure, létale dans 50 % des
cas

Syndrome de Boerhave: rupture traumatique de l'œsophage au cours d'un effort de vomissement

Reflux gastro-œsophagien

Spasme œsophagien

Ulcère gastro-duodénal

Cholécystite, pancréatite aiguë, colique hépatique

→ CAUSES NEUROGÈNES

Zona intercostal: douleur postzostérienne ou précédant l'éruption de type radiculaire en ceinture ou


hémiceinture.

→ CAUSES FONCTIONNELLES, ANORGANIQUES

Diagnostic d'élimination

Terrain: sujet jeune, neurotonique, sans facteurs de risque cardio-vasculaire, contexte d'anxiété

Précordialgies brèves, autres maladies fonctionnelles

ECG normal ou repolarisation précoce en territoire antérieur

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208 IschéMie Aiguë des Membres

Objectifs

Diagnostiquer une ischémie aiguë des membres

Identifier les situations d'urgence et planifier leur prise en charge

Recommandations, consensus

Haute Autorité de santé (2007): Artériopathie oblitérante des membres inférieurs

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▪ DÉFINITION

Obstruction aiguë du réseau artériel, responsable d'un mauvais pronostic fonctionnel (ischémie du
membre) et vital (rhabdomyolyse avec acidose métabolique et insuffisance rénale aiguë).

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▪ PHYSIOPATHOLOGIE

→ MÉCANISMES POSSIBLES

Embolique (+++): fibrillation atriale, rétrécissement mitral, cardiopathie dilatée, anévrisme du


ventricule gauche après infarctus du myocarde, endocardite infectieuse, athérome aortique,
embolie pulmonaire paradoxale

Athérothrombotique par rupture d'une plaque d'athérome (contexte d'artériopathie oblitérante des
membres inférieurs +++)

Traumatique: dissection sur cathétérisme artériel, fracture déplacée, syndrome des loges

Hématologique: hémopathie maligne, cancer solide, thrombopénie induite par l'héparine

→ CONSÉQUENCES

Obstruction artérielle brutale entraînant une anoxie tissulaire

Souffrance des neurones dès 3 heures d'anoxie, mort cellulaire à la 12e heure: déficit
sensitivomoteur

Souffrance des myocytes dès 6 heures d'anoxie: rhabdomyolyse avec risque d'hyperkaliémie,
d'insuffisance rénale aiguë et d'acidose métabolique
Souffrance cutanée (24 h d'anoxie): nécrose

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▪ DIAGNOSTIC

→ CLINIQUE

Terrain (il oriente vers le mécanisme de l'ischémie):

facteurs de risque cardio-vasculaire et notion d'artériopathie oblitérante des membres


inférieurs (claudication): athérothrombotique

valvulopathies, fibrillation atriale connue…: embolique

traitement en cours: héparine, œstroprogestatifs, dérivés ergotés, geste endovasculaire

Ischémie aiguë du membre:

douleur brutale et intense avec impotence fonctionnelle du membre, engourdissement

membre initialement blanc puis cyanosé

abolition des pouls en aval de l'obstacle, permettant de déterminer la topographie de la


thrombose

Cause de l'ischémie:

palpation des pouls et recherche de souffle vasculaire en faveur d'une maladie


athéromateuse

auscultation cardiaque à la recherche d'une valvulopathie mitrale (roulement mitral typique


d'un rétrécissement mitral) ou d'un trouble rythmique (fibrillation atriale)

Signes de gravité (souffrance du territoire en aval de la thrombose):

déficit sensitif: hypoesthésie, voire anesthésie

déficit moteur: abolition des réflexes ostéo-tendineux, parésie, voire paralysie

nécrose cutanée

Retentissement général: décompensation d'une maladie sous-jacente cardiaque, respiratoire,


rénale ou métabolique

Classification de l'ischémie aiguë de membre selon Rutherford


DÉFICIT DÉFICIT
STADES CONSÉQUENCES PRONOSTIC
SENSITIF MOTEUR

I Viabilité Aucun Aucun Pas de menace immédiate

Aucun ou
IIA Menace différée minime Aucun Récupérable si traité immédiatement
(orteils)

Au-delà des Faible à


IIB Menace immédiate Récupérable si traité immédiatement
orteils modéré

Anesthésie Paralysie Séquelles neurologiques et perte de


III Irréversible
profonde complète substance inévitables Amputation

→ PARACLINIQUE

Le diagnostic est clinique: aucun examen paraclinique coûteux en temps ne doit retarder la prise
en charge thérapeutique en cas de signes de gravité

CPK, myoglobine, ionogramme sanguin (kaliémie +++), créatininémie, azotémie, gaz du sang,
CRP: rhabdomyolyse et son retentissement

Bilan préopératoire: NFS, coagulation, bilan hépatique, groupage sanguin, anticorps irréguliers

ECG de repos: fibrillation atriale, flutter, bloc de branche gauche (cardiopathie), séquelle
d'infarctus du myocarde, onde P mitrale (hypertrophie de l'oreillette gauche)

Radiographie thoracique de face

En l'absence de signes de gravité: Doppler artériel des membres inférieurs

En présence de signes de gravité: artériographie d'emblée

Prévoir à distance: glycémie à jeun, bilan lipidique, Doppler artériel des troncs supra-aortiques,
de l'aorte et des membres inférieurs, échocardiographie transthoracique, voire
transœsophagienne

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▪ TRAITEMENT

Hospitalisation en urgence dans une structure comportant un plateau technique de radiologie


interventionnelle et un service de chirurgie vasculaire

Prise en charge multidisciplinaire

Pronostic vital et fonctionnel engagé

→ TRAITEMENT MÉDICAL

Repos au lit

Héparine non fractionnée au pousse-seringue électrique après un bolus de 5 000 UI, puis à
adapter pour obtenir un TCA entre 2 et 3 fois celui du témoin

Antalgiques morphiniques en IV à adapter à la douleur

Vasodilatateurs artériels (pas de consensus)

Correction des troubles hydroélectrolytiques

→ TRAITEMENT INTERVENTIONNEL

Selon le mécanisme, les compétences et la topographie lésionnelle, après discussion


pluridisciplinaire:

radiologie interventionnelle par voie percutanée: artériographie puis angioplastie, thrombolyse


in situ, thromboaspiration…

chirurgie: embolectomie à la sonde de Fogarty (cause embolique +++), pontage artériel en cas
de maladie athéromateuse diffuse, amputation en cas de lésions irréversibles

→ CHOIX THÉRAPEUTIQUE
Prise en charge de l'ischémie aiguë de membre

→ SURVEILLANCE

Clinique: mobilité et sensibilité du membre inférieur, pouls périphérique, abord vasculaire ou


chirurgical

Biologie: CPK, myoglobine, azotémie, créatininémie, kaliémie, TCA quotidien, NFS 2 fois par
semaine (thrombopénie induite par l'héparine)

Doppler artériel des membres inférieurs

→ À LONG TERME

Bilan et traitement de la maladie athéromateuse si besoin: arrêt du tabac, marche quotidienne,


antiagrégants plaquettaires, IEC, statines…

Bilan et traitement de la maladie embolique sous-jacente (remplacement valvulaire mitral,


antibiothérapie en cas d'endocardite infectieuse…)

Discuter au cas par cas le traitement anticoagulant au long cours par AVK (balance
bénéfice/risque), éducation du patient, surveillance de l'INR

Rééducation et réadaptation (appareillage en cas d'amputation) du membre si besoin


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209 Malaise, Perte de Connaissance, Crise Comitiale Chez L'Adulte

Objectifs

Diagnostiquer un malaise, une perte de connaissance, une crise comitiale chez l'adulte

Identifier les situations d'urgence et planifier leur prise en charge

Recommandations, consensus

European Society of Cardiology (2009): Guidelines for the diagnosis and management of
syncope

Haute Autorité de santé (2008): Pertes de connaissance brèves de l'adulte: prise en charge
diagnostique et thérapeutique des syncopes

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▪ INTRODUCTION

Syncope: perte de connaissance complète, généralement brève, de début rapide et spontanément


résolutive. Elle s'accompagne d'une perte du tonus postural (chute) et le retour à l'état de
conscience est rapide. Le mécanisme est une hypoperfusion cérébrale secondaire à une baisse
temporaire de la pression artérielle ou à une chute du débit cardiaque

Lipothymie: malaise sans perte de connaissance. Elle se manifeste par des vertiges, un
étourdissement, une vision trouble, des bourdonnements d'oreilles ou une réduction du champ
visuel. La lipothymie est à considérer comme un équivalent de syncope

Devant toute perte de connaissance, la première cause à éliminer est l'hypoglycémie

Diagnostics différentiels: vertige, hypoglycémie, crise comitiale, drop-attack (dérobement des


membres inférieurs sans perte de connaissance), crise d'hystérie, accident ischémique transitoire

En termes de fréquence: sujets jeunes: causes vagales; sujets âgés: hypotension orthostatique et
causes cardio-vasculaires

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▪ DÉMARCHE DIAGNOSTIQUE

→ INTERROGATOIRE DU PATIENT ET DES TÉMOINS

Contexte: antécédents familiaux de mort subite ou de cardiopathie congénitale, antécédents


personnels de syncope, de cardiopathie, d'épilepsie, de maladie de Parkinson, de narcolepsie ou
de diabète

Traitement en cours: antihypertenseurs, antiangineux, antidépresseurs, antiarythmiques,


diurétiques, médicaments allongeant le QT

Circonstances de survenue:

position: couchée, assise, debout

activité: repos, effort, toux, défécation, miction

facteurs prédisposants: endroit surchauffé, confiné, station debout prolongée, période


postprandiale

déclencheur: peur, douleur, émotion, mouvement cervical

Prodromes: nausées, vomissements, gêne abdominale, sensation de froid, vision floue,


palpitations, pâleur, cyanose

Perte de connaissance: chute, traumatisme, durée de la perte de connaissance, mouvements


anormaux (myocloniques, tonicocloniques), respiration, morsure de langue

Retour à la conscience: confusion, nausées, vomissements, sueurs, sensation de froid, blessure,


douleur thoracique, palpitations, perte d'urines ou de selles, douleurs musculaires

→ EXAMEN CLINIQUE

Mesure de la pression artérielle en position couchée et debout et de la fréquence cardiaque

Auscultation du cœur et des troncs supra-aortiques

Traces de traumatisme

Signes de déshydratation

→ EXAMENS PARACLINIQUES

ECG (systématique, rarement contributif):

anomalies suggérant un trouble de conduction: bloc bifasciculaire (bloc de branche droite


associé à un hémibloc antérieur ou postérieur gauche), bloc atrio-ventriculaire (BAV) du 2e
degré Mobitz I, bloc sino-atrial, bradycardie sinusale < 50 battements par minute, arrêt
sinusal > 3 s

anomalies suggérant un trouble du rythme: ondes Q (infarctus du myocarde), préexcitation


(Wolff-Parkinson-White), QT corrigé court ou long, aspect de bloc de branche droite avec
sus-décalage de ST en V1-V3 (syndrome de Brugada), ondes T négatives en précordial
droit associées à une onde epsilon (dysplasie arythmogène du ventricule droit)

Échocardiographie transthoracique: si une cause cardiaque est suspectée. Elle peut mettre en
évidence un rétrécissement aortique serré, une cardiomyopathie obstructive, un myxome de
l'oreillette ou une hypertension artérielle pulmonaire

Holter-ECG, Holter-ECG implantable (Reveal®), épreuve d'effort et coronarographie peuvent


être utiles si une cause cardiaque est recherchée

Tilt-test ou test d'inclinaison: il permet la recherche d'une hypotension orthostatique ou d'une


syncope réflexe:

déroulement du test:

phase de préinclinaison couché sur le dos pendant 5 à 20 minutes

phase d'inclinaison de 60 à 70o pendant 20 à 40 minutes

provocation médicamenteuse éventuelle par isoprénaline ou nitroglycérine sublinguale

surveillance régulière de la pression artérielle nécessaire

personnel paramédical et médical à proximité

test positif si apparition d'une syncope ou d'une hypotension orthostatique, associée ou non
à une bradycardie

Massage sino-carotidien: réalisation sous surveillance du rythme cardiaque et de la pression


artérielle. Le massage dure 5 à 10 secondes. Il est réalisé à droite et à gauche en position
couchée puis debout sur une table basculante. Le test est positif si la pression artérielle
systolique chute de 50 mmHg ou si une pause > 3 s est observée

Test à l'adénosine triphosphate (Striadyne®): entraîne une exacerbation du réflexe cardio-


inhibiteur (pause sinusale et ralentissement de la conduction atrio-ventriculaire); pas
d'indication reconnue à l'heure actuelle

Exploration électrophysiologique du faisceau de His: en cas de suspicion de trouble conductif


paroxystique de haut degré (BAV complet) avec un ECG postcritique non contributif

Biologie: selon le contexte, glycémie, ionogramme sanguin, créatininémie, NFS, recherche de


toxiques

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▪ SYNCOPES RÉFLEXES
Contexte: absence de cardiopathie, nombreux épisodes de syncope.

→ SYNCOPE VASOVAGALE

Déséquilibre vagosympathique transitoire entraînant une bradycardie et une chute de la pression


artérielle

Déclencheur soudain et inattendu: douleur, odeur, vue, son

Favorisée par: station debout prolongée, espace confiné et surchauffé, période postprandiale

Perte de connaissance progressive avec prodromes (sueurs, nausées, bourdonnement


d'oreilles…)

Après la syncope, il peut persister une asthénie prolongée

Traitement immédiat: décubitus jambes relevées; si insuffisant, atropine et remplissage


vasculaire

Traitement préventif (pas de preuve formelle): manœuvres de contraction musculaire


isométrique (en cas de prodromes), midodrine (Gutron®), sel + fludrocortisone, stimulateur
cardiaque (composante cardio-inhibitrice prépondérante), réadaptation par des épreuves
répétées de tilt-test

En cas de doute diagnostique, recours au tilt-test

→ SYNCOPE PAR HYPERSENSIBILITÉ DU SINUS CAROTIDIEN

Réaction vagale réflexe excessive suite à la stimulation du sinus carotidien

Contexte de pression sur le sinus carotidien: massage, collier serré, rasage, tumeur cervicale,
rotation de la tête

Touche surtout les sujets âgés

Diagnostic: massage du sinus carotidien

→ SYNCOPE SITUATIONNELLE

Elle se produit lors d'une situation particulière: toux, éternuement, douleur abdominale,
déglutition, défécation, miction, manœuvre de Valsalva, après un effort intense

Le mécanisme est probablement proche de celui de la syncope vasovagale

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▪ HYPOTENSION ORTHOSTATIQUE

Elle se définit par une baisse de 20 mmHg de la pression artérielle systolique et/ou de 10 mmHg
de la pression artérielle diastolique en position debout, associée ou non aux symptômes

L'examen clinique doit donc comporter une mesure de la pression artérielle en position couchée
ou assise puis en position debout à 1, 2 et 3 minutes

Elle survient généralement lors d'un passage à l'orthostatisme ou lors d'une station debout
prolongée (intérêt du tilt-test)

Causes:

syndromes dysautonomiques primaires (maladie de Parkinson, atrophie multisystémique)


ou secondaires (neuropathie diabétique, amylose…)

introduction ou augmentation d'un traitement antihypertenseur

hypovolémie ou déshydratation: hémorragie, diarrhée, insuffisance surrénalienne…

insuffisance veineuse

période postprandiale

Traitement:

arrêt des médicaments hypotenseurs

surélévation de la tête du lit avant de se lever, bas de contention, ceinture de contention

encourager la prise de sel et d'eau (2 à 2,5 L/j)

fludrocortisone à faible dose: 0,1 à 0,2 mg/j

midodrine (Gutron®)

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▪ SYNCOPES D'ORIGINE CARDIO-VASCULAIRE

Contexte: présence d'une cardiopathie connue, syncope d'effort ou de repos, signes fonctionnels
évocateurs (angor, palpitations, dyspnée), antécédents familiaux de mort subite, traitement
hypokaliémiant ou allongeant le QT.

→ ARYTHMIES CARDIAQUES
Tachycardies supraventriculaires

Tachycardies ventriculaires, torsades de pointe

Syndromes héréditaires (Brugada, QT long)

Dysfonction de stimulateur cardiaque

Médicaments allongeant le QT avec risque de torsades de pointe (amiodarone, disopyramide,


halofantrine, macrolides, neuroleptiques, quinidine, quinolones de 3e génération, sotalol…)

→ TROUBLES DE CONDUCTION

Dysfonction de stimulateur cardiaque

Dysfonction sinusale (bradycardie sinusale < 40 battements par minute, bloc sino-atrial, pauses
sinusales répétées > 3 s)

BAV du 2e degré Mobitz II ou BAV complet, bloc de branche alternant (bloc de branche droite
alternant avec un bloc de branche gauche)

BAV complet paroxystique:

tableau clinique de syncope typique dite de Stokes-Adams:

à l'emporte-pièce, de type on-off (la lumière s'éteint puis se rallume)

absence de prodromes

durée de quelques secondes

blessures fréquentes (morsure de langue, traumatisme crânien…)

reprise de conscience immédiate sans confusion post-critique

amnésie de l'épisode

ECG percritique: BAV complet

ECG post-critique: normal ou troubles conductifs (bloc bifasciculaire ou trifasciculaire,


BAV du 2e degré)

exploration électrophysiologique du faisceau de His: diagnostic de bloc infrahisien

traitement: implantation d'un stimulateur cardiaque

→ CARDIOPATHIES
Syncope d'effort: rétrécissement aortique serré (+++), cardiomyopathie obstructive,
hypertension artérielle pulmonaire

Syncope positionnelle: myxome de l'oreillette, obstruction de prothèse mécanique

Syncope révélant une dissection aortique, une tamponnade, une embolie pulmonaire, un infarctus
du myocarde

→ SYNDROME DE VOL VASCULAIRE SOUS-CLAVIER

Syncope lors de mouvements répétés des membres supérieurs

Différence de pression artérielle ou de pouls entre les deux membres supérieurs

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▪ CRISE COMITIALE

Crise d'épilepsie généralisée, généralement de type tonicoclonique, ou crise partielle


secondairement généralisée (le patient peut alors se souvenir du début de la crise)

Contexte: antécédents personnels ou familiaux d'épilepsie

Déclencheurs éventuels: manque de sommeil, consommation d'alcool, arrêt d'un traitement


antiépileptique, neurochirurgie, AVC…

Prodromes: hallucinations visuelles, auditives, olfactives, sensitives ou mnésiques (crise


partielle secondairement généralisée)

Durée: plus longue que la syncope, la perte de connaissance est prolongée de quelques minutes à
quelques dizaines de minutes

Mouvements anormaux: apparition de façon simultanée à la perte de connaissance,


tonicoclonies, clonies, automatisme de déglutition ou de mastication…; la séquence classique en
cas de crise généralisée tonicoclonique se déroule en trois phases: tonique, clonique et
résolutive

Hypertonie, cyanose du visage

Phase post-critique: confusion prolongée, myalgies diffuses, perte d'urine, morsure latérale de
langue typique, stertor

Si l'EEG est réalisé dans les 24 premières heures, il peut apporter un argument supplémentaire
(ondes lentes résiduelles); un EEG normal n'exclut pas le diagnostic
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▪ SYNCOPES AVEC CONTEXTE PSYCHIATRIQUE

Iatrogénie: médicaments provoquant une hypotension orthostatique (antidépresseurs tricycliques,


inhibiteurs de la monoamine-oxydase, neuroleptiques, phénothiazines…)

Pseudosyncope psychogène:

trouble conversif (névrose hystérique): début progressif, durée longue (parfois plusieurs
heures), mouvements anarchiques caricaturaux, résistance à l'ouverture des yeux, pas de
blessure, bénéfices secondaires fréquents

attaque de panique: symptômes nombreux (oppression thoracique, palpitations, polypnée,


sueurs, tremblements, paresthésies, spasmes musculaires), absence de perte de
connaissance

trouble factice (simulation)

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▪ NARCOLEPSIE-CATAPLEXIE OU SYNDROME DE GÉLINEAU (voir «Troubles du sommeil de


l'enfant et de l'adulte», item 43, Psychiatrie)

Tétrade narcoleptique:

narcolepsie: somnolence diurne excessive avec accès de sommeil irrépressibles

cataplexie: dissolution brutale du tonus musculaire partielle ou généralisée (avec chute)


sans perte de connaissance (diagnostic différentiel des syncopes), souvent provoquée par le
rire

paralysies du sommeil: impossibilité de bouger lors de l'endormissement ou du réveil

hallucinations hypnagogiques

Paraclinique: le test de latence multiple d'endormissement confirme le diagnostic (latence


moyenne d'endormissement effondrée et endormissements en sommeil paradoxal)

Traitement: siestes programmées, modafinil (Modiodal®), voire méthylphénidate (Ritaline®)

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236 Fibrillation Auriculaire

Objectifs

Diagnostiquer une fibrillation auriculaire

Identifier les situations d'urgence et planifier leur prise en charge

Argumenter l'attitude thérapeutique et planifier le suivi du patient

Recommandations, consensus

European Society of Cardiology (2010): Guidelines for the management of patients with atrial
fibrillation

