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Dans son ouvrage, intitulé "Le Maître", notre Frère Oswald Wirth écrit que la
maîtrise ne saurait se conférer d'emblée, qu'elle est une suite logique des progrès
précédemment accomplis, et qu'il faut posséder à fond tous les grades inférieurs pour
aspirer aux suivants. Cette remarque de l'auteur est confirmée, lors de l'initiation au
4ème degré, quand le Vénérable Maître néophyte, dépouillé de tous ses insignes, est
introduit dans le Temple de Salomon, les yeux couverts d'un voile transparent sur
lequel est fixée une petite équerre d'argent; il redevient à cet instant presque comme
un apprenti, malgré toutes les connaissances maçonniques acquises lors des degrés
précédents.
Par l'initiation au 3ème degré, le nouveau Maître apprend le sort que les trois
mauvais Compagnons ont réservé à l'architecte Hiram. Il découvre le récit de la mort
de celui-ci, mais pour autant de nombreuses questions se posent à lui : Qu'est devenue
la parole perdue ? Que sont devenus les meurtriers ? Où et comment enterrer sa
dépouille dans la dignité ? Comment remplacer l'Architecte ? Quand et comment
terminer la construction du Temple ? Toutes ces questions restent sans réponses au
3ème degré, comme si le grade de Maître avait été, à dessein vidé d'une partie de sa
substance.
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cœur d'une dramaturgie à épisodes dont les étapes successives se complètent les unes
par rapport aux autres.
Le passage au 4ème degré constitue pour lui cette nouvelle action, bien au-delà
de son dernier voyage initiatique qui lui a conféré le statut de bâtisseur accompli.
Lors de son passage par les trois premiers grades, il a appris à se servir des
outils pour tailler les pierres, tracer les plans et assembler les matériaux, en vue de
construire un Temple au profit de l'Humanité. II possède l'initiation artisanale et
manie l'Equerre avec justesse et précision.
Chez les bouddhistes le ciel du Stûpa est construit sur le carré de la Terre. Au
dessus viennent les degrés de la réalisation spirituelle. Pour les Francs-Maçons,
comme pour les bouddhistes, les moyens de réalisation et de sagesse s'enchevêtrent et
s'unissent sur la même voie.
Le Compas tournant sur sa pointe, pour revenir à son point de départ, a aussi
symbolisé le cycle de l'existence et la raison d'exister. On peut noter, par ailleurs, que
conformément à au symbolisme du cercle et du carré, il est plus spécialement en
rapport avec la détermination du temps, tandis que l'Equerre avec celle de l'espace.
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Dans le symbolisme occidental, comme d'ailleurs dans le symbolisme chinois, le
Compas et l'Equerre évoquent respectivement l'esprit et la matière, le ciel et la terre,
le soleil et la lune, l'énergie active et passive. En passant de l'Equerre au Compas, et
grâce à celui-ci, le Maître Secret a pu tracer la voûte céleste et s'élever au dessus du
monde matériel dans lequel son statut de bâtisseur l'avait confiné.
La recherche du mot est, pour le Maître Secret, une invitation à violer les
profondeurs de sa conscience. C'est en faisant cette introspection intime que le Maître
Secret doit trouver le sens de son initiation au 4ème degré. Puisqu'il sait construire le
Chef d'oeuvre il a maintenant le devoir de dire comment faire à ceux qui sont en
quête de savoir. Il doit être sûr de ne pas se tromper lui-même car le mental d'un
individu est suffisamment habile pour lui faire passer un mal pour un bien. N'a-ton
pas trop souvent intérêt à rester dans l'illusion ?
Aussi il lui faudra beaucoup de courage pour mettre en cause son sentiment
intérieur; mais le faire, c'est porter une accusation grave à son autonomie de
conscience morale et, dans ce cas, que lui reste-t-il pour juger du Bien et du Mal ?
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Rien d'autre que la capacité de jugement de sa propre Raison. Il doit être sa
propre lumière et, ce n'est qu'éclairé par elle, qu'if peut poser [es problèmes moraux
en termes de Devoir. L'acte moral doit se situer sur le plan de la recherche d'un bien
universel et non d'une satisfaction personnelle.
Agir par Devoir, c'est agir non pas en prenant en compte ses intérêts
personnels, mais en voyant chaque fois ses actes sur un plan universel. Le Devoir
devient alors pour le Maître Secret, comme pour tout individu, le respect pur et
simple de la loi morale. Il ne s'agit plus de se demander où est le Bien et où est le
Mal, mais de faire ce que le Devoir exige. Le Devoir s'impose à lui comme un
impératif catégorique sans autre justification que lui-même et sans aucun bénéfice en
retour. Il s'agit d'obéir à une injonction intime, et non de vouloir comprendre ou
d'essayer de calculer. La Droiture de l'Homme repose sur le respect de ses principes,
sur sa bonne volonté et sur la pureté de ses intentions. Et, c'est en s'imprégnant de la
Sagesse puisée dans le Saint des Saints que le Maître Secret doit savoir si sa
conscience est suffisamment pure et son action désintéressée. L'intérêt personnel du
Maître architecte assassiné eût été, pour sauver sa vie, de trahir le Secret, en dévoilant
le Mot Sacré aux mauvais Compagnons. C'est parce qu'if fit preuve d'abnégation,
avant tout, qu'if fut assassiné.