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(Pour se débarrasser de l’emprise néfaste des livres, des concepts et des pensées)
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compris le subitisme du zen dans son essai L’empire des
signes. On se doit de comprendre, précise-t-il, « que les
signes sont vides » ce qu’affirment précisément les
textes zen. Mais Demiéville non seulement ignore la
sémiologie mais il affirme étourdiment que zen vient du
sanscrit Dhyâna, méditation. Lourde erreur philologique
(mais ce n’est pas la seule) car le zen ne vient pas du
sanscrit Dhyâna mais, du pâli Djâna, absorption subite.
Le pâli était une langue parlée autrefois aux Indes et
c’était justement la langue du Bouddha historique. C’est
à la disparition du pâli, vers le cinquième siècle de notre
ère, que le mot pali Djâna fut traduit erronément par le
terme sanscrit Dhyâna, méditation. Bodhidharma ne se
soumit pas à cette tragique modification linguistique.
Bodhidharma choisit donc de partir en Chine enseigner
le Djâna subitiste du Bouddha, qui est l’inverse de la
méditation par les textes, Dhyâna. Le mot pâli Djâna, à
partir donc de Bodhidharma, a donné la prononciation
chinoise Tchanna (la dentale chinoise T se substituant à
la dentale pâli D) puis, par apocope, Tchanna se réduisit
à Tchan, caractère qui se prononce zen en japonais.
Demiéville ne peut comprendre le subitisme de
Bodhidharma, de Houei neng, de Matsou puisqu’il croit
que zen signifie méditation. Il ne connait pas non plus
L’empire des signes de Roland Barthes qui justement
distingue très précisément la méditation intellectuelle
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Dhyâna du subitisme zen Djâna. Lacan avait
Demiéville pour professeur de chinois, mais lui,
dépassant sans conteste son maitre, savait pertinemment
que le subitisme est l’inverse de la méditation
intellectuelle parce que, psychanalyste, il savait que
l’inconscient relève du subitisme : Quand on fait un
lapsus, un rêve ou un acte manqué, c’est immédiat et
non pas réfléchi, calculé ou raisonné. De plus, le
système inconscient est structuré de la même façon que
les sinogrammes chinois : « idéogramme, pictogramme
et phonogramme » lesquels correspondent à
l’inconscient (le phonogramme), l’imaginaire (le
pictogramme) et le symbolique (l’idéogramme). Mais
Demiéville ne sait pas compter jusqu’à trois. Ce qui est
un sérieux handicap pour des textes qui ne relèvent pas
de l’ontologie mais de la pulsation temporelle,
autrement dit l’inconscient. Lacan ouvre son séminaire
en assimilant le zen subitiste et l’inconscient de la
psychanalyse qui comme le zen ne s’exprime que
subitement (Les Ecrits techniques de Freud, p. 9) : « Le
maitre (de zen) interrompt le silence assourdissant de la
métaphysique ordinaire et de ses dérives dans la
pathétique banalité de nos existence, par n’importe quoi,
un sarcasme, un coup de pied… ». Cette méthode qui
dénie toute forme de méditation intellectuelle ou de
réflexion métaphysique caractérise le zen. Le maître
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Matsou (l’aïeul subitiste de Lin tsi) tordait le nez, tirait
les cheveux, donnait des coups de bâton où des coups de
pieds dès qu’on émettait des explications discursives
concernant le Bouddhisme. Lin tsi comme lui utilisait la
gifle et le bâton mais il est connu pour être le virtuose
sinon le créateur du « khât » qui est une sorte
d’aboiement destiné à rompre tout propos qui ne relève
pas de Djâna, l’absorption subite. Comme dit Lacan,
« l’inconscient ça cogne ». Le khât est une éructation
qui prononce le kh comme l’ach allemand avec en finale
un t implosif. Le khât est l’exemple type du signe vide
sémiologique qui produit une scansion, un
désarçonnement, un déplacement dans le vide sans
lequel tout savoir discursif est condamné à rester
ontologiquement aveugle et muet, enlisé dans le lieu
même d’où il parle. C’est à partir du khât, signe
phonétique du vide, que l’on doit traduire Les entretiens
de Lin tsi, parce que si on les traduit à partir seulement
des idéogrammes, les autres signes qui les composent ne
se réfèrent plus qu’au principe ontologique que dément
justement par principe le zen. Il n’y a plus que des
situations obsolètes voire incompréhensibles et qui font
