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LA PRATIQUE

JOURNALIERE
DU R I T E
ECOSSAIS RECTIFIÉ
• • •
• •• • • • • • •

LE GRADE
DE M A Î T R E

ce C E T OUVRAGE EST RÉSERVÉ AUX MAÎTRES - e l


INTRODUCTION
« Ce qu-on sait, savoir qu'on le sait
Ce que l'on ne sait pas, savoir qu'on ne le sait pas
Voilà le vrai savoir
Confucius
(Aphorisme de Confucius placé par notre très regretté Frère, le Docteur Jean CHOAIN
en exergue de son remarquable ouvrage "La « Voie Rationnelle » de la Médecine Chinoise"
et que nous nous plaisons à reprendre ici, en hommage à sa mémoire)

Combien il vaut mieux acquérir la Sagesse que l'or fin !


Et combien il vaut mieux acquérir la Prudence que l'argent !
Proverbes, XVI, 16

« J'ai parcouru le monde à la recherche de Dieu


sans jamais Le rencontrer.
Revenu chez moi, je Le vis sur le seuil de mon coeur
Et je L'entendis me dire:
« C'est ici que je t'attends depuis une éternité ».
Alors, je suis entré avec Lui dans ma maison »
Jalâ1 ad Din RtUni

« Sur la terre. l'homme est un exilé : le fait même de la mort le prouve »


Auteur inconnu (aphorisme communiqué par notre B.•.A.•.F. Jean P)

« Meurs et deviens ! »
Devise maçonnique

Il est encore faible, celui pour qui sa patrie est douce.


Mais il est fort, celui pour qui tout pays est une patrie.
Il est parfait, celui pour qui le monde est une terre d'exil !

Le texte de référence, qui sera commenté dans les pages qui suivent, est
celui qui a été présenté par les responsables de la Province d'Auvergne compre-
nant le Grand Prieuré de France et le Grand Prieuré de Provence et en usage dans
les Loges de la Grande Loge Traditionnelle et Symbolique (Opéra), dont il consti-
tue le Rite officiel.
Les commentaires sont ceux d'un Frère initié dans une Loge de cette
Obédience et qui a été reçu à tous les grades (« bleus », « verts » et « blancs ») du
Rite Ecossais Rectifié. Ils n'engagent que lui. Ces commentaires ne sauraient par
conséquent présenter un quelconque aspect « officiel ». L'auteur s'est cependant
astreint à respecter rigoureusement l'enseignement reçu de ses Maîtres Instructeurs
dans ce Rite. Il leur manifeste ici-même sa gratitude et son admiration et espère
ardemment avoir réussi à leur rester fidèle, tout en présentant dans cette étude des
commentaires qui lui sont évidemment absolument personnels. La pratique d'un
Rite maçonnique n'a en effet d'utilité que sous deux conditions :
6

La première, c'est d'être fondé sur les textes-mêmes qui ont été établis par les
fondateurs, et donc, en l'occurrence, par Jean-Baptiste Willermoz ;
La seconde, est de considérer ces textes comme base d'étude constante. Ce
n'est en effet que par l'étude constante du Rituel que le Maçon peut progresser dans
la compréhension du message symbolique contenu dans les mots, les gestes, les
objets, les maximes, les préceptes et les conseils qui lui sont prodigués à chaque
étape de sa vie maçonnique.
Il est en effet patent que dans ce Rituel, les Maîtres-Fondateurs, que l'on
peut sans risque de se tromper, après étude approfondie de leur oeuvre, qualifier
de « Grands Initiés », se trouve cachée une richesse telle, qu'elle ne se découvre
que petit à petit, par l'étude de chaque détail. L'erreur à ne surtout pas commettre,
consisterait à « ronronner » en écoutant d'une oreille distraite les paroles ensei-
gnées à l'impétrant (parce qu'on les a déjà maintes fois entendues), à regarder
sans y faire attention, les détails des objets dont chacun a une utilité didactique
absolue, à suivre d'un oeil distrait la gestuelle d'une Ouverture, d'une Fermeture
des Travaux, ou d'une Réception à tel ou tel Grade. Au contraire, Tenue après
Tenue, l e Maçon avisé cherchera à entrer de plus en plus profondément dans la
compréhension du message qui lui est délivré, à lui-même, fût-il « chevronné » -
comme à l'impétrant qui les voit et entend pour la première fois.
Les présents commentaires doivent donc être considérés par le lecteur comme
une proposition de recherche. A lui de les dépasser encore par sa propre réflexion.
Dans l'Introduction au Grade de Compagnon, nous écrivions ceci:
« Le grade d'Apprenti reste généralement fortement gravé dans la mémoire
de tout Maçon. I l constitue le point de départ d'une grandiose aventure qui, si
tout se passe bien, marquera toute sa vie d'une empreinte indélébile.
Le grade de Maître est perçu comme une apothéose: on devient « Maître
Maçon », reconnu comme tel dans le monde entier
Le grade de Compagnon est de ce fait souvent ressenti comme un grade
intermédiaire, de moindre importance. Dans le Rite Ecossais Rectifié, cela
constitue une grave erreur : ce grade est au contraire d'une importance capitale :
Si le nouveau Compagnon suit rigoureusement les préceptes, conseils et recom-
mandations qui lui sont prodigués lors de sa réception, il deviendra par la force
des choses un autre homme, un « homme nouveau », comme aurait dit Saint Paul.
Et le grade de Maître viendra alors confirmer, consolider, réaliser ce qui aura
été acquis pendant le temps de compagnonnage ».
C'est dans cet esprit que nous abordons donc le Grade de Maître, en esti-
mant que le Compagnon aura compris l'épreuve du miroir, qui est le moment cru-
cial de sa réception au deuxième Grade ; qu'il aura mis en oeuvre les maximes,
préceptes et conseils qui lui furent prodigués. Alors le Grade de Maître le mènera
sans aucun doute à une réelle et authentique Maîtrise.
N.B. 1 ) Les textes du Rituel et les indications contenues dans les documents officiels sont imprimés en
bleu. Les commentaires de l'auteur sont imprimés en noir.
2) Comme pour les deux premiers Grades, il nous a paru intéressant d'étudier d'abord l'Ouverture
puis la Fermeture des Travaux, avant de passer à l'étude de la Cérémonie de Réception.
3) Mais le tout sera précédé d'un commentaire de la décoration de la Loge de Maître, du Tapis de
la Loge, etc... vu l'importance de ces dispositions par rapport aux deux précédents Grades.
DÉCORATION DE LA LOGE DE MAÎTRE

L'appartement de la Loge sera tapissé de noir et les plateaux des Officiers seront recou-
verts d'étoffe de la même couleur.

L'Autel d'Orient, le fauteuil du Vénérable Maître et le dais seront également drapés de


noir, avec des galons et franges d'argent ou de soie blanche, ainsi que les plateaux des
Surveillants.

On figurera sur la tapisserie trois têtes de mort, en blanc ou en argent, peintes ou brodées,
reposant sur deux ossements de la même couleur en sautoir, avec neuf larmes en or ou peintes
en jaune, autour de chaque tête. Lune des têtes sera placée au milieu du mur méridional, l'autre
sera vis à vis sur le mur septentrional, et la troisième contre le mur oriental, au dessous du dais
et un peu plus élevée que le fauteuil du Vénérable Maître avec ces mots peints en jaune ou de
couleur or, de manière à pouvoir être lus par le Candidat, malgré l'obscurité qui règne dans la
Loge : « Pensez donc à la mort ».

Une lampe sépulcrale sera placée devant la tête de mort située à l'Orient.
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Pourquoi ce décor funèbre et... au fait, pourquoi donc la couleur noire est-elle chez nous
la couleur du deuil ? Parce que, depuis deux mille ans, l'Occident est régi par la religion chré-
tienne dont le symbolisme vient en ligne directe de l'Egypte ancienne où régnait la religion
solaire depuis des milliers d'années (malgré que la Chrétienté soit géographiquement « née »
en Palestine au sein d'une religion lunaire). Chaque année, la « mort » du soleil a lieu au sol-
stice d'hiver, la période sombre, noire, avant qu'il ne renaisse et reprenne son essor victorieux
vers l'équinoxe de printemps, puis vers le solstice d'été, la période claire, lumineuse de l'an-
née. C'est pourquoi la mort et la couleur noire furent associées tout naturellement.

C'est donc aussi au solstice d'hiver que le Christ solaire renaît puis remonte, victorieux
jusqu'à la période de Pâques lors de laquelle la religion catholique le surnomme « Sol
Invictus » (le soleil invaincu) afin que le parallélisme soit parfait.

Tout chrétien étant sensé renaître lors de la résurrection de la chair (ce qui suppose que
certains atomes seront obligés de pratiquer la bi-. tri- ou multi-location m a i s ce n'est pas le
problème qui nous préoccupe ici...) cette résurrection se fera, comme celle du Christ et en par-
faite « Imitation de Jésus-Christ », du royaume des ombres vers la pleine lumière retrouvée.

La Franc-Maçonnerie étant fondée sur le Symbolisme, tout ceci va donc se retrouver en ce qui
concerne la mort d'Hiram, puis en parfaite « Imitation de Maître Hiram », la mort du Compagnon et
sa résurrection en pleine Lumière (et nous écrivons ce mot, maintenant, avec une majuscule).

« Pensez donc à la mort » rappelle l'adage chrétien : « Il faut passer sa vie à préparer sa
mort », adage fort mal compris généralement, puisque, loin d'être morbide, il précise que nous
devons passer notre vie à faire en sorte que la mort du corps suscite la résurrection dans la
Lumière divine. Mais comment faire ? Eh bien, les deux premiers Grades nous y ont préparé -
et même, en ce qui concerne le deuxième Grade - fort sérieusement préparé. Le troisième
Grade doit donc maintenant nous apprendre à réaliser cette préparation. On imagine combien
cela est important, dès lors que l'impétrant a compris qu'il ne s'agit pas de « jouer un jeu sym-
bolique », mais au contraire, de réaliser une transformation intérieure, que le Rituel des deux
premiers Grades nous a fortement poussé à mener à bien.

Le devant de l'Autel représente, pour le Grade de Maître, un vaisseau démâté, sans voile
et sans rame, tranquille sur une mer calme, avec ces mots pour inscription : « In sitencio et
spe fortitudo mea ».

Ce qui signifie : Je trouve ma force dans le silence et l'espérance. Ne pas désespérer, par
conséquent. Et voilà qui nous ramène derechef au deuxième Grade lorsque, aussi démuni soit-
il dans la « brume » de son mental (comme nous disions alors) le Compagnon avait réussi à
« plonger » au tréfonds de son coeur, comme le lui avait conseillé le Vénérable Maître, et à y
trouver l'obscurité féconde, le silence prometteur et la Paix profonde. Ainsi, quelle que soit sa
faiblesse apparente, son navire démâté se retrouve sur une mer calme vrai reflet du calme men-
tal qu'il a réussi à établir dans les replis de son coeur et qui est la condition sine qua non du
succès de l'étape suivante à laquelle il arrive présentement.

A l'Orient et en avant du dais est suspendu un transparent portant, sur un fond noir, le
mot « PRUDENCE » en lettres blanches.

En effet. dès lors que le Compagnon a compris la fallacieuse imagerie mentale du monde
visible (avec nos yeux de chair), il agira tout naturellement avec prudence, cherchant toujours
et systématiquement la Réalité vraie afin de ne pas retomber dans le rêve de la vie (ne plus
revoir un serpent là où il a réalisé qu'il n'y avait qu'une corde, selon l'anecdote dont nous nous
étions servis dans les Grades précédents).
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IN SILENTIO ET SPE
FORTIT•DO MEA

cf : C'est dans le repos et la confiance que sera votre force ! I s a ï e . XXX, 15 )

Dans le fond occidental, un peu en avant de la porte d'entrée, sera en relief, un monu-
ment ou mausolée sur une table triangulaire qui sera élevée de trois degrés ; à chacun des trois
angles du tombeau seront trois petites boules de couleur jaune réunies ensemble, ce qui fera en
tout neuf boules. Sur le tombeau qui sera surmonté d'une pyramide triangulaire, reposera une
urne sépulcrale du haut de laquelle on verra s'élever une vapeur enflammée et détachée de l'ou-
verture de l'urne. On lira, dans la partie supérieure du monument, ces mots : « Deponit alie-
na, ascendit unus... ».

Ce qui signifie : Quand tout ce qui est étranger est déposé (abandonné, rejeté), alors appa-
raît l'Unique. C'est sous forme de formule lapidaire, le résumé de la recherche à laquelle le
Compagnon doit être parvenu quand il a suffisamment « plongé » dans « les replis de son
cœur » : (ainsi que le lui conseillait le Vénérable Maître lors de sa Réception...) en d'autres
mots, quand la fantasmagorie du « rêve de la vie » a cessé dans la méditation profonde, et
qu'apparaît la seule Réalité. Car le « JE SUIS » (Exode 111,14) est perçu comme la vraie
Réalité, alors que l'illusoire pseudo-réalité a enfin disparu. Ce qui a fait dire à un Sage, au
siècle dernier, sous forme de boutade, que "Dieu devait être ivre quand il a créé le monde, car
il l'a fait à l'envers du monde spirituel" : en effet, ce qui paraît illusoire (le monde de l'Esprit)
dans notre monde habituel, est en fait « la vraie Réalité » et ce qui paraît réel, solide et maté-
riel, est en fait une pure élaboration du mental sans aucune consistance. Ce qui ne peut à l'évi-
dence pas être compris par le raisonnement intellectuel, puisque c'est précisément le mental qui
est à l'origine du film illusoire que nous prenons pour la réalité, mais uniquement par la pra-
ligue de la méditation qui seule « remet les choses en place ». Notons que le rêve de la nuit est
bien aussi une production mentale : pourtant dans mon rêve de la nuit, je peux donner du poing
sur le table, elle me paraît parfaitement matérielle...
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LE MAUSOLÉE
Ainsi, quand le fatras de ce que les Sages chinois appellent « les dix mille choses » (tout
ce qui tombe sous l'emprise de nos sens dans notre monde « habituel ») s'est tu, alors appa-
raît enfin à la conscience l'Unique Réalité intangible, immuable et éternelle, dans un monde où
n'existe ni temps ni espace. Ainsi la statue admirable que cherche à faire apparaître le sculp-
teur dans un bloc informe, ne peut en fait apparaître que lorsque tout le superflu qui la cachait
à nos yeux a été jeté à bas par l'homme de l'art : « Deponit aliena, ascendit Unus » , Quand
tout ce qui est étranger à la Réalité est "déposé", alors apparaît l'Un (Nous nous permettons
alors d'écrire « Unus » et « Un » avec une majuscule ; même différence maintes fois relevée
qu'entre "lumière" et "Lumière". Mais poursuivons l'exposé du Vénérable Maître

et ceux-ci dans la partie inférieure : « Temario formatus, novenario dissolvitur ».


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Ce qui signifie : Le monde (illusoire) est formé par le Ternaire et est dissout par le
Novénaire. Nous avons expliqué que le monde matériel est formé par Dieu manifesté sous
forme Ternaire (Dieu est Un et se manifeste sous forme Ternaire) mais que la Sagesse est attein-
te par les « Neuf degrés de la Sagesse » (Saint Jean de la Croix, les Mystiques rhénans, les
Pères du désert, etc... et tous les Sages des autres Traditions) ce qui permet de « dissoudre »
(dissolvitur) le monde des formes que nous prenons faussement pour la réalité.

Ces deux inscriptions, ainsi que la vapeur enflammée seront rendues visibles par un
transparent.

On réalise combien Jean-Baptiste Willermoz et ses Frères étaient de véritables Sages et


connaissaient pour l'avoir vécue, la Sagesse socratique et les mystères gnostiques et pythago-
riciens. Gloire leur soit rendue !

Le Tableau ou Tapis de la Loge de Maître, d'une grandeur proportionnée au local, est


étendu sur le parquet, à peu près au centre de l'appartement en avant de l'Autel d'Orient ; il
représente un carré long entouré d'une bordure semblable à celle des deux précédents Grades.

Le carré long est le symbole de la spiritualité (voir à ce sujet, dans les précédents Grades,
les commentaires sur le nombre 17 ( l'Antiphraxis des Grecs). Nous préciserons ceci un peu
plus loin.

Au milieu de ce carré long est peint un cercueil accompagné de 81 larmes de couleur


jaune ou or...

Nous venons de parler plus haut, du novénaire qui représente le chemin vers la réalisa-
tion de la Sagesse. Le nombre 81, carré de 9, sera commenté dans les Instructions.

vers les deux extrémités du cercueil sont figurés, du côté de la tête, vers l'Occident,
une équerre, dont le sommet est à l'Orient ; à côté de l'équerre, dans l'angle au sud, est peinte
la Planche à Tracer; sur le cercueil sont peints, du côté de l'Occident, en couleur blanche ou
d'argent, une tête de mort reposant sur deux os en sautoir et, du côté de l'Orient, une branche
verte d'acacia ; au milieu, entre la tête de mort et la branche d'acacia, sera figurée une lame
d'or triangulaire sur laquelle paraîtront gravées les lettres • J. A .

Nous avons remarqué le jeu des couleurs : Les 81 larmes sont d'or ; la tête de mort sur le cer-
cueil est d'argent : la couleur de la Lune, reflet du Soleil d'or - l'âme spirituellement évoluée, reflet
de la Lumière divine solaire ; la branche d'acacia, de couleur verte. Plus tard, lors de la Cérémonie,
le linge taché du sang de Maître Hiram, viendra ajouter la couleur rouge à cet ensemble. Nous
aurons là, dans l'ordre, les couleurs alchimiques fondamentales noire ou bleue, blanc et rouge, et la
couleur intermédiaire verte entre le noir (bleu) et le blanc. La Transmutation va pouvoir s'opérer, si
les opérateurs, y compris l'impétrant, sont au fait de ce qui va se passer. Ainsi également, lors de la
Messe catholique ou orthodoxe, la Transsubstantiation pourra être opérée, si l'officiant sait parfai-
tement bien ce qu'il est en train de faire, et si les fidèles, par leur intense participation, soutiennent
puissamment l'opération qui se fait à l'Autel... Les lettres J.A. seront commentées plus loin lors de
la cérémonie de Réception. En ce qui concerne les couleurs, remarquons que le vert et le rouge n'ap-
paraissent que très timidement: la petite branche verte d'acacia, la petite tache rouge du sang. Au
Rite Ecossais Rectifié, nous trouvons à chaque Grade un léger indice de la suite : ainsi, au Grade
d'Apprenti, le nombre neuf apparaît mais n'est pas annoncé clairement ; ce n'est que par l'obser-
vation attentive que l'Apprenti peut s'apercevoir qu'il y a neuf lumières d'Ordre et neuf Officiers -
mais ce n'est qu'au Grade de Maître que le novénaire apparaît écrit noir sur blanc et que neuf
maîtres nommément signalés, trois par trois, vont apparaître clairement. Ici, les deux couleurs verte
et rouge ne font qu'une apparition furtive très discrète, mais annoncent une suite...
12

TABLEAU D E L A LOGE D E MAÎTRE

ORIENT

t,••••1,
, - ,

br—••—<

OCCIDENT
13

Au bas du Tapis, vers l'Occident, est l'escalier du temple, formé de sept marches demi-
circulaires, divisé en trois parties, comme dans les Grades précédents, par les chiffres 3, 5, 7

Autour du Tapis sont, dans les angles du Nord-Est, Nord-Ouest et Sud-Ouest, trois grands
chandeliers peints ou drapés de noir, portant chacun trois grosses bougies, disposées en tri-
angle, ce qui fera en tout neuf lumières.../...

Neuf lumières autour du Tapis, au lieu de trois dans les Grades précédents, ce qui porte
le total, au Grade de Maître, à quinze lumières. Voilà donc le nombre quinze qui apparaît pour
la première fois...

Le chandelier du Sud-Est se retrouve au Nord-Est, matérialisant ainsi le fait que la


circumambulation, de dextrogyre aux Grades d'Apprenti et de Compagnon, devient lévogyre
au Grade de Maître, comme il convient dans un rite de mort (voir annexe III : changement de
position du troisième chandelier autour du tableau de loge).

On placera sur le Tapis, à l'Occident, au Midi et au Nord, trois rouleaux de papier


ou de carton avec lesquels le Candidat sera frappé légèrement lorsqu'il fera les trois pas de
Maître, par les Frères qui auront été désignés par le Vénérable Maître. Le premier coup sera
porté sur l'épaule gauche, le deuxième sur [épaule droite, le troisième sur le front.

L'Autel d'Orient et les tables des Surveillants doivent être garnis comme dans les Grades
précédents. Tous les Frères doivent être vêtus de noir ou couverts d'un manteau de deuil avec
le chapeau rabattu sur la tête.../...

Dans la chambre de préparation devront se trouver, sur la table


I) la Bible
2) une sonnette
3) une écritoire, du papier, des plumes
4) une tête de mort en peinture sur un carton, reposant sur deux os en sautoir, sans
inscription
5) un manuscrit de l'Abrégé des Règles Maçonniques dont le Récipiendaire a dû s'occu-
per sérieusement depuis sa réception dans l'Ordre
6) deux tableaux en recouvrement, attachés l'un sur l'autre, comme dans les Grades
précédents.../...

Avant de passer, comme nous l'avons fait pour les deux Grades précédents, à l'Ouverture,
puis à la Fermeture des Travaux au Grade de Maître, enfin à la Cérémonie de Réception à ce
Grade, i l nous semble bon de commenter le discours que le Frère Préparateur doit tenir au
Candidat. Voici ce discours :

Fr. Prép : F r è r e Compagnon, les questions qui vous furent proposées dans
cette solitude, avant votre réception dans l'Ordre, les maximes qui vous furent
enseignées dans vos voyages mystérieux, la Justice qui vous fut montrée comme
devant être votre unique règle, les instructions que vous avez reçues, l'invitation
qui vous a été faite de vous livrer constamment à l'étude de vous-même pour
connaître la nature de votre être, ses rapports et sa destination pour dévoiler vos
penchants, vos habitudes et les règles pour la Tempérance, toutes les précautions
que l'Ordre a prises dans le dessein de vous diriger, ont dû suffire pour produire
en vous des notions justes sur le vrai but de la Franc-Maçonnerie et sur la route
qui pourrait vous y conduire....
14

Le début de ce discours tenu au futur Maître n'est-il pas une confirmation de tous les
commentaires que nous avons faits en permanence, tout au long des paroles prononcées par le
Vénérable Maître et ses Officiers lors des précédents Grades ?

Il appert clairement dans ce préambule que le Frère qui se présente pour être reçu Maître
doit avoir étudié les maximes et les questions proposées dans les Grades d'Apprenti et de
Compagnon, il doit s'être livré constamment à l'étude de lui-même « pour connaître la nature
de votre être » lui dit le Frère Préparateur, etc...tout cela a dû produire « en vous » dit-il enco-
re, « des notions justes sur le vrai but de la Franc-Maçonnerie... ». N'est-ce pas une confirma-
tion de nos commentaires sur ce travail personnel, intime et constant que nous avons relevé
sans cesse dans les deux premiers Grades ? Car si ce travail sur lui-même n'a pas été mené à
bien, quelle signification le Grade de Maître pourra-t-elle bien avoir pour lui ?...

Vous vous présentez aujourd'hui pour être élevé au Grade de Maître, mais
pouvez-vous prouver que vous avez accompli la tâche des Apprentis et rempli les
devoirs des Compagnons ? (en lui désignant le cahier des Règles qui est sur la table).
Avez-vous médité sérieusement ces Règles ? Vous en êtes-vous fait l'application à
vous-même par une pratique constante des moyens qu'elles vous ont présentés ?....
Combien de fois avons-nous insisté sur la pratique constante qui était exigée... et, le
Frère Préparateur va le lui dire : absolument nécessaire...

Si vous n'aviez pas fait ce travail absolument nécessaire, quel titre auriez-
vous pour obtenir le Grade que vous demandez ? Vos Frères vont bientôt être vos
juges ; ils sont prêts dans cet instant à former la Loge pour vous élever au rang
des Maîtres, si vous en êtes digne ; mais, quelle que soit leur indulgence, si votre
demande est téméraire, je vous préviens qu'elle sera rejetée et que dans cette sup-
position nous ne pourrions l'admettre sans nuire à vous-même et sans manquer à
l'Ordre. Vous allez donc subir un examen rigoureux ; vous serez sévèrement
éprouvé par les Maîtres, car tout Compagnon leur est suspect, et vous en particu-
lier. Le Vénérable Maître rn'envoie auprès de vous pour vous en prévenir et la
Loge attend le rapport que je dois lui faire ; faites-moi donc connaître ce que
vous avez fait jusqu'ici comme Maçon et le résultat de vos travaux.
Oui, ce travail est absolument nécessaire pour pouvoir vivre pleinement cet épisode ini-
tiatique majeur c a r le Compagnon Maçon qui devient Maître vit en fait ce que jadis le Lazare
de l'Evangile de Jean a vécu... Car le Christ n'est pas le premier « ressuscité » d'entre les morts,
c'est bien Lazare qui a vécu cette résurrection grâce au Christ. Qu'on relise cet épisode dans
l'Evangile de Jean. Ce n'est pas seulement à cause du Prologue que cet Evangile est placé sur
l'Autel du Vénérable Maître, mais parce que les sept miracles exposés dans ce texte célèbre
symbolisent la Voie initiatique toute entière... I l a donc sa place tout normalement dans un
Temple maçonnique...
Ceci dit, comme ce discours est sévère.., et comme il devrait correspondre à une réalité
vécue, afin que le titre de « Maître » soit donné à un Frère qui en est véritablement digne...

Car enfin, l'enseignement fondamental du Grade de Maître consiste à faire comprendre


que l'adepte va devoir dépasser la mort, comprendre et vivre réellement ce dépassement pour
réaliser finalement que la mort n'existe pas, qu'elle fait, comme le reste, partie intégrante du
« rêve de la vie » et que sortir de ce rêve illusoire fait du même coup disparaître la mort. Ce
qu'exprime à merveille, à notre époque, le merveilleux livre « Les Dialogues avec l'Ange »,
dont voici quelques extraits sans ambiguïté :
15

Toute existence n'est qu'apparence (Liltretien 66)


Le rêve est image, toi aussi, tu es image (E. 9)
Pas le soleil que tu vois avec tes yeux,
car celui-ci n'est aussi qu'une image. (E. 10)
La seule façon de t'éveiller, c'est de cesser de rêver.
Tant que tu fais attention au rêve, tu t'y enfonces de plus en plus
car tu le prends pour l'état de veille.
Chaque existence, pas seulement la vôtre, n'est que rêve
Les images du rêve (l'existence terrestre) sont une enveloppe.
Au-dedans est caché leur sens ; au-dedans tu trouves l'éveil, non pas au-dehors.
C'est pour cela que tu ne t'éveilles pas.
Tu ne peux pas encore le saisir : Tout est rêve, enveloppe. (E. 14)
Tu parles en rêvant.
Vous dormez tous les quatre dans la pièce; vous rêvez les uns des autres.
Vous croyez que vous parlez, les uns avec les autres,
car l'image du rêve est trompeuse.
Le rêveur ne rêve pas qu'il dort, mais qu'il est éveillé
il agit, il va, il vient, il parle. En réalité il dort (E. 26)
Puissiez-vous enfin vous éveiller ! (E.29)

Il s'en suit que, lorsqu'on réalise cette situation, on réalise du même coup que la mort
n'existe pas

D.- Parle-moi de la mort !


R.- Tu interroges sur ce qui n'existe pas.
Ce qui est vu d'en bas : « mort » - est en haut : « vie »
Le reste est temps et apparence. (E. 30)
Personnes, destinées, événements ne sont qu'écume de vagues sur la mer (E. 11)

Ajoutons cette phrase extraordinaire dans sa concision, de l'Attaché Culturel de l'Inde en


France, après la dernière guerre, Swâmi Sidheswarânanda, un Sage

« D'un seul instant vécu tel qu'il doit l'être,


la connaissance de l'éternité entière peut jaillir

Or ce que l'impétrant va vivre en Loge, au moment-même où le Vénérable Maître va le


relever du sein de la mort, est ce moment exceptionnel. Encore faut-il (faudrait-il) qu'il se soit
ardemment préparé sans cesse, comme i l lui a été répété mille fois, pendant ses années
d'Apprentissage et de Compagnonnage... encore faut-il (faudrait-il) que tous les Frères Maîtres
qui l'entourent à ce moment-là en soient parvenu à ce point et sachent exactement ce qui se
passe, pour que la cérémonie ne soit pas « emblématique », mais réelle.., encore faut-il (fau-
drait-il) que le Vénérable Maître ait atteint lui-même l'état de Sagesse : Il pourrait alors « res-
susciter » le mort (le non-encore-éveillé) comme le Christ l'a fait pour Lazare.
I6

Ne soyons pas trop ambitieux, ne nous leurrons pas. Mais sachons, comprenons, réali-
sons ce qu'enseigne le Rituel, et ce moment fort sera réussi : l'impétrant s'en souviendra et
saura précisément qu'il vient de vivre un moment crucial. Parfois, dans certaines Loges, le
Vénérable Maître est si fortement conscient de ce qu'il fait, ainsi que les Frères présents, que
l'égrégore de toute la Loge vibre au point de devenir palpable et tous en ont conscience...

La mort est aujourd'hui devant moi, comme renvie qu'on a de


revoir sa maison ! ( E y p t e environ 1300 avant J.C.)

Tout étant prêt maintenant, nous allons pouvoir, comme pour les deux précédents Grades,
étudier l'Ouverture, puis la Fermeture des Travaux et enfin la Cérémonie de Réception dans ce
sublime Grade de Maître Maçon.
OUVERTURE DE LA LOGE DE MAÎTRE

Les propositions et affaires relatives au second Grade étant terminées, le Vénérable


Maître, à sa place, frappe seul un coup sur l'Autel - 0 - et dit

V.M. : A l'ordre, mes Frères, au troisième Grade.

Aussitôt, tous les Frères, couverts, tirent leur épée qu'ils tiennent de la main gauche
pointe contre terre et portent leur main droite au signe d'Ordre de Maître.

Le Vénérable Maître prend du feu au chandelier à trois branches, avec une mèche cirée
à l'extrémité d'un roseau, et il va allumer, par le Midi, les six bougies qui ne l'étaient pas
encore aux trois grands chandeliers du Tapis. Il revient à sa place par le Nord.

Bien entendu, le Maître des Cérémonies aura dans l'intervalle, ajouté ces six bougies et
déplacé le troisième chandelier qui se trouve maintenant au Nord-Est et non plus au Sud-Est.
La déambulation se fait maintenant dans le sens lévogyre, c'est à dire dans le sens inverse de
la course apparente du soleil, qui est le sens « sinistre » comme le mot l'indique en latin.

