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JOURNALIERE
DU R I T E
ECOSSAIS RECTIFIÉ
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LE GRADE
DE M A Î T R E
« Meurs et deviens ! »
Devise maçonnique
Le texte de référence, qui sera commenté dans les pages qui suivent, est
celui qui a été présenté par les responsables de la Province d'Auvergne compre-
nant le Grand Prieuré de France et le Grand Prieuré de Provence et en usage dans
les Loges de la Grande Loge Traditionnelle et Symbolique (Opéra), dont il consti-
tue le Rite officiel.
Les commentaires sont ceux d'un Frère initié dans une Loge de cette
Obédience et qui a été reçu à tous les grades (« bleus », « verts » et « blancs ») du
Rite Ecossais Rectifié. Ils n'engagent que lui. Ces commentaires ne sauraient par
conséquent présenter un quelconque aspect « officiel ». L'auteur s'est cependant
astreint à respecter rigoureusement l'enseignement reçu de ses Maîtres Instructeurs
dans ce Rite. Il leur manifeste ici-même sa gratitude et son admiration et espère
ardemment avoir réussi à leur rester fidèle, tout en présentant dans cette étude des
commentaires qui lui sont évidemment absolument personnels. La pratique d'un
Rite maçonnique n'a en effet d'utilité que sous deux conditions :
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La première, c'est d'être fondé sur les textes-mêmes qui ont été établis par les
fondateurs, et donc, en l'occurrence, par Jean-Baptiste Willermoz ;
La seconde, est de considérer ces textes comme base d'étude constante. Ce
n'est en effet que par l'étude constante du Rituel que le Maçon peut progresser dans
la compréhension du message symbolique contenu dans les mots, les gestes, les
objets, les maximes, les préceptes et les conseils qui lui sont prodigués à chaque
étape de sa vie maçonnique.
Il est en effet patent que dans ce Rituel, les Maîtres-Fondateurs, que l'on
peut sans risque de se tromper, après étude approfondie de leur oeuvre, qualifier
de « Grands Initiés », se trouve cachée une richesse telle, qu'elle ne se découvre
que petit à petit, par l'étude de chaque détail. L'erreur à ne surtout pas commettre,
consisterait à « ronronner » en écoutant d'une oreille distraite les paroles ensei-
gnées à l'impétrant (parce qu'on les a déjà maintes fois entendues), à regarder
sans y faire attention, les détails des objets dont chacun a une utilité didactique
absolue, à suivre d'un oeil distrait la gestuelle d'une Ouverture, d'une Fermeture
des Travaux, ou d'une Réception à tel ou tel Grade. Au contraire, Tenue après
Tenue, l e Maçon avisé cherchera à entrer de plus en plus profondément dans la
compréhension du message qui lui est délivré, à lui-même, fût-il « chevronné » -
comme à l'impétrant qui les voit et entend pour la première fois.
Les présents commentaires doivent donc être considérés par le lecteur comme
une proposition de recherche. A lui de les dépasser encore par sa propre réflexion.
Dans l'Introduction au Grade de Compagnon, nous écrivions ceci:
« Le grade d'Apprenti reste généralement fortement gravé dans la mémoire
de tout Maçon. I l constitue le point de départ d'une grandiose aventure qui, si
tout se passe bien, marquera toute sa vie d'une empreinte indélébile.
Le grade de Maître est perçu comme une apothéose: on devient « Maître
Maçon », reconnu comme tel dans le monde entier
Le grade de Compagnon est de ce fait souvent ressenti comme un grade
intermédiaire, de moindre importance. Dans le Rite Ecossais Rectifié, cela
constitue une grave erreur : ce grade est au contraire d'une importance capitale :
Si le nouveau Compagnon suit rigoureusement les préceptes, conseils et recom-
mandations qui lui sont prodigués lors de sa réception, il deviendra par la force
des choses un autre homme, un « homme nouveau », comme aurait dit Saint Paul.
Et le grade de Maître viendra alors confirmer, consolider, réaliser ce qui aura
été acquis pendant le temps de compagnonnage ».
C'est dans cet esprit que nous abordons donc le Grade de Maître, en esti-
mant que le Compagnon aura compris l'épreuve du miroir, qui est le moment cru-
cial de sa réception au deuxième Grade ; qu'il aura mis en oeuvre les maximes,
préceptes et conseils qui lui furent prodigués. Alors le Grade de Maître le mènera
sans aucun doute à une réelle et authentique Maîtrise.
N.B. 1 ) Les textes du Rituel et les indications contenues dans les documents officiels sont imprimés en
bleu. Les commentaires de l'auteur sont imprimés en noir.
2) Comme pour les deux premiers Grades, il nous a paru intéressant d'étudier d'abord l'Ouverture
puis la Fermeture des Travaux, avant de passer à l'étude de la Cérémonie de Réception.
3) Mais le tout sera précédé d'un commentaire de la décoration de la Loge de Maître, du Tapis de
la Loge, etc... vu l'importance de ces dispositions par rapport aux deux précédents Grades.
DÉCORATION DE LA LOGE DE MAÎTRE
L'appartement de la Loge sera tapissé de noir et les plateaux des Officiers seront recou-
verts d'étoffe de la même couleur.
On figurera sur la tapisserie trois têtes de mort, en blanc ou en argent, peintes ou brodées,
reposant sur deux ossements de la même couleur en sautoir, avec neuf larmes en or ou peintes
en jaune, autour de chaque tête. Lune des têtes sera placée au milieu du mur méridional, l'autre
sera vis à vis sur le mur septentrional, et la troisième contre le mur oriental, au dessous du dais
et un peu plus élevée que le fauteuil du Vénérable Maître avec ces mots peints en jaune ou de
couleur or, de manière à pouvoir être lus par le Candidat, malgré l'obscurité qui règne dans la
Loge : « Pensez donc à la mort ».
Une lampe sépulcrale sera placée devant la tête de mort située à l'Orient.
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Pourquoi ce décor funèbre et... au fait, pourquoi donc la couleur noire est-elle chez nous
la couleur du deuil ? Parce que, depuis deux mille ans, l'Occident est régi par la religion chré-
tienne dont le symbolisme vient en ligne directe de l'Egypte ancienne où régnait la religion
solaire depuis des milliers d'années (malgré que la Chrétienté soit géographiquement « née »
en Palestine au sein d'une religion lunaire). Chaque année, la « mort » du soleil a lieu au sol-
stice d'hiver, la période sombre, noire, avant qu'il ne renaisse et reprenne son essor victorieux
vers l'équinoxe de printemps, puis vers le solstice d'été, la période claire, lumineuse de l'an-
née. C'est pourquoi la mort et la couleur noire furent associées tout naturellement.
C'est donc aussi au solstice d'hiver que le Christ solaire renaît puis remonte, victorieux
jusqu'à la période de Pâques lors de laquelle la religion catholique le surnomme « Sol
Invictus » (le soleil invaincu) afin que le parallélisme soit parfait.
Tout chrétien étant sensé renaître lors de la résurrection de la chair (ce qui suppose que
certains atomes seront obligés de pratiquer la bi-. tri- ou multi-location m a i s ce n'est pas le
problème qui nous préoccupe ici...) cette résurrection se fera, comme celle du Christ et en par-
faite « Imitation de Jésus-Christ », du royaume des ombres vers la pleine lumière retrouvée.
La Franc-Maçonnerie étant fondée sur le Symbolisme, tout ceci va donc se retrouver en ce qui
concerne la mort d'Hiram, puis en parfaite « Imitation de Maître Hiram », la mort du Compagnon et
sa résurrection en pleine Lumière (et nous écrivons ce mot, maintenant, avec une majuscule).
« Pensez donc à la mort » rappelle l'adage chrétien : « Il faut passer sa vie à préparer sa
mort », adage fort mal compris généralement, puisque, loin d'être morbide, il précise que nous
devons passer notre vie à faire en sorte que la mort du corps suscite la résurrection dans la
Lumière divine. Mais comment faire ? Eh bien, les deux premiers Grades nous y ont préparé -
et même, en ce qui concerne le deuxième Grade - fort sérieusement préparé. Le troisième
Grade doit donc maintenant nous apprendre à réaliser cette préparation. On imagine combien
cela est important, dès lors que l'impétrant a compris qu'il ne s'agit pas de « jouer un jeu sym-
bolique », mais au contraire, de réaliser une transformation intérieure, que le Rituel des deux
premiers Grades nous a fortement poussé à mener à bien.
Le devant de l'Autel représente, pour le Grade de Maître, un vaisseau démâté, sans voile
et sans rame, tranquille sur une mer calme, avec ces mots pour inscription : « In sitencio et
spe fortitudo mea ».
Ce qui signifie : Je trouve ma force dans le silence et l'espérance. Ne pas désespérer, par
conséquent. Et voilà qui nous ramène derechef au deuxième Grade lorsque, aussi démuni soit-
il dans la « brume » de son mental (comme nous disions alors) le Compagnon avait réussi à
« plonger » au tréfonds de son coeur, comme le lui avait conseillé le Vénérable Maître, et à y
trouver l'obscurité féconde, le silence prometteur et la Paix profonde. Ainsi, quelle que soit sa
faiblesse apparente, son navire démâté se retrouve sur une mer calme vrai reflet du calme men-
tal qu'il a réussi à établir dans les replis de son coeur et qui est la condition sine qua non du
succès de l'étape suivante à laquelle il arrive présentement.
A l'Orient et en avant du dais est suspendu un transparent portant, sur un fond noir, le
mot « PRUDENCE » en lettres blanches.
En effet. dès lors que le Compagnon a compris la fallacieuse imagerie mentale du monde
visible (avec nos yeux de chair), il agira tout naturellement avec prudence, cherchant toujours
et systématiquement la Réalité vraie afin de ne pas retomber dans le rêve de la vie (ne plus
revoir un serpent là où il a réalisé qu'il n'y avait qu'une corde, selon l'anecdote dont nous nous
étions servis dans les Grades précédents).
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IN SILENTIO ET SPE
FORTIT•DO MEA
Dans le fond occidental, un peu en avant de la porte d'entrée, sera en relief, un monu-
ment ou mausolée sur une table triangulaire qui sera élevée de trois degrés ; à chacun des trois
angles du tombeau seront trois petites boules de couleur jaune réunies ensemble, ce qui fera en
tout neuf boules. Sur le tombeau qui sera surmonté d'une pyramide triangulaire, reposera une
urne sépulcrale du haut de laquelle on verra s'élever une vapeur enflammée et détachée de l'ou-
verture de l'urne. On lira, dans la partie supérieure du monument, ces mots : « Deponit alie-
na, ascendit unus... ».
Ce qui signifie : Quand tout ce qui est étranger est déposé (abandonné, rejeté), alors appa-
raît l'Unique. C'est sous forme de formule lapidaire, le résumé de la recherche à laquelle le
Compagnon doit être parvenu quand il a suffisamment « plongé » dans « les replis de son
cœur » : (ainsi que le lui conseillait le Vénérable Maître lors de sa Réception...) en d'autres
mots, quand la fantasmagorie du « rêve de la vie » a cessé dans la méditation profonde, et
qu'apparaît la seule Réalité. Car le « JE SUIS » (Exode 111,14) est perçu comme la vraie
Réalité, alors que l'illusoire pseudo-réalité a enfin disparu. Ce qui a fait dire à un Sage, au
siècle dernier, sous forme de boutade, que "Dieu devait être ivre quand il a créé le monde, car
il l'a fait à l'envers du monde spirituel" : en effet, ce qui paraît illusoire (le monde de l'Esprit)
dans notre monde habituel, est en fait « la vraie Réalité » et ce qui paraît réel, solide et maté-
riel, est en fait une pure élaboration du mental sans aucune consistance. Ce qui ne peut à l'évi-
dence pas être compris par le raisonnement intellectuel, puisque c'est précisément le mental qui
est à l'origine du film illusoire que nous prenons pour la réalité, mais uniquement par la pra-
ligue de la méditation qui seule « remet les choses en place ». Notons que le rêve de la nuit est
bien aussi une production mentale : pourtant dans mon rêve de la nuit, je peux donner du poing
sur le table, elle me paraît parfaitement matérielle...
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LE MAUSOLÉE
Ainsi, quand le fatras de ce que les Sages chinois appellent « les dix mille choses » (tout
ce qui tombe sous l'emprise de nos sens dans notre monde « habituel ») s'est tu, alors appa-
raît enfin à la conscience l'Unique Réalité intangible, immuable et éternelle, dans un monde où
n'existe ni temps ni espace. Ainsi la statue admirable que cherche à faire apparaître le sculp-
teur dans un bloc informe, ne peut en fait apparaître que lorsque tout le superflu qui la cachait
à nos yeux a été jeté à bas par l'homme de l'art : « Deponit aliena, ascendit Unus » , Quand
tout ce qui est étranger à la Réalité est "déposé", alors apparaît l'Un (Nous nous permettons
alors d'écrire « Unus » et « Un » avec une majuscule ; même différence maintes fois relevée
qu'entre "lumière" et "Lumière". Mais poursuivons l'exposé du Vénérable Maître
Ce qui signifie : Le monde (illusoire) est formé par le Ternaire et est dissout par le
Novénaire. Nous avons expliqué que le monde matériel est formé par Dieu manifesté sous
forme Ternaire (Dieu est Un et se manifeste sous forme Ternaire) mais que la Sagesse est attein-
te par les « Neuf degrés de la Sagesse » (Saint Jean de la Croix, les Mystiques rhénans, les
Pères du désert, etc... et tous les Sages des autres Traditions) ce qui permet de « dissoudre »
(dissolvitur) le monde des formes que nous prenons faussement pour la réalité.
Ces deux inscriptions, ainsi que la vapeur enflammée seront rendues visibles par un
transparent.
Le carré long est le symbole de la spiritualité (voir à ce sujet, dans les précédents Grades,
les commentaires sur le nombre 17 ( l'Antiphraxis des Grecs). Nous préciserons ceci un peu
plus loin.
Nous venons de parler plus haut, du novénaire qui représente le chemin vers la réalisa-
tion de la Sagesse. Le nombre 81, carré de 9, sera commenté dans les Instructions.
vers les deux extrémités du cercueil sont figurés, du côté de la tête, vers l'Occident,
une équerre, dont le sommet est à l'Orient ; à côté de l'équerre, dans l'angle au sud, est peinte
la Planche à Tracer; sur le cercueil sont peints, du côté de l'Occident, en couleur blanche ou
d'argent, une tête de mort reposant sur deux os en sautoir et, du côté de l'Orient, une branche
verte d'acacia ; au milieu, entre la tête de mort et la branche d'acacia, sera figurée une lame
d'or triangulaire sur laquelle paraîtront gravées les lettres • J. A .
Nous avons remarqué le jeu des couleurs : Les 81 larmes sont d'or ; la tête de mort sur le cer-
cueil est d'argent : la couleur de la Lune, reflet du Soleil d'or - l'âme spirituellement évoluée, reflet
de la Lumière divine solaire ; la branche d'acacia, de couleur verte. Plus tard, lors de la Cérémonie,
le linge taché du sang de Maître Hiram, viendra ajouter la couleur rouge à cet ensemble. Nous
aurons là, dans l'ordre, les couleurs alchimiques fondamentales noire ou bleue, blanc et rouge, et la
couleur intermédiaire verte entre le noir (bleu) et le blanc. La Transmutation va pouvoir s'opérer, si
les opérateurs, y compris l'impétrant, sont au fait de ce qui va se passer. Ainsi également, lors de la
Messe catholique ou orthodoxe, la Transsubstantiation pourra être opérée, si l'officiant sait parfai-
tement bien ce qu'il est en train de faire, et si les fidèles, par leur intense participation, soutiennent
puissamment l'opération qui se fait à l'Autel... Les lettres J.A. seront commentées plus loin lors de
la cérémonie de Réception. En ce qui concerne les couleurs, remarquons que le vert et le rouge n'ap-
paraissent que très timidement: la petite branche verte d'acacia, la petite tache rouge du sang. Au
Rite Ecossais Rectifié, nous trouvons à chaque Grade un léger indice de la suite : ainsi, au Grade
d'Apprenti, le nombre neuf apparaît mais n'est pas annoncé clairement ; ce n'est que par l'obser-
vation attentive que l'Apprenti peut s'apercevoir qu'il y a neuf lumières d'Ordre et neuf Officiers -
mais ce n'est qu'au Grade de Maître que le novénaire apparaît écrit noir sur blanc et que neuf
maîtres nommément signalés, trois par trois, vont apparaître clairement. Ici, les deux couleurs verte
et rouge ne font qu'une apparition furtive très discrète, mais annoncent une suite...
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ORIENT
t,••••1,
, - ,
br—••—<
OCCIDENT
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Au bas du Tapis, vers l'Occident, est l'escalier du temple, formé de sept marches demi-
circulaires, divisé en trois parties, comme dans les Grades précédents, par les chiffres 3, 5, 7
Autour du Tapis sont, dans les angles du Nord-Est, Nord-Ouest et Sud-Ouest, trois grands
chandeliers peints ou drapés de noir, portant chacun trois grosses bougies, disposées en tri-
angle, ce qui fera en tout neuf lumières.../...
Neuf lumières autour du Tapis, au lieu de trois dans les Grades précédents, ce qui porte
le total, au Grade de Maître, à quinze lumières. Voilà donc le nombre quinze qui apparaît pour
la première fois...
L'Autel d'Orient et les tables des Surveillants doivent être garnis comme dans les Grades
précédents. Tous les Frères doivent être vêtus de noir ou couverts d'un manteau de deuil avec
le chapeau rabattu sur la tête.../...
Avant de passer, comme nous l'avons fait pour les deux Grades précédents, à l'Ouverture,
puis à la Fermeture des Travaux au Grade de Maître, enfin à la Cérémonie de Réception à ce
Grade, i l nous semble bon de commenter le discours que le Frère Préparateur doit tenir au
Candidat. Voici ce discours :
Fr. Prép : F r è r e Compagnon, les questions qui vous furent proposées dans
cette solitude, avant votre réception dans l'Ordre, les maximes qui vous furent
enseignées dans vos voyages mystérieux, la Justice qui vous fut montrée comme
devant être votre unique règle, les instructions que vous avez reçues, l'invitation
qui vous a été faite de vous livrer constamment à l'étude de vous-même pour
connaître la nature de votre être, ses rapports et sa destination pour dévoiler vos
penchants, vos habitudes et les règles pour la Tempérance, toutes les précautions
que l'Ordre a prises dans le dessein de vous diriger, ont dû suffire pour produire
en vous des notions justes sur le vrai but de la Franc-Maçonnerie et sur la route
qui pourrait vous y conduire....
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Le début de ce discours tenu au futur Maître n'est-il pas une confirmation de tous les
commentaires que nous avons faits en permanence, tout au long des paroles prononcées par le
Vénérable Maître et ses Officiers lors des précédents Grades ?
Il appert clairement dans ce préambule que le Frère qui se présente pour être reçu Maître
doit avoir étudié les maximes et les questions proposées dans les Grades d'Apprenti et de
Compagnon, il doit s'être livré constamment à l'étude de lui-même « pour connaître la nature
de votre être » lui dit le Frère Préparateur, etc...tout cela a dû produire « en vous » dit-il enco-
re, « des notions justes sur le vrai but de la Franc-Maçonnerie... ». N'est-ce pas une confirma-
tion de nos commentaires sur ce travail personnel, intime et constant que nous avons relevé
sans cesse dans les deux premiers Grades ? Car si ce travail sur lui-même n'a pas été mené à
bien, quelle signification le Grade de Maître pourra-t-elle bien avoir pour lui ?...
Vous vous présentez aujourd'hui pour être élevé au Grade de Maître, mais
pouvez-vous prouver que vous avez accompli la tâche des Apprentis et rempli les
devoirs des Compagnons ? (en lui désignant le cahier des Règles qui est sur la table).
Avez-vous médité sérieusement ces Règles ? Vous en êtes-vous fait l'application à
vous-même par une pratique constante des moyens qu'elles vous ont présentés ?....
Combien de fois avons-nous insisté sur la pratique constante qui était exigée... et, le
Frère Préparateur va le lui dire : absolument nécessaire...
