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Trois Fois Puissant Maitre et vous tous mes Frères Maitre Secret.

Du Maître au Maître Secret.

Comme je l'ai souvent exprimé dans cet atelier, après la Loge dite symbolique, nous accédons à la Loge de
Perfection, et non de perfectionnement, elle est dite de Perfection parce que le Maçon y est mis en contact
avec la Perfection, (Principe) nous entrons sur la voie qui mène à la Perfection, au monde de l'Esprit.

Comme la notion de « monde de l’esprit » peut être ambiguë si l'on ne s'entend pas sur sa définition, je vais
ici aussi brièvement et schématiquement que possible, donc de façon très incomplète, donner la conception
plotinienne des choses, qu'on peut bien entendu ne pas partager mais qui situera mon propos dans ce travail.
Les hauts-grades ont aussi été appelés degrés philosophiques : or, pour Plotin, c'est par la philosophie que
nous pouvons accéder à une réalité purement intelligible, ce qui n'est pas sans rapport avec la méthode
écossaise.

Plotin concevait les choses ainsi : pour lui, de l'Un, principe de l'Etre, hypostase*
première, émane la seconde hypostase, l'Intellect ou Intelligence Divine, monde des
idées, d'où émane à son tour la troisième hypostase, l'âme Universelle, intermédiaire
entre le monde intelligible et le monde sensible. Ces trois hypostases constituent le
domaine des réalités d'ordre divin. Au dessous d'elles, se place une quatrième
hypostase, émanée de l'âme universelle : la matière, indéterminée à la différence des
autres, et dépourvue de toute puissance.
Cette « descente » par émanations successives de l’Un à la matière est ce que Plotin
nomme ; la procession. L'âme est donc prisonnière de cette matière, de ce monde
manifesté dont il convient de s'échapper pour qu'elle retrouve son état originel de
contemplation jusqu'à parvenir à la vision de l'Un, atteinte dans l'extase. L'âme est
donc la partie, qui en l'homme, est à même de lui permettre de retrouver le chemin de
l'unité, en une remontée qui constitue la conversion.
* le terme hypostase « l'action de se placer dessous » en métaphysique désigne une substance fondamentale, un principe premier.

Cette notion du monde de l'esprit étant posé, Je vais essayer de montrer, d'une part la
continuité entre le 3ème et le 4ème degré, et d'autre part la discontinuité entre la 4ème et 3 ème degré. En somme,
il s'agit de mettre en évidence la charnière entre le 3ème et le 4ème degré du R∴E∴A∴A∴

Je vais essayer de montrer donc que la Loge de Perfection est totalement différente de la Loge Symbolique.
Le 4ème degré n'est pas un degré supérieur, ni même postérieur au 3 ème degré, mais c'est un autre degré où le
F∴ M∴ accède à un monde nouveau, tout à fait différent.

Cette prise de conscience de ce monde nouveau est très importante voire indispensable pour la suite du
cheminement initiatique. Tout maçon qui n'aurait pas fait ce travail sur lui, confondra toujours la lettre et
l'esprit. Et c'est ce qui engendre aujourd'hui la déliquescence de la Maçonnerie moderne qui se vide petit à
petit de son essence initiatique.

Le F∴ M∴ qui accède au 3ème degré, accède à la Chambre du Milieu et c'est en définitive cette idée qu'il
suffirait de développer.

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Ce terme de chambre du milieu est important ; il introduit le 4 ème degré. Accéder au « milieu » c'est accéder
en un lieu tel qu'il existe quelque chose avant et quelque chose après ? Et c’est après, c'est le 4ème degré

C'est dans ce « milieu », dans ce bouillon de culture qu'est le 3 ème degré, que se crée l'Esprit Écossais. C’est
sur ce pilier central qui va s'élaborer la suite de la voie initiatique.