Le Vénérable Maître étant de retour à sa place, frappe un coup sur l'Autel - 0 - qui est
répété par les deux Surveillants, et dit

V.M. : F r è r e Premier Surveillant, quel est le motif qui nous rassemble


pour la Loge de Maîtres ?

ler Surv. : Frère Second Surveillant, quel est le motif qui nous rassemble
pour la Loge de Maîtres ?

Surv. : C'est le désir d'apprendre à tracer avec de justes proportions des


plans pour la construction du Temple Maçonnique.

Surv. : Vénérable Maître, c'est le désir d'apprendre à tracer avec de


justes proportions des plans pour la construction du temple maçonnique.

V.M. : C o m m e n t y parviendrons-nous ?
18

Même question, donc, du Vénérable Maître, qu •au second Grade. Il s'agit de définir l a
méthode de travail et les moyens engagés:
I er Surv. : F r è r e Second Surveillant, comment y parviendrons-nous?
2ème Surv. : Par le secours du Grand Architecte de l'Univers et par l a
connaissance de JAKIN, de BOOZ et de la lettre G qui est au centre de l'Etoile
flamboyante.
er Surv. : Vénérable Maître, par l e secours d u Grand Architecte d e
l'Univers et par la connaissance de JAKIN, de BOOZ et de la lettre G qui est au
centre de l'Etoile flamboyante.
V.M. : C o m m e n t pouvons-nous acquérir cette connaissance ?
er Surv. : F r è r e Second Surveillant, comment pouvons-nous acquérir cette
connaissance ?

2e1"e Surv. : Par l'étude approfondie de nous-mêmes et de la nature, en détes-


tant le vice et en pratiquant la vertu.
er Surv. : Vénérable Maître, par l'étude approfondie de nous-mêmes et de
la nature, en détestant le vice et en pratiquant la vertu.
Nous avons bien entendu, encore une fois et sans ambiguïté ; « par l'étude approfondie
de nous-mêmes ». Il est impossible de faire l'impasse sur cette étude approfondie de nous-
mêmes. Qu'on le veuille ou non, que cela plaise ou non. C'est le passage obligé, faute de quoi,
toutes ces Cérémonies ne sont que pièces de théâtre, jolies, intéressantes, sympathiques, mais
sans grande valeur évolutive et initiatique...
V.M. : F r è r e Premier Surveillant, puisqu'un but si noble nous ras-
semble, faites annoncer aux Frères que je vais ouvrir la Loge de Maîtres.
er Surv• : F r è r e Second Surveillant, annoncez aux Frères que le Vénérable
Maître va ouvrir la Loge de Maîtres.
2a1e Surv. : Mes Frères, je vous avertis de la part du Vénérable Maître, qu'il
va ouvrir la Loge de Maîtres.
V.M. : M e s Frères, aidez-moi tous à ouvrir la Loge de Maîtres.
Encore une fois et comme aux deux premiers grades, le Vénérable Maître ne peut ouvrir
la Loge que si tous les Frères participent activement à cet événement.
er Surv. : M e s Frères, aidons tous le Vénérable Maître à ouvrir la Loge de
Maîtres.

2'me Surv• : Mes Frères, aidons tous le Vénérable Maître à ouvrir la Loge de
Maîtres.

V.M. : Unissez-vous à moi, mes Frères.


Ne laissons pas passer cette dernière parole qui semble anodine: Il s'agit d'être unis au
Vénérable Maître. C'est à dire d'être UN avec lui. Avant de devenir UN avec toute la Création,
19

avec toits les êtres, et même les plantes, les roches elles-mêmes, bref, avec tout ce que nos sens
nous montrent... et même ce qu'ils ne nous montrent pas. C'est ce que les Maîtres de toutes les
Traditions appellent « la Non-séparativité » : Alors que nous croyons être séparés les uns des
autres, séparés de tout le reste du inonde, viendra un jour où nous comprendrons que Tout est
UN, comme le dit fort bien un Sage contemporain

L'être ordinaire se voit


comme un point minuscule
perdu au sein du cosmos
tandis que l'aspirant
sait et ressent
que le cosmos
est un point minuscule perdu en lui.

Bien sûr, il n'est pas possible de comprendre cet aphorisme avec la raison raisonnante
(comme disent les théologiens). Cette vérité fondamentale ne peut qu'être vécue au cours de la
méditation profonde ; alors elle apparaît comme une telle évidence qu'on se demande comment
on a pu vivre tant d'années (voire tant de vies ?) sans s'en être rendu compte plus tôt. On ne
peut alors que sourire en voyant tous ceux qui veulent « changer le monde » (!!) sans se chan-
ger eux-mêmes, car personne ne peut « changer le monde ». Peut-on changer un rêve de la nuit
tant qu'il se déroule ? peut-on changer un film qui se projette sur l'écran au cinéma ? On ne
peut pas changer le monde tel qu'il se déroule - sauf en atteignant en soi la vraie Réalité.
Précisément ce à quoi la Franc-Maçonnerie et le Rite Ecossais Rectifié s'emploient fonda-
mentalement (« le vrai but de la Franc-Maçonnerie » avait dit le Frère préparateur...) comme
certaines autres organisations initiatiques depuis des millénaires. C'est, nous l'avons déjà dit,
le but unique de toute initiation. Socrate, Platon et tant d'autres ont passé le plus clair de leur
vie à tenter d'engager les hommes dans cette voie lumineuse et libératrice...
Aussitôt, le Vénérable Maître et tous les Frères avec lui, donnent deux fois de suite le
signe entier du Grade de Maître, après quoi les Frères se mettent et restent au deuxième temps
du signe, qui est le signe d'Ordre en Loge.

Après quoi, le Vénérable Maître ouvre la Loge de Maîtres par la batterie de neuf coups,
par trois fois trois, en disant
V.M. : A la gloire du Grand Architecte de l'Univers 0 0 0
Au nom de l'Ordre 0 0 0
Et par le pouvoir que j'en ai reçu,
J'ouvre cette Loge de Maîtres 0 0 0
Surv. : 0 0 0 00 0 00 0

2ème Surv. : 0 0 0 00 0 00 0

V.M. : F r è r e s Surveillants, annoncez aux Frères que la Loge de Maîtres


est ouverte.

I ct Surv. : M e s Frères, la Loge de Maîtres est ouverte.

2'we Surv. : Mes Frères, la Loge de Maîtres est ouverte.


20

V.M. : A y e z attention, mes Frères


Le Vénérable Maître et tous les Frères donnent pour la troisième et dernière fois le signe
entier du Grade.

La proclamation rituelle de l'Ouverture de la Loge est ainsi proclamée trois fois, comme
pour les Grades précédents, par le Vénérable Maître, puis par les deux Surveillants.

On aura aussi remarqué que le signe entier du Grade est également donné trois fois, les
deux premières fois, à la suite l'un de l'autre, et la troisième fois, peu de temps après. On
retrouve donc dans ce triple signe le rythme de la batterie. Nous avons maintes fois fait remar-
quer la précision de ce Rituel jusque dans les plus petits détails...

Le Vénérable Maître pose son épée en travers sur la Bible ouverte au premier chapitre de
l'Evangile de Saint Jean, et tous les Frères en même temps remettent la leur au fourreau.

Le Vénérable Maître s'assied et invite les Frères à s'asseoir aussi et à observer le plus
profond silence.

V.M. : P r e n e z place mes Frères et observez le plus profond silence.


Nous avons déjà fait remarquer que la formule « observer le plus profond silence » ne
signifie pas seulement qu'on s'assoit et qu'on se tait, mais que le silence doit être « le plus pro-
fond », c'est à dire qu'il doit se situer également (et surtout !) « dans les replis de notre coeur »
il doit être intérieur bien plus encore qu'extérieur

Comme pour les deux premiers Grades, nous étudions maintenant la Fermeture des
Travaux avant de passer à la Cérémonie de Réception
CLÔTURE DES TRAVAUX

V.M. : F r è r e s Surveillants, informez-vous, chacun sur votre colonne, si


les Frères n'ont rien à proposer pour le bien de l'Ordre en général ou pour celui
de cette Loge en particulier.
I er Surv. : Frères de la colonne du Midi, n'avez-vous rien à proposer pour
le bien de l'Ordre en général ou pour cette Loge en particulier ?
2'nle Surv. : Frères de la colonne du Nord, n'avez-vous rien à proposer pour
le bien de l'Ordre en général Ou pour cette Loge en particulier ?

Si aucune proposition n'est faite, les deux Surveillants disent:

2ème Surv. : Frère Premier Surveillant, la colonne du Nord est muette.


Icr Surv. : Vénérable Maître, les deux colonnes sont muettes.
: F r è r e Secrétaire, vous avez la parole pour nous donner lecture du
protocole de cette tenue afin que nous le soumettions à l'approbation de cette
Loge.
Le Frère Secrétaire fait cette lecture et l'approbation étant acquise, est signée par le
Vénérable Maître et les deux Surveillants.

Le travail étant fini, le Vénérable Maître procède à la clôture de la Loge de Maître comme
il suit:
V. M . : 0

cjr Surv. : 0
2'me Surv. : 0
: D e b o u t et à l'Ordre, mes Frères
Il tient la pointe de son épée haute, le pommeau appuyé sur l'Autel ; tous les Frères se
lèvent en même temps et tirent leur épée dont ils tiennent la pointe contre terre, en se mettant
au signe de Maître.
V.M. : F r è r e s Surveillants, puisque le travail des Maîtres est fini, aver-
tissez les Frères que je vais fermer la Loge de Maîtres.
2-)

er Surv. : F r è r e Second Surveillant, puisque le travail des Maîtres est fini,


avertissez les Frères que le Vénérable Maître va fermer la Loge de Maîtres.
2'me Surv. : Mes Frères, puisque le travail des Maîtres est fini, je vous aver-
tis de la part du Vénérable Maître qu'il va fermer la Loge de Maîtres.
V.M. : M e s chers Frères, aidez-moi à fermer la Loge de Maîtres.
Surv. : M e s Frères, aidons tous le Vénérable Maître à fermer la Loge de
Maîtres.

2ème Surv. : Mes Frères, aidons tous le Vénérable Maître à fermer la Loge de
Maîtres.
V.M. : U n i s s e z - v o u s à moi, mes Frères.
Aussitôt, tous les Frères, avec le Vénérable Maître, donnent ensemble, deux fois de suite,
le signe entier des Maîtres et se remettent sur le champ au deuxième temps du signe, excepté
le Vénérable Maître qui prend son maillet avec la main droite et dit:
V.M. : A la Gloire du Grand Architecte de l'Univers 0 0 0
Au nom de l'Ordre 0 0 0
Et par le pouvoir que j'en ai reçu,
Je ferme cette Loge de Maîtres 0 0 0
er Sun/. : 0 0 0 00 0 00 0
2'ine Surv. : 0 0 0 00 0 00 0

V.M. : F r è r e s Surveillants, annoncez à tous les Frères que la Loge de


Maîtres est fermée

er Surv. : M e s Frères, la Loge de Maîtres est fermée.


2ème Surv. : Mes Frères, la Loge de Maîtres est fermée.
Le Vénérable Maître et tous les Frères avec lui, répètent pour la troisième fois le signe
entier de Maître. Tous les Frères restent debout l'épée pointe basse sans se remettre au signe
du Grade. Le Vénérable Maître va ensuite éteindre, par le Midi, deux lumières à chacun des
chandeliers du Tapis. Etant revenu à sa place, battant un coup - 0 - il dit:

: P r e n e z séance, mes Frères.


Puis les travaux « redescendent » au deuxième Grade, puis au premier et la Tenue se
termine.

Il n'y a aucun commentaire à faire concernant cette Clôture des Travaux, sinon faire
remarquer que les phrases du Vénérable Maître lors de la batterie de clôture, sont aménagées
de telle sorte que le troisième triple coup de maillet est séparé plus longuement des deux pre-
miers. L'ensemble des triples coups se fait donc sur le rythme deux plus un. Certains
Surveillants prennent parfois l'initiative de faire discrètement de même. Ce n'est peut-être pas
une mauvaise idée...

Les trois signes d'Ordre se font également sur le rythme deux plus un...
Etudions maintenant la très importante Réception au Grade de Maître :
PROCLAMATION POUR LA RÉCEPTION
D'UN COMPAGNON
AU GRADE DE MAÎTRE

V.M. M e s Frères, le Compagnon N d é s i r e faire de nouveaux


progrès dans la Franc-Maçonnerie et être reçu dans la classe des Maîtres. Il a fini
son temps, la Loge a consenti à son avancement par un scrutin régulier, ainsi que
la lecture du protocole va vous le confirmer.

Frère Secrétaire, lisez le protocole du scrutin et d'admission au Grade de


Maître du Frère N

Fr. Seer. : ( i l lit le protocole)

Après cette lecture du protocole, le Vénérable Maître dit

V.M. : F r è r e X q u i avez été chargé de l'examen et de la préparation


du Candidat, faites-nous connaître quelles sont à présent ses dispositions.

Le Frère Préparateur fait sommairement son rapport qu'il termine en disant

Fr. Prép. : A i n s i , Vénérable Maître, le Candidat 1-n'a paru digne d'être reçu
Maître Franc-Maçon.
Si le Candidat a mis quelques réflexions par écrit.. il les remet au Vénérable Maître, ainsi
qu'il a déjà été dit ; ce dernier les confie au Frère Orateur ou au Frère Secrétaire en disant

V.M. : M e s Frères, que les réflexions du candidat soient conservées


pour servir à son examen lorsqu'il demandera son avancement dans l'Ordre...
Cela concerne clairement le futur... Or, le Candidat va être reçu Maître... Cela laisse donc
supposer qu'il peut encore y avoir de l'avancement au delà de ce Grade... Tant que l'Etat de
Sagesse n'est pas atteint, le travail doit continuer !

Mes Frères, si vous jugez vous-mêmes que le Frère Compagnon N


est digne d'être reçu au Grade de Maître, je vous invite à me le faire connaître à
24

l'instant en la forme accoutumée. Persistez-vous dans le consentement que vous


avez donné à sa réception ?
Aussitôt, il frappe un coup sur l'Autel. - 0 - et les Frères donnent ensemble le signe de
consentement en étendant le bras droit en avant, la main en équerre, la paume tournée contre
terre. S'il y avait des Frères opposants, ils doivent se lever à l'Ordre et rester debout, sans
étendre le bras et, dans ce cas, le Vénérable Maître se conformera à ce qui est prescrit dans le
Rituel du premier Grade.
Le consentement étant donné, le Vénérable Maître dit

V.M. : P u i s q u ' a u c u n de vous ne s'oppose à sa réception, je vais y pro-


céder... Frère N q u e j'ai choisi pour l'introduction du Candidat, allez finir sa
préparation selon les lois et usages de l'Ordre ; le Frère P s o n Parrain vous
assistera dans vos fonctions et vous présenterez ensuite le Candidat à la Loge.

Aucun autre commentaire ne semble nécessaire pour cette Proclamation.


FONCTIONS DU FRÈRE INTRODUCTEUR
AUPRÈS DU CANDIDAT

Le Frère Introducteur et le Frère Parrain se rendent ensemble auprès du Candidat, étant


habillés maçonniquement.

Le premier tient une épée nue à la main et l'aborde d'un air grave et sérieux. Il lui dit

Introd. : F r è r e Compagnon, le rapport qui vient d'être fait à la Loge de


vos progrès et surtout le désir que vous avez témoigné de vous perfectionner
encore parmi les Maîtres, l'a déterminé à m'envoyer vers vous pour s'assurer de
nouveau si vous persistez dans ce noble dessein.

Voulez-vous donc subir les épreuves par lesquelles tout Compagnon, avant d'être
reçu Maître, doit démontrer son innocence, son courage et la sincérité de son désir ?
Le Candidat répond.

Le Frère Introducteur ajoute

Introd. : M o n Frère, celui qui n'a pas laissé pénétrer le vice dans son
coeur se soumet sans crainte aux plus fortes épreuves, parce qu'il doit en sortir
plus pur et plus vertueux, mais l'homme dont l'âme est corrompue y publie sa
honte et n'y trouve que l'humiliation ou le tourment des remords.
Après une petite pause, il continue

Puisque vous ne craignez pas d'être éprouvé pour obtenir le rang de Maître,
préparez-vous à ce travail en renonçant dès à présent et sans réserve à des choses
dans lesquelles l'homme met trop souvent sa confiance.
Voilà bien un discours qui ressemble à un habituel et banal sermon sur les bons senti-
ments qu'on doit avoir, le choix entre le vice et la vertu, etc... Nous avons bien compris, qu'à
travers son cheminement dans le Grade de Compagnon, le Frère Maçon aura fait de substan-
tiels progrès dans la compréhension de lui-même. Son âme n'est pas - ou a cessé d'être - cor-
rompue. Pourtant le Frère Introducteur semble lui parler comme s'il était au début de ce dur
travail : « Préparez-vous à ce travail », lui dit-il. C'est que, si le Frère Compagnon s'est effor-
cé de progresser dans la recherche de lui-même, le Frère Introducteur et les autres Frères
Maîtres savent bien que ce qui a été fait ne constitue que les prémices du travail d'amélioration
entrepris. L'essentiel arrive maintenant: 11 lui faut « renoncer dès à présent et sans réserve à des
26

choses dans lesquelles l'homme met trop souvent sa confiance »... Des choses... le terme est
vague... Quelles choses ? Nous savons bien qu'il va être soumis à la mort et qu'il va renaître
à une vie nouvelle. Ces choses-là ne sont pas un petit événement !

Jusqu'à présent, le Frère Compagnon, comme tout le monde, a porté ses efforts sur les
circonstances de sa vie profane, professionnelle, familiale, parentale, etc... Il a appris, depuis
qu'il est en Maçonnerie, qu'il doit changer de point de vue, que le monde dans lequel il se voit
vivre jour après jour (et nuit après nuit), n'est peut-être pas si solide, si matériel, si évident qu'il
n'en a l'air... On a essayé de lui faire comprendre ce que les Sages de jadis et d'aujourd'hui
enseignent tous, à savoir que le monde n'est qu'un rêve et donc que les plaisirs, mais aussi les
peines, qu'il éprouve depuis qu'il est né, sont peut-être bien un rêve aussi. Pas facile à admettre,
n'est-ce pas ? Pourtant, qu'on se tourne vers les Sages de l'Antiquité gréco-romaine, vers les
Sages chrétiens, vers l'Ancienne Egypte, vers l'étourdissante profondeur de la Sagesse chinoi-
se, vers les Sages de l'Inde, vers les chamans même, en Afrique, en Amérique du Sud, dans les
steppes et les forêts de la Sibérie, partout, oui, partout, ce même enseignement est donné: « Tu
n'es pas ce que tu crois être » ; ta personne n'est qu'une image, une simple image dans l'im-
mense rêve de la vie... Il faut maintenant « faire mourir le vieil homme et faire naître l'Homme
nouveau », comme disait si bien Saint Paul... La plupart des Chrétiens tiennent ce discours pour
une envolée poétique. Ce n'est pas une envolée poétique. Les Sages nous racontent comment
ils ont fait pour abandonner le « vieil homme » afin de renaître dans l'Homme nouveau: ils
l'ont fait; ils ont vécu ce changement en eux-mêmes. Ils peuvent dire : « Quand vous me voyez,
vous voyez toujours la même image mais JE ne suis plus cette image, ou plus exactement ma
conscience n'est plus dans l'image que j e croyais être, elle se trouve maintenant dans
l'Etincelle divine que vous ne voyez pas quand vous regardez l'image... ».

Jusqu'à présent, nous avons mis notre confiance (comme dit le Frère Introducteur), dans
la matérialité apparente mais sécurisante du monde matériel (ou qui semble matériel, comme
semblent matériels les objets que nous rencontrons ou manipulons dans nos rêves de la nuit).
maintenant, il va falloir, en faisant mourir le vieil homme, trouver la vraie Réalité et abandon-
ner le rêve; il va falloir devenir conscient de cette différence fondamentale entre la fausse " réa-
lité " et la vraie Réalité... Il va falloir devenir innocent au sens propre du mot, c'est à dire inca-
pable de nuire à quiconque ni par actes, ni par paroles, ni même par nos pensées. Enorme tra-
vail ! Oui, mais gigantesque conquête ! Peut-être n'en étions-nous pas conscients en entrant en
Maçonnerie - on le sentait sans doute confusément quand on nous disait que la Maçonnerie est
une société initiatique, maintenant nous sommes au pied du mur, ou plus exactement devant
le cercueil qui va contenir tout ce qui n'est qu'apparence, afin que la Lumière qui se situe au
delà de cette « mort », illumine notre conscience. Courage !

Comment faire comprendre un aussi gigantesque défi ? Comme d'autres sociétés initia-
tiques depuis la nuit des temps, c'est le mythe qui va nous y aider. Et le mythe central en
Maçonnerie, c'est le meurtre d'Hiram. Il va falloir comprendre l'enseignement de ce mythe,
qui s'adresse à chacun de nous... Oui, vraiment, bon courage ! Mais on nous avait prévenus dès
le départ: Il nous fallait aimer et chercher la Vérité « avec ardeur et persévérance », « écarter
les illusions qui nous trompent », etc... (Avertissements au Profane dès son entrée dans le
Temple, le jour de sa Réception).

Le Frère Introducteur donne au Compagnon quelques éléments de ce qu. i I va vivre dès


son entrée dans le Temple

Introd. : Mon Frère, voici l'instant ou vous devez être introduit dans la Loge
des Maîtres. La tristesse règne dans leur assemblée car un grand crime a été com-
mis par des Compagnons et les coupables n'ont pas été découverts. Si vous
n'avez rien à vous reprocher, venez courageusement avec moi, ayez la fermeté
27

d'un homme juste et le calme de l'innocence ; mais que la candeur soit sur vos
lèvres et la sincérité dans votre coeur, si vous voulez sortir glorieusement des
épreuves que vous devez nécessairement subir.

Ne craignez-vous rien, mon Frère, et voulez-vous me suivre ?


Relevons l'expression : « les épreuves que vous devez nécessairement subir »_ Certes, il
faudra bien subir les épreuves de la Réception. Mais le fond du Rituel est à rechercher toujours
au plus profond des mots. Le Maître Hiram a été assassiné par trois mauvais Compagnons.
Certes, nous sommes innocents de ce crime. Mais est-ce si sûr ? Qui est Maître Hiram ? C'est
le Maître des Maîtres. Où siège-t-il, sinon précisément dans notre cœur_ (Ramakrishna disait,
au siècle dernier : « Reposez-vous calmement au pied du Maître, qui siège dans votre coeur »).
Or, en ignorant sa présence, jour après jour, nous « tuons » le célèbre « Christ en nous » de
Saint Paul, au lieu de le faire « naître en nous »...

Le Candidat ayant répondu affirmativement, le Frère Introducteur lui dit

Introd. : Venez-donc, et n'oubliez jamais que dès votre premier pas


l'Ordre exigera de vous la confiance et la soumission.

Le Frère Introducteur, ainsi comme dans les autres Grades, ne devra quitter le Candidat
qu'au moment où, ayant été reconnu par ses Frères, il aura travaillé en Maître sur la Planche à
Tracer.

Oui, l'Ange Gardien est toujours auprès de nous dans les épreuves. Qu'avons-nous donc
à craindre ?
LE CANDIDAT A LA PORTE DE LA LOGE

Le Frère Introducteur ayant annoncé le Candidat à la porte de la Loge par la batterie du


Grade de Compagnon par deux fois trois coups : 0 0 0 0 0 0 ,
le Second Surveillant dit au Premier Surveillant

2'1eSurv. : Frère Premier Surveillant, on a frappé à la porte de la Loge en


Compagnon.
er Sun/. : Vénérable Maître, o n a frappé à l a porte de l a Loge en
Compagnon.
V.M. : F r è r e Premier Surveillant, dites au Frère Second Surveillant de
voir qui frappe.
er Sun/. : F r è r e Second Surveillant, voyez qui frappe.
Le Second Surveillant, ayant reçu l'ordre, va frapper à la porte de la Loge à son tour deux
fois trois coups. 0 0 0 0 0 0 I l ouvre ensuite la porte en disant
2ème Surv. : Qui a frappé ainsi ?
Fr. Introd. : C'est un Frère Franc-Maçon Compagnon qui demande à être
reçu Maître.
Le Second Surveillant, ayant refermé la porte de la Loge, dit
2ème Surv. : F r è r e Premier Surveillant, c'est u n Frère Franc-Maçon
Compagnon, qui demande à être reçu Maître.
Surv. : Vénérable Maître, c'est un Frère Franc-Maçon Compagnon qui
demande à être reçu Maître.
V.M. : F r è r e Premier Surveillant, quels sont ses noms de baptême et de
famille, son état-civil, son âge, le lieu de sa naissance, de son domicile et sa reli-
gion.
1 el Surv. : F r è r e Second Surv. ( . . . , répète la question)
Le Second Surveillant ouvre la porte et dit
2'me Surv. : Q u e l s sont vos noms de baptême et de famille, votre état-civil,
votre âge, le lieu de votre naissance, de votre domicile et votre religion ?
30

Le Candidat répond lui-même à toutes ces questions ; le Frère Introducteur rectifie au


besoin ses réponses.

Le Candidat n'est plus un Profane ; i l peut répondre de lui-même. Depuis qu'il est
Compagnon, il peut s'exprimer en Loge... Néanmoins, toutes ces questions ont déjà reçu leurs
réponses deux fois. C'est donc la troisième fois qu'on les lui pose. Quand il sera Maître Maçon,
il pourra être reçu lors de ses voyages, sans qu'il ait à justifier de son état civil, sa religion, etc...

2'me Surv. : Frère Premier Surveillant, son nom de baptême est

er Surv. : Vénérable Maître, son nom de baptême est

V.M. : Q u e l est son nom et son âge d'Ordre, où a-t-il travaillé et sur
quelle partie a-t-il fait son travail ?
Ce qui intéresse maintenant le Vénérable Maître, ce sont ses références maçonniques ; les
choses deviennent sérieuses, nous quittons les références profanes et entrons dans le domaine
symbolique.

1 el Surv. : F r è r e Second Surveillant, quel est

Le Second Surveillant ouvre la porte et dit :

2ème Surv. : Frère Introducteur, quel est

Introd. : S o n nom est GIBLIN, il a cinq ans passés, il a travaillé dans la


seconde division du Porche, il a poli la pierre brute et préparé les outils.
Le tout est transmis au l ' Surv., puis au vénérable Maître, qui demande alors

V.M. : A - t - i l fait son temps ; ses Maîtres sont-ils contents de lui ; est-il
disposé à subir ses dernières épreuves, et qui répond de lui dans la Loge ?
A nouveau, la question passe au Frère ler Surv., puis au Frère Introducteur, qui répond

Introd. : I l a fait son temps ; ses Maîtres sont contents de lui. Il est tou-
jours disposé à subir ses dernières épreuves et c'est le Frère N q u i répond de
lui dans la Loge.
Retour des réponses au Vénérable Maître par l'entremise des Surveillants. Puis l e
Vénérable Maître s'adresse directement au Frère Parrain

V.M. : F r è r e l e Frère Compagnon qui se présente pour être reçu


Maître, assure que vous répondez de lui à la Loge ; vous connaissez à ce titre
toute l'étendue des devoirs que l'Ordre vous impose et de vos obligations envers
le Candidat : dites à haute voix si vous répondez de lui envers l'Ordre et envers
vos Frères

Nous aurons remarqué qu'à chacun des trois Grades, le Vénérable Maître rappelle au
Frère Parrain « toute l'étendue des devoirs » qui lui incombent en tant que tel. Ce point de la
responsabilité du Parrain n'est pas toujours bien perçu. Dès le Grade d'Apprenti, le Vénérable
Maître fait très clairement comprendre au Parrain, qu'il doit activement s'occuper de son filleul
31

tout au long de sa carrière maçonnique. Bien entendu. le Parrain n'a pas à intervenir dans l'en-
seignement qui lui sera prodigué par les Surveillants aux deux premiers Grades. Son rôle est
différent. Si les Surveillants enseignent, le Parrain veille et conseille. Son rôle est déterminant
au cas où le filleul pose problème par son comportement. Dans ce cas précis, le Parrain doit
intervenir, car c'est très précisément son rôle: il s'est porté garant devant l'Ordre et devant ses
Frères de la Loge... Il va de soi bien entendu, que dans un cas difficile, le Parrain. le Surveillant
en charge et le Vénérable Maître ont intérêt à agir de concert. Mais le garant, c'est bien le
Parrain et il doit être bien conscient de sa responsabilité...

Le Frère Proposant ayant fait sa réponse affirmativement, le Vénérable Maître dit

V. M . : M e s Frères, l e Frère P.... nous est garant d u Frère N


Compagnon ; consentez-vous à ce qu'il soit introduit pour être reçu Maître ? Je
vous le demande pour la dernière fois.
Le Vénérable Maître frappe seul un coup sur l'Autel - 0 - pour ce consentement qui se
donne aussitôt dans la forme accoutumée

Le consentement étant donné, le Vénérable Maître bat un coup d'Ordre qui


est répété par les deux Surveillants

V . : 0

1 el Suiv. : 0

Surv. : 0

V.M. : M e s Frères, formez la Loge


L'ensemble de la Loge est alors préparé pour la cérémonie. Quand tout est prêt, l e
Vénérable Maître bat un coup d'Ordre qui est répété par les deux Surveillants e t dit

V.M. : F r è r e Premier Surveillant, puisque le Compagnon est décidé à


subir les épreuves nécessaires, qu'il soit introduit.

cr Surv. : F r è r e Second Surveillant, puisque le Compagnon est décidé à


subir les épreuves nécessaires, qu'il soit introduit.
Le Second Surveillant, ayant reçu l'ordre, va frapper à la porte par la batterie de
Compagnon qui lui est répétée par le Frère Introducteur.

Il ouvre ensuite rapidement la porte et dit

2è Surv. : L e Vénérable Maître vous ordonne d'introduire dans la Loge de


Maîtres, ce Frère Compagnon.
LE CANDIDAT INTRODUIT DANS LA LOGE

Le Frère Introducteur f a i t entrer le Candidat à reculons dans la Loge et, le tenant


toujours le dos tourné vers la partie orientale, il le place à l'Occident entre les Surveillants
alors il lui dit

Introd. : C o m p a g n o n , je vous ai conduit où vous désiriez parvenir. Si vos


motifs ont été purs, armez-vous de courage et de confiance.

Aussitôt, le Second Surveillant se plaçant devant le Candidat, lui arrache son tablier en
lui disant d'un ton sévère

2ème Surv. : Etes-vous digne de porter cet habit ?

