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Les Corps platoniciens Ou les Solides de Platon1

Vénérable et vous tous mes Frères en vos grades et qualités,

Trois pas sont accomplis par l’Apprenti, puis se prolongent sur la ligne
droite Occident/Midi, pour la quitter par deux pas obliques et revenir dans l’axe
précédemment abandonné.
Pour oser un tel déplacement l’Apprenti éprouvé par l’Equerre a été créé
Compagnon. Avant cela 5 voyages au cours desquels il a porté le maillet et le
ciseau, pour se munir ensuite dans l’ordre de la Règle et du Levier, du Fil à
plomb et du Niveau, de l’Equerre et avoir enfin les mains libres.
Sa mise à l’ordre se caractérise par deux équerres formées par le bras et la
main gauche, appelée « Signe de salutation » et la main droite les doigts en
arrondis se pose sur le coeur en « signe de fidélité ».
Après ce petit préambule récapitulatif, situant le Compagnon dans sa
marche vers l’Orient, vous vous demandez peut-être pourquoi vous entretenir
des Corps platoniciens que j’ai découverts il y a peu de temps grâce un Frère .
Je vous avoue que je fus de prime abord plonger dans la perplexité, mais
surtout emporté par une saine et persistante curiosité. Alors je me suis renseigné
sur ces « corps ou solides », et je me suis aperçu qu’ils avaient leurs places et
leurs importances dans le 2ème degré de notre Rite Ecossais.

Tout d’abord parce qu’ils sont cinq, l’âge du compagnon, pas un de plus,
pas un de moins.
Ils font ressentir les volumes dans leurs achèvements grâce à leurs
délimitations nécessaires à la compréhension des perfections de l’espace qu’ils
occupent, et que le Compagnon va devoir occuper en conscience et
harmonieusement pour se construire, tel « l’homme de Vitruve 2» de Léonard de
Vinci (1492), ou tout au moins y tendre symboliquement.

Ces cinq corps ou solides platoniciens sont des polyèdres réguliers

convexes, constitués chacun séparément de faces toutes identiques et régulières,
dont tous les sommets sont identiques et qui ont un même nombre d’arêtes qui

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Platon né en 428 / 427 av. J.-C. et mort en 348 / 347 av. J.-C. à Athènes, est un philosophe antique de la Grèce classique.
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Ingénieur et architecte romain célèbre pour son traité « De architectura » qu’il écrit à la fin de sa vie (1er siècle avt. J.C.)
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convergent à chaque sommets. Ces 5 corps portent chacun un nom et Platon
dans le Timée3 leur attribue à chacun un symbole :

1- Tétraèdre ( Sommets=4, Arêtes=6 et Faces=4) - FEU▴

2- Hexaèdre ( S=8, A=12 et F=6) - TERRE❒
3- Octaèdre ( S=6, A=12 et F=8) - AIR▴
4- Icosaèdre ( S=12, A=30 et F=20) - EAU▴
5- Dodécaèdre ( S=20, A=30 et F=12) - ETHER4✫

Pour le compagnon se pose une 1ère double question :

Qu’est qu’un corps ou un solide platonicien et quel rapport a-t-il avec le 2 ème
de degré  ?
C’est tout d’abord un volume qui présente une forme en la délimitant. Cette
masse aurait pu être brute pleine de bosses et de creux, rugueuse telle une
Pierre vierge demandant à être travaillée par l’Apprenti ; c’est le cas ce soir, elle
est parfaite, travaillée avec perfection, telle est celle du Compagnon : la Pierre
cubique, le cube.
Ces pierres symbolisent l’initié dans son évolution vers la perfection pour
une découverte de lui-même au sein de son intériorité pleine de secrets non
encore dévoilés. Par cette introspection quasiment géométrique, appliquer à
l’homme, je ne peux m’empêcher de penser à la devise socratique : « Connais-
toi toi-même » évoquée lors du 4ème voyage du Compagnon, maïeutique
appliquée à soi-même, et à fortiori dans la transmission « apprendre à l’autre
ce qu’il sait qu’il ne connaît pas ».
Pour cela il faut d’abord apprendre à mesurer le corps terrestre pour qu’il
soit à la fois identifié et rectifié à l’image de ces 5 corps platonicien intemporels.
Cette intemporalité à atteindre est le travail que le Compagnon va
commencer à entreprendre ou plutôt à continuer puisque sa Pierre d’une brutale
pureté est devenue Pierre Cubique structurée par un travail humain, un hexaèdre,
un corps platonicien, matérialisant un ordre terrestre, que le compagnon a fait
jaillir d’un chao informe que fut sa Pierre brute.

