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HIRAM : mythe fondateur des Hauts Grades

Hiram est le mythe fondateur de la Franc Maçonnerie, bien qu’il ne soit


cependant révélé qu’au grade de maître. En effet il y a une rupture totale avec les
deux grades précédents, celui d’apprenti et de compagnon qui sont structurés sur la
maçonnerie opérative. Cette légende d’Hiram, modèle original, va organiser par la
suite les Hauts Grades.
D'après le récit mythique, Hiram fut assassiné à la fin des travaux du Temple
par trois compagnons pour avoir refusé de les initier aux secrets de son art. Les
compagnons enterrèrent le maître sans connaître le secret .
Dans les cérémonies maçonniques, le récipiendaire au titre de Maître
s'identifie à Hiram : il doit d'abord «mourir» pour renaître, investi des qualités du
Maître.

1 - Approche Historique

Les diverses hypothèses, proposées pour tenter de retrouver les sources de la


légende d’Hiram, se heurtent le plus souvent à de considérables difficultés. Outre
qu’elles empruntent à des thèmes légendaires généralement sans rapport réel avec le
Métier, elles ne contiennent d’ordinaire qu’un des éléments de cette légende, pour
l’essentiel, le meurtre du bâtisseur.

Un document tranche nettement, cependant, sur toutes ces sources


approximatives. Il s’agit d’un manuscrit daté de 1726, le manuscrit Ms. Graham,
longtemps méconnu, et qui fut présenté et étudié pour la première fois en 1937.
L’apport de ce texte à la recherche des sources de la légende d’Hiram apparaît
capital.
Le document se présente d’abord comme un catéchisme qui s’insère
incontestablement dans un courant d’instructions maçonniques reconnues et
diffusées en Angleterre à cette époque. On doit enfin particulièrement noter la
tonalité chrétienne fortement affirmée des explications symboliques qui y sont
proposées. À la fin du catéchisme proprement dit, suivent alors trois légendes, sans
lien apparent, qu’il convient d’examiner en détail.

Première légende :
« Sem, Cham et Japhet eurent à se rendre sur la tombe de leur père Noé pour
essayer d’y découvrir quelque chose à son sujet qui les guiderait vers le puissant
secret que détenait ce fameux prédicateur. ». Les trois fils de Noè avaient déjà
convenu que, s’ils ne découvraient pas le véritable secret lui-même, la première
chose qu’ils découvriraient leur tiendrait lieu de secret. Ils parvinrent à la tombe et ne
trouvèrent rien, sauf le cadavre presque entièrement corrompu. Ils saisirent un doigt
qui se détacha, et ainsi de jointure en jointure, jusqu’au poignet et au coude. Alors,
ils relevèrent le corps et le soutinrent en se plaçant avec lui pied contre pied, genou

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contre genou, poitrine contre poitrine, joue contre joue et main dans le dos, et
s’écrièrent : «Père du ciel, aide-nous maintenant, car notre père terrestre ne le peut
pas. » Ils reposèrent ensuite le cadavre, ne sachant qu’en faire. L’un d’eux dit alors :
« II y a de la moelle dans ces os » [Marrow in this Bone]….

Seconde légende :
Pendant le règne du roi Alboin naquit Betsaléel, qui fut appelé ainsi par Dieu,
avant même d’être conçu. Et les ouvrages de ce saint homme devinrent si fameux,
que les deux jeunes frères du roi Alboin voulurent être instruits par lui de sa noble
manière de bâtir. Il accepta à la condition qu’ils ne la révèlent pas sans que
quelqu’un soit avec eux pour composer une triple voix. Ainsi ils en firent le serment
et il leur enseigna les parties théorique et pratique de la maçonnerie ; et ils
travaillèrent. […]
Cependant Betsaléel, sentant venir la mort, désira qu’on l’enterre dans la
vallée de Josaphat et que fut gravée une épitaphe selon son mérite. Cela fut accompli
par ces deux princes, et il fut inscrit ce qui suit : « Ci-gît la fleur de la maçonnerie,
supérieure à beaucoup d’autres, compagnon d’un roi, et frère de deux princes. Ci-
gît le coeur qui sut garder tous les secrets, la langue qui ne les a jamais révélés. »