Haute Autorité de santé (2007): Fibrillation auriculaire

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▪ DÉFINITION

En toute rigueur: fibrillation «atriale» et non «auriculaire»

Tachycardie supraventriculaire caractérisée par une activation atriale anarchique entraînant une
perte de la systole atriale et une contraction irrégulière des ventricules

Prévalence dans la population générale de l'ordre de 1 %

Prévalence corrélée avec l'âge (> 10 % chez les sujets âgés de plus de 80 ans), la sévérité d'une
valvulopathie ou la présence d'une insuffisance cardiaque

→ CLASSIFICATION

Fibrillation atriale (FA) paroxystique: retour spontané en rythme sinusal en moins de 7 jours (le
plus souvent, moins de 48 heures)

FA persistante: durée supérieure à 7 jours, la réduction nécessite un choc électrique ou un


traitement pharmacologique

FA permanente: réduction inefficace ou non envisagée

→ GRAVITÉ

Liée à la cardiopathie sous-jacente

Liée au risque thrombo-embolique: AVC ischémique (risque multiplié par 5), ischémie aiguë de
membre…

Liée au fait que la FA est asymptomatique chez un tiers des patients (retard diagnostique)

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▪ PHYSIOPATHOLOGIE

Zone de déclenchement (trigger) de la FA souvent située à proximité de la jonction des veines


pulmonaires et de l'oreillette gauche

La fibrose atriale (cardiopathie, vieillissement) favorise une conduction hétérogène facilitant


l'initiation et la persistance de la FA

Prédisposition génétique, voire mutation sur les gènes codant les canaux sodiques ou
potassiques

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▪ ÉTIOLOGIE

→ CARDIOPATHIES (70 %)

Insuffisance cardiaque, quelle que soit la cause

Cardiopathie hypertensive

Coronaropathies (ischémie atriale ou distension de l'oreillette gauche par augmentation,


d'origine ischémique, de la pression télédiastolique du ventricule gauche)

Valvulopathies mitrales (rétrécissement mitral, insuffisance mitrale), tricuspides

Cardiomyopathies dilatées

Cardiomyopathies hypertrophiques

Congénitales (communication interatriale…)

Cœur pulmonaire aigu (embolie pulmonaire) et chronique (insuffisance respiratoire,


postembolique)

Tumeurs intracardiaques, notamment atriales (myxome…)

Cardiopathies infiltratives: amylose, hémochromatose


Inflammatoires: myocardite, péricardite

→ MÉTABOLIQUES

Endocriniennes: hyperthyroïdie (+++), phéochromocytome

Obésité et diabète sont des facteurs favorisants

Hypokaliémie (+++)

Anémie

Toxiques: éthylisme aigu, caféine, amphétamines

Médicaments: bêtamimétiques (adrénaline, dobutamine, isoprénaline, noradrénaline,


salbutamol)

→ AUTRES

Péricardite

Postopératoire: chirurgie cardiaque, thoracique ou œsophagienne

Infections: pneumopathie, bronchite…

Adrénergiques: effort d'endurance de haute intensité, fièvre, stress

Syndrome d'apnées du sommeil

Idiopathique

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▪ DIAGNOSTIC

→ CLINIQUE

Antécédents: cardiopathie, dysthyroïdie, hypertension artérielle, diabète, AVC, artériopathie


oblitérante des membres inférieurs, antécédents familiaux de FA

Traitement en cours pouvant favoriser l'apparition de la FA (hypokaliémiants, amines…)

Déclencheurs: alcool, fièvre, intervention chirurgicale, exercice

FA: date de début si elle a été ressentie par le patient, durée, traitement…

Signes fonctionnels: palpitations, dyspnée, asthénie, oppression thoracique, malaise, syncope,


déficit sensitivomoteur

Signes généraux: fréquence cardiaque rapide ou instabilité hémodynamique (hospitalisation en


urgence)

Signes physiques: pouls d'amplitude et de fréquence irrégulières, facteur favorisant

Évaluer le retentissement fonctionnel de la FA par le score EHRA: classe I: pas de symptôme;


classe II: symptômes modérés; classe III: symptômes sévères; classe IV: symptômes empêchant
les activités de la vie quotidienne

→ PARACLINIQUE

Biologie systématique à but étiologique et préthérapeutique: TSH, kaliémie, créatininémie,


glycémie, INR, NFS

ECG:

tachycardie irrégulière à QRS fins, absence d'ondes P sinusales, trémulation polymorphe de


la ligne de base

signes de cardiopathie sous-jacente: hypertrophie ventriculaire gauche, bloc de branche,


ondes Q séquellaires d'infarctus du myocarde

Fibrillation atriale, trémulation de la ligne de base visible en V1-V2


Holter-ECG: caractérise l'arythmie (notamment FA paroxystique) mais non indispensable

Radiographie thoracique: si anomalies à l'auscultation pulmonaire

Échocardiographie transthoracique: recherche d'une cardiopathie sous-jacente et stratification


du risque thrombo-embolique (fraction d'éjection du ventricule gauche, valvulopathie,
hypertrophie ventriculaire gauche, épanchement péricardique, taille de l'oreillette gauche)

Échocardiographie transœsophagienne: recherche de thrombus dans l'oreillette gauche,


uniquement si cardioversion urgente (mauvaise tolérance hémodynamique)

Épreuve d'effort: recherche une FA induite à l'effort, évalue l'adaptation de la fréquence


cardiaque à l'effort, exclut une ischémie avant d'introduire un traitement antiarythmique

Étude électrophysiologique: recherche d'un trouble conductif associé (syncope, FA lente et


régulière associée à un bloc atrio-ventriculaire)

Se méfier d'une FA à réponse ventriculaire lente et régulière: cela peut traduire un bloc atrio-
ventriculaire complet (qui peut être symptomatique: syncopes, insuffisance cardiaque…)

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▪ TRAITEMENT

→ OBJECTIFS

Diminuer la gêne fonctionnelle

Prévenir les accidents thrombo-emboliques

Éviter l'aggravation d'une éventuelle cardiopathie sous-jacente

→ ÉDUCATION THÉRAPEUTIQUE

Expliquer le trouble du rythme, ses symptômes, les différents traitements

En cas de recours au traitement par AVK: buts, risques, notion d'INR cible, adaptation de la
dose en fonction de l'INR, apport stable en aliments riches en vitamine K, risques du sous-
dosage et du surdosage, prévenir tous les professionnels de santé de ce traitement, carnet de
surveillance

→ PRÉVENTION DES ACCIDENTS THROMBO-EMBOLIQUES

Elle s'applique de la même façon, que la FA soit paroxystique, persistante ou permanente

Le patient à haut risque est traité par AVK avec un INR cible compris entre 2 et 3
Le patient à risque faible est traité par de l'aspirine, de 75 à 325 mg/j

STRATIFICATION DU RISQUE

FACTEURS DE RISQUE
FACTEURS DE RISQUE ÉLEVÉ
MODÉRÉ

Âge > 75 ans

Hypertension artérielle Antécédent d'AVC, accident ischémique transitoire ou autre


embole systémique
Insuffisance cardiaque clinique
Rétrécissement mitral
Fraction d'éjection du ventricule
gauche > 35 % Prothèse valvulaire cardiaque mécanique

Diabète

RECOMMANDATIONS THÉRAPEUTIQUES

FACTEURS DE RISQUE TRAITEMENT

0 Aspirine

1 facteur de risque modéré Aspirine ou AVK

2 facteurs de risque modéré ou 1 facteur de risque élevé AVK

LE SCORE CHADS2

Il est utilisé par de nombreux médecins en pratique clinique pour évaluer le risque thrombo-
embolique en cas de FA non valvulaire

Insuffisance cardiaque (Congestive heart failure]) / dysfonction du ventricule gauche: 1 point

Hypertension artérielle: 1 point


Âge > 75 ans: 1 point

Diabète: 1 point

Stroke(AVC), accident ischémique transitoire, embolie systémique: 2 points

Si le score est de 0 ou 1, on traite par les antiagrégants plaquettaires

Si le score est ≥ 2, les AVK sont recommandés

Le score CHA2DS2-VASc doit être calculé seulement si score CHADS2 < 2 en cas de FA non
valvulaire:

C: insuffisance cardiaque (Congestive heart failure) / dysfonction du ventricule gauche: 1


point

H: hypertension: 1 point

A: âge ≥ 75 ans: 2 points

A: âge de 65 à 74 ans: 1 point

D: diabète: 1 point

S: AVC (Stroke) ou autre accident embolique: 2 points

VA: maladie vasculaire (infarctus du myocarde, artériopathie oblitérante des membres


inférieurs, athérome aortique): 1 point

Sc: Sex category, femme: 1 point

Les recommandations proposent:

CHA2DS2-VASc ≥ 2: AVK

CHA2DS2-VASc = 1: AVK ou aspirine

CHA2DS2-VASc = 0: aspirine ou pas d'antithrombotique

Le dabigatran (Pradaxa®) est un inhibiteur direct de la thrombine. II obtiendra probablement


dans les années à venir une AMM équivalente à celle des AVK concernant la FA non valvulaire
(pas de dosage de l'INR, dose fixe, demi-vie plus courte)

II faut également prendre en compte le risque hémorragique, qui peut être évalué à l'aide du
score HAS-BLED, en 9 points:

H: hypertension: 1 point
A: abnormal renal or liver function: 1 point pour chaque

S: stroke: 1 point

B: bleeding (thrombopathie ou antécédent de saignement): 1 point

L: labile INRs: 1 point

E: elderly (> 65 ans): 1 point

D: drugs or alcohol: 1 point pour chaque

Score HAS-BLED ≥ 3: risque hémorragique considéré comme élevé

L'évaluation du rapport bénéfice/risque du traitement antithrombotique doit être effectuée et


discutée avec le patient

En cas d'interruption du traitement AVK (chirurgie par exemple), il faut:

faire un relais par héparine s'il y a une prothèse valvulaire mécanique ou si le patient est à
haut risque ou si la durée d'arrêt des AVK est supérieure à 1 semaine

ne pas faire de relais par héparine si le risque est modéré et si la durée d'arrêt des AVK est
inférieure à 1 semaine

→ TRAITEMENT DU TROUBLE DU RYTHME

Deux options non exclusives en cas de FA persistante.

CONTRÔLE DU
RYTHME:
CONTRÔLE DE LA FRÉQUENCE CARDIAQUE
RESTAURATION DU
RYTHME SINUSAL

Patient symptomatique Âge > 65 ans

Patient jeune Coronaropathie

FA secondaire à un facteur Contre-indication ou échec des antiarythmiques


favorisant corrigé
Récusés à la cardioversion (contre-indication aux AVK, diamètre de
Insuffisance cardiaque l'oreillette gauche > 55 mm, rétrécissement mitral serré, FA datant de
congestive plus de 1 an, échec d'une précédente cardioversion)
Contrôle de la fréquence cardiaque

Agents pharmacologiques disponibles: en première intention, monothérapie par bêtabloquant


(métoprolol, propranolol…) ou inhibiteur calcique bradycardisant (diltiazem, vérapamil)

Si la fréquence cardiaque reste trop élevée, on peut ajouter de la digoxine ou de l'amiodarone


(attention aux effets secondaires si traitement au long cours)

Stratégie adaptée si score EHRA à 1

En cas de FA rapide et en l'absence d'instabilité hémodynamique, on peut avoir recours aux


mêmes médicaments par voie IV

L'ablation du nœud atrio-ventriculaire avec mise en place d'un stimulateur cardiaque est
exceptionnellement proposée pour améliorer les symptômes si la FA reste rapide malgré le
traitement médical

Contrôle du rythme cardiaque

Réduction d'une FA persistante: cardioversion:

hospitalisation nécessaire

la cardioversion peut être réalisée par une dose de charge d'amiodarone (IV sur voie
veineuse centrale ou per os) ou par choc électrique externe lors d'une brève anesthésie
(consultation de préanesthésie 48 h avant)

le risque thrombo-embolique justifie la mise en place d'un traitement anticoagulant dès que
la FA a débuté depuis plus de 48 heures

si une cardioversion précoce est nécessaire (instabilité hémodynamique ou insuffisance


cardiaque réfractaire), une échocardiographie transœsophagienne doit être réalisée pour
éliminer un thrombus intracardiaque (qui constitue une contre-indication) avant de tenter la
réduction de la FA; en cas de restauration du rythme sinusal, il faut poursuivre les
anticoagulants pendant 1 mois au moins

si la cardioversion est retardée, une anticoagulation efficace est nécessaire 3 semaines


avant la réduction et 1 mois au moins après en cas de restauration du rythme sinusal

si la FA a débuté depuis moins de 48 heures (on ne sait pas encore si elle est paroxystique
ou persistante), on peut réaliser une cardioversion médicamenteuse après avoir administré
un bolus IV d'héparine non fractionnée sans attendre les 3 semaines d'anticoagulation
habituelle (le risque embolique est considéré comme faible)

Maintien d'un rythme sinusal en cas d'accès itératifs symptomatiques de FA paroxystique ou


après une réduction de FA persistante; différentes thérapeutiques sont envisageables, en suivant
l'arbre décisionnel ci-après:
antiarythmique de classe Ic: flécaïnide (Flécaïne®), propafénone (Rythmol®)

antiarythmique de classe II-III: sotalol (Sotalex®)

antiarythmique de classe III: amiodarone (Cordarone®)

ablation endocavitaire par radiofréquence, en l'absence de cardiopathie et après échec d'au


moins un antiarythmique, notamment si le patient est symptomatique (score EHRA > 1)

un IEC ou un sartan peut être ajouté à l'antiarythmique en cas de récidive de FA.


L'association des deux traitements diminue le risque de récidive de FA

Choix du traitement antiarythmique en cas de FA paroxystique

→→.............

En cas de flutter isthmique dépendant, l'ablation endocavitaire peut être proposée en première
intention

→→.............

En cas de FA associée à un syndrome de préexcitation (Wolff-Parkinson-White), risque de


fibrillation ventriculaire avec mort subite; prévoir une ablation endocavitaire de la voie
accessoire sans délai

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▪ SUIVI

→ OBJECTIFS
Réévaluation régulière des traitements antithrombotiques (balance bénéfice/risque) et
antiarythmiques

Prise en charge pluridisciplinaire: cardiologue, médecin traitant, infirmière et biologiste si


surveillance de l'INR nécessaire

Hospitalisation nécessaire en urgence si mauvaise tolérance hémodynamique, FA anginogène,


fréquence ventriculaire non contrôlée, AVC ou autre embole systémique

→ CLINIQUE

Examen clinique 1 fois tous les 6 mois si le patient est équilibré

Recours au cardiologue 1 fois par an au minimum et plus fréquemment en cas de valvulopathie,


d'insuffisance cardiaque, de coronaropathie, de cardioversion, de modifications thérapeutiques
ou d'instabilité

Recherche des signes fonctionnels, mesure de la fréquence cardiaque et de la pression artérielle

→ PARACLINIQUE

INR en cas de traitement par AVK, 1 à 2 fois par semaine à l'initiation du traitement puis au
minimum 1 fois par mois quand l'INR est équilibré

Natrémie, kaliémie, créatininémie et calcul de la clairance

TSH tous les 6 mois si dysthyroïdie ou si traitement par amiodarone

ECG en fonction de l'interrogatoire et de l'examen clinique

Holter-ECG, si besoin, pour s'assurer que la fréquence cardiaque est contrôlée ou pour
rechercher des accès de FA paroxystique

Radiographie thoracique en cas de point d'appel clinique

Échocardiographie transthoracique: signes d'appel, atteinte valvulaire

Épreuve d'effort: chez les patients actifs pour s'assurer que la fréquence cardiaque à l'effort est
bien contrôlée

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249 Insuffisance Aortique

Objectifs

Diagnostiquer une insuffisance aortique

Argumenter l'attitude thérapeutique et planifier le suivi du patient

Recommandations, consensus

Haute Autorité de santé (2008): Cardiopathies valvulaires et congénitales graves chez l'adulte

European Society of Cardiology (2007): Guidelines on the management of valvular heart disease

Société française de cardiologie (2005): Recommandations concernant la prise en charge des


valvulopathies acquises et des dysfonctions de prothèse valvulaire

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INTRODUCTION

→ DÉFINITION

Défaillance de l'appareil valvulaire aortique (défaut d'étanchéité de la valve aortique) entraînant une
fuite de sang de l'aorte vers le ventricule gauche en diastole.

→ PHYSIOPATHOLOGIE

Surcharge volumétrique diastolique (volume diastolique normal + volume régurgité) entraînant:

une dilatation progressive du ventricule gauche

une augmentation du volume d'ejection systolique responsable d'une hypertrophie


ventriculaire gauche

Après plusieurs années, diminution de la contractilité du ventricule gauche et de la fraction


d'ejection avec élévation des pressions télédiastoliques et insuffisance ventriculaire gauche

Dans l'insuffisance aortique (IA) chronique, le patient reste longtemps asymptomatique car le
ventricule gauche s'adapte à la surcharge volumétrique en se dilatant

Dans l'IA aiguë, le ventricule gauche n'a pas le temps de s'adapter et la surcharge volumétrique
aiguë provoque un œdème aigu pulmonaire

L'augmentation du volume d'éjection aortique explique les pressions systoliques intra-aortiques


élevées et l'hyperpulsatilité artérielle
La fuite aortique explique la diminution de la pression artérielle diastolique

Il peut exister une insuffisance coronaire fonctionnelle (artères coronaires normales) secondaire
à l'augmentation des besoins myocardiques en oxygène, due à l'hypertrophie ventriculaire gauche
et à la chute de la pression aortique diastolique

Le retentissement artériel et ventriculaire gauche est fonction de la rapidité de l'installation de


l'IA

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→ ÉTIOLOGIE

→ IACHRONIQUES

IA dystrophique (dystrophies du tissu conjonctivo-élastique):

cause la plus fréquente d'IA dans les pays occidentaux

aussi appelée maladie annulo-ectasiante

dysplasie élastique touchant l'anneau aortique, la paroi de l'aorte ascendante, entraînant un


défaut de coaptation des sigmoïdes aortiques

parfois, véritable dystrophie des sigmoïdes aortiques (syndrome des valves flasques)

le plus souvent idiopathique, rencontrée dans la maladie de Marfan, le syndrome d'Ehlers-


Danlos

risque de dissection de l'aorte ascendante

Rhumatisme articulaire aigu:

cause la plus fréquente d'IA dans les pays en développement

fusion commissurale, rétraction valvulaire, association à un rétrécissement aortique et/ou à


une atteinte mitrale

Séquelles d'endocardite infectieuse: l'endocardite infectieuse donne des IA aiguës, les


mutilations valvulaires peuvent laisser des séquelles

IA congénitales:

bicuspidie aortique, autre rétrécissement aortique congénital

syndrome de Laubry-Pezzi, où l'IA est associée à une communication interventriculaire


autres syndromes polymalformatifs

Autres causes plus rares: aortite syphilitique, spondylarthrite ankylosante

→ IA AIGUËS

Endocardite infectieuse:

cause la plus fréquente des IA aiguës

les lésions associent des végétations intrasigmoïdiennes, une mutilation valvulaire par
ulcération ou perforation d'une ou de plusieurs valvules sigmoïdiennes ou abcès de l'anneau

survient le plus souvent sur une valvulopathie aortique préexistante

Dissection aortique aiguë: par extension à l'anneau

Traumatisme thoracique fermé

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▪ DIAGNOSTIC POSITIF

→ CIRCONSTANCES DE DÉCOUVERTE

Fortuitement à l'auscultation cardiaque

Dyspnée d'effort

Douleurs angineuses

Décompensation cardiaque gauche ou globale

À l'occasion d'une complication (voir infra)

→ CLINIQUE

Signes fonctionnels

Souvent asymptomatique

Signes fonctionnels pauvres: dyspnée, angor, asthénie, lipothymies

Signes physiques

Auscultation cardiaque:
souffle diastolique, decrescendo, maximal au foyer aortique et au bord gauche du sternum

irradiations jusqu'à l'endapex ou l'apex

parfois entendu au bord droit du sternum en cas d'anévrisme de l'aorte ascendante

timbre doux, aspiratif, lointain

mieux perçu chez un patient debout, en expiration forcée, le thorax penché en avant

souffle systolique éjectionnel d'accompagnement au foyer aortique

click protosystolique d'ouverture des valves en cas de calcifications valvulaires associées

en cas d'IA sévère:

roulement diastolique de Flint, perçu à l'apex en décubitus latéral gauche (gêne à


l'ouverture complète de la valve mitrale provoquée par le flux de régurgitation
aortique)

pistol shot: bruit très intense mésosystolique produit par la mise en tension brutale
des parois aortiques

galop protodiastolique

Palpation précordiale: choc de pointe dévié en dehors et en bas, témoignant de la dilatation


ventriculaire gauche, étalé, violent (choc en dôme de Bard)

