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,", A LA GROIRE DU GRAND


ARCHITECTE DE L'UNIVERS

R.L. 656 "HARMAKIS"


PLANCHE 20 Novembre 1995

VENERABLE MAITRE ET VOUS TOUS MES FRERES


EN VOS GRADES ET QUALITES,

"Connais-toi toi-même"

INTRODUCTION

Est-il facile de voir avec une clart~ suffisante ce qui se passe en soi ?
Certes non Tantôt l'on considère sa propre personne avec un excès
d'indulgence, tantôt, au contraire, l'on est trop sévère avec soi-même, le
plus souvent, d'ailleurs, sans en avoir vraiment conscience.
L'histoire de notre personnalit~ s'insère dans une histoire plus vaste qui
est celle de l'humanité, celle du milieu dans lequel nous vivons, dans un
Pays et à une époque donnée.
Se connaître soi-même impose une exploration de sa personnalité, volontairE
et sans complaisance par un travail sans relâche, une profonde méditation
et reflexion. Pour y parvenir il importe tout d'abord de se libérer des
contraintes extérieures, des préjugés, "laisser les métaux ... " aller à la
recherche du VRAI.
Se connaître soi-même, c'est découvrir son véritable "être" sa réelJ:e
nature, en tirer les conséquences l'harmonie en soi et sa transposition
dans la sociét~ humaine. La connaissance de soi impose donc de se découvrir
au plus profond de son être, savoir ce que l'on vaut réellement, ce dont
l'on est capable.
Mais pour y parvenir, vaut-il mieux vivre hors du monde ou bien au
contraire dans le monde ?
Si les vertus de la retraite à cet égard sont reconnues, l'absence de
contact avec l'extérieur risque de conduire à un éloignement du réel tandi<
que dans sa confrontation avec les éléments et avec les autres, l'homme
prend sa véritable dimension.
Les Sciences Humaines telles que l'introspection, la sociologie, la
psychanalyse jouent un rôle dans la découverte de soi (1)
Cependant, la M~thode Maçonnique, grâce notamment au Symbolisme, à la
Fraternité Initiatique qui nous unit à la Lumière qui luit au fond de
chacun d'entre nous, permet au Franc-Maçon de se découvrit afin de
onstruire son Temple Intérieur, c'est à dire lui-même. (II)
Je vais donc tenter d'explorer ces chemins qui mènent à la connaissance
de SOl.