Si vous n'aviez pas fait ce travail absolument nécessaire, quel titre auriez-
vous pour obtenir le Grade que vous demandez ? Vos Frères vont bientôt être vos
juges ; ils sont prêts dans cet instant à former la Loge pour vous élever au rang
des Maîtres, si vous en êtes digne ; mais, quelle que soit leur indulgence, si votre
demande est téméraire, je vous préviens qu'elle sera rejetée et que dans cette sup-
position nous ne pourrions l'admettre sans nuire à vous-même et sans manquer à
l'Ordre. Vous allez donc subir un examen rigoureux ; vous serez sévèrement
éprouvé par les Maîtres, car tout Compagnon leur est suspect, et vous en particu-
lier. Le Vénérable Maître rn'envoie auprès de vous pour vous en prévenir et la
Loge attend le rapport que je dois lui faire ; faites-moi donc connaître ce que
vous avez fait jusqu'ici comme Maçon et le résultat de vos travaux.
Oui, ce travail est absolument nécessaire pour pouvoir vivre pleinement cet épisode ini-
tiatique majeur c a r le Compagnon Maçon qui devient Maître vit en fait ce que jadis le Lazare
de l'Evangile de Jean a vécu... Car le Christ n'est pas le premier « ressuscité » d'entre les morts,
c'est bien Lazare qui a vécu cette résurrection grâce au Christ. Qu'on relise cet épisode dans
l'Evangile de Jean. Ce n'est pas seulement à cause du Prologue que cet Evangile est placé sur
l'Autel du Vénérable Maître, mais parce que les sept miracles exposés dans ce texte célèbre
symbolisent la Voie initiatique toute entière... I l a donc sa place tout normalement dans un
Temple maçonnique...
Ceci dit, comme ce discours est sévère.., et comme il devrait correspondre à une réalité
vécue, afin que le titre de « Maître » soit donné à un Frère qui en est véritablement digne...
Il s'en suit que, lorsqu'on réalise cette situation, on réalise du même coup que la mort
n'existe pas
Ne soyons pas trop ambitieux, ne nous leurrons pas. Mais sachons, comprenons, réali-
sons ce qu'enseigne le Rituel, et ce moment fort sera réussi : l'impétrant s'en souviendra et
saura précisément qu'il vient de vivre un moment crucial. Parfois, dans certaines Loges, le
Vénérable Maître est si fortement conscient de ce qu'il fait, ainsi que les Frères présents, que
l'égrégore de toute la Loge vibre au point de devenir palpable et tous en ont conscience...
Tout étant prêt maintenant, nous allons pouvoir, comme pour les deux précédents Grades,
étudier l'Ouverture, puis la Fermeture des Travaux et enfin la Cérémonie de Réception dans ce
sublime Grade de Maître Maçon.
OUVERTURE DE LA LOGE DE MAÎTRE
Aussitôt, tous les Frères, couverts, tirent leur épée qu'ils tiennent de la main gauche
pointe contre terre et portent leur main droite au signe d'Ordre de Maître.
Le Vénérable Maître prend du feu au chandelier à trois branches, avec une mèche cirée
à l'extrémité d'un roseau, et il va allumer, par le Midi, les six bougies qui ne l'étaient pas
encore aux trois grands chandeliers du Tapis. Il revient à sa place par le Nord.
Bien entendu, le Maître des Cérémonies aura dans l'intervalle, ajouté ces six bougies et
déplacé le troisième chandelier qui se trouve maintenant au Nord-Est et non plus au Sud-Est.
La déambulation se fait maintenant dans le sens lévogyre, c'est à dire dans le sens inverse de
la course apparente du soleil, qui est le sens « sinistre » comme le mot l'indique en latin.
Le Vénérable Maître étant de retour à sa place, frappe un coup sur l'Autel - 0 - qui est
répété par les deux Surveillants, et dit
ler Surv. : Frère Second Surveillant, quel est le motif qui nous rassemble
pour la Loge de Maîtres ?
V.M. : C o m m e n t y parviendrons-nous ?
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Même question, donc, du Vénérable Maître, qu •au second Grade. Il s'agit de définir l a
méthode de travail et les moyens engagés:
I er Surv. : F r è r e Second Surveillant, comment y parviendrons-nous?
2ème Surv. : Par le secours du Grand Architecte de l'Univers et par l a
connaissance de JAKIN, de BOOZ et de la lettre G qui est au centre de l'Etoile
flamboyante.
er Surv. : Vénérable Maître, par l e secours d u Grand Architecte d e
l'Univers et par la connaissance de JAKIN, de BOOZ et de la lettre G qui est au
centre de l'Etoile flamboyante.
V.M. : C o m m e n t pouvons-nous acquérir cette connaissance ?
er Surv. : F r è r e Second Surveillant, comment pouvons-nous acquérir cette
connaissance ?
2'me Surv• : Mes Frères, aidons tous le Vénérable Maître à ouvrir la Loge de
Maîtres.
avec toits les êtres, et même les plantes, les roches elles-mêmes, bref, avec tout ce que nos sens
nous montrent... et même ce qu'ils ne nous montrent pas. C'est ce que les Maîtres de toutes les
Traditions appellent « la Non-séparativité » : Alors que nous croyons être séparés les uns des
autres, séparés de tout le reste du inonde, viendra un jour où nous comprendrons que Tout est
UN, comme le dit fort bien un Sage contemporain
Bien sûr, il n'est pas possible de comprendre cet aphorisme avec la raison raisonnante
(comme disent les théologiens). Cette vérité fondamentale ne peut qu'être vécue au cours de la
méditation profonde ; alors elle apparaît comme une telle évidence qu'on se demande comment
on a pu vivre tant d'années (voire tant de vies ?) sans s'en être rendu compte plus tôt. On ne
peut alors que sourire en voyant tous ceux qui veulent « changer le monde » (!!) sans se chan-
ger eux-mêmes, car personne ne peut « changer le monde ». Peut-on changer un rêve de la nuit
tant qu'il se déroule ? peut-on changer un film qui se projette sur l'écran au cinéma ? On ne
peut pas changer le monde tel qu'il se déroule - sauf en atteignant en soi la vraie Réalité.
Précisément ce à quoi la Franc-Maçonnerie et le Rite Ecossais Rectifié s'emploient fonda-
mentalement (« le vrai but de la Franc-Maçonnerie » avait dit le Frère préparateur...) comme
certaines autres organisations initiatiques depuis des millénaires. C'est, nous l'avons déjà dit,
le but unique de toute initiation. Socrate, Platon et tant d'autres ont passé le plus clair de leur
vie à tenter d'engager les hommes dans cette voie lumineuse et libératrice...
Aussitôt, le Vénérable Maître et tous les Frères avec lui, donnent deux fois de suite le
signe entier du Grade de Maître, après quoi les Frères se mettent et restent au deuxième temps
du signe, qui est le signe d'Ordre en Loge.
Après quoi, le Vénérable Maître ouvre la Loge de Maîtres par la batterie de neuf coups,
par trois fois trois, en disant
V.M. : A la gloire du Grand Architecte de l'Univers 0 0 0
Au nom de l'Ordre 0 0 0
Et par le pouvoir que j'en ai reçu,
J'ouvre cette Loge de Maîtres 0 0 0
Surv. : 0 0 0 00 0 00 0
2ème Surv. : 0 0 0 00 0 00 0
La proclamation rituelle de l'Ouverture de la Loge est ainsi proclamée trois fois, comme
pour les Grades précédents, par le Vénérable Maître, puis par les deux Surveillants.
On aura aussi remarqué que le signe entier du Grade est également donné trois fois, les
deux premières fois, à la suite l'un de l'autre, et la troisième fois, peu de temps après. On
retrouve donc dans ce triple signe le rythme de la batterie. Nous avons maintes fois fait remar-
quer la précision de ce Rituel jusque dans les plus petits détails...
Le Vénérable Maître pose son épée en travers sur la Bible ouverte au premier chapitre de
l'Evangile de Saint Jean, et tous les Frères en même temps remettent la leur au fourreau.
Le Vénérable Maître s'assied et invite les Frères à s'asseoir aussi et à observer le plus
profond silence.
Comme pour les deux premiers Grades, nous étudions maintenant la Fermeture des
Travaux avant de passer à la Cérémonie de Réception
CLÔTURE DES TRAVAUX
Le travail étant fini, le Vénérable Maître procède à la clôture de la Loge de Maître comme
il suit:
V. M . : 0
cjr Surv. : 0
2'me Surv. : 0
: D e b o u t et à l'Ordre, mes Frères
Il tient la pointe de son épée haute, le pommeau appuyé sur l'Autel ; tous les Frères se
lèvent en même temps et tirent leur épée dont ils tiennent la pointe contre terre, en se mettant
au signe de Maître.
V.M. : F r è r e s Surveillants, puisque le travail des Maîtres est fini, aver-
tissez les Frères que je vais fermer la Loge de Maîtres.
2-)
2ème Surv. : Mes Frères, aidons tous le Vénérable Maître à fermer la Loge de
Maîtres.
V.M. : U n i s s e z - v o u s à moi, mes Frères.
Aussitôt, tous les Frères, avec le Vénérable Maître, donnent ensemble, deux fois de suite,
le signe entier des Maîtres et se remettent sur le champ au deuxième temps du signe, excepté
le Vénérable Maître qui prend son maillet avec la main droite et dit:
V.M. : A la Gloire du Grand Architecte de l'Univers 0 0 0
Au nom de l'Ordre 0 0 0
Et par le pouvoir que j'en ai reçu,
Je ferme cette Loge de Maîtres 0 0 0
er Sun/. : 0 0 0 00 0 00 0
2'ine Surv. : 0 0 0 00 0 00 0
Il n'y a aucun commentaire à faire concernant cette Clôture des Travaux, sinon faire
remarquer que les phrases du Vénérable Maître lors de la batterie de clôture, sont aménagées
de telle sorte que le troisième triple coup de maillet est séparé plus longuement des deux pre-
miers. L'ensemble des triples coups se fait donc sur le rythme deux plus un. Certains
Surveillants prennent parfois l'initiative de faire discrètement de même. Ce n'est peut-être pas
une mauvaise idée...
Les trois signes d'Ordre se font également sur le rythme deux plus un...
Etudions maintenant la très importante Réception au Grade de Maître :
PROCLAMATION POUR LA RÉCEPTION
D'UN COMPAGNON
AU GRADE DE MAÎTRE
Fr. Prép. : A i n s i , Vénérable Maître, le Candidat 1-n'a paru digne d'être reçu
Maître Franc-Maçon.
Si le Candidat a mis quelques réflexions par écrit.. il les remet au Vénérable Maître, ainsi
qu'il a déjà été dit ; ce dernier les confie au Frère Orateur ou au Frère Secrétaire en disant
Le premier tient une épée nue à la main et l'aborde d'un air grave et sérieux. Il lui dit
Voulez-vous donc subir les épreuves par lesquelles tout Compagnon, avant d'être
reçu Maître, doit démontrer son innocence, son courage et la sincérité de son désir ?
Le Candidat répond.
Introd. : M o n Frère, celui qui n'a pas laissé pénétrer le vice dans son
coeur se soumet sans crainte aux plus fortes épreuves, parce qu'il doit en sortir
plus pur et plus vertueux, mais l'homme dont l'âme est corrompue y publie sa
honte et n'y trouve que l'humiliation ou le tourment des remords.
Après une petite pause, il continue
Puisque vous ne craignez pas d'être éprouvé pour obtenir le rang de Maître,
préparez-vous à ce travail en renonçant dès à présent et sans réserve à des choses
dans lesquelles l'homme met trop souvent sa confiance.
Voilà bien un discours qui ressemble à un habituel et banal sermon sur les bons senti-
ments qu'on doit avoir, le choix entre le vice et la vertu, etc... Nous avons bien compris, qu'à
travers son cheminement dans le Grade de Compagnon, le Frère Maçon aura fait de substan-
tiels progrès dans la compréhension de lui-même. Son âme n'est pas - ou a cessé d'être - cor-
rompue. Pourtant le Frère Introducteur semble lui parler comme s'il était au début de ce dur
travail : « Préparez-vous à ce travail », lui dit-il. C'est que, si le Frère Compagnon s'est effor-
cé de progresser dans la recherche de lui-même, le Frère Introducteur et les autres Frères
Maîtres savent bien que ce qui a été fait ne constitue que les prémices du travail d'amélioration
entrepris. L'essentiel arrive maintenant: 11 lui faut « renoncer dès à présent et sans réserve à des
26
choses dans lesquelles l'homme met trop souvent sa confiance »... Des choses... le terme est
vague... Quelles choses ? Nous savons bien qu'il va être soumis à la mort et qu'il va renaître
à une vie nouvelle. Ces choses-là ne sont pas un petit événement !
Jusqu'à présent, le Frère Compagnon, comme tout le monde, a porté ses efforts sur les
circonstances de sa vie profane, professionnelle, familiale, parentale, etc... Il a appris, depuis
qu'il est en Maçonnerie, qu'il doit changer de point de vue, que le monde dans lequel il se voit
vivre jour après jour (et nuit après nuit), n'est peut-être pas si solide, si matériel, si évident qu'il
n'en a l'air... On a essayé de lui faire comprendre ce que les Sages de jadis et d'aujourd'hui
enseignent tous, à savoir que le monde n'est qu'un rêve et donc que les plaisirs, mais aussi les
peines, qu'il éprouve depuis qu'il est né, sont peut-être bien un rêve aussi. Pas facile à admettre,
n'est-ce pas ? Pourtant, qu'on se tourne vers les Sages de l'Antiquité gréco-romaine, vers les
Sages chrétiens, vers l'Ancienne Egypte, vers l'étourdissante profondeur de la Sagesse chinoi-
se, vers les Sages de l'Inde, vers les chamans même, en Afrique, en Amérique du Sud, dans les
steppes et les forêts de la Sibérie, partout, oui, partout, ce même enseignement est donné: « Tu
n'es pas ce que tu crois être » ; ta personne n'est qu'une image, une simple image dans l'im-
mense rêve de la vie... Il faut maintenant « faire mourir le vieil homme et faire naître l'Homme
nouveau », comme disait si bien Saint Paul... La plupart des Chrétiens tiennent ce discours pour
une envolée poétique. Ce n'est pas une envolée poétique. Les Sages nous racontent comment
ils ont fait pour abandonner le « vieil homme » afin de renaître dans l'Homme nouveau: ils
l'ont fait; ils ont vécu ce changement en eux-mêmes. Ils peuvent dire : « Quand vous me voyez,
vous voyez toujours la même image mais JE ne suis plus cette image, ou plus exactement ma
conscience n'est plus dans l'image que j e croyais être, elle se trouve maintenant dans
l'Etincelle divine que vous ne voyez pas quand vous regardez l'image... ».
Jusqu'à présent, nous avons mis notre confiance (comme dit le Frère Introducteur), dans
la matérialité apparente mais sécurisante du monde matériel (ou qui semble matériel, comme
semblent matériels les objets que nous rencontrons ou manipulons dans nos rêves de la nuit).
maintenant, il va falloir, en faisant mourir le vieil homme, trouver la vraie Réalité et abandon-
ner le rêve; il va falloir devenir conscient de cette différence fondamentale entre la fausse " réa-
lité " et la vraie Réalité... Il va falloir devenir innocent au sens propre du mot, c'est à dire inca-
pable de nuire à quiconque ni par actes, ni par paroles, ni même par nos pensées. Enorme tra-
vail ! Oui, mais gigantesque conquête ! Peut-être n'en étions-nous pas conscients en entrant en
Maçonnerie - on le sentait sans doute confusément quand on nous disait que la Maçonnerie est
une société initiatique, maintenant nous sommes au pied du mur, ou plus exactement devant
le cercueil qui va contenir tout ce qui n'est qu'apparence, afin que la Lumière qui se situe au
delà de cette « mort », illumine notre conscience. Courage !
Comment faire comprendre un aussi gigantesque défi ? Comme d'autres sociétés initia-
tiques depuis la nuit des temps, c'est le mythe qui va nous y aider. Et le mythe central en
Maçonnerie, c'est le meurtre d'Hiram. Il va falloir comprendre l'enseignement de ce mythe,
qui s'adresse à chacun de nous... Oui, vraiment, bon courage ! Mais on nous avait prévenus dès
le départ: Il nous fallait aimer et chercher la Vérité « avec ardeur et persévérance », « écarter
les illusions qui nous trompent », etc... (Avertissements au Profane dès son entrée dans le
Temple, le jour de sa Réception).
Introd. : Mon Frère, voici l'instant ou vous devez être introduit dans la Loge
des Maîtres. La tristesse règne dans leur assemblée car un grand crime a été com-
mis par des Compagnons et les coupables n'ont pas été découverts. Si vous
n'avez rien à vous reprocher, venez courageusement avec moi, ayez la fermeté
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d'un homme juste et le calme de l'innocence ; mais que la candeur soit sur vos
lèvres et la sincérité dans votre coeur, si vous voulez sortir glorieusement des
épreuves que vous devez nécessairement subir.
Le Frère Introducteur, ainsi comme dans les autres Grades, ne devra quitter le Candidat
qu'au moment où, ayant été reconnu par ses Frères, il aura travaillé en Maître sur la Planche à
Tracer.
Oui, l'Ange Gardien est toujours auprès de nous dans les épreuves. Qu'avons-nous donc
à craindre ?
LE CANDIDAT A LA PORTE DE LA LOGE
Le Candidat n'est plus un Profane ; i l peut répondre de lui-même. Depuis qu'il est
Compagnon, il peut s'exprimer en Loge... Néanmoins, toutes ces questions ont déjà reçu leurs
réponses deux fois. C'est donc la troisième fois qu'on les lui pose. Quand il sera Maître Maçon,
il pourra être reçu lors de ses voyages, sans qu'il ait à justifier de son état civil, sa religion, etc...
V.M. : Q u e l est son nom et son âge d'Ordre, où a-t-il travaillé et sur
quelle partie a-t-il fait son travail ?
Ce qui intéresse maintenant le Vénérable Maître, ce sont ses références maçonniques ; les
choses deviennent sérieuses, nous quittons les références profanes et entrons dans le domaine
symbolique.
V.M. : A - t - i l fait son temps ; ses Maîtres sont-ils contents de lui ; est-il
disposé à subir ses dernières épreuves, et qui répond de lui dans la Loge ?
A nouveau, la question passe au Frère ler Surv., puis au Frère Introducteur, qui répond
Introd. : I l a fait son temps ; ses Maîtres sont contents de lui. Il est tou-
jours disposé à subir ses dernières épreuves et c'est le Frère N q u i répond de
lui dans la Loge.
Retour des réponses au Vénérable Maître par l'entremise des Surveillants. Puis l e
Vénérable Maître s'adresse directement au Frère Parrain
Nous aurons remarqué qu'à chacun des trois Grades, le Vénérable Maître rappelle au
Frère Parrain « toute l'étendue des devoirs » qui lui incombent en tant que tel. Ce point de la
responsabilité du Parrain n'est pas toujours bien perçu. Dès le Grade d'Apprenti, le Vénérable
Maître fait très clairement comprendre au Parrain, qu'il doit activement s'occuper de son filleul
31
tout au long de sa carrière maçonnique. Bien entendu. le Parrain n'a pas à intervenir dans l'en-
seignement qui lui sera prodigué par les Surveillants aux deux premiers Grades. Son rôle est
différent. Si les Surveillants enseignent, le Parrain veille et conseille. Son rôle est déterminant
au cas où le filleul pose problème par son comportement. Dans ce cas précis, le Parrain doit
intervenir, car c'est très précisément son rôle: il s'est porté garant devant l'Ordre et devant ses
Frères de la Loge... Il va de soi bien entendu, que dans un cas difficile, le Parrain. le Surveillant
en charge et le Vénérable Maître ont intérêt à agir de concert. Mais le garant, c'est bien le
Parrain et il doit être bien conscient de sa responsabilité...
V . : 0
1 el Suiv. : 0
Surv. : 0
Aussitôt, le Second Surveillant se plaçant devant le Candidat, lui arrache son tablier en
lui disant d'un ton sévère
Après un moment de silence, le Vénérable Maître bat un coup d'Ordre - 0 - qui est répé-
té par les deux Surveillants
Essayons de comprendre. Le mythe d'Hiram, c'est bien connu, n'est en aucune façon his-
torique. Aucun texte ne fait mention d'un tel crime. Ce mythe est purement et fondamentale-
ment maçonnique. Il exprime donc un enseignement symbolique, puisqu'en Maçonnerie, tout
est symbole. Au cours de la cérémonie, c'est le Compagnon lui-même qui va prendre la place
34
de maître Hiram. Il va être assassiné par trois coups, comme Maître Hiram. Il va donc mourir,
puis le Vénérable Maître va le « ressusciter ».