Signes périphériques:

traduisent l'hyperpulsatilité artérielle due à l'augmentation du volume d'éjection systolique


ainsi que la baisse de pression diastolique liée à la fuite diastolique

élargissement de la pression artérielle différentielle, abaissement de la pression


diastolique

pouls périphériques amples et bondissants

cortège de signes: pouls capillaire, double souffle crural, hippus pupillaire, signe de
Musset (hochement de la tête), pouls bondissant de Corrigan…

Recherche de signes d'insuffisance cardiaque

Recherche de signes en faveur d'une cause particulière (endocardite infectieuse, Marfan…)

→ EXAMENS COMPLÉMENTAIRES

ECG
Souvent normal

L'ECG n'est modifié que dans l'IA chronique importante, avec une hypertrophie ventriculaire
gauche de type diastolique puis de type systolique

Troubles de conduction atrio-ventriculaire, dans le cadre d'une endocardite infectieuse


compliquée d'abcès septal

Radiographie thoracique de face

Normale dans les formes mineures

Cardiomégalie aux dépens du ventricule gauche

Dilatation de l'aorte ascendante, arc supérieur droit

Signes d'insuffisance cardiaque gauche (syndrome alvéolo-interstitiel)

Échocardiographie transthoracique

Permet de diagnostiquer et de quantifier la fuite, de préciser son retentissement sur le ventricule


gauche et sur les pressions pulmonaires, d'analyser son mécanisme, de rechercher une dilatation
de l'aorte ascendante ainsi que des lésions valvulaires ou de l'aorte ascendante associées

En Doppler couleur, on visualise un flux de sang diastolique allant de l'aorte vers le ventricule
gauche

Quantification de la fuite valvulaire aortique:

vena contracta: largeur du jet régurgitant à l'origine

PISA (Proximal Isove/ocíty Surface Area): permet de déterminer la surface de l'orifice


régurgitant et le volume régurgitant par battement

PHT (Pressure Half-Time): temps de décroissance de moitié du gradient de pression


protodiastolique sur le flux régurgité

extension spatiale du jet régurgité dans le ventricule gauche en Doppler couleur (peu
fiable)

Retentissement:

dilatation du ventricule gauche, hypertrophie ventriculaire gauche, évaluation de la fraction


d'éjection du ventricule gauche

détermination des pressions droites et des pressions de remplissage ventriculaire gauche


Mécanisme:

aspect des valves, remaniement, calcifications

nombre de sigmoïdes (cusps)

diamètre de l'anneau aortique et de l'aorte ascendante

végétations ou abcès en cas d'endocardite infectieuse

Étude de l'aorte ascendante:

mesure du diamètre de l'aorte ascendante

aspect piriforme ou en bulbe d'oignon (IA annulo-ectasiante)

dissection aortique

Indications de l'échocardiographie transœsophagienne:

patients peu échogènes par voie transthoracique

suspicion d'endocardite infectieuse

suspicion de dissection aortique

TDM et IRM thoraciques

Mesure de la taille de l'aorte ascendante dans les IA dystrophiques et surveillance de l'évolution

Diagnostic de dissection aortique en cas de doute à l'échocardiographie transthoracique et


transœsophagienne ou bien réalisées d'emblée

Cathétérísme cardiaque

Indiqué quand il existe un doute ou une discordance sur la sévérité de la régurgitation ou sur sa
responsabilité dans une dysfonction ventriculaire gauche

L'aortographie sus-sigmoïdienne évalue la régurgitation et la dilatation aortiques

La ventriculographie gauche apprécie la dilatation ventriculaire gauche et mesure la fraction


d'éjection du ventricule gauche

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▪ DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL
Insuffisance pulmonaire, observée dans les grandes hypertensions artérielles pulmonaires

Souffle continu du canal artériel persistant

Souffle diastolique des ruptures du sinus de Valsalva

Frottement péricardique

Roulement diastolique du rétrécissement mitral, à ne pas confondre avec le roulement de Flint

Dans tous les cas, l'échocardiographie redresse le diagnostic

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▪ ÉVOLUTION ET PRONOSTIC

→ HISTOIRE NATURELLE

Une IA chronique volumineuse sans dysfonction du ventricule gauche peut demeurer


asymptomatique pendant plusieurs années, sans dégradation de la fonction systolique

L'apparition des symptômes ou d'une dysfonction du ventricule gauche est un facteur prédictif
d'évolution défavorable

Dès l'apparition de symptômes, le pronostic à moyen ou court terme devient sévère, même si la
fonction systolique est conservée: la survie moyenne est de 3 à 5 ans après l'apparition de
l'angor, de 2 à 3 ans après les premiers signes d'insuffisance ventriculaire gauche et de moins de
1 an en cas d'insuffisance cardiaque globale

La survie à 5 ans des patients en classe fonctionnelle III ou IV de laNew York Heart
Associationest de 30%

Le risque de mort subite en l'absence de symptômes est faible et existe surtout en présence d'une
grande dilatation du ventricule gauche

→ MODALITÉS DU SUIVI

En l'absence de signes fonctionnels, les patients avec IA modérée doivent être suivis
cliniquement et par échocardiographie tous les 2 ou 3 ans

En présence d'une IA volumineuse, quand la chirurgie est retardée, une surveillance est
impérative, tous les 6 mois ou tous les ans, selon le degré et l'évolutivité du retentissement sur le
ventricule gauche et le diamètre de l'aorte ascendante

→ COMPLICATIONS
Endocardite infectieuse: complication la plus fréquente et la plus grave de l'IA

Insuffisance ventriculaire gauche

Dissection aortique

Troubles du rythme atrial ou ventriculaire

Mort subite

→ PRONOSTIC

Le pronostic de l'IA aiguë est fonction:

de l'importance et de la rapidité de survenue de l'insuffisance ventriculaire gauche

de l'étiologie (endocardite, dissection aortique)

du terrain

de la rapidité de l'intervention chirurgicale

Les facteurs de mauvais pronostic de l'IA chronique sont:

la présence de signes fonctionnels sévères (angor ou insuffisance cardiaque)

une dilatation ventriculaire gauche importante et, surtout, une altération de la fonction
systolique

l'association à une coronaropathie ou à un anévrisme de l'aorte ascendante

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▪ INDICATIONS CHIRURGICALES

Les indications opératoires sont fondées sur les symptômes, les dimensions du ventricule
gauche, la fraction d'éjection du ventricule gauche et le diamètre de l'aorte ascendante

L'age et les comorbidités sont des éléments essentiels à considérer

L'IA aiguë avec insuffisance cardiaque est une indication chirurgicale urgente

Principales indications:

IA volumineuse symptomatique

patients asymptomatiques avec:


IA volumineuse avec dysfonction du ventricule gauche

IA avec dilatation de l'aorte ascendante (diamètre maximal > 55 mm)

IA du syndrome de Marfan ou bicuspidie avec dilatation de l'aorte ascendante


(diamètre maximal > 50 mm)

IA volumineuse et indication d'une autre intervention de chirurgie cardiaque

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▪ BILAN PRÉOPÉRATOIRE

EUROSCORE (European System for Cardiac Operative Risk Evaluation): algorithme de


stratification du risque opératoire global en fonction de plusieurs paramètres (fonction
rénale, antécédents de chirurgie cardiaque, caractère urgent de la chirurgie…); il est
prédictif de la mortalité hospitalière et de la mortalité à long terme
Exemple d'EUROSCORE pour un homme de 65 ans aux antécédents de BPCO et d'artériopathie
obüitérante des membres inférieurs, risque de mortalité de 5,98 % pour une chirurgie cardiaque sans
pontage

Échocardiographie transthoracique à la recherche d'autres valvulopathies

Échographie-Doppler des troncs supra-aortiques

Recherche de foyers infectieux ORL et dentaires; consultation ORL et stomatologique,


orthopantomographie, cliché de Blondeau ou TDM des sinus

Consultation préanesthésique

Bilan respiratoire: radiographie thoracique, gazométrie artérielle, EFR en fonction

Coronarographie:
chez les patients présentant un angor

chez l'homme après 40 ans et la femme après 50 ans

Fraction d'éjection du ventricule gauche isotopique, non systématique

Bilan sanguin préopératoire, avant circulation extracorporelle, prétransfusionnel

Recherche de bactéries multirésistantes nasales la veille de la chirurgie

Échographie-Doppler artérielle des membres inférieurs si terrain à risque ou symptômes


évocateurs

Imagerie de l'aorte en cas de dilatation et possible geste associé

En fonction des comorbidités et des antécédents, TDM du crane, TDM du thorax

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▪ TRAITEMENT

→ TRAITEMENT CHIRURGICAL

C'est le seul traitement efficace

Si l'IA est isolée: remplacement valvulaire simple par prothèse mécanique ou biologique

Si l'IA est associée à une dilatation de l'aorte ascendante: remplacement valvulaire associé à un
remplacement de l'aorte ascendante avec réimplantation des coronaires (intervention de Bentall)

Si les valves sont normales à l'échocardiographie et si l'IA est minime, remplacement de l'aorte
ascendante avec réimplantation des coronaires et conservation de la valve aortique native
(intervention de Tirone David)

Parfois, chez le sujet jeune, utilisation de la valve pulmonaire du patient comme autogreffe
aortique et remplacement de la valve pulmonaire par une homogreffe (intervention de Ross)

Le traitement de l'IA aiguë sévère avec insuffisance cardiaque repose sur le remplacement
valvulaire aortique en urgence

→ TRAITEMENT MÉDICAL

Traitement symptomatique en présence de signes congestifs

Traitement vasodilatateur (IEC ou dihydropyridines): permet de retarder la chirurgie chez les


patients asymptomatiques ayant une IA volumineuse
Traitement vasodilatateur IV (dérivés nitrés, nitroprusside) en cas d'IA aiguë: permet de
diminuer la post-charge, de favoriser l'éjection ventriculaire dans l'aorte et de diminuer la
régurgitation

Traitement bêtabloquant indiqué dans la maladie de Marfan pour prévenir les éventuelles
récidives de dissection

Antibioprophylaxie, optionnelle, de l'endocardite infectieuse; l'IA est la valvulopathie native qui


se complique le plus fréquemment de cette maladie infectieuse

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250 Insuffisance Cardiaque de L'Adulte

Objectifs

Diagnostiquer une insuffisance cardiaque chez l'adulte

Identifier les situations d'urgence et planifier leur prise en charge

Argumenter l'attitude thérapeutique et planifier le suivi du patient

Recommandations, consensus

European Society of Cardiology (2010): Guidelines on device therapy in heart failure

European Society of Cardiology (2008): Guidelines for the diagnosis and treatment of acute and
chronic heart failure

Haute Autorité de santé (2007): Insuffisance cardiaque à fonction systolique préservée


symptomatique chronique

Haute Autorité de santé (2007): Insuffisance cardiaque systolique symptomatique chronique

Société française de cardiologie (2006): Insuffisance cardiaque et cardiomyopathies

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▪ INTRODUCTION

→ DÉFINITION

Incapacité du cœeur à assurer un débit sanguin adapté aux besoins métaboliques de l'organisme.

→ IC SYSTOLIQUE (60%)

Elle associe:

des symptômes d'insuffisance cardiaque (IC), au repos ou à l'effort, présents ou dans les
antécédents

une fraction d'éjection du ventricule gauche (FEVG) < 40 % au repos

une réponse au traitement de l'IC quand le diagnostic est incertain

→ IC À FONCTION SYSTOLIQUE PRÉSERVÉE (40 %)

Elle associe:
des symptômes d'IC, au repos ou à l'effort, présents ou des antécédents de poussée d'IC aiguë
congestive

des signes objectifs (ECG, radiographie thoracique, échocardiographie,Brain Natriuretic


Peptide- BNP -…) de dysfonction cardiaque au repos avec une FEVG > 40 %

une réponse au traitement de l'IC quand le diagnostic est incertain

→ ÉPIDÉMIOLOGIE

0,4 à 2 % de la population générale en Europe, soit 15 millions de personnes

Plus de 500 000 personnes en France

Augmentation majeure de la fréquence avec l'âge, donc augmentation du nombre dans les
années à venir liée au vieillissement de la population

Âge moyen: 75 ans

50 % de décès à 4 ans pour l'IC tout-venant; en cas de forme sévère, 50 % de décès à 1 an

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▪ PHYSIOPATHOLOGIE

→ ALTÉRATION DE LA FONCTION SYSTOLIQUE

Diminution de la contractilité ou inotropisme (cardiomyopathie dilatée ou ischémique,


myocardite)

Augmentation de la post-charge (hypertension artérielle, rétrécissement aortique)

Augmentation de la précharge (insuffisance aortique ou mitrale)

→ ALTÉRATION DE LA FONCTION DIASTOLIQUE

Trouble de la relaxation (phénomène actif) du ventricule gauche (hypertrophie, cardiopathie


ischémique)

Diminution de la compliance (phénomène passif) lors d'une séquelle d'infarctus ou d'une


péricardite constrictive

Augmentation de la fréquence cardiaque entraînant un raccourcissement de la diastole

→ MÉCANISMES COMPENSATEURS
À la phase initiale, ils permettent un maintien du débit cardiaque et de la pression de perfusion
des organes périphériques

À long terme, ces phénomènes adaptatifs deviennent délétères

Le tableau ci-après comporte les principaux phénomènes adaptatifs et leurs conséquences

CAUSES ADAPTATIONS CONSÉQUENCES

Surcharge de pression Trouble de la


(hypertension artérielle, Hypertrophie concentrique du ventricule gauche relaxation Ischémie
rétrécissement aortique) myocardique

Surcharge de volume
Dysfonction
(insuffisance aortique, Dilatation du ventricule gauche
systolique
insuffisance mitrale)

Dysfonction
diastolique

Activation du système sympathique: Augmentation du


Baisse de la pression
augmentation de l'inotropisme, tachycardie, métabolisme
artérielle
vasoconstriction périphérique cardiaque

Ischémie
myocardique

Hypertrophie et
Activation du système rénine-angiotensine- fibrose
Hypovolémie relative
aldostérone: augmentation de la volémine, myocardiques
Hypoperfusion rénale vasoconstriction périphérique Rétention
hydrosodée

→ EXPRESSIONS CLINIQUES

Bas débit cardiaque: désadaptation à l'effort, asthénie, altération de l'état général

Signes congestifs secondaires à l'élévation des pressions de remplissage ventriculaire entraînant


une stase sanguine en amont:
à gauche: dyspnée d'effort, orthopnée, œdème pulmonaire

à droite: hépatalgie d'effort, reflux hépato-jugulaire, turgescence jugulaire, œdème des


membres inférieurs

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▪ ÉTIOLOGIE

→ INSUFFISANCE VENTRICULAIRE GAUCHE

Cardiopathie ischémique (+++): séquelles d'infarctus du myocarde, ischémie chronique

Cardiopathie hypertensive (+++): élévation de la post-charge entraînant une dysfonction


diastolique

Valvulopathies: rétrécissement aortique, insuffisance mitrale, insuffisance aortique

Cardiopathie rythmique: fibrillation atriale, flutter atrial

Cardiomyopathie primitive: dilatée ou hypertrophique

Cardiomyopathies secondaires:

toxiques (alcool, anthracyclines, cocaïne, mercure, cobalt, arsenic…)

surcharges (hémochromatose, amylose, sarcoïdose, glycogénoses…)

dystrophies musculaires (Duchenne de Boulogne, Steinert…)

maladies endocrines (Cushing, acromégalie, phéochromocytome…)

Myocardites, VIH, péri-partum, insuffisance rénale terminale

→ INSUFFISANCE VENTRICULAIRE DROITE

Insuffisance ventriculaire gauche (+++)

Cardiomyopathies: infarctus du ventricule droit, dysplasie arythmogène du ventricule droit

Hypertension artérielle pulmonaire (HTAP) post-capillaire: rétrécissement mitral (IC gauche


sans insuffisance ventriculaire gauche)

HTAP précapillaire: cœur pulmonaire chronique postembolique, insuffisance respiratoire


chronique obstructive ou restrictive, HTAP primitive

Valvulopathies: insuffisance tricuspidienne, rétrécissement tricuspidien, rétrécissement


pulmonaire

Communication interatriale vieillie

Péricardite constrictive

→ IC À DÉBIT ÉLEVÉ

Le cœur, initialement sain, ne peut pas compenser l'augmentation du métabolisme de l'organisme:


hyperthyroïdie, fistule artério-veineuse, maladie de Paget, anémie sévère, béribéri (carence en
vitamine B1).

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▪ CLINIQUE

→ INTERROGATOIRE

Cardiopathie ou maladie pulmonaire connue

Consommation d'alcool, traitement (anthracyclines…)

Recherche des facteurs de risque cardio-vasculaire

→ INSUFFISANCE VENTRICULAIRE GAUCHE

Signes fonctionnels

Dyspnée d'effort puis de repos: symptôme principal; son intensité est évaluée grace à la
classification de laNew York Heart Association(NYHA) en quatre classes:

classe I: dysfonction ventriculaire gauche asymptomatique

classe II: dyspnée pour des efforts importants sans entraver la vie courante

classe III: dyspnée pour des efforts ordinaires de la vie courante

classe IV: dyspnée de repos, orthopnée

Orthopnée: dyspnée de décubitus, quantifiée en nombre d'oreillers nécessaires pour bien dormir

Toux d'effort: équivalent de dyspnée d'effort

Faiblesse musculaire, fatigabilité: bas débit au niveau musculaire

Asthénie: bas débit cérébral


Signes physiques

Signes de la cardiopathie causale: souffle, trouble rythmique, hypertension artérielle…

Tachycardie: reflet de l'activation du système sympathique

Étalement et déviation du choc de pointe vers le bas et la gauche: témoin de la dilatation du


ventricule gauche

Galop gauche protodiastolique (B3, témoin d'une élévation des pressions de remplissage) ou
présystolique (B4, lié à un trouble de la compliance)

Souffle holosystolique à l'apex d'insuffisance mitrale secondaire à une dilatation du ventricule


gauche

Auscultation pulmonaire: sibilants (œdème péribronchique ou pseudo-asthme cardiaque), rales


crépitants inspiratoires (œdème alvéolaire), diminution du murmure vésiculaire (épanchement
pleural)

→ INSUFFISANCE VENTRICULAIRE DROITE

Signes fonctionnels

Asthénie par baisse du débit cardiaque

Hépatalgie d'effort (dilatation hépatique); peut devenir permanente

Signes physiques

En lien avec la cardiopathie ou la maladie pulmonaire sous-jacente

Tachycardie

Signe de Harzer: palpation du ventricule droit dilaté sous l'appendice xiphoïde

Galop droit, B3 ou B4, perçu au foyer tricuspidien

Souffle d'insuffisance tricuspide: holosystolique au foyer xiphoïdien, augmentant en inspiration


profonde (signe de Carvallo)

Éclat du B2 au foyer pulmonaire en rapport avec une HTAP

Hépatomégalie molle, foie pulsatile en cas de grosse insuffisance tricuspide (expansion


systolique du foie)

Reflux hépato-jugulaire, voire turgescence jugulaire spontanée si la pression veineuse centrale


est très élevée
œdèmes des membres inférieurs, blancs, mous, indolores, symétriques et prenant le godet

Poids accru

→ IC GLOBALE

Mode d'évolution habituel de l'insuffisance ventriculaire gauche

Le tableau clinique associe les signes d'insuffisance ventriculaire droite et gauche

œDÈME AIGU DU POUMON

Insuffisance ventriculaire gauche aiguë responsable d'une inondation alvéolaire par du liquide
plasmatique secondaire à une élévation brutale de la pression dans les capillaires pulmonaires

Clinique:

dyspnée brutale avec orthopnée, angoisse et cyanose

grésillement laryngé, toux avec expectoration rosée et mousseuse

rales crépitants bilatéraux au-dessus des mi-champs

tachycardie, galop gauche

signes de gravité: épuisement avec bradypnée, hypercapnie (sueurs, céphalées, troubles de


conscience, hypertension artérielle), choc cardiogénique (marbrures, hypotension, anurie)

Radiographie thoracique: opacités bilatérales symétriques floconneuses à prédominance péri-


hilaire (syndrome alvéolaire) ± épanchement pleural, scissurite

Examens à but étiologique: troponine, ionogramme sanguin, NFS, CRP, ECG, échocardiographie
transthoracique

Hospitalisation en unité de soins intensifs cardiologiques ou en réanimation:

position demi-assise, restriction hydrosodée

oxygénothérapie à haut débit, voire ventilation non invasive par pression positive continue
(CPAP: Continuous Positive Airway Pressure); si échec, intubation oro-trachéale et
ventilation invasive (intérêt de la pression expiratoire positive)

diurétiques de l'anse en IV (par exemple: furosémide, 60 mg IV/6 h) + supplément


potassique

dérivés nitrés en IV au pousse-seringue électrique ou en IV directe si pression artérielle


systolique > 100 mmHg
en cas de choc cardiogénique: dobutamine, 5à 15µg/kg/min et contre-pulsion par ballonnet
intra-aortique si post-infarctus

traitement étiologique: infarctus, poussée hypertensive, insuffisance mitrale aiguë…

Surveillance par monitorage, diurèse, ionogramme sanguin (kaliémie, créatininémie),


radiographie thoracique

œdème aigu du poumon, opacités alvéolo-interstitielles à prédominance péri-hilaire (en ailes de


papillon]

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▪ PARACLINIQUE

Les quatre examens paracliniques fondamentaux pour réaliser le diagnostic d'IC sont l'ECG, la
radiographie thoracique, l'échocardiographie transthoracique et le dosage du BNP (ou NT-pro-BNP).