Après un moment de silence, le Vénérable Maître bat un coup d'Ordre - 0 - qui est répé-
té par les deux Surveillants

Le Vénérable Maître dit au Candidat d'un ton sévère

V.M. : C o m p a g n o n , on vous a accusé d'un grand crime ; en seriez-vous


coupable ? Soyez sincère, l'aveu et le repentir sont les seuls moyens d'obtenir
grâce ; votre conscience ne vous reproche-t-elle rien ?

Le Candidat ayant répondu négativement, le Vénérable Maître reprend

V.M. : F r è r e s Surveillants, éprouvez ce Compagnon, montrez-lui l a


preuve du crime et examinez-le sérieusement.
Le Second Surveillant fait retourner le Candidat et le Premier Surveillant, en lui montrant
le cercueil, lui dit

Surv. : Compagnon, voilà sous vos yeux la preuve du crime.


Arrêtons-nous là et réfléchissons. Cette entrée en Loge du Frère Compagnon est bien
insolite, c'est le moins qu'on puisse dire... On le fait entrer à reculons. Pourquoi ? Puis on lui
montre le cadavre de Hiram en l'accusant du meurtre. Qu'est-ce à dire ?

Essayons de comprendre. Le mythe d'Hiram, c'est bien connu, n'est en aucune façon his-
torique. Aucun texte ne fait mention d'un tel crime. Ce mythe est purement et fondamentale-
ment maçonnique. Il exprime donc un enseignement symbolique, puisqu'en Maçonnerie, tout
est symbole. Au cours de la cérémonie, c'est le Compagnon lui-même qui va prendre la place
34

de maître Hiram. Il va être assassiné par trois coups, comme Maître Hiram. Il va donc mourir,
puis le Vénérable Maître va le « ressusciter ».

Ce qui pourrait s'interpréter ainsi : Le Compagnon entre à reculons. Lui qui a travaillé
dans le Porche, puis s'est avancé à la porte du Temple, en attendant d'atteindre un jour le
Sanctuaire, il s'avance en direction du Sanctuaire à reculons. Cela signifie qu'il n'avance pas
correctement : Comment pourrait-il trouver son chemin de cette façon ? Il a donc fait une
erreur ; un crime même : il a tué Maître Hiram.

Maintenant se pose la question : Mais qui est donc Maître Hiram '? C'est l'artisan parfait, le
maître en tous les arts du bâtiment, le chef des ouvriers (des Compagnons) qu'il dirige à la per-
fection. Comment le chantier (notre chantier) pourra-t-il aller à sa fin si le Maître n'est plus là ?

Après tout ce que nous avons dit lors des deux premiers Grades, nous commençons à
comprendre que Maître Hiram est la personnification de « l'Etincelle divine » en nous, de
« l'Esprit » en nous. Le Compagnon, qui est sensé avoir bien compris quels sont les efforts de
« connaissance de soi » qu'il doit faire... n'est pas arrivé au bout de cette préparation. Il a certes
fait des efforts ; il s'est amélioré. Mais, pour employer le langage de saint Paul, il n'a pas enco-
re/ait mourir (fait taire) le « vieil homme » en hti, afin que l'homme nouveau puisse se lever
dans son coeur et yfaire enfin régner la pleine Lumière divine. On va donc lui montrer en le
lui faisant vivre, ce qu'il doit faire : Ce n'est pas Maître Hiram qu'il faut assassiner, c'est le
vieil homme en nous-mêmes. A cette seule condition, l'Homme Nouveau pourra enfin naître.

A une dame qui lui demandait un jour: Que vais-je devenir après la mort ? un grand Sage
répondit: Mais êtes-vous déjà née ? Il s'agit là bien sûr, de la nouvelle naissance dont parlait le
Christ à Nicodème, lui-même initié (Revoyons nos classiques : Le Christ dit à Nicodème : « Je
t'ai vu sous le figuier », ce qui signifie : Je te connais comme initié. I l lui affirme alors qu'il
doit « naître de nouveau »). C'est très exactement ce que le Vénérable Maître va faire subir à
ce Compagnon : Il va le faire « naître de nouveau ».

Après un moment de silence, le Premier Surveillant dit

Surv. : Vénérable Maître, le Compagnon paraît ému de ce triste spec-


tacle, mais rien n'annonce qu'il soit coupable.
Voilà qui est encore tout à fait conforme à la réalité vécue: Hiram a été assassiné, mais
lui, le Compagnon, ne se sent pas coupable. Il a fait comme tout le monde. Il est né, il vit (il
« croit » qu'il vit) ; Hiram le Maître, est au fond de son coeur, mais il est mort. I l va falloir le
faire « renaître », il va falloir faire « naître Christ en soi » (comme disait saint Paul). L e
Compagnon va donc devoir « naître à nouveau ». La Loge va s'y employer.

V.M. : C o m p a g n o n , tout vous montre ici notre juste douleur ; nous


avons perdu notre Respectable Maître par la perfidie des Compagnons ; vous êtes
accusé d'en être le complice. N'avez-vous donc aucune connaissance de cet hor-
rible complot ? Répondez !
Le Candidat ayant répondu négativement, le Vénérable Maître lui dit

V.M. : M o n Frère, la parole d'un maçon est sacrée. Ainsi je reçois la


vôtre et, dès ce moment, vous n'êtes plus coupable à mes yeux; mais ne soyez pas
surpris des soupçons que nous avions conçus contre vous. Depuis notre malheur,
que nous ne pouvons attribuer qu' à des Compagnons, tous ceux de votre Grade
37

2'1ne Surv. : Ici-bas, la vie est près de la mort et l'homme a toujours un pied
sur le bord du tombeau.

Le Christ n'a-t-il pas dit : « laissez les morts enterrer leurs morts ! ». Celui (celle) qui n'a
pas atteint l'état de Sagesse est en effet mort, alors même qu'il croit être bien vivant « Il faut
que tu naisses à nouveau ! » a dit le Christ...

Le deuxième voyage étant fini, le Vénérable Maître frappe seul un coup sur l'Autel - 0 -
et dit la deuxième maxime

V.M. : H e u r e u x celui qui, s'étant bien étudié lui-même a pu connaître


ses défauts, apercevoir son ignorance et sentir qu'il a besoin de secours, car il a
déjà fait le premier pas vers la Lumière.

Encore et toujours, l'étude de soi-même est l'essentiel du travail. C'est en effet quand on
a abandonné l'orgueil qu'on se rend compte que l'on (« on », c'est bien sûr le « petit moi » ...)
a besoin de secours p o u r « sauter le pas », si l'on peut se permettre de s'exprimer ainsi. Mais
cette expression populaire correspond parfaitement à ce qu'il faut accomplir...

Après un moment de silence, le Vénérable Maître dit

V.M. : F r è r e Second Surveillant, faites-lui faire le troisième voyage.

Le Second Surveillant étant parvenu devant la tête de mort, arrête le Candidat en face du
tableau et dit à haute voix

2è1e Surv. : Mon Frère, 1.110111111C ne naît que pour mourir et sans la mort, il
ne peut parvenir à la vie.

Nous avons remarqué que le Rituel spécifie à chaque fois que le Second Surveillant doit
annoncer ses aphorismes à haute voix. Ainsi, non seulement le Candidat, mais tous les Frères
entendent (ou ré-entendent) les maximes, conseils, aphorismes, etc...

Ce que vient de dire le Second Surveillant est capital. Avons-nous tous bien cherché à
comprendre ce qui est dit là ? La première assertion semble tomber sous le sens: L'homme, en
effet, ne naît que pour mourir; tout le monde sait cela par expérience: tout ce qui naît doit mou-
rir. Ce qui est d'ailleurs absurde en soi ! A quoi peut-il être utile de naître, si c'est pour mou-
rir ? C'est en fait, quand on y réfléchit, tellement absurde que cela ne peut pas être la « réali-
té vraie » ! Ce qui faisait dire à un Sage récent: « La vie est une immense farce, hâtez-vous
donc de sortir de cette farce ! ». La Réception au Grade de Maître s'emploie justement à nous
faire comprendre le moyen de sortir de cette farce...

Quant au deuxième membre de la phrase prononcée par le Second Surveillant, elle est à
priori plus difficile à saisir: « Sans la mort. il ne peut parvenir à la vie ». Si on laisse passer une
phrase pareille sans chercher à la comprendre, à quoi bon l'avoir entendue ?... Le Rite Ecossais
Rectifié sème ainsi des perles sur notre chemin... Si l'on passe à côté sans les ramasser, à quoi
bon suivre ce chemin ? Voyons un peu : Sans la mort... Mais qui meurt ? Le corps, bien sûr, et
le mental avec. Mais si sans cette mort du corps et du mental on ne peut parvenir à la vie, c'est
38

qu'il faut bien nous-mêmes procéder à cette mort du corps et du mental. Pas par le suicide, bien
sûr (l'erreur monstrueuse à ne pas commettre: à quoi bon casser l'outil qu'on nous a offert ?)
mais en faisant taire ce mental (bien utile si l'on sait le maîtriser, responsable de « l'immense
farce » dans le cas contraire....). Si l'on parvient jusqu'au Silence mental total et stable, alors
on vit l'expérience fabuleuse de l'effacement du corps et du mental, qui apparaissent pour ce
qu'ils sont : des images dans le miroir. La réalité, c'est à dire la vraie VIE, celle de l'Esprit,
celle qui est intangible, immortelle, non sujette à la mort, apparaît dans toute sa splendeur
calme, lumineuse, invulnérable, solide comme un roc (mais oui bien sûr ! la PIERRE philoso-
phale des alchimistes !). Merci, Frère Second Surveillant !

Le troisième voyage étant fini, le Vénérable Maître frappe seul un coup sur l'Autel - 0 -
et dit la troisième maxime

V.M. : C h e r c h e r avec un coeur droit, demander avec résignation et dis-


cernement, frapper avec confiance et persévérance, c'est la science du Sage.

On ne saurait mieux résumer tout ce que le Rite Ecossais Rectifié nous a appris depuis la
Réception au Grade d'Apprenti....

Après un moment de silence, le Vénérable Maître dit

V.M. : F r è r e Second Surveillant, l e Compagnon a-t-il découvert la


Vertu qui distingue les Maîtres ?

2ème Surv. : Non, Vénérable Maître, mais i l a été docile à mes conseils,
m'ayant donné toute sa confiance.

V.M. : P u i s q u ' i l a su, comme Compagnon, se défier de ses forces, mon-


trez-lui la Vertu, c'est à dire la Prudence si nécessaire aux Maîtres pour se condui-
re eux-mêmes et pour diriger les Compagnons et les Apprentis.

Le Second Surveillant montre avec son épée, le transparent de la PRUDENCE et, après
une légère pause, le Vénérable Maître dit

: M o n Frère, la TEMPÉRANCE et l'amour de la JUSTICE ne


suffisent pas au Maçon; la PRUDENCE lui est encore nécessaire pour agir et pour
régler ses propres vertus; c'est par elle qu'il sait discerner le but auquel il doit
tendre, et qu'il découvre les moyens d'y parvenir.

Après un moment de silence, le Vénérable Maître dit

V.M. : F r è r e s Surveillants, i l est temps d e conduire l e Frère


Compagnon vers l'emblème des Maîtres.
39

La Prudence (Tombeau de François II à Nantes)


Tiré de : Fulcanelli, Les Demeures philosophales, Mil
Du latin inwlentia signifiant autrefois la Sagesse, la connaissance. E l l e tient le miroir
de la réflexion et le compas de l'action. Le cordon à trois noeuds lui ceint la taille.

(Commentaire de : Atlantis n'401. page 218)

Notre commentaire : A gauche, le vieil homme, qu'il faut abandonner (qui « doit mourir »).
A droite, l'Homme Nouveau, l'âme, libérée des contingences matérielles du vieil homme. Elle
tient le miroir (que le Compagnon a connu) et le compas, qui sert à tracer le Cercle, symbole
de l'Unité enfin retrouvée.
40

L'emblème des Maîtres, c'est le Mausolée, devant lequel le futur Maître va vivre un
enseignement aussi fort que celui qu'il a vécu devant le miroir, jadis...
Les Surveillants conduisent le Candidat à l'Occident, en face du Mausolée, et le Premier
Surveillant, lui montrant les inscriptions, lui dit:
ici Surv. : M o n Frère, considérez attentivement cet emblème, c'est l'Ordre
qui vous le donne pour modèle.
Nous avons déjà fait quelques commentaires sur l e mausolée. L e Frère Premier
Surveillant fait comprendre au Candidat l'importance de cet emblème, en lui disant de le consi-
dérer attentivement. Il lui signale aussi que l'Ordre le lui donne comme modèle. U n mausolée
n'est pas un tombeau, c'est un monument à la mémoire d'un être cher. Quel être cher ? Mais
nous-mêmes bien entendu. L'enseignement chrétien ne dit-il pas qu'il faut aimer son prochain
comme nous-mêmes ? Puisqu'il s'agit d'un mausolée, l'emblème en question nous enseigne
que nous devons considérer notre petite personne comme défunte a f i n de pouvoir renaître à
la Lumière... Les inscriptions (que nous avons déjà présentées et traduites en début de volume)
vont nous expliquer comment faire. Voyons donc cet enseignement de plus près :
Le Vénérable Maître, après un petit intervalle, dit
V.M. : T o u t homme, par sa naissance, est devenu victime de la mort,
mais le Sage voit approcher sans effroi l'instant qui le dépouillera de ce qui lui
est étranger pour le rendre à lui-même.
Quelle merveille que ce petit exposé ! Chaque mot est pesé et doit être médité : Nous
avons déjà plusieurs fois relevé cette évidence : Par la naissance, nous devons obligatoirement
mourir. Tout ce qui naît, meurt. Mais la deuxième partie de la phrase du Vénérable Maître est
remarquable. Le Sage voit approcher sans effroi l'instant qui le dépouillera de ce qui lui est
étranger... Le Vénérable Maître n'a pas dit que le Sage voit venir sans effroi sa propre mort. Pas
du tout L e Sage se voit dépouiller de ce qui lui est étranger. I l s'en suit que la mort du corps
n'est pas une mort, mais un dépouillement de ce qui nous est étranger. Donc le corps et le men-
tal (qui seuls, « meurent ») nous sont étrangers. Voilà ce que nous devons bien comprendre. Cet
enseignement, on le voit, est capital. Le corps et le mental font partie du rêve de la vie. Ils n'ont
aucune réalité. Et cette fiction, cette illusion nous est complètement étrangère. Nous devons
comprendre et réaliser cet enseignement.
L'explication de tout cela se trouve dans les deux inscriptions
Tout le cosmos, dont notre petit moi (corps et mental) fait partie, est formé par le Ternaire divin.
Pour nous dépouiller de notre petit moi, il nous faut gravir les neuf parties de nous-mêmes,
les maîtriser, les connaître au sens propre du mot. Alors seulement nous pouvons nous dépouiller
de ce qu'il y a en trop afin de retrouver le Ternaire divin en nous et renaître « dans l'Unité du
saint Esprit », comme dit la liturgie chrétienne, c'est à dire atteindre l'état de Sagesse...
Qui n'a pas saisi cela, ne pourra pas parvenir à la Sagesse...
Ensuite, le Vénérable Maître frappe seul un coup sur l'Autel - 0 - et à cet instant, les
Surveillants font retourner le Candidat face à l'Orient.

Le Vénérable Maître, alors, lui dit


V.M. : Avez-vous bien entendu les maximes que l'Ordre vient de vous
présenter ?
Nous venons tout juste de dire : Qui n'a pas compris cela....
4I

Le Candidat ayant répondu. le Vénérable Maître lui dit

V.M. : M o n Frère, il ne suffit pas de connaître ce qui peut nous rendre


vertueux, il faut avoir encore sur nous-mêmes assez d'empire pour vaincre nos
passions. Êtes-vous bien déterminé à pratiquer ces choses selon les vues de
l'Ordre ? Répondez !
Le Vénérable Maître vient de dire au Candidat ce que nous répétons depuis l'étude du
Grade d'Apprenti : Il ne faut pas seulement savoir ce qu'il faut faire, il faut le faire, le prati-
que; le réaliser._ Et pour réaliser cela, il faut être persévérant... ce que le Vénérable Maître
confirme

Le Candidat ayant répondu affirmativement, le Vénérable Maître lui dit

V.M. : S o y e z constant, mon Frère, dans cette résolution salutaire et sur-


tout. ne l'oubliez jan-lais lorsque vos désirs seront contraires à vos devoirs.
« Salutaire » signifie « qui amène (procure) le salut », mot provenant du latin salus, salu-
tis = action de sauver, mise hors danger... mot utilisé dans la religion catholique pour désigner
précisément le fait que cette évolution spirituelle permet à l'individu de se « sauver » de cette
fantastique « farce » qui nous emprisonne dans l'immense illusion du monde et nous soumet à
la mort. Le Sage n'est plus soumis à la mort. Dès cette vie, il sait que pour lui, la mort n'exis-
te plus, car elle fait partie de l'illusion du monde, dont il est enfin sorti: il a atteint le salut.

Après un moment de silence, le Vénérable Maître continue

V. M : C o m p a g n o n , vous étiez condamné à faire neuf voyages, mais votre


innocence, le courage que vous avez montré et votre confiance en l'Ordre dans les
trois voyages que vous venez de faire, vous ont conduit à la porte du Temple.
Le Vénérable Maître frappe seul un coup sur l'autel - 0 - et aussitôt, les Frères vont en
silence reprendre leurs places ordinaires où ils restent debout: il en reste seulement six, cou-
verts du manteau de deuil, sur les côtés méridional et septentrional du Tapis lesquels, avec le
Vénérable Maître et les deux Surveillants, compléteront le nombre neuf. Lorsque le Candidat
sera renversé et avant la lecture du récit historique, le Maître des Cérémonies, pour compléter
le nombre, remplacera le Vénérable Maître.

Ainsi donc, les voyages sont terminés. 11 est intéressant de dresser le tableau du nombre
de voyages que le Candidat, au cours des trois Grades Apprenti, Compagnon, Maître a faits
effectivement et le nombre de ceux qu'il aurait dû faire en réalité:
Nombre de voyages effectivement accomplis
3 au Grade d'Apprenti
3 au Grade de Compagnon
3 au Grade de Maître
soit 9 voyages en tout

Nombre de voyages qui auraient dû être effectués :


3 au Grade d'Apprenti
5 au Grade de Compagnon
9 au Grade de Maître
soit 17 voyages en tout
Nous ne serons pas étonnés que le premier total atteigne le nombre neuf.
42

Nous retrouvons les 9 Lumières d'Ordre et les neuf Officiers que l'Apprenti a découverts
quand il a pu regarder autour de lui après sa Réception

Le nombre 17 par contre, non directement apparent, est remarquable. Ceux qui, au delà
de ce qui est exigé, parcourent d' eux-mêmes la totalité de ce que le Vénérable Maître a annon-
cé pour que la démarche entreprise soit parfaite, atteignent la célèbre " antiphraxis " des Grecs
et sont alors dignes de la pêche miraculeuse de l'Evangile de saint Jean, qui trône sur l'Autel
du Vénérable Maître, soulignons-le. Encore une fois, nous admirons que le moindre détail,
même caché, de ce Rituel constitue un enseignement digne d'admiration... à condition d'étu-
dier ce Rituel avec la plus grande attention. Rappelons donc ce que l'antiphraxis des Grecs
signifie

av-ruppat,ç (Antiphraxis) signifie "barrière", "interposition d ' u n corps devant u n


autre" ; bref, ce qui sépare, ce qui fait la frontière entre deux choses. Le nombre 17 sépare les
deux nombres 16 et 18. Or, ces deux derniers nombres sont d'un symbolisme lourd de sens: Ils
constituent les deux SEULS nombres qui expriment à la fois la surface et le périmètre d'une
figure géométrique régulière. Ces deux figures géométriques régulières sont le carré de 4 x 4
et le rectangle de 3 x 6. I l n'y en a aucune autre. Ce fait n'avait pas échappé aux Anciens
Egyptiens et les Grecs, qui sont tous allés à l'école des prêtres dans les temples de l'Ancienne
Egypte, ont ramené cette connaissance chez eux. Or nous savons que le nombre 4 est le sym-
bole parfait de la dualité fondamentale manifestée. Le carré de 4 x 4 (surface 4 x 4 = 16 et péri-
mètre 4 + 4 + 4 + 4 = 16) est donc le symbole parfait de la matérialité. Le rectangle 3 x 6 par
contre, que les Compagnons bâtisseurs des cathédrales et des palais et maisons de personnages
eux-mêmes adeptes de l'Art Royal, appelaient « le carré long », symbolise, par ses deux dimen-
sions (3 = le Ternaire divin et 6 = le nombre de la transformation, du passage d'un plan vers un
plan supérieur ) l'aspiration à la spiritualié. De plus, 3 x 6 = 18, soit deux fois neuf: une vraie
merveille. Pour ce carré long, nous avons également le périmètre : 3 + 6 + 3 + 6 = 18.

Le nombre 17 constitue donc la frontière - mais aussi le passage (une frontière sépare
mais est aussi lieu de passage d'un côté à l'autre) - de la matérialité à la spiritualité. Le nombre
qui cache le nombre 17 est le nombre 153. D'où la pêche miraculeuse dans l'Evangile selon
saint Jean (chapitre 21), lorsque les disciples, sur l'indication du Christ, jettent leur filet et
ramènent" 153 gros poissons ". Ce nombre est le total des nombres de 1 à 17. Comme le Christ
avait dit à ses apôtres dans saint Luc: "Je vous ferai pêcheurs d'hommes ", ils le leur confirma
dans saint Jean avant de les quitter, d'une façon voilée. Quiconque a quelque peu étudié la
Numérologie Sacrée, comprend immédiatement le message.

C'est le même message que nous retrouvons ici : Ceux qui font les neuf voyages exigés,
parviennent au Grade de Maître. Mais ceux qui ont entendu de la bouche du Vénérable Maître
le nombre de voyages qu'il faudrait faire « pour bien faire », arriveront à la vraie maîtrise et,
comme les apôtres du Christ, pourront réellement être non seulement des Maîtres, mais seront
aptes à conduire les Apprentis et les Compagnons, comme le spécifiait le Vénérable Maître peu
auparavant...

Signalons un autre nombre qui n'apparaît que si l'on étudie le Rituel attentivement: De
son entrée en venant du monde profane, jusqu'à la maîtrise, le Frère aura reçu sur son coeur,
par la pointe du compas :

3 coups au Grade d'Apprenti


6 coups au Grade de Compagnon, et
9 coups au Grade de Maître
soit 18 coups en tout ou 2 x 9.
43

N'est-ce pas une merveille ? Exactement, bien sûr, le nombre de coups que l'impétrant
frappe lui-même sur l e Tableau de la Loge, à savoir 9 sur les pierres (brute ou cubique) et 9
sur la planche à tracer (comme nous le verrons dans la suite de la Cérémonie). Cette accumu-
lation de 9 n'est évidemment pas un hasard. Toutes les actions des Templiers (ambassades, mis-
sions, etc...) étaient toujours exécutées par neuf Chevaliers...
Les Frères étant placés, le Vénérable Maître dit au Candidat:
V.M. : Frère Compagnon, les épreuves par lesquelles vous venez de passer,
les conseils que vous avez reçus, les règles et les maximes qui vous ont été ensei-
gnées, n'ont d'autre motif que celui de vous rendre digne d'entrer dans le Temple
dont les portes sont prêtes à s'ouvrir devant vous. Vous me paraissez tel que nous
le désirons, mais nous ne pouvons lire dans le fond de votre âme, et souvent les
dehors de l'homme sont trompeurs; prenez-y garde...
Voilà donc un discours qui commence avec prudence. mais qui laisse présager quelque
chose d'important. Avec prudence, car le Compagnon a-t-il réalisé la recherche intérieure
qu'on l'a engagé à poursuivre avec assiduité dans « les replis de son cœur » depuis sa récep-
tion au grade d'Apprenti... Si d'autre part le Candidat n'oublie pas que tout est symbolique en
Maçonnerie, i l comprendra que le Temple en question est justement son propre cœur, et par
conséquent que le Grand Architecte de l'Univers ne sera pas abusé sur les progrès qu'il a réel-
lement accomplis...
La Lumière qui brille dans ce Temple éclaire tout, pénètre tout, et aucun
homme ne peut se soustraire à son action. Elle ne souffre pas les profanes, elle
punit le curieux, le présomptueux et l'indiscret par le remords en se retirant d'eux
et en les abandonnant aux ténèbres de leur âme....
Voilà qui est clair, une fois encore : Si la Lumière abandonne le Candidat, il retombera dans
les ténèbres intérieures dont il a été tiré par sa réception dans l'Ordre. Et alors i l sera simplement
présent en Loge sans pouvoir percevoir réellement ce qui s'y passe sur le plan ésotérique...
Eprouvez-vous donc rigoureusement, sondez votre coeur et voyez ce qui
vous manque pour devenir un Maître accompli. En qualité de Compagnon, vous avez
été jusqu'à présent dirigé par vos chefs, suivant les instructions de l'Ordre, mais vous
allez bientôt recevoir les caractères du Maître pour diriger à votre tour, et instruire
vos inférieurs ; le Maître, mon Frère, n'instruit pas seulement par les paroles, c'est
par la force de l'exemple qu'il doit diriger les Apprentis et les Compagnons ; vous
sentez-vous donc capable de diriger ainsi vos Frères ? Répondez !
Que voilà une caractéristique fondamentale ! Le Maître, le Sage, ne dit jamais « J'ai déci-
dé ! », « Je veux...! », etc... Il donne l'exemple de la Sagesse de sorte que les autres sont ame-
nés à devenir ce qu'il est devenu : un Homme, digne de ce nom... Un célèbre Sage disait, à la
fin du siècle dernier

Faites comme les fleurs des arbres:


Elles ne jouent pas du tambour ou de la flûte
pour attirer les abeilles.
Elles exhalent leur parfum
et les abeilles viennent d'elles-mêmes
se repaître de leur nectar.
44

Tout ce qui précède, depuis la Réception en tant qu'Apprenti jusqu'à cette dernière paro-
le du Vénérable Maître, peut être considéré comme une formidable préparation à ce qui va
suivre maintenant : Il va falloir que l'impétrant se soumette à l'épreuve de la mort. C'est le plus
haut. le plus crucial moment de tout le processus intiatique des Grades « bleus », que l'on
retrouve dans tous les Rites, tout autour du monde, en Maçonnerie.., et bien avant déjà,
depuis... le Néolithique...

Le Candidat ayant répondu d'une manière satisfaisante...

en espérant que sa réponse coïncide avec la réalité du tréfonds de son coeur_

le Vénérable Maître continue

V.M. : L o r s q u e vous vous présentâtes, pour la première fois d a n s


l'Ordre, on vous admit pour un Cherchant ; au second Grade, vous fûtes reconnu
pour un Persévérant dans la recherche de la Vérité ; voulez-vous aujourd'hui
devenir Souffrant, dans l'espoir de la découvrir, et aurez-vous le courage de vous
exposer même à la mort pour sa défense ? Consultez vos forces et répondez !
Le Candidat ayant encore répondu d'une manière satisfaisante, le Vénérable Maître
frappe un coup - 0 - qui est répété par les deux Surveillants

Puis le Vénérable Maître engage le processus

V.M. : F r è r e s Surveillants, puisqu'il est ferme dans ses résolutions et


déterminé à tout souffrir pour trouver la Lumière,
car depuis le début, n'est-ce pas, c'est bien de cela qu'il s'agit: Atteindre L A
LUMIÈRE ! C'est à dire, en termes chrétiens, atteindre l'Illumination, atteindre la Lumière
divine en son propre coeur (et non pas, par exemple, les « pseudo-lumières » du « siècle des
lumières »...)

...faites-lui monter les sept marches du Temple, mais soutenez-le et ne


l'abandonnez pas, afin qu'il puisse parvenir jusqu'à la Chambre du Milieu.
Ah oui, soutenez-le et ne l'abandonnez pas ! Depuis la nuit des temps, on imagine les
Frères initiés soutenant celui d'entre eux qui va franchir ce pas décisif: vaincre la mort ! On
imagine la scène en Ancienne Egypte ! On imagine la scène dans la Chine rnultimillénaire ! On
imagine la scène, encore de nos jours, chez les Chamans des forêts amazoniennes, des toun-
dras sibériennes, et d'ailleurs... Atteignant le septenaire en lui, i l atteint le divin dans son cœur.
Ce n'est pas (cela ne doit pas être) une simple formalité, mais une scène profondément vécue.

Le Premier Surveillant, aidé par le Second, fait placer les deux pieds du Candidat en
équerre et lui fait monter, par trois petits pas maçonniques, les trois premières marches ; il
l'arrête au palier du chiffre 3 et lui fait donner le signe d'Apprenti ; il lui fait alors monter, par
deux pas, deux autres marches: il l'arrête de nouveau au palier du chiffre 5, où il lui fait don-
ner le signe de Compagnon ; ensuite il lui fait monter, en le portant et le soutenant, les deux
dernières marches et, l'ayant arrêté au chiffre 7, il dit

ler Surv. : Vénérable Maître, le Frère Compagnon a monté les sept degrés
du Temple, il est parvenu jusqu'au Pavé Mosaïque mais il lui manque le signe du
Maître.
45

V.M. : F a i t e s - l e passer dans la Chambre du Milieu par les trois pas de


Maître, vous le conduirez ensuite à l'Orient pour y prendre ses engagements,
c'est là qu'il recevra le caractère et les signes qui lui sont nécessaires.

Les deux Surveillants le soutiennent par les bras pendant qu'il fait ces trois pas, à chacun
desquels celui des Frères préposés vers qui il s'avance lui donne, avec le rouleau de carton, un
coup sur l'épaule gauche lorsqu'il parvient au Midi, un coup sur l'épaule droite quand il par-
vient au Nord, et sur le front lorsqu'il parvient à l'Orient.

Ces trois coups vont être renouvelés par le Vénérable Maître : Nous les commenterons à
ce moment là.

Les trois pas étant finis, les deux Surveillants le conduisent à pas libres vers l'Orient, où
le Vénérable Maître lui dit

V.M. : F r è r e Compagnon, voulez-vous prendre les engagements des


Maîtres, sans lesquels vous ne pourriez être admis à la connaissance des mystères
de ce Grade ?

Le candidat ayant répondu affirmativement, le Vénérable Maître ajoute

V.M. : Frères Surveillants, faites-le donc placer dans la posture convenable


pour prononcer ses engagements !

Les Surveillants lui font mettre le genou droit entre les branches de l'équerre sur le cous-
sin, la main droite dégantée sur l'Evangile et l'épée, et le Vénérable Maître lui fait tenir avec
la main gauche, la pointe d'un compas ouvert sur le coeur à nu.