Voyons rapidement notre candidat au 3ème degré ;

 Il est l'objet de la méfiance et même de la suspicion de ceux qui le reçoivent : drôle de réception.
 Il est introduit à reculons dans la chambre du milieu.
 Ce faisant, il passe sous l'Etoile Flamboyante, qui se trouve à l'Occident, alors qu'on lui avait donné
l'assurance qu'elle brillerait toujours à l'Orient.
 On lui fait enjamber un corps qui se révèlera plus tard être celui de son Maître Hiram. Ce faisant, il
quitte le plan du pavé mosaïque sur lequel il a évolué jusque là.
 Par la marche au dessus du corps, il passe de l'équerre au compas.
 Il subit le même sort qu'Hiram, victime des coups des trois mauvais C∴C∴ Il meurt, il est enterré, il
est recherché par neuf M∴ M∴ élus, son corps est retrouvé, il est relevé de la tombe par ceux qui l'y
avaient précipité.
 Entre temps, il y a eu perte de la Parole et substitution du mot.
 C'est alors que se produit cette chose miraculeuse et essentielle : ce n'est pas le corps en putréfaction
qui sort de la tombe, c'est le corps du Maître lui-même qui reparaît aussi radieux que jamais. C'est
cette Lumière, d'outre tombe pourrait-on dire, que le 4ème degré associera à «la Grande Lumière qui
commence à paraître ». Le Maître ainsi retrouvé aussi radieux que jamais, dans la Grande Lumière,
est placé à l'Orient qui est à la Loge Symbolique ce que le Saint des Saints est à la Loge de
Perfection. Et vous verrez que ce détail est important.

Développons tous ces points.

La marche à reculons a une signification précise : elle symbolise le retournement des valeurs, l'inversion des
valeurs du maçon qui a toujours progressé vers l'Orient. Il sort d'un monde qui finit parce qu'il atteint son
apogée pour entrer dans un monde qui commence. Ce monde qui commence est plongé dans les ténèbres
comme tout ce qui commence (Cf. la Genèse).

Le nouveau Maître devra acquérir l'enseignement du degré de Maître, il devra se parer des décors d'Hiram :
vaste chantier ! Mais, au plan de la réalité initiatique, et compte tenu de l'inertie acquise dans le mouvement,
dès qu'il est introduit dans la Chambre du Milieu, il est déjà dans la Loge de Perfection parce qu'il a inversé
les valeurs. Il y a un autre indice d'importance qui nous indique que le candidat est introduit dans un autre
monde ; il passe à travers l'Etoile Flamboyante, en fait sous l'Étoile Flamboyante. Ainsi non seulement, il
verra l'Etoile Flamboyante à l'occident, ce qui est une façon d'inverser les valeurs, mais surtout, il sera allé
de l'autre côté de l'Etoile Flamboyante, il aura changé de monde initiatique. C'est précisément ainsi qu'il
accède au Saint des Saints, alors qu'il en est encore séparé par une balustrade. Or, l'Étoile Flamboyante, est
le symbole de l'homme, de l'Homme initié.

Et qu'est-ce, ce passage par le symbole de l'homme initié ? Si ce n'est l'accès au monde qui n'est pas celui de
l'homme, mais celui de l'Esprit ?

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En passant à travers l'Etoile Flamboyante, l'homme quitte le chantier du physique et accède au chantier de
l'Esprit, dans un premier stade, ce chantier est le mental. Je vais ici ouvrir une parenthèse pour dire qu'au
second degré il est important de positionner l'étoile à la limite de l'orient dans l'axe orient occident ce qui
permet au nouveau Maître de mieux comprendre, lorsqu'il la verra à l'occident qu'il vient de la traverser et
où il se trouve dorénavant, je referme la parenthèse. (L’idéal étant devant le V∴M∴ de façon à apercevoir le Delta lumineux par
transparence, le Principe au cœur de l'Homme)

Ensuite, le candidat enjambe un corps. Par ce geste, il accède à la troisième dimension. Sans cet accès à la
verticale, au dessus du Pavé Mosaïque, le voyage ascensionnel ne pourrait pas se faire ; l'évolution dans
l'Esprit n'aurait pas lieu. Ce voyage se fait plus précisément selon la verticale du Saint des Saints, du Nadir
au Zénith du point central.

De plus, ce voyage ascensionnel se fait sur quelque chose de précis ; il se fait sur un cadavre, sur la ruine
d'un corps, sur une putréfaction. Saisissons ici mes frères toute la force de la signification alchimique du
terme. Ce premier pas se fait sur la ruine d'un corps qui va se révéler être celui du Maître. De même que la
construction du Temple de Jérusalem s'est faite sur la ruine du Premier Temple, et c'est ici sur la ruine du
temple du physique et du psychisme. (le plan psychique étant le domaine de la vie où se développe l'ego, le moi, c'et le plan de séparation
d'avec le réel)

Lors de la lecture de la légende, le nouveau Maître Maçon prend alors conscience que le corps enjambé
n'est pas un corps quelconque, ce n'est pas une putréfaction quelconque, c'est celle de l'idéal humain mené à
son paroxysme, au plus proche de la perfection du monde matériel.

