RE.

116 le 06 octobre 2022

JB.B.

Rapport entre Lumière et Initiation au 1er degré du R.E.A.A.

L’initiation, au cours d’un rite de passage, est le processus par lequel un postulant acquiert un
statut, social ou spirituel plus élevé, par l’acquisition de connaissances et par son l’admission aux
activités particulières d’une communauté spirituelle. En Maçonnerie, grâce à un rite de passage, le
candidat profane acquiert le statut d’initié au 1er degré du REAA.

Avant l’initiation, profane, j’étais dans les ténèbres, seul, isolé, et je désirais recevoir la lumière ;
initié, parmi mes frères, dans la chaîne d’union, j’ai reçu la Lumière. Si l’initié a conscience de porter
la lumière c’est qu’il commence à sortir des ténèbres en éclairant un monde qu’il n’avait pas la
capacité de voir avant, ce monde caché aux regards des profanes.

Ténèbres et Lumière

En Franc-Maçonnerie les ténèbres peuvent avoir des valeurs négatives : elles désignent le contraire
de la lumière Maçonnique. Mais positivement, ils évoquent l’obscurité nécessaire au retrait de la vie
et à la pensée ; par exemple dans le cabinet de réflexion où séjourne celui qui subit la première des
épreuves de l’initiation est un isolement dans l’obscurité qui invite à l’introspection.

L’expérience initiatique de la lumière se présente sous un double aspect :

- Prise de conscience progressive du monde environnant ou l’initié commence à discerner

sa part d’illusions.
- Celui d’un bouleversement soudain de l’être qui opère une conversion….conversion qui
le fait sortir d’un univers profane et d’un conditionnement historique pour le mettre en
quête de la Vérité et de la lumière de l’Esprit dont il est porteur. N’oublions pas que
l’initié alors entré dans la chaine d’union est relié par ses frères à L’autel de la Vérité sur
lequel repose la Bible et d’après la bible la Lumière est aussi le FIAT LUX de la genèse,
l’illumination qui ordonnance le chaos par une vibration créatrice sonore. Selon le
prologue de Jean, la lumière Primordiale s’identifie au Verbe.
Le rituel d’initiation mène le postulant à sortir progressivement des ténèbres pour
l’amener graduellement à la découverte de la lumière, les trois voyages effectués dans la
loge, les yeux bandés constituent une préparation à cette réception essentielle. La
nouvelle Lumière qui lui est donnée agit sur son regard et il réalise a force de volonté et
de travail que ce regard éclairé par une âme plus libre (libérée de la matière), lui fait
comprendre de façon intuitive que le monde qui l’entourait était plein d’illusions, il
prend conscience de la réalité des choses.
Mais qu’est-ce que l’âme ?
L’âme est quelque chose de subtil, c’est un simple principe vital qui anime le corps dont
elle dépend et prend la forme de ce qui la domine :
L’âme d’un profane est soumise à ses passions, à ses désirs, elle s’exprime le plus
naturellement du monde, elle ne connait pas d’autres regards. Cette forme de moi existe
chez chacun de nous.
L’âme de l’initié : c’est une âme éclairée qui acquière un autre regard, un regard dirigé
vers le haut pour qu’elle puisse elle-même s’élever, afin de passer au-dessus des vils
intérêts qui tourmentent les profanes et apprendre à calmer l’ardeur de nos passions.
Cette progression demande du travail et du temps car comme le précise le rituel, il doit
aussi accoutumer son cœur et sa pensée qu’à de grandes et belles affections, à ne
concevoir que des idées solides construites sur les valeurs de la morale éternelle et de
l’amour de Dieu et de son prochain ….et ainsi il parviendra à donner à son âme ce juste
équilibre qui constitue la sagesse. Il doit aussi développer la vertu pour donner à son
âme la force de faire ce qui est bien, même au détriment de son propre intérêt. L’égo
s’efface, l’intérêt se tourne vers l’autre ! Ceci est le premier pas d’une conscience de soi,
de se connaitre tel que l’on est.
Au cours de son initiation le candidat va vivre deux expériences particulières qui ont une
incidence directe sur la lumière