Rappelons que le genou droit en terre (sur le coussin) est un signe d'humilité.

Le Vénérable Maître frappe seul un coup sur l'Autel - 0 - e t dit

V.M. : A l'Ordre, mes Frères !

Tous les Frères, étant toujours debout, tirent leur épée qu'ils tiennent la pointe haute de
la main droite, tandis qu'avec la main gauche, ils tiennent leur chapeau bas. L e premier
Surveillant prend sur l'Autel la feuille où est inscrit l'engagement, il la présente au Candidat
qui le prononce à haute voix comme suit

Rappelons que l'épée se tient toujours de la main gauche au Rite Ecossais Rectifié, sauf
lors des serments, à tous les Grades. (et aussi à un moment très précis de la Cérémonie, lorsque
le Candidat sera allongé sous le drap mortuaire)

Serons-nous étonnés de constater une fois encore, que cet engagement contient sept
phrases comprenant une promesse... alors que le nouveau Maître atteint la septième marche du
Temple ? I l y en aura donc eu quatorze pour le serment de l'Apprenti, cinq pour celui de
Compagnon, sept pour celui de Maître, soit vingt-six en tout. Rappelons que, comme nous
vivons, comme on dit, dans la civilisation « judéo-chrétienne », le nombre 26 est le Nombre
Divin par excellence, étant le Nombre du Tétragramme Sacré : Yod-Hé-Vav-Hé ( Yo d = IO,
Hé = 5, Vav , 6 et Hé = 5 t o t a l = 26) et ceci au moment où le Frère atteint la sphère divine
par la maîtrise du Septenaire Sacré...
46

Voici donc cet engagement

ENGAGEMENT A U GRADE D E MAÎTRE


(Les sept promesses sont précédées d'un

Moi, N , * je promets en présence


du Grand Architecte de l'Univers
et * m'engage sur ma parole d'honneur
devant cette Respectable Assemblée
de * ne révéler à aucun Compagnon ni Apprenti
ni à aucun homme que je n'aurai pas reconnu
pour vrai et légitime Maçon et Maître,
aucun des mystères qui m'ont été confiés
ou qui pourront me l'être à l'avenir
sans y être légitimement autorisé par mes chefs
et selon les Lois de l'Ordre.
'' Je promets de remplir exactement
tous les devoirs d'un vrai Maître Franc-Maçon
de respecter les Lois du Rite Rectifié et celles de l'Etat,
* de remplir les devoirs de la Fraternité et de l'Amitié
* d'édifier de tout mon pouvoir, mes Frères,
par ma bonne conduite
tant dans la société civile que dans l'Ordre,
renouvelant de coeur et de bouche
tous les engagements déjà pris.
Ainsi, que Dieu me soit en aide !

Les deux Surveillants font relever le Candidat ; le Vénérable Maître frappe


seul un coup sur l'Autel - 0 -
Aussitôt tous les Frères remettent leur épée au fourreau et se couvrent sans s'asseoir,
alors que le Maître des Cérémonies éteint la flamme de la terrine qui est à l'Orient et la dépla-
ce de manière à ce que le Vénérable Maître puisse prendre place auprès du tombeau lorsque
cela sera nécessaire.

Le Vénérable Maître dit au Candidat :

V.M : L'engagement que vous venez de prendre et la confiance que vous


avez mérité éloignent toute réserve: prêtez attention au récit que je vais vous faire
en vous instruisant du légitime sujet de votre douleur.

Il vous retracera la règle de votre conduite dans le Grade que vous allez rece-
voir.
47

Mais le récit que l'impétrant va entendre s'insère dans le drame de Maître Hiram que le
Candidat va vivre lui-même peu après. Ce drame de Maître Hiram constitue la clé de toute la
Franc-Maçonnerie mondiale. Tous les Maîtres Maçons du monde ont vécu ce moment-là...

V.M. F r è r e s Surveillants, placez le Frère Compagnon au pied du cercueil


afin qu'il y soit reçu Maître et vous, mes Frères, qui entourez ce monument où
sont déposés les tristes restes de ce que nous avions de plus cher, disposez tout
pour la célébration de nos mystères.

Les deux Surveillants font reculer le Candidat jusqu'au bas du tombeau

le Vénérable Maître, armé de son maillet, descend de la chaire et se place debout vis-
à-vis du Candidat accompagné si nécessaire, d'un Maître portant la lanterne qui doit servir à
éclairer le Vénérable Maître pendant la lecture du récit.

Et voici le moment dramatique qui va faire basculer le Candidat dans un monde nouveau,
lui faisant comprendre que la mort n'existe pas et doit être sublimée. Il va vivre ce que Lazare
a vécu lorsque le Christ s'est trouvé face à lui, au pied du tombeau (on aura intérêt à relire ce
récit très attentivement dans saint Jean (XI, 1-44) pour se rendre compte de la concordance).

Le Vénérable Maître, regardant fixement le Candidat, lui dit

V.M. : A u nom de l'Ordre,


( il lui porte aussitôt un coup de maillet sur l'épaule droite)
Du consentement de cette Respectable Loge,
( il lui porte un second coup de maillet sur l'épaule gauche)
Et par le pouvoir que j'en ai reçu,
Je vous reçois Maître Franc-Maçon.
(en prononçant le dernier mot, i l lui porte un troisième coup de maillet sur le front)
Ces trois coups de maillet forment un triangle sur la partie supérieure du corps du Candidat

On remarquera en passant que les mots prononcés font que les trois coups de maillet sont
une fois encore portés selon le rythme 2 + I , comme toutes les batteries du Rite Ecossais
Rectifié.

Aussitôt après le troisième coup de maillet, les deux Surveillants, tenant chacun un de
leur pied den-ière les talons du Candidat, sans qu'il s'en aperçoive, le renversent en lui portant
une de leurs mains sur la poitrine et en le soutenant de l'autre sous le dos ; ils l'étendent sur le
petit matelas noir qui recouvre la figure du cercueil ; ils lui font mettre la main droite sur le
coeur au signe de Compagnon et la jambe droite relevée en équerre i l s lui couvrent le buste
jusqu'à la tête avec le linge blanc ensanglanté, et le corps entier avec le drap mortuaire bordé
de blanc sous lequel on place, vers la tête du Candidat, un petit cerceau pour que sa respiration
ne soit pas gênée.

Alors le Frère Introducteur, qui n'a pas dû quitter le Candidat jusque là, va se placer à
l'Occident, en avant des plateaux des Surveillants et là, il reste debout, l'épée nue à la main jus-
qu'à ce que le Candidat étant relevé, il l'accompagne de nouveau.

Nous disions, lors des deux premiers Grades, que le Frère Introducteur jouait le rôle de
« l'Ange Gardien », ce qui, peut-être, faisait sourire... Remarquons qu'en ce moment, il se trou-
ve placé momentanément derrière et à peu de distance de la tête du candidat qu'il protège. Dans
48

les années cinquante, Maître Henri Durville enseignait que lors d'une séance de magnétisme
suffisamment longue et puissante, « l'aura » du magnétisé (et ce qu'elle contient) se rassem-
blait derrière et au-dessus de la tête du magnétisé (ce qui permettait par exemple de pratiquer
une opération chirurgicale sans douleur et sans drogue, comme on le fait actuellement en pla-
çant l'opéré sous hypnose). Après la séance, il suffisait de « dégager » le patient, ce qui est une
opération des plus simples, et l'aura (et ce qu'elle contient) réintégrait le corps. Ce « rassem-
blement » de l'aura derrière la tête est représenté par le nimbe situé derrière la tête du Christ et
de ses apôtres, dans le religion chrétienne. Nous ne donnons pas plus amples informations ici,
mais nous ne pouvons pas nous empêcher de faire remarquer une fois de plus la rigoureuse
exactitude, sur le plan symbolique comme sur le plan pratique, de chaque détail de ce presti-
gieux Rituel...

Aussitôt que le Candidat est ainsi placé, le Vénérable Maître frappe, comme dans la bat-
terie de deuil, neuf coups, par trois fois trois, qui sont répétés par les deux Surveillants. (La bat-
terie de deuil se fait pour le Vénérable Maître en frappant avec le maillet sur l'avant-bras
gauche, tandis que les Surveillants heurteront leur avant-bras avec la main ouverte).

Ensuite, les deux Surveillants, le Maître des Cérémonies - remplaçant le Vénérable


Maître qui a fait un pas en arrière - et les six Frères Maîtres, préposés à la garde du tombeau,
pointent, de la main droite, leur épée nue vers le Candidat. Ainsi le nombre neuf est toujours
respecté.

Ils observent le plus profond silence et seront dans une attitude de recueillement et d'af-
fliction.

Nous faisions remarquer en son temps que le glaive est toujours tenu de la main gauche
(la main droite étant à l'Ordre), s a u f lors des serments. Voici i c i une seconde exception,
puisque l'épée des six Frères gardiens du tombeau est tenue de la main droite (sans qu'ils soient
à l'Ordre par conséquent).

Le Candidat, mort, est étendu, sous la garde de neuf Frères. Ce nombre neuf est d'une
importance fondamentale pour le succès de l'opération. Souvenons-nous, comme nous l'avons
déjà signalé, que toutes les actions des Templiers étaient toujours accomplies par neuf cheva-
liers, ceci, pour en assurer le succès.

Voici donc maintenant la reconnaissance des Maîtres suivie du récit historique par le
Vénérable Maître. Disons seulement que tous les Maçons savent que ce récit dit « historique »
ne repose sur aucune donnée archéologique ou historique. L e récit est purement du ressort
exclusif de la « mythologie maçonnique ». Ceci est un fait que nous étudierons à la fin du récit.
car il est pour le moins étonnant que les chercheurs, maçons ou non-maçons, n'aient jamais pu
retrouver la moindre origine à ce récit. Nous verrons que cette origine a très certainement été
occulte....
RECONNAISSANCE DES MAÎTRES

Le Vénérable Maître revenant au pied du cercueil, tandis que se retire le Maître des
Cérémonies, dit :

V.M. : F r è r e s Maîtres qui avez été préposés à la garde du cercueil,


reconnaissons-nous.

Ayant posé leur épée sur le Tapis, les six Maîtres se réunissent aux deux Surveillants pla-
cés à l'Occident et au Vénérable Maître placé à l'Orient pour former, tous les neuf ensemble,
une chaîne autour du cercueil, en se tenant par la main, les bras croisés. Dans cet état, le
Vénérable Maître fait circuler les deux lettres indicatrices de l'ancien mot de Maître « J. A. »
qui sont tracées sur la lame d'or triangulaire. Il les donne détachées à l'oreille du Maître qui
est à sa droite, de sorte qu'elles lui reviennent par le côté gauche.

Les lettres circulent par conséquent de façon lévogyre, signe de mort, signe de ténèbres,
sens contraire à la marche du soleil. De même, dans une église, les circumambulations du prêtre
et des fidèles autour d'un catafalque, doivent (devraient, à notre époque o ù tout a été
« retourné ») se faire dans le sens sénestrogyre.

Le retour des mots étant effectué, le Vénérable Maître dit

V.M. : M e s Frères, conservons précieusement le souvenir de ces deux


lettres, peut-être nous aideront-elles, un jour, à retrouver la parole perdue.
Ces deux lettres sont la première et la dernière du mot « JEHOVA ». Ce nom de Dieu
pose un problème : Il est la transcription de l'hébreu Yod-Hé-Vav-Hé, le célèbre Tétragramme
sacré qui n'est JAMAIS prononcé à haute voix par les fidèles de la religion hébraïque, car c'est
le nom divin par excellence. Seul le Grand Prêtre, à Jérusalem, le prononçait dans le Saint des
Saints une fois par an. Cette transcription en a été faite par les Chrétiens, ce qui sans doute
constitue, pour les Juifs, une véritable profanation...

Le Vénérable Maître rompt la chaîne et retourne à l'Autel ; les Surveillants, le Maître des
Cérémonies (s'avançant pour remplacer le Vénérable Maître) et les six Maîtres reprennent leur
épée dont ils portent la pointe sur le corps du Candidat.

Le Vénérable Maître frappe alors , seul, un coup sur l'Autel - 0 - et prononce les paroles
suivantes avec un ton triste et élevé qui convient au sujet:

V. M. : Q u e tous les ouvriers du Temple soient dans le deuil et la dou-


leur puisqu'ils ont perdu leur Maître conducteur HIRAM et que, sans lui, ils ne
peuvent accomplir l'édifice qu'ils devaient élever ensemble à la Gloire du Grand
50

Architecte de l'Univers. Qu'ils ne cessent de répandre des larmes, car la parole


du Maître leur a été enlevée, la parole qu'HIRAM avait reçue, sans laquelle il ne
peut plus y avoir d'harmonie dans nos travaux. Mes Frères, combien la cause de
notre tristesse est déplorable. Depuis ce malheur, rien n'est stable chez nous.
Quelles vicissitudes, quelle obscurité 1
Commentons ce texte au fur et à mesure.

Nous connaissons tous ces paroles du Vénérable Maître, paroles qui nous ont émus quand
nous les avons entendues pour la première fois, puis encore par la suite, lors d'autres réceptions
au troisième degré.

Mais au début, qu'avons-nous pensé en entendant cela ?

Et maintenant, après tous les commentaires des deux premiers Grades, une chose devient
peu à peu plus claire : Ce langage est symbolique, nous l'avons bien compris. Et tous ces sym-
boles ont un seul et unique but : Nous faire comprendre ce que nous sommes, « d'où nous
venons et où nous allons »... Il est donc évident que ce texte s'adresse à chacun de nous et nous
concerne personnellement.

Dans ces toutes premières phrases, nous reconnaissons sans peine l'homme qui n'a pas
atteint l'état de Sagesse, pour lequel le monde qui l'entoure est « instable, obscur, triste, déplo-
rable, etc... ». L e s vicissitudes dont il est question dépeignent les vicissitudes de la vie sur
terre, avec ses hauts et ses bas, avec ses interrogations, ses joies et ses peines. Pourquoi ? Mais
parce que le Maître en nous a été assassiné p a r les trois mauvais compagnons qui sont en
nous: Or, les trois « corps » inférieurs de l'homme, les trois plans inférieurs du cosmos dont ils
sont le reflet, sont les « corps » des plans physique, astral (les sentiments) et mental. Le spiri-
tuel en nous, l'Etincelle divine en nous, l'Esprit, le « Rouah », « l'Atman », a été abandonné,
assassiné, oublié. Les deux premiers Grades ont tenté de nous faire comprendre que l'homme
n'est qu'une caricature de l'Homme, du Sage. maintenant, on nous le confirme en nous bros-
sant un tableau émouvant, dramatique, poignant : Nous n'avons pas pris garde à notre « Maître
intérieur » et nous rêvons cette vie sans savoir où elle nous mène...

Comme dans les « Contes pour enfants » ou « Contes de fées », il y a trois niveaux de
lecture : Le conte tel quel, qui semble raconter une histoire que nous prenons au premier degré ;
le conte dans lequel nous percevons une espèce de morale, un enseignement, qui fait que nous
nous identifions volontiers à un personnage, généralement le personnage principal, qui nous
enseigne comment surmonter les épreuves de la vie ; enfin il y a le troisième niveau dans lequel
nous reconnaissons que tous les éléments du conte se trouvent en nous, que le conte, c'est nous,
que la vie est un conte, un rêve, et qu'il faut nous réveiller, sortir du conte pour enfin retrouver
la vraie réalité, atteindre la vraie vérité et le vrai bonheur, dont le Vénérable Maître nous par-
lait dès notre entrée dans le Temple, en tant que Profane... Alors que sans le Maître HIRAM en
nous, nous avons perdu tous les plans de notre temple intérieur :

Où sont les plans de ce Temple que nous devions élever ? Quel est celui
d'entre nous qui a été doué de l'intelligence pour en concevoir l'ensemble et les
rapports 9
« Il y faut de l'intelligence » , disait et répétait, le Vénérable Maître....

...HIRAM seul en connaissait la beauté, lui seul pouvait nous diriger dans la
construction du Sanctuaire et de l'Autel ; mais il n'est plus et nous n'avons plus
d'espoir que dans notre courage et notre persévérance....
Voilà que nous retrouvons les trois éléments dont nous avons besoin : de l'intelligence,
du courage, de la persévérance, à nouveau nommés, et dans le même ordre !

....Que le Compagnon qui, dans ces moments lugubres, n'a pas craint de se
présenter pour être reçu parmi les Maîtres, prête une oreille attentive au récit que
je vais faire de nos malheurs. Puisse-t-il servir à son instruction et le rendre digne
de nous suivre dans nos recherches. Et vous mes Frères, ayez toujours devant les
yeux les moindres circonstances d'un événement si funeste

Voilà qui est clair, encore une fois : il s'agit bien toujours de l'instruction du Compagnon
et à la nôtre propre. au cas où nous n'aurions toujours pas compris, c'est pourquoi (comme
pour tout le reste du Rituel, nous nous en sommes aperçu !) nous devons conserver devant les
yeux « les moindres circonstances » de ce qui est dit.

RÉCIT HISTORIQUE DU GRADE

V.M. : L e temps étant venu ou Salomon devait élever un Temple à la


Gloire du Grand Architecte de l'Univers, sur les plans tracés par une main céleste,
qui avaient été remis à David, son père ; il fut aidé dans cette grande entreprise
par Hiram, roi de Tyr.

Les plans ont été tracés par une main céleste. Donc par Dieu lui-même. Mais c'est Maître
Hiram qui va pouvoir concrétiser ces plans que par conséquent il connaissait. Hiram, avons nous
dit, est, pour le Maçon, le Maître Intérieur, l'Etincelle divine en nous. Dieu et Hiram, c'est la
même chose, comme sont identiques la vague et l'océan : les vagues sont innombrables et appa-
remment séparées les unes des autres, comme les hommes et les objets sont apparemment sépa-
rés les uns des autres, mais en réalité, toutes les vagues et l'océan lui-même sont UN : Il n'y a
toujours que l'eau de l'océan. Ce que nous nommons « vague » n'est qu'une forme passagère,
changeante et mortelle. En réalité, rien ne naît, rien ne meurt ; aucune vague ne « naît » ni ne
« meurt ». Ce ne sont que des formes passagères apparentes (=- qui apparaissent). Il va falloir
que nous comprenions aussi que, en apparence, nous sommes séparés, mais qu'en réalité, nous
sommes UN avec tout le cosmos et ce qui s'y trouve. Les vagues naissent et meurent, en réali-
té il n'y a que l'océan, immuable. Les hommes naissent et meurent, en réalité l'HOMME est
immuable. Voilà pourquoi, ayant compris et réalisé cette vérité, nous réalisons que la naissance
et la mort ne sont que des apparences, alors que nous sommes la réalité immuable.

...Ce prince, (Hiram, roi de Tyr) lui fournit en abondance les matériaux les plus
riches et lui procura un grand nombre d'excellents ouvriers ; mais il lui fit un don
bien plus précieux en lui envoyant Hiram-Abif, tyrien de nation, le plus habile
dans tous les ouvrages de l'art. Salomon étant doué de la plus haute sagesse
reconnut le prix des talents et des lumières d'Hiram, il lui donna sa confiance et
l'établit chef de tous les ouvriers...

Salomon, dans ce récit, « étant doué de la plus haute sagesse », représente symbolique-
ment Dieu. Symbolisme habituel : l'empereur à Rome, était déifié à sa mort ; Louis XIV était
Dieu sur terre (roi de droit divin), etc... Alors que Hiram est son équivalent en chacun de nous
52

(l'Etincelle divine en nous ; l'eau qui est dans la vague, et l'eau de l'océan, c'est la même
chose).

Hiram-Abif les sépara d'abord en trois classes, afin que chacun pût rece-
voir une paie proportionnée à son mérite et à son talent : il donna à chaque clas-
se des signes, mots et attouchements différents ; les premiers ou les Apprentis,
étaient appelés à la colonne .1 où il leur donnait leur salaire ; les Compagnons à la
colonne B ; mais il introduisit les Maîtres dans la Chambre du Milieu pour y être
payés selon leur grade. Un ordre bien établi devait assurer à chacun sa juste
récompense ; mais l'orgueil, l'envie et la cupidité traînent à leur suite le désordre,
la confusion et le crime...

Tableau qui s'applique aussi bien à l'homme individuel qu'à l'homme collectif...

Trois Compagnons perfides conçurent le détestable projet de forcer


Hiram-Abif à leur donner le mot de Maître pour s'en procurer la paie.
Nous reconnaissons aisément le drame qui se joua au Paradis, lorsque le démon persua-
da l'homme (Adam signifie , l'homme) de dérober la science dont il n'était pas digne...

Dans ce dessein, ils se placèrent à trois différentes portes du Temple à


l'heure où, après que les ouvriers s'étaient retirés, il avait coutume d'aller, seul,
vérifier les travaux. Hiram étant entré par la porte d'Occident et voulant se retirer
par la porte du Midi, y trouva un des Compagnons qui lui demanda le mot de
Maître, en menaçant de le tuer s'il résistait à sa demande; et sur son refus, ce scé-
lérat lui donna un grand coup de marteau sur l'épaule gauche. Hiram chercha son
salut dans la fuite et voulut s'échapper par la porte du Nord ;i l y trouva le second
assassin qui lui fit la même demande. Et sur son refus, le monstre lui porta un
grand coup de massue sur l'épaule droite, dont, il fut presque terrassé. Cependant
il eut encore la force de s'enfuir par la porte d'Orient, mais il y trouva le troisiè-
me Compagnon qui, le voyant déjà affaibli par les coups qu'il avait reçus, lui
demanda impérieusement le mot de Maître. Hiram ne put se dissimuler l'extré-
mité du (langer où il se trouvait en le refusant, mais il préféra son devoir à la
conservation de la vie, et le Compagnon irrité lui porta un grand coup de maillet
sur le front, qui le fit tomber mort...
Arrêtons-nous à ce point du récit, qui nous dévoile la façon dont les « assassins » tuèrent
le Maître Hiram. Nous avons mis le mot « assassin » entre guillemets, nous allons tout de suite
comprendre pourquoi.

Nous avons rappelé plus haut que personne ne peut expliquer l'origine de cette histoire.
Et pourtant, il est possible de faire un parallèle étonnant.

Résumons les péripéties du drame

1) Les armes employées pour ce sacrifice sont un marteau, une masse et un maillet
(d'autres textes citent aussi une règle, un levier et toujours le maillet). Trois coups sont portés,
les deux premiers sur les épaules et le troisième sur le front.

2) Hiram accepte sa mort.


53

3) Bien qu'affaibli après les coups portés aux épaules, il est debout quand il reçoit le coup fatal.

4) La mort lui est donnée par un coup de maillet sur le front.

Arrêtons-nous là pour le moment et comparons avec ce qui se passait chez « nos ancêtres
les Gaulois » quand ils procédaient à des sacrifices d'animaux (boeufs, chevaux) ou d'hommes.
Voici le résumé du déroulement de la mise à mort

1) Le sacrifice avait lieu dans l'enceinte sacrée d'un sanctuaire quadrangulaire orienté
est-ouest.

2) L'animal est présenté debout ; il en est de même pour l'homme.

3) Il est porté à l'animal généralement un, parfois plusieurs coups de hache ou de masse
sur l'occipital ou sur le front. Dans de nombreux cas de sacrifices humains, les clavicules sont
brisées avant l'achèvement frontal, temporal ou occipital.

Précisons que les coups de hache étaient portés non par la lame, mais par la partie plate
arrière de l'instrument.

Gardons tout cela en mémoire, et voyons la suite

Ces furieux, s'étant réunis, résolurent d'enterrer son cadavre, espérant


que leur crime resterait ignoré ; mais comme il était encore jour, ils le cachèrent
sous un monceau de pierres et ils profitèrent ensuite des ténèbres de la nuit pour
le porter sur un lieu élevé, aux environs du Temple, où ils l'enterrèrent.

Après que sept jours se furent écoulés, Salomon, inquiet sur le sort du Maître
Hiram, ordonna à neuf Maîtres de le chercher dans tous les ateliers et dans l'en-
ceinte qu'il avait tracée pour la construction du Temple. Les neuf Maîtres se par-
tagèrent en trois bandes ; trois d'entre eux sortirent par la porte du Midi, trois par
la porte du Nord, et enfin trois autres prirent leur route par la porte d'Orient.

Dans leurs recherches, ils appelèrent en vain Maître Hiram; mais ceux qui
s'étaient dirigés du côté d'Orient, attirés par l'éclat d'une lumière extraordinaire
qui partait d'un lieu fort élevé, firent les plus grands efforts pour y parvenir. Là,
accablés de fatigue et de lassitude, ils s'assirent et aperçurent une éminence qui
leur fit connaître que la terre avait été nouvellement remuée à cet endroit ; ils se
mirent à fouiller et trouvèrent un cadavre qu'ils reconnurent à la Lame d'Or tri-
angulaire dont il était décoré, pour le corps de notre Respectable Maître Hiram.
Alors ils jetèrent des cris de douleur et se firent entendre par les deux autres
bandes de Maîtres.
Ainsi le corps est d'abord enfoui sous un monceau de pierres. En territoire celte, cela
s'appelle encore de nos jours « un cairn ». Finalement, ils l'enterrent sur un lieu élevé, que les
trois Maîtres partis vers l'Orient distinguent par une lumière extraordinaire. L e cadavre
d'Hiram sur sa hauteur, est comme une église ou une cathédrale contenant le corps divin étin-
celant, comme une basilique chrétienne contient et protège l'Hostie, qui est le corps divin du
Christ...

Ceux-ci accoururent aussitôt et, s'étant réunis, ils vérifièrent ensemble que
ce cadavre était le corps du Maître Hiram, et qu'il avait été assassiné mais ils ne
54

purent soupçonner de ce meurtre abominable que quelques méchants Compa-


gnons qui auraient voulu lui arracher le mot de Maître pour en avoir la paie.

Dans la crainte qu'ils eurent qu'il n'ait été forcé de le leur dévoiler, ils
convinrent de ne plus employer l'ancien mot et d'y substituer la première parole
qu'ils prononceraient entre eux en exhumant le cadavre d'Hiram.

Après cet accord, ils plantèrent sur cette éminence une branche d'épine
nommée acacia pour reconnaître le lieu où ils l'avaient découvert et ils se rendi-
rent auprès du roi Salomon afin de lui apprendre cette triste nouvelle.
Pourquoi une branche d'acacia ? Laissons à la sagacité de chacun le soin de trouver le
pourquoi de ce choix. Signalons cependant la particularité de l'acacia d'avoir des feuilles divi-
sées en folioles qui sont en principe toujours en nombre impair, généralement de 7 ou de 9
folioles... Rappelons aussi que l'Arche d'Alliance, chez les Hébreux, était en bois d'acacia.
Mais il y a une autre explication à ce qui constitue un de ces « mystères » maçonniques fon-
damentaux : Pourquoi précisément l'acacia ?. Une fois encore, la véritable explication vient de
l'Egypte ancienne : « En Egypte, les dieux sont nés sous l'acacia de la déesse Saosis au nord
d'Héliopolis. Des textes des tombes affirment que certaines parties de cet arbre étaient pilées
et consommées par le mort transfiguré. On attribuait à cette purée végétale des pouvoirs béné-
fiques » (Serge van den Broucke : « Le banquet des dieux » ou : « Les nourritures magiques
dans l'Antiquité » c i t é dans la revue « Méditerranea », 8 1 , page 5). Comme personne n'a
jamais vu un mort ingurgiter une nourriture quelconque, il est bien évident (comme dans toutes
les pages du célèbre « Livre des Morts », titre erroné donné par l'égyptologue allemand
Lepsius, totalement ignorant des pratiques initiatiques égyptiennes - le titre égyptien étant
« Livre de la sortie à la Lumière », autrement plus explicite, rappelant « l'Illumination » en lan-
gage chrétien), que le « mort » en question était l'adepte lors de son initiation finale, modèle
de notre propre réception au grade de Maître, pratiquée dans tous les rites maçonniques.
Rappelons aussi que le temple d'Héliopolis était le plus important sur le plan de l'initiation.
C'est là que se pratiquait la plus haute étape du processus initiatique. I l a été entièrement
détruit, ses pierres ayant servi à construire les mosquées du Caire, ainsi que quelques maisons
particulières. Les adeptes des « trois grandes religions monothéistes » comme on les appelle
stupidement de nos jours, ayant perpétré les crimes de génocides (les conquistadors en
Amérique, le génocide des autochtones du territoire des USA, l'éradication des druides ainsi
que de la relgiion celte en Europe, etc... etc...) et la destruction massive du patrimoine mondial
de l'humanité (comme la célèbrissime Bibliothèque d'Alexandrie, incendiée une première fois
par les Chrétiens, une seconde et dernière fois par les Musulmans, sous le prétexte que « Tout
ce qui se trouve la-dedans et est conforme à la Bible / au Coran est inutile et tout ce qui est la-
dedans n'est pas conforme à la Bible / au Coran, doit être détruit ». Gémissons, gémissons,
mais espérons ! Tout ceci donc, pour nous faire comprendre que l'acacia était une essence de
bois utilisée chez les Egyptiens dans le cadre-même de ce qui est chez nous la Réception au
grande de Maître... mais dont l'utilité pratique s'est perdue au fil des temps. D'autre part, dans
la cosmologie du peuple Dogon (actuellement au Mali dans le site des célèbres falaises de
Bandiagara, mais jadis à l'ouest de l'Egypte, ce qui explique les connaissances communes (en
particulier en ce qui concerne l'astronomie) entre les Sumériens, les Egyptiens et les Dogons.
Dans les années 1930, les Dogons ont expliqué à l'anthropologue français Marcel Griaule que
quand Dieu (« Amma » en langue dogon) a voulu créer le monde « il commença par planter
une graine d'Acacia faidherbia (seneî . en langue dogon) qui avait la forme de l'épine de
l'arbre actuel.../... qui se termine par une pointe effilée ». L'épine de l'acacia actuel représen-
te donc la graine de même forme qui se trouve à l'origine du monde pour les Dogons. A com-
parer avec l'origine du monde chez les peuples du nord, représenté par le frêne (Yggdrasil, die
Weltesche .Yggdrasil, le Frêne du Monde). Curieusement aussi, le hiéroglyphe « Di », d'après
55

Guy Mouny, ne représente pas un triangle, mais un cône, exactement donc la même forme que
la graine du monde chez les Dogons...

Le roi, pour témoigner la tendre amitié qu'il avait pour HIRAM A B I F


ordonna à ses neuf Maîtres d'exhumer son corps et de le transporter dans le
Temple, et voulut pour honorer sa mémoire qu'ils fussent accompagnés par tous
les autres Maîtres.