Ce qui pourrait s'interpréter ainsi : Le Compagnon entre à reculons. Lui qui a travaillé
dans le Porche, puis s'est avancé à la porte du Temple, en attendant d'atteindre un jour le
Sanctuaire, il s'avance en direction du Sanctuaire à reculons. Cela signifie qu'il n'avance pas
correctement : Comment pourrait-il trouver son chemin de cette façon ? Il a donc fait une
erreur ; un crime même : il a tué Maître Hiram.
Maintenant se pose la question : Mais qui est donc Maître Hiram '? C'est l'artisan parfait, le
maître en tous les arts du bâtiment, le chef des ouvriers (des Compagnons) qu'il dirige à la per-
fection. Comment le chantier (notre chantier) pourra-t-il aller à sa fin si le Maître n'est plus là ?
Après tout ce que nous avons dit lors des deux premiers Grades, nous commençons à
comprendre que Maître Hiram est la personnification de « l'Etincelle divine » en nous, de
« l'Esprit » en nous. Le Compagnon, qui est sensé avoir bien compris quels sont les efforts de
« connaissance de soi » qu'il doit faire... n'est pas arrivé au bout de cette préparation. Il a certes
fait des efforts ; il s'est amélioré. Mais, pour employer le langage de saint Paul, il n'a pas enco-
re/ait mourir (fait taire) le « vieil homme » en hti, afin que l'homme nouveau puisse se lever
dans son coeur et yfaire enfin régner la pleine Lumière divine. On va donc lui montrer en le
lui faisant vivre, ce qu'il doit faire : Ce n'est pas Maître Hiram qu'il faut assassiner, c'est le
vieil homme en nous-mêmes. A cette seule condition, l'Homme Nouveau pourra enfin naître.
A une dame qui lui demandait un jour: Que vais-je devenir après la mort ? un grand Sage
répondit: Mais êtes-vous déjà née ? Il s'agit là bien sûr, de la nouvelle naissance dont parlait le
Christ à Nicodème, lui-même initié (Revoyons nos classiques : Le Christ dit à Nicodème : « Je
t'ai vu sous le figuier », ce qui signifie : Je te connais comme initié. I l lui affirme alors qu'il
doit « naître de nouveau »). C'est très exactement ce que le Vénérable Maître va faire subir à
ce Compagnon : Il va le faire « naître de nouveau ».
2'1ne Surv. : Ici-bas, la vie est près de la mort et l'homme a toujours un pied
sur le bord du tombeau.
Le Christ n'a-t-il pas dit : « laissez les morts enterrer leurs morts ! ». Celui (celle) qui n'a
pas atteint l'état de Sagesse est en effet mort, alors même qu'il croit être bien vivant « Il faut
que tu naisses à nouveau ! » a dit le Christ...
Le deuxième voyage étant fini, le Vénérable Maître frappe seul un coup sur l'Autel - 0 -
et dit la deuxième maxime
Encore et toujours, l'étude de soi-même est l'essentiel du travail. C'est en effet quand on
a abandonné l'orgueil qu'on se rend compte que l'on (« on », c'est bien sûr le « petit moi » ...)
a besoin de secours p o u r « sauter le pas », si l'on peut se permettre de s'exprimer ainsi. Mais
cette expression populaire correspond parfaitement à ce qu'il faut accomplir...
Le Second Surveillant étant parvenu devant la tête de mort, arrête le Candidat en face du
tableau et dit à haute voix
2è1e Surv. : Mon Frère, 1.110111111C ne naît que pour mourir et sans la mort, il
ne peut parvenir à la vie.
Nous avons remarqué que le Rituel spécifie à chaque fois que le Second Surveillant doit
annoncer ses aphorismes à haute voix. Ainsi, non seulement le Candidat, mais tous les Frères
entendent (ou ré-entendent) les maximes, conseils, aphorismes, etc...
Ce que vient de dire le Second Surveillant est capital. Avons-nous tous bien cherché à
comprendre ce qui est dit là ? La première assertion semble tomber sous le sens: L'homme, en
effet, ne naît que pour mourir; tout le monde sait cela par expérience: tout ce qui naît doit mou-
rir. Ce qui est d'ailleurs absurde en soi ! A quoi peut-il être utile de naître, si c'est pour mou-
rir ? C'est en fait, quand on y réfléchit, tellement absurde que cela ne peut pas être la « réali-
té vraie » ! Ce qui faisait dire à un Sage récent: « La vie est une immense farce, hâtez-vous
donc de sortir de cette farce ! ». La Réception au Grade de Maître s'emploie justement à nous
faire comprendre le moyen de sortir de cette farce...
Quant au deuxième membre de la phrase prononcée par le Second Surveillant, elle est à
priori plus difficile à saisir: « Sans la mort. il ne peut parvenir à la vie ». Si on laisse passer une
phrase pareille sans chercher à la comprendre, à quoi bon l'avoir entendue ?... Le Rite Ecossais
Rectifié sème ainsi des perles sur notre chemin... Si l'on passe à côté sans les ramasser, à quoi
bon suivre ce chemin ? Voyons un peu : Sans la mort... Mais qui meurt ? Le corps, bien sûr, et
le mental avec. Mais si sans cette mort du corps et du mental on ne peut parvenir à la vie, c'est
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qu'il faut bien nous-mêmes procéder à cette mort du corps et du mental. Pas par le suicide, bien
sûr (l'erreur monstrueuse à ne pas commettre: à quoi bon casser l'outil qu'on nous a offert ?)
mais en faisant taire ce mental (bien utile si l'on sait le maîtriser, responsable de « l'immense
farce » dans le cas contraire....). Si l'on parvient jusqu'au Silence mental total et stable, alors
on vit l'expérience fabuleuse de l'effacement du corps et du mental, qui apparaissent pour ce
qu'ils sont : des images dans le miroir. La réalité, c'est à dire la vraie VIE, celle de l'Esprit,
celle qui est intangible, immortelle, non sujette à la mort, apparaît dans toute sa splendeur
calme, lumineuse, invulnérable, solide comme un roc (mais oui bien sûr ! la PIERRE philoso-
phale des alchimistes !). Merci, Frère Second Surveillant !
Le troisième voyage étant fini, le Vénérable Maître frappe seul un coup sur l'Autel - 0 -
et dit la troisième maxime
On ne saurait mieux résumer tout ce que le Rite Ecossais Rectifié nous a appris depuis la
Réception au Grade d'Apprenti....
2ème Surv. : Non, Vénérable Maître, mais i l a été docile à mes conseils,
m'ayant donné toute sa confiance.
Le Second Surveillant montre avec son épée, le transparent de la PRUDENCE et, après
une légère pause, le Vénérable Maître dit
Notre commentaire : A gauche, le vieil homme, qu'il faut abandonner (qui « doit mourir »).
A droite, l'Homme Nouveau, l'âme, libérée des contingences matérielles du vieil homme. Elle
tient le miroir (que le Compagnon a connu) et le compas, qui sert à tracer le Cercle, symbole
de l'Unité enfin retrouvée.
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L'emblème des Maîtres, c'est le Mausolée, devant lequel le futur Maître va vivre un
enseignement aussi fort que celui qu'il a vécu devant le miroir, jadis...
Les Surveillants conduisent le Candidat à l'Occident, en face du Mausolée, et le Premier
Surveillant, lui montrant les inscriptions, lui dit:
ici Surv. : M o n Frère, considérez attentivement cet emblème, c'est l'Ordre
qui vous le donne pour modèle.
Nous avons déjà fait quelques commentaires sur l e mausolée. L e Frère Premier
Surveillant fait comprendre au Candidat l'importance de cet emblème, en lui disant de le consi-
dérer attentivement. Il lui signale aussi que l'Ordre le lui donne comme modèle. U n mausolée
n'est pas un tombeau, c'est un monument à la mémoire d'un être cher. Quel être cher ? Mais
nous-mêmes bien entendu. L'enseignement chrétien ne dit-il pas qu'il faut aimer son prochain
comme nous-mêmes ? Puisqu'il s'agit d'un mausolée, l'emblème en question nous enseigne
que nous devons considérer notre petite personne comme défunte a f i n de pouvoir renaître à
la Lumière... Les inscriptions (que nous avons déjà présentées et traduites en début de volume)
vont nous expliquer comment faire. Voyons donc cet enseignement de plus près :
Le Vénérable Maître, après un petit intervalle, dit
V.M. : T o u t homme, par sa naissance, est devenu victime de la mort,
mais le Sage voit approcher sans effroi l'instant qui le dépouillera de ce qui lui
est étranger pour le rendre à lui-même.
Quelle merveille que ce petit exposé ! Chaque mot est pesé et doit être médité : Nous
avons déjà plusieurs fois relevé cette évidence : Par la naissance, nous devons obligatoirement
mourir. Tout ce qui naît, meurt. Mais la deuxième partie de la phrase du Vénérable Maître est
remarquable. Le Sage voit approcher sans effroi l'instant qui le dépouillera de ce qui lui est
étranger... Le Vénérable Maître n'a pas dit que le Sage voit venir sans effroi sa propre mort. Pas
du tout L e Sage se voit dépouiller de ce qui lui est étranger. I l s'en suit que la mort du corps
n'est pas une mort, mais un dépouillement de ce qui nous est étranger. Donc le corps et le men-
tal (qui seuls, « meurent ») nous sont étrangers. Voilà ce que nous devons bien comprendre. Cet
enseignement, on le voit, est capital. Le corps et le mental font partie du rêve de la vie. Ils n'ont
aucune réalité. Et cette fiction, cette illusion nous est complètement étrangère. Nous devons
comprendre et réaliser cet enseignement.
L'explication de tout cela se trouve dans les deux inscriptions
Tout le cosmos, dont notre petit moi (corps et mental) fait partie, est formé par le Ternaire divin.
Pour nous dépouiller de notre petit moi, il nous faut gravir les neuf parties de nous-mêmes,
les maîtriser, les connaître au sens propre du mot. Alors seulement nous pouvons nous dépouiller
de ce qu'il y a en trop afin de retrouver le Ternaire divin en nous et renaître « dans l'Unité du
saint Esprit », comme dit la liturgie chrétienne, c'est à dire atteindre l'état de Sagesse...
Qui n'a pas saisi cela, ne pourra pas parvenir à la Sagesse...
Ensuite, le Vénérable Maître frappe seul un coup sur l'Autel - 0 - et à cet instant, les
Surveillants font retourner le Candidat face à l'Orient.
Ainsi donc, les voyages sont terminés. 11 est intéressant de dresser le tableau du nombre
de voyages que le Candidat, au cours des trois Grades Apprenti, Compagnon, Maître a faits
effectivement et le nombre de ceux qu'il aurait dû faire en réalité:
Nombre de voyages effectivement accomplis
3 au Grade d'Apprenti
3 au Grade de Compagnon
3 au Grade de Maître
soit 9 voyages en tout
Nous retrouvons les 9 Lumières d'Ordre et les neuf Officiers que l'Apprenti a découverts
quand il a pu regarder autour de lui après sa Réception
Le nombre 17 par contre, non directement apparent, est remarquable. Ceux qui, au delà
de ce qui est exigé, parcourent d' eux-mêmes la totalité de ce que le Vénérable Maître a annon-
cé pour que la démarche entreprise soit parfaite, atteignent la célèbre " antiphraxis " des Grecs
et sont alors dignes de la pêche miraculeuse de l'Evangile de saint Jean, qui trône sur l'Autel
du Vénérable Maître, soulignons-le. Encore une fois, nous admirons que le moindre détail,
même caché, de ce Rituel constitue un enseignement digne d'admiration... à condition d'étu-
dier ce Rituel avec la plus grande attention. Rappelons donc ce que l'antiphraxis des Grecs
signifie
Le nombre 17 constitue donc la frontière - mais aussi le passage (une frontière sépare
mais est aussi lieu de passage d'un côté à l'autre) - de la matérialité à la spiritualité. Le nombre
qui cache le nombre 17 est le nombre 153. D'où la pêche miraculeuse dans l'Evangile selon
saint Jean (chapitre 21), lorsque les disciples, sur l'indication du Christ, jettent leur filet et
ramènent" 153 gros poissons ". Ce nombre est le total des nombres de 1 à 17. Comme le Christ
avait dit à ses apôtres dans saint Luc: "Je vous ferai pêcheurs d'hommes ", ils le leur confirma
dans saint Jean avant de les quitter, d'une façon voilée. Quiconque a quelque peu étudié la
Numérologie Sacrée, comprend immédiatement le message.
C'est le même message que nous retrouvons ici : Ceux qui font les neuf voyages exigés,
parviennent au Grade de Maître. Mais ceux qui ont entendu de la bouche du Vénérable Maître
le nombre de voyages qu'il faudrait faire « pour bien faire », arriveront à la vraie maîtrise et,
comme les apôtres du Christ, pourront réellement être non seulement des Maîtres, mais seront
aptes à conduire les Apprentis et les Compagnons, comme le spécifiait le Vénérable Maître peu
auparavant...
Signalons un autre nombre qui n'apparaît que si l'on étudie le Rituel attentivement: De
son entrée en venant du monde profane, jusqu'à la maîtrise, le Frère aura reçu sur son coeur,
par la pointe du compas :
N'est-ce pas une merveille ? Exactement, bien sûr, le nombre de coups que l'impétrant
frappe lui-même sur l e Tableau de la Loge, à savoir 9 sur les pierres (brute ou cubique) et 9
sur la planche à tracer (comme nous le verrons dans la suite de la Cérémonie). Cette accumu-
lation de 9 n'est évidemment pas un hasard. Toutes les actions des Templiers (ambassades, mis-
sions, etc...) étaient toujours exécutées par neuf Chevaliers...
Les Frères étant placés, le Vénérable Maître dit au Candidat:
V.M. : Frère Compagnon, les épreuves par lesquelles vous venez de passer,
les conseils que vous avez reçus, les règles et les maximes qui vous ont été ensei-
gnées, n'ont d'autre motif que celui de vous rendre digne d'entrer dans le Temple
dont les portes sont prêtes à s'ouvrir devant vous. Vous me paraissez tel que nous
le désirons, mais nous ne pouvons lire dans le fond de votre âme, et souvent les
dehors de l'homme sont trompeurs; prenez-y garde...
Voilà donc un discours qui commence avec prudence. mais qui laisse présager quelque
chose d'important. Avec prudence, car le Compagnon a-t-il réalisé la recherche intérieure
qu'on l'a engagé à poursuivre avec assiduité dans « les replis de son cœur » depuis sa récep-
tion au grade d'Apprenti... Si d'autre part le Candidat n'oublie pas que tout est symbolique en
Maçonnerie, i l comprendra que le Temple en question est justement son propre cœur, et par
conséquent que le Grand Architecte de l'Univers ne sera pas abusé sur les progrès qu'il a réel-
lement accomplis...
La Lumière qui brille dans ce Temple éclaire tout, pénètre tout, et aucun
homme ne peut se soustraire à son action. Elle ne souffre pas les profanes, elle
punit le curieux, le présomptueux et l'indiscret par le remords en se retirant d'eux
et en les abandonnant aux ténèbres de leur âme....
Voilà qui est clair, une fois encore : Si la Lumière abandonne le Candidat, il retombera dans
les ténèbres intérieures dont il a été tiré par sa réception dans l'Ordre. Et alors i l sera simplement
présent en Loge sans pouvoir percevoir réellement ce qui s'y passe sur le plan ésotérique...
Eprouvez-vous donc rigoureusement, sondez votre coeur et voyez ce qui
vous manque pour devenir un Maître accompli. En qualité de Compagnon, vous avez
été jusqu'à présent dirigé par vos chefs, suivant les instructions de l'Ordre, mais vous
allez bientôt recevoir les caractères du Maître pour diriger à votre tour, et instruire
vos inférieurs ; le Maître, mon Frère, n'instruit pas seulement par les paroles, c'est
par la force de l'exemple qu'il doit diriger les Apprentis et les Compagnons ; vous
sentez-vous donc capable de diriger ainsi vos Frères ? Répondez !
Que voilà une caractéristique fondamentale ! Le Maître, le Sage, ne dit jamais « J'ai déci-
dé ! », « Je veux...! », etc... Il donne l'exemple de la Sagesse de sorte que les autres sont ame-
nés à devenir ce qu'il est devenu : un Homme, digne de ce nom... Un célèbre Sage disait, à la
fin du siècle dernier
Tout ce qui précède, depuis la Réception en tant qu'Apprenti jusqu'à cette dernière paro-
le du Vénérable Maître, peut être considéré comme une formidable préparation à ce qui va
suivre maintenant : Il va falloir que l'impétrant se soumette à l'épreuve de la mort. C'est le plus
haut. le plus crucial moment de tout le processus intiatique des Grades « bleus », que l'on
retrouve dans tous les Rites, tout autour du monde, en Maçonnerie.., et bien avant déjà,
depuis... le Néolithique...
Le Premier Surveillant, aidé par le Second, fait placer les deux pieds du Candidat en
équerre et lui fait monter, par trois petits pas maçonniques, les trois premières marches ; il
l'arrête au palier du chiffre 3 et lui fait donner le signe d'Apprenti ; il lui fait alors monter, par
deux pas, deux autres marches: il l'arrête de nouveau au palier du chiffre 5, où il lui fait don-
ner le signe de Compagnon ; ensuite il lui fait monter, en le portant et le soutenant, les deux
dernières marches et, l'ayant arrêté au chiffre 7, il dit
ler Surv. : Vénérable Maître, le Frère Compagnon a monté les sept degrés
du Temple, il est parvenu jusqu'au Pavé Mosaïque mais il lui manque le signe du
Maître.
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Les deux Surveillants le soutiennent par les bras pendant qu'il fait ces trois pas, à chacun
desquels celui des Frères préposés vers qui il s'avance lui donne, avec le rouleau de carton, un
coup sur l'épaule gauche lorsqu'il parvient au Midi, un coup sur l'épaule droite quand il par-
vient au Nord, et sur le front lorsqu'il parvient à l'Orient.
Ces trois coups vont être renouvelés par le Vénérable Maître : Nous les commenterons à
ce moment là.
Les trois pas étant finis, les deux Surveillants le conduisent à pas libres vers l'Orient, où
le Vénérable Maître lui dit
Les Surveillants lui font mettre le genou droit entre les branches de l'équerre sur le cous-
sin, la main droite dégantée sur l'Evangile et l'épée, et le Vénérable Maître lui fait tenir avec
la main gauche, la pointe d'un compas ouvert sur le coeur à nu.
Rappelons que le genou droit en terre (sur le coussin) est un signe d'humilité.
Tous les Frères, étant toujours debout, tirent leur épée qu'ils tiennent la pointe haute de
la main droite, tandis qu'avec la main gauche, ils tiennent leur chapeau bas. L e premier
Surveillant prend sur l'Autel la feuille où est inscrit l'engagement, il la présente au Candidat
qui le prononce à haute voix comme suit
Rappelons que l'épée se tient toujours de la main gauche au Rite Ecossais Rectifié, sauf
lors des serments, à tous les Grades. (et aussi à un moment très précis de la Cérémonie, lorsque
le Candidat sera allongé sous le drap mortuaire)
Serons-nous étonnés de constater une fois encore, que cet engagement contient sept
phrases comprenant une promesse... alors que le nouveau Maître atteint la septième marche du
Temple ? I l y en aura donc eu quatorze pour le serment de l'Apprenti, cinq pour celui de
Compagnon, sept pour celui de Maître, soit vingt-six en tout. Rappelons que, comme nous
vivons, comme on dit, dans la civilisation « judéo-chrétienne », le nombre 26 est le Nombre
Divin par excellence, étant le Nombre du Tétragramme Sacré : Yod-Hé-Vav-Hé ( Yo d = IO,
Hé = 5, Vav , 6 et Hé = 5 t o t a l = 26) et ceci au moment où le Frère atteint la sphère divine
par la maîtrise du Septenaire Sacré...
46
Il vous retracera la règle de votre conduite dans le Grade que vous allez rece-
voir.
47
Mais le récit que l'impétrant va entendre s'insère dans le drame de Maître Hiram que le
Candidat va vivre lui-même peu après. Ce drame de Maître Hiram constitue la clé de toute la
Franc-Maçonnerie mondiale. Tous les Maîtres Maçons du monde ont vécu ce moment-là...
le Vénérable Maître, armé de son maillet, descend de la chaire et se place debout vis-
à-vis du Candidat accompagné si nécessaire, d'un Maître portant la lanterne qui doit servir à
éclairer le Vénérable Maître pendant la lecture du récit.
Et voici le moment dramatique qui va faire basculer le Candidat dans un monde nouveau,
lui faisant comprendre que la mort n'existe pas et doit être sublimée. Il va vivre ce que Lazare
a vécu lorsque le Christ s'est trouvé face à lui, au pied du tombeau (on aura intérêt à relire ce
récit très attentivement dans saint Jean (XI, 1-44) pour se rendre compte de la concordance).