Troisième légende :
Nous lisons au Premier Livre des Rois, que « Salomon envoya chercher Hiram
à Tyr. C’était le fils d’une veuve de la tribu de Nephtali et son père était un Tyrien
qui travaillait le bronze. Hiram était rempli de sagesse et d’habileté pour réaliser
toutes sortes d’ouvrages en bronze. Il se rendit auprès du roi Salomon et lui
consacra tout son travail. […]
Or, il est rapporté par la Tradition que, lors de cette construction, il y aurait eu
querelle entre les manoeuvres et les maçons au sujet des salaires. Et pour apaiser tout
le monde et obtenir un accord, Hiram aurait dit : « que chacun de vous soit satisfait,
car vous serez tous rétribués de la même manière.Et il donna aux maçons un signe
que les manoeuvres ne connaissaient pas. Et celui qui pouvait faire ce signe était
payé comme les maçons ; les manoeuvres ne le connaissant pas, étaient payés
comme auparavant. […] Ainsi le travail se poursuivit et progressa et il ne pouvait
guère se mal dérouler, puisqu’ils travaillaient pour un si bon maître, et avaient
l’homme le plus sage comme surveillant. […] . En relisant le premier Livre des Rois,
vous y retrouverez les merveilleux travaux d’Hiram lors de la construction du temple
de salomon.

On mesure sans peine l’importance et l’intérêt majeur des trois récits.


Soulignons-en simplement les points essentiels. Le premier récit décrit un rite de
relèvement d’un cadavre associé aux cinq points de la maîtrise. Le but essentiel est
de tenter de retrouver un secret – dont on ne sait du reste à quoi il tient – qui a été
perdu par la mort de son détenteur. On y associe un jeu de mots probable avec «
Marrow in the Bone », évoquant assez clairement l’ expression M.B. Il est évident
que cela est lié « au nom qui est encore connu de la Franc-Maçonnerie de nos jours

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», lequel apparaît bien comme un secret de substitution. La particularité la plus
remarquable est qu’on ne voit ici aucun lien avec l’art de la Maçonnerie, et surtout
que le personnage central n’est pas Hiram, mais Noé…
Le second récit nous dépeint la personnalité de Betsaléel, possesseur de secrets
merveilleux liés au Métier, qui seront communiqués seulement à deux princes. Le
point important nous semble ici l’épitaphe, évoquant « le coeur qui sut garder tous
les secrets, la langue qui ne les a jamais révélés. ».
Enfin le troisième récit met en scène Hiram, « surveillant le plus sage de la
terre », et qui contrôlait probablement la transmission aux bons ouvriers du signe qui
donnait droit à la paye des maçons. Notons surtout qu’ici les secrets sont et
demeurent bien gardés, qu’Hiram achève le Temple, et qu’il ne meurt pas de mort
violente.
La simple lecture de ces trois récits impose une constatation immédiate : leur
superposition nous donne presque intégralement, en substance la légende d’Hiram.
L’innovation majeure est qu’Hiram – dont le rôle, honorable mais modeste, est
conforme au peu qu’on dit de lui dans tous les Anciens Devoirs –, y est alors
substitué à Noé dans le rite du relèvement. Et c’est Hiram, en outre, à qui désormais
appartiennent « le coeur qui sut garder tous les secrets, la langue qui ne les a jamais
révélés ».
Retenons pour l’instant que le caractère composite du personnage d’Hiram
apparaît ici sans équivoque. La légende d’Hiram est une synthèse tardive de
plusieurs récits légendaires dont l’ancienneté ne nous est, du reste, pas connue. La
légende des trois fils de Noé, compte tenu du rôle que joue ce personnage dans
l’histoire traditionnelle du Métier des Anciens Devoirs, de même que la version de la
vie d’Hiram, sont tellement conformes aux plus vieux textes de la tradition
maçonnique anglaise, qu’on peut fortement suggérer, sans naturellement pouvoir
l’affirmer, que toutes deux faisaient sans doute partie d’un légendaire assez ancien,
propre au Métier.
Quoi qu’il en soit, il est établi qu’en 1726, nous avons la preuve documentaire
de réception à un troisième grade à Londres . Cette légende majeure de la tradition
maçonnique nous montre surtout dans quelle complexité se trouve enfouie, sous
l’apparente simplicité du récit, ce que la maçonnerie transmet depuis 275 ans.