Les neuf Maîtres qui avaient été chargés de faire les premières recherches
étant arrivés les premiers vers l'éminence qui couvrait le cadavre du Maître
Hiram, l'un d'eux le prit par le doigt index, mais la peau se détacha de l'os et lui
resta dans la main ; un autre le prit par le doigt du milieu, mais la chair lui resta
aussi dans la main ; enfin le troisième essaya de l'enlever en le prenant par le poi-
gnet, mais, ainsi qu'il était arrivé aux deux premiers, la chair lui resta dans la
main; alors il s'écria : M A K - BENAK ! ce qui signifie: le corps est corrompu,
ou la chair quitte les os, et il se mit en devoir d'exhumer le cadavre. Les huit
autres Maîtres se réunirent à lui pour l'enlever en présence de tous les autres et,
selon les ordres du roi, ils portèrent le corps d'Hiram dans le temple avec grande
pompe, étant décorés des marques de leur grade, avec des gants blancs, afin de
témoigner qu'ils étaient innocents du sang d'Hiram.

Le roi Salomon lui fit faire des obsèques magnifiques et, pour honorer son
zèle et sa fermeté, il fit placer sur le tombeau la Lame d'Or triangulaire où était
gravée la parole des Maîtres et il en confia la garde à ses plus intimes favoris.
Nous avons vu que la Lame d'Or portait les lettres J.A. et nous avons dit ce que ces lettres
signifiaient...

Salomon ayant approuvé la résolution qui avait été prise par les neuf Maîtres de ne plus
employer le mot du grade et d'y substituer le premier mot qu'ils auraient prononcé en déter-
rant le cadavre, tous les Maîtres se rangèrent en cercle autour du tombeau pour exécuter ce
projet. Alors le Maître qui avait relevé le corps d'Hiram donna le mot de MAK-BENAK à celui
qui était sur sa droite pour le faire passer de Maître en Maître jusqu'à ce qu'il fût connu de tous
et ce mot leur est resté depuis pour se reconnaître entre eux.

FIN DU RÉCIT HISTORIQUE

Il nous faut maintenant comprendre la signification de tout ceci.

Nous avons bien compris que ( comme pour les contes initiatiques ) tous les éléments de
ce récit constituent une trame qui nous concerne personnellement. Pour atteindre le divin en
nous, il nous faut sacrifier le petit moi, c'est à dire le corps et le mental, afin que le divin puis-
se s'établir ou plutôt se rétablir d'où il n'aurait jamais dû être éclipsé. Ce qui fait penser à la
célèbre « prière » tibétaine (qui n'est d'ailleurs pas une « prière », mais l'affirmation d'une
ferme résolution) :
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« PRIÈRE » THIBÉTAINE
Aujourd'hui, je paie mes dettes, offrant, pour être détruit,
ce corps que j'ai tant aimé et choyé.
Je donne ma chair à ceux qui ont faim,
mon sang à ceux qui sont altérés,
ma peau pour couvrir ceux qui sont nus,
mes os comme combustible à ceux qui souffrent du froid.
Je donne mon bonheur aux malheureux
et mon souffle vital pour les ranimer.
Honte à moi, si je recule devant ce sacrifice !
Honte à vous tous, si vous n'osez l'accepter !

Jadis, les hommes faisaient aux dieux de nombreux sacrifices humains, afin d'obtenir
leurs faveurs. Puis ils ont sacrifié des animaux, plus tard, des fleurs, beaucoup de fleurs. Quand
la monnaie a été inventée, ils ont faits l'offrande de pièces de monnaie. On le pratique encore
de nos jours, par exemple dans de célèbres fontaines. Tout cela pour finir par comprendre que
c'est nous-mêmes, notre petit moi, qu'il faut sacrifier. Jusqu'au moment où tout acte devient
un sacrifice permanent. On dira alors plutôt un « don de soi ».
Nous pouvons maintenant achever la comparaison que nous avions entamée entre le
mythe d'Hiram en Maçonnerie et les rites de sacrifices chez les Celtes.
En Maçonnerie
5) Le cadavre est enterré superficiellement (sous un cairn, voir tout particulièrement le
Rite Français Traditionnel)
6) Ensuite la décomposition est constatée, des morceaux sont détachés et, seulement
après ces phases, la dépouille est relevée pour un transfert dans une sépulture définitive, qui
n'est d'ailleurs pas indiquée. Nous pensons plutôt à une dispersion symbolique des restes.
7) Le sacrifice d'Hiram eut lieu dans l'enceinte sacrée.
Chez les Celtes maintenant

4) Morts, les cadavres (homme ou animal) sont enterrés temporairement au centre du


sanctuaire pour commencer une phase de putréfaction.
5) Ils sont ensuite déterrés quand le cadavre est dans un état de décomposition avancée
et leurs ossements sont définitivement ensevelis par dispersion en des endroits symboliques du
sanctuaire. Le rite est alors accompli dans sa plénitude et a participé à la régénérescence de la
vie universelle par le « passage » de la mort (voir à ce sujet la traidition du « Retournement du
mort » au bout d'un an, à Madagscar).
Chez les Celtes, c'est MERLIN qui préside à ces cérémonies et est souvent représenté
avec un maillet.

Rappelons que de nos jours encore, la masse dont se servent les bouchers dans les abat-
toirs est appelée « le merlin »...
Ces comparaisons sont tirées d'une étude parue dans le te 11 de l'excellente revue « Le
Jardin des Dragons » de Mai 1994.
57

Signalons qu'à Madagascar, il existe encore à notre époque une fête du « retournement
des morts » qui a lieu un certain temps après la mort. Les décédés sont sortis du tombeau, puis
« retournés » et ensevelis définitivement. Ainsi les Anciens peuvent participer à la régénéres-
cence du monde des vivants, comme chez les Celtes, jadis..
Le récit étant achevé, les deux Surveillants retournent à leur place.
Le Vénérable Maître alors bat un coup sur l'Autel - 0 - q u i est répété par les deux
Surveillants..../....

Puis le Temple est à nouveau remis en pleine lumière, en silence.


L'illumination étant entièrement finie, le Vénérable Maître bat trois fois trois coups sur
l'Autel - 0 0 0 0 0 0 0 0 0 - qui sont répétés par les deux Surveillants.
V.M. : F r è r e Premier Surveillant, qu'est devenu notre Respectable
Frère Hiram ?

er Surv. i l a été assassiné; tout nous le confirme et nous ne pouvons plus


douter qu'il soit mort.
V.M. : A l l o n s donc à la recherche de son corps et ne négligeons rien
pour le découvrir, afin de lui rendre les honneurs que nous lui devons.
Frère Second Surveillant, prenez avec vous deux Frères de votre colonne et
commencez vos recherches par le Nord.
Le Second Surveillant, suivi de deux Maîtres qui étaient placés au Nord du Tapis, font le
tour de la Loge par le côté du Nord, et étant de retour à sa place, il dit:
2è1e Surv. : Vénérable Maître, nos recherches ont été vaines, nous n'avons
rien trouvé.

V.M. : F r è r e Premier Surveillant, prenez avec vous deux Frères de votre


colonne et continuez vos recherches par le Midi.
1" Surv. : Vénérable Maître, nos recherches ont été vaines, nous n'avons
rien trouvé.

V.M. : F r è r e s Premier et Second Surveillants, unissez-vous à moi pour


cette importante recherche, et allons ensemble par l'Orient ; j'espère que nous
serons plus heureux.
Les deux Surveillants viennent rejoindre, par le côté Nord, l e Vénérable Maître à
l'Orient, et se placent à son côté droit. Ils font ainsi le tour entier de la Loge par le Midi et,
étant de retour à l'Orient, ils s'arrêtent au pied du cercueil où on a eu soin de mettre une
branche d'acacia. Le Vénérable Maître dit alors:

V.M. : M e s Frères, la terre paraît, ici, nouvellement remuée; la lumiè-


re qui s'y fait remarquer (en montrant la Lame d'Or triangulaire) m'est un indice que
nous y trouverons le corps de notre Respectable Maître Hiram, mais tout nous
annonce la violence et la perfidie; marquons cette place par une branche d'aca-
cia. (Il ramasse la branche d'acacia qui est au pied du cercueil et la pose sur le drap mortuai-
re qui couvre le Candidat).
58

V.M. : A v a n t de fouiller cette terre, convenons ensemble de ne plus


nous servir de l'ancienne parole des Maîtres et d'y substituer un nouveau mot,
pour tromper la cupidité des assassins, mais auparavant, réunissons-nous avec nos
autres Frères qui cherchent au Nord et au Midi et nous nous concerterons
ensemble.

Le Premier Surveillant se place à la droite du Vénérable Maître, le Second se place à sa


gauche, les six autres Maîtres qui sont autour du tombeau se rapprochent et forment ensemble,
avec le Vénérable Maître et les deux Surveillants, la chaîne autour du tapis en se tenant, comme
la première fois par les mains, les bras croisés. Ils auront auparavant reposé leur épée à leurs
pieds.
Le Vénérable Maître fait circuler le nouveau mot de Maître MAK-BENAK, en le don-
nant en deux temps aux oreilles du Premier Surveillant, de manière qu'il lui revienne de même
par le Second Surveillant qui est à sa gauche.

Le Vénérable Maître rompt ensuite la chaîne et les six Maîtres se retirent deux pas en
arrière.

Alors, le Vénérable Maître, aidé par les deux Surveillants qui sont à ses côtés, enlève le
drap mortuaire et le linge ensanglanté qui couvraient le Candidat.

Dès que le corps est découvert, ils font tous les trois ensemble, ainsi que les six autres
Maîtres, le signe d'horreur (ce signe se fait en passant rapidement du premier temps au second
et du second au troisième, ce qui complète le signe entier de Maître).

Le Second Surveillant, se penchant sur le Candidat, le prend par le doigt index de la main
droite, qu'il laisse ensuite aller, comme s'il lui restait dans la main, en prononçant le mot
JAKIN.

Le Premier Surveillant, agissant de même, le prend par le doigt du milieu, qu'il laisse
aller, lui aussi, en prononçant le mot BOOZ.

Pendant tout ce temps, le Vénérable Maître et tous les Frères gardiens du tombeau, se
tiennent au siene de Maître.

Ont lieu maintenant les « relevailles ». C'est le moment le plus intense de la Cérémonie
le mort va retrouver la vie...

Enfin le Vénérable Maître lui prend le poignet droit avec la main droite, lui passe sa main
gauche sous l'épaule droite, tenant son pied droit contre le pied droit du Candidat, genou contre
genou et poitrine contre poitrine, dans cette attitude, étant aidé par les deux Surveillants, il le
relève entièrement en disant d'une voix élevée

V.M. i l recevra la vie dans le sein de la mort !

et lorsqu'il est debout, il lui donne le mot de Maître MAK-BENAK moitié à une oreille, moi-
tié à l'autre. Les Frères reprennent leur épée qu'ils tiennent pointe contre terre.

Aussitôt, le Frère Introducteur vient reprendre sa place auprès du candidat.

Voici donc ce moment extraordinaire des « relevailles » du mort, qui reprend une nou-
velle vie. « Il faut que tu naisses à nouveau » disait le Christ ; voilà qui est fait. Les années pas-
sées comme Apprenti, puis comme Compagnon, viennent d'aboutir à ce moment solennel.
L'impétrant est devenu « René » (prénom initiatique s'il en est !).
59

On peut dire que maintenant, si l'impétrant a vécu tout cela mais ne l'a pas encore réel-
lement réalisé, du moins a-t-il tous les éléments en mains, il connaît toutes les bornes qui ponc-
tuent son chemin personnel vers la Lumière. Cette connaissance, c'est sa richesse. Tout dépend
de ce qu'il va en faire. Car

« Peu importe comment on a été élevé.


C'est le pouvoir personnel qui détermine notre façon d'agir.
Un homme n'est que la somme de son pouvoir personnel,
et cette somme détermine comment il vit...
et comment il meurt »

« Le pouvoir personnel est une sensation.


Comme la sensation d'avoir de la chance.
On peut aussi dire que c'est une disposition.
Le pouvoir personnel est quelque chose
$r
qui s'acquiert en luttant tout au long de la vie
Sagesse chamanique

(Signalons ce qui nous paraît être un oubli du Rituel : les relevailles, par le Vénérable
Maître aidé de ses deux Surveillants, se Ait par « trois lbrtes secousses » et non d'une façon
continue - voir l'Instruction morale du Frère Orateur, avant les Instructions par demandes et
réponses, qui confirme cela nettement)...

Le Vénérable Maître, s'étant approché de l'Autel, frappe seul un coup - 0 - et reprend sa


place en chaire, tandis que les Surveillants rejoignent leur plateau et les six Maîtres qui entou-
raient le tombeau, leur colonne ; le Maître des Cérémonies vient se placer à côté du Candidat.

V.M. : M e s Frères, que notre joie soit grande en ce jour, celui qui était
semblable aux morts a renoncé aux vices qui pouvaient le corrompre et il a reçu
une nouvelle vie.

Oui, tout homme en naissant est semblable aux morts (« Laissez les morts enterrer leurs
morts », disait le Christ, nous l'avons vu). Car il s'imagine qu'il vit. En réalité il dort et rêve.
Chaque matin au « réveil », il en est de même : il croit s'éveiller ; en réalité, il change de rêve.
Il passe du rêve de la nuit au « rêve du jour ». Ce que le Candidat vient de vivre, c'est l'em-
blème du vrai éveil. A lui de réaliser cet éveil qui le mènera au « vrai bonheur » que promet le
Vénérable Maître dans l'Invocation, à chaque Ouverture du premier degré....

Espérons qu'il aura bien compris qu'on ne peut pas être mort et éveillé en même temps.
On ne peut pas rêver et être éveillé en même temps. Pour s'éveiller. il .faut sortir du rêve de la
vie. Au cours des trois Grades « bleus » que nous venons de parcourir, la « marche à suivre »
a été donnée. Si le Frère l'a suivie pas à pas, il sait ce qu'il a à faire. Il connaît le chemin. Mais
on ne peut explorer un pays lointain et inconnu, en lisant des guides dans son cabinet de tra-
vail. Il faut mettre ses grosses chaussures et partir sur le chemin. Tous les pèlerinages religieux
ont toujours été le symbole du pèlerinage intérieur qui se fait dans la chambre de méditation
« Entre dans ta cellule, ô moine ! Assieds-toi aux pieds du Maître qui séjourne dans ton coeur »
disaient les Hésychastes chrétiens à leurs élèves... Ceci est parfaitement compatible avec la vie
courante. Mieux, le « métro-boulot-dodo » restera en apparence le même (aux yeux des autres)
mais pour l'adepte, il en sera profondément transformé et la joie s'installera dans son coeur.
60

Le Vénérable Maître reste un moment, ainsi que la Loge, dans un profond silence, ensui-
te il dit au candidat

: M o n Frère, ne perdez jamais de vue ces sublimes emblèmes, ils


vous intéressent bien plus que vous ne le pensez ; faites-en, parmi les Maîtres, le
sujet continuel de vos méditations, et si vous ne pouvez encore en pénétrer le sens
caché, sachez profiter de ce qu'ils vous présentent d'instructif et de moral...

Bien sûr qu'il ne faut jamais perdre de vue ces emblèmes sublimes. Ils sont la clé-même
de la vie pour ceux qui ne veulent pas gaspiller le temps précieux qui leur a été offert par la
Providence précisément pour faire l e chemin qui nous a été enseigné depuis l e Grade
d'Apprenti. Et... quand des Maîtres se retrouvent ensemble, est-ce bien leur sujet cominuel de
méditation ? Notre Très Respectable et Illustre Frère Willermoz ne se faisait pas trop d'illusion,
semble-t-il, d'après la fin de la phrase du Vénérable Maître...

...Dans ce récit qui vous a été fait de l'assassinat d'Hiram, vous avez vu trois
Compagnons entreprendre d'arracher par la violence, ce qui ne pouvait être que
le prix du travail et de la vertu, et de commettre un horrible assassinat pour satis-
faire leur aveugle cupidité...

Cupidité aveugle sans aucun doute. Car ces trois mauvais Compagnons, qui étaient mani-
festement dans l'ignorance des lois de la vie, ignoraient, dans leur aveuglement, qu'un crime, une
faute, une méchanceté, une parole désagréable, une pensée mauvaise même, ne restent jamais
impunis : De nos jours, tout le monde a entendu parler de la loi de Karma, terme sanscrit bien
pratique pour faire comprendre que la moindre de nos actions, paroles et pensées, provoque auto-
matiquement une réaction en rapport exact avec ce qui a été fait, dit, pensé. En mode positif
comme en mode négatif, bien entendu. Ce qui fait que l'on a tout à gagner, automatiquement, à
cultiver l'amour et la vertu. Le Rite Ecossais Rectifié nous le répète sans cesse.

...C'est ainsi, mon Frère, que les passions portent aux plus grands excès ceux
qui se soumettent à leur emprise ; mais vous avez vu aussi un Maître rempli de
sagesse, célèbre par ses talents et ses lumières, se livrer à une mort certaine plu-
tôt que de conserver sa vie au prix du dépôt qui lui avait été confié. Tel est le
devoir d'un vrai Maçon, il n'est rien qu'il ne doive sacrifier à la fidélité, à la dis-
crétion, et à la vertu....

Ceci sont les derniers conseils du Vénérable Maître, qui ont jalonné ces trois Cérémonies
de Réception aux Grades « bleus ». La Cérémonie se termine par les signes, mots et attouche-
ments du Grade. Puis les Instructions, que nous étudierons également, comme nous l'avons fait
pour les deux Grades précédents.

...Frère Maître des Cérémonies, faites approcher de moi le Frère nouveau


Maître, afin qu'il reçoive les marques et les signes caractéristiques de son grade.

Le Maître des Cérémonies conduit l e Candidat sur l a seconde marche de l'Autel


d'Orient, au côté droit du Vénérable Maître.
HABITS, SIGNES, MARQUES
DISTINCTIFS DES MAÎTRES

Le Vénérable Maître, en décorant le Récipiendaire d'un tablier de peau blanche, doublé


de taffetas bleu, avec trois rosettes de même couleur. dit

V.M. : M o n cher Frère, en qualité de Maître, vous devez porter désor-


mais le tablier blanc doublé de bleu, avec le pectoral rabattu.
Le Vénérable Maître laisse attacher le tablier par le Maître des Cérémonies et continue
ainsi

V.M. : L o r s q u e vous reçûtes le Grade d'Apprenti, la couleur blanche du


tablier vous annonça ce que vous deviez faire : elle vous indiqua que, pour deve-
nir Maçon, il fallait acquérir cette candeur, cette droiture d'intention sans les-
quelles la vertu ne saurait exister ; mais dans le Grade que vous venez de rece-
voir, cette même couleur est le témoignage de ce que vous devez avoir fait, puis-
qu'elle représente le symbole de la perfection et de cette constance inébranlable
dans le bien qui caractérise, en effet, un véritable Maître....
Voilà qui est bien clair, une fois encore : Le Compagnon doit avoir atteint la perfection
avant de recevoir la Maîtrise, ce qui est logique : On est Maître quand on est parfait, pas avant,
puisque l'enseignement des Apprentis e t des Compagnons se f a i t essentiellement p a r
l'exemple, cela nous avait été spécifié par le Vénérable Maître, on s'en souvient !

...La couleur bleue qui entoure le tablier vous démontre qu'il n'y a point de vertu solide
et durable si elle n'est soutenue par le sentiment de l'appui qui vous est donné par le Grand
Architecte de l'Univers, par la religion qui seule peut attirer sur nous les faveurs célestes.

En lui rendant son épée, il dit :

V.M. : M o n Frère, je vous rends votre épée, c'est l'emblème parfait du


pouvoir que tout Maître doit exercer contre le vice pour faire régner la Paix et la Vertu.
En lui rendant son chapeau

V.M. : J e vous rends aussi votre chapeau ; qu'il soit sur votre front le
symbole de l'esprit de Justice, de Tempérance et de Prudence qui doit accompa-
gner les Maîtres dans toutes leurs démarches. Désormais, vous pourrez vous en
62

couvrir toujours en Loge afin d'annoncer la supériorité que ce Grade vous donne
sur les Apprentis et les Compagnons

En quoi le chapeau peut-il être le symbole de la Justice... ou de la Tempérance... ou de la


Prudence ? Stoppez là la lecture et cherchez la réponse... Car il y a forcément une réponse.
Nous sommes assez avancés pour avoir d'innombrables fois constaté la précision des termes de
ce Rituel. Vous n'avez pas trouvé ? Alors cherchez ! Nous verrons bientôt si votre réponse est
la bonne...

...Lorsque vos travaux et votre attachement aux Loges maçonniques vous


auront élevé à quelque partie du gouvernement de l'Ordre, réunissez la douceur
et la fermeté, que votre autorité soit juste et fraternelle et que votre soumission
entière à la Règle et à vos chefs serve d'exemple à vos inférieurs....

Le cursus maçonnique normal sous-entend que le Frère ne s'arrête jamais de travailler


- donc de progresser - en lui, et par voie de conséquence, dans l'Ordre...

...Dans le Grade d'Apprenti, l'Ordre vous enseigna que la Justice devait être la première
règle de vos actions; dans celui de Compagnon, la Tempérance vous fut recommandée pour
vous aider à vaincre vos passions déréglées; mais vous avez appris aujourd'hui que sans la
Prudence du Maître vous ne pouvez éviter les obstacles qui s'opposent à votre avancement dans
la vertu....

« Avancement dans l'Ordre » et « avancement dans la vertu » marchent de pair. Par


conséquent, si le Maçon avance dans la recherche et l'acquisition de la vertu, il avancera aussi
dans l'Ordre, c'est d'une logique implacable (aux yeux de nos Maîtres Fondateurs...).

Il s'en suit aussi que si le Maçon a suivi les conseils et les enseignements qui lui ont été
prodigués tout au long de l'Apprentissage et du Compagnonnage, il devra être proche de l'état
de Sagesse, sinon même de l'avoir atteint. Il aura donc dépassé l'illusion du monde, Maya, la
Grande Illusion des Orientaux, il aura appris et mis en pratique le dépassement de l'intellect,
de la raison raisonnante, du « vacarme mental » du sage Montaigne e t sera donc cligne de
montrer ce dépassement, par le port - suivant les cas - du chapeau, du diadème ou de la cou-
ronne. Nous avons en effet précédemment montré, à la suite de la brillante démonstration de
R. A. Schwaller de Lubicz (in : Le Temple de l'Homme), que ces insignes symbolisent la fron-
tière faite entre les méandres de la cervelle et le rayonnement de « l'intelligence du coeur ».
L'état de Sagesse, la vraie Maîtrise, c'est l'état dans lequel la conscience n'est plus tributaire
du mental, responsable de la colossale illusion dans laquelle est plongé « l'homme ordinaire »,
mais se trouve dans le coeur spirituel, à droite dans la poitrine, comme nous l'avons vu. Voila
donc pourquoi le Maître porte un chapeau en Loge...

...Par le Grade de Maître, vous avez acquis l'âge de sept ans, qui est le troi-
sième nombre mystérieux et le plus parfait de la Franc-Maçonnerie ; ne le dégra-
dez jamais en vous, mon cher Frère, c'est le seul moyen de découvrir un jour sa
valeur véritable...

Nous avons compris depuis longtemps que « mystérieux » désigne toujours un élément
qui se situe en nous. L'anatomie subtile de l'homme se décomposant en sept parties, comme
nous l'avons étudié aux deux premiers Grades (la septième, le plan divin, étant ternaire, ce qui
sous-entend le novénaire au delà du septenaire d ' o ù l'expression « sept et plus »), atteindre
le septenaire équivaut à atteindre l'état de Sagesse, ou Maîtrise totale de soi.
63

...Vous avez été relevé du tombeau par les signes, attouchements et mots de
Maître, c'est par les mêmes moyens que vous devez vous faire reconnaître des
Frères de ce Grade ; je vais donc les répéter devant vous en y joignant les ins-
tructions nécessaires, afin que vous puissiez les retenir et conserver le caractère
que vous venez de recevoir.
Le signe se fait en trois temps:
I - en portant la main droite, les doigts étendus et le pouce relevé, formant
une équerre, sur la poitrine,
2 - en relevant la main horizontalement, le pouce appuyé contre la poitrine,
3 - en portant la main droite, toujours en équerre, mais renversée, sur le front,
de manière que le pouce soit en bas et que la paume de la main regarde le ciel.
Au troisième temps, on tient la tête un peu détournée à droite et penchée sur
l'épaule droite. Ce signe exprime la surprise et l'horreur dont furent saisis les
Maîtres lorsqu'ils découvrirent le cadavre du respectable Maître Hiram.
Le deuxième temps de ce signe est le signe d'Ordre ordinaire dans la Loge
de Maître...
Il n'y a aucun commentaire à faire sur cet exposé du signe de Maître. Si ce n'est cepen-
dant un petit détail absent (peut-être par oubli ?) à cette démonstration: à savoir que si ce signe
est fait en entier avec une certaine vivacité, comme il doit l'être, vu la grande surprise et l'hor-
reur ressentie au moment de la découverte du corps d'Hiram, le fait de tourner et de pencher
vivement la tête à droite et en arrière, risque de faire perdre l'équilibre (ou d e provoquer un
« tour de rein » - non, ne riez pas). C'est pourquoi, traditionnellement dans tous les Rites, le
pied droit est porté légèrement en arrière en même temps, ce qui provoque un imperceptible
recul du corps, parfaitement conforme à l'esprit du mouvement de surprise et d'horreur....
...L'attouchement se fait avec un autre Maître en joignant pied droit contre
pied droit, genou contre genou, poitrine contre poitrine, la main droite dans la
main droite et la main gauche, tous doigts écartés, appuyée derrière l'épaule
gauche. (C'est à ce dernier temps qu'on se donne le mot du Grade)
L'attouchement de la main droite dans la main droite, dont je viens de vous
parler, se fait en passant le pouce entre le pouce et l'index et en se saisissant
mutuellement le poignet avec les trois doigts du milieu un peu recourbés, en
entourant avec le petit doigt, aussi recourbé, la partie inférieure de la main; ce
quatrième temps de l'attouchement général est le seul qui se donne entre deux
Frères qui veulent se re-connaître hors de la Loge de Maître._
Ce qui est communément et familièrement appelé « la griffe de Maître »...
...Le mot du Grade est MAK-BENAK, ce qui signifie : le corps est cor-
rompu, ou : la chair quitte les os. Ce mot se donne en s'embrassant, la première
syllabe à l'oreille droite et les deux dernières à l'oreille gauche, mais il ne se
donne en entier qu'en Loge.
64

Hors de la Loge, on ne le donne que par les deux lettres M.B., l'un donne la
première et l'autre la seconde.
Rappelons... que l'oreille droite du Frère qu'on a en face de soi... est à notre gauche !

Ensuite, le Vénérable Maître dit

V.M. : M o n Frère, votre nom de Maçon dans la Loge en qualité de


Maître sera désormais GABAON, qui signifie élevé, le mot de reconnaissance
sera SCHIBOLET. Ce dernier servira pour vous procurer l'entrée des Loges régu-
lières, mais n'en faites usage qu'avec prudence et circonspection, ainsi que de
tous les autres mots qui vous ont été enseignés, et prenez garde à ne pas vous lais-
ser surprendre par de faux Frères.
Cette instruction étant terminée l e Vénérable Maître dit ensuite

V.M. : M o n Frère, l'âge que vous venez d'acquérir vous donne le droit
de travailler sur la Planche à Tracer ; c'est là que vous devez étudier les plans les
plus convenables pour la perfection de l'ouvrage et pour la direction des ouvriers.
Allez vous présenter au Frère Premier Surveillant, il vous fera essayer ce nouveau
travail par le batterie de votre Grade.
Le Maître des Cérémonies le conduit vers le Premier Surveillant qui le conduit à son tour
auprès de la Planche à Tracer qui est dessinée sur le Tapis ; il y frappe avec son maillet trois
fois trois coups - 0 0 0 0 0 0 0 0 0 -ensuite il remet son maillet au Récipiendaire qui
y frappe de la même manière.

A la fin de ce travail. le Frère Introducteur va reprendre sa place dans la Loge...

Rappelons une dernière fois que le Frère Introducteur qui. pendant toute la Cérémonie de
la Réception (à tous les Grades !) joue un rôle effacé, symbolise - avons-nous dit - l'Ange
Gardien du Récipiendaire. Mais ce que, dans la tradition chrétienne, on appelle « Ange gar-
dien », est en fait « L'Etincelle Divine » en nous. Il est temps de préciser maintenant le voca-
bulaire employé, afin que les notions dont nous parlons soient clairement établies

« L'homme ordinaire » (comme disent les textes) est une personne qui croit très fortement
et comme une évidence, qu'elle EST le corps; que ce corps est doté d'un cerveau qui lui sert à
penser, réfléchir, etc... La « petite voix de la conscience » est une notion très floue, peu impor-
tante à ses yeux et pas du tout digne d'intérêt. Cette personne se prend pour une entité séparée
de toutes les autres entités, séparée également des objets qui l'entourent. Rappelons d'ailleurs
que le mot « personne » vient du latin « persona », qui désignait le masque que les acteurs
portaient quand ils jouaient sur scène. Il y avait une persona tragique, une persona comique,
etc... Une « personne » n'est donc pas une réalité, mais une fiction, un personnage joué sur une
scène. C'est bien ainsi que le Sage se voit et voit tous les autres: Le corps, le mental, les objets,
le cosmos tout entier sont une fiction, un jeu (lilâ, en sanscrit , le jeu; le jeu auquel s'amuse Dieu
qui rêve le monde...). La réalité se trouve derrière le masque, sous le masque, sous la personne.
JE ne suis pas Monsieur Tartempion. Monsieur Tartempion est une personne, c'est à dire
quelque chose de fictif, d'illusoire. JE suis la réalité qui est cachée (à nos yeux de chair) derrière
l'apparence de la personne, comme l'acteur romain derrière son masque.

D'autre part, quand, dans le vocabulaire commun, nous parlons de « l'Etincelle Divine
en nous », on aura compris que l'expression en question est fausse : JE ne suis pas un corps qui
possède une Etincelle divine cachée dedans, mais JE SUIS l'Etincelle Divine, momentanément
65

(et illusoirement) cachée dans un corps - comme l'eau de la vague est cachée sous une forme
que nous appelons « vague », mais en réalité, il n'y a pas de vagues, il n'y a que l'eau de la
mer. Les vagues ne font qu'apparaître et disparaître, mais non pas naître et mourir. Nos corps
ne sont que des agrégats de particules (les mêmes dans tout l'univers) momentanément agglo-
mérées en atomes et en molécules, en attendant non pas de mourir, mais de se désunir, se désa-
gréger pour former d'autres « corps » etc... L'univers n'est qu'un immense jeu d'apparences
qui se font et qui se défont sans cesse: RIEN, jamais, ne naît ni ne meurt. Notre grand Lavoisier
était sans aucun doute un Sage pour avoir dit (à une époque où la Physique des Particules
n'était pas encore née) : « Rien ne se crée, rien ne se perd. tout se transforme ».