→ BILAN BIOLOGIQUE

NFS: rechercher une anémie, qui favorise l'IC, une polyglobulie en cas de maladie pulmonaire
chronique

Ionogramme sanguin: l'hyponatrémie est un signe péjoratif, kaliémie à surveiller, notamment au


cours du traitement
Créatininémie et calcul de la clairance de la créatinine ou du débit de filtration glomérulaire:
insuffisance rénale fonctionnelle

Bilan hépatique: recherche d'une cytolyse en relation avec un foie cardiaque

BNP ou NT-pro-BNP à buts diagnostique et pronostique

Selon le contexte: CRP, TSH, troponine

→ RADIOGRAPHIE THORACIQUE

Recherche d'une cardiomégalie (index cardio-thoracique > 0,5)

Signes d'œdème pulmonaire interstitiel (stries de Kerley) ou alvéolaire (opacités floconneuses


bilatérales à prédominance péri-hilaire)

Épanchement pleural unilatéral ou bilatéral

→ ECG DE REPOS 12 DÉRIVATIONS

Il oriente vers une cardiopathie sous-jacente:

ischémique: séquelles de nécrose (onde Q), troubles de la repolarisation (segment ST,


onde T)

hypertrophique: hypertrophie du ventricule gauche (indice de Sokolow-Lyon)

rythmique: fibrillation atriale, flutter atrial

Certains signes sont peu spécifiques mais fréquents dans l'IC: tachycardie sinusale, bloc de
branche gauche complet

Il peut exister des signes de cœur pulmonaire en cas de maladie pulmonaire: bloc de branche
droite, hypertrophie du ventricule droit, aspect S1Q3

→ ÉCHOCARDIOGRAPHIE TRANSTHORACIQUE (+++)

Il s'agit de l'examen paraclinique le plus important dans le diagnostic de l'IC:

évaluation de la fonction systolique: FEVG, recherche de troubles de la cinétique


segmentaire (cardiopathie ischémique) et globale (cardiomyopathie dilatée non
ischémique), fonction systolique du ventricule droit

mesures des cavités et de l'épaisseur des parois: recherche d'une hypertrophie ventriculaire
(hypertension artérielle, rétrécissement aortique…), d'une dilatation du ventricule gauche
(insuffisance aortique ou mitrale) ou droit (cœur pulmonaire, insuffisance tricuspide), d'une
dilatation des oreillettes (cardiopathie rythmique ou valvulaire)
évaluation des pressions de remplissage et de la fonction diastolique: Doppler transmitral,
Doppler tissulaire et TM couleur, notamment dans le cas de l'IC à fonction systolique
préservée

recherche, description et quantification d'une valvulopathie responsable de l'IC:


rétrécissement aortique serré, insuffisance mitrale massive…

estimation des pressions artérielles pulmonaires et de la pression veineuse centrale:


insuffisance ventriculaire droite

recherche d'asynchronisme atrio-ventriculaire, interventriculaire et intraventriculaire pour


aider à la proposition d'implantation d'un stimulateur triple chambre

Si l'échocardiographie n'est pas suffisamment contributive ou est insuffisante pour évaluer une
valvulopathie, il peut être nécessaire de réaliser un cathétérisme cardiaque droit ± gauche avec
ventriculographie

→ ÉPREUVE D'EFFORT

Évaluation de la capacité fonctionnelle du patient et mesure de la consommation maximale


d'oxygène (VO2max), qui est un indice pronostique dans l'IC (classification de Weber)

Recherche d'une ischémie myocardique

→→.............

En cas de suspicion de cardiopathie ischémique, d'autres examens paracliniques peuvent être réalisés
(coronarographie, échocardiographie sous dobutamine et scintigraphie myocardique).

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▪ RAITEMENT

→ OBJECTIFS

Réduction des symptômes, des hospitalisations et de la mortalité

Amélioration de la qualité de vie

Ralentissement de la progression de la maladie

→ ÉDUCATION THÉRAPEUTIQUE ET MESURES GÉNÉRALES

Information sur la maladie

Signes d'alarme devant faire augmenter la dose des diurétiques et consulter


Médicaments à éviter: AINS, suppléments potassiques, inhibiteurs calciques bradycardisants

Vaccination antigrippale (annuelle) et antipneumococcique (Pneumo 23® tous les 5 ans)

Arrêt du tabac et consommation d'alcool réduite ou abstinence totale si cardiomyopathie


œnolique

Apport hydrique limité entre 1 et 2 L/j par jour selon les conditions climatiques

Consommation de sel limitée à 6 g/j

Surveillance régulière du poids, en pratique 2 fois par semaine

Pratique d'une activité physique d'endurance régulière, éviter les séjours en altitude

Réadaptation cardiaque: chez les patients stables, protocoles de réadaptation adaptés à l'IC

Observance thérapeutique

Contrôle strict des facteurs de risque cardio-vasculaire

→ TRAITEMENT MÉDICAMENTEUX

Quatre classes thérapeutiques améliorent la survie: IEC, bêtabloquants, antagonistes des récepteurs
de l'angiotensine II (ARAII) et antialdostérone.

IEC

Traitement de référence en première intention, instauré à dose faible, augmentation posologique


progressive jusqu'à la dose maximale tolérée

Surveillance clinique (rechercher une hypotension orthostatique) et biologique (kaliémie,


créatininémie). Une augmentation de plus de 30%de la créatininémie ou une hyperkaliémie
doivent conduire à diminuer la dose, voire à arrêter le traitement (kaliémie > 5,5 mmol/L:
diminuer la dose de 50%; kaliémie > 6 mmol/L: arrêt de l'IEC)

Contre-indications: œdème angioneurotique, sténose bilatérale des artères rénales,


créatininémie > 220 µmol/L, kaliémie > 5 mmol/L, rétrécissement aortique serré

Exemples: captopril (Lopril®), énalapril (Renitec®), lisinopril (Zestril®), ramipril (Triatec®),


trandolapril (Odrik®)

Bêtabloquants

Administrer chez les patients en IC stable par augmentation progressive de la dose (toutes les 2
à 4 semaines) en milieu hospitalier jusqu'à la dose maximale tolérée
Avant et après chaque modification thérapeutique, il faut réaliser un examen clinique (signes
fonctionnels, surcharge hydrosodée, fréquence cardiaque, pression artérielle en position couchée
et debout) et un ECG de repos afin de s'assurer de la bonne tolérance du traitement

Quatre bêtabloquants ont l'AMM dans l'IC:

bisoprolol (Cardensiel®): de 1,25 à 10 mg/j

carvédilol (Kredex®): en 2 prises, de 3,125 à 50 mg/j

métoprolol (Selozok®): de 23,75 à 190 mg/j

nébivolol (Temerit®): de 1,25 à 10 mg/j, AMM après 70 ans

Contre-indications: asthme, bloc atrio-ventriculaire de 2e ou 3e degré, BPCO, dysfonction


sinusale, bradycardie sinusale < 50/min

ARAII

Alternative aux IEC en cas d'intolérance

Chez les patients symptomatiques sous IEC, bêtabloquants et diurétiques, on peut associer en
plus les ARAII, sous contrôle strict de la fonction rénale et de la kaliémie

Contre-indications: sténose bilatérale des artères rénales, créatininémie > 220 µmol/L, kaliémie
> 5 mmol/L, rétrécissement aortique serré

Exemples: candésartan (Atacand®), valsartan (Tareg®)

Antagonistes des récepteurs à l'aldostérone

Patients restant symptomatiques sous IEC, bêtabloquants et diurétiques

Imposent une surveillance stricte de la kaliémie et de la fonction rénale

Contre-indications: créatininémie > 220 µmol/L, kaliémie > 5 mmol/L, association IEC + ARAII

Exemples: spironolactone (Aldactone®), éplérénone (Inspra®, si FEVG < 40 % et signes d'IC


après infarctus du myocarde)

Diurétiques de l'anse de Henlé

Prescrits à la dose minimale pour traiter la rétention hydrosodée

Améliorent les symptômes sans améliorer la survie

Surveillance de la kaliémie (risque d'hypokaliémie) et de la créatininémie (insuffisance rénale


fonctionnelle)

Exemples: furosémide (Lasilix®) - de 20 à 500 mg (formes IV et per os) -, bumétanide


(Burinex®) - de 1 à 5 mg (formes IV et per os)

Autres médicaments

Glucosides tonicardiaques (digoxine):

patients restant symptomatiques sous IEC, bêtabloquants et diurétiques; πotamment si


fréquence cardiaque rapide ou fibrillation atriale

contre-indications: trouble du rythme ventriculaire, bloc atrio-ventriculaire de 2e ou 3e


degré, syndrome de Wolff-Parkinson-White

AVK: en cas de fibrillation atriale, de dilatation sévère du ventricule gauche avec risque de
thrombus intracavitaire, d'anévrisme intraventriculaire, d'HTAP sévère…

Amiodarone: en cas d'arythmie ventriculaire menaçante malgré bêtabloquants et IEC, ou pour


réduire une fibrillation atriale ou maintenir un rythme sinusal

Ivabradine (Procoralan®): inhibiteur sélectif des courants If, en cas d'insuffisance cardiaque
chronique (NYHA II à IV) avec dysfonction systolique, chez un patient en rythme sinusal et dont
la fréquence cardiaque est ≥ 75 battements par minute, en association au traitement standard
comprenant les bêtabloquants ou en cas de contre-indications ou d'intolérance aux bêtabloquants

→ TRAITEMENT ÉTIOLOGIQUE

Revascularisation par angioplastie coronaire ou pontage aorto-coronaire si ischémie


documentée

Remplacement valvulaire en cas de valvulopathie sévère (rétrécissement aortique serré,


insuffisance aortique ou mitrale importante)

→ AUTRES TRAITEMENTS

Resynchronisation ventriculaire par stimulateur triple chambre ou biventri culaire:

synchronise la contraction des oreillettes et des ventricules gauche et droit

diminue la mortalité de 36 % et les hospitalisations de 50 %

s'adresse aux patients sous traitement médical optimal en classe III ou IV de la NYHA avec
une FEVG ≤ 35 % et des QRS ≥ 120 ms et à ceux en classe II de la NYHA avec des QRS ≥
150 ms

l'espérance de vie doit être estimée supérieure à 6 mois (à éviter par exemple en cas de
cancer métastatique d'évolution rapide)

pour le stimulateur triple chambre, trois sondes de stimulation intracardiaque sont


positionnées: une dans l'oreillette droite, une dans le ventricule droit et une au niveau de la
paroi latérale du ventricule gauche via le sinus coronaire; si le patient est en fibrillation
atriale, on ne place pas de sonde dans l'oreillette droite (stimulation biventriculaire)

Défibrillateur automatique implantable:

il permet la prise en charge des troubles du rythme ventriculaire grave (tachycardie


ventriculaire soutenue, fibrillation ventriculaire) en réalisant une stimulation
antitachycardique (spikes rapides pour coiffer le trouble rythmique) ou un choc électrique
interne; il prévient donc la mort subite

chez les patients en classe III-IV de la NYHA avec FEVG ≤ 35 % et QRS ≥ 120 ms en
association à la stimulation biventriculaire (prévention primaire)

chez les patients présentant une altération de la FEVG et un arrêt cardiaque ou une
tachycardie ventriculaire mal tolérée (prévention secondaire)

chez les patients présentant une FEVG < 30-35 %, 40 jours après un infarctus, sous
traitement médical optimal (prévention secondaire)

Annuloplastie mitrale en cas d'insuffisance mitrale sévère secondaire à une dilatation du


ventricule gauche

Transplantation cardiaque: thérapeutique ultime de l'insuffisance cardiaque terminale aiguë


(transplantation en super-urgence) ou chronique, chez un patient âgé de moins de 65 ans
présentant peu de comorbidités; reste un traitement d'exception (356 greffes cardiaques en
France en 2010); en attendant la greffe, cures de dobutamine, assistance circulatoire temporaire
ou définitive…; la médiane de survie du greffé cardiaque est supérieure à 10 ans, les
complications classiques sont infectieuses et néoplasiques (immunosuppresseurs) ainsi que la
maladie du greffon (développement d'une coronaropathie diffuse équivalant à un rejet chronique)

IC À FONCTION SYSTOLIQUE PRÉSERVÉE

Symptômes d'IC avec FEVG de repos > 40 %

Étiologie: hypertension artérielle (+ + +), ischémie myocardique, hypertrophie myocardique,


constriction myocardique ou péricardique Examens paracliniques spécifiques en cas
d'hypertension artérielle mal équilibrée: ionogramme sanguin, mesure ambulatoire de la
pression artérielle, automesure tensionnelle, échographie-Doppler des artères rénales

Traitement: équilibrer la pression artérielle (bêtabloquants, diurétiques, inhibiteurs calciques,


IEC, ARAM) et utiliser la même thérapeutique que pour l'IC systolique (pas de grand essai
thérapeutique pour prouver l'efficacité de ces classes thérapeutiques)
→ RÉSUMÉ THÉRAPEUTIQUE

CLASSE DE LA NYHA I II III IV

IEC + + + +

Bêtabloquants Après infarctus du myocarde + + +

ARAII Contre-indication des IEC Contre-indication des IEC ±IEC ±IEC

Antagonistes de l'aldostérone - FEVG < 40% + +

Diurétiques de l'anse de Henlé - Signes congestifs + +

Digoxine - ± ± ±

Dobutamine - - - ±

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▪ SUIVI

Le patient stable doit être suivi au minimum 1 fois par an par le cardiologue. En cas d'instabilité
ou d'adaptation thérapeutique (bêtabloquants, antialdostérone, IEC), le patient est suivi, selon
son état, de façon hebdomadaire ou mensuelle

L'hospitalisation est nécessaire en cas de poussée d'IC sévère ou lorsque la prise en charge à
domicile n'est plus possible

→ CLINIQUE

Activités de la vie quotidienne, dyspnée

Surveillance du poids, observance de la restriction hydrosodée et du traitement

Fréquence cardiaque, pression artérielle avec recherche d'hypotension orthostatique, signes de


rétention hydrosodée

→ PARACLINIQUE

Natrémie, kaliémie et créatininémie lors des modifications thérapeutiques (IEC, ARAII,


antialdostérone, diurétiques) et au minimum tous les 6 mois

TSH, INR si besoin

ECG: en cas de signe d'appel, lors de l'augmentation de la dose des bêtabloquants et au


minimum 1 fois par an

Holter-ECG et radiographie thoracique en cas de signe d'appel

Échocardiographie transthoracique: modification clinique, traitement susceptible de modifier la


fonction cardiaque (IEC, bêtabloquants) et au minimum 1 fois tous les 3 ans

FACTEURS DE DÉCOMPENSATION CARDIAQUE

Facteurs attribuables au patient: écart de régime hyposodé, arrêt du traitement (diurétiques),


automédication par AINS ou corticoïdes

Facteurs attribuables au médecin: introduction d'un traitement inotrope négatif, augmentation


excessive des bêtabloquants, inhibiteurs calciques bradycardisants, antiarythmiques de classe I

Anémie

Hyperthyroïdie ou hypothyroïdie

Infections fébriles: endocardite infectieuse, pneumopathie, érysipèle…

Syndrome coronaire aigu avec (“ST +”) ou sans (“ST -”) sus-décalage de ST

Poussée hypertensive

Trouble rythmique: passage en fibrillation atriale, flutter, tachycardie atriale, tachycardie


ventriculaire…

Trouble conductif: bloc atrio-ventriculaire

Embolie pulmonaire

Valvulopathie aiguë: insuffisance mitrale par rupture de cordage ou dysfonction de pilier,


insuffisance aortique sur dissection aortique

Chirurgie extracardiaque

FACTEURS DE MAUVAIS PRONOSTIC DANS L'IC


Âge avancé

Hypotension artérielle

Pic de consommation maximale d'oxygène bas |< 14 mL/min/kg)

Taux de BNP ou NT-pro-BNP élevé

FEVG basse

Classe III ou IV de la NYHA

Arythmie ventriculaire sévère

Hyponatrémie

Mort subite récupérée

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251 Insuffisance Mitrale

Objectifs

Diagnostiquer une insuffisance mitrale

Argumenter l'attitude thérapeutique et planifier le suivi du patient

Recommandations, consensus

Haute Autorité de santé (2008): Cardiopathies valvulaires et congénitales graves chez l'adulte

European Society of Cardiology (2007): Guidelines on the management of valvular heart disease

Société française de cardiologie (2005): Recommandations concernant la prise en charge des


valvulopathies acquises et des dysfonctions de prothèse valvulaire

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▪ INTRODUCTION

→ DÉFINITION

Perte d'étanchéité de la valve mitrale due à l'atteinte de l'appareil valvulaire mitral, responsable
d'un reflux anormal de sang du ventricule gauche vers l'oreillette gauche en systole

Appareil valvulaire mitral:

constitué de quatre éléments: le voile mitral (feuillet antérieur et feuillet postérieur),


l'anneau mitral, les cordages et les piliers (pilier postéromédial et pilier antérolatéral)

l'atteinte d'un ou de plusieurs de ces quatre éléments peut entraîner une insuffisance mitrale
(IM)

→ PRÉVALENCE

Deuxième valvulopathie la plus fréquente après le rétrécissement aortique.

→ MÉCANISMES

L'IM est secondaire:

à un défaut de coaptation des deux feuillets:

par “ballonnisation”, qui modifie la surface de contact entre les deux valves

par éversion de l'une des valves par rupture de cordages, prolapsus


par rétraction valvulaire (IM rhumatismale)

par restriction valvulaire (IM ischémique)

par dilatation de l'anneau: la surface totale de l'orifice est plus grande que celle des
valves

plus rarement, à une solution de continuité au niveau du tissu valvulaire, d'origine


congénitale (fente mitrale) ou acquise (perforation sur endocardite ou traumatique)

L'association de plusieurs mécanismes est fréquente

Classification anatomo-chirurgicale de Carpentier:

type I: IM avec mouvements valvulaires normaux, soit par dilatation de l'anneau, soit par
perforation valvulaire

type II: IM par prolapsus valvulaire, définie par l'excursion du bord libre valvulaire en
systole au-delà du plan de coaptation normal

type III: IM par restriction du mouvement valvulaire, empêchant le retour de la valve sur le
plan de coaptation

→ PHYSIOPATHOLOGIE

IM chronique

Régurgitation chronique de sang du ventricule gauche vers l'oreillette gauche en systole

Conséquences d'amont:

dilatation de l'oreillette gauche pour éviter l'augmentation de pression

à long terme, capacités de distension de l'oreillette gauche dépassées, entraînant une


élévation de la pression dans l'oreillette gauche

répercussion sur la pression capillaire pulmonaire avec apparition d'une hypertension


artérielle pulmonaire post-capillaire

Conséquences d'aval:

le débit cardiaque est maintenu par l'augmentation du volume d'éjection systolique, la


fonction systolique est longtemps conservée

surcharge volumétrique du ventricule gauche, prédominant en télédiastole, responsable


d'une dilatation du ventricule gauche
post-charge (résistance à l'éjection) basse donc pas d'hypertrophie ventriculaire gauche (loi
de Laplace)

Une fois les mécanismes adaptatifs dépassés, apparition d'un tableau d'insuffisance cardiaque
gauche, voire globale

La dilatation de l'oreillette gauche est souvent responsable d'un passage en fibrillation atriale

La dilatation du ventricule gauche peut entraîner une dilatation de l'anneau mitral, ajoutant une
part d'IM fonctionnelle

IM aiguë

Régurgitation en général importante

Les mécanismes adaptatifs n'ont pas eu le temps de se mettre en place

élévation brutale des pressions dans l'oreillette gauche puis répercussion en amont avec
élévation des pressions capillaires pulmonaires, responsable d'un OAP hémodynamique avec
possible insuffisance cardiaque globale aiguë

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▪ ÉTIOLOGIE

→ IM CHRONIQUE

IM dégénératives:

les plus fréquentes de nos jours

il en existe deux formes:

dégénérescences myxoïdes: valves épaissies avec ballonnisation, prolapsus mitral ou


maladie de Barlow (valves se prolabant dans l'oreillette gauche en systole), appelées
IM dystrophiques, plutôt chez la femme jeune

dégénérescences fibroélastiques: valves d'épaisseur normale ou diminuée, cordages


grêles, modérément allongés, plutôt chez les sujets ŝgés

la rupture de cordage est le principal risque évolutif

Rhumatisme articulaire aigu:

rétraction, remaniement, calcifications des valves et des cordages, atteinte d'autres valves
association très fréquente à un rétrécissement mitral dans le cadre d'une maladie mitrale

IM fonctionnelles: anneau mitral dilaté par dilatation du ventricule gauche dans le cadre de
cardiopathies dilatées, ischémiques, valvulaires, primitives…