1) LA CONNAISSANCE DE SOI A L'AIDE DES SCIENCES HUMAINES

a) L'introspection
L'homme est de nature complexe et son caractère est susceptible de
certains changements. A côté de l'esprit qui raisone et étudie le
comportement, s'introduit les sentiments et le côté affectif.
La "connaissance directe" n'est qu'une illusion,_les faits psychiques sont
plutôt construits pa celui qui s'observe à partir de données qu'il ne peu
saisir dans leur réalité et leur simplicité originelles.
L'introspection ne permet pas d'atteindre les faits psychiques dans leur
portée absolue, l'objet de la connaissance se confondant avec celui qui
l'observe. Faisant partie de l'objet que nous cherchons à connaître nous
le construisons aVéC nos désirs et nos craintes avec nos rêves et nos
préjugés. Notre proximité avec nous-mêmes nous fait manquer de recul et
peut nous empêcher d'avoir une vue authentique de nous-mêmes.
L'introspection, non seulement ·ne permet pas de bien se connaître mais ell
peut même être trompeuse.
b) La Psychanalyse
permet l'éclairage de souvenlrs les uns les autres, de provoquer de
soudaines résurgences du passé, des oublis pathologiques se trouvant alors
soudain levés comme des voiles.
La psychanalyse n'intervient qu'à son heure, dans le cadre "d'associations
d'idées libres" pour aider à l'interprétation des rêves. Mais elle ne peut
pas non plus être considérée comme aboutissant à une connaissance de soi.
Elle permet seulement d'éclairer notre passé et situer notre conduite dans
le cadre de notre histoire.
B) L'Education et la vie sociale
:a}-Ï;Ïidü;ëa:ti~n- - - - - - - - - - - - - - - - --
concerne dès la petite enfance les sens et l'activité. Elle contribue à
donner à notre'vie un ensemble de directions.
Selon TEILHARD de CHARDIN "chaque fois qu'un nouvel humain vient au
monde, il trouve autour de lui d'autres humains pour le rassurer et
l'initier aux gens et aux choses parmi lesq'..lelsil ouvre les yeux."
L'Education, la Culture, assurent l'essor et l'éveil Ge notre personnalité
La-p-l-us haute e-f;fic-at-é=..eLè_L'e_sp,~it
a d i; GOETHE, es t d'éveiller l'esprit.
POUr-n ()u-s-s-c 0 nn a ~tr e nous - Ir! ê mes, no u s d ev 0 n s no usa t tac h er à lac 0 n n al s san c
du passé car tout ce que nous sommes est l'aboutissement d'un effort
séculaire.
Grâce à la culture, fruit de l'éducation, il nous est permis de vivre et
d'agir en harmonie avec le passé et, dès lors, de parvenir à une meilleu~
connaissance de ce que nous sommes.
b) La vie sociale
Deux moyens m'apparaîssent possibles pour se découvrir, se connaître,
savoir ce que l'on est, ce que l'on veut réellement, ce dont l'onest
capable
- l'on peut tout d'abord se livrer à la méditatron et la réflexion dans
le calme d'une retraite
- mais l'on peut aussi, me semble-t-il, faire sa propre découverte par
les autres. ~
Dans le premier cas, loin du tumulte du monde, l'isolement fav~rise
indubitablement la méditation et la réflexion. Les religieux peuvent
trouver hors de la vie sociale la libération de leur personnalité.
Cependant la retraite présente des inconvénients
- d'abord, la sclitude ne peut être supportée constamment
s'il y a retraite en communauté, c eLà peut conduire à l'esprit de .,
chapelle ;
- ensuite, ~e repliement sur soi peut mener à l'égoisme et l'égocentrisme
- enfin, l'absence d ommunication avec l'extérieur implique nécessaire-
ment un éloignement du réel.
De sorte que, même pour le but envisagé, la découverte de soi, la
connaissance de soi qui en résulte ne peut être que très limitée.
3

Notre réaction devant les circonstances multiples de la vie permet de


révéler notre véritable nature. L'homme sait ce qu'il vaut dans les
contacts qu'il a avec les autre~ dans ses rapports sociaux, avec la nature
dans l'épreuve. Il prend conscience de ses vraies dimensions dans la
confrontation.
Jean Paul SARTRE, dans "Situations" déclare avec pertinence, me semble-t-iJ
que "ce n'est pas dans je ne sais quelle retraite que nous nous
découvrirons, c'est sur la route, dans la ville, au milieu des foules".
DESCARTES avait déjà entrevu que "la connaissance de soi se situe au
carrefour de la connaissance et de l'action".

II) LA METHODE MAÇONNIQUE DE LA CONNAISSANCE DE SOI


La démarche maçonnique consiste à cet égard à amener l'initié à une prise
de conscience plus nette de la valeur qu'il porte en lui.
Avant de construire son temple intérieur, c'est-à-dire lui-même, l'homme
doit préalablement trouver sa véritable dimension, se connaître.
Le secret de la méthode maçonnique se trouve tout entier dans l'intégratior
systématique du principe de la relativité universelle dans notre pensée.
La voie symbolique permet au Franc-Maçon de travailler.sur d'autres bases
que celles habituelles dans le monde profane afin d'apprendre à bien
se connaître avant de prétendre pouvoir connaître les autres.
A cet égard, les épreuves infligées au Franc-Maçon ainsi que les moyens et
outils symboliques mis en sa possession concourent à la réaiisation et à
l'expression de sa personnalité.