Autre remarque de sémantique : Quand nous disons que nous atteignons l'état de Sagesse,
c'est encore une façon de parler inadéquate: Nous SOMMES l'Etincelle Divine de toute éterni-
té ; nous n'avons donc rien à atteindre.... Le « petit moi » serait bien en peine « d'atteindre » le
divin. Nous devons simplement reconnaître, retrouver notre état originel. Nous recherchons la
Sagesse comme celui qui cherche ses lunettes alors qu'il les a sur le nez, ou celui qui cherche
son chapeau qu'il a sur la tête, ou celui qui cherche son cheval sur lequel il chevauche... Rien à
chercher : mais se réveiller de ce songe, de cette incroyable et gigantesque farce, de cet immen-
se labyrinthe dans lequel nous sommes perdus. Le Rite Ecossais Rectifié constitue une métho-
de qui permet ce réveil. On peut continuer à dormir dedans, ou s'en servir pour s'éveiller enfin
de ce songe qui finit pal- apparaître comme un cauchemar, même s'il y a parfois des moments
qui nous paraissent agréables. C'est une question de choix...

...tandis que le Maître des Cérémonies, ayant conduit le Récipiendaire entre les deux Sur-
veillants, dit

M.des C. : Vénérable Maître, le Frère nouveau Maître a commencé son tra-


vail sur la Planche à Tracer.

V.M. : F a i t e s - l e reconnaître par les Frères Surveillants, les Officiers titu-


laires de la Loge et par ceux qui ont dirigé son travail. Vous le présenterez ensuite aux
Respectables Frères qui sont à l'Orient, afin qu'il reçoive d'eux le baiser fraternel.

Le Vénérable Maître dit alors

V.M. : V o u s connaissez, mon Frère, les obligations des Maçons envers


les indigents ; vous devez aujourd'hui une offrande particulière en leur faveur
allez vous présenter au Frère Elémosinaire pour mettre dans le tronc des aumônes
ce que vous jugerez à propos.

: A l l e z maintenant vous placer entre les deux Surveillants pour y


entendre les instructions et les explications de votre nouveau Grade, elles méri-
tent toute votre attention.

Ainsi se termine cette prestigieuse Réception au Grade de Maître.

Nous allons donc maintenant étudier les Instructions qui sont une confirmation de ce qui
a été fait et dit, mais qui apportent souvent des éléments supplémentaires, nous nous en étions
déjà aperçus dans les Grades précédents.
INSTRUCTION MORALE

Frère Orateur : M o n cher Frère,

Si vous avez été attentif aux cérémonies de votre réception, aux récits qui
vous ont été faits et aux décorations de la Loge, vous avez pu remarquer des
choses toutes nouvelles qui, peut-être même, paraissent se contredire. Cependant,
ces contradictions ne sont qu'apparentes, vous en conviendrez un jour ; elles sont
fondées sur la diversité d'objets que l'Ordre vous présente à la fois dans les trois
Grades fondamentaux que vous avez reçus et principalement dans ce dernier, les-
quels, malgré leurs rapports, sont essentiellement distincts et différents ; ils se
rapportent en général et en particulier à la nature universelle et à l'homme moral
qui sont liés l'un à l'autre par le même centre qui est l'auteur de l'un et de l'autre,
c'est ce qu'on a eu en vue depuis le premier pas que vous avez fait dans nos
Loges ; tous les symboles, tous les emblèmes, toutes les allégories qui vous ont
été présentés, ont eu ce double but.
Effectivement : Nous avons passé en revue les trois Grades « bleus » et c'est vrai que tous
les éléments qui se sont accumulés au long des pages représentent un ensemble considérable
très dense. Mais nous avons pu constater que le fil conducteur, non perceptible à première vue,
était d'une solidité à toute épreuve. Comme dans un collier de perles où l'on ne voit que les
perles, il n'y aurait pas de collier possible sans le fil solide qui les joint toutes ensemble. Il faut
bien se rendre compte aussi que

I ) J.13.Willermoz, ne voulait choquer personne. L'atmosphère générale à cette époque


n'était pas ce quelle est de nos jours, où l'on peut se permettre (vu les progrès remarquables
de la Science qui. de plus en plus, vient confirmer ce que les Sages ont enseigné tout au long
des siècles) de dire clairement - ce que nous avons fait - ce que jadis on ne pouvait que sug-
gérer.

2) Il était également impératif de rester dans la stricte ligne de l'enseignement de l'Eglise,


ce qui interdisait de dire en clair ce que l'on ne pouvait, là encore, que suggérer. Nous allons
voir, dans la suite de ce discours, combien les précautions oratoires de l'Orateur sont tou-
chantes...

Nous convenons avec vous que ce mélange rend votre tâche plus pénible,
mais rien ne s'acquiert, dans cette carrière, sans travail, et c'est déjà vous rendre
un grand service que de vous apprendre qu'il ne faut pas confondre tout, et qu'il
faut séparer ce qui doit être distinct.
68

Si le présent travail, au long des trois Grades « bleus », peut avoir apporté une aide, c'est,
nous semble-t-il, précisément en clarifiant ce qui pouvait paraître touffu... C'est du moins ce
que nous avons cherché à faire, après une étude, qui a pu nous paraître longue sinon même -
pourquoi ne pas le dire - en certains points fastidieuse... mais n'était-ce pas un aspect que nos
Maîtres Fondateurs ont glissé volontairement, pour nous forcer au travail ?...

Nous ne pouvons vous donner que des explications relatives à votre Grade,
mettez-les à profit et vous remplirez le voeu de la Loge qui me charge de ce soin.

Ceci est bien vrai. Nous avons fait remarquer, sans insister naturellement, que dans
chaque Grade, quelques éléments de la suite étaient volontairement et subrepticement glissés
de sorte que toute la série des Grades se tiennent comme les wagons d'un train, solidement arri-
més l'un à l'autre...

Le temple de Salomon à Jérusalem est la base invariable de toute la Franc-


Maçonnerie; vous retrouverez la même, sous différentes formes, dans tous les
Grades. Cet édifice a toujours eu un rang distingué parmi les merveilles du monde
terrestre; méditez donc quelle fut sa destination, les plans sur lesquels il fut élevé,
la main qui les traça, la sagesse de celui qui les fit exécuter, les rares talents de
celui qui en dirigea la construction, ses dimensions, ses divisions, ses ornements,
enfin les grandes révolutions qu'il a subies ; peut-être y trouverez-vous de grands
rapports avec vous-même, peut-être en trouverez-vous aussi de grands avec la
Nature et avec son auteur.

Un élément très important vient là d'être présenté: Nous avons répété plusieurs fois, au
long de ce travail, que « le Temple de Salomon à Jérusalem » devait, pour nous Maçons, être
considéré comme symbole de notre Temple Intérieur : « Peut-être y trouverez-vous de grands
rapports avec vous-même », dit le Frère Orateur... ce qui confirme notre propos. Nous pouvons
ajouter que le problème que pose ce Temple fameux dépasse sans aucun doute la Maçonnerie,
depuis que l'archéologie officielle israélienne (les archéologues israéliens sont parmi les
meilleurs du monde) a établi.., qu'il n ' y a pas trace à Jérusalem d'un Temple érigé par
Salomon. Mieux : I l n'y a aucune trace, fût-elle minime, d'un peuple hébreu, israélite, juif,
dans t o u t l e Moyen Orient avant._ l e s successeurs lointains d e Salomon (Frédéric
THIEBERGER, ancien Professeur au séminaire rabinique de Prague : un auteur au-dessus de
tout soupçon !). Même la célèbre stèle égyptienne de Merenptah, dans le texte de laquelle cer-
tains voudraient nous faire croire que le mot « iisiirimro » devrait se lire « Israël » incline les
chercheurs sérieux à sourire.., pour ne pas dire plus ! On nous certifie que Salomon était marié
« à la fille de Pharaon ». Nous connaissons fort bien le pharaon qui régnait au temps de
Salomon. Il avait en effet une fille... mariée à un noble égyptien. En fait, ni les Chaldéens, ni
les Assyriens, ni les Egyptiens n'ont jamais entendu parler d'un roi Salomon ni de son peuple
tel que nous le raconte la seule Bible. Ce qui signifie que, bien au delà de la Maçonnerie, le
« Temple de Salomon à Jérusalem » est un édifice mythique. Ce qui ne retire rien à sa splen-
deur ni à son symbolisme profond... et constitue bien, comme le dit le Frère Orateur, « un édi-
fice (qui) a toujours eu un rang distingué parmi les merveilles du monde »...

Les Saintes Ecritures vous instruisent assez du rare savoir de notre Maître
Hiram-Abif, de ce sublime ouvrier qui mérita d'être l'ami intime du plus sage des
rois, qui étonna par l'assemblage de ses talents et qui sera à jamais célèbre par ses
succès. Elles se taisent à la vérité sur sa mort et sur les circonstances dont on vous
69

a fait le récit, mais leur silence même vous force d'étudier l'emblème ; et, soit que
cette histoire soit vraie, ou qu'elle ne nous présente qu'une ingénieuse allégorie,
elle vous offre pour le moral et pour le physique, d'importantes vérités à décou-
vrir si vous avez le courage de vous en occuper.

Voila qui est clair : « Soit que cette histoire soit vraie ou qu'elle ne nous présente qu'une
ingénieuse allégorie... ». C'est bien en fait une allégorie et l'Orateur emploie également le mot
« emblème ». Là n'est pas l'importance pour le Maçon. Pour chacun de nous en effet, l'histoi-
re d'Hiram et du « Temple de Salomon à Jérusalem » n'est là que pour nous donner un fil
conducteur qui nous guide sur le chemin intérieur que nous avons à parcourir.

Le lugubre appareil qui a frappé vos regards en entrant en Loge, et le cer-


cueil placé au milieu du Tapis qui représente l'intérieur du Temple, se rapportent
aux cérémonies dont vous avez été l'objet et vous rappellent en même temps la
mort et la fin de toutes les choses élémentaires, après leur durée passagère.

Les péripéties de la vie sur terre constituent bien les « choses élémentaires » que nous de-
vons abandonner pour nous occuper de ce qui est réellement important : Vaincre l'illusion de
la vie et de la mort et atteindre la Réalité en nous en réalisant le « plus profond silence », for-
mule répétée par le Vénérable Maître et dont nous avons vu qu'elle ne signifiait pas simple-
ment « se taire » en Loge, mais bien réaliser le silence intérieur au prix « du courage, de la per-
sévérance et de l'intelligence ». En d'autres termes voici un texte écrit par quelqu'un d'autre
(Don Juan Matus, Chaman de Castanéda), qui savait de quoi il parlait

LE SILENCE INTÉRIEUR

Une fois que l'on est parvenu


au silence intérieur,
tout est possible.
8
Pour faire cesser le bavardage intérieur, il faut
employer exactement la même méthode
que celle avec laquelle
on nous a appris à parler:
y-e

C'est à dire sous la contrainte et inflexiblement.


>I(
Et c'est ainsi que nous devons nous taire:
sous la contrainte et inflexiblement.
\722-•
70

Vous êtes entré en Loge comme Compagnon accusé d'être le complice d'un
grand crime ; mon cher Frère, jetez un oeil attentif sur l'hornme, voyez s'il est dans
son état de première nature et osez dire, si vous pouvez, qu'il n'est pas coupable.

Nous sommes en effet tous coupables « in illo tempore » (dans ces temps... si lointains)
d'avoir abandonné le monde divin et d'avoir cru que notre « petit moi » serait capable de maî-
triser le monde... ce que nos « savants » cherchent d'ailleurs à faire, ce qui donne la pollution.
des maladies de plus en plus graves, la faiblesse de tant et tant de jeunes et de moins jeunes qui
s'abandonnent aux « paradis artificiels », les guerres de toutes sortes dans le monde entier, une
agriculture démentielle et polluante, des aberrations comme celles qui consistent à nourrir des
herbivores avec des cadavres d'animaux.. e t c . . . etc... Vous êtes-vous un jour demandé ce que
signifiait réellement l'expression « le péché originel » '? Vous avez la réponse. Quand l'homme
abandonne enfin cette illusion lamentable et catastrophique, ce rêve qui l'habite et qui tourne
au cauchemar, alors il retourne au divin qui l'attendait « dans les replis de son coeur ». Et il
retrouve l a Paix, la Joie, l'Amour. Voici un texte que nous avons déjà donné précédemment

A L A RECHERCHE D E DIEU...

J'ai parcouru le monde


à la recherche de Dieu
sans jamais L e rencontrer.
'Cf

Revenu chez moi,


je L e vis sur le seuil de mon cœur
et je L'entendis me dire :
*
« C'est i c i que je t'attends
depuis une éternité... »
%a

Alors j e suis entré avec L u i dans ma maison.


8 J a l â 1 ad-dîn Rtimî

Vous avez été placé à l'Occident, le dos tourné vers l'Orient; triste image de
l'homme qui voit venir son couchant sans s'interroger d'où il vient ni où il va. Cet
emblème a été soutenu dans le cours de vos voyages mystérieux, pendant lesquels
le Vénérable Maître vous a exhorté à penser à la mort, puisque vous étiez près de
votre tombeau. Pensez-y donc efficacement et ne méprisez pas les avertissements
de la Nature et de celui qui veille sur vous.
71

Lors de l'entrée du Frère Compagnon. nous avions bien fait remarquer que cette façon
d'entrer à reculons était précisément symbolique d'une « erreur de direction » dans la façon de
mener sa vie. Nous avons donc le devoir de changer radicalement de direction pour regarder
vers l'Orient et non vers le Couchant. Après ce que nous venons d'écrire concernant l'huma-
nité toute entière, on comprendra que cette remarque vaut également pour l'ensemble des
hommes de cette planète, mais particulièrement pour tous ceux qui se disent « civilisés », car
ce sont précisément ceux-là qui mènent l'humanité et sans doute la planète entière à sa perte.
Certains Maçons, parfois, posent la question de savoir si la Franc-Maçonnerie est une
voie d'avenir pour améliorer cet état de fait désastreux: Nous réalisons que si tous les Maçons
du monde comprenaient l'enseignement de leurs différents Rituels (et le Rite Ecossais Rectifié
en particulier), et le mettaient en pratique avec courage, persévérance et intelligence, alors
peut-être l'espoir pourrait-t-il renaître sur notre si belle planète bleue... Car - cela nous a été
dit - l a meilleure façon d'enseigner la Sagesse, c'est, non pas de prêcher ou de faire des
reproches. ni même seulement d'enseigner, mais simplement et surtout, de donner l'exemple.
On vous a montré le tombeau qui vous attendait, et vous y avez vu les tristes
restes de celui qui a vécu. Ce tombeau est l'emblème de la maîtrise universelle
qui doit finir dans son tout comme dans ses parties et à laquelle un nouveau règne
plus lumineux doit succéder.
Nous l'avons maintes fois précisé: Tout ce qui naît doit mourir. Mais quand la conscien-
ce s'éveille à sa vraie nature, ce cycle infernal (ce dernier mot est exactement celui qui
convient) s'achève et le « règne lumineux » s'établit - ou plutôt se rétablit.
Le mausolée placé à l'Occident vous a offert un spectacle plus consolant en
vous apprenant à distinguer ce qui doit périr d'avec ce qui est indestructible ; et
les maximes que vous avez reçues dans vos voyages vous ont appris ce que doit
faire celui qui a eu le bonheur de connaître et de sentir cette distinction.
Distinction fondamentale entre ce qui est immortel (l'Etincelle divine) et ce qui est péris-
sable (le « petit moi » : corps et mental). Connaître cette distinction et faire en sorte qu'elle se
traduise dans les faits vécus, c'est bien cela, en effet, qui est le « vrai bonheur » dont parlait le
Vénérable Maître au Profane qui se présentait pour être admis dans l'Ordre.

Comme Apprenti vous aviez monté trois marches de l'escalier mystérieux;


comme Compagnon, vous en aviez monté cinq ; comme Maître, vous venez d'en
monter sept et vous avez acquis l'âge distinctif de votre Grade ; mais, mon Frère,
craignez aujourd'hui de redescendre et d'altérer le nombre de perfection dont
vous venez d'être décoré. Cet escalier vous a conduit à la porte du Temple; il vous
avait été fermé lors de vos précédentes tentatives, mais aujourd'hui l'entrée vous
a été ouverte pour vous apprendre qu'un désir pur, un exercice intelligent et un
courage ferme et persévérant parviennent à dissiper tout obstacle.
Atteindre le septenaire sacré, par étapes 3 - 5 - 7, est la Voie. Réaliser de façon vécue doit
suivre immédiatement, faute de quoi la chute est toujours possible. Savoir ce qu'il faut faire est
la première étape. Le faire doit suivre immédiatement : Tant que l'Illumination n'a pas eu lieu
dans la conscience éblouie, la chute est possible. « Il faut battre le fer tant qu'il est chaud » dit
la Sagesse populaire. Si on le laisse refroidir, tout est perdu, et le remords est sévère... On peut
tout pardonner à celui qui ne sait pas. Mais celui qui sait et qui n'agit pas en conséquence, est
impardonnable.
72

Vous avez fait trois pas sur le tombeau entre l'équerre et le compas pour aller
à l'Orient. Naître, mourir et renaître pour l'Éternité où sera le vrai Orient, c'est là
notre sort actuel et notre destination ; ce ne sera que notre troisième pas qui déci-
dera si notre voyage était pour la vie ou pour la mort; marchons toujours dans la
Justice et notre dernier pas nous mettra dans un port assuré.

Ce qui confirme ce que nous venons de dire.

On vous a fait prêter un nouvel engagement et renouveler les anciens; mon


cher Frère, comptez souvent avec vous-même, pensez souvent à vos devoirs et
renouvelez au fond de votre coeur les engagements qui vous lient envers l'Étre
suprême, envers vos Frères et envers vous-même, c'est le vrai moyen de les tenir,
et d'avoir toujours l'âme calme et tranquille.

C'est la définition-même du « feu de roue » des alchimistes: Vouloir aller trop vite et brû-
ler les étapes n'est pas la bonne méthode ; être régulier dans le travail, persévérant, constant
dans l'effort jusqu'à la victoire finale qui change toute la vie, voilà la bonne méthode et le suc-
cès assuré.

Vous avez reçu trois coups mortels et vous avez été renversé dans le tom-
beau. Ces trois coups désignent le danger des passions dominantes de l'homme
et qui sont les plus funestes : l'Envie qui empoisonne toute jouissance et cherche
à détruire celle du Prochain ; l'Avarice qui nous rend souvent injustes et presque
toujours insensibles aux malheurs d'autrui ; l'Orgueil qui s'inite de tout e t ne
pardonne rien. Vous avez été comme enseveli dans l e tombeau pour vous
apprendre que l'homme livré au vice est comme mort dans la société qui gémit
de ses erreurs.

« Laissez les morts ensevelir leurs morts » disait le Christ. Le tout est de savoir ce que
l'on veut. Le choix est entre la Vie et la mort. L'un des mystiques rhénans bien connu ( Henri
Suso, sauf erreur ) disait fort justement sous forme de boutade (mais, là encore, une boutade
criante de vérité)

« Wer nicht stirbt bevor et stirbt


wird sterben wann er stirbt
(Celui qui ne meurt pas avant qu'il ne meurt, mourra lors de la mort)

Aphorisme que nous nous sommes permis de citer dans la langue de Goethe, parce qu'en
allemand, cela « résonne » beaucoup mieux... Oui, celui qui ne meurt pas ( , qui n'abandonne
pas ce qui lui est étranger, le corps et son mental) avant que sonne l'heure de la mort (du
corps !) mourra au moment de la mort, puisque justement il se prend pour le corps... Il faut
donc abandonner avant la mort c e corps illusoire, en plaçant de façon stable et définitive sa
conscience dans la Lumière divine et lorsque le corps mourra, nous ne mourrons pas avec lui,
mais serons libérés de ce qui était inutile... Ce ne sera pas alors le drame de la mort, mais une
simple formalité : nous quitterons notre corps comme on abandonne sa première culotte, sans
plus y penser, comme ces Sages Peaux Rouges américains qui, ayant bien rempli leur vie et
73

transmis la Connaissance à ceux qui en étaient dignes, la tâche accomplie, s'asseyaient dans
leur wig-wam et quittaient leur corps, simplement, en toute sérénité, entouré de toute la tribu.
il n'y avait alors aucune lamentation, mais de la Joie parmi tous, car tous savaient que la mort
n'existe pas et que le Sage est éternellement parmi et avec nous.

Vous en avez été relevé par le Vénérable Maître assisté de ses Surveillants
qui avaient été vos guides, mais il a fallu trois fortes secousses pour vous en
retirer.

Nous avons signalé ces « trois fortes secousses » apparemment oubliées dans le texte du
Rituel au moment des « relevailles »...

On vous a appris par là que si le pire des maux est de languir dans la mort
du vice, l'homme peut, avec du courage, de la bonne volonté et le secours de bons
conseils, dompter les passions qui le dominent et acquérir une nouvelle vie ; c'est
alors q u ' i l devient véritablement u n Maître utile par l'instruction e t par
l'exemple ; c'est alors aussi qu'il peut faire usage de la Planche à Tracer, en
offrant des plans sûrs et lumineux à ses semblables.

Le vrai Maître, qui enseigne surtout par l'exemple....

Cela vous désigne aussi les dangers de l'indolence, la faiblesse de l'Apprenti


et du Compagnon, puisqu'il a fallu toute la force du Maître pour vous arracher au
tombeau et vous rendre à la vie ; c'est cette nouvelle vie que l'homme le plus cor-
rompu peut acquérir par de fermes et constantes résolutions qui le rendent à la
vertu qui vous a été désignée, mon cher Frère, lorsque le Vénérable Maître vous
a relevé du tombeau ; c'est pour la caractériser qu'il vous a donné de nouveaux
signes, mots et attouchements ; alors la Lumière a succédé aux Ténèbres, la Loge
a brillé d'un nouvel éclat et tous les Maîtres témoins de vos nouveaux serments
se sont empressés de vous reconnaître pour leur Frère.

Et que la Joie demeure, dans les coeurs, selon la formule, que Jean-Sébastien BACH a si
merveilleusement mise en musique...

Ces explications doivent vous suffire, mon cher Frère, pour vous faire
connaître que la Franc-Maçonnerie n'a pas d'autre but que de rendre les hommes
meilleurs et plus utiles à leurs semblables. En voilà assez pour vous donner d'elle
en général et de votre Grade en particulier, une opinion qui puisse vous diriger
heureusement dans la carrière qui vous reste à parcourir.

C'est, en effet, le seul but de la Franc-Maçonnerie. Mais il est splendide, lumineux et ô


combien, fraternel. Car on comprendra après tout ce qui précède, que le Sage - et donc le
Maître Maçon - rayonne de Fraternité tout naturellement.

Cultiver la Fraternité est évidemment bien et bon. Mais résider dans la Sagesse, amène
le Maître à une Fraternité naturelle et à un Amour total avec toute la Création.
77

qui est absolument certain : I l n'a pas existé en Palestine avant le cinquième successeur de
Salomon... les archéologues israéliens n'ont pas pu retrouver le moindre tesson israélite en
Palestine ni dans tout le Moyen Orient datant d'avant -800 environ. Alors que cette région est
particulièrement riche en vestiges archéologiques multiples, s'étendant sur plusieurs millé-
naires avant JC - à Jérusalem en particulier.

D.- Quel nom donnez-vous au fils d'un Maître ?


Re- Lawton

D.- Quel avantage a dans l'Ordre le fils d'un Maître ?


R.- Il a le privilège d'être reçu Maçon par préférence à tout autre qui n'au-
rait pas le même titre, malgré toute distinction de rang civil ou d 'âge.

Jadis un lawton (fils de la loi) pouvait être admis à 18 ans, alors que l'âge légal d'adulte
était de 21 ans...

D.- Quels sont les cinq points parfaits de la maîtrise'!


R.- Le pied droit contre le pied droit, le genou contre le genou, la poitrine
contre la poitrine, la main droite empoignant la main droite et la main gauche
étendue et appliquée au dessous de l'épaule gauche, ce qui forme l'attouchement
parfait de la maîtrise en Loge.

D.- Que signifient les cinq points de cet attouchement ?


R.- Ils rappellent au Maçon la sincérité, la cordialité, l'union intime qui doivent
régner entre eux et l'obligation de se secourir les uns les autres de tout leur pouvoir

D.- Les Maçons doivent-ils des secours à tous ceux qui ont ce titre?
R.- I l s doivent à tous sans distinction, ainsi qu'aux autres hommes, les
secours que l'humanité réclame, mais ils ne doivent l'instruction et les secours
de l'intime fraternité qu' à ceux qui, par leurs travaux, se rendent dignes d'être
avoués par l'Ordre.

Les cinq points de la Maîtrise rappellent aussi, fondamentalement, la maîtrise des cinq
plans de la Nature et donc de l'homme, souvent pour cette raison représentés dans un penta-
gramme étoilé, comme nous l'avons vu en étudiant le Grade de Compagnon.

Ceci dit, d'autres aspects de ces cinq points de la maîtrise peuvent être évoqués:

1) Le premier point est la « griffe ». La main est un « outil » important qui caractérise
l'homme. Les « primitifs », déjà, en étaient conscients, qui dessinaient de nombreuses mains
sur les parois des grottes. La « griffe du Maître » n'est pas une simple poignée de mains. Il
s'agit ici au contraire d'une entente, d'un « jumelage » d'une solidité à toute épreuve ; les cinq
doigts sont tous impliqués et actifs pour concrétiser cette entente fraternelle indissoluble.
Signalons que la Tradition rapporte que, lors du transport des arbres du Liban, devant servir à
la construction du Temple de Salomon « le rivage était si escarpé qu'il était impossible de quit-
ter les radeaux sans être tiré de haut par des hommes placés là dans ce but et à l'aide de cette
poignée de main qui se nomme la Louve ». Cette poignée de main différente mais semblable à
la griffe de Maître (les quatre doigts accrochés les uns aux autres et les pouces par dessus côte
à côte), est si solide que deux hommes qui se tiennent ainsi sont assurés de ne pas lâcher prise...
78

2) Le pied droit contre le pied droit : le pied est l'endroit du corps humain qui est en
contact avec le sol, avec notre Mère la Terre. Le pied droit est le symbole de la stabilité : la soli-
de entente est confirmée par ce geste des deux pieds droits. (Rappelons que le pied gauche est
le symbole du mouvement ; en Ancienne Egypte tous les pharaons représentés debouts, ont
toujours le pied gauche en avant : signe de dynamisme ; à notre époque encore, les soldats par-
tent toujours du pied gauche).
3) Le genou droit contre le genou droit. Nous avons relevé la différence entre les deux
genoux : le genou gauche est signe d'initiation et de maîtrise ; saint Jean-Baptiste était toujours
représenté le genou gauche dénudé ; lorsque Pythagore montrait à de très rares occasions son
genou en or, il s'agissait du genou gauche, etc... ; le genou droit est celui que l'on met en terre
en signe d'humilité, d'hommage, de soumission ; les deux genoux droits accolés sont signe de
fraternité entre les deux Maîtres qui se reconnaissent ainsi d'une totale égalité entre eux.
4) Poitrine contre poitrine : la position dans laquelle les deux Maîtres sont I* un par
rapport à l'autre, fait qu'ils ont la partie droite de la poitrine accolée; nous savons que « le coeur
à droite » est signe de maîtrise spirituelle ; ils se reconnaissent donc sur le même plan de maî-
trise spirituelle ; il y a par conséquent entre eux « reconnaissance » et aussi amour fraternel.
5) Epaule contre épaule, avec la main gauche qui soutient ce geste de protection mutuel-
le: deux Frères Maçons se doivent protection mutuelle.
Dans cette attitude, ils peuvent alors procéder à la reconnaissance par le mot du Grade.
D.- Quel est le signe habituel d'Ordre en Loge ?
R.- C'est le second temps du signe du Maître, appelé signe de douleur
D.- Combien les Maçons ont-ils de figures ?
R.- Le nombre ne peut être fixé car toute équerre, niveau ou perpendiculai-
re leur sert à en former
D.- Dites-moi combien ils ont de signes déterminés ?
R.- Ils en ont quatre, savoir: le guttural pour les Apprentis, le pectoral pour
les Compagnons, le pédestre pour les Maîtres et le manuel qui sert aux Apprentis,
aux Compagnons et aux Maîtres, mais sous différentes lbrmes.
D.- En quoi consiste la marche des Maîtres ?
R.- Elle consiste en trois pas, allant de l'Occident au Midi, du Midi au Nord,
et du Nord à l'Orient, les deux pieds devant former ensemble, à chaque pas, une
double équerre.
D.- Que signifie la double équerre par laquelle chacun de ces pas se termi-
ne aux quatre points cardinaux ?
R.- Elle annonce qu'un Maître doit être irréprochable dans ses moeurs et sa
conduite et qu'il doit toujours servir d'exemple à ses Frères.
Le signe des pieds en équerre simple (aux Grades d'Apprenti et de Compagnon) se fait
avec les deux talons accolés ; les deux pieds représentent donc une équerre. Le Maître, par
contre, place son deuxième talon dans le creux du premier pied, qui forment ainsi ensemble une
double équerre.
D.- Comment frappent les Maîtres ?
R.- En triplant la batterie des Apprentis, ce qui fait neuf coups, par trois fois trois.
La batterie du Maître sera approfondie plus loin.
DEUXIÈME SECTION

D.- Où avez-vous été reçu Maître ?


R.- Dans l a Chambre du Milieu, séjour de regrets et de larmes.
D.- Comment y êtes-vous parvenu ?
R.- Par un escalier mystérieux en forme de vis qui se monte par 7 .

Nous avons souvent signalé que « mystérieux » signifie « intérieur ». Toute l a


Maçonnerie ne s'occupe en fait que de ce chemin et de cet escalier (mystérieux), puisque cela
est l'unique but de notre vie sur cette terre... Ce dont on devient conscient peu à peu en cher-
chant...

D.- Comment y êtes-vous entré ?


R.- En marchant à reculons.

D.- Pourquoi ?
R.- Afin de ne pas être ébloui par l'éclat d'une lumière inattendue.
D.- D'où partait-elle?
R.- D'une lame triangulaire qui était sur le tombeau.