IM ischémiques:

dysfonction de pilier (souvent postérieur) en zone hypo ou akinétique dans les suites d'un
infarctus (souvent) inférieur

restriction valvulaire, phénomène de tenting avec traction sur les cordages favorisée par un
remodelage du ventricule gauche empêchant une coaptation des feuillets mitraux

IM congénitales:

association à d'autres malformations cardiaques

dans le cadre de syndromes polymalformatifs

Autres causes: cardiomyopathie obstructive, séquelles d'endocardite infectieuse, maladies


inflammatoires (lupus, sclérodermie), maladie de Marfan, maladie d'Ehlers-Danlos,
calcification de l'anneau d'origine dégénérative, myxome de l'oreillette gauche

→ IM AIGUË

Endocardite infectieuse:

survient dans plus de la moitié des cas sur une lésion préexistante

rupture de cordages, perforations et mutilations valvulaires

Rupture de cordage dégénérative: compliquant une IM dégénérative (dégénérescence


fibroélastique)

Dysfonction ou rupture de pilier: d'origine ischémique lors d'un infarctus inférieur

Traumatisme

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▪ DIAGNOSTIC POSITIF

→ CIRCONSTANCES DE DÉCOUVERTE

Découverte fortuite d'un souffle systolique


À l'occasion d'une dyspnée d'effort

À l'occasion d'une complication:

OAP

décompensation cardiaque globale

arythmie complète par fibrillation atriale

endocardite infectieuse

→ CLINIQUE

Signes fonctionnels

Le plus souvent asymptomatique

Dyspnée d'effort variable, classes I à IV de laNew York Heart Association, parfois orthopnée

Notion de dyspnée sifflante paroxystique nocturne à l'interrogatoire (sub-OAP)

Asthénie et fatigabilité, surtout dans les IM aiguës avec insuffisance circulatoire de repos

Signes physiques

Auscultation cardiaque:

souffle systolique apexo-axillaire de régurgitation:

holosystolique, commence avec B1 et se termine avec B2

maximal à la pointe

irradiation vers l'aisselle gauche, parfois dans le dos

irradiations ascendantes le long du bord sternal gauche en cas d'IM développée aux
dépens de la petite valve mitrale

mieux entendu en décubitus latéral gauche

timbre en jet de vapeur ou piaulant

d'intensité constante

intensité du souffle mal corrélée à l'importance de la fuite

parfois, roulement diastolique d'accompagnement (rétrécissement mitral fonctionnel)


éclat de B2 au foyer pulmonaire en cas d'hypertension artérielle pulmonaire (HTAP)

possible galop protodiastolique (B3)

Recherche de signes d'insuffisance cardiaque

→ EXAMENS COMPLÉMENTAIRES

ECG

Parfois normal

Hypertrophie atriale gauche

Hypertrophie ventriculaire gauche diastolique

Parfois, fibrillation atriale dans les IM chroniques

En fonction de l'étiologie, séquelles d'ischémie (ondes Q)

Radiographie thoracique de face

Normale dans les IM minimes ou modérées

Dilatation du ventricule gauche: allongement de l'arc inférieur gauche et cardiomégalie

Dilatation de l'oreillette gauche: arc moyen gauche convexe (auricule gauche), débord de
l'oreillette gauche au niveau de l'arc inférieur droit avec aspect en “double contour”

Signes parenchymateux d'insuffisance cardiaque gauche à un stade évolué

Échocardiographie transthoracique

Examen de référence, permettant:

de déterminer le mécanisme, la cause, l'importance et le retentissement de l'IM

de suivre l'évolution par la répétition des examens

Diagnostic positif: visualisation d'un flux de régurgitation systolique dans l'oreillette gauche au
Doppler couleur

Mécanisme, étiologie:

aspect des valves: remaniement, épaississement, excès tissulaire

mobilité valvulaire: normale, restreinte, prolapsus, tenting


anneau: calcification, dilatation

appareil sous-valvulaire: rétraction, fusion, élongation, rupture de cordage, aspect de


masse valvulaire, végétations

Quantification de la régurgitation:

quantification de l'IM à l'aide des trois modes Doppler (pulsé, continu et couleur)

cartographie du jet régurgitant, extension du jet régurgitant dans l'oreillette gauche

mesure du diamètre du jet à l'origine, reflet de la taille de l'orifice régurgitant

étude de la zone de convergence ou PISA (Proximal Isove/ocíty Surface Area), permettant


d'obtenir la surface de l'orifice régurgitant

rapport intégrale temps-vitesse (ITV) mitrale sur ITV aortique

aucun des paramètres n'est suffisamment sensible et spécifique pour, à lui seul, quantifier la
régurgitation

Retentissement:

sur l'oreillette gauche: taille de l'oreillette gauche

sur leventriculegauche:diamètres et volumes télédiastoliques et télésystoliques, fraction


d'éjection du ventricule gauche, fraction de raccourcissement

sur les pressions pulmonaires: recherche d'une HTAP

Recherche d'un rétrécissement mitral associé

Étude des autres valves cardiaques Échocardiographie transœsophagienne:

en cas de doute sur la quantification ou le mécanisme de la régurgitation, patient peu


échogène

en cas d'endocardite infectieuse

en préopératoire d'une plastie mitrale

Épreuve d'effort

Parfois réalisée en cas d'IM sévère chez un patient asymptomatique.

Cathétérisme cardiaque

De moins en moins réalisé


Indiqué en cas de discordance entre la clinique et l'échocardiographie transthoracique ou en cas
d'échocardiographie transthoracique non contributive, patient peu échogène, résultats limites ou
litigieux, polyvalvulopathie complexe

Holter-ECG

Pour détecter d'éventuelles arythmies, notamment fibrillation atriale paroxystique.

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▪ DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL

Toutes les causes de souffle systolique:

rétrécissement aortique:

auscultation voisine de celle d'une IM à irradiation ascendante, quand l'IM est développée
aux dépens de la petite valve

association des deux valvulopathies possible, notamment chez les sujets ŝgés

cardiomyopathie obstructive:

classiquement, le souffle n'irradie pas aux carotides

l'échocardiographie transthoracique retrouve un gradient intraventriculaire gauche

communication interventriculaire:

souffle holosystolique souvent intense, maximal au 4e espace intercostal gauche et irradiant


dans toutes les directions, en rayons de roue

l'association à une IM est possible dans le cadre d'un canal atrio-ventriculaire

insuffisance tricuspidienne: souffle de régurgitation, maximal au foyer xiphoïdien et augmentant


en inspiration forcée

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▪ ÉVOLUTION

→ HISTOIRE NATURELLE

IM chronique:
évolution habituellement lente, pendant plusieurs années ou décennies

les formes minimes ou modérées peuvent être bien tolérées pendant toute la vie

les IM importantes évoluent vers l'insuffisance ventriculaire gauche, puis l'insuffisance


cardiaque globale

parfois, aggravation brutale des symptômes en rapport avec une rupture de cordages, une
endocardite infectieuse avec destruction valvulaire ou un passage en fibrillation atriale

IM aiguë:

tableau clinique initial habituellement bruyant, OAP fréquent, contemporain de la rupture


de cordages, mécanisme le plus fréquemment en cause dans les IM aiguës

puis évolution rapide vers une insuffisance cardiaque sévère puis terminale en 1 à 2 ans

→ COMPLICATIONS

Endocardite infectieuse: peut aggraver considérablement l'IM, par rupture de cordages ou


perforations

Troubles du rythme supraventriculaire:

fibrillation atriale fréquente dans l'IM chronique évoluée

autres troubles du rythme atrial: flutter, tachysystolie

mode de décompensation d'une insuffisance cardiaque

Embolies artérielles périphériques: favorisées par la dilatation de l'oreillette gauche et par la


fibrillation atriale

Mort subite: très rare

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▪ INDICATIONS CHIRURGICALES

IM organiques volumineuses:

patients symptomatiques et fraction d'éjection du ventricule gauche > 30 %

patients asymptomatiques et dysfonction du ventricule gauche (diamètre télésystolique > 45


mm ou fraction d'éjection du ventricule gauche < 60 %)
indications admises pour les IM organiques volumineuses asymptomatiques:

si fibrillation atriale permanente ou paroxystique et fonction du ventricule gauche


préservée

si HTAP avec pression artérielle pulmonaire systolique de repos > 50 mmHg et


fonction du ventricule gauche préservée, lorsqu'il y a une haute probabilité de plastie
mitrale possible

IM fonctionnelles ischémiques ou non ischémiques chroniques:

IM significative lorsqu'il existe de façon indépendante une indication de pontage coronaire

IM ischémique volumineuse symptomatique sous traitement médical optimal sans


possibilité de revascularisation coronaire quand la fraction d'éjection du ventricule gauche
est > 35 %

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▪ BILAN PRÉOPÉRATOIRE

EUROSCORE (European System for Cardiac Operative Risk Evaluation): algorithme de


stratification du risque opératoire global en fonction de plusieurs paramètres (fonction rénale,
antécédents de chirurgie cardiaque, caractère urgent de la chirurgie…); il est prédictif de la
mortalité hospitalière et de la mortalité à long terme

Échocardiographie transthoracique à la recherche d'autres valvulopathies

Échocardiographie transœsophagienne: intérêt pour évaluer la faisabilité d'une valvuloplastie,


non systématique

Échographie-Doppler des troncs supra-aortiques

Recherche de foyers infectieux ORL et dentaires: consultation ORL et stomatologique,


orthopantomographie, cliché de Blondeau ou TDM des sinus

Consultation préanesthésique

Bilan respiratoire: radiographie thoracique, gazométrie artérielle, EFR en fonction

Coronarographie:

chez les patients présentant un angor

chez l'homme après 40 ans et chez la femme après 50 ans


Fraction d'éjection du ventricule gauche isotopique, non systématique

Bilan préopératoire, avant circulation extracorporelle, prétransfusionnel

Recherche de bactéries multirésistantes nasales la veille de la chirurgie

Échographie-Doppler artérielle des membres inférieurs si terrain à risque ou symptômes


évocateurs

En fonction des comorbidités et des antécédents, TDM du crane, TDM du thorax

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▪ TRAITEMENT

→ TRAITEMENT CHIRURGICAL

Deux types d'interventions chirurgicales possibles:

plastie mitrale:

réparation de la valve mitrale, souvent associée à la mise en place d'un anneau mitral

c'est l'intervention de référence pour les prolapsus valvulaires et les dilatations


annulaires

la plastie mitrale est l'opération de choix lorsque les lésions valvulaires et sous-
valvulaires sont accessibles

permet d'éviter un traitement anticoagulant au long cours

remplacement valvulaire mitral:

par prothèse mécanique, prothèse biologique ou homogreffe

s'adresse habituellement à des formes plus évoluées lorsque la plastie n'est pas
réalisable

plus souvent par prothèse mécanique que par bioprothèse, le risque de dégénérescence
primaire de celle-ci étant particulièrement élevé chez les sujets jeunes

chez les sujets ŝgés, fibrillation atriale très fréquente qui nécessite un traitement
anticoagulant, ce qui enlève une grande partie de l'intérêt d'une bioprothèse

Chirurgie rythmique de la fibrillation atriale associée en cours d'évaluation


→ TRAITEMENT MÉDICAL

Traitement de l'insuffisance cardiaque: intérêt des IEC qui diminuent les symptômes et réduisent
les volumes du ventricule gauche en diminuant la postcharge

Si fibrillation atriale, traitement par AVK en raison du risque thrombo-embolique, et


ralentissement de la cadence ventriculaire

Antibioprophylaxie de l'endocardite infectieuse

Traitement étiologique si possible, endocardite infectieuse, IM ischémique…

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274 PéRicardite Aiguë

Objectifs

Diagnostiquer une péricardite aiguë

Identifier les situations d'urgence et planifier leur prise en charge

Recommandations, consensus

European Society of Cardiology (2004): Guidelines on the diagnosis and management of


pericardial diseases

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▪ DÉFINITION

Inflammation aiguë du péricarde s'accompagnant ou non d'un épanchement péricardique entre les
feuillets viscéral et pariétal

Physiologiquement, il existe entre les deux feuillets une cavité virtuelle contenant 20 à 50 mL de
liquide

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▪ ÉTIOLOGIE

→ PÉRICARDITES AIGUËS VIRALES ET IDIOPATHIQUES

Les plus fréquentes

Chez le sujet jeune

Souvent précédées d'un syndrome pseudogrippal, parfois d'une diarrhée

Qualifiées de “bénignes”

Virus le plus souvent en cause: Coxsackie B (rarement A), virus de la grippe, virus de la
mononucléose infectieuse, adénovirus, entérovirus (virus poliomyélitique), échovirus (virus de
la varicelle, de l'hépatite), virus dans le cadre du VIH

Diagnostic étiologique rarement réalisé

→ PÉRICARDITES AIGUËS TUBERCULEUSES


Contexte d'immunodépression, notion de contage ou d'antécédents tuberculeux, début insidieux,
altération de l'état général

L'évolution se fait volontiers vers une tamponnade et une péricardite constrictive

→ PÉRICARDITES AIGUËS PURULENTES

Germes en cause le plus souvent: staphylocoque doré, streptocoques, bacilles Gram négatif
(Haemophilus influenzae)

Contexte de syndrome septique, d'immunodépression, parfois postopératoire

Pronostic grave: mortalité > 40%,évolution vers une péricardite constrictive

→ PÉRICARDITES AIGUËS; DE L'INFARCTUS DU MYOCARDE

Précoce: réaction péricardique banale à la phase aiguë de l'infarctus

Tardive: syndrome de Dressler. Survient tardivement entre la 2e et la 3e semaine après la phase


aiguë, mécanisme auto-immun, survenue d'une douleur thoracique différente de celle de
l'infarctus dans un contexte fébrile d'altération de l'état général et parfois d'épanchement pleural

→ PÉRICARDITES AIGUËS NÉOPLASIQUES

Le plus souvent hémorragiques avec épanchement important, altération de l'état général, signes
de compression cardiaque et parfois tamponnade

Atteinte péricardique par contiguïté, metastases péricardiques par diffusion hématogène ou


lymphatique (cancers pulmonaires, mammaires, leucémies, lymphomes…)

Rarement, tumeurs primitives malignes (mésothéliome malin) ou bénignes (kyste)

→ PÉRICARDITES AIGUËS APRÈS CHIRURGIE CARDIAQUE

Mécanisme auto-immun ou saignement intrapéricardique favorisé par un traitement anticoagulant

Épanchement péricardique dans 25%des cas après péricardotomie

Évolution possible vers la tamponnade

→ PÉRICARDITES AIGUËS DE L'INSUFFISANCE RÉNALE

Péricardite urémique

Péricardite du dialysé

→ AUTRES CAUSES
Hypothyroïdie, lupus, sclérodermie, polyarthrite rhumatoïde, rhumatisme articulaire aigu, péricardite
radique.

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▪ CLINIQUE

→ INTERROGATOIR

Fièvre à 38-38,5 °C fréquente, contemporaine de la douleur

Syndrome grippal, précédant de quelques jours la douleur, sueurs, arthralgies, myalgies

Douleur thoracique:

début brutal

violente, médiothoracique, rétrosternale, précordiale sans irradiation vraie

à type de point de côté, parfois de brûlure

sans rapport avec les efforts ou le repos

prolongée, persistant plusieurs heures, voire plusieurs jours, parfois intermittente

augmentation de la douleur lors de l'inspiration ou de la toux

modifications de l'intensité de cette douleur lors des changements de position: exacerbation


en décubitus, atténuation en position assise ou en antéflexion

insensible à la trinitrine, atténuée par la prise d'aspirine ou d'anti-inflammatoire

Polypnée par inhibition respiratoire du fait de la douleur

Signes médiastinaux, dans les épanchements péricardiques abondants, à type de hoquet et de


dysphagie; ne se voient pas dans la péricardite aiguë habituelle

→ EXAMEN CLINIQUE

Frottement péricardique:

pathognomonique mais inconstant

bruit surajouté, localisé et superficiel

région mésocardiaque et bord gauche du sternum


n'irradie pas (“naît et meurt sur place”)

perçu aux deux temps du cycle cardiaque (systolodiastolique), réalise un bruit de va-et-
vient, rappelant classiquement des bruits de pas sur la neige fraîche ou le crissement du
cuir neuf

intensité individuellement très variable au cours de l'examen, variable avec la position et


dans le temps

persiste en apnée, ce qui le différencie du frottement pleural

son absence ne permet pas d'éliminer le diagnostic

Reste de l'examen sans particularité dans la forme typique: pouls, pression artérielle et
auscultation pulmonaire normaux

Recherche de signes de tamponnade péricardique: signes d'insuffisance ventriculaire droite,


pouls paradoxal de Küssmaul

Recherche de signes en faveur de certaines causes: aires ganglionnaires, palpation mammaire

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▪ EXAMENS COMPLÉMENTAIRES

→ ECG

Classiquement, l'évolution se fait en quatre stades (tétrade de Holzman):

stade 1 (< 24 heures): sus-décalage de ST concave en haut (“en selle de chameau”), dans
toutes les dérivations (“circonférentiel”) et sans image en miroir

stade 2 (< 48 heures): retour de ST à la ligne isoélectrique et aplatissement de T

stade 3 (< 7 jours): négativation de T, qui est volontiers symétrique

stade 4 (< 2 mois): retour de T à la normale en quelques semaines ou mois

L'aspect ECG peut simuler une maladie coronaire mais les anomalies de la repolarisation sont
diffuses et concordantes, il n'y a pas d'image en miroir ni d'onde Q de nécrose

D'autres signes peuvent être retrouvés, inconstamment:

sous-décalage de l'espace PQ (doit atteindre au moins 2 mm pour être significatif, le plus


souvent en territoire inférieur)
troubles du rythme atrial à type d'extrasystoles atriales ou de fibrillation atriale
paroxystique ou de flutter atrial

en cas d'épanchement liquidien abondant: microvoltage, alternance électrique

L'ECG peut être normal, le caractère évolutif des signes électriques imposant une répétition des
ECG

Sus-décalage du segment ST concave vers le haut circonférentiel (dans toutes les dérivations), sous-
décalage de PQ bien visible en territoire inférieur

→ RADIOGRAPHIE THORACIQUE DE FACE

Normale dans la majorité des cas

Silhouette cardiaque avec aspect particulier “en carafe” lorsque l'épanchement est abondant

Permet un diagnostic étiologique, en particulier en cas de maladie pulmonaire associée

Épanchement pleural associé dans 25%des cas

→ ÉCHOCARDIOGRAPHIE TRANSTHORACIQUE

Examen-clé indispensable au diagnostic de certitude, de gravité et à la surveillance

L'échocardiographie bidimensionnelle et le mode TM permettent de visualiser l'épanchement


liquidien, sous la forme d'un vide ultrasonore (noir) séparant les deux feuillets du péricarde, et
d'en quantifier l'importance
L'épanchement peut être circonférentiel ou localisé

L'absence d'épanchement péricardique n'élimine en aucun cas le diagnostic de péricardite aiguë:


l'épanchement peut apparaître secondairement ou il peut s'agir d'une péricardite sèche

L'échocardiographie permet d'apprécier la tolérance de l'épanchement (pas de corrélation stricte


entre l'importance de l'épanchement et sa tolérance hémodynamique): certains épanchements de
faible abondance, constitués rapidement, sont très mal tolérés et peuvent aboutir à une
tamponnade; certains épanchements chroniques, notamment néoplasiques, peuvent atteindre 1
litre et être parfaitement bien tolérés en raison de leur développement lent

Les signes de gravité, évocateurs de tamponnade, sont:

compression du ventricule droit et de l'oreillette droite

variation respiratoire des vitesses des flux transvalvulaires

dilatation des veines sus-hépatiques et de la veine cave inférieure

aspect de “swinging heart”

Recherche d'arguments pour une myocardite associée, pour les diagnostics différentiels

→ BIOLOGIE

Syndrome inflammatoire avec élévation de la CRP, de la VS et présence d'une hyperleucocytose

Dosage des enzymes cardiaques systématique:

peuvent être légèrement augmentées, sans véritable myocardite associée

parfois, l'élévation enzymatique est franche, s'accompagnant de troubles de la cinétique


échocardiographique, témoignant d'une myopéricardite; dans ce cas, une hospitalisation en
cardiologie avec télémétrie, voire en unité de soins intensifs cardiologiques est nécessaire;
l'évolution est souvent favorable mais il existe un risque de mort subite, par trouble du
rythme ventriculaire, ou de choc cardiogénique en cas d'altération sévère de la FEVG; dans
les formes les plus graves, une assistance circulatoire, voire une transplantation cardiaque
est nécessaire; à terme, il existe un risque d'évolution vers une cardiomyopathie dilatée

Les autres examens biologiques effectués dans le cadre d'une péricardite aiguë ne servent qu'à
rechercher une cause: bilan immunologique avec sérodiagnostics viraux, recherche de
contamination par le VIH et intradermoréaction à la tuberculine

▪ COMPLICATIONS

Rechutes et récidives:
se rencontrent essentiellement lors des péricardites aiguës idiopathiques

surviennent soit pendant, soit à l'arrêt du traitement (rechutes), soit spontanément, soit
encore au décours d'une autre affection virale

Tamponnade péricardique:

complication la plus grave, mettant en jeu le pronostic vital

adiastolie aiguë

Péricardite chronique constrictive:

constriction péricardique et gêne à l'expansion diastolique cardiaque perturbant le


remplissage ventriculaire

cette gêne au remplissage ventriculaire en diastole réalise l'adiastolie chronique

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▪ DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL

Toutes les affections pouvant associer une douleur thoracique, une dyspnée, une hyperthermie et
des modifications ECG

Surtout infarctus myocardique, dissection aortique et embolie pulmonaire

D'autres diagnostics peuvent se discuter, en particulier une pneumopathie, une pleurésie, un


pneumothorax…

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▪ TRAITEMENT

Traitement essentiellement symptomatique:

repos: fait partie intégrante du traitement

antalgiques (paracétamol)

traitement anti-inflammatoire prolongé avec décroissance progressive en 3 semaines: acide


acétylsalicylique - 1 g 3 fois par jour - ou AINS à hautes doses

le traitement corticoïde favoriserait les rechutes, il est donc à proscrire au cours d'une
première péricardite
en cas de récidive fréquente, on peut envisager un traitement par colchicine au long cours

Traitement spécifique dans certaines causes:

péricardite septique: antibiothérapie adaptée au germe et drainage chirurgica

péricardite tuberculeuse: traitement antituberculeux classique prolongé le traitement


corticoïde diminuerait le risque d'évolution vers la péricardite chronique constrictive

péricardite néoplasique: traitement de la néoplasie sous-jacente, souvent chimiothérapie,


parfois chimiothérapie intrapéricardique

drainage chirurgical et biopsie péricardique: indiqués dès qu'il existe des signes de
tamponnade, en cas de péricardite postopératoire, traumatique, septique, ou en cas de
péricardite prolongée; permettent en outre l'analyse du liquide péricardique et l'examen
anatomopathologique d'un fragment péricardique

Surveillance clinique, biologique, électrocardiographique, radiographique et surtout


échocardiographique

TAMPONNADE PÉRICARDIQUE

Définition

Compression aiguë du cœur par un épanchement péricardique d'accumulation rapide ou brutale


responsable d'une adiastolie aiguë

Évolution rapidement fatale en l'absence de traitement

Clinique

État de choc et signes d'insuffisance cardiaque droite aiguë

Tachycardie

Dyspnée, majorée en décubitus dorsal et soulagée par la position demi-assise

Pouls paradoxal de Küssmaul

Frottement péricardique, bruit de galop parfois audible

Radiographie thoracique

Cardiomégalie et signes en faveur de la cause (tuberculose, néoplasme).