On se rend compte, que si l'homme physique idéal n'est pas indispensable dans le nouveau chantier qui nous
attend au 4ème degré, c'est que cette première voie de l'évolution que nous venons de parcourir dans les 3
premiers degrés, menait à un seuil au delà duquel elle n'était plus évolutive. Donc cette voie n'était pas celle
de la perfection qui par nature est évolutive.

La voie de la Perfection est donc ailleurs, elle n'est pas dans la voie du perfectionnement physique. Il faut
bien voir que le meurtre qui est perpétré dans la chambre du Milieu, c'est autant le meurtre du Maçon ayant
terminé son compagnonnage que le meurtre du Maître qui est allé au bout de son art. Il y a ambiguïté
comme chaque fois qu'il y a quelque chose d'important à signifier.

En fait dans le tombeau d'Hiram, il y a substitution. Et d'ailleurs, le mot qui sera retrouvé sera le mot
substitué.

Dans la tombe d'Hiram, il y a meurtre et il y a naissance. C'est en fait un être nouveau qui sort de la tombe
d'Hiram, c'est un extraterrestre, c'est le corps de Gloire de l'Homme Adamique, de l'Homme Primordial, de
l'Adam Kadmon.

Pour résumer : il y a retournement, il y a passage par l'Étoile Flamboyante, il y a engagement dans la voie
de la verticalité, il y a prise de conscience de la putréfaction et il y a eu substitution dans la tombe d'Hiram.
Tout cela dans un seul but, de passer de l'équerre au compas. Il faut bien comprendre la valeur de cette
expression ; elle signifie évidemment que le Maçon passe de la matérialité à la spiritualité.

Mais quand le Maçon passe-t-il de l'équerre au compas ?

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Est-ce lorsqu'il passe au dessus du corps d'Hiram ? Puisqu'une une équerre est placée à l'occident de la
Tombe d'Hiram et un compas à l'Orient. Ou est-ce, quand il accède à la Loge de Perfection ? On précise bien
au Maître Secret que c'est en accédant à la Loge de Perfection qu'il est passé de l'équerre au compas.

En fait, je pense que du moment où le Maçon est passé de l'équerre au compas au dessus de la tombe
d'Hiram, il est virtuellement entré dans la Loge de Perfection. Il lui reste alors, à réaliser ses potentialités
initiatiques, ses virtualités par son travail au 3ème degré.

C'est ce dont on s’assure auprès des postulants au 4 ème degré. Ce qui explique la fermeté sur la
compréhension de ce 3ème degré auprès des candidats, car c'est lorsque ce travail aura été exécuté qu'on
pourra alors dire que le Maçon est passé de l'Équerre au Compas non plus virtuellement mais réellement.
Un candidat qui n'aurait pas effectué ce travail, serait entrainé par le poids de son équerre et se noierait dans
les remous des degrés suivants.

Après être passé de l'équerre au compas, le Maçon subit alors le même sort qu’Hiram. Un Maçon qui n'est
pas passé de l'équerre au compas ne peut pas être identifié au Maître. Il faut voir que ce n'est pas parce qu'il
est identifié au Maître qu'il passe de l'équerre au compas ; c'est parce qu'il passe de l'équerre au compas qu'il
est identifié au Maître, et seulement à ce moment là. Alors, par la Tombe d'Hiram, on accèdera à un monde
nouveau.

Ce monde nouveau commence sur chantier de la Loge de Perfection qui est celui de l'Esprit qui, comme je
l'ai déjà dit, dans un premier stade s'identifie à celui du mental.

Ce chantier est nécessairement précédé par la putréfaction physique dans la Loge Symbolique, putréfaction
qui impose un combat continuel avec son propre Ego. Il est vrai qu'on peut dire que le 3 ème degré contient
tout, mais uniquement si on se limite au plan psychique, c'est à dire au plan des émotions et des sensations.

Comme je l'ai fait au début de ce travail pour s'entende sur la notion du monde de l'Esprit, je vais en
quelques mots essayer de faire la même chose pour le plan du mental. Puisque le premier chantier du Maître
Secret se situe sur le plan mental. Définition que l''on peut bien entendu ne pas partager mais qui situera mon
propos dans ce travail.