Une transition majeure ?


Déjà en 1691, un pasteur écossais, Robert Kirk définit la maçonnerie
comme « une sorte de tradition rabbinique en forme de commentaire sur Jackin et
Boaz, le nom des colonnes du temple de Salomon ».
La Maçonnerie est alors simple, ce qui ne veut pas dire qu’elle n’est pas riche,
et semble structurée par les deux colonnes du Temple de Salomon. C’est une
Maçonnerie sans légende. En ce sens le grade de Maître a bien introduit une
innovation au moins aussi considérable que la formation d’une Grande Loge dès
1717.
On peut entrevoir sans difficulté qu’elle a été savamment élaborée pour orner
une maçonnerie d’un genre nouveau, plus subtil, plus sophistiqué. Apportant dans les

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rituels le même raffinement littéraire, biblique et légendaire pour tout dire, qu’avait
apporté Anderson lui-même dans la réécriture complète de l’Histoire du Métier à
laquelle il s’était livré, pour le compte de la Première Grande Loge, à peine quelques
années plus tôt .
On peut affirmer que cette légende constitue certainement dans l’histoire de la
première Maçonnerie spéculative, une transition majeure. À la différence des
légendes du Métier, plus ou moins modifiées au gré des transmissions, la légende
d’Hiram traduit en revanche une volonté, et c’est un fait radicalement nouveau. Elle
résulte d’une démarche consciente et calculée visant à l’élaboration de contenus
renouvelés, au service d’une vision différente de l’institution maçonnique.
Toutefois l’histoire, comme bien souvent, en vint à transcender ses acteurs qui
s’en croient trop volontiers les auteurs. La légende d’Hiram, sa mission accomplie, le
nouveau grade de Maître mis en oeuvre et imposé peu à peu, se mit à vivre de sa vie
propre, incontrôlable et imprévisible. Elle créait un concept nouveau, promis à un
destin fabuleux, et qui devait se décliner à l’infini dans les hauts grades dont elle fut
le modèle fondateur.
On voit en effet sans difficulté la faille de ce schéma : il faudra bien retrouver
le mot perdu et remplacer l’architecte, voici de quoi écrire cinq ou six autres
légendes et autant de nouveaux grades. Si la maçonnerie se lança aussitôt, et pour
plusieurs décennies, dans une prodigieuse et parfois folle entreprise créatrice de
grades à la recherche de la Parole perdue, n’est-ce pas simplement parce que les
auteurs de la légende fondatrice l’ont construite comme un récit ouvert et inachevé ?

2 - Approche symbolique

Hiram Abi est peu à peu devenu le personnage essentiel des rituels
maçonniques. Lors du passage à la maîtrise, la loge met en scène un véritable
psychodrame dans lequel le compagnon, futur maître, joue le rôle d'Hiram assassiné,
enseveli et retrouvé par d'autres maîtres. En effet, Hiram aurait été tué par trois
mauvais compagnons qu'il considérait comme indignes de recevoir les secrets
essentiels constitués par certains mots, signes et attouchements qui donnaient accès à
la maîtrise.
Les motivations de l'assassinat sont d'abord vénales. Les nombreux ouvriers
employés à la construction du temple disposaient tous de signes de reconnaissance et
de mots secrets qui permettaient à chacun d'eux de recevoir le salaire attribué à sa
classe ou à sa corporation. Arracher par la force le mot sacré des maîtres ne pouvait
que favoriser une promotion imméritée, de la seconde classe vers le sanctuaire du
temple, la fameuse chambre du milieu où les maîtres prenaient directement les ordres
d'Hiram. Le forfait accompli, les mauvais compagnons ensevelissent le cadavre qui
sera découvert par les maîtres, envoyés par Salomon, grâce à la branche d'acacia que
les traîtres avaient planté sur sa tombe.

Le personnage d'Hiram apparaît dans la spéculation maçonnique du 18e siècle,


au sein de loges soucieuses de créer un rituel sur le thème des bâtisseurs

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primordiaux. Anderson souligne le deuil profond qui suivit la mort du maître Hiram
« La forme de la loge est un carré long, de la forme de la tombe du maître Hiram. ».
La mort du maître en loge est symbolique. Et le retour des maîtres vers Salomon est
bien la preuve de la présence de l'architecte dans chacun des nouveaux maîtres, qui
prolongent ainsi l'idéal maçonnique.