ECG

Possible alternance électrique: peut être totale - c'est-à-dire porter sur l'onde P, les QRS et
l'onde T - ou bien porter uniquement sur les complexes QRS

Tachycardie sinusale et autres signes de péricardite

Microvoltage de QRS dans près de 40 % des cas

Échocardiographie transthoracique

Examen clé permettant le diagnostic de certitude, au lit du patient

Épanchement péricardique circonférentiel, aspect de cœur dansant (swinging heart)

Enfoncement des parois libres des oreillettes, compression expiratoire des cavités droites

Dilatation du ventricule droit en inspiration avec refoulement du ventricule gauche par le septum
interventriculaire

Variation respiratoire des flux mitral et aortique de plus de 40 %

Étiologie

Les principales causes sont les suivantes, mais toutes les péricardites peuvent évoluer vers la
tamponnade: néoplasique (plus de 30 %), après infarctus (environ 20 %), idiopathique (15 %),
urémique (9 %), iatrogène (hémopéricarde), purulente, tuberculeuse, postradique, dissection aortique.

Traitement

Urgence extrême, drainage péricardique en urgence ± échoguidé

Ponction péricardique par voie sous-xiphoïdienne et mise en place d'un drain

Préférer le drainage chirurgical mais ce n'est pas toujours réalisable en urgence; ne doit pas
faire différer la réalisation d'une ponction péricardique

En attendant la réalisation de la ponction ou du drainage chirurgical, remplissage vasculaire,


traitement inotrope positif (dobutamine)

Les manœuvres tendant à diminuer le retour veineux et/ou les traitements vasodilatateurs ou
diurétiques sont contre-indiquées

PÉRICARDITE CHRONIQUE CONSTRICTIVE

Définition et généralités

Constriction péricardique gênant l'expansion diastolique cardiaque, perturbant le remplissage


ventriculaire, constituant l'adiastolie

Sur le plan anatomopathologique, le péricarde est fibreux, épaissi, plus ou moins calcifié
Clinique

Syndrome d'adiastolie chronique

Tableau d'insuffisance cardiaque droite et de bas débit cardiaque

Syndrome de Pick associant des signes d'hypertension portale et d'hypertension veineuse,


syndrome cave supérieur et syndrome cave inférieur, allant jusqu'à l'anasarque

Auscultation cardiaque: vibrance péricardique (bruit diastolique de timbre métallique


pathognomonique de la calcification péricardique)

Tension artérielle souvent abaissée, parfois pincement de la différentielle

Radiographie thoracique

Calcifications présentes dans 20 à 60 % des cas, mieux visibles sur la radiographie de profil.

ECG

Modifications non spécifiques

Fibrillation atriale, hypertrophie atriale bilatérale

Microvoltage des QRS

Aplatissement ou négativation diffus des ondes T

Échocardiographie transthoracique

Épaississement des deux feuillets péricardiques, parfois épanchement péricardique

Dilatation des cavités droites, de la veine cave inférieure, des veines sushépatiques

Mouvement paradoxal du septum interventriculaire

TDM et IRM thoracique

Épaississement et calcifications du péricarde.

Cathétérisme droit

Tendance à l'égalisation des pressions diastoliques depuis les veines périphériques jusqu'aux
capillaires pulmonaires et à la pression télédiastolique du ventricule gauche

Au niveau du ventricule droit, on note l'aspect typique de dip-plateau ou en racine carrée, avec
en protodiastole une pression normale mais, dès le début de la diastole, remontée abrupte suivie
d'un plateau méso et télédiastolique

Étiologie

Tuberculose, constriction après radiothérapie médiastinale, après épanchement péricardique


récidivant, après infection bactérienne ou virale…

Traitement

Chirurgical: décalcification et décortication du péricarde, avec résultats variables

Médical, symptomatique: évacuation des épanchements, régime désodé, diurétiques

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281 RéTréCissement Aortique

Objectifs

Diagnostiquer un rétrécissement aortique

Argumenter l'attitude thérapeutique et planifier le suivi du patient

Recommandations, consensus

Haute Autorité de santé (2008): Cardiopathies valvulaires et congénitales graves chez l'adulte

European Society of Cardiology (2007): Guidelines on the management of valvular heart disease

Société française de cardiologie (2005): Recommandations concernant la prise en charge des


valvulopathies acquises et des dysfonctions de prothèse valvulaire

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▪ INTRODUCTION

→ PRÉVALENCE

5 % chez les sujets âgés de plus de 75 ans, 3 % ayant un rétrécissement aortique (RA) serré, la
moitié d'entre eux étant asymptomatiques

Plus fréquent chez les hommes

Valvulopathie la plus fréquente en Occident, près de 30 % des valvulopathies de l'adulte

→ PHYSIOPATHOLOGIE

Surface normale de l'orifice aortique: 3 cm2 (± 0,5 cm2)

Sténose dite serrée quand la surface est < 1 cm2 ou 0,5 cm2/m2 et/ou quand le gradient ventricule
gauche-aorte moyen est > 50 mmHg

Le RA constitue un obstacle à l'éjection ventriculaire gauche; il en résulte deux conséquences:

en amont: élévation de la pression systolique ventriculaire gauche, aboutissant à une


hypertrophie du ventricule gauche puis à des troubles de la compliance avec élévation des
pressions de remplissage et de la pression capillaire pulmonaire, pouvant être responsable
de dyspnée

en aval: hypotension aortique et systémique pouvant être responsable d'angor, par


hypoperfusion coronaire, et de syncope, par hypoperfusion cérébrale
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▪ ÉTIOLOGIE

→ RA DÉGÉNÉRATIF

Aussi appelé maladie de Monckeberg

Présence de calcifications des sigmoïdes et de l'anneau aortique sans fusion commissurale avec
extension au septum

Le processus sous-jacent à la constitution de cette sténose aortique calcifiée a pendant


longtemps été considéré comme dégénératif mais des travaux récents sont en faveur d'un
processus actif présentant des similitudes avec le développement de l'athérome

Présence de nombreuses calcifications

→ RA CONGÉNITAL

Valvulaire:

bicuspidie aortique le plus souvent

se rencontre dans le RA du sujet jeune et d'age moyen

association fréquente avec une dilatation de l'aorte ascendante par lésion de jet

Sus-valvulaire: associé à une dysmorphie et un retard mental dans le cadre du syndrome de


Williams-Beuren

Sous-valvulaire: obstacle dans la chambre de chasse du ventricule gauche

→ RA APRÈS RHUMATISME ARTICULAIRE AIGU

Post-streptococcique

Cause rare en Occident, se rencontre dans certaines populations à risque, notamment les
migrants

Durcissement et symphyse des valvules sigmoïdes

Atteintes valvulaires multiples, surtout mitrales

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▪ DIAGNOSTIC POSITIF

→ CIRCONSTANCES DE DÉCOUVERTE

Lors de symptômes d'effort:

angor d'effort

syncope d'effort

dyspnée d'effort

À l'occasion d'une décompensation cardiaque gauche ou globale

Lors d'une complication (voir infra)

Lors d'un bilan préopératoire

Découverte fortuite lors d'un examen systématique en raison de sa bonne tolérance

→ CLINIQUE

Signes fonctionnels

Pour les RA symptomatiques, symptômes à l'effort qui traduisent souvent un RA serré:

syncope ou lipothymie d'effort: plusieurs mécanismes peuvent être évoqués, par bas débit
et hypoperfusion cérébrale, par bloc atrio-ventriculaire de haut degré, par trouble du
rythme ventriculaire avec risque de mort subite

dyspnée d'effort

angor d'effort: dû au RA (bas débit coronaire, hypertrophie ventriculaire gauche) et,


parfois, lésions coronaires associées

Un RA serré peut être asymptomatique

Signes physiques

Auscultation cardiaque:

souffle mésosystolique éjectionnel

maximal au foyer aortique (2e espace intercostal droit)

irradiation dans les vaisseaux du cou

timbre rude et rŝpeux, dit serratique (le bruit que fait une scie)
intensité variable, augmentée par les diastoles longues (après une extrasystole),
diminuée en cas d'altération de la fraction d'éjection du ventricule gauche

souffle diastolique d'accompagnement latérosternal gauche de faible intensité, souvent


associé (insuffisance aortique)

diminution ou abolition de B2 au foyer aortique: témoigne d'un RA serré

dédoublement de B2 à la base: évoque aussi un RA serré

click protosystolique en faveur d'un RA orificiel (dû à l'ouverture des valves et à la


dilatation brutale de l'aorte)

Parfois, frémissement systolique

Signes périphériques: tension artérielle normale ou basse

Recherche de signes d'insuffisance cardiaque

→ EXAMENS COMPLÉMENTAIRES

ECG

Hypertrophie ventriculaire gauche systolique avec Sokolow > 3,5 mV et ondes T négatives en
territoire latéral

Troubles de conduction intraventriculaire: bloc de branche incomplet ou complet, troubles de la


conduction atrio-ventriculaire, du bloc atrio-ventriculaire du 1er degré au bloc atrio-
ventriculaire complet

Parfois, troubles du rythme ventriculaire ou atrial

Peut être normal

Radiographie thoracique de face

Dilatation de l'aorte ascendante

Calcifications de la valve et des sigmoïdes aortiques, mieux visibles sur un cliché de profil

Échocardiographie transthoracique

Examen clé

Permet les diagnostics positif, de gravité et étiologique, l'évaluation du retentissement sur le


ventricule gauche et sur l'aorte ascendante, la détection de valvulopathies associées
L'échocardiographie transthoracique est largement suffisante et l'échocardiographie
transœsophagienne est rarement nécessaire

En modes bidimensionnel et temps-mouvement:

sigmoïdes aortiques calcifiées, remaniées, s'ouvrant peu

visualisation du nombre de cusps: valve tricuspide ou bicuspide

mesure de la surface aortique par planimétrie chez le patient échogène, mais peu fiable

En mode Doppler:

accélération du flux aortique

calcul du gradient de pression moyen entre ventricule gauche et aorte; un gradient moyen >
50 mmHg témoigne d'un RA serré

calcul de la surface valvulaire aortique par l'équation de continuité: une surface valvulaire
aortique < 1 cm2 ou < 0,5 cm2/m2 témoigne d'un RA serré

mesure du pic de vitesse au Doppler continu: RA serré lorsque pic > 4 m/s

en cas d'altération de la fonction ventriculaire gauche, le gradient ventricule gauche-aorte


est faussement bas et sous-estime le RA; il est nécessaire de calculer la surface valvulaire
aortique ou de réaliser une échographie à la dobutamine pour ne pas se faire piéger et être
faussement rassuré par un gradient bas

De façon systématique, recherche d'une hypertrophie ventriculaire gauche, de troubles de la


cinétique segmentaire, d'une insuffisance aortique associée, d'autres valvulopathies, mesure du
diamètre de l'aorte ascendante

Une échocardiographie à la dobutamine peut être réalisée en cas de RA serré avec dysfonction
du ventricule gauche afin d'évaluer la réserve contractile; l'absence de réserve myocardique est
grevée d'un risque chirurgical plus important mais sans incidence sur la survie à long terme

Épreuve d'effort

Intérêt chez les patients porteurs d'un RA serré asymptomatique afin de démasquer des
symptômes

Contre-indiquée chez les patients porteurs d'un RA serré symptomatique

Cathétérisme cardiaque

De moins en moins réalisé pour le RA


Indiqué en cas de discordance entre la clinique et l'échocardiographie transthoracique ou en cas
d'échocardiographie transthoracique non contributive, patient peu échogène, résultats limites ou
litigieux

Permet la mesure du gradient moyen entre ventricule gauche et aorte et le calcul de la surface
aortique

Le franchissement de l'orifice aortique peut entraîner des embolies calcaires

Holter-ECG

Pour détecter d'éventuelles arythmies.

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▪ DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL

Toutes les causes de souffle systolique:

insuffisance mitrale:

insuffisance mitrale par défaillance de la petite valve mitrale avec véritable souffle au
foyer aortique irradiant aux carotides

un RA peut être associé à une insuffisance mitrale, cas fréquent

cardiomyopathie obstructive:

classiquement, le souffle n'irradie pas aux carotides

l'échocardiographie transthoracique retrouve un gradient intraventriculaire gauche

on peut avoir une association RA et cardiomyopathie obstructive

rétrécissement pulmonaire: surtout chez l'enfant

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▪ ÉVOLUTION

→ HISTOIRE NATURELLE

Période prolongée de latence au cours de laquelle la mortalité et la morbidité sont très faibles

La surface diminue de 0,1 à 0,2 cm2 par an avec une progression du gradient de 7 à 16 mmHg
Évolution variable d'un patient à l'autre: on distingue les “progresseurs” rapides et les
“progresseurs” lents

Les symptômes apparaissent lorsque le RA devient serré, avec une grande variabilité
individuelle; cela constitue un tournant évolutif radical

Espérance de vie moyenne de 3 à 4 ans après l'apparition de l'angor ou des syncopes, de l'ordre
de 2 ans après l'apparition des premiers signes d'insuffisance cardiaque gauche

Le risque de mort subite, redouté chez les patients symptomatiques, paraît faible en l'absence de
symptômes, probablement < 1%par an

→ MODALITÉS DU SUIVI

Abstention chirurgicale essentiellement pour les patients asymptomatiques

Éducation et information du patient sur les symptômes devant le conduire à consulter rapidement

Programme et périodicité des visites de contrôle en cas de calcification valvulaire importante et


d'un pic de vitesse transvalvulaire > 4 m/s: réévaluation clinique et échographique dans un délai
de 6 mois pour détecter les progresseurs rapides

Dans les autres cas, et pour autant que les patients restent asymptomatiques, une réévaluation
clinique semestrielle et échographique annuelle est suffisante

→ COMPLICATIONS

Trouble de la conduction: bloc atrio-ventriculaire par lésion du faisceau de His par


calcifications septales

Mort subite

Troubles du rythme

Insuffisance cardiaque

Endocardite infectieuse, surtout si insuffisance aortique associée

AVC par embolie calcaire

Hémorragies digestives, syndrome de Heyde (angiodysplasie colique), à rechercher chez un


patient ayant un RA et anémié (serait dû à une modification du facteur de Willebrand au passage
du RA)

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▪ INDICATIONS CHIRURGICALES

→ PATIENTS SYMPTOMATIQUES

Le RA serré et symptomatique est une indication formelle de la chirurgie compte tenu du


pronostic spontané péjoratif et des bons résultats chirurgicaux, hors contre-indication à la
chirurgie

Le RA moyennement serré et symptomatique, en l'absence d'autre cause plausible des signes


fonctionnels ou si dysfonction du ventricule gauche (fraction d'éjection du ventricule gauche <
50 %) non expliquée par une autre cause (ischémique), est une indication admise

→ PATIENTS ASYMPTOMATIQUES

Intérêt de l'épreuve d'effort, qui est contre-indiquée en cas de RA serré symptomatique

L'indication chirurgicale est admise chez un patient asymptomatique porteur d'un RA serré dans
les cas suivants:

réponse anormale à l'épreuve d'effort (faible niveau d'effort, absence d'élévation


tensionnelle à l'effort ou troubles du rythme)

dysfonction ventriculaire gauche (fraction d'éjection du ventricule gauche < 50 %)

chirurgie cardiaque ou de l'aorte ascendante programmée

chirurgie extracardiaque programmée à risque intermédiaire ou élevé

désir de grossesse si gradient moyen ventricule gauche-aorte > 50 mmHg

calcification modérée à sévère et vitesse de progression du pic de vélocité ≥ 0,3 m/s par an

Dans les autres cas, les patients doivent être suivis régulièrement, cliniquement et en
échocardiographie-Doppler tous les 6 mois afin d'évaluer les symptômes et le degré de sténose
du RA

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▪ BILAN PRÉOPÉRATOIRE

EUROSCORE (European System for Cardiac Operative Risk Evaluation): algorithme de


stratification du risque opératoire global en fonction de plusieurs paramètres (fonction rénale,
antécédents de chirurgie cardiaque, caractère urgent de la chirurgie…); il est prédictif de la
mortalité hospitalière et de la mortalité à long terme

Échocardiographie transthoracique à la recherche d'autres valvulopathies


Échographie-Doppler des troncs supra-aortiques

Recherche de foyers infectieux ORL et dentaires: consultation ORL et stomatologique,


orthopantomographie, cliché de Blondeau ou TDM des sinus

Consultation préanesthésique

Bilan respiratoire: radiographie thoracique, gazométrie artérielle, EFR en fonction

Coronarographie:

chez les patients présentant un angor

chez l'homme après 40 ans et chez la femme après 50 ans

Fraction d'éjection du ventricule gauche isotopique, non systématique

Bilan préopératoire, avant circulation extracorporelle, prétransfusionnel

Recherche de bactéries multirésistantes nasales la veille de la chirurgie

Échographie-Doppler artérielle des membres inférieurs si terrain à risque ou si symptômes


évocateurs

Imagerie de l'aorte en cas de dilatation et possible geste associé

En fonction des comorbidités et des antécédents, TDM du crane, TDM du thorax

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▪ TRAITEMENT

→ TRAITEMENT CHIRURGICAL

Le traitement de référence est le remplacement valvulaire aortique chirurgical

Le choix du type de prothèse se fait en fonction de l'âge du patient, de la contre-indication ou


non à un traitement anticoagulant: chez les patients de moins de 65-70 ans, on préfère une
prothèse mécanique; chez les patients de plus de 65-70 ans, on opte plus volontiers pour une
bioprothèse

Les prothèses mécaniques de dernière génération autorisent (chez les patients en rythme sinusal
et à bon ventricule gauche) une anticoagulation modérée (INR de 2 à 3)

Les bioprothèses ne nécessitent aucun traitement antithrombotique définitif, hormis les


antiagrégants plaquettaires, volontiers prescrits pendant au moins 6 mois à 1 an après
l'intervention

En cas d'atteinte coronaire associée, un pontage coronaire est réalisé dans le même temps

Les résultats opératoires sont très satisfaisants: mortalité de 3%avant 70 ans, 5%entre 70 et 80
ans, 9%au-delà en cas de remplacement valvulaire aortique isolé; en cas de remplacement
valvulaire aortique associé à un pontage coronaire, la mortalité est plus importante

Après remplacement valvulaire aortique, la courbe de survie des opérés rejoint celle d'une
population comparable de même age