La voie initiatique c'est le retour vers notre origine, l'incarnation c'est la descente de l'Etre dans l’humain, la
libération c'est la remonté de l'humain dans l'Etre. Cette remonté se fait par la voie de l'intériorité. La
découverte de l'intériorité est donc le dépassement du plan mental, ce qu'on peut appeler l'éveil dans d'autre
voie et qui est la fonction première de toute initiation.

Il existe dans tous les êtres manifestés un principe évolutif universel la Conscience, cette conscience
est le reflet de l'ETRE dans la nature humaine. Ce principe se manifeste dans la dimension mentale, mais sa
résidence, son lieu d'action en est le cœur. En réalité la conscience est la passerelle qui permet à la
dimension de l'Etre de modifier la structure mentale et de l'illuminer.

Cette conscience sera donc présente en permanence dans toute la composition de la structure
humaine, du plan le plus matériel (les 5 sens) au plan manifesté subtil des énergies (l'univers mental) et
évidemment assurera la sortie de ces dimensions pour passer dans le domaine supra humain, dans ce passage
la conscience s'annihile dans l'âme. En réalité la conscience est le seul et parfait moyen d'action de l'âme
dans les êtres manifestés.

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Définition de l'univers mental.

Le mental dirige l'univers corporel, et est sous la direction du spirituel, émanation de l'Etre. Cet univers
mental se compose de divers plans à savoir :

• Le plan du corporel avec ses cinq sens, ces sens ont des capacités variables et peuvent même
avoir des possibilités dites para normales.
• Le plan instinctif qui est une fonction liée directement au corporel et assure la survie de celui-
ci.
• Le plan psychologique qui est lié directement à l'expérience corporelle, il est le niveau subtil
du résultat de l'expérience.
• Le plan de nos mémoires immédiate et subconsciente, facteur d'enregistrement de
l'expérience vécue. (le subconscient permet de rectifier, de modifier nos rapport avec l'espace/temps, la difficulté réside dans le fait que notre
mental est enfermé dans un espace temps linéaire))
• Le plan psychique c'est le domaine de la vie intériorisée où se développe l'ego, le moi, c'est
par excellence le plan de la séparation d'avec le réel (à ne pas confondre avec l'intériorité).
• Le plan de la pensée rationnelle ou pensée discursive qui est la capacité à partir des facteurs
précédents d'analyser, de synthétiser et d'engager les actions nécessaires à la vie.
• Les facultés intellectives font aussi parties du plan mental, elles partent du support de la
pensée rationnelle, imagination, en résumé tous facteur de ce que nous nommons intelligence. Cette
intelligence est à la limite de nos deux natures. ( Elle participe exclusivement du corps mental, mais en tire une quintessence
(partie la plus subtile) qui est destinée à servir la conscience.)

Il est évident que l'ensemble de ces plans fonctionne dans une instantanéité et une interpénétration
qui fait que, tout simplement, ils ne nous sont pas perceptibles dans le cadre d'une vie où la conscience est à
l'état végétatif de l'homme non initié, ce que la symbolique définit comme le vieil homme.

Maintenant nous savons que le premier temple du physique, du plan corporel est inachevé au 3 ème,
nous savons que la partie inachevée se trouve dans le mental, nous avons donc tous les éléments nécessaires
pour parfaire cette construction dans l'édification d'un nouveau Temple

Donc, après avoir montré que le troisième degré était la face cachée du quatrième degré, il convient
de montrer que le quatrième degré est la face cachée du troisième degré. Si la progression est cohérente, il
faut qu'au quatrième degré se développent les potentialités du troisième degré, mais aussi, pour que la
progression soit réelle, encore faut-il que le quatrième degré ne soit pas identique au troisième degré.

Ce dernier point est très important : il faut que la coupure soit réelle entre le troisième et le quatrième
degré. Certes, il y a continuité en ce qui concerne le support mythique, mais il faut qu'il y ait un total
changement au plan pédagogique dans la façon de percevoir l'essence des choses au delà de leur substance.
Le support mythique reste le même puisque les degrés salomoniens continuent avec le mythe d'Hiram. Le
support initiatique reste le même puisque le R∴E∴A∴A∴ dispense une seule initiation en degrés
successifs. L'essence des choses reste la même, mais la façon de l'intégrer est différente. On doit travailler
au quatrième degré dans un état d'esprit totalement différent. Je le rappelle nous avançons dans le monde de
l'Esprit et plus particulièrement dans les premières steppes de ce monde.