On remarquera en passant que les mots prononcés font que les trois coups de maillet sont
une fois encore portés selon le rythme 2 + I , comme toutes les batteries du Rite Ecossais
Rectifié.
Aussitôt après le troisième coup de maillet, les deux Surveillants, tenant chacun un de
leur pied den-ière les talons du Candidat, sans qu'il s'en aperçoive, le renversent en lui portant
une de leurs mains sur la poitrine et en le soutenant de l'autre sous le dos ; ils l'étendent sur le
petit matelas noir qui recouvre la figure du cercueil ; ils lui font mettre la main droite sur le
coeur au signe de Compagnon et la jambe droite relevée en équerre i l s lui couvrent le buste
jusqu'à la tête avec le linge blanc ensanglanté, et le corps entier avec le drap mortuaire bordé
de blanc sous lequel on place, vers la tête du Candidat, un petit cerceau pour que sa respiration
ne soit pas gênée.
Alors le Frère Introducteur, qui n'a pas dû quitter le Candidat jusque là, va se placer à
l'Occident, en avant des plateaux des Surveillants et là, il reste debout, l'épée nue à la main jus-
qu'à ce que le Candidat étant relevé, il l'accompagne de nouveau.
Nous disions, lors des deux premiers Grades, que le Frère Introducteur jouait le rôle de
« l'Ange Gardien », ce qui, peut-être, faisait sourire... Remarquons qu'en ce moment, il se trou-
ve placé momentanément derrière et à peu de distance de la tête du candidat qu'il protège. Dans
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les années cinquante, Maître Henri Durville enseignait que lors d'une séance de magnétisme
suffisamment longue et puissante, « l'aura » du magnétisé (et ce qu'elle contient) se rassem-
blait derrière et au-dessus de la tête du magnétisé (ce qui permettait par exemple de pratiquer
une opération chirurgicale sans douleur et sans drogue, comme on le fait actuellement en pla-
çant l'opéré sous hypnose). Après la séance, il suffisait de « dégager » le patient, ce qui est une
opération des plus simples, et l'aura (et ce qu'elle contient) réintégrait le corps. Ce « rassem-
blement » de l'aura derrière la tête est représenté par le nimbe situé derrière la tête du Christ et
de ses apôtres, dans le religion chrétienne. Nous ne donnons pas plus amples informations ici,
mais nous ne pouvons pas nous empêcher de faire remarquer une fois de plus la rigoureuse
exactitude, sur le plan symbolique comme sur le plan pratique, de chaque détail de ce presti-
gieux Rituel...
Aussitôt que le Candidat est ainsi placé, le Vénérable Maître frappe, comme dans la bat-
terie de deuil, neuf coups, par trois fois trois, qui sont répétés par les deux Surveillants. (La bat-
terie de deuil se fait pour le Vénérable Maître en frappant avec le maillet sur l'avant-bras
gauche, tandis que les Surveillants heurteront leur avant-bras avec la main ouverte).
Ils observent le plus profond silence et seront dans une attitude de recueillement et d'af-
fliction.
Nous faisions remarquer en son temps que le glaive est toujours tenu de la main gauche
(la main droite étant à l'Ordre), s a u f lors des serments. Voici i c i une seconde exception,
puisque l'épée des six Frères gardiens du tombeau est tenue de la main droite (sans qu'ils soient
à l'Ordre par conséquent).
Le Candidat, mort, est étendu, sous la garde de neuf Frères. Ce nombre neuf est d'une
importance fondamentale pour le succès de l'opération. Souvenons-nous, comme nous l'avons
déjà signalé, que toutes les actions des Templiers étaient toujours accomplies par neuf cheva-
liers, ceci, pour en assurer le succès.
Voici donc maintenant la reconnaissance des Maîtres suivie du récit historique par le
Vénérable Maître. Disons seulement que tous les Maçons savent que ce récit dit « historique »
ne repose sur aucune donnée archéologique ou historique. L e récit est purement du ressort
exclusif de la « mythologie maçonnique ». Ceci est un fait que nous étudierons à la fin du récit.
car il est pour le moins étonnant que les chercheurs, maçons ou non-maçons, n'aient jamais pu
retrouver la moindre origine à ce récit. Nous verrons que cette origine a très certainement été
occulte....
RECONNAISSANCE DES MAÎTRES
Le Vénérable Maître revenant au pied du cercueil, tandis que se retire le Maître des
Cérémonies, dit :
Ayant posé leur épée sur le Tapis, les six Maîtres se réunissent aux deux Surveillants pla-
cés à l'Occident et au Vénérable Maître placé à l'Orient pour former, tous les neuf ensemble,
une chaîne autour du cercueil, en se tenant par la main, les bras croisés. Dans cet état, le
Vénérable Maître fait circuler les deux lettres indicatrices de l'ancien mot de Maître « J. A. »
qui sont tracées sur la lame d'or triangulaire. Il les donne détachées à l'oreille du Maître qui
est à sa droite, de sorte qu'elles lui reviennent par le côté gauche.
Les lettres circulent par conséquent de façon lévogyre, signe de mort, signe de ténèbres,
sens contraire à la marche du soleil. De même, dans une église, les circumambulations du prêtre
et des fidèles autour d'un catafalque, doivent (devraient, à notre époque o ù tout a été
« retourné ») se faire dans le sens sénestrogyre.
Le Vénérable Maître rompt la chaîne et retourne à l'Autel ; les Surveillants, le Maître des
Cérémonies (s'avançant pour remplacer le Vénérable Maître) et les six Maîtres reprennent leur
épée dont ils portent la pointe sur le corps du Candidat.
Le Vénérable Maître frappe alors , seul, un coup sur l'Autel - 0 - et prononce les paroles
suivantes avec un ton triste et élevé qui convient au sujet:
Nous connaissons tous ces paroles du Vénérable Maître, paroles qui nous ont émus quand
nous les avons entendues pour la première fois, puis encore par la suite, lors d'autres réceptions
au troisième degré.
Et maintenant, après tous les commentaires des deux premiers Grades, une chose devient
peu à peu plus claire : Ce langage est symbolique, nous l'avons bien compris. Et tous ces sym-
boles ont un seul et unique but : Nous faire comprendre ce que nous sommes, « d'où nous
venons et où nous allons »... Il est donc évident que ce texte s'adresse à chacun de nous et nous
concerne personnellement.
Dans ces toutes premières phrases, nous reconnaissons sans peine l'homme qui n'a pas
atteint l'état de Sagesse, pour lequel le monde qui l'entoure est « instable, obscur, triste, déplo-
rable, etc... ». L e s vicissitudes dont il est question dépeignent les vicissitudes de la vie sur
terre, avec ses hauts et ses bas, avec ses interrogations, ses joies et ses peines. Pourquoi ? Mais
parce que le Maître en nous a été assassiné p a r les trois mauvais compagnons qui sont en
nous: Or, les trois « corps » inférieurs de l'homme, les trois plans inférieurs du cosmos dont ils
sont le reflet, sont les « corps » des plans physique, astral (les sentiments) et mental. Le spiri-
tuel en nous, l'Etincelle divine en nous, l'Esprit, le « Rouah », « l'Atman », a été abandonné,
assassiné, oublié. Les deux premiers Grades ont tenté de nous faire comprendre que l'homme
n'est qu'une caricature de l'Homme, du Sage. maintenant, on nous le confirme en nous bros-
sant un tableau émouvant, dramatique, poignant : Nous n'avons pas pris garde à notre « Maître
intérieur » et nous rêvons cette vie sans savoir où elle nous mène...
Comme dans les « Contes pour enfants » ou « Contes de fées », il y a trois niveaux de
lecture : Le conte tel quel, qui semble raconter une histoire que nous prenons au premier degré ;
le conte dans lequel nous percevons une espèce de morale, un enseignement, qui fait que nous
nous identifions volontiers à un personnage, généralement le personnage principal, qui nous
enseigne comment surmonter les épreuves de la vie ; enfin il y a le troisième niveau dans lequel
nous reconnaissons que tous les éléments du conte se trouvent en nous, que le conte, c'est nous,
que la vie est un conte, un rêve, et qu'il faut nous réveiller, sortir du conte pour enfin retrouver
la vraie réalité, atteindre la vraie vérité et le vrai bonheur, dont le Vénérable Maître nous par-
lait dès notre entrée dans le Temple, en tant que Profane... Alors que sans le Maître HIRAM en
nous, nous avons perdu tous les plans de notre temple intérieur :
Où sont les plans de ce Temple que nous devions élever ? Quel est celui
d'entre nous qui a été doué de l'intelligence pour en concevoir l'ensemble et les
rapports 9
« Il y faut de l'intelligence » , disait et répétait, le Vénérable Maître....
...HIRAM seul en connaissait la beauté, lui seul pouvait nous diriger dans la
construction du Sanctuaire et de l'Autel ; mais il n'est plus et nous n'avons plus
d'espoir que dans notre courage et notre persévérance....
Voilà que nous retrouvons les trois éléments dont nous avons besoin : de l'intelligence,
du courage, de la persévérance, à nouveau nommés, et dans le même ordre !
....Que le Compagnon qui, dans ces moments lugubres, n'a pas craint de se
présenter pour être reçu parmi les Maîtres, prête une oreille attentive au récit que
je vais faire de nos malheurs. Puisse-t-il servir à son instruction et le rendre digne
de nous suivre dans nos recherches. Et vous mes Frères, ayez toujours devant les
yeux les moindres circonstances d'un événement si funeste
Voilà qui est clair, encore une fois : il s'agit bien toujours de l'instruction du Compagnon
et à la nôtre propre. au cas où nous n'aurions toujours pas compris, c'est pourquoi (comme
pour tout le reste du Rituel, nous nous en sommes aperçu !) nous devons conserver devant les
yeux « les moindres circonstances » de ce qui est dit.
Les plans ont été tracés par une main céleste. Donc par Dieu lui-même. Mais c'est Maître
Hiram qui va pouvoir concrétiser ces plans que par conséquent il connaissait. Hiram, avons nous
dit, est, pour le Maçon, le Maître Intérieur, l'Etincelle divine en nous. Dieu et Hiram, c'est la
même chose, comme sont identiques la vague et l'océan : les vagues sont innombrables et appa-
remment séparées les unes des autres, comme les hommes et les objets sont apparemment sépa-
rés les uns des autres, mais en réalité, toutes les vagues et l'océan lui-même sont UN : Il n'y a
toujours que l'eau de l'océan. Ce que nous nommons « vague » n'est qu'une forme passagère,
changeante et mortelle. En réalité, rien ne naît, rien ne meurt ; aucune vague ne « naît » ni ne
« meurt ». Ce ne sont que des formes passagères apparentes (=- qui apparaissent). Il va falloir
que nous comprenions aussi que, en apparence, nous sommes séparés, mais qu'en réalité, nous
sommes UN avec tout le cosmos et ce qui s'y trouve. Les vagues naissent et meurent, en réali-
té il n'y a que l'océan, immuable. Les hommes naissent et meurent, en réalité l'HOMME est
immuable. Voilà pourquoi, ayant compris et réalisé cette vérité, nous réalisons que la naissance
et la mort ne sont que des apparences, alors que nous sommes la réalité immuable.
...Ce prince, (Hiram, roi de Tyr) lui fournit en abondance les matériaux les plus
riches et lui procura un grand nombre d'excellents ouvriers ; mais il lui fit un don
bien plus précieux en lui envoyant Hiram-Abif, tyrien de nation, le plus habile
dans tous les ouvrages de l'art. Salomon étant doué de la plus haute sagesse
reconnut le prix des talents et des lumières d'Hiram, il lui donna sa confiance et
l'établit chef de tous les ouvriers...
Salomon, dans ce récit, « étant doué de la plus haute sagesse », représente symbolique-
ment Dieu. Symbolisme habituel : l'empereur à Rome, était déifié à sa mort ; Louis XIV était
Dieu sur terre (roi de droit divin), etc... Alors que Hiram est son équivalent en chacun de nous
52
(l'Etincelle divine en nous ; l'eau qui est dans la vague, et l'eau de l'océan, c'est la même
chose).
Hiram-Abif les sépara d'abord en trois classes, afin que chacun pût rece-
voir une paie proportionnée à son mérite et à son talent : il donna à chaque clas-
se des signes, mots et attouchements différents ; les premiers ou les Apprentis,
étaient appelés à la colonne .1 où il leur donnait leur salaire ; les Compagnons à la
colonne B ; mais il introduisit les Maîtres dans la Chambre du Milieu pour y être
payés selon leur grade. Un ordre bien établi devait assurer à chacun sa juste
récompense ; mais l'orgueil, l'envie et la cupidité traînent à leur suite le désordre,
la confusion et le crime...
Tableau qui s'applique aussi bien à l'homme individuel qu'à l'homme collectif...
Nous avons rappelé plus haut que personne ne peut expliquer l'origine de cette histoire.
Et pourtant, il est possible de faire un parallèle étonnant.
1) Les armes employées pour ce sacrifice sont un marteau, une masse et un maillet
(d'autres textes citent aussi une règle, un levier et toujours le maillet). Trois coups sont portés,
les deux premiers sur les épaules et le troisième sur le front.
3) Bien qu'affaibli après les coups portés aux épaules, il est debout quand il reçoit le coup fatal.
Arrêtons-nous là pour le moment et comparons avec ce qui se passait chez « nos ancêtres
les Gaulois » quand ils procédaient à des sacrifices d'animaux (boeufs, chevaux) ou d'hommes.
Voici le résumé du déroulement de la mise à mort
1) Le sacrifice avait lieu dans l'enceinte sacrée d'un sanctuaire quadrangulaire orienté
est-ouest.
3) Il est porté à l'animal généralement un, parfois plusieurs coups de hache ou de masse
sur l'occipital ou sur le front. Dans de nombreux cas de sacrifices humains, les clavicules sont
brisées avant l'achèvement frontal, temporal ou occipital.
Précisons que les coups de hache étaient portés non par la lame, mais par la partie plate
arrière de l'instrument.
Après que sept jours se furent écoulés, Salomon, inquiet sur le sort du Maître
Hiram, ordonna à neuf Maîtres de le chercher dans tous les ateliers et dans l'en-
ceinte qu'il avait tracée pour la construction du Temple. Les neuf Maîtres se par-
tagèrent en trois bandes ; trois d'entre eux sortirent par la porte du Midi, trois par
la porte du Nord, et enfin trois autres prirent leur route par la porte d'Orient.
Dans leurs recherches, ils appelèrent en vain Maître Hiram; mais ceux qui
s'étaient dirigés du côté d'Orient, attirés par l'éclat d'une lumière extraordinaire
qui partait d'un lieu fort élevé, firent les plus grands efforts pour y parvenir. Là,
accablés de fatigue et de lassitude, ils s'assirent et aperçurent une éminence qui
leur fit connaître que la terre avait été nouvellement remuée à cet endroit ; ils se
mirent à fouiller et trouvèrent un cadavre qu'ils reconnurent à la Lame d'Or tri-
angulaire dont il était décoré, pour le corps de notre Respectable Maître Hiram.
Alors ils jetèrent des cris de douleur et se firent entendre par les deux autres
bandes de Maîtres.
Ainsi le corps est d'abord enfoui sous un monceau de pierres. En territoire celte, cela
s'appelle encore de nos jours « un cairn ». Finalement, ils l'enterrent sur un lieu élevé, que les
trois Maîtres partis vers l'Orient distinguent par une lumière extraordinaire. L e cadavre
d'Hiram sur sa hauteur, est comme une église ou une cathédrale contenant le corps divin étin-
celant, comme une basilique chrétienne contient et protège l'Hostie, qui est le corps divin du
Christ...
Ceux-ci accoururent aussitôt et, s'étant réunis, ils vérifièrent ensemble que
ce cadavre était le corps du Maître Hiram, et qu'il avait été assassiné mais ils ne
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Dans la crainte qu'ils eurent qu'il n'ait été forcé de le leur dévoiler, ils
convinrent de ne plus employer l'ancien mot et d'y substituer la première parole
qu'ils prononceraient entre eux en exhumant le cadavre d'Hiram.
Après cet accord, ils plantèrent sur cette éminence une branche d'épine
nommée acacia pour reconnaître le lieu où ils l'avaient découvert et ils se rendi-
rent auprès du roi Salomon afin de lui apprendre cette triste nouvelle.
Pourquoi une branche d'acacia ? Laissons à la sagacité de chacun le soin de trouver le
pourquoi de ce choix. Signalons cependant la particularité de l'acacia d'avoir des feuilles divi-
sées en folioles qui sont en principe toujours en nombre impair, généralement de 7 ou de 9
folioles... Rappelons aussi que l'Arche d'Alliance, chez les Hébreux, était en bois d'acacia.
Mais il y a une autre explication à ce qui constitue un de ces « mystères » maçonniques fon-
damentaux : Pourquoi précisément l'acacia ?. Une fois encore, la véritable explication vient de
l'Egypte ancienne : « En Egypte, les dieux sont nés sous l'acacia de la déesse Saosis au nord
d'Héliopolis. Des textes des tombes affirment que certaines parties de cet arbre étaient pilées
et consommées par le mort transfiguré. On attribuait à cette purée végétale des pouvoirs béné-
fiques » (Serge van den Broucke : « Le banquet des dieux » ou : « Les nourritures magiques
dans l'Antiquité » c i t é dans la revue « Méditerranea », 8 1 , page 5). Comme personne n'a
jamais vu un mort ingurgiter une nourriture quelconque, il est bien évident (comme dans toutes
les pages du célèbre « Livre des Morts », titre erroné donné par l'égyptologue allemand
Lepsius, totalement ignorant des pratiques initiatiques égyptiennes - le titre égyptien étant
« Livre de la sortie à la Lumière », autrement plus explicite, rappelant « l'Illumination » en lan-
gage chrétien), que le « mort » en question était l'adepte lors de son initiation finale, modèle
de notre propre réception au grade de Maître, pratiquée dans tous les rites maçonniques.
Rappelons aussi que le temple d'Héliopolis était le plus important sur le plan de l'initiation.
C'est là que se pratiquait la plus haute étape du processus initiatique. I l a été entièrement
détruit, ses pierres ayant servi à construire les mosquées du Caire, ainsi que quelques maisons
particulières. Les adeptes des « trois grandes religions monothéistes » comme on les appelle
stupidement de nos jours, ayant perpétré les crimes de génocides (les conquistadors en
Amérique, le génocide des autochtones du territoire des USA, l'éradication des druides ainsi
que de la relgiion celte en Europe, etc... etc...) et la destruction massive du patrimoine mondial
de l'humanité (comme la célèbrissime Bibliothèque d'Alexandrie, incendiée une première fois
par les Chrétiens, une seconde et dernière fois par les Musulmans, sous le prétexte que « Tout
ce qui se trouve la-dedans et est conforme à la Bible / au Coran est inutile et tout ce qui est la-
dedans n'est pas conforme à la Bible / au Coran, doit être détruit ». Gémissons, gémissons,
mais espérons ! Tout ceci donc, pour nous faire comprendre que l'acacia était une essence de
bois utilisée chez les Egyptiens dans le cadre-même de ce qui est chez nous la Réception au
grande de Maître... mais dont l'utilité pratique s'est perdue au fil des temps. D'autre part, dans
la cosmologie du peuple Dogon (actuellement au Mali dans le site des célèbres falaises de
Bandiagara, mais jadis à l'ouest de l'Egypte, ce qui explique les connaissances communes (en
particulier en ce qui concerne l'astronomie) entre les Sumériens, les Egyptiens et les Dogons.
Dans les années 1930, les Dogons ont expliqué à l'anthropologue français Marcel Griaule que
quand Dieu (« Amma » en langue dogon) a voulu créer le monde « il commença par planter
une graine d'Acacia faidherbia (seneî . en langue dogon) qui avait la forme de l'épine de
l'arbre actuel.../... qui se termine par une pointe effilée ». L'épine de l'acacia actuel représen-
te donc la graine de même forme qui se trouve à l'origine du monde pour les Dogons. A com-
parer avec l'origine du monde chez les peuples du nord, représenté par le frêne (Yggdrasil, die
Weltesche .Yggdrasil, le Frêne du Monde). Curieusement aussi, le hiéroglyphe « Di », d'après
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Guy Mouny, ne représente pas un triangle, mais un cône, exactement donc la même forme que
la graine du monde chez les Dogons...
