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LE SILENCE, LES MOTS ET LES PAROLES

Le Silence – les Mots et Les Paroles « Profane »


Le Silence – absence de bruit peut être :

 Pesant et frustrant
 Imposé
 Signe d’infériorité, mépris,
 Coupable
Dans le monde d’aujourd’hui, le Silence est inquiétant, il nous sort du tourbillon qui nous
empêche de se poser des questions, d’être angoissés par la Fin.
Mais le Silence a bien des vertus :
Signe d’humilité, de respect, d’écoute, condition pour une conscience de l’existence des
autres
Dans la revue Cerveau et Psycho (2016)
Le silence est devenu une denrée rare. Et pourtant, il fait pousser les neurones, alors que le
bruit détériore la mémoire et la concentration. Cultiver le silence, c'est prendre soin de son
cerveau.
Le silence favorise le travail, l’attention, la mémoire et développe notre cerveau.
Les Mots :

Des mots couchés sur du papier, des mots jaillissants d’une bouche
Déplacements d’air ou d’encre, capables du pire et du meilleur
Armes terrifiantes, complicités magiques, merveilleux véhicules, mensonges destructeurs,
Outils fondamentaux de communication, ornements stériles d’une conversation,
Moments privilégiés, horribles mésententes, lumière, obscurité

Les mots sont tout cela, guerre et paix. Il suffirait pourtant d’apprendre à les comprendre, à
bien les respecter, à les aimer vraiment, pour n’être que lumière.

Et le silence dans tout cela ? C’est un mot à la sonorité superbe. La première lettre de ce mot
dessine deux courbes douces et opposées, symboles de la dualité qui nous dirige encore.

Les mots écrits sont-ils encore silence ; les mots parlés sont-ils absence de silence ? Le silence
n’est pas un état mort, ni l’absence de bruit. Comment le définir ? Que représente-t-il ? Vaste
sujet…

Enfant du silence, du rêve et de la contemplation, je le suis depuis toujours par penchant


naturel. Enfant de la question rentrée, du secret qu’il faut garder, pour protéger son équilibre,
je le suis aussi par histoire personnelle.
Les paroles n’ont été en rien, témoins de certitude, en rien, susceptibles de me rassurer sur
l’existence de toute chose.

En grandissant, le silence était encore pour moi, un compagnon plus vrai que les paroles. Dès
que je le pouvais, je savourais le calme, plongeant dans mes lectures et dans ma musique. Les
mots écrits, silencieux, réfléchis ont pour moi, plus de poids, plus de sens, plus de pérennité.
Sans cesse, si on l’écoute, le silence nous parle, nous renseigne sur l’état des lieux et des êtres,
sur la texture et la qualité des situations rencontrées. Il est notre compagnon intime, l’arrière
fond permanent, sur lequel, tout se détache.

Le message oral d’un individu à un autre est facilement altéré et ouvre plus grande la porte à
l’erreur, à l’interprétation, à l’incompréhension.

Et j’en viens à rêver d’un monde plein de regards, d’écoute et de silence. Le silence n’est-il
pas le souffle du logos : car, avant que le monde soit, le silence a précédé le verbe, de même
que la nuit a précédé le jour.

Bien souvent, j’ai cherché à qualifier le silence…

Pour ma part, le silence pur n’existe pas : il est une question d’amplitude, de relativité. Il fait
partie du rythme de la vie. Toute circulation d énergie fait du bruit, nos pensées font du bruit,
les battements de nos cœurs font du bruit. Le silence relatif n’est pas le vide, et diffère en cela
de la véritable méditation, état bien particulier, qui m’est encore, étranger.
Nombreuses jusqu’à l’infini, les formes du silence, dénotent les états multiples de l’être :
désespoir, mépris, peur, respect, secret, attente, réflexion, rêve ou communion.

Selon les cas, le silence se fera fermeture, points de suspension ou ouverture.