Hiram symbolise l'homme juste et vertueux mis à mort à cause de la violence


des passions humaines. Les mauvais compagnons personnifient l'ignorance, le
fanatisme intolérant et l'ambition. Ils ne triomphent pas puisque les maîtres, nourris
de l'enseignement essentiel, se remettent au travail et poursuivent la construction du
temple. La dernière partie de la cérémonie d'élévation à la maîtrise met fortement
l'accent sur le fait que l'architecte ne meurt pas, mais qu'il renaît et vit dans chacun de
ses disciples.

Il y eut aussi par la suite, en mémoire d'Hiram, des vengeances, violences et


exactions accomplies entre Compagnons du Tour de France. Certains d'entre eux
poursuivaient d'une haine tenace les compagnons de métiers soupçonnés du
descendre en droite ligne de mauvais compagnons, assassins d'Hiram. C'est ainsi
qu'au 19e siècle, les « Enfants de Salomon » ont affronté « les Bons Enfants de
Maître Jacques ou les Bon Drilles du Père Soubise » dans des rixes sanglantes qui
étaient toujours des prétextes à venger Hiram et à châtier sa descendance. Les
compagnons menuisiers portaient alors des gants blancs pour signifier que leurs
mains n'avaient jamais trempé dans le sang d'Hiram, et ils se nommaient eux mêmes
« chiens », sans aucun cynisme, pour rappeler que cet animal, selon une autre
légende, aurait découvert sous des gravats le corps de l'architecte du temple. Agricol
Perdiguier, dans « Le Livre du Compagnonnage », ne fut pas étranger à la
réconciliation des compagnons et il contribua à une lecture plus paisible et plus
spirituelle du mythe fondateur.
Le mythe d'Hiram, par sa puissance et sa beauté, n'a pas manqué de nourrir
l'imaginaire de romanciers et de poètes. C'est ce rituel de passage à la maîtrise que
traduit Goethe dans un poème de 1814, intitulé Nostalgie bienheureuse, dont le
dernier quatrain se termine par une exhortation à abandonner les ténèbres : « Meurs
et deviens ! ». La légende d'Hiram est aussi rapportée par Gérard de Nerval, dans un
long chapitre de son Voyage en Orient. Dans le chapitre intitulé « Makbénach », il
plonge le lecteur au coeur du drame fondateur en décrivant l'assassinat de l'architecte
par les trois compagnons félons et la mise au point d’un nouveau mot de passe de
maîtrise, le précédent ayant pu être arraché par la violence. « Makbénach » serait le
premier mot, devenu mot de passe, prononcé par l'un des compagnons fidèles lors de
la découverte du cadavre. Nerval termine ainsi la page en soulignant « l'importance
de ce mythe fondateur et la postérité d'Adoniram resta sacrée pour eux; car
longtemps après encore ils juraient par les fils de la veuve ».

3 – Approche psychologique

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Si le 21eme siècle a su faire un bond prodigieux dans la connaissance de
l’homme, il me semble opportun d’avoir une approche de la franc maconnerie en
s’aidant de nouveaux outils que sont : la psychanalyse et la psychologie afin de
repondre à cette question fondamentale : « Comment le travail sur le symbolisme
parvient-il à modifier notre psychisme dans le sens de la libération de l’individu ?

Les trois mauvais Compagnons sont allés jusqu'au meurtre réel. Ils sont arrivés
à un point de non retour: le père mort, toute identification, tout rachat de la
culpabilité devient quasiment impossible. Le génie de nos Frères fut alors de
dissocier les héros du mythe d'Hiram : d'une part les trois meurtriers sont livrés à leur
destin et leur carrière s'achèvera dans les supplices ( voir les grades de vengeance).
D'autre part, l'aspect positif de ces compagnons va être dissocié et porté sur un autre
compagnon : le candidat.. Cette association nous rappelle le complexe d’Oedipe où
le même personnage assume le meurtre, le renoncement et l'identification au père.