Les neuf Maîtres qui avaient été chargés de faire les premières recherches
étant arrivés les premiers vers l'éminence qui couvrait le cadavre du Maître
Hiram, l'un d'eux le prit par le doigt index, mais la peau se détacha de l'os et lui
resta dans la main ; un autre le prit par le doigt du milieu, mais la chair lui resta
aussi dans la main ; enfin le troisième essaya de l'enlever en le prenant par le poi-
gnet, mais, ainsi qu'il était arrivé aux deux premiers, la chair lui resta dans la
main; alors il s'écria : M A K - BENAK ! ce qui signifie: le corps est corrompu,
ou la chair quitte les os, et il se mit en devoir d'exhumer le cadavre. Les huit
autres Maîtres se réunirent à lui pour l'enlever en présence de tous les autres et,
selon les ordres du roi, ils portèrent le corps d'Hiram dans le temple avec grande
pompe, étant décorés des marques de leur grade, avec des gants blancs, afin de
témoigner qu'ils étaient innocents du sang d'Hiram.
Le roi Salomon lui fit faire des obsèques magnifiques et, pour honorer son
zèle et sa fermeté, il fit placer sur le tombeau la Lame d'Or triangulaire où était
gravée la parole des Maîtres et il en confia la garde à ses plus intimes favoris.
Nous avons vu que la Lame d'Or portait les lettres J.A. et nous avons dit ce que ces lettres
signifiaient...
Salomon ayant approuvé la résolution qui avait été prise par les neuf Maîtres de ne plus
employer le mot du grade et d'y substituer le premier mot qu'ils auraient prononcé en déter-
rant le cadavre, tous les Maîtres se rangèrent en cercle autour du tombeau pour exécuter ce
projet. Alors le Maître qui avait relevé le corps d'Hiram donna le mot de MAK-BENAK à celui
qui était sur sa droite pour le faire passer de Maître en Maître jusqu'à ce qu'il fût connu de tous
et ce mot leur est resté depuis pour se reconnaître entre eux.
Nous avons bien compris que ( comme pour les contes initiatiques ) tous les éléments de
ce récit constituent une trame qui nous concerne personnellement. Pour atteindre le divin en
nous, il nous faut sacrifier le petit moi, c'est à dire le corps et le mental, afin que le divin puis-
se s'établir ou plutôt se rétablir d'où il n'aurait jamais dû être éclipsé. Ce qui fait penser à la
célèbre « prière » tibétaine (qui n'est d'ailleurs pas une « prière », mais l'affirmation d'une
ferme résolution) :
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« PRIÈRE » THIBÉTAINE
Aujourd'hui, je paie mes dettes, offrant, pour être détruit,
ce corps que j'ai tant aimé et choyé.
Je donne ma chair à ceux qui ont faim,
mon sang à ceux qui sont altérés,
ma peau pour couvrir ceux qui sont nus,
mes os comme combustible à ceux qui souffrent du froid.
Je donne mon bonheur aux malheureux
et mon souffle vital pour les ranimer.
Honte à moi, si je recule devant ce sacrifice !
Honte à vous tous, si vous n'osez l'accepter !
Jadis, les hommes faisaient aux dieux de nombreux sacrifices humains, afin d'obtenir
leurs faveurs. Puis ils ont sacrifié des animaux, plus tard, des fleurs, beaucoup de fleurs. Quand
la monnaie a été inventée, ils ont faits l'offrande de pièces de monnaie. On le pratique encore
de nos jours, par exemple dans de célèbres fontaines. Tout cela pour finir par comprendre que
c'est nous-mêmes, notre petit moi, qu'il faut sacrifier. Jusqu'au moment où tout acte devient
un sacrifice permanent. On dira alors plutôt un « don de soi ».
Nous pouvons maintenant achever la comparaison que nous avions entamée entre le
mythe d'Hiram en Maçonnerie et les rites de sacrifices chez les Celtes.
En Maçonnerie
5) Le cadavre est enterré superficiellement (sous un cairn, voir tout particulièrement le
Rite Français Traditionnel)
6) Ensuite la décomposition est constatée, des morceaux sont détachés et, seulement
après ces phases, la dépouille est relevée pour un transfert dans une sépulture définitive, qui
n'est d'ailleurs pas indiquée. Nous pensons plutôt à une dispersion symbolique des restes.
7) Le sacrifice d'Hiram eut lieu dans l'enceinte sacrée.
Chez les Celtes maintenant
Rappelons que de nos jours encore, la masse dont se servent les bouchers dans les abat-
toirs est appelée « le merlin »...
Ces comparaisons sont tirées d'une étude parue dans le te 11 de l'excellente revue « Le
Jardin des Dragons » de Mai 1994.
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Signalons qu'à Madagascar, il existe encore à notre époque une fête du « retournement
des morts » qui a lieu un certain temps après la mort. Les décédés sont sortis du tombeau, puis
« retournés » et ensevelis définitivement. Ainsi les Anciens peuvent participer à la régénéres-
cence du monde des vivants, comme chez les Celtes, jadis..
Le récit étant achevé, les deux Surveillants retournent à leur place.
Le Vénérable Maître alors bat un coup sur l'Autel - 0 - q u i est répété par les deux
Surveillants..../....
Le Vénérable Maître rompt ensuite la chaîne et les six Maîtres se retirent deux pas en
arrière.
Alors, le Vénérable Maître, aidé par les deux Surveillants qui sont à ses côtés, enlève le
drap mortuaire et le linge ensanglanté qui couvraient le Candidat.
Dès que le corps est découvert, ils font tous les trois ensemble, ainsi que les six autres
Maîtres, le signe d'horreur (ce signe se fait en passant rapidement du premier temps au second
et du second au troisième, ce qui complète le signe entier de Maître).
Le Second Surveillant, se penchant sur le Candidat, le prend par le doigt index de la main
droite, qu'il laisse ensuite aller, comme s'il lui restait dans la main, en prononçant le mot
JAKIN.
Le Premier Surveillant, agissant de même, le prend par le doigt du milieu, qu'il laisse
aller, lui aussi, en prononçant le mot BOOZ.
Pendant tout ce temps, le Vénérable Maître et tous les Frères gardiens du tombeau, se
tiennent au siene de Maître.
Ont lieu maintenant les « relevailles ». C'est le moment le plus intense de la Cérémonie
le mort va retrouver la vie...
Enfin le Vénérable Maître lui prend le poignet droit avec la main droite, lui passe sa main
gauche sous l'épaule droite, tenant son pied droit contre le pied droit du Candidat, genou contre
genou et poitrine contre poitrine, dans cette attitude, étant aidé par les deux Surveillants, il le
relève entièrement en disant d'une voix élevée
et lorsqu'il est debout, il lui donne le mot de Maître MAK-BENAK moitié à une oreille, moi-
tié à l'autre. Les Frères reprennent leur épée qu'ils tiennent pointe contre terre.
Voici donc ce moment extraordinaire des « relevailles » du mort, qui reprend une nou-
velle vie. « Il faut que tu naisses à nouveau » disait le Christ ; voilà qui est fait. Les années pas-
sées comme Apprenti, puis comme Compagnon, viennent d'aboutir à ce moment solennel.
L'impétrant est devenu « René » (prénom initiatique s'il en est !).
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On peut dire que maintenant, si l'impétrant a vécu tout cela mais ne l'a pas encore réel-
lement réalisé, du moins a-t-il tous les éléments en mains, il connaît toutes les bornes qui ponc-
tuent son chemin personnel vers la Lumière. Cette connaissance, c'est sa richesse. Tout dépend
de ce qu'il va en faire. Car
(Signalons ce qui nous paraît être un oubli du Rituel : les relevailles, par le Vénérable
Maître aidé de ses deux Surveillants, se Ait par « trois lbrtes secousses » et non d'une façon
continue - voir l'Instruction morale du Frère Orateur, avant les Instructions par demandes et
réponses, qui confirme cela nettement)...
V.M. : M e s Frères, que notre joie soit grande en ce jour, celui qui était
semblable aux morts a renoncé aux vices qui pouvaient le corrompre et il a reçu
une nouvelle vie.
Oui, tout homme en naissant est semblable aux morts (« Laissez les morts enterrer leurs
morts », disait le Christ, nous l'avons vu). Car il s'imagine qu'il vit. En réalité il dort et rêve.
Chaque matin au « réveil », il en est de même : il croit s'éveiller ; en réalité, il change de rêve.
Il passe du rêve de la nuit au « rêve du jour ». Ce que le Candidat vient de vivre, c'est l'em-
blème du vrai éveil. A lui de réaliser cet éveil qui le mènera au « vrai bonheur » que promet le
Vénérable Maître dans l'Invocation, à chaque Ouverture du premier degré....
Espérons qu'il aura bien compris qu'on ne peut pas être mort et éveillé en même temps.
On ne peut pas rêver et être éveillé en même temps. Pour s'éveiller. il .faut sortir du rêve de la
vie. Au cours des trois Grades « bleus » que nous venons de parcourir, la « marche à suivre »
a été donnée. Si le Frère l'a suivie pas à pas, il sait ce qu'il a à faire. Il connaît le chemin. Mais
on ne peut explorer un pays lointain et inconnu, en lisant des guides dans son cabinet de tra-
vail. Il faut mettre ses grosses chaussures et partir sur le chemin. Tous les pèlerinages religieux
ont toujours été le symbole du pèlerinage intérieur qui se fait dans la chambre de méditation
« Entre dans ta cellule, ô moine ! Assieds-toi aux pieds du Maître qui séjourne dans ton coeur »
disaient les Hésychastes chrétiens à leurs élèves... Ceci est parfaitement compatible avec la vie
courante. Mieux, le « métro-boulot-dodo » restera en apparence le même (aux yeux des autres)
mais pour l'adepte, il en sera profondément transformé et la joie s'installera dans son coeur.
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Le Vénérable Maître reste un moment, ainsi que la Loge, dans un profond silence, ensui-
te il dit au candidat
Bien sûr qu'il ne faut jamais perdre de vue ces emblèmes sublimes. Ils sont la clé-même
de la vie pour ceux qui ne veulent pas gaspiller le temps précieux qui leur a été offert par la
Providence précisément pour faire l e chemin qui nous a été enseigné depuis l e Grade
d'Apprenti. Et... quand des Maîtres se retrouvent ensemble, est-ce bien leur sujet cominuel de
méditation ? Notre Très Respectable et Illustre Frère Willermoz ne se faisait pas trop d'illusion,
semble-t-il, d'après la fin de la phrase du Vénérable Maître...
...Dans ce récit qui vous a été fait de l'assassinat d'Hiram, vous avez vu trois
Compagnons entreprendre d'arracher par la violence, ce qui ne pouvait être que
le prix du travail et de la vertu, et de commettre un horrible assassinat pour satis-
faire leur aveugle cupidité...
Cupidité aveugle sans aucun doute. Car ces trois mauvais Compagnons, qui étaient mani-
festement dans l'ignorance des lois de la vie, ignoraient, dans leur aveuglement, qu'un crime, une
faute, une méchanceté, une parole désagréable, une pensée mauvaise même, ne restent jamais
impunis : De nos jours, tout le monde a entendu parler de la loi de Karma, terme sanscrit bien
pratique pour faire comprendre que la moindre de nos actions, paroles et pensées, provoque auto-
matiquement une réaction en rapport exact avec ce qui a été fait, dit, pensé. En mode positif
comme en mode négatif, bien entendu. Ce qui fait que l'on a tout à gagner, automatiquement, à
cultiver l'amour et la vertu. Le Rite Ecossais Rectifié nous le répète sans cesse.
...C'est ainsi, mon Frère, que les passions portent aux plus grands excès ceux
qui se soumettent à leur emprise ; mais vous avez vu aussi un Maître rempli de
sagesse, célèbre par ses talents et ses lumières, se livrer à une mort certaine plu-
tôt que de conserver sa vie au prix du dépôt qui lui avait été confié. Tel est le
devoir d'un vrai Maçon, il n'est rien qu'il ne doive sacrifier à la fidélité, à la dis-
crétion, et à la vertu....
Ceci sont les derniers conseils du Vénérable Maître, qui ont jalonné ces trois Cérémonies
de Réception aux Grades « bleus ». La Cérémonie se termine par les signes, mots et attouche-
ments du Grade. Puis les Instructions, que nous étudierons également, comme nous l'avons fait
pour les deux Grades précédents.
...La couleur bleue qui entoure le tablier vous démontre qu'il n'y a point de vertu solide
et durable si elle n'est soutenue par le sentiment de l'appui qui vous est donné par le Grand
Architecte de l'Univers, par la religion qui seule peut attirer sur nous les faveurs célestes.
V.M. : J e vous rends aussi votre chapeau ; qu'il soit sur votre front le
symbole de l'esprit de Justice, de Tempérance et de Prudence qui doit accompa-
gner les Maîtres dans toutes leurs démarches. Désormais, vous pourrez vous en
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couvrir toujours en Loge afin d'annoncer la supériorité que ce Grade vous donne
sur les Apprentis et les Compagnons
...Dans le Grade d'Apprenti, l'Ordre vous enseigna que la Justice devait être la première
règle de vos actions; dans celui de Compagnon, la Tempérance vous fut recommandée pour
vous aider à vaincre vos passions déréglées; mais vous avez appris aujourd'hui que sans la
Prudence du Maître vous ne pouvez éviter les obstacles qui s'opposent à votre avancement dans
la vertu....
Il s'en suit aussi que si le Maçon a suivi les conseils et les enseignements qui lui ont été
prodigués tout au long de l'Apprentissage et du Compagnonnage, il devra être proche de l'état
de Sagesse, sinon même de l'avoir atteint. Il aura donc dépassé l'illusion du monde, Maya, la
Grande Illusion des Orientaux, il aura appris et mis en pratique le dépassement de l'intellect,
de la raison raisonnante, du « vacarme mental » du sage Montaigne e t sera donc cligne de
montrer ce dépassement, par le port - suivant les cas - du chapeau, du diadème ou de la cou-
ronne. Nous avons en effet précédemment montré, à la suite de la brillante démonstration de
R. A. Schwaller de Lubicz (in : Le Temple de l'Homme), que ces insignes symbolisent la fron-
tière faite entre les méandres de la cervelle et le rayonnement de « l'intelligence du coeur ».
L'état de Sagesse, la vraie Maîtrise, c'est l'état dans lequel la conscience n'est plus tributaire
du mental, responsable de la colossale illusion dans laquelle est plongé « l'homme ordinaire »,
mais se trouve dans le coeur spirituel, à droite dans la poitrine, comme nous l'avons vu. Voila
donc pourquoi le Maître porte un chapeau en Loge...
...Par le Grade de Maître, vous avez acquis l'âge de sept ans, qui est le troi-
sième nombre mystérieux et le plus parfait de la Franc-Maçonnerie ; ne le dégra-
dez jamais en vous, mon cher Frère, c'est le seul moyen de découvrir un jour sa
valeur véritable...
Nous avons compris depuis longtemps que « mystérieux » désigne toujours un élément
qui se situe en nous. L'anatomie subtile de l'homme se décomposant en sept parties, comme
nous l'avons étudié aux deux premiers Grades (la septième, le plan divin, étant ternaire, ce qui
sous-entend le novénaire au delà du septenaire d ' o ù l'expression « sept et plus »), atteindre
le septenaire équivaut à atteindre l'état de Sagesse, ou Maîtrise totale de soi.
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...Vous avez été relevé du tombeau par les signes, attouchements et mots de
Maître, c'est par les mêmes moyens que vous devez vous faire reconnaître des
Frères de ce Grade ; je vais donc les répéter devant vous en y joignant les ins-
tructions nécessaires, afin que vous puissiez les retenir et conserver le caractère
que vous venez de recevoir.
Le signe se fait en trois temps:
I - en portant la main droite, les doigts étendus et le pouce relevé, formant
une équerre, sur la poitrine,
2 - en relevant la main horizontalement, le pouce appuyé contre la poitrine,
3 - en portant la main droite, toujours en équerre, mais renversée, sur le front,
de manière que le pouce soit en bas et que la paume de la main regarde le ciel.
Au troisième temps, on tient la tête un peu détournée à droite et penchée sur
l'épaule droite. Ce signe exprime la surprise et l'horreur dont furent saisis les
Maîtres lorsqu'ils découvrirent le cadavre du respectable Maître Hiram.
Le deuxième temps de ce signe est le signe d'Ordre ordinaire dans la Loge
de Maître...
Il n'y a aucun commentaire à faire sur cet exposé du signe de Maître. Si ce n'est cepen-
dant un petit détail absent (peut-être par oubli ?) à cette démonstration: à savoir que si ce signe
est fait en entier avec une certaine vivacité, comme il doit l'être, vu la grande surprise et l'hor-
reur ressentie au moment de la découverte du corps d'Hiram, le fait de tourner et de pencher
vivement la tête à droite et en arrière, risque de faire perdre l'équilibre (ou d e provoquer un
« tour de rein » - non, ne riez pas). C'est pourquoi, traditionnellement dans tous les Rites, le
pied droit est porté légèrement en arrière en même temps, ce qui provoque un imperceptible
recul du corps, parfaitement conforme à l'esprit du mouvement de surprise et d'horreur....
...L'attouchement se fait avec un autre Maître en joignant pied droit contre
pied droit, genou contre genou, poitrine contre poitrine, la main droite dans la
main droite et la main gauche, tous doigts écartés, appuyée derrière l'épaule
gauche. (C'est à ce dernier temps qu'on se donne le mot du Grade)
L'attouchement de la main droite dans la main droite, dont je viens de vous
parler, se fait en passant le pouce entre le pouce et l'index et en se saisissant
mutuellement le poignet avec les trois doigts du milieu un peu recourbés, en
entourant avec le petit doigt, aussi recourbé, la partie inférieure de la main; ce
quatrième temps de l'attouchement général est le seul qui se donne entre deux
Frères qui veulent se re-connaître hors de la Loge de Maître._
Ce qui est communément et familièrement appelé « la griffe de Maître »...
...Le mot du Grade est MAK-BENAK, ce qui signifie : le corps est cor-
rompu, ou : la chair quitte les os. Ce mot se donne en s'embrassant, la première
syllabe à l'oreille droite et les deux dernières à l'oreille gauche, mais il ne se
donne en entier qu'en Loge.
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Hors de la Loge, on ne le donne que par les deux lettres M.B., l'un donne la
première et l'autre la seconde.
Rappelons... que l'oreille droite du Frère qu'on a en face de soi... est à notre gauche !
V.M. : M o n Frère, l'âge que vous venez d'acquérir vous donne le droit
de travailler sur la Planche à Tracer ; c'est là que vous devez étudier les plans les
plus convenables pour la perfection de l'ouvrage et pour la direction des ouvriers.
Allez vous présenter au Frère Premier Surveillant, il vous fera essayer ce nouveau
travail par le batterie de votre Grade.
Le Maître des Cérémonies le conduit vers le Premier Surveillant qui le conduit à son tour
auprès de la Planche à Tracer qui est dessinée sur le Tapis ; il y frappe avec son maillet trois
fois trois coups - 0 0 0 0 0 0 0 0 0 -ensuite il remet son maillet au Récipiendaire qui
y frappe de la même manière.
Rappelons une dernière fois que le Frère Introducteur qui. pendant toute la Cérémonie de
la Réception (à tous les Grades !) joue un rôle effacé, symbolise - avons-nous dit - l'Ange
Gardien du Récipiendaire. Mais ce que, dans la tradition chrétienne, on appelle « Ange gar-
dien », est en fait « L'Etincelle Divine » en nous. Il est temps de préciser maintenant le voca-
bulaire employé, afin que les notions dont nous parlons soient clairement établies
« L'homme ordinaire » (comme disent les textes) est une personne qui croit très fortement
et comme une évidence, qu'elle EST le corps; que ce corps est doté d'un cerveau qui lui sert à
penser, réfléchir, etc... La « petite voix de la conscience » est une notion très floue, peu impor-
tante à ses yeux et pas du tout digne d'intérêt. Cette personne se prend pour une entité séparée
de toutes les autres entités, séparée également des objets qui l'entourent. Rappelons d'ailleurs
que le mot « personne » vient du latin « persona », qui désignait le masque que les acteurs
portaient quand ils jouaient sur scène. Il y avait une persona tragique, une persona comique,
etc... Une « personne » n'est donc pas une réalité, mais une fiction, un personnage joué sur une
scène. C'est bien ainsi que le Sage se voit et voit tous les autres: Le corps, le mental, les objets,
le cosmos tout entier sont une fiction, un jeu (lilâ, en sanscrit , le jeu; le jeu auquel s'amuse Dieu
qui rêve le monde...). La réalité se trouve derrière le masque, sous le masque, sous la personne.