SILENCE FERMETURE

Dans notre monde actuel, il est vrai que le silence se partage moins aisément que les
bavardages. Certains silences crient, quémandent, se plaignent plus fort encore que des
paroles. Le silence subi ne traduit souvent que solitude, indifférence et abandon. Ce silence là
n’enrichit pas. Les personnes qui le subissent éprouvent un manque énorme que les bruits
extérieurs peuvent dissimuler, mais ne peuvent combler. Passés les bruits, le silence se
rétablit, le même qu’auparavant, plus lourd encore, empli d’absence et de désespoir.

Que dire du silence mutisme ? Il est le reflet de la fermeture du cœur, des manques de la peur
inconsciente de grandir. C’est un silence refuge.

Combien de personnes refusent le silence, miroir de leur conscience. Elles craignent d’y
plonger, se voulant plus ou moins satisfaites d’une vie sociale bien remplie, cependant jamais
vraiment légère. Elles refusent tout dialogue profond avec elles-mêmes, et s’éparpillent en
une débauche de paroles, souvent inutiles.
Un proverbe turc dit « La bouche du sage est dans son cœur, le cœur du fou est dans sa
bouche »

Parfois le silence peut devenir une arme. C’est le silence de l’indifférence, voire du mépris.
En refusant de parler, au cours d’une dispute, le combat cessera, faute de combattants.
Le silence bouclier sera infranchissable, par lâcheté, par force, par sagesse ? Difficile à dire.
DE GAULLE disait « Rien ne rehausse mieux l’autorité que le silence, splendeur des forts et
refuge des faibles »

Dans l’histoire du monde, le silence est un préalable. Dans celle de bons nombres d’humains,
c’est une fin. Une telle certitude donne au silence une connotation négative. Sans foi, sans
recherche spirituelle, l’homme ne cesserait d’être paralysé par l’aspect tragique de sa destinée,
du processus fatal, qui fait de sa naissance, le commencement de sa fin. A la réflexion, le
silence n’est menaçant, que si on le charge de nos propres erreurs. L’homme doit vider sa
mémoire, laver ses mots, nettoyer ses images, et apprendre à regarder, apprendre à écouter le
silence.

SILENCE : POINTS DE SUSPENSIONS

En travaillant sur ce sujet, j’ai rencontré des blocages. Le silence ne me parlait plus. Je n’y
voyais que des points de suspension. Comme un funambule sur son fil, je ne pouvais ni
avancer, ni reculer. Cette attente me paraissait stérile. Et pourtant, cette pause arrêtait le
mouvement et venait l’éclairer. Il me fallait retrouver mon centre de gravité, et avec force et
vigueur, continuer ma marche vers la lumière. Ces points de suspensions devenaient de la
paix en suspens, un espoir de métamorphose. Cette ponctuation devait me faire prendre
conscience de la mesure du temps, de l’espace, de mon espace et de ma liberté de choix.
C’est ainsi, que de silences en points de suspension, et de points de suspension en silences, je
pourrais peut être, toucher au subtil de l’âme, cœur animé et éclairé de la pierre brute que
j’étais, que j’ai dégrossie, mais que je polirais sans cesse.
Le silence est parole en puissance, l’intervalle est gros de possibilités
« Quelle est donc cette mer dont le rivage est la parole vraie ? » C’est peut être la mer du
silence, le silence de l’ouverture.

LE SILENCE OUVERTURE

Bien utilisé le silence saura ouvrir toutes les portes. C’est la voie royale de l’intériorité,
garant de la vigilance. C’est une donnée essentielle de toutes les disciplines et des règles
spirituelles. Par sa densité, le silence est un passeur, un catalyseur ; il provoque les
communions et devient alors un breuvage, un élixir de longue vie.
Un écrivain ne parle pas, il couche des mots sur du papier, en silence et avec amour.
La lecture est souvent une aide pour découvrir les arcanes du silence. Il est des livres qui
favorisent cette intériorité : l’imprécision dans la représentation est comme des non-dits qui
appellent la participation, en laissant des vides textuels, des vides virtuels, que le lecteur peut
utiliser à sa guise (d’où souvent une déception en voyant un film tiré d’un livre)

Quoi de plus fort qu’une complicité magique, qu’un partage mutuel, offert par des silences
entendus, écoutés, bien compris, par des regards éloquents.