~2_~~~E~~~~~_~~_~~_!~~~~
Isolé dans le Cabinet de Réflexion, ~e postulant se trouve seul avec
lui-même. Sur un panneau situé en face.de lui il peut lire la formule
V.I.T.R.I.O.L. formée des initiales de l'aphorisme "VISITA INTERROREM
TERRAE RECTIFICANDO INVENIES OPERAE LAPIDEM" (Descends dans les entrailles
de la terre, en rectifiant tu trouveras la pierre chachée.)
Cette intrigante inscription ne peut laisser indifférent le postulant qui
découvrira aussitôt qu'il s'engage sur une voie symbolique. C'est pour lui
l'invitation au voyage, au départ en exploration "en laissant ses métaux"
Il est invité à explorer la partie la plus secrète, la plus cachée de son
être c'est précisément tenter de se connaître, chercher la Lumière à
laquelle le Franc-Maçon aspire et qui ne relève que de lui. Puis, il lui
appartient de se modifier en débarassant la pierre brute de ses aspérités.
Enfin, avec l'aide du GAD L U par le travail, la reflexion et la
méditation, découvrir ce qui se trouve au plus profond de Yui-même afin de
procéder à la mise en oeuvre du processus de reconstruction int~rieure.
Il appartient donc à l'initié de partir à la recherche de l'ultime raison
de l'essence humaine, la Sagesse, qu'il n'atteindra sans doute jamais.
Ce retour vers l'intérieur de la terre pour y retrouver la pierre cachée
n'est pas··saBs danger mais c'est toutefois là une démarche maçonnique
essentielle.
Cette première épreuve de la terre constitue le point de départ de la
méthode maçonnique pour se connaître soi-mêmp.. Cependant n'oublions pas qUE
la méthode maçonnique est également fondée sur la fraternité.

ê2_~~_E~êê~g~_~~_E~~f~~~_~~_ê~~~§
Chaque tenue rituelle peut nous aider à mettre à exécution ce precepte
Platonique gravé en lettres d'or sur le fronton du Temple d'Apollon à
Delphes "connais-toi toi-même et tu c o nn a Lt ra sI' iinivers et les dr i eu x "
Le rituel d'ouverture des travaux nous permet de nous d~tacher du monde
profane pour nous faire entrer dans le monde sacr~ des initi~s.
Ce n'est pas par hasard si ceux-ci s'ouvrent à la lumière du prologue de
l'Evangile selon Saint-Jean: ... "la Lumière luit dans les T~nèbres et
les T~nèbres ne l'ont pas saisie ... La Vraie Lumière ~tait celle qui
êclaire tout h6mme venant en cé motide .•. "
Le Franc-Maçon doit être capable de percevoir la Lumière qui brille dans
les T~nèbres qui va lui permettre d'entrevoir puis de construire sa
personnalit~.
Cette recherche s'inscrit dans la d~marche symbolique.

~2_~~_~~~~~~~~!~_~~_~~~_~_~~~~~~_~~~_~~!~~~_~!_~Y~e~~~~_~~ç~~~~g~~~
Il appartient au Franc-Maçon arm~ de ses outils - tous pacifiques - de
stimuler constament son effort de recherche personnelle.
Si la Règle en 24 divisions, la Laie et le Ciseau ont p e.vm i s à l'Apprenti
Franc-Maçon de commencer à d~grossir la pierre brute en lui rappelant que
le travail et l'effort doivent demeurer sans relâche, il appartient au
Frère Compagnon muni de ses nouveaux outils (Règle, Levier, Fil à plomb,
Niveau, Equerre) d'approfondir sa prise de conscience.
a) De la perpendiculaire au Niveau

La perpendiculaire et son myst~rieux symbole, le "fil à plomb" orientent


cette recherche de soi-même et aide à en connaître la·r~elle nature.
La construction del'Edifice pourra alors se poursuivre par le Niveau qui
symbolise l'~galit~ originelle et nous rappelle qu'il faut consid~rer
toutes choses avec une ~gale sér~nit~ et seulement dans leur valeur relati
En acc~dant à la logique d~ductive, le Frère Compagnon tirera les
cons·~quencesde Son apprentissage et le-s ap-p Lq u e-ea -f.a-Geau~m.o1W.t=>....e
s 'e f f-or-ça n t de corriger ses pa.ssions.
Du Temple int~rieur ~difi~ par l'apprentissage, le Franc-Maçon peut alors
envisager de contribuer à l'~dification du Temple Collectif. Car le
Temple int~rieur n'est pas fait pour s'y enfermer ... Nous sommes en
franc-maçonnerie et si nous devons r~aliser l'harmonie en nous-mêmes nous
devons ~galement participer à la cr~ation de cette même harmonie dans la
soci~t~ humaine.
D'autres symboles compl~mentaires constituent aussi des supports de
r~flexion et de m~ditation pour acc~der à la connaissance int~rieure.
b) De l'Equerre au Compas