perdre l’efficience de la parole de Lin tsi. La chose
s’aggrave encore si, comme Demiéville et consort, on
confond Djâna, l’absorption immédiate, le zen de
Bodhidharma, avec le Dhyâna de la méditation
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discursive, qui est le Bouddhisme des textes. La
compilation de Demiéville ne se constitue donc pas une
œuvre historique mais un travail d’hystérique, c’est-à-
dire une production de savoirs mais qui dénie toute
jouissance. La plupart des chapitres que Demiéville
présente sont redondants avec un abus de notes qui
obscurcissent la parole de Lin tsi et lui font perdre son
message spécifique. Demiéville, sans doute, doit avoir
dans son bureau une statue de Bouddha dont il peut
nous parler de sa provenance rare et de la date de sa
création. Il l’admire, la regarde mais il ne voit pas ce
qu’elle montre depuis toujours : la posture de Bouddha
est le nirvana lui-même ou l’absorption subite du zen (le
djâna). Il ne la voit pas, pas plus que les textes ne le lui
font entendre. Il est sourd et aveugle au subitisme. S’il
avait quelque curiosité philologique il pourrait se
demander que signifie Bouddha, Le mot vient de la
racine verbale « budh » qui signifie « éveillé », mot dont
la racine est « weg » qui signifie « vigueur », « force
vitale », et si l’on se demande qu’est-ce que la force
vitale », bien obligé de dire que c’est le sexe. D’où la
conclusion : Bouddha signifie bander. On comprend que
le Bouddha sourit tout le temps, il est en permanence
dans la jouissance. C’est que le nirvana est la jouissance
et le désir la souffrance puisque par définition le désir
ne désire que ce qu’il n’a pas. Si l’on veut redonner son
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sens au Bouddhisme zen il est indispensable d’abord de
ne plus traduire zen par méditation spirituelle mais par
absorption qui signifie jouissance et ensuite ne plus
déformer et enterrer les propos du zen sous un fatras de
notes obscures, obsolètes et inutiles, c’est-à-dire, en
clair, retraduire Lin tsi selon la sémiologie de Roland
Barthes qui prend réellement en compte la dimension du
khât sans signification, typique de l’enseignement de
Lin tsi valorisant au vide sans lequel on ne saurait
prendre quoi que ce soit et donc sans lequel il n’aurait
pas de jouissance possible.
Wu shin et Wu nien sont les deux concepts
fondamentaux du zen. Classiquement on les traduit par
« sans émotion », Wu shin, et par « sans penser », Wu
nien. Mais qui dit classique dit aussi sans le dire tout en
l’affirmant davantage l’idée de moderne par opposition
à classique (chaque face a son dos que l’on ne peut
distinguer que par le vide qui les sépare). Ainsi Wu shin
peut être lu et traduit autrement et l’on peut s’autoriser à
dire et penser que Wu est le vide et shin le cœur. Le
cœur est symbole universel d’Eros. Ce qui fait que Wu
shin signifie en droit et en fait : le vide amoureux, c’est-
à-dire un vide jouissif, orgasmique, nirvanique qui n’est
pas anéantissement, manque ou repos mortel mais une
é-motion, littéralement un mouvement hors de soi un
non-lieu qui « précède ses bords » (et la jouissance,
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enseigne Lacan, est une question de bord,) où se dilue
toute compacité et engorgement qu’est l’être, autrement
dit, l’extase, l’orgasme suprême ou nirvana. Il en va de
même pout wu nien qu’on lit classiquement « non
penser » mais en lecture moderne, « vide pensant », car
le vide n’est pas une pensée négative le manque de
quelque chose, mais ce qui fait qu’on peut prendre
pratiquement les choses, donc ce qu’il a de plus créatif,
parlant, transmutatif, subit et jouissif. Chose curieuse
pour nous occidentaux, les deux traductions, classique
et moderne, ne présentent aucune difficulté ou
transgression pour la langue chinoise. Sans le vide on ne
distinguerait pas le Bien du Mal ni le subitisme du
gradualisme ni Dhyâna de Djâna. Sans le vide, qui est
forcément le par-delà Bien et Mal, pas de mouvement,
pas d’absorption, pas de subitisme. Si le vide, amoureux
et pensant, est aussi créatif dans le zen on comprend
l’importance du khât sans signification de Lin tsi qui a
pour fonction de nous ramener d’un coup à l’efficience
de ce vide.