→ VALVULOPLASTIE PERCUTANÉE

Consiste à dilater l'orifice aortique à l'aide d'un ballon, par voie fémorale

Indiquée dans les RA congénitaux chez les adolescents et les adultes jeunes en attente d'un
remplacement valvulaire aortique chirurgical

Indiquée chez les patients porteurs d'un RA serré décompensé (en OAP) afin de passer l'épisode
aigu et de permettre une chirurgie ou un remplacement valvulaire aortique percutané dans de
meilleures conditions à moyen terme (“bridge to surgery” ou “bridge to transcatheter aortic
valve implantation”)

Taux de complications élevé, pas d'amélioration du pronostic vital à moyen et long terme

Plus de 50%de récidive de resténose aortique à 6 mois

→ REMPLACEMENT VALVULAIRE AORTIQUE PERCUTANÉ

Technique en plein essor avec élargissement des indications (EUROSCORE > 20, contre-
indication à l'anesthésie générale, “thorax hostile” …)

Voie fémorale surtout mais aussi sous-clavière et trans-apicale

Bioprothèses, valve de Cribier (Edwards), Corevalve (Medtronic)

→ TRAITEMENT MÉDICAL

Traitement symptomatique: diurétiques de l'anse si présence de signes congestifs

Effet délétère des IEC et des dérivés nitrés

Prise en charge des facteurs de risque d'athérosclérose

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284 Troubles de La Conduction Intracardiaque

Objectifs

Diagnostiquer un trouble de la conduction intracardiaque

Identifier les situations d'urgence et planifier leur prise en charge

Argumenter l'attitude thérapeutique et planifier le suivi du patient

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▪ INTRODUCTION

Le tissu de conduction permet une transmission de proche en proche de l'influx électrique


cardiaque par l'intermédiaire de plusieurs structures: nœeud sinusal, myocarde atrial, nœeud
atrio-ventriculaire de Aschoff-Tawara, faisceau de His et ses branches gauche et droite, réseau
de Purkinje, myocarde ventriculaire

Tissu de conduction

En cas de défaillance du tissu de conduction à un niveau, le relais est pris par d'autres cellules
automatiques du tissu de conduction sous-jacent. Le rythme d'échappement est d'autant plus bas
que les cellules sont plus éloignées du nœud sinusal:

échappement jonctionnel (dans le nœud atrio-ventriculaire): 50 battements par minute, QRS


fins

échappement idioventriculaire (en aval du faisceau de His): 30 battements par minute, QRS
larges

Le type de trouble de conduction dépend du niveau de l'atteinte du tissu de conduction:


atteinte du nœud sinusal: bloc sino-atrial (BSA)

atteinte du nœud atrio-ventriculaire: bloc atrio-ventriculaire (BAV)

atteinte intraventriculaire: blocs de branche (droite: BBD, gauche: BBG), hémiblocs de la


branche gauche

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▪ CLINIQUE

Signes en faveur de la cause

Asymptomatique et de découverte fortuite pour les BAV du 1er degré et les BAV du 2e degré de
type I

En cas de trouble de conduction de haut degré (BSA du 2e et du 3e degré, BAV du 2e degré de


type II et BAV du 3e degré):

syncope à l'emporte-pièce (Stokes-Adams): maître symptôme, perte de connaissance


brutale, à l'emporte-pièce, sans prodrome, à début et fin brusques, avec retour rapide à
l'état de conscience; durée de quelques secondes; souvent chute avec traumatisme

parfois, simple lipothymie en rapport avec une hypoperfusion cérébrale

ralentissement psychomoteur par bas débit cérébral

asthénie, dyspnée en rapport avec une insuffisance cardiaque

angor par hypoperfusion coronaire

Parfois, symptômes paroxystiques

Bradycardie avec hypertension artérielle

→→.............

Devant toute bradycardie, rechercher un trouble de conduction.

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▪ TROUBLES DE CONDUCTION AU NIVEAU DU NœUD SINUSAL

→ DÉFINITION ET ECG
Bradycardie sinusale (fréquence cardiaque < 50 battements par minute):

physiologique: sujet sportif

médicamenteuse: antiarythmiques (amiodarone, sotalol…), bêtabloquants, digoxine,


inhibiteurs calciques bradycardisants…

ischémique: ischémie de l'artère du nœud (coronaire droite proximale)

par hypertonie vagale: sommeil, miction, défécation, déglutition, vomissements, manœuvre


de Valsalva et effort isotonique, exploration invasive…

Dysfonction sinusale:

BSA du 1er degré: invisible sur l'ECG

BSA du 2e degré: bradycardie sinusale, survenue d'une pause avec absence d'onde P sur
l'ECG

BSA du 3e degré: bradycardie régulière sans ondes P visibles (paralysie sinusale), avec
échappement jonctionnel

Maladie de l'oreillette (syndrome bradycardie-tachycardie): alternance entre fibrillation atriale


et dysfonction sinusale

Bloc sino-atrial du 3e degré: absence d'ondes P, échappement lent (40 battements par minute) avec
élargissement des QRS

→ CAUSES
Dégénératives

Métaboliques (hyperkaliémie)

Médicamenteuses

Ischémiques

Hémorragie méningée

Postopératoires, traumatiques

Infectieuses

→ TRAITEMENT

Arrêt des traitements bradycardisants

Correction des troubles métaboliques

Stimulation cardiaque définitive: pose d'un stimulateur cardiaque pour les BSA de haut degré
(BSA du 2e et du 3e degré) et pour la maladie de l'oreillette

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▪ TROUBLES DE LA CONDUCTION ATRIO-VENTRICULAIRE

→ DÉFINITION, ECG ET DIAGNOSTIC

BAV du 1er degré (BAV1):

- allongement de l'espace PR > 0,20 s chez l'adulte

- chaque onde P est suivie d'un QRS

- correspond à un simple retard de conduction

BAV du 2e degré (BAV2) (certaines ondes P ne sont pas conduites aux ventricules):

- BAV2 de type I (Mobitz I): allongement progressif de l'espace PR jusqu'à ce qu'une onde
P soit bloquée (période de Luciani-Wenkebach); le plus souvent de siège nodal ou supra-
hisien et de bon pronostic

- BAV2 de type II (Mobitz II):

- onde P bloquée de façon cyclique, sans allongement progressif de PR


- s'il y a une onde P bloquée pour une onde P conduite, on parle de BAV2/1; s'il y a
deux ondes P bloquées pour une onde P conduite, on parle de BAV3/1…

- de siège hisien ou infra-hisien, pronostic sévère (rarement de siège nodal)

Bloc atrio-ventriculaire du 2e degré de type Mobitz II, conduction 2/1 (les ondes P non
conduites sont difficilement visibles dans ST-T)

BAV du 3e degré (BAV3) ou BAV complet:

- oreillettes et ventricules battent à leur propre fréquence, il n'y a aucune relation entre les
ondes P et les complexes QRS: dissociation atrio-ventriculaire

- fréquence et morphologie des QRS sont fonction du siège du BAV et du rythme


d'échappement ventriculaire: plus le bloc est haut situé, plus le rythme d'échappement
ventriculaire est rapide et plus les QRS sont fins
Bloc atrio-ventriculaire complet, échappement ventriculaire lent avec QRS larges de type retard
droit

Cas particuliers:

- BAV3 avec fibrillation atriale sous-jacente: la fréquence cardiaque devient lente et


régulière

- BAV paroxystique:

- suspecté devant des symptômes évocateurs (syncope) et une absence de trouble de


conduction de haut degré sur l'ECG

- l'ECG peut être normal; il peut montrer un bloc alternant (alternance entre BBD et
BBG) ou l'association entre un BBD et un hémibloc postérieur gauche (bloc
bifasciculaire), synonymes de trouble de conduction paroxystique de haut degré
(indication de stimulation cardiaque); il peut montrer un BBG ou un bloc
bifasciculaire (BBD + hémibloc antérieur ou postérieur gauche) ou trifasciculaire
(BAV1 + BBD + hémibloc antérieur ou postérieur gauche)

- dans ce cas, nécessité d'autres explorations (Holter-ECG, exploration électro-


physiologique du faisceau de His)

- un test d'effort peut démasquer un BAV apparaissant à l'effort (bloc tronculaire),


responsable d'une insuffisance chronotrope

- on peut implanter un dispositif enregistreur (Reveal®) pendant 12 à 24 mois pour


faire un diagnostic
→ CAUSES

Transitoires, réversibles

Médicamenteuses: amiodarone, bêtabloquants, digitaliques, autres antiarythmiques (classes la,


IV)

Ischémiques (syndromes coronaires aigus avec sus-décalage de ST):

- inférieur: BAV le plus souvent de siège nodal, bénin, bonne réponse à l'atropine,
régression en quelques heures ou quelques jours

- antérieur: BAV lié à l'atteinte du faisceau de His ou de ses deux branches, grave,
mauvaise tolérance du rythme d'échappement bas et lent, témoigne d'une zone de nécrose
myocardique importante, d'où une mortalité élevée

Métaboliques: désordres électrolytiques (hyperkaliémie)

Infectieuses: maladie de Lyme, rickettsioses

Inflammatoires: collagénoses

Chroniques, permanentes ou paroxystiques

Dégénérative (maladie de Lenègre), calcification septale (maladie de Lev)

Endocardite infectieuse aortique avec abcès de l'anneau et fusée septale

Traumatique (chirurgie cardiaque, remplacement valvulaire aortique)

Maladies de surcharge (sarcoïdose, hémochromatose, amylose…)

Inflammatoire: spondylarthrite ankylosante

Congénitale avec ou sans cardiopathie malformative (syndrome de Gougerot-Sjögren avec


anticorps anti-SSA et anti-SSB)

→ TRAITEMENT

Arrêt des traitements bradycardisants

Correction des troubles métaboliques

Traitement étiologique: correction d'une hyperkaliémie, reperfusion myocardique…

Accélération de la fréquence cardiaque:

- médicamenteuse par isoprénaline (Isuprel®) ou par atropine


- par stimulation cardiaque temporaire, externe (électrodes cutanées placées à la face
antérieure et postérieure du thorax et reliées à un stimulateur) ou interne (sonde
d'entraînement électrosystolique placée à la pointe du ventricule droit par voie veineuse
fémorale)

Stimulation cardiaque définitive: pose de stimulateur cardiaque pour les BAV de haut degré
(BAV2 type II et BAV3) chroniques, permanents ou paroxystiques

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▪ TROUBLES DE LA CONDUCTION INTRAVENTRICULAIRE

Retard ou défaut d'activation d'une des deux branches du faisceau de His:

BBG: atteinte de la branche gauche du faisceau de His

BBD: atteinte de la branche droite du faisceau de His

Hémibloc antérieur ou postérieur: atteinte du faisceau antérieur ou du faisceau postérieur de la


branche gauche

→ DÉFINITION ETECG

Critères nécessaires pour parler de bloc de branche:

- conduction à partir de l'oreillette, présence d'une onde P (afin de distinguer les rythmes
idioventriculaires)

- élargissement de QRS > 0,08 s, retard de la déflexion intrinsécoïde (dernière positivité


du QRS) en V1 pour la branche droite, en V6 pour la branche gauche

Modifications du QRS spécifiques de chaque anomalie:

- BBG complet:

- QRS > 0,12 s

- retard de la déflexion intrinsécoïde en V6 ≥ 0,05 s

- aspect QS ou rS en V1, V2 (V3) et aspect R exclusif ou RsR' en V5, V6

- anomalies secondaires de la repolarisation: ondes T négatives en V5, V6

- possible déviation axiale gauche


Bloc de branche gauche complet (QRS: 160 ms]

- BBG incomplet:

- QRS entre 0,08 et 0,12 s

- même morphologie des QRS que le BBG complet

- BBD complet:

- QRS > 0,12 s

- retard de la déflexion intrinsécoïde en V1 ≥ 0,05 s

- aspect rSr' en V1, V2, onde S profonde et large (traînante ou empâtée) en V5, V6, D1

- anomalies secondaires de la repolarisation: ondes T négatives en V1, V2

- BBD incomplet:

- QRS entre 0,08 et 0,12 s

- aspect rSr' en V1, petite onde S en D1 et V6

- hémibloc antérieur gauche:

- QRS fins

- déviation axiale gauche > - 30°, avec aspect qlS3 (onde S profonde en D3 et petite
onde q en D1)
- hémibloc postérieur gauche (plus rare):

- QRS fins

- déviation axiale droite au-delà de 120° avec aspect S1Q3

- les hémiblocs peuvent s'associer à un BBD et/ou à un BAV1: bloc bifasciculaire ou


trifasciculaire

Bloc de branche droite complet (QRS: 180 ms; il y a aussi un BAV du 1er degré [PR: 340 ms] et un
hémibloc antérieur gauche [dérivation axiale au-delà de - 30°])

→ ÉTIOLOGIE

BBG:

- dégénérescence des voies de conduction liée à l'âge: maladie de Lenègre

- syndrome coronaire aigu avec sus-décalage de ST: valeur pronostique péjorative

- toutes les cardiomyopathies, surtout gauches

BBD:

- cardiopathies droites, cœur pulmonaire chronique, insuffisance respiratoire chronique,


embolie pulmonaire

- peut être physiologique chez le sujet jeune

→ TRAITEMENT
Traitement de la cardiopathie, traitement de l'insuffisance cardiaque

Pour le BBG, intérêt de la resynchronisation ventriculaire dans l'insuffisance cardiaque

STIMULATION CARDIAQUE

Nomenclature

Première lettre = cavité stimulée: A = oreillette, V = ventricule, D = oreillette et ventricule

Deuxième lettre = cavité permettant l'écoute (A, V, D)

Troisième lettre = phénomène provoqué par l'écoute: T (trigger) =déclenche la stimulation, I


(inhibition) = inhibe la stimulation, D (T et I) = déclenche et/ou inhibe la stimulation

Quatrième lettre: R si asservissement, fréquence de stimulation variable en fonction de plusieurs


paramètres (mouvements, température, fréquence respiratoire…)

Modalités de stimulation

Simple chambre:

- ventriculaire: Wl (sentinelle), VVIR (sentinelle à fréquence asservie)

- atriale: AAI, AAIR

Double chambre:

- VDD et VDDR (cavité ventriculaire stimulée, l'oreillette ne sert qu'à l'écoute)

- DDD et DDDR (stimulateurs physiologiques)

Nécessité d'un programmateur

Pour régler le stimulateur: mode de stimulation, sensibilité d'écoute, intensité et durée du courant
de stimulation, délai atrio-ventriculaire, fréquence minimale programmée, adaptation à l'effort,
commutation de mode

Pour interroger le stimulateur: seuils, impédance (état d'usure de la pile), durée de stimulation…

Surveillance clinique et par programmateur

Intérêt du test à l'aimant: permet de forcer le fonctionnement du stimulateur et ainsi de vérifier le bon
entraînement électrosystolique.

Attention: ne pas confondre stimulateur cardiaque (pacemaker) et défibrillateur automatique


implantable (DAI): un aimant sur le DAI inhibe la délivrance de choc électrique interne, ce qui peut
soulager le patient en cas de chocs inappropriés.
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309 ÉLectrocardiogramme: Indications et InterpréTations

Objectifs

Argumenter les principales indications de l'ECG et discuter l'interprétation des résultats

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▪ PRINCIPES

L'électrocardiogramme (ECG) consiste en l'enregistrement de l'activité électrique du coeur. Cette


activité reflète les mouvements ioniques au niveau de la membrane des cardiomyocytes. II s'agit d'un
recueil instantané de l'activité électrique cardiaque sur un papier millimétré.

▪ INDICATIONS

Elles sont nombreuses:

douleur thoracique: syndrome coronaire aigu (SCA), embolie pulmonaire, péricardite

dyspnée: troubles de conduction ou du rythme, embolie pulmonaire, SCA

palpitations: troubles du rythme, syndrome de Wolff-Parkinson-White

syncope: troubles de conduction, cardiopathies congénitales (dysplasie arythmogène du


ventricule droit, syndrome de Brugada)

systématique: recherche d'une hypertrophie du ventricule gauche (hypertension artérielle),


surveillance d'une cardiopathie, bilan de santé…

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▪ CONDITIONS DE RÉALISATION

Installation: patient en décubitus dorsal, détendu; éviter les sources électriques à proximité
(montre, débrancher le lit électrique)

Étalonnage de l'ECG pour permettre l'interprétation des mesures:

- amplitude: 1 mV = 1 cm (10 petits carreaux ou 2 grands carreaux)

- durée: vitesse de déroulement du papier habituellement de 25 mm/s (1 petit carreau =


0,04 s; 1 grand carreau = 0,20 s)

Position des électrodes dans l'ECG standard avec 12 dérivations:


- 6 électrodes précordiales (bipolaires):

- VI1: 4e espace intercostal au bord droit du sternum

- V2: 4e espace intercostal au bord gauche du sternum

- V3: à mi-chemin entre V2 et V4

- V4: 5e espace intercostal gauche sur la ligne médio-claviculaire

- V5: 5e espace intercostal gauche sur la ligne axillaire antérieure

- V6: 5e espace intercostal gauche sur la ligne axillaire moyenne

- 4 électrodes périphériques (monopolaires):

- VR: poignet droit (rouge)

- VL: poignet gauche (jaune)

- VF: pied gauche (vert)

- une sur le pied droit jouant le rôle de terre (noire)

- les 4 électrodes périphériques permettent de reconstruire 6 dérivations frontales


Position des électrodes et dérivations périphériques

On peut ajouter d'autres électrodes périphériques (ECG 18 dérivations):

- dérivations droites:

- V3R: symétrique de V3, à mi-chemin de V1 et V4R

- V4R: 5e espace intercostal droit sur la ligne médio-claviculaire

- VE: en regard de la xiphoïde

- dérivations postérieures:

- V7: 5e espace intercostal gauche sur la ligne axillaire postérieure

- V8: 5e espace intercostal gauche sous la pointe de l'omoplate

- V9: 5e espace intercostal gauche à mi-distance entre l'omoplate et le rachis

V1-V2 Paroi antérieure du ventricule gauche

V3 Septum interventriculaire

V4 Apex du ventricule gauche

V5-V6 Paroi latérale basse du ventricule gauche

DI-aVL Paroi latérale haute du ventricule gauche

DII-DIII-aVF Paroi inférieure du ventricule gauche

V3R-V4R Ventricule droit

V7-V8-V9 Paroi basale du ventricule gauche

Le moyen mnémotechnique suivant permet de réaliser une analyse systématique de l'ECG en


limitant les oublis (FRACHI):

- F: fréquence

- R: rythme

- A: axe

- C: conduction

- H: hypertrophie

- I: ischémie

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▪ ACTIVITÉ ÉLECTRIQUE DU CœUR

Elle correspond à la succession d'ondes électriques entrecoupées d'espaces qui caractérisent les
phénomènes de dépolarisation et repolarisation myocardique:

onde P:

- dépolarisation des oreillettes

- durée normale: < 0,10 s

- amplitude normale: < 0,25 mV

espace PR:

- correspond au passage de l'influx électrique au niveau du nœud atrio-ventriculaire

- mesuré du début de l'onde P au début du complexe QRS

- durée normale: < 0,20 s

complexe QRS:

- dépolarisation des ventricules

- durée normale: ≤ 0,08 s

point J: transition entre la fin du complexe QRS et le début du segment ST

segment ST:
- entre la fin du complexe QRS et l'onde T

- normalement situé sur la ligne isoélectrique

onde T: repolarisation des ventricules

espace QT:

- mesuré du début du complexe QRS à la fin de l'onde T

- durée normale: < 0,44 s

- mais sa valeur varie en fonction de la fréquence cardiaque; il faut donc calculer le QT


corrigé pour interpréter la durée de l'espace QT

- formule de Bazett: QT corrigé = QT mesuré (toutes les valeurs sont exprimées en


secondes)

onde U: inconstante; peut apparaître en cas d'hypokaliémie, d'hypertrophie ventriculaire…

Ondes électriques

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▪ FRÉQUENCE CARDIAQUE

Si la vitesse de déroulement du papier est de 25 mm/s, une seconde correspond à 2,5 cm, soit 5
grands carreaux; un grand carreau correspond à 0,20 seconde

Un intervalle RR' durant 1 seconde correspond à une fréquence de 60 battements par minute; 1
grand carreau = 300/min, 2 grands carreaux = 150/min, 3 grands carreaux = 100/min, 4 grands
carreaux = 75/min, 5 grands carreaux = 60/min, 6 grands carreaux = 50/min

Fréquence cardiaque = 300/nombre de grands carreaux

En cas de fréquence cardiaque irrégulière, il faut réaliser une moyenne sur plusieurs cycles
cardiaques:

- exemple: 10 cycles cardiaques sont présents sur 20 grands carreaux; fréquence cardiaque
= 10 × 300/20 = 150/min

- on peut également compter le nombre de cycles cardiaques sur la totalité d'un papier
millimétré (50 grands carreaux); fréquence cardiaque = nombre de cycles × 300/50 =
nombre de cycles × 6

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▪ RYTHME (voir item 236, “Fibrillation auriculaire”, et item 325, “Palpitations”)

Le rythme cardiaque normal est sinusal: une onde P monomorphe est suivie d'un complexe QRS
monomorphe. Dans ce cas, le rythme est régulier.