JE ne suis pas Monsieur Tartempion. Monsieur Tartempion est une personne, c'est à dire
quelque chose de fictif, d'illusoire. JE suis la réalité qui est cachée (à nos yeux de chair) derrière
l'apparence de la personne, comme l'acteur romain derrière son masque.
D'autre part, quand, dans le vocabulaire commun, nous parlons de « l'Etincelle Divine
en nous », on aura compris que l'expression en question est fausse : JE ne suis pas un corps qui
possède une Etincelle divine cachée dedans, mais JE SUIS l'Etincelle Divine, momentanément
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(et illusoirement) cachée dans un corps - comme l'eau de la vague est cachée sous une forme
que nous appelons « vague », mais en réalité, il n'y a pas de vagues, il n'y a que l'eau de la
mer. Les vagues ne font qu'apparaître et disparaître, mais non pas naître et mourir. Nos corps
ne sont que des agrégats de particules (les mêmes dans tout l'univers) momentanément agglo-
mérées en atomes et en molécules, en attendant non pas de mourir, mais de se désunir, se désa-
gréger pour former d'autres « corps » etc... L'univers n'est qu'un immense jeu d'apparences
qui se font et qui se défont sans cesse: RIEN, jamais, ne naît ni ne meurt. Notre grand Lavoisier
était sans aucun doute un Sage pour avoir dit (à une époque où la Physique des Particules
n'était pas encore née) : « Rien ne se crée, rien ne se perd. tout se transforme ».
Autre remarque de sémantique : Quand nous disons que nous atteignons l'état de Sagesse,
c'est encore une façon de parler inadéquate: Nous SOMMES l'Etincelle Divine de toute éterni-
té ; nous n'avons donc rien à atteindre.... Le « petit moi » serait bien en peine « d'atteindre » le
divin. Nous devons simplement reconnaître, retrouver notre état originel. Nous recherchons la
Sagesse comme celui qui cherche ses lunettes alors qu'il les a sur le nez, ou celui qui cherche
son chapeau qu'il a sur la tête, ou celui qui cherche son cheval sur lequel il chevauche... Rien à
chercher : mais se réveiller de ce songe, de cette incroyable et gigantesque farce, de cet immen-
se labyrinthe dans lequel nous sommes perdus. Le Rite Ecossais Rectifié constitue une métho-
de qui permet ce réveil. On peut continuer à dormir dedans, ou s'en servir pour s'éveiller enfin
de ce songe qui finit pal- apparaître comme un cauchemar, même s'il y a parfois des moments
qui nous paraissent agréables. C'est une question de choix...
...tandis que le Maître des Cérémonies, ayant conduit le Récipiendaire entre les deux Sur-
veillants, dit
Nous allons donc maintenant étudier les Instructions qui sont une confirmation de ce qui
a été fait et dit, mais qui apportent souvent des éléments supplémentaires, nous nous en étions
déjà aperçus dans les Grades précédents.
INSTRUCTION MORALE
Si vous avez été attentif aux cérémonies de votre réception, aux récits qui
vous ont été faits et aux décorations de la Loge, vous avez pu remarquer des
choses toutes nouvelles qui, peut-être même, paraissent se contredire. Cependant,
ces contradictions ne sont qu'apparentes, vous en conviendrez un jour ; elles sont
fondées sur la diversité d'objets que l'Ordre vous présente à la fois dans les trois
Grades fondamentaux que vous avez reçus et principalement dans ce dernier, les-
quels, malgré leurs rapports, sont essentiellement distincts et différents ; ils se
rapportent en général et en particulier à la nature universelle et à l'homme moral
qui sont liés l'un à l'autre par le même centre qui est l'auteur de l'un et de l'autre,
c'est ce qu'on a eu en vue depuis le premier pas que vous avez fait dans nos
Loges ; tous les symboles, tous les emblèmes, toutes les allégories qui vous ont
été présentés, ont eu ce double but.
Effectivement : Nous avons passé en revue les trois Grades « bleus » et c'est vrai que tous
les éléments qui se sont accumulés au long des pages représentent un ensemble considérable
très dense. Mais nous avons pu constater que le fil conducteur, non perceptible à première vue,
était d'une solidité à toute épreuve. Comme dans un collier de perles où l'on ne voit que les
perles, il n'y aurait pas de collier possible sans le fil solide qui les joint toutes ensemble. Il faut
bien se rendre compte aussi que
Nous convenons avec vous que ce mélange rend votre tâche plus pénible,
mais rien ne s'acquiert, dans cette carrière, sans travail, et c'est déjà vous rendre
un grand service que de vous apprendre qu'il ne faut pas confondre tout, et qu'il
faut séparer ce qui doit être distinct.
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Si le présent travail, au long des trois Grades « bleus », peut avoir apporté une aide, c'est,
nous semble-t-il, précisément en clarifiant ce qui pouvait paraître touffu... C'est du moins ce
que nous avons cherché à faire, après une étude, qui a pu nous paraître longue sinon même -
pourquoi ne pas le dire - en certains points fastidieuse... mais n'était-ce pas un aspect que nos
Maîtres Fondateurs ont glissé volontairement, pour nous forcer au travail ?...
Nous ne pouvons vous donner que des explications relatives à votre Grade,
mettez-les à profit et vous remplirez le voeu de la Loge qui me charge de ce soin.
Ceci est bien vrai. Nous avons fait remarquer, sans insister naturellement, que dans
chaque Grade, quelques éléments de la suite étaient volontairement et subrepticement glissés
de sorte que toute la série des Grades se tiennent comme les wagons d'un train, solidement arri-
més l'un à l'autre...
Un élément très important vient là d'être présenté: Nous avons répété plusieurs fois, au
long de ce travail, que « le Temple de Salomon à Jérusalem » devait, pour nous Maçons, être
considéré comme symbole de notre Temple Intérieur : « Peut-être y trouverez-vous de grands
rapports avec vous-même », dit le Frère Orateur... ce qui confirme notre propos. Nous pouvons
ajouter que le problème que pose ce Temple fameux dépasse sans aucun doute la Maçonnerie,
depuis que l'archéologie officielle israélienne (les archéologues israéliens sont parmi les
meilleurs du monde) a établi.., qu'il n ' y a pas trace à Jérusalem d'un Temple érigé par
Salomon. Mieux : I l n'y a aucune trace, fût-elle minime, d'un peuple hébreu, israélite, juif,
dans t o u t l e Moyen Orient avant._ l e s successeurs lointains d e Salomon (Frédéric
THIEBERGER, ancien Professeur au séminaire rabinique de Prague : un auteur au-dessus de
tout soupçon !). Même la célèbre stèle égyptienne de Merenptah, dans le texte de laquelle cer-
tains voudraient nous faire croire que le mot « iisiirimro » devrait se lire « Israël » incline les
chercheurs sérieux à sourire.., pour ne pas dire plus ! On nous certifie que Salomon était marié
« à la fille de Pharaon ». Nous connaissons fort bien le pharaon qui régnait au temps de
Salomon. Il avait en effet une fille... mariée à un noble égyptien. En fait, ni les Chaldéens, ni
les Assyriens, ni les Egyptiens n'ont jamais entendu parler d'un roi Salomon ni de son peuple
tel que nous le raconte la seule Bible. Ce qui signifie que, bien au delà de la Maçonnerie, le
« Temple de Salomon à Jérusalem » est un édifice mythique. Ce qui ne retire rien à sa splen-
deur ni à son symbolisme profond... et constitue bien, comme le dit le Frère Orateur, « un édi-
fice (qui) a toujours eu un rang distingué parmi les merveilles du monde »...
Les Saintes Ecritures vous instruisent assez du rare savoir de notre Maître
Hiram-Abif, de ce sublime ouvrier qui mérita d'être l'ami intime du plus sage des
rois, qui étonna par l'assemblage de ses talents et qui sera à jamais célèbre par ses
succès. Elles se taisent à la vérité sur sa mort et sur les circonstances dont on vous
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a fait le récit, mais leur silence même vous force d'étudier l'emblème ; et, soit que
cette histoire soit vraie, ou qu'elle ne nous présente qu'une ingénieuse allégorie,
elle vous offre pour le moral et pour le physique, d'importantes vérités à décou-
vrir si vous avez le courage de vous en occuper.
Voila qui est clair : « Soit que cette histoire soit vraie ou qu'elle ne nous présente qu'une
ingénieuse allégorie... ». C'est bien en fait une allégorie et l'Orateur emploie également le mot
« emblème ». Là n'est pas l'importance pour le Maçon. Pour chacun de nous en effet, l'histoi-
re d'Hiram et du « Temple de Salomon à Jérusalem » n'est là que pour nous donner un fil
conducteur qui nous guide sur le chemin intérieur que nous avons à parcourir.
Les péripéties de la vie sur terre constituent bien les « choses élémentaires » que nous de-
vons abandonner pour nous occuper de ce qui est réellement important : Vaincre l'illusion de
la vie et de la mort et atteindre la Réalité en nous en réalisant le « plus profond silence », for-
mule répétée par le Vénérable Maître et dont nous avons vu qu'elle ne signifiait pas simple-
ment « se taire » en Loge, mais bien réaliser le silence intérieur au prix « du courage, de la per-
sévérance et de l'intelligence ». En d'autres termes voici un texte écrit par quelqu'un d'autre
(Don Juan Matus, Chaman de Castanéda), qui savait de quoi il parlait
LE SILENCE INTÉRIEUR
Vous êtes entré en Loge comme Compagnon accusé d'être le complice d'un
grand crime ; mon cher Frère, jetez un oeil attentif sur l'hornme, voyez s'il est dans
son état de première nature et osez dire, si vous pouvez, qu'il n'est pas coupable.
Nous sommes en effet tous coupables « in illo tempore » (dans ces temps... si lointains)
d'avoir abandonné le monde divin et d'avoir cru que notre « petit moi » serait capable de maî-
triser le monde... ce que nos « savants » cherchent d'ailleurs à faire, ce qui donne la pollution.
des maladies de plus en plus graves, la faiblesse de tant et tant de jeunes et de moins jeunes qui
s'abandonnent aux « paradis artificiels », les guerres de toutes sortes dans le monde entier, une
agriculture démentielle et polluante, des aberrations comme celles qui consistent à nourrir des
herbivores avec des cadavres d'animaux.. e t c . . . etc... Vous êtes-vous un jour demandé ce que
signifiait réellement l'expression « le péché originel » '? Vous avez la réponse. Quand l'homme
abandonne enfin cette illusion lamentable et catastrophique, ce rêve qui l'habite et qui tourne
au cauchemar, alors il retourne au divin qui l'attendait « dans les replis de son coeur ». Et il
retrouve l a Paix, la Joie, l'Amour. Voici un texte que nous avons déjà donné précédemment
A L A RECHERCHE D E DIEU...
Vous avez été placé à l'Occident, le dos tourné vers l'Orient; triste image de
l'homme qui voit venir son couchant sans s'interroger d'où il vient ni où il va. Cet
emblème a été soutenu dans le cours de vos voyages mystérieux, pendant lesquels
le Vénérable Maître vous a exhorté à penser à la mort, puisque vous étiez près de
votre tombeau. Pensez-y donc efficacement et ne méprisez pas les avertissements
de la Nature et de celui qui veille sur vous.
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Lors de l'entrée du Frère Compagnon. nous avions bien fait remarquer que cette façon
d'entrer à reculons était précisément symbolique d'une « erreur de direction » dans la façon de
mener sa vie. Nous avons donc le devoir de changer radicalement de direction pour regarder
vers l'Orient et non vers le Couchant. Après ce que nous venons d'écrire concernant l'huma-
nité toute entière, on comprendra que cette remarque vaut également pour l'ensemble des
hommes de cette planète, mais particulièrement pour tous ceux qui se disent « civilisés », car
ce sont précisément ceux-là qui mènent l'humanité et sans doute la planète entière à sa perte.
Certains Maçons, parfois, posent la question de savoir si la Franc-Maçonnerie est une
voie d'avenir pour améliorer cet état de fait désastreux: Nous réalisons que si tous les Maçons
du monde comprenaient l'enseignement de leurs différents Rituels (et le Rite Ecossais Rectifié
en particulier), et le mettaient en pratique avec courage, persévérance et intelligence, alors
peut-être l'espoir pourrait-t-il renaître sur notre si belle planète bleue... Car - cela nous a été
dit - l a meilleure façon d'enseigner la Sagesse, c'est, non pas de prêcher ou de faire des
reproches. ni même seulement d'enseigner, mais simplement et surtout, de donner l'exemple.
On vous a montré le tombeau qui vous attendait, et vous y avez vu les tristes
restes de celui qui a vécu. Ce tombeau est l'emblème de la maîtrise universelle
qui doit finir dans son tout comme dans ses parties et à laquelle un nouveau règne
plus lumineux doit succéder.
Nous l'avons maintes fois précisé: Tout ce qui naît doit mourir. Mais quand la conscien-
ce s'éveille à sa vraie nature, ce cycle infernal (ce dernier mot est exactement celui qui
convient) s'achève et le « règne lumineux » s'établit - ou plutôt se rétablit.
Le mausolée placé à l'Occident vous a offert un spectacle plus consolant en
vous apprenant à distinguer ce qui doit périr d'avec ce qui est indestructible ; et
les maximes que vous avez reçues dans vos voyages vous ont appris ce que doit
faire celui qui a eu le bonheur de connaître et de sentir cette distinction.
Distinction fondamentale entre ce qui est immortel (l'Etincelle divine) et ce qui est péris-
sable (le « petit moi » : corps et mental). Connaître cette distinction et faire en sorte qu'elle se
traduise dans les faits vécus, c'est bien cela, en effet, qui est le « vrai bonheur » dont parlait le
Vénérable Maître au Profane qui se présentait pour être admis dans l'Ordre.
Vous avez fait trois pas sur le tombeau entre l'équerre et le compas pour aller
à l'Orient. Naître, mourir et renaître pour l'Éternité où sera le vrai Orient, c'est là
notre sort actuel et notre destination ; ce ne sera que notre troisième pas qui déci-
dera si notre voyage était pour la vie ou pour la mort; marchons toujours dans la
Justice et notre dernier pas nous mettra dans un port assuré.
C'est la définition-même du « feu de roue » des alchimistes: Vouloir aller trop vite et brû-
ler les étapes n'est pas la bonne méthode ; être régulier dans le travail, persévérant, constant
dans l'effort jusqu'à la victoire finale qui change toute la vie, voilà la bonne méthode et le suc-
cès assuré.
Vous avez reçu trois coups mortels et vous avez été renversé dans le tom-
beau. Ces trois coups désignent le danger des passions dominantes de l'homme
et qui sont les plus funestes : l'Envie qui empoisonne toute jouissance et cherche
à détruire celle du Prochain ; l'Avarice qui nous rend souvent injustes et presque
toujours insensibles aux malheurs d'autrui ; l'Orgueil qui s'inite de tout e t ne
pardonne rien. Vous avez été comme enseveli dans l e tombeau pour vous
apprendre que l'homme livré au vice est comme mort dans la société qui gémit
de ses erreurs.
« Laissez les morts ensevelir leurs morts » disait le Christ. Le tout est de savoir ce que
l'on veut. Le choix est entre la Vie et la mort. L'un des mystiques rhénans bien connu ( Henri
Suso, sauf erreur ) disait fort justement sous forme de boutade (mais, là encore, une boutade
criante de vérité)
Aphorisme que nous nous sommes permis de citer dans la langue de Goethe, parce qu'en
allemand, cela « résonne » beaucoup mieux... Oui, celui qui ne meurt pas ( , qui n'abandonne
pas ce qui lui est étranger, le corps et son mental) avant que sonne l'heure de la mort (du
corps !) mourra au moment de la mort, puisque justement il se prend pour le corps... Il faut
donc abandonner avant la mort c e corps illusoire, en plaçant de façon stable et définitive sa
conscience dans la Lumière divine et lorsque le corps mourra, nous ne mourrons pas avec lui,
mais serons libérés de ce qui était inutile... Ce ne sera pas alors le drame de la mort, mais une
simple formalité : nous quitterons notre corps comme on abandonne sa première culotte, sans
plus y penser, comme ces Sages Peaux Rouges américains qui, ayant bien rempli leur vie et
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transmis la Connaissance à ceux qui en étaient dignes, la tâche accomplie, s'asseyaient dans
leur wig-wam et quittaient leur corps, simplement, en toute sérénité, entouré de toute la tribu.
il n'y avait alors aucune lamentation, mais de la Joie parmi tous, car tous savaient que la mort
n'existe pas et que le Sage est éternellement parmi et avec nous.
Vous en avez été relevé par le Vénérable Maître assisté de ses Surveillants
qui avaient été vos guides, mais il a fallu trois fortes secousses pour vous en
retirer.
Nous avons signalé ces « trois fortes secousses » apparemment oubliées dans le texte du
Rituel au moment des « relevailles »...
On vous a appris par là que si le pire des maux est de languir dans la mort
du vice, l'homme peut, avec du courage, de la bonne volonté et le secours de bons
conseils, dompter les passions qui le dominent et acquérir une nouvelle vie ; c'est
alors q u ' i l devient véritablement u n Maître utile par l'instruction e t par
l'exemple ; c'est alors aussi qu'il peut faire usage de la Planche à Tracer, en
offrant des plans sûrs et lumineux à ses semblables.
Et que la Joie demeure, dans les coeurs, selon la formule, que Jean-Sébastien BACH a si
merveilleusement mise en musique...
Ces explications doivent vous suffire, mon cher Frère, pour vous faire
connaître que la Franc-Maçonnerie n'a pas d'autre but que de rendre les hommes
meilleurs et plus utiles à leurs semblables. En voilà assez pour vous donner d'elle
en général et de votre Grade en particulier, une opinion qui puisse vous diriger
heureusement dans la carrière qui vous reste à parcourir.
Cultiver la Fraternité est évidemment bien et bon. Mais résider dans la Sagesse, amène
le Maître à une Fraternité naturelle et à un Amour total avec toute la Création.
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qui est absolument certain : I l n'a pas existé en Palestine avant le cinquième successeur de
Salomon... les archéologues israéliens n'ont pas pu retrouver le moindre tesson israélite en
Palestine ni dans tout le Moyen Orient datant d'avant -800 environ. Alors que cette région est
particulièrement riche en vestiges archéologiques multiples, s'étendant sur plusieurs millé-
naires avant JC - à Jérusalem en particulier.
Jadis un lawton (fils de la loi) pouvait être admis à 18 ans, alors que l'âge légal d'adulte
était de 21 ans...
D.- Les Maçons doivent-ils des secours à tous ceux qui ont ce titre?
R.- I l s doivent à tous sans distinction, ainsi qu'aux autres hommes, les
secours que l'humanité réclame, mais ils ne doivent l'instruction et les secours
de l'intime fraternité qu' à ceux qui, par leurs travaux, se rendent dignes d'être
avoués par l'Ordre.
Les cinq points de la Maîtrise rappellent aussi, fondamentalement, la maîtrise des cinq
plans de la Nature et donc de l'homme, souvent pour cette raison représentés dans un penta-
gramme étoilé, comme nous l'avons vu en étudiant le Grade de Compagnon.
Ceci dit, d'autres aspects de ces cinq points de la maîtrise peuvent être évoqués:
1) Le premier point est la « griffe ». La main est un « outil » important qui caractérise
l'homme. Les « primitifs », déjà, en étaient conscients, qui dessinaient de nombreuses mains
sur les parois des grottes. La « griffe du Maître » n'est pas une simple poignée de mains. Il
s'agit ici au contraire d'une entente, d'un « jumelage » d'une solidité à toute épreuve ; les cinq
doigts sont tous impliqués et actifs pour concrétiser cette entente fraternelle indissoluble.
Signalons que la Tradition rapporte que, lors du transport des arbres du Liban, devant servir à
la construction du Temple de Salomon « le rivage était si escarpé qu'il était impossible de quit-
ter les radeaux sans être tiré de haut par des hommes placés là dans ce but et à l'aide de cette
poignée de main qui se nomme la Louve ». Cette poignée de main différente mais semblable à
la griffe de Maître (les quatre doigts accrochés les uns aux autres et les pouces par dessus côte
à côte), est si solide que deux hommes qui se tiennent ainsi sont assurés de ne pas lâcher prise...
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2) Le pied droit contre le pied droit : le pied est l'endroit du corps humain qui est en
contact avec le sol, avec notre Mère la Terre. Le pied droit est le symbole de la stabilité : la soli-
de entente est confirmée par ce geste des deux pieds droits. (Rappelons que le pied gauche est
le symbole du mouvement ; en Ancienne Egypte tous les pharaons représentés debouts, ont
toujours le pied gauche en avant : signe de dynamisme ; à notre époque encore, les soldats par-
tent toujours du pied gauche).