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Les entretiens de Lin tsi
(Traduction sémiologique)
PREMIERE PARTIE
Les Prédications
I
A. Un jour, Le gouverneur Wang, qui portait le titre
de conseiller ordinaire de l’empereur, demanda à Lin
tsi, pour lui et ses fonctionnaires, de faire un exposé
sur le Bouddhisme zen. « Je ne puis faire autrement
que d’accepter, dit Lin tsi, compte tenu du respect
qu’on doit à vos éminences, mais concernant ce sujet
si je m’en tiens à la tradition de notre lignée de
patriarches et de disciples depuis Bodhidharma je
n’ouvrirais simplement pas la bouche et nul ne saurait
où mettre le pied. Mais comment faire pour répondre
à la demande de Monsieur le conseiller ordinaire sans
se désavouer ? Il suffit seulement de solliciter quelque
savant général pour qu’il dispose ses troupes et
déploie les étendards de ses connaissances sur le
Bouddhisme pour que chacun comprenne alors qu’il
ne s’agit là que du compliqué, du méditatif et du
gradualisme et non pas de la pratique réelle du
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subitisme originel. Il n’y a pas de meilleur
témoignage qu’un contraste.
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par ignorance du vide, que vous posez des questions,
on en finira jamais avec cette attitude. Je vous salue.
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« Les nœuds de sang, de chair et d’os qui forment votre
corps sont animés par un invisible Bouddha sans but et
sans affaires» qui entre et sort sans cesse par tous les
trous qui vous constituent ». « Voyons un peu ceux qui
n’ont pas encore témoignés », dit Lin tsi. Un moine
demanda alors : « Qui est donc cet invisible Bouddha
sans but et sans affaires ? ». Lin tsi se leva de son zafu et
empoignant le moine l’immobilisa en lui ordonnant :
« Dis le moi, toi-même, dis le moi, idiot ». Le moine
resta silencieux. Lin tsi le lâcha et dit : « Le Bouddha
invisible sans but et sans affaires » ce n’est qu’un bâton à
nettoyer tes matières fécales. Puis Lin tsi se remit en
zazen sur son zafu.
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Demiéville ignore, ou pire, a oublié, que ce sont les
Bouddhistes qui ont inventé le zéro qu’ils représentaient par
un cercle vide. Vide sans figure, pré-ontologique. Demiéville
s’enlise, comme beaucoup d’occidentaux, dans les
hallucinations verbales de l’ontologie dont justement nous
délivre la pensée du vide tripartite de Lin tsi. Ce qu’illustre le
proverbe chinois : « L’âne (du passé) n’est pas de force contre
les trépignements (modernes) de l’éléphant ». On raconte que
la première transmission du zen se fit sur le Pic des Vautours
quand le Bouddha dit à ses disciples : Je vais vous montrer sur
ce Pic des Vautours l’essence de mon enseignement. Tous les
moines se rassemblèrent, mais le Bouddha ne prononça pas
une parole et montra seulement une fleur (organe sexuel et
symbole de la jouissance). Personne ne comprit. Seul
Mahakashyapa sourit. Mahakashyapa, annonça le Bouddha
peut désormais enseigner à ma place. Mahakashyapa est le
premier patriarche de la transmission du subitisme zen.
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L’anecdote la plus caractéristique des « instructions
collectives » est la 20b :
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La mort de Lin tsi
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