→ TROUBLES DU RYTHME SUPRAVENTRICULAIRE

Extrasystole atriale: onde P de morphologie différente de celle de l'onde P sinusale; apparaît


prématurément; suivie d'un complexe QRS fin

Extrasystole jonctionnelle: QRS fin prématuré non précédé d'une onde P

Fibrillation atriale: rythme irrégulier à QRS fins sans onde P; en cas de bloc de branche
fonctionnel, les QRS peuvent être larges; si la réponse ventriculaire de la fibrillation atriale est
lente et régulière, il peut y avoir un bloc atrio-ventriculaire complet associé

Flutter atrial: tachycardie à conduction variable; présence d'ondes F en toit d'usine

Tachycardie atriale: tachycardie régulière à QRS fins; onde P de morphologie différente de


celle de l'onde P sinusale

Tachycardie jonctionnelle: tachycardie régulière à QRS fins; fréquence cardiaque > 180
battements par minute; absence d'onde P ou onde P rétrograde

→ TROUBLES DU RYTHME VENTRICULAIRE


Extrasystole ventriculaire: complexe QRS large prématuré par rapport à l'onde P sinusale;
succession de 2 extrasystoles ventriculaires = doublet; succession de 3 extrasystoles
ventriculaires = triplet

Tachycardie ventriculaire: régulière à QRS larges; soutenue si > 30 s, non soutenue si < 30 s

Torsade de pointe: tachycardie ventriculaire polymorphe survenant dans un contexte de


bradycardie avec allongement de l'espace QT et sur une extrasystole ventriculaire à couplage
tardif

Fibrillation ventriculaire: complexes larges anarchiques (fréquence et amplitudes variables);


appelée fibrillation ventriculaire à petites mailles ou à grandes mailles selon l'amplitude des
complexes

Rythme idioventriculaire accéléré (RIVA): tachycardie ventriculaire lente après reperfusion


d'un SCA avec sus-décalage de ST

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▪ AXE

L'axe frontal du coeur se définit à partir des dérivations périphériques. On peut évaluer l'axe de QRS
et de l'onde P à partir du schéma suivant.

L'axe du phénomène électrique est perpendiculaire à la dérivation où ce phénomène est


«isoélectrique » (la somme des positivités et des négativités est nulle). L'axe du phénomène est
proche de la dérivation où son amplitude positive est maximale:

- exemple pour l'axe de P: l'onde P est isoélectrique en aVL; l'onde P la plus grande est en
DII: axe = + 60°

- exemples pour l'axe de QRS:

- R = S en aVL; l'onde R la plus grande est en DII: axe = + 60°

- R = S en aVF; l'onde R la plus grande est en DI: axe = 0°

Axe de l'onde P normal = de 0° à + 80°

Axe de QRS:

- normal: de - 30° à + 90°

- déviation axiale gauche: de - 30° à - 90°

- déviation axiale droite: de + 90° à + 180°


Les causes de déviation axiale de QRS sont les blocs de branche, une hypertrophie ventriculaire
ou une séquelle de nécrose

Valeurs des diverses dérivations

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▪ CONDUCTION (voir item 284, «Troubles de la conduction intracardiaque »)

Un trouble de conduction peut être éliminé si les conditions suivantes sont réunies:

- ondes P régulières monomorphes

- espace PR constant et < 0,20 s

- durée de QRS ≤ 0,08 s

- axe de QRS compris entre - 30° et + 90°

- QT corrigé < 0,44 s

Blocs sino-atriaux: absence d'onde P transitoire responsable d'une bradycardie régulière à QRS
fins (échappement jonctionnel) ou larges (échappement ventriculaire)
Blocs atrio-ventriculaires: anomalies de l'espace PR

- du ler degré: allongement constant de l'espace PR (> 0,20 s), mais toutes les ondes P sont
conduites aux ventricules (une onde P suivie d'un QRS)

- du 2e degré:

- Mobitz I: allongement progressif de l'espace PR jusqu'au blocage d'une onde P


(période de Luciani-Wenckenbach)

- Mobitz II: blocage d'une onde P avec une période régulière (bloc 2/1 si une onde P
est bloquée pour une onde P conduite, bloc 3/1 si 2 ondes P sont bloquées pour une
onde P conduite…)

- du 3e degré ou complet: dissociation atrio-ventriculaire complète; les ondes P ne sont pas


transmises aux ventricules; un rythme d'échappement lent apparaît, soit jonctionnel (QRS
fins), soit ventriculaire (QRS larges)

Blocs de branche (anomalies de la durée et de la morphologie de QRS):

- bloc de branche droite:

- aspect RSR' en V1-V2 avec ondes T négatives, onde S large et profonde en V5-V6

- bloc de branche droite incomplet si durée de QRS < 0,12 s, complet si durée de
QRS ≥ 0,12 s

- bloc de branche gauche:

- aspect QS en V1-V2, aspect RR' en V5-V6 avec ondes T négatives

- bloc de branche gauche incomplet si durée de QRS < 0,12 s, complet si durée de
QRS ≥ 0,12 s

- hémibloc de la branche gauche:

- antérieur gauche: déviation axiale gauche, entre - 30° et - 90°; onde Q en DI et S en


DIII (aspect Q1S3)

- postérieur gauche: déviation axiale droite, > + 90°; onde S en DI et Q en DIII (aspect
S1Q3)

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▪ HYPERTROPHIES
HYPERTROPHIE ÉTIOLOGIE DESCRIPTION ECG

DII: onde P pointue,


amplitude > 0,25 mV DII

Hypertension artérielle pulmonaire,


Atriale droite
rétrécissement tricuspidien V1
V1: onde P
diphasique et
positive

DII
DII: onde P > 0,12 s
et bifide

Atriale gauche Rétrécissement mitral


V1: onde P V1
diphasique et
négative

V1
V1: grande onde R
ou aspect de bloc de
branche droite

Insuffisance respiratoire, cœur


Ventriculaire droite
pulmonaire chronique post-embolique
V6

V6: onde S profonde

V1
Indice de Sokolow
>3,5 mV (RV5 ou V6
Hypertension artérielle pulmonaire, + SV1 ou V2)
Ventriculaire
rétrécissement aortique, insuffisance
gauche (HVG)
aortique, cardiomyopathie obstructive
HVG systolique:
ondes T négatives

V5

HVG diastolique:
ondes T positives

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▪ ISCHÉMIE

L'ischémie myocardique se traduit par des modifications du segment ST et de l'onde T.

DIAGNOSTIC
CLASSIFICATION DESCRIPTION ECG ECG
DIFFÉRENTIEL

Hyperkaliémie:
Ondes T amples
QRS larges,
symétriques
bradycardie

SCA ST+
Péricardite: sus-
Sus-décalage de
décalage de ST
ST convexe en
concave en haut,
haut Onde de
diffus; pas de
Pardee localisée
miroir

Hypertrophie,
Ondes T
bloc de - branche:
négatives et
ondes T
symétriques
asymétriques
SCA ST-
Imprégnation
Sous-décalage de digitalique: sous-
ST localisé décalage de ST
diffus
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▪ TROUBLES MÉTABOLIQUES

Hypercalcémie: tachycardie sinusale, allongement de l'espace PR (bloc atrio-ventriculaire du


1er degré), raccourcissement de l'espace QT, aplatissement des ondes T, risque de fibrillation
ventriculaire

Hypocalcémie: bradycardie sinusale, allongement de l'espace QT, ondes T pointues et


symétriques, risque de torsade de pointe

Hyperkaliémie: allongement de l'espace PR, voire disparition des ondes P, élargissement de


QRS, ondes T amples et pointues, risque de tachycardie ventriculaire et de fibrillation
ventriculaire

Hypokaliémie: allongement de l'espace QT, sous-décalage de ST, onde U, aplatissement des


ondes T, extrasystoles ventriculaires, torsade de pointe

Hyperkaüémie à 6,7 mmol/L (pauses sinusales, élargissement des QRS, ondes T amples)

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325 Palpitations

Objectifs

Chez un sujet se plaignant de palpitations, argumenter les principales hypothèses diagnostiques


et justifier les examens complémentaires pertinents

Recommandations, consensus

Haute Autorité de santé (2007): Fibrillation auriculaire

American College of Cardiology/American Heart Association/European Society of Cardiology


(2006): Guidelines for management of patients with ventricular arrhythmias and the prevention
of sudden cardiac death

American College of Cardiology/American Heart Association/European Society of Cardiology


(2006): Guidelines for the management of patients with atrial fibrillation

American College of Cardiology/American Heart Association/European Society of Cardiology


(2003): Guidelines for the management of patients with supraventricular arrhythmias

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▪ INTRODUCTION

Les palpitations sont un signe fonctionnel défini comme la perception anormale des battements
cardiaques. Elles peuvent révéler de nombreux états pathologiques de gravité variable ou
simplement une crise d'angoisse

Les éléments fondamentaux à rechercher sont:

- les caractéristiques de la crise: mode de début, durée, mode de fin, déclencheurs


éventuels (excitants: alcool, thé, café, cocaïne, salbutamol…), tolérance, régularité

- la présence d'une cardiopathie sous-jacente: interrogatoire, examen clinique (signes


d'insuffisance ventriculaire gauche, d'insuffisance ventriculaire droite, souffle cardiaque),
ECG, échocardiographie transthoracique…

- la documentation de la crise par un ECG ou un Holter-ECG: seul diagnostic de certitude

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▪ EXTRASYSTOLES

II s'agit d'une dépolarisation prématurée naissant soit au niveau atrial (extrasystole atriale), soit
au niveau ventriculaire (extrasystole ventriculaire). L'extrasystole est suivie d'une diastole
longue appelée repos compensateur puis d'un battement post-extrasystolique fort pouvant être
ressenti par le patient

L'interrogatoire retrouve une « sensation de raté » ou de pause (diastole longue) et/ou «un grand
coup dans la poitrine» (battement post-extrasystolique)

Les extrasystoles ventriculaires sont plus fréquemment ressenties que les extrasystoles atriales

Elles sont toutes les deux bien tolérées. L'interrogatoire ne retrouve pas de notion de lipothymie,
syncope ou angor

L'extrasystole atriale se caractérise sur l'ECG par une onde P prématurée de morphologie
différente des ondes P sinusales et suivie d'un QRS fin de même morphologie que les QRS
spontanés

L'extrasystole ventriculaire correspond sur l'ECG à un QRS large (aspect de bloc de branche)
prématuré

L'extrasystole jonctionnelle consiste en un complexe QRS prématuré de morphologie normale,


non précédé d'une onde P mais parfois suivi d'une onde P rétrograde

On parle de bigéminisme lors de l'alternance répétée d'une extrasystole et d'un complexe normal

Le trigéminisme est une alternance répétée d'une extrasystole et de deux complexes normaux

Deux extrasystoles consécutives s'appellent un doublet, trois, un triplet

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▪ TACHYCARDIE SINUSALE

II s'agit d'un rythme sinusal avec une fréquence cardiaque supérieure à 100 battements par
minute

À l'effort, il s'agit d'un phénomène physiologique

Au repos, il peut s'agir d'une crise d'angoisse (attaque de panique). Elle survient alors dans un
contexte d'anxiété, de surmenage et s'associe généralement à d'autres plaintes fonctionnelles
(oppression, tremblements, paresthésies, douleurs abdominales…). La fréquence cardiaque est
généralement inférieure à 120 battements par minute. La crise disparaît après administration
d'anxiolytiques

Attention, une tachycardie sinusale de repos peut être également un symptôme révélateur d'une
affection organique sous-jacente (anémie, sepsis, hyperthyroïdie, embolie pulmonaire, choc,
phéochromocytome…)
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▪ FIBRILLATION ATRIALE (voir item 236, «Fibrillation auriculaire»)

Terrain: cardiopathie valvulaire, hypertension artérielle, coeur sain

Déclencheurs: hypertonie vagale (nuit, repos, période postprandiale), phénomène adrénergique


(effort, émotion), intoxication éthylique aiguë

Début et fin progressifs

Durée: de quelques minutes à quelques jours

Signes fonctionnels: palpitations rapides et irrégulières, asthénie, dyspnée, angor (fibrillation


atriale anginogène par raccourcissement de la diastole), rarement lipothymie

ECG: tachycardie irrégulière à QRS fins, absence d'ondes P sinusales, trémulation polymorphe
de la ligne de base. II peut exister des QRS larges en cas de bloc de branche fonctionnel ou
organique associé

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▪ FLUTTER ATRIAL

Tachycardie atriale naissant généralement d'un foyer de macro-réentrée (mouvement circulaire


de la dépolarisation) dans l'oreillette droite

Terrain: coeur pulmonaire chronique, communication interatriale vieillie, valvulopathie mitrale,


cardiopathie ischémique…

Déclencheurs proches de ceux de la fibrillation atriale

Début mal identifié

Palpitations régulières avec une fréquence ventriculaire fixe de 150 battements par minute très
évocatrice (conduction des ondes F en 2/1), mais pouvant être irrégulières lors d'une conduction
variable des ondes F (flutter alternant)
Flutter atrial avec fréquence ventriculaire à 65 battements par minute (conduction 4/1). Ondes F
«en toit d'usine» bien visibles en territoire inférieur

Manoeuvres vagales (massage carotidien, manoeuvre de Valsalva ou compression des globes


oculaires): elles peuvent permettre de ralentir transitoirement la fréquence ventriculaire

Signes fonctionnels associés: dyspnée, asthénie

ECG: ondes atriales régulières, à la fréquence de 300 battements par minute, appelées ondes F
(aspect en dents de scie ou en toit d'usine, visibles dans les dérivations inférieures, pas de retour
à la ligne isoélectrique). Dans la présentation habituelle, le noeud atrio-ventriculaire filtre une
onde F sur deux et entraîne une cadence ventriculaire à 150 battements par minute. En cas de
conduction atrio-ventriculaire ralentie (pharmacologie ou pathologie), la fréquence ventriculaire
peut être de 100 battements par minute (conduction 3/1) ou de 75 battements par minute
(conduction 4/1)

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▪ TACHYCARDIE ATRIALE

Foyer d'automatisme atrial extrasinusal

Terrain:idemfibrillation atriale et flutter, intoxication aux digitaliques, hypokaliémie

ECG: activité atriale régulière avec une onde P de morphologie différente de l'onde P (étroite et
pointue) sinusale, cadence ventriculaire comprise entre 150 et 250 battements par minute avec
des QRS fins réguliers
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▪ MALADIE DE BOUVERET

Tachycardie par réentrée intranodale (noeud atrio-ventriculaire) ou par une voie accessoire
responsable d'une tachycardie jonctionnelle

Terrain: patient jeune, absence de cardiopathie, évolution depuis de nombreuses années

Déclencheurs: effort, émotion, surmenage, abus d'excitants

Début et fins brusques, crises quasi exclusivement diurnes (un accès nocturne remet en cause le
diagnostic)

Palpitations très rapides et régulières de l'ordre de 200 battements par minute

Durée: de quelques minutes à quelques heures

Signes associés: précordialgies, angor, lipothymie, syncope (notamment chez les patients âgés)

Sédation de la crise par la réalisation de manoeuvres vagales ou injection d'adénosine


triphosphate (Striadyne®: contre-indication en cas d'asthme) ou d'inhibiteur calcique
(vérapamil: Isoptine®)

Après la crise, la polyurie et l'asthénie sont des signes classiques mais inconstants

ECG: QRS fins réguliers à 200 battements par minute, pas d'onde P précédant la stimulation
ventriculaire, parfois des ondes P rétrogrades sont visibles

Sur l'ECG de repos, rechercher un syndrome de Wolff-Parkinson-White


Tachycardie jonctionnelle à 180 battements par minute

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▪ TACHYCARDIE VENTRICULAIRE (TV)

Tachycardie naissant en aval du faisceau de His et caractérisée par au moins trois battements
successifs larges à une fréquence supérieure à 120 battements par minute

TV dite soutenue si sa durée est supérieure à 30 secondes; dans le cas contraire, on parle de TV
non soutenue

Risque essentiel: évolution vers la fibrillation ventriculaire et l'arrêt circulatoire

Terrain: cardiopathie sévère

Palpitations rapides et régulières à début et fin brutaux

Signes de mauvaise tolérance fréquemment associés, devant faire évoquer le diagnostic:


lipothymie, syncope, choc cardiogénique, dyspnée, angor…

Les manoeuvres vagales n'ont aucun effet sur la TV

ECG: QRS larges (> 0,12 s), réguliers, fréquence variable, dissociation atrio-ventriculaire
(ondes P non conduites), complexes de capture (complexe sinusal au sein de la TV) ou de fusion
(fusion entre un complexe sinusal et un complexe de TV s'exprimant par une morphologie
intermédiaire)

Traitement: si la TV est mal tolérée, choc électrique externe sous brève anesthésie générale; en
cas de bonne tolérance, réduction par amiodarone ou par un antiarythmique de classe I
(lidocaïne…)

Tachycardie ventriculaire à 160 battements par minute (de type retard droit-axe hyperdroit [190°])

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▪ TORSADES DE POINTE

Aspect de TV polymorphe d'une durée courte (20 complexes): QRS élargis se tordant autour de
la ligne de base

Apparaît généralement en cas de bradycardie sévère avec allongement de l'espace QT > 0,50 s;
le déclencheur est généralement une ESV à couplage tardif

Risque: dégradation de la torsade en fibrillation ventriculaire


Torsades de pointe

Causes:

- congénitale: QT long congénital (syndromes de Jewell-Lange-Nielsen et de Romano-


Ward)

- acquises: hypokaliémie, hypomagnésémie, antiarythmiques de classe la ou lc,


amiodarone, érythromycine et, de façon plus générale, tous les médicaments allongeant le
QT

Traitement:

- recharge en potassium, sulfate de magnésium en IV

- si échec: isoprénaline, voire sonde d'entraînement électrosystolique avec stimulation à


fréquence cardiaque élevée

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▪ EXAMENS PARACLINIQUES

ECG percritique: souvent difficile à obtenir, il apporte cependant le diagnostic de certitude

ECG intercritique: il permet parfois de retrouver des arguments en faveur d'une cardiopathie
(séquelles d'infarctus du myocarde, bloc de branche, syndrome de Wolff-Parkinson-White) ou
d'un trouble métabolique favorisant les palpitations (hypokaliémie: allongement du QT et
torsades de pointe)
Holter-ECG: boîtier portatif permettant un enregistrement continu du rythme cardiaque pendant
24 ou 48 heures. II présente un grand intérêt si les épisodes de palpitations sont fréquents. II peut
permettre de poser le diagnostic si les symptômes sont concomitants d'anomalies électriques

Holter-ECG implantable type Reveal®: implantation d'un Holter-ECG souscutané sous


anesthésie locale. Le patient déclenche lui-même l'enregistrement lorsqu'il ressent les
symptômes. Ce dispositif peut être laissé en place plusieurs mois et présente un intérêt lorsque
les palpitations sont peu fréquentes

Épreuve d'effort: elle peut être réalisée si les palpitations sont ressenties à l'effort. Elle peut
mettre en évidence une fibrillation atriale ou une TV (cardiopathie ischémique)

Exploration électrophysiologique: son but est de déclencher par stimulation endocavitaire une
arythmie ventriculaire ou atriale reproduisant les symptômes du patient. L'interprétation étant
difficile et l'examen risqué (déclenchement de TV), on le réserve en cas de cardiopathie sévère
ou de signes de mauvaise tolérance lors des accès de palpitations

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▪ CONDUITE À TENIR

Conduite à tenir

SYNDROME DE WOLFF-PARKINSON-WHITE

Présence d'un faisceau accessoire de Kent permettant une conduction atrio-ventriculaire sans
passage par le noeud atrio-ventriculaire

ECG intercritique: onde delta au pied du QRS (dépolarisation par le faisceau de Kent) et PR
court

ECG percritique: tachycardie jonctionnelle à QRS fins si la conduction est orthodromique


(descente par le noeud atrio-ventriculaire et remontée par le faisceau de Kent) ou à QRS larges
si la conduction est antidromique (descente par le faisceau de Kent et remontée par le noeud
atrio-ventriculaire)

Gravité: passage en fibrillation atriale entraînant une fibrillation ventriculaire par une
conduction via le faisceau de Kent

Traitement spécifique: ablation du faisceau de Kent par radiofréquence

Médicaments dépresseurs de la conduction atrio-ventriculaire contreindiqués: bêtabloquants,


digitaliques, vérapamil

Syndrome de Wolff-Parkinson-White: PR court, onde delta

II n'existe pas toujours de recommandations par des sociétés savantes. Vous pouvez avantageusement
consulter:

le site de la Société française de cardiologie (http://www.cardio-sfc.org)

l'ouvrageCardiologie pour le praticien,Elsevier-Masson, 2008, 568 pages

l'ouvrageCardiologie et maladies vasculaires,Elsevier-Masson, 2007, 1 728 pages


Achevé d'imprimer en décembre 2012 par l'imprimerie Ten Brink Dépôt légal: janvier 2013

Imprimé aux Pays-Bas

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