3) Le genou droit contre le genou droit. Nous avons relevé la différence entre les deux
genoux : le genou gauche est signe d'initiation et de maîtrise ; saint Jean-Baptiste était toujours
représenté le genou gauche dénudé ; lorsque Pythagore montrait à de très rares occasions son
genou en or, il s'agissait du genou gauche, etc... ; le genou droit est celui que l'on met en terre
en signe d'humilité, d'hommage, de soumission ; les deux genoux droits accolés sont signe de
fraternité entre les deux Maîtres qui se reconnaissent ainsi d'une totale égalité entre eux.
4) Poitrine contre poitrine : la position dans laquelle les deux Maîtres sont I* un par
rapport à l'autre, fait qu'ils ont la partie droite de la poitrine accolée; nous savons que « le coeur
à droite » est signe de maîtrise spirituelle ; ils se reconnaissent donc sur le même plan de maî-
trise spirituelle ; il y a par conséquent entre eux « reconnaissance » et aussi amour fraternel.
5) Epaule contre épaule, avec la main gauche qui soutient ce geste de protection mutuel-
le: deux Frères Maçons se doivent protection mutuelle.
Dans cette attitude, ils peuvent alors procéder à la reconnaissance par le mot du Grade.
D.- Quel est le signe habituel d'Ordre en Loge ?
R.- C'est le second temps du signe du Maître, appelé signe de douleur
D.- Combien les Maçons ont-ils de figures ?
R.- Le nombre ne peut être fixé car toute équerre, niveau ou perpendiculai-
re leur sert à en former
D.- Dites-moi combien ils ont de signes déterminés ?
R.- Ils en ont quatre, savoir: le guttural pour les Apprentis, le pectoral pour
les Compagnons, le pédestre pour les Maîtres et le manuel qui sert aux Apprentis,
aux Compagnons et aux Maîtres, mais sous différentes lbrmes.
D.- En quoi consiste la marche des Maîtres ?
R.- Elle consiste en trois pas, allant de l'Occident au Midi, du Midi au Nord,
et du Nord à l'Orient, les deux pieds devant former ensemble, à chaque pas, une
double équerre.
D.- Que signifie la double équerre par laquelle chacun de ces pas se termi-
ne aux quatre points cardinaux ?
R.- Elle annonce qu'un Maître doit être irréprochable dans ses moeurs et sa
conduite et qu'il doit toujours servir d'exemple à ses Frères.
Le signe des pieds en équerre simple (aux Grades d'Apprenti et de Compagnon) se fait
avec les deux talons accolés ; les deux pieds représentent donc une équerre. Le Maître, par
contre, place son deuxième talon dans le creux du premier pied, qui forment ainsi ensemble une
double équerre.
D.- Comment frappent les Maîtres ?
R.- En triplant la batterie des Apprentis, ce qui fait neuf coups, par trois fois trois.
La batterie du Maître sera approfondie plus loin.
DEUXIÈME SECTION
D.- Pourquoi ?
R.- Afin de ne pas être ébloui par l'éclat d'une lumière inattendue.
D.- D'où partait-elle?
R.- D'une lame triangulaire qui était sur le tombeau.
Nous avions proposé un autre commentaire à la marche à reculons. Les deux aspects sont
complémentaires e t ne s'excluent nullement. Nous savons que la lame triangulaire symbolise
la Lumière Intérieure de Maître Hiram. Cette Lumière-là risque en effet d'être éblouissante.
Maître Hiram était un authentique Sage. Voici comment Mr. Hurnphreys, un Anglais, décrit le
premier contact qu'il eut avec un Sage contemporain, le célèbre Maharshi, dans le sud de
l'Inde, au début du XXème siècle
« En arrivant à la grotte, nous nous assîmes à ses pieds sans rien dire. Nous sommes
restés ainsi pendant un long moment, et je me sentis soulevé hors de moi-même. Pendant
une demi-heure, je plongeais mes regards dans les yeux du Maharshi d'où ne disparaissait
pas l'expression de méditation profonde. Je commençai à comprendre en quelque sorte que
le corps est le temple du Saint Esprit. Je sentais que ce corps n'était pas l'homme. C'était
l'instrument de Dieu, un simple cadavre assis, sans bouge!: et cl 'où la divinité rayonnait de
façon terrifiante. Ce que j'éprouvais est indescriptible ».
A titre de comparaison, rappelons que le célèbre Curé d'Ars appelait son corps « mon
cadavre »...
Un autre visiteur, le célèbre Paul Brunton, spécialiste des religions de l'Inde et auteur de
nombreux livres sur le sujet, allait comprendre, en face du Maharshi, la différence qu'il y a
entre « religion » et « spiritualité ». Lui aussi, en présence du Sage, comprit que son corps
n'était « qu'un cadavre ». Nous ne pouvons pas ne pas établir une comparaison avec le drame
dans lequel le Compagnon se trouve entraîné, quand il se voit « mort » sous le drap mortuaire,
alors qu'IL est vivant. Mais QUI est véritablement VIVANT ? Est-ce vraiment le corps, agré-
gat momentané et fluctuant d'atomes, ou est-ce au contraire son JE le plus profond, que dans
la méditation profonde, on ressent en effet comme inaltérable, indestructible, immortel ?...
Voici comment Paul Brunton, si sûr de lui d'habitude, si conscient de son importance d'auteur
universellement connu, décrit, lui aussi, sa première entrevue en présence du Sage :
80
« Je soutiens depuis longtemps que l'on peut connaître I 'âme d'un autre être en
voyant ses yeux. Mais devant les yeux de Shri Bhagavan ("Shri Bhagavan" est le titre défé-
rent que l'on donne à un Sage, aux Indes), j'hésitai, embarrassé, déconcerté... Je ne pou-
vais détourner de hti mon regard. Le trouble qui s'était emparé de moi tout d'abord, la per-
plexité dans laquelle m'avait jeté le sentiment d'être complètement mort, s'évanouirent len-
tement, à mesure que cette étrange fascination agissait sur moi avec plus de force. Mais ce
ne fut que pendant la deuxième heure de cette scène extraordinaire que je perçus la trans-
lbrmation silencieuse et irrésistible qui s'opérait dans mon esprit. Les questions que j'avais
si minutieusement préparées dans le train, s'effacèrent une à une, car peu importait, à pré-
sent, qu'elles fussent posées ou non, et peu importait que je résolve les problèmes dont
j'avais été préoccupé jusqu'alors ;je ne savais plus qu'une chose. un .fleuve de quiétude
paisible paraissait couler près de moi, une grande paix pénétrait jusqu'au plus profond de
mon être ; mon esprit torturé par mes pensées trouvait le repos ».
Si nous pensons que ces trois Grades correspondent à une réalité vécue à l'intérieur ne
peut-on pas admettre que ces mesures de temps représentent aussi une réalité ? Interrogeons-
nous « au plus profond de notre coeur »
L'acacia est un arbre funéraire qui restait toujours vert au milieu du désert de l'ancienne
Egypte, et dont nous avons déjà parlé. Certains pensent que la couronne du Christ était en bois
d'acacia... C'est à l'ombre d'un acacia qu'Isis retrouva le coffre dans lequel se trouvaient les
restes d'Osiris démembré. En Egypte, certains initiés portaient un rameau d'acacia qu'ils nom-
maient « Hounza » (est-ce là peut-être l'origine du « Houzzé » ou « Houzzaï » que l'on trou-
ve dans d'autres rites?). Toujours est-il que l'acacia est un symbole d'immortalité et de
Lumière divine.
Ce qui signifie par conséquent que les neuf Maîtres seront capables, par un travail en
commun, de retrouver la Parole Perdue. Une parfaite maîtrise en nous des neuf différents
« corps » de l'homme, amènera au même point. C'est la fameuse « échelle de Sagesse » de
Saint Jean de la Croix.
D.- Pourquoi ?
R.- Pour nie faire connaître les diverses parties du temple.
Du Temple intérieur : Si l'on garde toujours à la mémoire ce sous-entendu, les phrases
du Rituel s'éclairent d'une compréhension... lumineuse !
D.- Quels fruits avez-vous retiré de ces voyages mystérieux et de votre doci-
lité à suivre le guide que le Vénérable Maître vous a donné ?
R.- Le Vénérable Maître m'a averti que pour élever un édifice solide et
durable, il .fallait joindre à la Tempérance du Compagnon, la Prudence du Maître.
D.- Que vous est-il arrivé ensuite ?
R.- J'ai monté l'escalier à vis par 3, 5, et 7 en me faisant connaître par les
signes d'Apprenti et de Compagnon.
D.- Pourquoi vous a-t-on f a i t donner les signes d'Apprenti e t d e
Compagnon, et pourquoi vous a-t-on arrêté ensuite à la porte du Temple ?
R.- On a voulu me rappeler ce que j'avais été, me faire connaître ce que
j'étais et me Aire apercevoir ce qui me manquait encore.
En effet, l'essentiel n'avait pas encore été atteint : Il lui fallait passer par l'épreuve de la mort
afin de renaître dans une autre dimension... Il fallait aussi lui faire prendre conscience du travail
qui restait à faire... pour que l'épreuve de la mort ait un retentissement réel sur lui dans sa vie.
C'est à dire le vrai bonheur dont nous parlait le Vénérable Maître le jour où nous nous
sommes présentés comme Profane à la porte de la Loge. On en revient toujours et toujours à la
même chose : la Franc-Maçonnerie ne cherche pas à améliorer le film de l'Illusion, de la
« farce » du rêve de la vie ; elle cherche à nous conduire à la « Vie Etemelle », comme dit la
Religion chrétienne...
D.- Que vous est-il arrivé pendant votre route, en passant par l'Equerre et le
Compas ?
R.- J'ai reçu trois coups.
D.- De qui le Maître Hiram reçut-il les trois coups qui lui donnèrent la mort ?
R.- De trois Compagnons qui avaient formé le complot de se procurel; par
cette violence, le mot et la paie des Maîtres.
Nous avons abondamment parlé de l'hypothèse de l'origine celte de ces trois coups, pour
n'avoir pas besoin d'y revenir présentement.
D.- Comment sait-on qu'il avait été assassiné par trois Compagnons?
R.- Parce que ces trois Compagnons ne comparurent point lors de l'appel
général des ouvriers qui fitt fàit par ordre de Salomon.
Or, il est aisé de voit- qu'il y a un parallèle entre le mythe christique et le mythe d'Hiram.
Le Christ naît à N o l , au solstice d'hiver et sa vie s'apparente à la montée du soleil dans le
zodiaque. A tel point qu'entre l'équinoxe de printemps et le solstice d'été, l'Eglise appelle le
Christ « Sol invictus » (le soleil invaincu). C'est dans ce secteur zodiacal que se situent les
fêtes de Pâques et de Pentecôte. Après le solstice d'été, le soleil décline, et c'est clans les trois
signes (Balance, Cancer, Sagittaire) entre l'équinoxe d'automne et le solstice d'hiver, que le
soleil se meurt, perd ses forces pendant les deux premiers de ces trois signes funestes, et c'est
à l'issue du troisième signe funeste, qu'il meurt sous la flèche du Sagittaire, comme le Christ
meurt sous le coup de lance dans le côté droit de la poitrine, que lui donne le soldat romain
Longin.
Tous les signes zodiacaux symbolisent les compagnons du Christ lors de son périple sur
terre. Les trois signes inférieurs (infernaux, l'enfer) ont été les mauvais compagnons qui ont
provoqué sa mort.
85
Il est remarquable qu'en Maçonnerie, les trois mauvais compagnons ne sont pas châtiés:
nul ne sait ce qu'ils sont devenus (dans un autre Rite, les deux premiers se tuent eux-mêmes
en tombant d'une falaise : ce sont la Balance et le Cancer, qui « tombent » en effet, tout de
suite après l'équinoxe d'automne, et le troisième se donne la mort avec son poignard : nous
retrouvons là le Sagittaire et son arme &filée). Mais si au Rite Ecossais Rectifié on ne parle pas
de leur mort... c'est parce qu'ils restent à leur poste, imperturbablement, pour que chaque cycle
se renouvelle, comme tout se renouvelle dans la nature. De toutes façons, ils ne sont point châ-
tiés, car ils sont nécessaires pour que Hiram meure et puisse renaître dans une vie régénérée.
Ainsi le Maître Maçon meurt à lui-même par les trois coups qui lui sont donnés, et il reçoit la
(vraie) vie dans le sein de la mort.
Voici donc terminé le rappel du mythe d'Hiram, à la vérité riche et instructif sur tous les
plans... Hiram est donc aussi un modèle christique : mort et résurrection sous les traits du nou-
veau Maître (l'homme nouveau de saint Paul).
Nous nous souvenons qu'au Grade de Compagnon (Instructions, Première Section) la ré-
ponse était « Géométrie, ou cinquième des sciences ». Maintenant, au Grade de Maître, la lettre G
signifie « Grandeur et Gloire ». Nous avions signalé que personne n'a pu donner une réponse exac-
te et cohérente concernant cette lettre G. Elle est considérée comme un Mystère en Maçonnerie.
Nous voyons que le Rite Ecossais Rectifié en donne trois sens différents: Géométrie, Grandeur et
Gloire. Ceci n'est pas illogique : Au deuxième degré, la Géométrie peut être considérée comme la
science capitale (Rappelons-nous : « Que nul n'entre ici s'il n'est géomètre ! »). Au grade de Maître
par contre, toute cette étude apporte les fruits attendus: Le Maître doit avoir réalisé le divin en lui.
Il a reçu « l'Illumination ». La réponse donnée maintenant est donc logique: Grandeur et gloire qui
n'appartiennent qu'à Dieu... que le Maître doit avoir réalisé ; et l'Instruction ajoute: Dieu, principe
de toute lumière. Réaliser le divin en nous a pour corollaire « réaliser le principe, l'origine de toute
lumière », la Lumière divine (avec L majuscule) et toutes les autres lumières qui ne sont que le reflet
de la Lumière divine, comme la lumière de la lune est le reflet de la lumière du soleil...
Or nous savons que la Parole Perdue était J A , le Nom divin par excellence, qui se
présente sous forme du Tétragramme Sacré en hébreu Yod - Hé - Vav - Hé, dont la valeur est
26, nous l'avons vu. Ce nom de 4 lettres est constitué en fait de trois lettres, puisque l'une
d'elles, le Hé, se présente deux fois: Clin d'oeil concernant le « 4 et 3 » fondamental ou
Septenaire Sacré. De même qu'il y a trois candélabres (trois " piliers ") qui entourent et « sou-
tiennent » le Temple, le quatrième, indispensable pour ce « soutènement » n'étant pas visible
et de même qu'au Tarot, de la table sur laquelle officie le Bateleur, on ne nous montre que trois
pieds, alors qu'elle en a bien obligatoirement quatre... Un bon sujet de réflexion...
nonceraient entre eux en déterrant son cadavre, et c'est ainsi qu'ils remplacèrent
I 'ancien mot par M.... - B....
D.- Comment voyagent les Maîtres ?
R.- De l'Occident à l'Orient par le Midi et le Nord et de l'Orient sur toute
la stuface de la terre
D.- Pourquoi ?
R.- Pour réunir ce qui est épars et répandre la Lumière
Dieu a créé le monde par le Verbe. Mais Dieu est UN. Le monde est le rêve de Dieu, il
est constitué d'une infinité d'espèces, de races où tous les individus sont différents les uns des
autres. Les Chinois appellent cette diversité « Les dix mille choses ». Le Sage fait cesser cette
diversité et retrouve l'Unité divine. Il rassemble par conséquent ce qui est épars, afin que les
« dix mille choses » se rassemblent à nouveau dans l'Unité primordiale.
Ce faisant, l'immense fantasmagorie du rêve de Dieu se dissout dans la Lumière ...( mot
que nous nous sommes permis d'écrire avec une majuscule ....)
Par L u i sont menés les hommes, ces Apprentis-sorciers qui ignorent les lois divines et
veulent mener leur vie et les choses qui les entourent selon leur plan propre et leur volonté res-
treinte. C'est ainsi que se comportent nos gouvernants, nos « savants », nos « exploitants agri-
coles » qui tuent le sol, nos chimistes qui empoisonnent le globe, nos pédagogues qui ne
règnent que sur la sphère intellectuelle en la déformant et en négligeant le principal dans l'hom-
me, et les hommes et les femmes de la rue, qui vont et viennent au petit bonheur - ou malheur -
subissant tous le sort implacable qui répond imperturbablement et sévèrement à leurs égare-
ments, leurs vanités ou leurs ignorances.
Avec L u i cheminent les Compagnons-Initiés qui savent que pour maîtriser la vie, il faut
obéir aux lois de la Nature et non y contrevenir. Ainsi se comportaient. il y a fort longtemps les
chefs des peuples, les Rois, les Prêtres, qui plaçaient l'évolution de l'individu avant le profit au
dépend de la masse ou l'asservissemant " idéologique" de cette masse.
En Lui enfin, sont les Maîtres, ces hommes qui ont réalisé l'état de Sagesse et qui peuvent
dire, comme leur modèle divin : « Mon Père et moi ne faisons qu'UN ». Tels étaient les hommes qui,
dans les temps très reculés, menaient les peuples vers l'accomplissement et les suprêmes réalisations.
Nous retrouvons bien sûr, la même trilogie, les mêmes étapes, dans les trois parties du
Grand Oeuvre alchimique : l'Oeuvre au Noir, l'Oeuvre au Blanc et l'Oeuvre au Rouge... (avec
la couleur verte, intermédiaire entre le Noir et le Blanc).
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D'autre part, le Temple, nous est-il dit, est soutenu par les trois colonnes... Mais pour
qu' il tienne debout, il y faudrait bien une quatrième... Le Maître qui est prudent et avisé, se fera
bien une petite idée sur ce problème ?...
D.- Pourquoi ?
R.- Parce qu'il doit s'appliquer à réunir en l u i les proportions de ses
modèles.
D.- Quels sont ses modèles ?
R.- Salomon, qui reçut de Dieu, le don de Sagesse, Hiram, Roi de Tyr, modè-
le de Force, qui fournit à Salomon les bois et matériaux nécessaires pour la
construction du Temple, et Hiram-Abif, modèle de Beauté, qui dessina et exécuta
les ornements qui devaient l'embellir
D.- A qui appartiennent essentiellement ces trois attributs Sagesse, Force et
Beauté ?
R.- A Dieu même. La Perfection de ses ouvrages atteste la Sagesse qui a
conçu les plans, la Puissance qui les a exécutés et la Beauté qui les a embellis.
Il s'en suit que Sagesse, Force et Beauté sont à la fois les attributs de Dieu et les qualités
du Maître. A méditer !
Voilà donc encore un élément qui apparaît dans les Instructions, mais non dans la Récep-
tion... Tout finissant par filtrer, ce signe et son exclamation ont fini par être connus de beau-
coup de gens. Ils doivent donc être employés avec la plus extrême circonspection...
Les Arts libéraux sont constitués du Trivium et du Quadrivium, et sont généralement pré-
sentés ainsi
D.- Pourquoi ?
R.- Parce que je ne pourrai l'acquérir que par la pratique des trois vertus
qui in 'ont été enseignées dans mes grades.
Les trois premières sont, d'après l'enseignement de l'Eglise, les Vertus Théologales, les
quatre autres sont les Vertus Cardinales. Elles sont toutes bien connues des fidèles....
D.- Comment avez-vous donc connu l e s trois premières qui sont les plus
parfaites'?
R.- Elles m'ont seulement été indiquées comme devant être le terme heureux
de tous mes travaux, afin d'augmenter mon courage et ma bonne volonté.
D.- Quels sont les sept vices que le Maçon doit fuir ?
R.- L'orgueil, l'Avarice, l'Envie, la Jalousie, la Gourmandise, la Colère et la
Paresse.
D.- Quels sont les sept dons spirituels qu'il doit demander à Dieu ?
R.- Les trois premiers sont désignés par les trois paliers de l'escalier du
Temple, et ont aussi rapport aux vertus qui in 'ont été enseignées dans les trois
premiers grades.
D.- Quels sont les devoirs particuliers des Maçons les uns envers les autres ?
R.- Ils doivent s'aimer sincèrement, se secourir de tout leur pouvoir, garder
fidèlement les secrets qu'ils se sont confiés, s'opposer à tout attentat ou séduction
contre les personnes du sexe, bien moins encore s'oublier jusqu'à se rendre cou-
pables eux-mêmes.