Quoi de plus puissant qu’un silence collectif après un concert, un opéra, un ballet réussi. Des
milliers de spectateurs ont retenu leur souffle et après le déferlement des bravos, il règne alors
sur la foule, un immense silence, une parfaite communion, des vibrations intenses.
La musique libère en nous une écoute, faisant écho dans le cœur de l’auditoire. Osmose
fugitive, mais combien nourrissante, proche de l’unité : l’espace temps est oublié, nous
devenons musique…

Proche de cet état est le silence religieux qui peut se rencontrer, lors de visites d’abbayes ou
de cathédrales. Le fantastique silence de ces lieux, leur présence vibrante suffit à nous élever.
L’être se déplace et s’épanouit dans ces formes poussées à leur maximum d’expression.

Un des plus beaux symboles du silence, est la flamme d’une bougie, dans la pénombre : sa
flamme s’élève, brille danse et pourtant elle va s’éteindre. Elle est toujours présente dans nos
cœurs. A nous de raviver sans cesse, notre flamme intérieure.

Une autre forme superbe du silence, est la peinture. Là encore, le temps est suspendu,
l’absence de mouvement appelle le silence. Dans certaines toiles, le silence devient cri ; dans
d’autres, le silence devient harmonie. Sachons laisser l’œuvre, seule juge du silence, seule
messagère de sens, seule source de sérénité et effaçons nos discours pour regarder et écouter
la peinture.

Il y a encore le silence des gestes : qui n’a jamais été émerveillé par l’éloquence silencieuse
du mime MARCEAU ? Dans un autre domaine, par le silence des chasseurs à l’affût, des
pêcheurs méditant sur leurs lignes, le silence des sourds-muets conversant entre eux ?

Le Silence « dans les anciens devoirs »


LE REGIUS
Le plus ancien texte de la Maçonnerie opérative anglaise, poème écrit vers 1390
Extrait qui illustre l’enracinement chrétien de la maçonnerie opérative.
Viens donc à l'église, si tu peux,
Et entends la messe chaque jour;

Si tu ne peux pas venir à l'église,


Où que tu travailles,
Quand tu entends sonner la messe,
Prie Dieu dans le silence de ton cœur,
De te donner part à ce service,
Que l'on célèbre dans l'église,

Matthieu VI : « Quand tu pries, entre dans ta chambre, ferme la porte et prie


ton Père qui est présent dans le secret, et le Père qui voit dans le secret te récompensera. »
Le Silence « recherche de Dieu »
Le silence de l’ermite, du désert : se retirer du monde et des bruits pour se relier au Divin
Le Silence monastique
Dieu se manifeste à nous « dans le frémissement d'une brise légère » (1R 19, 12) et il ne faut
pas nous étonner que notre civilisation ennemie de Dieu soit également ennemie du silence.
De même que sans les Ténèbres, on ne peut voir la lumière, sans le Silence, on ne peut
percevoir la Parole. Du Silence, nait la Parole.
Le Silence crée un espace à l’intelligence du Cœur.

Au fil des ans, la parole nous sera rendue, mais le silence devra être respecté, intégré
équilibrant notre parole. De cette communion, résultera l’égrégore du Temple.