Pour que les choses soient bien claires dans les esprits des Frères et du
candidat, le début de l'élévation va insister sur l'innocence de ce dernier, le Très
Respectable vérifie soigneusement qu'il n'a pas trempé dans le forfait. A partir de cet
instant le chemin ouvert par le bon compagnon pourra prendre la relève de l'histoire
des trois mauvais Frères.
Cette première substitution assure une évolution normale du complexe
d'Oedipe. Il va y en avoir une seconde : lorsque, le candidat devenu Hiram pendant
les trois voyages, va se relever dans la peau d'un Maître : «Le juste renaît dans ses
disciples».
C'est donc avec le systeme très ingénieux de deux «décrochages» successifs
que le Compagnon va sortir du complexe d'Oedipe. Les deux symboles, celui de
l'acacia planté droit sur le tertre, et celui du relèvement du corps, évoquent en
maçonnerie, comme leurs équivalents dans d'autres traditions le principe qui
maintient l'unité et l'ordre.

L’identification au père inaugure le règne de la Loi contre les forces de


désagrégation et d'engloutissement. La devise : «Ordo ab chao» traduit exactement
la symbolique de la renaissance dans Hiram, dans le père. La Franc-Maçonnerie ne
fait pas les choses avec tiédeur, la cérémonie d'élévation doit être dense s'il s'agit
d'amener les Frères à revisiter le complexe d'Oedipe. Nous avons vu que le désir de
meurtre, au début du processus, s'accomplissait. A la fin du processus, l'identification
va, elle aussi, jusqu'au bout: le Compagnon ne se contente pas d'admirer et d'imiter
Hiram Abi ; il devient Hiram lui-même.

Le message a une force dont on doit mesurer vraiment la portée. Que nous
enseigne la renaissance d'Hiram dans ses disciples ? Cette chose terrible : «Il faut
que le père meure pour que le fils vive !». Terrible parce que l'Occident chrétien s'est
structuré sur le dogme inverse. Ne prétend-il pas en effet: «Il faut que le fils meure
pour mériter le père !». La Franc-Maçonnerie, quand on réfléchit profondément à

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son message, inverse les perspectives, ouvre les champs de la liberté. Ce message du
sacrifice du père irrigue les loges de perfection pour s'épanouir avec le 18e degré.

Ce processus instaure la possibilité de vivre en société et de canaliser


l'agressivité père-fils : elle est sublimée dans l'action et la réalisation sociale, faisant
la place à la fraternité. Or il s'agit là d'un des buts de la Franc-Maçonnerie. Le mythe
d'Hiram alimente donc la nécessité de la fraternité. Le Compagnon accepte de
mourir: c'est une condition pour qu'il renaisse dans la fraternité de la Chambre du
Milieu: y siègent les pères-frères unis par le ciment de l'amitié; l'agressivité est alors
dispersée.

C'est sans doute la raison pour laquelle, les Maçons prétendent que, dans une
Chambre du Milieu : «On peut tout se dire». Ce serait possible si tous les Maîtres
étaient empreints de la sagesse qu'appelle leur degré. Hélas ! Trop souvent, fortes de
cette belle parole, les Chambres du Milieu sont le lieu de remises en place, de
règlements de comptes de nature profane. «Tout se dire» n'implique pas de ne rien
dire de bienveillant ou d'agréable, pas plus que cela n'entraîne la critique et la
condamnation de l'autre.

Ainsi chaque élévation à laquelle assiste un Initié réveille en lui l'amour du


père, pour Hiram et, par là, pour tous les Vénérables Maîtres des colonnes. Aussi est-
il souhaitable que les Maîtres se régénèrent régulièrement en participant à cette
cérémonie. L'amour pour le père doit être constamment revigoré, sous peine de céder
sous la poussée de la rébellion contre le rival qu'il est aussi. Le R.E.A.A. a bien
compris cette fragilité et les degrés suivants renforceront cet enseignement.

Bibliographie

• « Hiram et ses frères ; une légende fondatrice » par Roger DACHEZ


• « l’éveil de l’initiation au maitre » par Jacques FONTAINE
• « La république universelle des francs macons » par Pierre Yves
BEAUREPAIRE
• « l’encyclopédie de la franc maconnerie « en livre de poche

Nice le 20 mai
J’ai dit
jpm

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