Le Maître Secret est issu des Ténèbres, « mais les Ténèbres (la mort) ne l'ont pas saisi » (Prologue).
La loge du quatrième degré est tendue de noir, comme la chambre du Milieu, mais le M∴S∴ n’est plus dans
ces ténèbres, il n'est plus dans l'état de substitution où il était quand il s'est substitué à Hiram. Au quatrième
degré, on est intégré au principe et donc on se place dans la dynamique de l'évolution. C'est pour cela que

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l'on dit que le M∴ S∴ se place au départ d'une spirale ascensionnelle, dépouillé comme pour une nouvelle
naissance, tel qu'il était lors de son initiation au premier degré ; c'est d'ailleurs ce que lui dit le T∴ F∴
P∴M∴ : « Vous allez être comme un Apprenti dans la Loge du premier degré ».

Pour poursuivre dans cette voie de l'évolution, de même que l'initié au premier degré n'avait pas
besoin de ses métaux, de même il n'a pas besoin de son psychisme exacerbé, il n'a plus besoin de s'identifier
à cet homme parfait en tous les arts et tous les métiers, cet homme maître de toutes les émotions et les toutes
les sensations qu'était Hiram. Hiram, c'est bien le prototype de l'homme qui a maitrisé son Ego . Cet homme
doit provisoirement être abandonné. L'être renaissant, dans le Saint des Saints, dans ce lieu très éclairé, doit
désormais travailler sur son mental, sur la maîtrise de la verticalité accomplie.

Le rituel nous dit que le but apparent du quatrième degré est de remplacer notre Respectable Maître
Hiram-Abif par 7 Maîtres Experts qui sont admis au rang des Lévites. Il est clair que Hiram va être
remplacé par un groupe de 7 experts qui vont agir dans un autre domaine que lui de l'Art de bâtir. Ce groupe
de 7 experts, c'est le groupe des Lévites, c'est à dire le groupe de ceux qui ont approché (je ne dis pas atteint)
la Sainteté (la Shekina, la Présence de Dieu)

Les Lévites avaient la garde de l'Arche d'Alliance. Ils n'avaient aucune mission pouvant relever de
l'art de bâtir ; Ils vont agir dans le domaine de l'Esprit. Ce but est apparent, d'abord parce qu'un but peut en
cacher un autre et ensuite parce que cette action conduite vers le Saint des Saint n'est pas une conduite
extérieure, c'est une conduite intérieure que l'on pourrait qualifier, dans le langage ésotérique qu'utilise Saint
Jean, de nocturne.

Voyons rapidement le but apparent du quatrième degré

1- « En quel lieu sommes-nous ? Nous sommes devant le Saint des Saints.

Le Saint des Saints est en l'Homme lui-même ; c'est la Lumière que vous portez en vous, dit le
rituel.

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2 - Etes vous Maître Secret ? Oui, je m'en glorifie. J'ai été reçu sous le laurier et l'olivier en passant de
l'équerre au compas.

Vous savez très bien tout ce que comporte, de sens ce « Oui, je m'en glorifie ». Il faut garder présent à
l'esprit ce qu'est la glorification au sens spirituel et liturgique (la gloria des religions). Je noterais simplement
cependant que couronner dans le cadre de cette glorification, le néophyte du laurier et de l'olivier prémices
de succès futurs, montre que le M∴S∴ n'est plus voué à la purification, mais à la marche vers la Vérité (et la
paix ; le shalom hébraïque). L'olivier est prémices de Sainteté et le laurier de victoire. Les deux réunis sont
prémices de victoire dans la marche vers la sainteté et qui plus est les deux réunis en une couronne sont,
symboles de victoire sur soi et de paix acquise par l'accès à une vie intérieure.

C'est dans la pensée pure que l'Esprit va accomplir l'Œuvre. Ce passage sous le laurier et l'olivier se fait en
passant de l'équerre au compas, non plus potentiellement comme au troisième degré, mais réellement. Cela
signifie que les succès futurs du M∴ S∴ seront obtenus s'il se consacre à la quête de sa vérité intérieure, dans
le cadre de la vision de l'Univers, en s'élevant au dessus de la surface de la terre. C'est cette élévation
qu'annonçait le premier pas dans la verticalité au dessus de la Tombe d'Hiram.

