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La Fraternité

On peut s’étonner qu’en ces temps où le monde profane ne cesse d’oeuvrer au


rapprochement des peuples, des ethnies, on cherche vainement les marques
d’expression de la fraternité dans l’univers maçonnique. Certains objecteront
que leur loge a envoyé tel ou tel chèque pour telle catastrophe naturelle et qu’ils
travaillent eux à soulager ceux qui se trouvent dans la peine ou la difficulté. Vu
de très loin, on pourrait croire qu’ils font ce qu’il faut en effet et qu’ils
envisagent les choses à un autre niveau de considération il en va toute
autrement.

Tout maçon s’est engagé, lors de la prestation de son obligation, à exercer le


devoir de fraternité en aidant TOUS ses frères en toutes circonstances, " à élever
des temples à la vertu et à creuser des tombeaux pour les vices ". La quasi
totalité des maçons ne se rappelant aucunement les termes composant
l’obligation, on ne s’étonnera pas qu’elle soit si peu présente dans leurs actes.

Nous connaissons tous ces frères qui se défilent pour ne pas raccompagner un
autre frère, une autre soeur habitant en banlieue parisienne et qui, ayant pu venir
par les moyens de locomotion que sont le train, le RER et le métro ne dispose
plus de moyen de transport pour rentrer chez lui après les agapes. Certains de
nos amis ne viennent plus en loge parce que personne ne veut les reconduire
chez eux ensuite. Il semble bien cependant qu’on parle de fraternité en
Maçonnerie ou y aurait-il une erreur d’interprétation ?

Non, il n’y a aucune erreur à cet égard. Ou plutôt si, il y en a une : celle d’avoir
fait entrer en FM des gens indignes et incapables de respecter et pratiquer les
devoirs et les vertus traditionnelles de l’Ordre. On s’étonnera après cela que des
maçons ne reconnaissent pas d’autres maçons et que cela se propagent aux
obédiences qui, si elles font semblant de se faire bonne figure voire d’offrir un
front unitaire en public lors d’émissions de télévision, se font la guerre au
recrutement et au positionnement social par ailleurs : chacune voulant être la
numéro UN à tout prix. L’hypocrisie remplacerait-elle la fraternité ou lui aurait-
elle succédé ?

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Lorsqu’un frère, une soeur sont malades, l’hospitalier se contente dans le
meilleur des cas, de passer un coup de téléphone pour prendre les nouvelles qu’il
communiquera en loge donnant l’impression d’assumer avec conscience et
dévouement sa charge. Mais s’est-il soucié de savoir si cette soeur ou ce frère
vivant seul, et dont la famille naturelle ne se soucie guère, avait prés de lui
quelqu’un pour aller chercher ses médicaments à la pharmacie, faire ses courses
et même lui préparer à manger ? Qui la loge a-t-elle délégué à cet effet ?
Personne !

Il en va de même pour nos soeurs et frères du troisième et quatrième âge,


handicapés ou ne pouvant plus se prendre en charge. Qui s’occupe d’eux parmi
les membres de la loge ? Comment l'atelier a-t-il résolu cet impératif fraternel et
social ?

Quand on sait que certains frères préfèrent regarder un match de Coupe de


football à la télévision plutôt que de venir à une tenue, on ne s’étonnera plus de
ces errements ou ces refus de s’engager personnellement pour aider un frère ou
une soeur dans la douleur et la difficulté. Ceux qui n’accomplissent pas leur
devoir sont des monstres, le mot n’est pas trop fort, il serait même trop faible !
On ne s’étonnera guère non plus quand certains grands-maîtres ne se déplacent
qu’avec leur chauffeur personnel y compris dans certains " petites " obédiences
et ne veulent pas se mêler avec " la plèbe " les jours de Convent, préférant
manger ailleurs ou à part avec les dignitaires mais en aucun cas avec les Députés
des loges de province. Où se trouve donc cette égalité de principe entre tous les
maçons et à laquelle les rois, les princes, les généraux et tous ceux qui
disposaient d’un pouvoir quelconque, au 18ème siècle, se soumettaient avec
bonheur ? On se rencontre sur le niveau, comment pourra-t-on se séparer sur
l’équerre s’il n’y a plus de niveau ? Serions-nous encore dans une société
maçonnique ? Certainement pas. On ne s’étonnera plus alors que des " affaires "
apparaissent ici ou là.

Celles dont fait écho la presse ne sont pas les plus graves ! Je pense à l’affaire de
Nice où un maçon " zélé ? " vérifiait le casier judiciaire des demandeurs ou
profane souhaitant entrer en FM. Lorsqu’on sait que l’extrait de casier judiciaire
fourni par les candidats ne comportent pas les peines de prison égales ou
supérieures à trois ans, ceci afin de faciliter la réinsertion sociale des détenus, on
peut faire entrer des escrocs ou même des candidats ayant fait plusieurs séjours
en prison mais dont le total des peines n’atteint pas les fameux trois ans
fatidiques. Si l’on veut s’assurer à coup sûr de la parfaite conformité du
demandeur avec ce que doit être véritablement un maçon, c’est-à-dire une
" homme d’honneur et de probité ", un " gentilhomme " selon la terminologie du
rite Français, il faut se garantir des risques d’erreur à cet égard. Le frère