° La présence du bandeau :
Le bandeau est posé sur les yeux du candidat à l’initiation lors de sa première
introduction dans le temple après l’ouverture des travaux une fois l’espace sacralisé, il
est privé de la vue aux cours des trois voyages et en est délivré que lorsque on lui
accorde La Lumière et que le Néophyte est parmi ses frères dans la chaine d’union.
Alors pourquoi ce bandeau ?
Pour la loge, la discrétion est la première fonction du bandeau, il permet au candidat,
toujours libre de se retirer, ne puisse pas voir le visage des membres de l’atelier.
Pour le candidat le bandeau l’oblige à plonger en lui-même en visualisant dans une
psyché consciente sa propre figure. En ce sens, le bandeau éclaire l’âme comme une
lumière. Mais la justification suprême du bandeau réside dans son enlèvement et
l’éblouissement final de la lumière.
Je vais m’aider d’une réflexion de Charles Péguy : « Le véritable sens du voyage ce n’est
pas de découvrir d’autres voyages, mais bien de les regarder avec des yeux différents,
car l’apparent n’exclue pas le caché. Les hommes les plus sages ont compris que l’acte
de voir ne se réduit pas seulement à ouvrir les yeux, mais nous oblige parfois à les
fermer, afin de contempler l’être que nous sommes. Et bien mes frères de là sont nés
deux langues différentes, celle du visible et celle de l’invisible, celle des objets
extérieurs et leurs signes et celle du sujet intérieur et ses symboles (Exotérisme-
Esotérisme).
La lumière reçu, l’initié prend conscience de ce qu’il » Est « et de sa relation avec ce qui
l’entoure ; par un long travail progressif et avec ce nouveau double langage, il libère son
âme par la dissolution de son égo pour la mettre en harmonie avec le réel qu’il
découvre, s’unir avec le tout. Lorsque le Bandeau lui est retiré, son regard est orienté
vers l’autel de la Vérité.

° Le miroir :
 Le miroir invite à une introspection profonde quant à mes façons de penser, de faire et
d’agir avec la plus grande objectivité possible, et c’est bien à ce travail d’observation et
d’authenticité sur soi-même que nous invite la Franc-maçonnerie.

Le miroir qu’il soit dans le cabinet de réflexion, comme dans le rituel d’initiation symbolise L’ego,
L’ego narcissique qui se mire en lui-même et dont le reflet nourrit une puissance qui nous soumet.

L’égo, c’est la conscience que j’ai de moi-même, c’est ce qui me distingue des autres, c’est ce qui me
place au centre du monde. Bref l’égo nous définit !

Mais le rituel cherche à percevoir ce qui transcende l’ego, ce qui nous unit malgré les différences, ce
qui rassemble l’épar.

Je vais vous donner deux exemples métaphoriques sur la transcendance de l’ego :

. Derrière les nuages du Moi, formés de ces gouttelettes d’égo, il y aurait comme un ciel
bleu, comme une Lumière qui nous baigne tous, une Vraie Lumière, comme une vraie nature,
comme cette humanité transcendante, la pierre polie cachée au cœur de la pierre brute. Notre
travail spirituel va consister à apprendre à fixer notre « Regard »et notre « conscience » sur le ciel
plutôt que sur les nuages de notre égo.

Pour moi, il ne s’agit pas d’abolir l’égo, l’égo fait partie intégrante de ce qui nous anime ! un
deuxième exemple: si nous mettons du sucre dans l’eau, le sucre dissout est toujours là, mais il
n’empêche pas de voir la Lumière au travers ! Recherchons la dissolution de l’égo, car celui-ci trop
présent peut nous empêcher de nous fondre dans l’unique, le « Un ».

Tout ceci pour dire qu’un égo trop puissant empêche les frères de vivre la Fraternité dans sa forme
la plus transcendantale !

Un ego trop puissant empêche le regard de recevoir toute la lumière, il n’est pas suffisamment sorti
des ténèbres, son âme n’est pas assez libérée

Avant de rendre la parole, je ne résiste pas de vous lire ce poème sur « Le Miroir » dont je ne
connais pas l’auteur

Comme le reflet d’un objet précieux,

Transparent et indicible comme l’âme,

Profond comme la pensée,

Le miroir ressemble à un véritable jardin secret !

Pur comme un diamant aux éclats impénétrables,

L’être reste son appât lorsqu’il s’y mire.

Du clair-obscur de nos sentiments au minois rosé d’un petit enfant,

Aucun détail ne lui échappe.

Nul ne saurait tricher puisqu’il devient le spectre de nos pensées

Le miroir se promène dans notre réalité,

Il devine tout, et parfois il nous dérange,

S’immiscer dans notre intimité où s’infiltrant dans un songe éveillé

Il souligne telle ou telle attitude. Allant du désespoir à l’espoir

De l’amertume à la rancœur d’un soir.

Bien que le reflet de nos visages reste éphémères, insaisissable,

Nul ne pourrait se substituer à cet œil de cyclope.

Après cette respiration qui suit le chaos de ce travail je vais essayer en une ou deux phrases de
remettre de l’ordre.

Avant la réception de la lumière, l’âme du profane par des épreuves initiatique se transforme et
progressivement se libère, elle suit et vit ce chemin sans posséder de lumière, c’est une main qui
guide le profane, il tourne en rond, il n’a pas la conscience d’un sens.

Lorsqu’on lui donne la lumière, il est avec ses frères dans un espace sacré donc orienté il va donner
un sens à sa progression et poursuivre son travail sur lui-même et sur le monde avec ce nouvel
éclairage, ce nouveau regard lui donne la conscience d’un réel plus proche de la Vérité.

J’ai dit V.M.