Il faut voir qu'au quatrième degré, le compas n'est plus associé à l'équerre ; la traditionnelle association des 3
Grandes Lumières symboliques n'a plus cours. Le compas est libéré de son association avec l'équerre.
L'Esprit est libéré de sa matérialité, donc le compas peut opérer seul. Au quatrième degré, il y a libéra tion
de l'esprit.

3 - «J'ai vu le tombeau de notre Maitre Hiram-Abif et j'ai versé des larmes sur ce tombeau».

Pourquoi verser des larmes ? C'est très précis. C'est là l'état d'esprit de celui qui est sorti des Ténèbres, qui
est sorti du deuil dans lequel il se complaisait.

La Loge de Perfection est parée de tentures noires parsemés de lames blanches. Ce symbolisme nous
indique que le M∴ S∴ ∴ doit se garder des excès du psychisme, des attitudes ostentatoires, des vrais
désespoirs comme des enthousiasmes débordants. Il n'oublie pas qu'il est issu de la putréfaction, mais il
verse de belles larmes sur la tombe de cette putréfaction et il continue sa voie. Remarquez que ces fameuses
larmes, ici, en Loge de Perfection, on les affiche sur le mur. C'est significatif. Cela marque, d'abord, qu'elles
sont désormais étrangères à nous-mêmes, à notre individualité

4 - « L’éclat du jour a chassé les ténèbres ».

Le rituel résume d'une phrase le passage des Ténèbres à la Grande Lumière. Des larmes, qui sont le tribut
payé au psychisme à la liberté de l'Esprit ; la vraie liberté ne consiste pas à se libérer du passé, mais de
l'avenir. Le passé est utile, le connaître est une force, si on en tire les leçons. Par contre, le futur doit être
libre de toute sujétion, il faut que rien ne s'y oppose, si l'on veut pouvoir le piloter selon notre volonté et
conduire notre propre évolution.

5 -« Que vous a-t-on appris , à être obéissant et à rester fidèle»

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L'obéissance n'est pas une marque de servilité, c'est la volonté délibérée de se placer au service d'un idéal
qu'on estime noble, au service de quelque chose de plus grand que nous, qui nous englobe et nous
transcende. Ce quelque chose de plus grand que nous, c'est l'Ordre. L'Ordre n'est pas de conception
humaine, ce n'est pas une pyramide sociale.

La fidélité, c'est intégrer dans le présent de l'obéissance, les émotions et les sensations du passé.

Le Maitre Secret, cet homme nouveau qui s'engage dans l'évolution spirituelle consciente a une obligation
absolue ; celle du Devoir. Pas le devoir qu'on associe au droit du monde profane, mais un Devoir
d'alignement avec la Vérité, avec la Loi unique et multiple, un Devoir d'intégration à la réalité spirituelle.

De même que l'alliance, l'allégeance du Maître secret suppose, au delà de l'attachement par un serment, qu'il
y a une unité spirituelle entre les parties, entre le M∴S∴ et l'Ordre. Ce lien a un caractère particulier qui le
distingues des serments prêtés en loge symbolique qui eux sont d'ordre essentiellement moral.
J'en resterais là pour ce qui concerne le 4 ème car cette planche est déjà trop longue et d'autre part mon propos
n’est pas de parler du 4ème mais bien de la charnière entre le 3ème et 4ème

Ces réflexions que je viens de partager avec vous ne constituent pas un travail exhaustif et encore moins un
moule dans lequel on pourrait entrer, Je me garde bien d’affirmer quoi que ce soit, je me contente de
partager ma vision des choses ! mais je pense quand même que certains points relèvent de l'essence même de
ce degré et ne peuvent pas faire l’objet d'interprétions personnelles. Je suis sûr que vous aurez fait la
différence.

J'espère qui nous aurons pris conscience de l'extraordinaire richesse de ce degré charnière et que vos
réflexions personnelles permettront "à la Lumière placée à la portée de tout homme qui veut ouvrir les yeux
et qui veux regarder" d'éclairer cet atelier.

J’ai dit T∴F∴P∴M∴

Ph  D 2016

La philosophie de Plotin (205 - 270 ap. J.-C.) est un idéalisme et ressemble beaucoup au concept platonicien de la participation, "une chose
procède de ce dont elle participe et inversement."

L'intégralité de ses écrits a été publiée, par un disciple fidèle, Porphyre de Tyr, dans les Ennéades.

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