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Sur ces bases, les rapports sont en général structurés en trois parties
étudiant successivement le Devoir, puis la liberté de conscience avant, à la
lumière de ces analyses, de proposer une ou des réponses à la question
posée.Le Devoir, donc, tout d’abord. Rabelais disait du rire qu’il est le
propre de l’homme. On pourrait en dire autant du Devoir. Le Devoir a un
caractère spécifiquement anthropologique et Cicéron affirmait : « Aucune
partie de la vie, que ce soit dans les affaires publiques ou privées, celle du
forum ou celle de la maison, qu’on y réfléchisse à part soi-même ou qu’on
en discute avec autrui, ne peut échapper au Devoir.Toute la dignité de la
vie revient à le pratiquer, toute ignorance vient de ce qu’on le néglige. »
Pour autant, s’il existe des hommes de devoir, il en est beaucoup qui ne
reconnaissent pas la nécessité de respecter et d’accomplir leurs devoirs.
Ce mot vient du latin, debere, exprimant une charge, une obligation à une
nécessité. C’est aussi être obligé par la loi, la morale, l’honneur, voire
quelquefois par empathie. Le devoir apparaît comme une valeur morale
que nous nous imposons. C’est donc une disposition de l’esprit que nous
acceptons de façon volontaire et consciente ; elle n’est donc pas naturelle,
ne faisant pas partie de l’inné de l’homme sur lui-même. L’homme est
alors une pierre brute à la naissance, qui demande à être taillée tout au long
de sa vie.
Mais cette conception rationnelle de la morale est partielle et insuffisante.
Le Devoir est non seulement de l’ordre de la raison mais aussi du
sentiment et de ce que l’on fait par amour. Cette approche philosophique
de la notion du devoir nous invite à réfléchir sur le sens de cette notion
dans la vie maçonnique, à travers tous les grades et plus particulièrement
au 4e grade qui nous incite à aller plus loin en approfondissant et en
enrichissant cette notion du devoir. Et l’instruction rituelle précise que la
caractéristique du 4e est « la recherche du Devoir et la ferme volonté de
l’accomplir quel qu’il soit, sans songer à une récompense, pour la seule
satisfaction de sa conscience ».
Il y a donc une intériorisation de la notion de devoir. Le Devoir du 4e degré
poursuit une évolution vers une dimension verticale, une autre réalité,
n’entravant plus l’avancée vers son être. Sans renier, ni abandonner la
réalisation des devoirs ordinaires, qui nous forcent à dépasser nos pulsions
et nos inhibitions, qui forgent notre volonté et notre rigueur, nous intégrons
à notre travail l’acceptation du Devoir dans le sens de la recherche de
laVérité,de la Lumière et de la Parole perdue.
Le devoir est donc d’abord une forme d’engagement personnel relevant de
la morale, mais doit-il se limiter à cela ? En d’autres termes, peut-on
s’exonérer d’une réflexion sur le Devoir en tant que nécessité sociale ? La
démocratie repose sur le respect et la garantie de droits individuels et,
notamment, comme nous le
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Ainsi dès son arrivée, le F∴Maître Secret s’entend dire qu’il « doit
prendre ses décisions en toute liberté de conscience. Il est ainsi encouragé à
acquérir son autonomie morale. Il est incité à préciser pour lui-même, pour
s’affranchir des préjugés et des superstitions, pour refuser les idées toutes
faites pour s’écarter du « pays de l’ignorance », afin de se consacrer au
devoir de la vérité envers lui- même. Il est invité à questionner, à apprécier
les valeurs communément admises. Il n’y a pas de révélation des dogmes
mais une démarche longue, lente, progressive et personnelle. Il doit écouter
et respecter l’opinion d’autrui, à prendre conscience. Il s’agit là de son
devoir envers autrui.
N’accordez à quiconque une confiance aveugle, mais écoutez tous les
hommes avec attention et déférence. Respectez toutes les opinions mais ne
le déclarez juste qu’après en avoir fait vous-même un examen approfondi.
La liberté de conscience est selon le stoïcien Marc Aurèle, une « citadelle
imprenable ». Mais la Liberté avec un grand L est un concept
philosophique, donc abstrait, ne pouvant s’exercer que si sont affirmées, et
garanties, les libertés, notamment la liberté d’afficher, de diffuser, de
publier ses idées, en un mot que s’il existe une liberté d’expression. En
outre, la liberté de conscience n’est effective que si l’homme est capable
d’esprit critique et de pratiquer le doute grâce à l’éducation et à
l’enseignement. Ainsi le philosophe André Comte- Sponville écrit :
La liberté de conscience suppose que nulle pression ou interdiction ne
s’exercent sur elle. La conscience libre nécessite une culture et une
capacité intellectuelle propres à fonder l’exercice maîtrisé du jugement.
D’où le rôle d’une école ouverte à tous, gratuite, afin de mettre hors-jeu
les différences de fortune qui sinon pèsent sur l’accès à la culture, et
soucieuse d’enseigner ce qui permet d’accéder à l’autonomie rationnelle
et morale de la personne.
Venons-en maintenant à la question posée qui a donné lieu à des question-
nements divers. Pour certains, n’est-il pas provocant, déstabilisant, pour
d’autres, complexe ? Ce qui ressort en général des rapports des Ateliers est
la recherche des connexions existantes entre les notions de Devoir et de
liberté de conscience, la réflexion s’étendant aux grades antérieurs au 4e
degré.Avec un effort d’aller chercher et de trouver dans nos rituels des
réponses. La question met le M∴S∴face à une apparente incompatibilité
qu’il va falloir approfondir par la réflexion, la raison, mais aussi avec
l’aide de son vécu maçonnique lors de précédentes initiations c’est-à-dire
l’approche rituélique, symbolique.
La question pose le principe que les deux concepts, Devoir et liberté de
conscience, apparaissent comme étant antinomiques, c’est-à-dire
s’excluant l’un et l’autre, ou la question de leur conciliation, possible ou
nécessaire. Cette conciliation prend toute son acuité pour le Maître Secret.
Il est et reste franc- maçon et, de ce fait, foncièrement attaché à la liberté
de conscience. Et sa qualité de M∴S∴lui assigne, comme fil conducteur à
son grade, le Devoir. Devoir et liberté de conscience seraient des
facilitateurs réciproques. Cette conciliation recherchée par le M∴S∴et la
liberté de conscience, passe aussi par la respon- sabilité. On est responsable
de sa liberté ce qui permet de s’acquitter de son Devoir.
respect est imposé par une force extérieure s’imposant contre la volonté de
la personne ou au moins indépendante d’elle. Le devoir est obligation
quand il répond à une conviction morale que la personne s’impose à elle-
même. Or le devoir du M∴S∴est une obligation et non une contrainte en
ce sens qu’il résulte d’un engagement pris en présence des Frères sous la
forme d’un serment, d’une obligation pour reprendre les termes du rituel. Il
s’agit donc d’un engagement librement consenti et affirmé et le franc-
maçon qui le souscrit ne viole en rien sa propre liberté de conscience.