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incriminé dans l’affaire de Nice vérifiait donc le véritable casier judiciaire des
profanes pour ne laisser entrer que ceux qui paraissaient dignes et méritant de
rejoindre l’Ordre. On devrait s’assurer de cela dans toutes les grandes loges. On
sait qu'il y a aujourd'hui dans nos structures des escrocs condamnés pour cela,
des faillit aires et autres condamnés de droit public mais qui s'en soucie au
fond ? C’est bien la marque de la faillite du système français d’enquête des
candidats qui se trouve en jeu ; mais qui va le réformer et l’éliminer ? Personne,
on va continuer ainsi et tout ira bien, il suffit juste que le temps agisse pour
étouffer ce qui a fait un peu de bruit. Il faut abandonner ce système pour lui
substituer la cooptation du Rotary, du Lion's, etc. qui sont le système de
recrutement maçonnique dans le monde entier. Etrangement, on n'y parle pas
d'affaires ! Un certain grand-maître parlait récemment de " karchériser " son
obédience, ce qui a fait sourire les frères de tous les orients qui connaissent
tellement d’autres " affaires " exclusivement maçonniques celles-là qui feraient
vite perdre le sourire à celui qui le conserverait encore : il y aurait trop de
personnes à mettre dehors, cela ferait mal au trésor de l'obédience. Donc, inutile
d'y penser. Sous couvert d’intérêt maçonnique on comprend vite qu’il s’agit
exclusivement d’intérêts personnels : accéder à un vénéralat (pourquoi tant de
guerres à ces moments et lors du vote ?), à telle fonction dans tel atelier
supérieur, à tel haut grade final, à tel office de dignitaire ?

Pourquoi ceux qui ont un rang social élevé bénéficient-ils de parcours


maçonnique express ou TGV quand les soeurs et frères de condition modeste se
trouvent relégués à la vaisselle ou au nettoyage du temple ? Comme ils n’ont pas
" grand chose " à apporter en " services personnels " ; ON n’a pas besoin d’eux
plus haut. Fraternité, que de méfaits ne commet-on pas en ton nom.

C’est encore au nom de l’égalité de traitement entre maçons qu’on radie


allègrement ceux qui sont dans la gêne pour payer leur capitation. C’est toujours
en vertu de l’égalité sur le niveau et d’une solidarité sans faille que les membres
de la loge refusent de payer la cotisation des frères au r m i ou dans d’autre
difficulté. S’ils mettaient dans le tronc de la Veuve seulement dix pour cent de
ce qu’ils dépensent en salle humide et en tabac, ceci suffirait largement à
conserver avec nous ceux qui ne peuvent plus payer et qui deviennent de plus en
plus nombreux du fait du nombre grandissant de retraités dont le pouvoir d’achat
se dégrade de fait du fait de la réduction des revenus.

Certains oseront s’étonner ensuite que les frères, les soeurs partent vers d’autres
obédiences nouvelles, petites, certes mais aspirant à retrouver cet idéal qui les
portent et qui doit exister dans toutes les structures. Certains vivent leur
engagement maçonnique en harmonie total avec ce qu’il doit être mais, cela
aussi dérange ceux qui sont les anti-modèles et des non maçons sur le fond. On
connaît tous ces rumeurs non avérées concernant jusqu’à la vie privée voire

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sexuelle de telle soeur ou tel frère : le parcours maçonnique de l’un dépendant
de celui de l’autre, ou celles qui permettent de descendre untel de charge à tel
endroit pour y mettre un " ami " plus prisé du siège. La calomnie est-elle une
vertu maçonnique ? En aucun cas, mais on l’y rencontre si souvent !

On comprendra a la lecture de ces propos que le fait d’envoyer un chèque pour


tel sinistre ne suffit pas pour servir d’alibi à l’exercice et à la réalité de la
Fraternité à titre individuel et collectif : il y a tellement d’autres choses à faire et
tellement plus aussi. Il vaut mieux ne pas rester anonyme et aider
personnellement, en s’engageant physiquement à côte de ceux, car
heureusement il y en a, qui travaillent véritablement à chaque instant, à chaque
seconde de leur vie, en Maçon libre et indépendant, courageux - on n’est pas un
Chevalier si l’on a peur d’affronter et de s’opposer aux autres pour défendre un
ami, il en est tellement qui se " couchent " pour préserver leurs chances d’accès
à tel haut grade ou telle fonction. Il est plus " méritant " d’acheter un sandwich
et d’offrir un verre avec un sans domicile fixe avec qui on passera un moment,
en voyant ce qu’on pourrait faire pour l’aider, plutôt que d’envoyer un chèque
de mille francs à tel organisme. Le peu d’amitié que vous donnerez à quelqu’un
que les gens ne voient même plus quand ils passent à côté de lui dans la rue
vaudra dans l’absolu infiniment plus que les mille francs sans âme envoyés sur
le compte de telle association. Devez un militant actif de cette association
vaudra plus qu’un simple chèque car ce qui manque toujours cruellement ce sont
les gens qui s’engagent sur le terrain. Envoyer un chèque ne sauvera jamais
personne, cela n’effacera jamais ses défauts ni ce qu’il pourrait y avoir
d’honteux ou à se reprocher.

Trouvez-vous normal que lorsque vous serez seul, abandonné de tous, dans la
vieillesse, la maladie ou la misère, vos frères vous " jettent " à leur tour comme
un malpropre en vous ayant radié pour non paiement de cotisation et radié
depuis longtemps ? Si vous voulez que cela change, faites prendre conscience
aux autres de ces errements inqualifiables, agissez pour que la Fraternité
devienne réelle, effective dans votre loge. Nous devons tous mourir, trouvez-
vous normal de partir dans l’indignité  et le manquement à tous ses engagements
pris comme Maçon ? Demandez-vous dés maintenant :

" Qu’y aura-t-il à porter à votre crédit au moment de votre mort ? " La réponse


fait toujours peur ... ... ...

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