Nous avions proposé un autre commentaire à la marche à reculons. Les deux aspects sont
complémentaires e t ne s'excluent nullement. Nous savons que la lame triangulaire symbolise
la Lumière Intérieure de Maître Hiram. Cette Lumière-là risque en effet d'être éblouissante.
Maître Hiram était un authentique Sage. Voici comment Mr. Hurnphreys, un Anglais, décrit le
premier contact qu'il eut avec un Sage contemporain, le célèbre Maharshi, dans le sud de
l'Inde, au début du XXème siècle

« En arrivant à la grotte, nous nous assîmes à ses pieds sans rien dire. Nous sommes
restés ainsi pendant un long moment, et je me sentis soulevé hors de moi-même. Pendant
une demi-heure, je plongeais mes regards dans les yeux du Maharshi d'où ne disparaissait
pas l'expression de méditation profonde. Je commençai à comprendre en quelque sorte que
le corps est le temple du Saint Esprit. Je sentais que ce corps n'était pas l'homme. C'était
l'instrument de Dieu, un simple cadavre assis, sans bouge!: et cl 'où la divinité rayonnait de
façon terrifiante. Ce que j'éprouvais est indescriptible ».

A titre de comparaison, rappelons que le célèbre Curé d'Ars appelait son corps « mon
cadavre »...

Un autre visiteur, le célèbre Paul Brunton, spécialiste des religions de l'Inde et auteur de
nombreux livres sur le sujet, allait comprendre, en face du Maharshi, la différence qu'il y a
entre « religion » et « spiritualité ». Lui aussi, en présence du Sage, comprit que son corps
n'était « qu'un cadavre ». Nous ne pouvons pas ne pas établir une comparaison avec le drame
dans lequel le Compagnon se trouve entraîné, quand il se voit « mort » sous le drap mortuaire,
alors qu'IL est vivant. Mais QUI est véritablement VIVANT ? Est-ce vraiment le corps, agré-
gat momentané et fluctuant d'atomes, ou est-ce au contraire son JE le plus profond, que dans
la méditation profonde, on ressent en effet comme inaltérable, indestructible, immortel ?...
Voici comment Paul Brunton, si sûr de lui d'habitude, si conscient de son importance d'auteur
universellement connu, décrit, lui aussi, sa première entrevue en présence du Sage :
80

« Je soutiens depuis longtemps que l'on peut connaître I 'âme d'un autre être en
voyant ses yeux. Mais devant les yeux de Shri Bhagavan ("Shri Bhagavan" est le titre défé-
rent que l'on donne à un Sage, aux Indes), j'hésitai, embarrassé, déconcerté... Je ne pou-
vais détourner de hti mon regard. Le trouble qui s'était emparé de moi tout d'abord, la per-
plexité dans laquelle m'avait jeté le sentiment d'être complètement mort, s'évanouirent len-
tement, à mesure que cette étrange fascination agissait sur moi avec plus de force. Mais ce
ne fut que pendant la deuxième heure de cette scène extraordinaire que je perçus la trans-
lbrmation silencieuse et irrésistible qui s'opérait dans mon esprit. Les questions que j'avais
si minutieusement préparées dans le train, s'effacèrent une à une, car peu importait, à pré-
sent, qu'elles fussent posées ou non, et peu importait que je résolve les problèmes dont
j'avais été préoccupé jusqu'alors ;je ne savais plus qu'une chose. un .fleuve de quiétude
paisible paraissait couler près de moi, une grande paix pénétrait jusqu'au plus profond de
mon être ; mon esprit torturé par mes pensées trouvait le repos ».

D.- Qu'avez-vous remarqué en entrant ?


R.- Obscurité, silence et tristesse générale parmi les Frères.
Dès lors que l'on s'approche de la Maîtrise, les vicissitudes de la vie sur terre sont res-
senties de plus en plus comme tristes et sans intérêt dans les « brumes intérieures » obscures
que nous évoquions dans le premier tome...

D.- Quel est le premier objet que vous avez aperçu ?


R.- Un mausolée de lbrine triangulaire qui était placé à l'Occident.
L'Occident, aux antipodes de l'Orient, est le lieu de la Dualité fondamentale, du monde
matériel, symbolisé par les deux Surveillants. Un « mausolée » est un cénotaphe (monument
funéraire sans cadavre, à la mémoire d'un mort) dédié à un personnage des plus importants
(comme le roi Mausole, d'où est tiré le mot, ou le Taj Mahal aux Indes). Le personnage de la
plus grande importance ici, c'est le Candidat lui-même, c'est le monde matériel que nous
aimons tant, alors qu'il n'est que pure illusion. Tout est fait pour que le Candidat comprenne la
vanité de toutes choses ici-bas...

D.- Qu'avez-vous remarqué de plus ?


R.- Le tombeau de notre Respectable Maître Hiram.
D.- Quelles sont ses dimensions ?
R.- Trois coudées de large, cinq de haut, sept de long.
De nouveau les trois nombres symboliques, et les mesures du tombeau correspondant aux
trois Grades: le Grade d'Apprenti pour la largeur (l'Apprenti « s'élargit », prend ses aises, dans
le monde matériel), le Grade de Compagnon (le Compagnon « s'élève » dans la connaissance
des cinq plans de l'Univers) et sept pour la longueur (le Maître « avance » vers la Lumière).

D.- A quoi font allusion ces trois nombres ?


R.- Aux différents âges des Maçons qui indiquent le travail particulier de
chaque classe.
Réponse maçonnique parfaitement correcte, mais le commentaire que nous en faisons
cherche à « dévoiler le sens caché », profondément ésotérique (au sens propre de ce mot).
81

D.- Qu'entendez-vous par là ?


R.- Qu 'il faut trois ans pour Aire un Apprenti, cinq pour un Compagnon et
sept pour un Maître.

Si nous pensons que ces trois Grades correspondent à une réalité vécue à l'intérieur ne
peut-on pas admettre que ces mesures de temps représentent aussi une réalité ? Interrogeons-
nous « au plus profond de notre coeur »

D.- Qu'avez-vous aperçu sur le tombeau ?


R.- Une tête de mort, une branche d'épine nommée acacia et une lame d'or
triangulaire sur laquelle était gravée des lettres indicatives de l'ancien mot des
Maîtres.

L'acacia est un arbre funéraire qui restait toujours vert au milieu du désert de l'ancienne
Egypte, et dont nous avons déjà parlé. Certains pensent que la couronne du Christ était en bois
d'acacia... C'est à l'ombre d'un acacia qu'Isis retrouva le coffre dans lequel se trouvaient les
restes d'Osiris démembré. En Egypte, certains initiés portaient un rameau d'acacia qu'ils nom-
maient « Hounza » (est-ce là peut-être l'origine du « Houzzé » ou « Houzzaï » que l'on trou-
ve dans d'autres rites?). Toujours est-il que l'acacia est un symbole d'immortalité et de
Lumière divine.

D.- Quel était l'ancien mot des Maîtres ?


R.- L'un des noms révérés du Grand Architecte de l'Univers.

Nous avons également largement commenté ce nom J A

D.- Qu'avez-vous vu autour du tombeau ?


R.- Neuf lumières voilées, ce qui plongeait la Loge dans l'obscurité.
D.- Que signifient-elles ?
R.- Les neuf Maîtres qui furent envoyés par Salomon à la recherche du corps
de notre Respectable Maître Hiram.

D.- Pourquoi étaient-elles voilées ?


R.- Pour désigner la privation dans laquelle se trouvent les Maçons depuis
que les vrais Maîtres sont dispersés.

D.- Quand cessera cette privation ?


R.- Lorsque ces Maîtres, étant rentrés dans le Temple, les Maçons retrouve-
ront par leur secours la parole perdue.

Ce qui signifie par conséquent que les neuf Maîtres seront capables, par un travail en
commun, de retrouver la Parole Perdue. Une parfaite maîtrise en nous des neuf différents
« corps » de l'homme, amènera au même point. C'est la fameuse « échelle de Sagesse » de
Saint Jean de la Croix.

La « Parole » a été perdue lorsque l'homme a « chuté » dans l'illusion du monde. Il a


alors tout le mal possible pour retrouver l'ordre divin. que Dieu avait créé par le « Verbe ».
L'état de Sagesse permet de retrouver le bon Ordre du monde...
82

D.- Comment vous a-t-on traité en entrant dans la Loge ?


R.- Comme un Compagnon suspect, mais j'ai prouvé mon innocence et le
Vénérable Maître in 'a rendu son amitié.

D.- Qu'a-t-on fait de vous alors?


R.- On in 'a fait faire neuf voyages emblématiques autour du tombeau.
Comme au Grade de Compagnon, les Instructions ne parlent pas de la réduction du
nombre des voyages. C'est bien le nombre devant être fait qui est le plus important. Nous
avions comparé les deux séries précédemment.

D.- Pourquoi ?
R.- Pour nie faire connaître les diverses parties du temple.
Du Temple intérieur : Si l'on garde toujours à la mémoire ce sous-entendu, les phrases
du Rituel s'éclairent d'une compréhension... lumineuse !

D.- Que vous est-il arrivé pendant ces voyages ?


R.- J'ai vu trois fois la mort devant les yeux, mais le Vénérable Maître ni 'a
rassuré par de nouvelles maximes qui in 'ont appris à voyager utilement
Dans notre voyage intérieur : il faut utiliser cette clé en permanence...

D.- Quels fruits avez-vous retiré de ces voyages mystérieux et de votre doci-
lité à suivre le guide que le Vénérable Maître vous a donné ?
R.- Le Vénérable Maître m'a averti que pour élever un édifice solide et
durable, il .fallait joindre à la Tempérance du Compagnon, la Prudence du Maître.
D.- Que vous est-il arrivé ensuite ?
R.- J'ai monté l'escalier à vis par 3, 5, et 7 en me faisant connaître par les
signes d'Apprenti et de Compagnon.
D.- Pourquoi vous a-t-on f a i t donner les signes d'Apprenti e t d e
Compagnon, et pourquoi vous a-t-on arrêté ensuite à la porte du Temple ?
R.- On a voulu me rappeler ce que j'avais été, me faire connaître ce que
j'étais et me Aire apercevoir ce qui me manquait encore.
En effet, l'essentiel n'avait pas encore été atteint : Il lui fallait passer par l'épreuve de la mort
afin de renaître dans une autre dimension... Il fallait aussi lui faire prendre conscience du travail
qui restait à faire... pour que l'épreuve de la mort ait un retentissement réel sur lui dans sa vie.

D.- Qu'a-t-on fait de vous alors ?


R.- On 'n'a conduit de l'Occident à l'Orient en passant de l'équerre au compas
sur le tombeau par trois pas de Maître en équerre, au Midi, au Nord et à l'Orient.
D.- Que signifie le premier pas vers le Midi ?
R.- Que notre devoir est de chercher la Sagesse dès que nous sommes
capables de justesse dans nos idées et susceptibles de recevoir l'instruction.

Quel extraordinaire résumé de la Voie !


83

1) Chercher la Sagesse : nous ne faisons que le répéter inlassablement


2) Être capable de justesse dans nos idées : en d'autres termes, devenir « un Juste »
3) Être susceptible de recevoir l'instruction, c'est à dire non seulement de l'entendre et
réentendre mais de la recevoir, c'est à dire de l'assimiler et de faire ce qu'elle indique. Pas
seulement savoir, mais faire ce qui est demandé.

Comme enseignait Korzibski il y a quelques décennies : « La carte n'est pas le terri-


toire ! ». Le découvreur qui veut étudier un territoire inconnu commence dans le silence de son
cabinet de travail, par étudier tout ce qui a été dit sur ce territoire, sur ce qui l'entoure, etc...
mais s'il ne chausse pas ses gros souliers pour y aller réellement, ses connaissances ne lui ser-
vent pas à grand'chose.

D.- Que signifie le troisième pas vers l'Orient ?


R.- Le fruit que nous devons espérer de ces recherches et d'une conduite
régulière, qui est de trouver la Sagesse du vrai Orient, où commence l'Eternité
heureuse.

C'est à dire le vrai bonheur dont nous parlait le Vénérable Maître le jour où nous nous
sommes présentés comme Profane à la porte de la Loge. On en revient toujours et toujours à la
même chose : la Franc-Maçonnerie ne cherche pas à améliorer le film de l'Illusion, de la
« farce » du rêve de la vie ; elle cherche à nous conduire à la « Vie Etemelle », comme dit la
Religion chrétienne...

D.- Que vous est-il arrivé pendant votre route, en passant par l'Equerre et le
Compas ?
R.- J'ai reçu trois coups.

D.- Que signifient-ils ?


R.- L'ennemi qu'il faut combattre, les obstacles qu'il faut vaincre et les
armes qu'il faut employer pour obtenir la récompense éternelle.

Encore un résumé concis et remarquable de toute l'oeuvre à accomplir, afin d'obtenir la


récompense éternelle - c'est à dire située au-delà de la mort ou, si l'on préfère, là où il n'y a
plus de mort.

D.- Qu'avez-vous fait lorsque vous êtes parvenu à l'Orient ?


R.- J'ai contracté les engagements de la Maîtrise et ensuite, j 'ai été reçu
Maître.

D.- Comment avez-vous été reçu Maître ?


R.- Par trois grands coups qui m'ont terrassé.

D.- Pourquoi vous a-t-on donné ces trois grands coups ?


R.- En mémoire de ceux que reçut notre Respectable Maître Hiram et pour
ni 'apprendre par son exemple à souffrir plutôt la mort que de manquer à mes de-
voirs et de trahir mes Frères.
84

D.- De qui le Maître Hiram reçut-il les trois coups qui lui donnèrent la mort ?
R.- De trois Compagnons qui avaient formé le complot de se procurel; par
cette violence, le mot et la paie des Maîtres.

Nous avons abondamment parlé de l'hypothèse de l'origine celte de ces trois coups, pour
n'avoir pas besoin d'y revenir présentement.

D.- Comment sait-on qu'il avait été assassiné par trois Compagnons?
R.- Parce que ces trois Compagnons ne comparurent point lors de l'appel
général des ouvriers qui fitt fàit par ordre de Salomon.

Voilà une information qui n'apparaissait pas dans le déroulement de la cérémonie... On


ne sait pas non plus (au Rite Ecossais Rectifié) ce qu'il advint d'eux par la suite... Quelle
importance ont-ils, dès lors que Maître Hiram a dépassé ce que signifient ces trois « mauvais
Compagnons », dont nous avons vu qu'ils symbolisent : le corps physique, les sentiments et le
mental, d'ailleurs qui suscite la Dualité fondamentale matérielle et illusoire. Sur un autre plan
(de l'ésotérisme religieux universel cette fois), ils symbolisent les trois signes zodiacaux « infé-
rieurs » qui conduisent à la mort du soleil christique (à la mort du dieu solaire Baldur, chez les
peuples nordiques — symbolisme en tous points identique), comme nous le verrons dans un ins-
tant.

D.- Obtinrent-ils du Maître Hiram le mot de Maître ?


R.- Non / Le Maître Hiram aima mieux souffrir la n'Ion que de leur donner
une connaissance dont ils étaient indignes.

D.- Que firent-ils de son corps après sa mort ?


R.- Ils le cachèrent sous des décombres au pied d'une montagne nommée
Moi-ici près du Temple, et lorsqu'il fit nuit, ils le transportèrent sur la montagne
même où ils l'enterrèrent.

La Franc-Maçonnerie étant née dans la civilisation « judéo-chrétienne », il est évident


que, si nous avons dans ce mythe d'Hiram une histoire qui est sensée se dérouler en Palestine,
le fait que le nouveau Maître trouve une nouvelle vie après la mort, est en harmonie étroite avec
la résurrection du Christ. Celle-ci se déroule certes en Palestine également, mais toute la litur-
gie chrétienne ainsi que maints détails des Evangiles, nous font comprendre que le Christ est
un personnage à dimension cosmique.

Or, il est aisé de voit- qu'il y a un parallèle entre le mythe christique et le mythe d'Hiram.
Le Christ naît à N o l , au solstice d'hiver et sa vie s'apparente à la montée du soleil dans le
zodiaque. A tel point qu'entre l'équinoxe de printemps et le solstice d'été, l'Eglise appelle le
Christ « Sol invictus » (le soleil invaincu). C'est dans ce secteur zodiacal que se situent les
fêtes de Pâques et de Pentecôte. Après le solstice d'été, le soleil décline, et c'est clans les trois
signes (Balance, Cancer, Sagittaire) entre l'équinoxe d'automne et le solstice d'hiver, que le
soleil se meurt, perd ses forces pendant les deux premiers de ces trois signes funestes, et c'est
à l'issue du troisième signe funeste, qu'il meurt sous la flèche du Sagittaire, comme le Christ
meurt sous le coup de lance dans le côté droit de la poitrine, que lui donne le soldat romain
Longin.

Tous les signes zodiacaux symbolisent les compagnons du Christ lors de son périple sur
terre. Les trois signes inférieurs (infernaux, l'enfer) ont été les mauvais compagnons qui ont
provoqué sa mort.
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Il est remarquable qu'en Maçonnerie, les trois mauvais compagnons ne sont pas châtiés:
nul ne sait ce qu'ils sont devenus (dans un autre Rite, les deux premiers se tuent eux-mêmes
en tombant d'une falaise : ce sont la Balance et le Cancer, qui « tombent » en effet, tout de
suite après l'équinoxe d'automne, et le troisième se donne la mort avec son poignard : nous
retrouvons là le Sagittaire et son arme &filée). Mais si au Rite Ecossais Rectifié on ne parle pas
de leur mort... c'est parce qu'ils restent à leur poste, imperturbablement, pour que chaque cycle
se renouvelle, comme tout se renouvelle dans la nature. De toutes façons, ils ne sont point châ-
tiés, car ils sont nécessaires pour que Hiram meure et puisse renaître dans une vie régénérée.
Ainsi le Maître Maçon meurt à lui-même par les trois coups qui lui sont donnés, et il reçoit la
(vraie) vie dans le sein de la mort.

D.- Comment fut-il découvert ?


R.- Par les soins lettigables des neuf Maîtres qui furent envoyés par
Salomon pour en faire la recherche et qui, ayant trouvé le cadavre, allèrent lui en
rendre compte.

D.- Que fit ensuite Salomon ?


R.- Il fit exhumer le corps par les Maîtres qui le transportèrent en grande
pompe dans le Temple, il fit placer sur son tombeau une plaque d'or en forme tri-
angulaire, sur laquelle était gravé le vrai et ancien mot de Maître, en reconnais-
sance de son zèle et de sa .fidélité.

D.- Quel était notre Maître Hiram ?


R.- Il était habile architecte et le plus célèbre ouvrier en toute chose.

D.- Dans quelle contrée naquit Hiram ?


R.- Il était Tyrien de nation, son père se nommait Ur et sa mère était une
veuve de la tribu de Nephtali.

Voici donc terminé le rappel du mythe d'Hiram, à la vérité riche et instructif sur tous les
plans... Hiram est donc aussi un modèle christique : mort et résurrection sous les traits du nou-
veau Maître (l'homme nouveau de saint Paul).

D.- Comment a-t-on fini votre réception ?


R.- Le Vénérable Maître, aidé des deux Surveillants, m'a relevé du cercueil
par les signes, attouchements et mot de la convention des Maîtres.

Qu avez-vous remarqué alors ?


R.- L'obscurité avait disparu et la Loge brillait d'une nouvelle lumière.

D.- Que signifie ce changement ?


R.- L'espoir de retrouver la parole perdue, si je sais faire un bon usage des
nouveaux signes et instructions qui mn 'ont été donnés.

Nous retrouvons encore la « Parole Perdue ».


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On aura compris ce que signifie cette expression... Précisons à nouveau :

11 s'agit de retrouver ce qu'il y avait « avant ». En langage religieux, on dit : « retrouver


l'état d'avant la chute ». La « chute » ainsi que le « péché originel » représentent l'abandon de
l'état « paradisiaque » avant que l'homme ne tombe dans l'illusion du monde, illusion qui com-
porte l'obligation de naître et de mourir en un cycle infernal. Retrouver « la parole perdue », c'est
retrouver l'état paradisiaque d'avant cette chute, d'avant cette perte. C'est à la portée de tout un
chacun... dans la mesure cependant où chacun : 1) parvient à comprendre ce processus, et 2)
fasse l'effort nécessaire et cent fois répété par le Vénérable Maître pour parvenir à ce résultat.
Remarquons pour terminer cette section de l'Instruction, qu'il faudra que chacun de
nous, finalement, d'une manière ou d'une autre, finisse par comprendre et par réaliser ce tra-
vail... Alors, autant commencer tout de suite...
TROISIÈME SECTION

D.- Pourquoi vous êtes-vous fait recevoir Maître ?


R.- Pour in 'apprendre à connaître la véritable valeur de la lettre " G "que
j'avais aperçue au centre de l'Etoile Flamboyante.

D.- Que signifie cette lettre ?


R.- Grandeur et gloire qui n'appartiennent qu'à Dieu, principe de toute
lumière.

Nous nous souvenons qu'au Grade de Compagnon (Instructions, Première Section) la ré-
ponse était « Géométrie, ou cinquième des sciences ». Maintenant, au Grade de Maître, la lettre G
signifie « Grandeur et Gloire ». Nous avions signalé que personne n'a pu donner une réponse exac-
te et cohérente concernant cette lettre G. Elle est considérée comme un Mystère en Maçonnerie.
Nous voyons que le Rite Ecossais Rectifié en donne trois sens différents: Géométrie, Grandeur et
Gloire. Ceci n'est pas illogique : Au deuxième degré, la Géométrie peut être considérée comme la
science capitale (Rappelons-nous : « Que nul n'entre ici s'il n'est géomètre ! »). Au grade de Maître
par contre, toute cette étude apporte les fruits attendus: Le Maître doit avoir réalisé le divin en lui.
Il a reçu « l'Illumination ». La réponse donnée maintenant est donc logique: Grandeur et gloire qui
n'appartiennent qu'à Dieu... que le Maître doit avoir réalisé ; et l'Instruction ajoute: Dieu, principe
de toute lumière. Réaliser le divin en nous a pour corollaire « réaliser le principe, l'origine de toute
lumière », la Lumière divine (avec L majuscule) et toutes les autres lumières qui ne sont que le reflet
de la Lumière divine, comme la lumière de la lune est le reflet de la lumière du soleil...

D.- Quel est le but de votre travail ?


R.- Celui de parvenir à retrouver avec le secours du Grand Architecte de
l'Univers et l'assistance de l'Ordre, la vraie parole des Maîtres qui est perdue,
pour en .faire un digne usage.

D.- Ne la connaissez-vous donc point ?


R.- J'en connais seulement les deux lettres indicatives, J.A. que r a i remar-
quées sur le tombeau.

D.- Comment a-t-elle été perdue ?


R.- Par la mort du respectable Maître Hiram, laquelle ne permit plus aux
Maîtres d'en faire usage.

Or nous savons que la Parole Perdue était J A , le Nom divin par excellence, qui se
présente sous forme du Tétragramme Sacré en hébreu Yod - Hé - Vav - Hé, dont la valeur est
26, nous l'avons vu. Ce nom de 4 lettres est constitué en fait de trois lettres, puisque l'une
d'elles, le Hé, se présente deux fois: Clin d'oeil concernant le « 4 et 3 » fondamental ou
Septenaire Sacré. De même qu'il y a trois candélabres (trois " piliers ") qui entourent et « sou-
tiennent » le Temple, le quatrième, indispensable pour ce « soutènement » n'étant pas visible
et de même qu'au Tarot, de la table sur laquelle officie le Bateleur, on ne nous montre que trois
pieds, alors qu'elle en a bien obligatoirement quatre... Un bon sujet de réflexion...

D.- Comment a-t-elle été changée ?


R.- Par l'accord des Maîtres qui allèrent à la recherche du Maître Hiram et,
l'ayant trouvé assassiné, convinrent d'y substituer la première parole qu'ils pro-
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nonceraient entre eux en déterrant son cadavre, et c'est ainsi qu'ils remplacèrent
I 'ancien mot par M.... - B....
D.- Comment voyagent les Maîtres ?
R.- De l'Occident à l'Orient par le Midi et le Nord et de l'Orient sur toute
la stuface de la terre
D.- Pourquoi ?
R.- Pour réunir ce qui est épars et répandre la Lumière
Dieu a créé le monde par le Verbe. Mais Dieu est UN. Le monde est le rêve de Dieu, il
est constitué d'une infinité d'espèces, de races où tous les individus sont différents les uns des
autres. Les Chinois appellent cette diversité « Les dix mille choses ». Le Sage fait cesser cette
diversité et retrouve l'Unité divine. Il rassemble par conséquent ce qui est épars, afin que les
« dix mille choses » se rassemblent à nouveau dans l'Unité primordiale.

Ce faisant, l'immense fantasmagorie du rêve de Dieu se dissout dans la Lumière ...( mot
que nous nous sommes permis d'écrire avec une majuscule ....)

D.- Sur quoi travaillent les Maîtres ?


R.- Sur la Planche à Tracer pour former leurs dessins
D.- Pourquoi ?
R.- En mémoire des plans qui fuirent tracés mystérieusement au roi David de
la part du Grand Architecte de 1 'Univers pour la construction du Temple et qui
furent mis en exécution par Salomon.
Les Apprentis dégrossissent la pierre et les Compagnons la taillent et la polissent. Les
Maîtres par contre, ont une vue globale des choses : ils travaillent au plan. Entre les Apprentis,
les Compagnons et les Maîtres, il y a la même progression que dans la formule célèbre utilisée
par le prêtre à l'Autel : « Per ipsum et curn ipso et in ipso » (Par Lui et avec Lui et en Lui).

Par L u i sont menés les hommes, ces Apprentis-sorciers qui ignorent les lois divines et
veulent mener leur vie et les choses qui les entourent selon leur plan propre et leur volonté res-
treinte. C'est ainsi que se comportent nos gouvernants, nos « savants », nos « exploitants agri-
coles » qui tuent le sol, nos chimistes qui empoisonnent le globe, nos pédagogues qui ne
règnent que sur la sphère intellectuelle en la déformant et en négligeant le principal dans l'hom-
me, et les hommes et les femmes de la rue, qui vont et viennent au petit bonheur - ou malheur -
subissant tous le sort implacable qui répond imperturbablement et sévèrement à leurs égare-
ments, leurs vanités ou leurs ignorances.

Avec L u i cheminent les Compagnons-Initiés qui savent que pour maîtriser la vie, il faut
obéir aux lois de la Nature et non y contrevenir. Ainsi se comportaient. il y a fort longtemps les
chefs des peuples, les Rois, les Prêtres, qui plaçaient l'évolution de l'individu avant le profit au
dépend de la masse ou l'asservissemant " idéologique" de cette masse.

En Lui enfin, sont les Maîtres, ces hommes qui ont réalisé l'état de Sagesse et qui peuvent
dire, comme leur modèle divin : « Mon Père et moi ne faisons qu'UN ». Tels étaient les hommes qui,
dans les temps très reculés, menaient les peuples vers l'accomplissement et les suprêmes réalisations.

Nous retrouvons bien sûr, la même trilogie, les mêmes étapes, dans les trois parties du
Grand Oeuvre alchimique : l'Oeuvre au Noir, l'Oeuvre au Blanc et l'Oeuvre au Rouge... (avec
la couleur verte, intermédiaire entre le Noir et le Blanc).
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D.- Si vous perdiez un Maître, où le chercheriez-vous ?


R.- Entre l'Equerre et le Compas.
D.- Pourquoi ?
R.- Parce que l'Equerre et le Compas étaient les emblèmes de la Prudence
et de la Sagesse dont un Maître ne doit jamais s'écarter
D.- Quelles sont les vertus et qualités essentielles d'un vrai Maître?
R.- Celles qui sont désignées par les trois colonnes qui soutiennent le Temple
mystique des Maçons, savoir: la Sagesse, la Force et la Beauté.
D'un vrai Maître ? Y aurait-il des Maîtres qui ne soient pas vrais ? Ou pas bons ?
Devrions-nous faire notre « examen de conscience » ?.

D'autre part, le Temple, nous est-il dit, est soutenu par les trois colonnes... Mais pour
qu' il tienne debout, il y faudrait bien une quatrième... Le Maître qui est prudent et avisé, se fera
bien une petite idée sur ce problème ?...

D.- Pourquoi ?
R.- Parce qu'il doit s'appliquer à réunir en l u i les proportions de ses
modèles.
D.- Quels sont ses modèles ?
R.- Salomon, qui reçut de Dieu, le don de Sagesse, Hiram, Roi de Tyr, modè-
le de Force, qui fournit à Salomon les bois et matériaux nécessaires pour la
construction du Temple, et Hiram-Abif, modèle de Beauté, qui dessina et exécuta
les ornements qui devaient l'embellir
D.- A qui appartiennent essentiellement ces trois attributs Sagesse, Force et
Beauté ?
R.- A Dieu même. La Perfection de ses ouvrages atteste la Sagesse qui a
conçu les plans, la Puissance qui les a exécutés et la Beauté qui les a embellis.
Il s'en suit que Sagesse, Force et Beauté sont à la fois les attributs de Dieu et les qualités
du Maître. A méditer !

D.- Que feriez-vous si vous vous trouviez en quelque danger ?


R.- Jefèrais le signe et l'exclamation de secours
D.- Comment se fait le signe ?
R.- En portant les deux mains entrelacées et renversées sur la tête et la
jambe droite pliée en équerre derrière la jambe gauche, et en criant dans cette
attitude : « A moi, les enjànts de la veuve I ». Cette exclamation ne devant néan-
moins être employée qui ' à défaut de pouvoir faire apercevoir le signe, et dans un
grand péril.
D.- Pourquoi dites-vous "les enfants de la veuve" ?
Parce qu'après la mort de notre Respectable Maître, les Maçons prirent soin
de sa mère qui était veuve et se regardèrent comme ses enfants, le Maître Hiram
les ayant regardés comme ses Frères.
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Voilà donc encore un élément qui apparaît dans les Instructions, mais non dans la Récep-
tion... Tout finissant par filtrer, ce signe et son exclamation ont fini par être connus de beau-
coup de gens. Ils doivent donc être employés avec la plus extrême circonspection...

D.- Quel âge.avez-vous ?


R.- Sept ans.
D.- Que signifie cet âge ?
R.- Le septième temps ou année que Salomon employa à la dédicace du
Temple pour lui donner la perfection.
D.- Où avez-vous acquis cet âge ?
R.- En montant l'escalier à vis de sept marches.
D.- A quoi fait allusion cet escalier ?
R.- Aux sept sciences ou arts libéraux qu'un bon Maçon doit étudier, aux
sept vertus qu'il doit pratique!: aux sept vices principaux qu'il doit .fuir et aux sept
dons spirituels qu'il doit demander à Dieu.
D.- Quels sont les sept sciences ou arts libéraux ?
La poésie, la musique, l'art du dessin, 1 'arithmétique, la géométrie, l'astro-
nomie et l'architecture.

Les Arts libéraux sont constitués du Trivium et du Quadrivium, et sont généralement pré-
sentés ainsi

Le Trivium : Grammaire, Rhétorique, Dialectique.