Le Silence au RER

Le Silence au RER
Le silence de l’apprenti permet le « lâcher prise », le détachement, la mise en Ordre de soi-même,
l’écoute des autres, l’écoute de soi, la progression dans la protection de ce silence, de l’observation et
la réflexion avant l’action qui viendra plus tard. Dès son introduction dans le cabinet de réflexion,
le profane est seul face à son silence. Puis les yeux bandés, il est conduit dans le temple. Le
silence règne sur les colonnes. La cérémonie commence. Après le tumulte des deux premiers
voyages, le silence devient lourd de significations au cours du troisième voyage. Reçue
apprenti maçon, ce même silence lui sera imposé en loge durant tout son apprentissage.
C’est que le silence anime un nouveau type de connaissance : celle de soi-même, des autres et
de l’univers. En observant le silence, on apprend à être à l’écoute, à modérer ses passions et à
approcher de la sérénité nécessaire pour parcourir le parcours caillouteux, chaotique, plein
d’embûches, qui doit conduire à la lumière. Le silence est porteur de semence.
Le silence de l’initiation se cache sous le sceau du secret. Pourquoi garder, dans le mystère un
acte qui est censé nous faire avancer ? Parce qu’il est nécessaire au dévoilement progressif de
l’âme : ce n’est qu’en grandissant que l’on est mûr, pour approfondir l’enseignement de notre
ordre. Le secret n’est pas lié à une vision sectaire, à un non vouloir dire, mais plutôt à un non
pouvoir dire, pour éviter, tant aux nouveaux initiées, qu’à nous mêmes, une mauvaise
appréhension des principes maçonniques, qui doivent se vivre et non se dire.

Au fil des ans, la parole nous sera rendue, mais le silence devra être respecté, intégré
équilibrant notre parole. De cette communion, résultera l’égrégore du Temple.
Instruction Morale :
On a commencé par vous conduire dans un endroit sombre, écarté et solitaire, où vous vous êtes
trouvé également séparé de ceux que vous veniez de quitter, et de ceux vers qui vous portiez vos
désirs. On a voulu vous enseigner par-là que c’est dans le silence, la retraite et le calme des sens,
que le sage se dépouille des passions, des préjugés, et qu’il fait des pas assurés dans le sentier de
la vertu et de la vérité.
Le Silence n’est pas l’objectif, c’est un moyen, un outil initiatique puissant pour l’Apprenti et
pour tous les FF. La tenue est une succession de Silences-contemplations-pensées et de
Paroles-Actions : arrêts et mise en mouvement pour se rapprocher de la porte du Temple, faire
de nouveau progrès dans la Franc maçonnerie.
Entrée en Loge : Le Silence doit se faire sur le Parvis, il prépare les FF à entrer dans l’Espace
et le Temps sacré, il prépare à la prière.
Fin de l’ouverture :
VM : Je prescris au nom de l’Ordre le plus profond silence à tous les ouvriers.
Q/R
D. Où avez-vous été reçu ?
R. Dans une loge juste et parfaite, où règnent l’union, la paix et le silence.
Figure de 3 Etats :
 1er Etat : le Silence Intérieur (rejet des passions profanes)
 2eme Etat : La Paix, Etat spirituel, attention à la prière, don de Dieu, signe de sa
présence
 3eme Etat : l’Union avec toute la Nature, Union Cosmique : le Tout
La parole juste, qui suit le Silence, dans la Paix, conduit à l’Union.

En conclusion, je dirai que le silence est comme une porte qui peut être verrouillée, fermée,
entrebâillée ou grande ouverte. Dans ce dernier cas, à la lumière du silence, tous conflits,
frictions et problèmes devraient pouvoir se dissoudre. Eveillée, l’oreille percevra de plus en
plus les messages de l’intériorité

UN Acrostiche de SILENCE !!!

Son S, comme Secrètement


Son I, comme Instruit
Son L, comme lentement
Son E, comme Entendons
Son N, comme Naitre
Son C, comme Crist, en nous
Son E, comme Ecoutons

Entre le silence et la parole, il y a le cheminement et la maturité d’une expérience. En ce sens,


PAUL VALERY a pu écrire « silence, silence, chaque atome de silence est la chance d’un
fruit mûr »

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