Aucun commentaire : Il suffit de se conformer...
D.- Quel est le symbole du Grade de Maître qui est placé devant l'Autel
d'Orient ?
R.- C'est un vaisseau démâté, sans voile et sans rame, tranquille sur une mer
calme, avec ces mots pour inscription : « In silentio et spe fortitudo mea » = ma
force est dans le silence et l'espérance.
D.- Comment expliquez-vous ce symbole ?
R.- Ce vaisseau sur une mer calme et tranquille après l'orage, est l'image
du Maçon qui a surmonté tous les périls pour trouver la Vérité et qui, se reposant
sur la droiture de son coeur, cherche avec confiance un port assuré dans l'Ordre
contre les dangers de l'erreur
La mer calme, c'est le mental du Maçon qui s'est tu, qui est devenu discipliné, obéissant
à la volonté de son maître, comme un jeune chien enfin calmé et qui ne folâtre plus en tous
sens. Le coeur est alors devenu « droit ». Ce mental enfin calmé suscite la confiance dans l'ave-
nir lumineux qui pointe à l'horizon. Sur un tout autre plan ce bateau démâté rappelle discrète-
ment le périlleux voyage sur un bateau démâté, précisément, de Marie-Madeleine et de ses
compagnons (de ses enfants ?...). Grâce à la Providence, le bateau accosta sur les côtes de
Provence... On connaît la suite. Les personnages de saint Jean-Baptiste et de Marie-Madeleine
constituent une clé occulte, pensent certains, que la Franc-Maçonnerie conserve pieusement
depuis des siècles... D'ailleurs — autre « petit problème » — toutes les Loges « bleues » sont
dites « de saint Jean ». Quel saint Jean ? Dans « La Vie des Saints », l'Eglise fête quatorze
(14 !!) saints Jean différents... L'embarras du choix...De quoi, pour les Maîtres Maçons à l'es-
prit aiguisé, faire quelques belles planches de recherche...
Il ne peut être dissous que par la prise de conscience des trois fois trois parties de cette
Manifestation, à savoir :
3) Le Ternaire divin : L'Etincelle divine « en nous » (Rouah des Israélites, Atman des
Hindous correspondant au « Saint Esprit » + L'aspect « Fils » + L'aspect « Père ».
d'un immense « Rêve » de Dieu (voir le médaillon du trumeau central de Notre Dame de Paris,
figurant « Dame Sagesse » - ou « Dame Alchimie », ce qui est la même chose - portant entre
ses cuisses une échelle à neuf degrés). Cet immense Rêve étant réalisé pour ce qu'il est: un film
illusoire, le Maître retrouve alors l'UN dans toute sa Pureté, sa Grandeur, sa Gloire : La mort,
qui était partie intégrante de ce film, a définitivement disparu.
Ce retour à l'Unité divine, grâce à ce travail en neuf étapes est défini par cette seconde
maxime lapidaire : « Deponit aliena, ascendit unus ». Qui signifie : Quand on a abandonné « ce
qui nous est étranger » (comme disait le Vénérable Maître), alors l'UN se lève comme le soleil
radieux du matin.
D.- Quelle est la signification générale des batteries des Apprentis, des
Compagnons et des Maîtres ?
R.- Le commencement, la durée et la fin des choses créées.
D.- Que signifie la batterie d'Apprenti pal- trois coups ?
R.- Le commencement ou l'union des principes.
C'est à dire Dieu qui se manifeste sous la forme des trois « principes »
D.- Que signifie celle des Compagnons par deux fois trois coups ?
La durée, ou les principes mis en action.
Laquelle action provoque la transformation, le passage d'un état dans un autre, supérieur,
passage symbolisé par le nombre six.
D.- Que signifie celle des Maîtres par trois fois trois coups ?
R.- La fin, ou la décomposition des corps.
Tous les « corps » de l'homme, qui sont enfin perçus comme pur montage illusoire, se
décomposent, s'effacent d'eux-mêmes, comme une ombre disparaît elle-même au lever du
soleil.
D.- Que signifient les 81 larmes qui sont sur le Tapis autour du tombeau ?
R.- Les larmes désignent le deuil en général des Maîtres, leur nombre expri-
me les propriétés particulières du nombre neuf qui se retrouve dans son carré.
En Numérologie Sacrée, un nombre au carré exprime l'accomplissement de l'action spé-
cifique de ce nombre.
Et non plus dans le porche, comme les Apprentis, ou « à l'entrée du Temple », comme
les Compagnons, mais dans le Temple lui-même. Rappelons-nous que dans le vocabulaire
symbolique, le Temple, c'est le corps, qui abrite le Cœur où siège l'Etincelle divine... Symbole
employé par le Christ lui-même, qui a dit qu'il reconstruirait le Temple (son corps... de gloire)
en trois jours...
C'est à dire, précisément au point exact que nous avions défini dès le début, point loca-
lisé par les Sages : à droite dans le chakra du coeur, au point symétrique du coeur physique.
C'est dans ce point très précis que toute l'Oeuvre s'élabore et est menée à sa fin lumineuse.
Nous voici donc parvenus à la fin de ce cycle commun à tous les Rites
maçonniques de par le monde.
Nous avons parcouru le cursus d'un être humain parti du statut de Profane,
qui découvre la Maçonnerie en Apprenti, puis évolue en Compagnon, et parvient
finalement à la Maîtrise.
Quel chemin parcouru ! Quelles découvertes ! Quelle évolution !
Nous avons constaté que, pour devenir Maçon du Rite Ecossais Rectifié, il
ne fallait pas être un Profane mécréant : « Celui qui rougit de la Religion, de la
Vertu et de ses Frères est indigne de l'estime et de l'amitié des Maçons ! ».
Mais dès l'épreuve du miroir, lorsque l'Apprenti se présente pour devenir
Compagnon, il doit avoir appris et compris qu'il doit se prendre en charge per-
sonnellement: « Voyez-vous donc tel que vous êtes ! ».
Au Grade de Maître, cette prise en charge, avec l'aide de ses Frères, est telle,
qu'il parvient à une étape que peu d'hommes sur cette terre, atteignent : « Il rece-
vra la Vie dans le sein de la mort ! ». Remarquons que cette exclamation du
Vénérable Maître est énoncée au futur... I l recevra ! On sous-entend que cette
découverte sera peut-être à réaliser réellement u n peu plus tard... Mais il fau-
drait bien que le Maître Maçon réalise ce qu'il vient de vivre. Notre Frère Goethe
disait
« Et tant que tu n'as pas vécu
La mort et la résurrection,
Tu n'es qu'un pauvre hère
Sur cette sombre terre ! »
Il lui faudra en effet comprendre que tout ce travail sur lui-même n'a pas
consisté à accumuler des connaissances supplémentaires à celles qu'il possé-
dait auparavant, mais à « changer de point de vue » sur ce qu'est réellement la
vie. Et, surtout, sur ce qu'il est lui-même.
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Nous avons, tout au long de cette étude, choisi quelques aphorismes puisées
dans la Sagesse universelle, provenant de Maîtres chrétiens, musulmans, cha-
mans, hindouistes.., montrant ainsi que la Sagesse à laquelle doit parvenir le
Maître Maçon, est universelle. Si, au départ, il importe que le Profane ait l'esprit
« religieux », le Maître, lui, est un homme qui doit atteindre le statut d' « Homme
libre ». Un homme libre n'est plus inféodé à un parti, à une idéologie, à une reli-
gion même. Il est maintenant « au-dessus » de tout esprit partisan. Il a atteint
I ' universel.
Il est comme le trapéziste du cirque, qui se balance très haut, au-dessus de
la foule, au-dessus de tous ceux qui, en bas, sont plongés dans leurs petits ou
grands bonheurs, leurs petits ou grands malheurs, leurs soucis, leurs joies, leurs
peines, leurs amours, leurs haines, leurs réussites ou leurs échecs. Là où il est, il
peut voir cela de haut, il peut admirer la joie ou bien compatir à la douleur de
tous ces êtres qui chantent ou qui pleurent, là, en bas...
Il sait que ce monde est un spectacle qui se répète à l'infini et ne s'arrêtera
jamais. Alors, comme le clown célèbre, il se balance puissamment et majestueu-
sement et, las du spectacle du monde, il crève la toile du cirque et s'élance, libre,
dans la Lumière...
Qu'il nous soit permis, pour citer un dernier texte, de choisir une petite anec-
dote tirée du monde bouddhique : « La Rencontre du Berger Dhaniya avec le
Bouddha ». A travers cette petite histoire, nous comprendrons sans doute la dif-
férence de point de vue entre un homme commun (un homme vulgaire, disent les
textes) et le Maître dont l'esprit a dépassé toute contingence matérielle, même si
son corps est toujours (en apparence) actif « dans le monde ». Mais rappelons
aussi l'adage chrétien qui exprime la même différence de point de vue: "Un chré-
tien est dans le monde, mais n'est pas du monde ".
Dans cette anecdote, nous voyons le berger Dhaniya, homme déjà évolué,
mais plongé dans la matière et les richesses de ce monde. I l a de la peine à com-
prendre le message du Maître qui, par les mêmes arguments qu'il lui retourne,
tente de lui faire comprendre que les réjouissances du monde spirituel sont bien
plus importantes et stables (éternelles !) que celles du monde physique qui ne
peuvent durer et qui s'enfuient comme les saisons dans leur ronde incessante et
qu'on ne peut arrêter. Oui, « Fugiunt ut latrones » disaient les Romains : Les sai-
sons, comme tout dans ce monde « s'enfuient comme des voleurs ».
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Un berger traversait le champ. Il avait la sérénité des hommes qui accomplissent en paix
une tâche heureuse.
- J'ai fait bouillir mon riz, j'ai trait le lait de mes vaches, dit le berger Dhaniya, je vis avec
les miens au bord de la rivière, ma maison est bien couverte, mon feu est allumé : donc, si tu
le veux, tu peux tomber, ô pluie du ciel !
- Je suis libre de colère, je suis libre d'entêtement, dit le Maître, je demeure pour une nuit
au bord de la rivière, ma maison est sans toit, le feu des passions est éteint dans mon être : donc,
si tu le veux, tu peux tomber, ô pluie du ciel !
- Les taons ne harcèlent point mon troupeau, dit le berger Dhaniya, dans les prairies her-
beuses errent mes vaches, elles peuvent endurer la pluie qui vient : donc, si tu le veux, tu peux
tomber, ô pluie du ciel !
- J'ai construit un radeau solide, dit le Maître, j'ai vogué vers le nirvana, j'ai traversé le
torrent des passions et j'ai touché la rive sainte, je n'ai plus besoin de radeau : donc, si tu le
veux, tu peux tomber, ô pluie du ciel !
- Ma femme est obéissante, elle ignore la débauche, dit le berger Dhaniya, voilà long-
temps qu'elle vit avec moi; elle est gracieuse et jamais d'elle on n'a médit : donc, si tu le veux,
tu peux tomber, ô pluie du ciel !
- Mon esprit est obéissant, il est délivré de tous les liens, dit le Maître, voilà longtemps
que je l'ai dompté, il est bien soumis et il n'y a plus rien de mauvais en moi : donc, si tu le
veux, tu peux tomber, ô pluie du ciel !
- Je paie moi-même le salaire de mes serviteurs, dit le berger Dhaniya, mes enfants reçoi-
vent de moi toutes les nourritures saines et jamais d'eux, on n'a médit : donc, si tu le veux, tu
peux tomber, ô pluie du ciel !
- Je ne suis le serviteur de personne, dit le Maître, avec ce que je gagne, je voyage de par
le monde entier, il n'est pas besoin pour moi, de serviteur: donc, si tu le veux, tu peux tomber,
ô pluie du ciel !
- J'ai des vaches, j'ai des veaux, j'ai des génisses, dit le berger Dhaniya, et j'ai un chien
qui est le seigneur de mes vaches: donc, si tu le veux, tu peux tomber, ô pluie du ciel !
- Je n'ai ni vache, ni veau, ni génisse, dit le Maître, et je n'ai pas de chien qui monte la
garde : donc, si tu le veux, tu peux tomber, ô pluie du ciel !
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- Les pieux sont enfoncés profondément dans le sol, rien ne peut les ébranler, dit le ber-
ger Dhaniya, les cordes neuves sont faites d'herbes fortes, les vaches ne les briseront pas
donc, si tu le veux, tu peux tomber, ô pluie du ciel !
- Pareil au chien qui a rompu ses chaînes, dit le Maître, pareil à l'éléphant qui a rompu
ses entraves, je n'entrerai plus jamais dans une matrice : donc, si tu le veux, tu peux tomber, ô
pluie du ciel !
Le berger Dhaniya s'inclina devant le Maître, et dit
- Je sais maintenant qui tu es, ô Bienheureux, et je t'emmènerai dans ma demeure !
Comme ils entraient dans la maison, la pluie se précipita du ciel et l'eau ruissela sur la
terre. En entendant la pluie, Dhaniya parla ainsi:
- En vérité, nous avons acquis de grandes richesses depuis que nous avons v u le
Bienheureux ; c'est en toi qu'est notre refuge, ô Maître, qui nous a regardés avec les yeux de
la Sagesse !
Pour finir, nous voudrions rappeler ce que nous disions dès le début de cette
étude, au Grade d'Apprenti
Ces commentaires doivent être considérés par le lecteur comme une propo-
sition de recherche. Bien d'autres détails, sans aucun cloute, pourront encore être
relevés, qui pourront faire l'objet de réflexions aidant le Frère à « se » réaliser,
non par la pensée discursive, ajoutant indéfiniment des constructions mentales à
d'autres constructions mentales, mais par la pensée la plus profonde, la plus inti-
me, qui se révèle dans le silence intérieur fécond.
Tenue après Tenue, Réception après Réception, les Maîtres qui ont ciselé ce
Rituel admirable, nous offrent la possibilité de réaliser que notre seul but dans
cette vie sur terre, est de devenir nous-mêmes des « Hommes », selon la boutade
(boutade, certes, mais ô combien sérieuse et profonde ) de Konrad LORENZ
« J'ai trouvé le chaînon manquant entre le singe et l'homme, c'est nous ! ».
Ce serait merveilleux si tous les Frères qui auront lu cette étude, ren-
contraient « le Maître », « dans les replis de leur coeur »
C'est l'immense joie que je leur souhaite
J'ai dit !
Première Question
Deuxième Question :
Quelle idée vous êtes-vous formée de la vertu considérée dans ses rap-
ports avec Dieu et avec la religion, avec vous-même et avec vos semblables ?
Troisième Question
Quelle est votre opinion sur les vrais besoins des hommes et en quoi
croyez-vous que vous puissiez leur être le plus utile ?
ANNEXE I I
Premier Grade:
1) L'homme est limage immortelle de bieu, mais qui pourra la reconnaî-
tre s'il la défigure lui-même ?
2) Celui qui rougit de la Religion, de la Vertu et de ses Frères, est indi-
gne de l'estime et de l'amitié des Maçons.
3) Le Maçon dont Je coeur ne s'ouvre pas aux besoins et aux malheurs
des hommes est un monstre dans la société des Frères.
beuxième Grade :
4) L'amour de l'argent, lorsqu'il s'empare de l'homme, dessèche son coeur
et fait tarir en lui la source des plus nobles aspirations. La satisfaction de
nos besoins et de nos appétits matériels seraient-elles l'unique but de notre
travail ici-bas ?
L'inSertSé voyage toute sa vie sans savoir ni où il va, ni d'où il vient, ni ce
qu'il doit faire.
Mais le Sage se rend compte de tous ses pas, parce qu'il en connaît l'im-
portance et le but.
5) L'homme est naturellement bon, juste et compatissant. Pourquoi est-
il si souvent en contradiction avec lui-même ?
Cherchez-en sérieusement la cause, elle est bien importante à découvrir.
6) L'égoïsme est comme la rouille : il détruit tout ce qu'il y a de plus
beau et de plus pur dans le coeur de l'homme.
Troisième Grade:
7) Celui qui voyage dans une terre étrangère n'est jamais plus prêt de
s'égarer que lorsqu'il renvoie son guide, croyant savoir son chemin.
8) Heureux celui qui, s'étant bien étudié lui-même a pu connaître ses
défauts, apercevoir son ignorance e t sentir qu'il a besoin de secours, car il
a déjà fait le premier pas vers la Lumière.
9) Chercher avec un coeur droit, demander avec résignation et discer-
nement, frapper avec confiance et persévérance, c'est la science du Sage.
L'ENSEIGNEMENT DU SECOND SURVEILLANT
AU TROISIÈME GRADE
1) Pensez-donc à la mort !
2) Ici-bas, la vie est près de la mort et l'homme a toujours un pied sur
le bord du tombeau.
3) Mon Frère, l'homme ne naît que pour mourir et sans la mort, il ne
peut parvenir à la vie.
(Les éléments symboliques ci-après nous ont été communiqués par le T.% Ft% F.•. Pierre F.•.
Nous nous faisons un plaisir de les présenter ici)
La question qui se pose est la suivante : Pourquoi le troisième chandelier (pilier), qui se
trouve à l'angle sud-est aux deux premiers Grades, doit-il être placé à l'angle nord-est au Grade
de Maître ? La réponse est la suivante : Le chemin maçonnique consiste à partir de « l'obscu-
rité » de notre vie profane (symbolisée par l'hiver) et d'avancer dans la connaissance. De même
en suivant l'exemple du soleil qui renaît au solstice d'hiver (réception du profane dans l'Ordre
maçonnique) en s'élevant à travers les Grades d'Apprenti puis de Compagnon, jusqu'à la plei-
ne Lumière du solstice d'été, au Grade de Maître, les trois chandeliers représentent alors sym-
boliquement les levers et couchers du soleil lors des solstices d'hiver et d'été
EST
Nord-Est S
Sud-Est
NORD SUD
1 1 1
Nord-Ouest------- S u d - O u e s t
OUEST
Trait semi-circulaire bleu : Trajet du soleil le jour du solstice d'hiver : Lever au sud-est
(le troisième pilier est au sud-est), coucher au sud-ouest.
Trait semi-circulaire rouge : Trajet du soleil le jour du solstice d'été : Lever au nord-est
(le troisième pilier est maintenant au nord-est), coucher au nord-ouest. Ce graphique, en deux
dimensions, ne peut représenter l'élévation du soleil : bas en hiver et haut dans le ciel en été...
Triangle vert : les trois piliers aux deux premiers Grades
Triangle noir : les trois piliers au Grade de Maître.
Le troisième pilier est toujours près du Vénérable Maître qui symbolise l'apparition de la
Lumière divine avec son triple chandelier (Lever du soleil) ; les deux autres piliers sont près
des Surveillants, à l'ouest (Coucher du soleil).
107
ANNEXE I V
V.I.T.R.I.O.L.
VISITA
INTERIORA
TERRAE
RECTIFICANDOQUE
INVENTES
OCCULTUM
LAPIDEM
Rectificandoque
Mot à mot : Et en rectifiant... Mais en rectifiant quoi ? Que peut-on « rec-
tifier » dans les replis de son propre coeur s i n o n l'idée que l'on se fait de soi-
même: Comme l'individu qui est face au miroir et qui finit par croire qu'il est la
personne (en latin : persona , le masque que se mettaient sur le visage les
acteurs comiques ou tragiques ) qu'il voit dans le miroir, alors qu'il est, en réa-
lité, l'individu qui est à l'extérieur du miroir. Il faut donc rectifier l'idée fon-
damentale de ce que nous sommes dans l'essence-même de notre être.
« Tu n'es pas ce que tu crois être », disent les Maîtres. « Deviens ce que
tu es », disent d'autres Maîtres. I l s'en suit que cette rectification touche au
fondement-même de l'individu. Le changement de « vision de soi » est tel qu'il
change la totalité de la vie. Le monde lui-même n'est pas non plus tel que nous
croyons qu'il est...
88
Visita Interiora Te r r a e rectificandoque Invenies
Occultum Lapidem, Veram Medicinam = Plonge dans les
profondeurs de ton cœur et tu y trouveras ce que tu es
en vérité.
bu même auteur :
GRADE GRA
PRENTI )N MAÎ'l
Introduction 5
Instruction morale 6 7
Conclusion 9 5
Annexe I
Questions posées au Candidat dans le Cabinet de Réflexion 9 9
Annexe I I :
Rappel des Maximes des trois premiers Grades 1 0 1
Annexe I I I :
Changement de position du troisième chandelier
autour du tableau de loge 1 0 5
Annexe IV :
Le V I T R I O L . alchimique 1 0 7