Le Quadrivium : Arithmétique, Géométrie, Astronomie, Musique.
Le Trivium concerne ce que l'on pourrait appeler de nos jours la « Communication ». Le
Quadrivium concernerait plutôt les Sciences appliquées. A noter que la Musique est classée
dans les sciences. Les Anciens plaçaient la Musique (ainsi que l'Astronomie) au sommet des
connaissances. La Musique et l'Astronomie ont d'ailleurs une affinité que les Anciens connais-
saient et étudiaient. A notre époque, c'est à un savant suisse nommé DENÉRÉAZ que l'on doit
la découverte (la RE-découverte ?) de la « Musique des sphères » chère à Pythagore. Il a mon-
tré que les intervalles musicaux tels que notre oreille les perçoit comme étant harmonieux, sont
en parfaite concordance avec les distances moyennes des planètes par rapport au soleil ainsi
que des distances moyennes entre elles.
Le Rite Ecossais Rectifié présente les Arts Libéraux d'une façon différente, on le voit.

D.- A quoi servent la Poésie et la Musique ?


R.- A louer le Seigneur afin d'obtenir son secours pour employer dignement
les cinq autres.
D.- A quoi servent l'arithmétique et la géométrie ?
R.- A se lbriner des idées justes et vraies de l'édifice merveilleux construit
par le Grand Architecte de 'Univers.
D.- Quelles sont les sept vertus du Maçon ?
R.- La Foi, l'Espérance et la Charité qui sont les principales, la Justice, la
Tempérance, la Prudence, la septième ni 'est encore inconnue.
91

D.- Pourquoi ?
R.- Parce que je ne pourrai l'acquérir que par la pratique des trois vertus
qui in 'ont été enseignées dans mes grades.
Les trois premières sont, d'après l'enseignement de l'Eglise, les Vertus Théologales, les
quatre autres sont les Vertus Cardinales. Elles sont toutes bien connues des fidèles....

D.- Comment avez-vous donc connu l e s trois premières qui sont les plus
parfaites'?
R.- Elles m'ont seulement été indiquées comme devant être le terme heureux
de tous mes travaux, afin d'augmenter mon courage et ma bonne volonté.

D.- Quels sont les sept vices que le Maçon doit fuir ?
R.- L'orgueil, l'Avarice, l'Envie, la Jalousie, la Gourmandise, la Colère et la
Paresse.

D.- Quels sont les sept dons spirituels qu'il doit demander à Dieu ?
R.- Les trois premiers sont désignés par les trois paliers de l'escalier du
Temple, et ont aussi rapport aux vertus qui in 'ont été enseignées dans les trois
premiers grades.

D.- Expliquez-moi cela !


R.- Le premier palier désigne le don d'intelligence que l'Apprenti peut obte-
nir en observant la Justice ; le second palier figure le don de Sagesse, fruit de la
Tempérance recommandée au Compagnon, le troisième palier où est le Pavé
Mosaïque, désigne le don de discernement que la Prudence seule peut procurer
au Maître.

D.- Nommez-moi les quatre autres dons spirituels !


R.- Les travaux de mon grade n'ont pu me les Aire connaître.
11 lui faudra donc attendre d ' a u t r e s travaux !

Aucun autre commentaire à ce sujet.

D.- Quels sont les devoirs particuliers des Maçons les uns envers les autres ?
R.- Ils doivent s'aimer sincèrement, se secourir de tout leur pouvoir, garder
fidèlement les secrets qu'ils se sont confiés, s'opposer à tout attentat ou séduction
contre les personnes du sexe, bien moins encore s'oublier jusqu'à se rendre cou-
pables eux-mêmes.
Aucun commentaire : Il suffit de se conformer...

D.- Quel est le symbole du Grade de Maître qui est placé devant l'Autel
d'Orient ?
R.- C'est un vaisseau démâté, sans voile et sans rame, tranquille sur une mer
calme, avec ces mots pour inscription : « In silentio et spe fortitudo mea » = ma
force est dans le silence et l'espérance.
D.- Comment expliquez-vous ce symbole ?
R.- Ce vaisseau sur une mer calme et tranquille après l'orage, est l'image
du Maçon qui a surmonté tous les périls pour trouver la Vérité et qui, se reposant
sur la droiture de son coeur, cherche avec confiance un port assuré dans l'Ordre
contre les dangers de l'erreur
La mer calme, c'est le mental du Maçon qui s'est tu, qui est devenu discipliné, obéissant
à la volonté de son maître, comme un jeune chien enfin calmé et qui ne folâtre plus en tous
sens. Le coeur est alors devenu « droit ». Ce mental enfin calmé suscite la confiance dans l'ave-
nir lumineux qui pointe à l'horizon. Sur un tout autre plan ce bateau démâté rappelle discrète-
ment le périlleux voyage sur un bateau démâté, précisément, de Marie-Madeleine et de ses
compagnons (de ses enfants ?...). Grâce à la Providence, le bateau accosta sur les côtes de
Provence... On connaît la suite. Les personnages de saint Jean-Baptiste et de Marie-Madeleine
constituent une clé occulte, pensent certains, que la Franc-Maçonnerie conserve pieusement
depuis des siècles... D'ailleurs — autre « petit problème » — toutes les Loges « bleues » sont
dites « de saint Jean ». Quel saint Jean ? Dans « La Vie des Saints », l'Eglise fête quatorze
(14 !!) saints Jean différents... L'embarras du choix...De quoi, pour les Maîtres Maçons à l'es-
prit aiguisé, faire quelques belles planches de recherche...

D.- Que représente le Mausolée qui est dans la Loge à l'Occident ?


R.- Une urne sépulcrale, placée sur un tombeau de forme triangulaire, qui
est portée par neuf petites boules, placées de trois en trois, aux trois angles sur
une base de même Arme ayant trois degrés ; une vapeur enflammée s'élève et
sort de l'urne et ces mots sont écrits sur l'une des faces du tombeau : « Ternario
lbrmatur, novenario dis'solvitur », et ces autres vers le haut de l'urne : « Deponit
aliena, ascendit unus ».
Nous avions traduit : « L'univers a été formé par le Ternaire, il sera dissout par le Nové-
naire ». Dieu s e manifeste par le Ternaire (la « Sainte Trinité » des Chrétiens, le Ternaire
Brahma l e Père, Vishnou - la Mère et Shiva - le Fils aux Indes, qui correspondent à SAT =
l'Être de Bonté universelle, CHIT = la Conscience de la Vérité universelle et ANANDA = la
Béatitude et la Beauté universelles). Ce sont les trois aspects de l'immense Rêve de Dieu lors-
qu' il se manifeste dans sa « Création ».

Il ne peut être dissous que par la prise de conscience des trois fois trois parties de cette
Manifestation, à savoir :

1) Le Ternaire de base : Corps physique + Double éthérique ( l e « fantôme des cime-


tières », qui ne s'éloigne jamais du corps physique dont il contient le « plan », ce qui permet à
un tissu endommagé de se reconstituer, voire à un membre perdu de se reconstituer également
- cf. la queue des lézards ) + Double « astral » (c'est le double qui peut sortir du corps phy-
sique sans limite de distance).

2) Le Ternaire mental : Mental « inférieur » ( des idéations concrètes) + Mental « supé-


rieur » (des idéations abstraites) + la Bodhi ou Corps d'intuition pure.

3) Le Ternaire divin : L'Etincelle divine « en nous » (Rouah des Israélites, Atman des
Hindous correspondant au « Saint Esprit » + L'aspect « Fils » + L'aspect « Père ».

Prendre conscience de ces neuf parties de nous-mêmes permet de remonter jusqu'à la


Manifestation divine, d'éteindre toute cette Manifestation en prenant conscience qu'il s'agit
93

d'un immense « Rêve » de Dieu (voir le médaillon du trumeau central de Notre Dame de Paris,
figurant « Dame Sagesse » - ou « Dame Alchimie », ce qui est la même chose - portant entre
ses cuisses une échelle à neuf degrés). Cet immense Rêve étant réalisé pour ce qu'il est: un film
illusoire, le Maître retrouve alors l'UN dans toute sa Pureté, sa Grandeur, sa Gloire : La mort,
qui était partie intégrante de ce film, a définitivement disparu.

Ce retour à l'Unité divine, grâce à ce travail en neuf étapes est défini par cette seconde
maxime lapidaire : « Deponit aliena, ascendit unus ». Qui signifie : Quand on a abandonné « ce
qui nous est étranger » (comme disait le Vénérable Maître), alors l'UN se lève comme le soleil
radieux du matin.

Tout cela est résumé dans la question suivante avec sa réponse

D.- A quoi fait allusion ce Mausolée avec ses inscriptions ?


R.- A l'immortalité de l'âme, aux principes élémentaires et à la dissolution de
la matière.

On ne peut être plus clair et plus concis !

D.- Quelle est la signification générale des batteries des Apprentis, des
Compagnons et des Maîtres ?
R.- Le commencement, la durée et la fin des choses créées.
D.- Que signifie la batterie d'Apprenti pal- trois coups ?
R.- Le commencement ou l'union des principes.
C'est à dire Dieu qui se manifeste sous la forme des trois « principes »

D.- Que signifie celle des Compagnons par deux fois trois coups ?
La durée, ou les principes mis en action.
Laquelle action provoque la transformation, le passage d'un état dans un autre, supérieur,
passage symbolisé par le nombre six.

D.- Que signifie celle des Maîtres par trois fois trois coups ?
R.- La fin, ou la décomposition des corps.
Tous les « corps » de l'homme, qui sont enfin perçus comme pur montage illusoire, se
décomposent, s'effacent d'eux-mêmes, comme une ombre disparaît elle-même au lever du
soleil.

D.- Que signifient les 81 larmes qui sont sur le Tapis autour du tombeau ?
R.- Les larmes désignent le deuil en général des Maîtres, leur nombre expri-
me les propriétés particulières du nombre neuf qui se retrouve dans son carré.
En Numérologie Sacrée, un nombre au carré exprime l'accomplissement de l'action spé-
cifique de ce nombre.

D.- Où avez-vous travaillé ?


R.- Dans le Temple.
94

Et non plus dans le porche, comme les Apprentis, ou « à l'entrée du Temple », comme
les Compagnons, mais dans le Temple lui-même. Rappelons-nous que dans le vocabulaire
symbolique, le Temple, c'est le corps, qui abrite le Cœur où siège l'Etincelle divine... Symbole
employé par le Christ lui-même, qui a dit qu'il reconstruirait le Temple (son corps... de gloire)
en trois jours...

D.- Où avez-vous été payé ?


R.- Au centre de la Chambre du Milieu.

C'est à dire, précisément au point exact que nous avions défini dès le début, point loca-
lisé par les Sages : à droite dans le chakra du coeur, au point symétrique du coeur physique.
C'est dans ce point très précis que toute l'Oeuvre s'élabore et est menée à sa fin lumineuse.

Cette longue (mais combien enrichissante) Instruction étant terminée, le Vénérable


Maître s'adresse à toute l'assemblée et dit

V.M. : M e s Frères, étudions ensemble les sciences qui peuvent nous


être utiles pour faire de nouveaux progrès ; pratiquons les vertus qui nous sont
recommandées ; fuyons les vices qui nuiront à notre avancement ; efforçons-nous
enfin de mériter les dons précieux que nous devons tous désirer et demander.
CONCLUSION

Nous voici donc parvenus à la fin de ce cycle commun à tous les Rites
maçonniques de par le monde.
Nous avons parcouru le cursus d'un être humain parti du statut de Profane,
qui découvre la Maçonnerie en Apprenti, puis évolue en Compagnon, et parvient
finalement à la Maîtrise.
Quel chemin parcouru ! Quelles découvertes ! Quelle évolution !
Nous avons constaté que, pour devenir Maçon du Rite Ecossais Rectifié, il
ne fallait pas être un Profane mécréant : « Celui qui rougit de la Religion, de la
Vertu et de ses Frères est indigne de l'estime et de l'amitié des Maçons ! ».
Mais dès l'épreuve du miroir, lorsque l'Apprenti se présente pour devenir
Compagnon, il doit avoir appris et compris qu'il doit se prendre en charge per-
sonnellement: « Voyez-vous donc tel que vous êtes ! ».
Au Grade de Maître, cette prise en charge, avec l'aide de ses Frères, est telle,
qu'il parvient à une étape que peu d'hommes sur cette terre, atteignent : « Il rece-
vra la Vie dans le sein de la mort ! ». Remarquons que cette exclamation du
Vénérable Maître est énoncée au futur... I l recevra ! On sous-entend que cette
découverte sera peut-être à réaliser réellement u n peu plus tard... Mais il fau-
drait bien que le Maître Maçon réalise ce qu'il vient de vivre. Notre Frère Goethe
disait
« Et tant que tu n'as pas vécu
La mort et la résurrection,
Tu n'es qu'un pauvre hère
Sur cette sombre terre ! »
Il lui faudra en effet comprendre que tout ce travail sur lui-même n'a pas
consisté à accumuler des connaissances supplémentaires à celles qu'il possé-
dait auparavant, mais à « changer de point de vue » sur ce qu'est réellement la
vie. Et, surtout, sur ce qu'il est lui-même.
96

Nous avons, tout au long de cette étude, choisi quelques aphorismes puisées
dans la Sagesse universelle, provenant de Maîtres chrétiens, musulmans, cha-
mans, hindouistes.., montrant ainsi que la Sagesse à laquelle doit parvenir le
Maître Maçon, est universelle. Si, au départ, il importe que le Profane ait l'esprit
« religieux », le Maître, lui, est un homme qui doit atteindre le statut d' « Homme
libre ». Un homme libre n'est plus inféodé à un parti, à une idéologie, à une reli-
gion même. Il est maintenant « au-dessus » de tout esprit partisan. Il a atteint
I ' universel.
Il est comme le trapéziste du cirque, qui se balance très haut, au-dessus de
la foule, au-dessus de tous ceux qui, en bas, sont plongés dans leurs petits ou
grands bonheurs, leurs petits ou grands malheurs, leurs soucis, leurs joies, leurs
peines, leurs amours, leurs haines, leurs réussites ou leurs échecs. Là où il est, il
peut voir cela de haut, il peut admirer la joie ou bien compatir à la douleur de
tous ces êtres qui chantent ou qui pleurent, là, en bas...
Il sait que ce monde est un spectacle qui se répète à l'infini et ne s'arrêtera
jamais. Alors, comme le clown célèbre, il se balance puissamment et majestueu-
sement et, las du spectacle du monde, il crève la toile du cirque et s'élance, libre,
dans la Lumière...
Qu'il nous soit permis, pour citer un dernier texte, de choisir une petite anec-
dote tirée du monde bouddhique : « La Rencontre du Berger Dhaniya avec le
Bouddha ». A travers cette petite histoire, nous comprendrons sans doute la dif-
férence de point de vue entre un homme commun (un homme vulgaire, disent les
textes) et le Maître dont l'esprit a dépassé toute contingence matérielle, même si
son corps est toujours (en apparence) actif « dans le monde ». Mais rappelons
aussi l'adage chrétien qui exprime la même différence de point de vue: "Un chré-
tien est dans le monde, mais n'est pas du monde ".
Dans cette anecdote, nous voyons le berger Dhaniya, homme déjà évolué,
mais plongé dans la matière et les richesses de ce monde. I l a de la peine à com-
prendre le message du Maître qui, par les mêmes arguments qu'il lui retourne,
tente de lui faire comprendre que les réjouissances du monde spirituel sont bien
plus importantes et stables (éternelles !) que celles du monde physique qui ne
peuvent durer et qui s'enfuient comme les saisons dans leur ronde incessante et
qu'on ne peut arrêter. Oui, « Fugiunt ut latrones » disaient les Romains : Les sai-
sons, comme tout dans ce monde « s'enfuient comme des voleurs ».
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Voici cette anecdote

LA RENCONTRE b l i BERGER bHANIYA


AVEC LE BOUbbHA

Un berger traversait le champ. Il avait la sérénité des hommes qui accomplissent en paix
une tâche heureuse.

- Qui es-tu, berger ? lui demanda le Maître.

- Je m'appelle Dhaniya, répondit le berger.


- Où vas-tu ? demanda le Maître.

- Dans ma demeure, où je retrouverai ma femme et mes enfants...

- Tu sembles, berger, connaître un pur bonheur...

- J'ai fait bouillir mon riz, j'ai trait le lait de mes vaches, dit le berger Dhaniya, je vis avec
les miens au bord de la rivière, ma maison est bien couverte, mon feu est allumé : donc, si tu
le veux, tu peux tomber, ô pluie du ciel !

- Je suis libre de colère, je suis libre d'entêtement, dit le Maître, je demeure pour une nuit
au bord de la rivière, ma maison est sans toit, le feu des passions est éteint dans mon être : donc,
si tu le veux, tu peux tomber, ô pluie du ciel !

- Les taons ne harcèlent point mon troupeau, dit le berger Dhaniya, dans les prairies her-
beuses errent mes vaches, elles peuvent endurer la pluie qui vient : donc, si tu le veux, tu peux
tomber, ô pluie du ciel !

- J'ai construit un radeau solide, dit le Maître, j'ai vogué vers le nirvana, j'ai traversé le
torrent des passions et j'ai touché la rive sainte, je n'ai plus besoin de radeau : donc, si tu le
veux, tu peux tomber, ô pluie du ciel !

- Ma femme est obéissante, elle ignore la débauche, dit le berger Dhaniya, voilà long-
temps qu'elle vit avec moi; elle est gracieuse et jamais d'elle on n'a médit : donc, si tu le veux,
tu peux tomber, ô pluie du ciel !

- Mon esprit est obéissant, il est délivré de tous les liens, dit le Maître, voilà longtemps
que je l'ai dompté, il est bien soumis et il n'y a plus rien de mauvais en moi : donc, si tu le
veux, tu peux tomber, ô pluie du ciel !

- Je paie moi-même le salaire de mes serviteurs, dit le berger Dhaniya, mes enfants reçoi-
vent de moi toutes les nourritures saines et jamais d'eux, on n'a médit : donc, si tu le veux, tu
peux tomber, ô pluie du ciel !

- Je ne suis le serviteur de personne, dit le Maître, avec ce que je gagne, je voyage de par
le monde entier, il n'est pas besoin pour moi, de serviteur: donc, si tu le veux, tu peux tomber,
ô pluie du ciel !

- J'ai des vaches, j'ai des veaux, j'ai des génisses, dit le berger Dhaniya, et j'ai un chien
qui est le seigneur de mes vaches: donc, si tu le veux, tu peux tomber, ô pluie du ciel !

- Je n'ai ni vache, ni veau, ni génisse, dit le Maître, et je n'ai pas de chien qui monte la
garde : donc, si tu le veux, tu peux tomber, ô pluie du ciel !
98

- Les pieux sont enfoncés profondément dans le sol, rien ne peut les ébranler, dit le ber-
ger Dhaniya, les cordes neuves sont faites d'herbes fortes, les vaches ne les briseront pas
donc, si tu le veux, tu peux tomber, ô pluie du ciel !
- Pareil au chien qui a rompu ses chaînes, dit le Maître, pareil à l'éléphant qui a rompu
ses entraves, je n'entrerai plus jamais dans une matrice : donc, si tu le veux, tu peux tomber, ô
pluie du ciel !
Le berger Dhaniya s'inclina devant le Maître, et dit
- Je sais maintenant qui tu es, ô Bienheureux, et je t'emmènerai dans ma demeure !
Comme ils entraient dans la maison, la pluie se précipita du ciel et l'eau ruissela sur la
terre. En entendant la pluie, Dhaniya parla ainsi:
- En vérité, nous avons acquis de grandes richesses depuis que nous avons v u le
Bienheureux ; c'est en toi qu'est notre refuge, ô Maître, qui nous a regardés avec les yeux de
la Sagesse !
Pour finir, nous voudrions rappeler ce que nous disions dès le début de cette
étude, au Grade d'Apprenti
Ces commentaires doivent être considérés par le lecteur comme une propo-
sition de recherche. Bien d'autres détails, sans aucun cloute, pourront encore être
relevés, qui pourront faire l'objet de réflexions aidant le Frère à « se » réaliser,
non par la pensée discursive, ajoutant indéfiniment des constructions mentales à
d'autres constructions mentales, mais par la pensée la plus profonde, la plus inti-
me, qui se révèle dans le silence intérieur fécond.
Tenue après Tenue, Réception après Réception, les Maîtres qui ont ciselé ce
Rituel admirable, nous offrent la possibilité de réaliser que notre seul but dans
cette vie sur terre, est de devenir nous-mêmes des « Hommes », selon la boutade
(boutade, certes, mais ô combien sérieuse et profonde ) de Konrad LORENZ
« J'ai trouvé le chaînon manquant entre le singe et l'homme, c'est nous ! ».
Ce serait merveilleux si tous les Frères qui auront lu cette étude, ren-
contraient « le Maître », « dans les replis de leur coeur »
C'est l'immense joie que je leur souhaite

J'ai dit !

Une pensée finale, pour clore cet ouvrage

Être borné par un seul jour,


Qui est-il ?
Et qui n'est-il pas ?
L'homme est le songe que fait l'ombre
Pindare 518-438 ( 8 ' Pythique)
ANNEXE I

QUESTIONS POSÉES AU CANDIDAT


DANS LE CABINET DE RÉFLEXION:

Première Question

Quelle est votre croyance en l'existence d'un Dieu créateur et principe


unique de toutes choses ; sur la Providence et sur l'immortalité de l'ême
humaine ; et que pensez-vous de la religion chrétienne ?

Deuxième Question :

Quelle idée vous êtes-vous formée de la vertu considérée dans ses rap-
ports avec Dieu et avec la religion, avec vous-même et avec vos semblables ?

Troisième Question

Quelle est votre opinion sur les vrais besoins des hommes et en quoi
croyez-vous que vous puissiez leur être le plus utile ?
ANNEXE I I

RAPPEL DES MAXIMES

DES TROIS PREMIERS GRADES

Premier Grade:
1) L'homme est limage immortelle de bieu, mais qui pourra la reconnaî-
tre s'il la défigure lui-même ?
2) Celui qui rougit de la Religion, de la Vertu et de ses Frères, est indi-
gne de l'estime et de l'amitié des Maçons.
3) Le Maçon dont Je coeur ne s'ouvre pas aux besoins et aux malheurs
des hommes est un monstre dans la société des Frères.

beuxième Grade :
4) L'amour de l'argent, lorsqu'il s'empare de l'homme, dessèche son coeur
et fait tarir en lui la source des plus nobles aspirations. La satisfaction de
nos besoins et de nos appétits matériels seraient-elles l'unique but de notre
travail ici-bas ?
L'inSertSé voyage toute sa vie sans savoir ni où il va, ni d'où il vient, ni ce
qu'il doit faire.
Mais le Sage se rend compte de tous ses pas, parce qu'il en connaît l'im-
portance et le but.
5) L'homme est naturellement bon, juste et compatissant. Pourquoi est-
il si souvent en contradiction avec lui-même ?
Cherchez-en sérieusement la cause, elle est bien importante à découvrir.
6) L'égoïsme est comme la rouille : il détruit tout ce qu'il y a de plus
beau et de plus pur dans le coeur de l'homme.

Troisième Grade:
7) Celui qui voyage dans une terre étrangère n'est jamais plus prêt de
s'égarer que lorsqu'il renvoie son guide, croyant savoir son chemin.
8) Heureux celui qui, s'étant bien étudié lui-même a pu connaître ses
défauts, apercevoir son ignorance e t sentir qu'il a besoin de secours, car il
a déjà fait le premier pas vers la Lumière.
9) Chercher avec un coeur droit, demander avec résignation et discer-
nement, frapper avec confiance et persévérance, c'est la science du Sage.
L'ENSEIGNEMENT DU SECOND SURVEILLANT

AU TROISIÈME GRADE

1) Pensez-donc à la mort !
2) Ici-bas, la vie est près de la mort et l'homme a toujours un pied sur
le bord du tombeau.
3) Mon Frère, l'homme ne naît que pour mourir et sans la mort, il ne
peut parvenir à la vie.

LES MOTS DES TROIS GRADES

Nom du grade N o m du Frère Mot de passe


le' Grade Jakin P h a l e g
2'me Grade Booz G i b l i n
3'"'c Grade Mak Benak G a b a o n Schibolet
ANNEXE I I I

CHANGEMENT DE POSITION DU TROISIÈME CHANDELIER

AUTOUR DU TABLEAU DE LOGE

(Les éléments symboliques ci-après nous ont été communiqués par le T.% Ft% F.•. Pierre F.•.
Nous nous faisons un plaisir de les présenter ici)
La question qui se pose est la suivante : Pourquoi le troisième chandelier (pilier), qui se
trouve à l'angle sud-est aux deux premiers Grades, doit-il être placé à l'angle nord-est au Grade
de Maître ? La réponse est la suivante : Le chemin maçonnique consiste à partir de « l'obscu-
rité » de notre vie profane (symbolisée par l'hiver) et d'avancer dans la connaissance. De même
en suivant l'exemple du soleil qui renaît au solstice d'hiver (réception du profane dans l'Ordre
maçonnique) en s'élevant à travers les Grades d'Apprenti puis de Compagnon, jusqu'à la plei-
ne Lumière du solstice d'été, au Grade de Maître, les trois chandeliers représentent alors sym-
boliquement les levers et couchers du soleil lors des solstices d'hiver et d'été
EST

Nord-Est S
Sud-Est

NORD SUD

1 1 1
Nord-Ouest------- S u d - O u e s t

OUEST

Trait semi-circulaire bleu : Trajet du soleil le jour du solstice d'hiver : Lever au sud-est
(le troisième pilier est au sud-est), coucher au sud-ouest.
Trait semi-circulaire rouge : Trajet du soleil le jour du solstice d'été : Lever au nord-est
(le troisième pilier est maintenant au nord-est), coucher au nord-ouest. Ce graphique, en deux
dimensions, ne peut représenter l'élévation du soleil : bas en hiver et haut dans le ciel en été...
Triangle vert : les trois piliers aux deux premiers Grades
Triangle noir : les trois piliers au Grade de Maître.
Le troisième pilier est toujours près du Vénérable Maître qui symbolise l'apparition de la
Lumière divine avec son triple chandelier (Lever du soleil) ; les deux autres piliers sont près
des Surveillants, à l'ouest (Coucher du soleil).
107

ANNEXE I V

LE RÉSUMÉ DE LA VOIE ALCHIMIQUE

V.I.T.R.I.O.L.

VISITA

INTERIORA

TERRAE

RECTIFICANDOQUE
INVENTES

OCCULTUM

LAPIDEM

Visita Interiora Terrae:


Mot à mot: Explore l'intérieur de TA terre.... (Le possessif est, la plupart
du temps, sous-entendu en latin )
C'est à dire : Plonge « dans les replis de ton coeur ».
109

Rectificandoque
Mot à mot : Et en rectifiant... Mais en rectifiant quoi ? Que peut-on « rec-
tifier » dans les replis de son propre coeur s i n o n l'idée que l'on se fait de soi-
même: Comme l'individu qui est face au miroir et qui finit par croire qu'il est la
personne (en latin : persona , le masque que se mettaient sur le visage les
acteurs comiques ou tragiques ) qu'il voit dans le miroir, alors qu'il est, en réa-
lité, l'individu qui est à l'extérieur du miroir. Il faut donc rectifier l'idée fon-
damentale de ce que nous sommes dans l'essence-même de notre être.
« Tu n'es pas ce que tu crois être », disent les Maîtres. « Deviens ce que
tu es », disent d'autres Maîtres. I l s'en suit que cette rectification touche au
fondement-même de l'individu. Le changement de « vision de soi » est tel qu'il
change la totalité de la vie. Le monde lui-même n'est pas non plus tel que nous
croyons qu'il est...

Inverties Occultura Lapidera


Mot à mot : Tu trouveras la pierre cachée... Quelle pierre pouvons-nous
donc trouver « dans les replis de notre coeur ? Mais bien sûr, la réalité de
notre propre nature, la réalité de notre être véritable, car alors « toutes les
illusions auront disparu plus vite que l'éclair ». Et cette réalité est perçue
comme aussi certaine et sûre que peut l'être un roc, une pierre, par rapport à
toute illusion.
Certains ajoutent encore les deux lettres UM ou VM ( U et V sont la même
lettre en latin ). La formule devient alors : L e s deux lettres
ajoutées signifient : Veram Medicinam , Vraie médecine. Ce qui est découvert
alors constitue en e f f e t la résolution de tous nos maux, de toutes nos incerti-
tudes, de toutes nos questions, en bref, de la maladie fondamentale qui consis-
te à se prendre pour une personne que l'on n'est pas.

88
Visita Interiora Te r r a e rectificandoque Invenies
Occultum Lapidem, Veram Medicinam = Plonge dans les
profondeurs de ton cœur et tu y trouveras ce que tu es
en vérité.
bu même auteur :

LA PRATIQUE LA PRATIQUE LA PRATIQUE


JOURNALIERE JOURNALIERE JOURNALIERE
DU RITE DU RITE DU RITE
ECOSSAIS RECTIFIÉ COSSAIS RECTIFIÉ ECOSSAIS RECTIFIÉ
•:• •:• •:•

GRADE GRA
PRENTI )N MAÎ'l

LA PRATIQUE LA PRATIQUE LA PRATIQUE


JOURNALIERE JOURNALIERE JOURNALIERE
DU RITE DU RITE DU RITE
ECOSSAIS RECTIFIÉ ECOSSAIS RECTIFIÉ ECOSSAIS RECTIFIÉ
•:• e-
+

LE GRADE DE MAÎTRE LE GRADE LE GRADE


ÉCOSSAIS D'ECUYER NOVICE DE CHEVALIER BIENFAISANT
DE SAINT ANDRÉ DE LA CITÉ SAINTE
TABLE DES MATIÈRES

Introduction 5

Décoration de la Loge de Maître 7

Ouverture de la Loge de Maître I 7

Clôture des Travaux 2 1

Proclamation pour la Réception au Grade de Maître 2 3

Fonctions du Frère Introducteur 2 5

Le Candidat à la porte de la Loge 2 9

Le Candidat introduit dans la Loge 3 3

Reconnaissance des Maîtres

Habits, Signes, Marques distinctifs des Maîtres 6 1

Instruction morale 6 7

Instructions par demandes et réponses 7 5

Conclusion 9 5

Annexe I
Questions posées au Candidat dans le Cabinet de Réflexion 9 9

Annexe I I :
Rappel des Maximes des trois premiers Grades 1 0 1
Annexe I I I :
Changement de position du troisième chandelier
autour du tableau de loge 1 0 5
Annexe IV :
Le V I T R I O L . alchimique 1 0 7

Table des Matières 1 1 2

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