Si l'Edifice se construit à l'aide du fil à plomb et du niveau, c'est à la


condition absolue que tout soit rigoureusement d'équerre. L'Equerre est
l'emblême de la rectitude.
Le compas donnera aux raisonnements leurs limites car si le travail
maçonnique n'a pas à dépasser les fro~ti~res du monde sens~ble, les
d~ductions, inductions et comparaisons ne peuvent non plus se ~ompliquer
à l'infini.
L'Equerre et le Compas donnent la dimension des lois de la Nature.
c) Du miroir à l'Etoile Flamboyante
- L'homme juge suprême Par deux fois le Franc-Maçon est symboliquement
conduit devant le miroir, se trouvant ainsi en présence du juge suprême.
A l'issue du troisième voyage de son initiution au grade d'apprenti au
cours duquel il subit '~preuve du feu, le néophyte est conduit face à un
miroir tenu par le Frere présentateur à hauteur de la tête. Il regarde un
moment ce miroir d'où il voit se réfléchir son visage.
Avec une infiniment plus grande acuit~, lors de son passage au grade de
Compagnon, l'apprenti est ~galement conduit devant le miroir devant lequel
il reste un long moment avant qu'il lui soit demandé de méditer sur la
sentence de ce Juge suprême qu'il y découvre et qu'il n'est autre que
lui-même.
Ces deux présentations devant le miroir à deux étapes importantes de sa
vie maçonnique soulignent leur importance symbolique l'occasion de
conduire le Franc-Maçon à regarder à l'intérieur de lui-même.
- L'Etoile Flamboyante
Elle figure l'homme. Elle constitue le symbole de la clarté personnelle
de la vie intérieure du Franc-Maçon.
En fait, chacun crée son étoile par ses pensées, ses sentiments, sa
conscience et ses actes. Elle symbolise donc particulièrement le
Franc=Maçon dans son action sur lui-même pour accomplir dignement sa
.
missiôn fraternelle à l'égard de ses frères et de l'humanité
.
toute entière

CONCLUSION

Et puisque j'ai eu l'audace de retenir pendant un si long temps votre


bienveillante attention - mais le sujet est inépuisable - en vue de mon
éventuelle élévation à la Maîtrise à laquelle j'aspire d'accéder ... depuis
mon initiation ... permettez-moi de conclure.

A l'issue de cet exercice de réflexion et de méditation, force est de


constater que des raisons multiples nous empêchent de nous saisir
authentiquement ...
Ces exercices sur nous-mêmes, s'ils permettent de nous libérer des
contraintes de l'extérieur en même temps que des exigen~es intérieures
qu'ils ramènent à leurs justes proportions, ne permettent de traduire que
quelques aspects de notre être mais jamais notre personnalité intégrale.
Quand je parle de moi, quant je prétends m'observer pour me connaître, ce
que je prends pour ma personne n'est pas mon être réel mais plutôt l'idée
que je m'en forge. D'ailleurs, dès que je cr o Ls me con na Lt r-e , je ne suis
déjà plus ce que j'étais avant ma prise de conscience ...
Selon Auguste COmte "on ne peut pas se mettre à la fenêtre pour se
regarder passer".
Cet effort permanent sur lui-même du Franc-Maçon doit lui
permettre en construisant son temple intérieur de participer à
lrédification d'une huœanité meilleure.
Pour Antoine de SAINT-EXUPERY, être humme "c'est sentir en posant sa pierr~
que l'on contribue à bâtir le monde".
La taille d'une pierre brute n'a en effet de sens que dans la mesure où
elle doit s'intégrer dans un Edifice.

J'AI DIT

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