Le paradoxe de ces Corps ou solides platoniciens est qu’il caractérise des

choses à la fois immuables et permanentes, enfouies dans l’impermanence
chaotique de l’homme au sein duquel se dissimule la Pierre occulte, présence
éternelle dans chaque être humain que symbolise dans sa complexité le 5 ème
3
Cf. Timée de Platon Chapitre II page 476,477et 478 - Bibliothèque de la Pléiade, édition Gallimard
4
Il semble que Pythagore lui-même (vers 530 av. J.-C.) ou le pythagoricien Archytas de Tarente (vers 360 av. J.-C.), ait
découvert les trois premiers des cinq : le tétraèdre (la pyramide), l'hexaèdre (le cube), le dodécaèdre. Ensuite, Théétète
d’Athènes (mort en 395 ou en 369 av. J.-C.) découvrit les deux autres : l'octaèdre et l'icosaèdre. Platon les utilise
profondément dans le Timée (54 e - 56 c), qui date de 358 av. J.-C. Euclide les étudie dans ses Éléments (vers 300 av. J.-C.)

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corps platonicien le dodécaèdre l’Ether, l’âme dirons certains. En cela, il va
falloir retrouver en soi l’invariant émanant notamment des « corps
platoniciens », matière caractérisant si je puis dire le ressenti invisible et
spirituel de notre être, cette énergie qui va faire découvrir qui nous sommes en
vérité et justesse.

Alors le Chao s’organise et l’Ordre s’impose peu à peu.

Dans cette voie dynamique du « connais-toi toi-même », le Compagnon

découvre non seulement l’Equerre, la rectitude, son âge de 5 ans, la Loi qu’est la
Règle, mais aussi le secret de l’ »Oblique » dans son pas de côté qu’il se doit
d’approfondir . Mais levant la tête, il aperçoit à l’Orient l’Etoile flamboyante
s’inscrivant dans un pentagramme régulier présent 12 fois dans le 5 ème corps
platonicien, le Dodécaèdre représentant l’Ether ou le Ciel. Néanmoins, le
compagnon n’oublie pas sa nature terrestre qu’il exprime à travers la Pierre
cubique, 2ème corps Platonicien évoquant la Terre, un cube constitué de 6 carrés
orientés vers les 6 directions, lui étant la 7ème celle du cœur au centre du Cube.
Ciel et Terre, deux sphères terrestre et céleste se détachent sur le plateau du
V∴M∴. La Terre se tient sous la clarté ascendante de la Lune tandis que les
Cieux se dévoilent dans l’éclat du Soleil .
En vérité et en un mot l’Univers se dessine peu à peu aux yeux du
Compagnon mais surtout en lui, dans ses 5 sens intérieurs.
Microcosme à l’image du Macrocosme, une réalité qui s’impose.

Les prises de conscience de la Beauté révélée au 1er degré à l’intérieur de lui-

même, de la Force établie au 2ème degré par l’épreuve de l’Equerre, de la
réalisation de la Pierre cubique et surtout de la vision de l’Etoile flamboyante,
manifestation intemporelle de ces Corps platoniciens vont aider le Compagnon à
appréhender et connaître (naître avec) son soi-même, l’Univers, et plus tard s’il
persévère dans la glorification de son travail les alentours des « Cieux ».
C’est pourquoi, sa mise à l’ordre pieds en équerre, sa marche d’apprenti en
ligne droite, l’oblique de son pas de côté et surtout avoir été éprouvé par
l’Equerre lui ont permis de tracer et de découvrir dans la Pierre brute, la Pierre
Cubique, un corps platonicien, l’hexaèdre, une Terre sortie de son chao primitif
et sacré. Le Compagnon libéré de son Silence, naît en quelque sorte une seconde
fois ou plus justement accompli une métamorphose pour exprimer son Ordo
dans la Pierre Cubique.
De plus ses deux pas de côtés, vont lui offrir la possibilité d’aller encore plus
loin dans sa quête de soi-même. En effet, sa route terrestre se poursuit grâce aux
secrets découverts de la droite et de l’oblique. Mais levant les yeux vers
l’Orient, il va pouvoir admirer non seulement la Beauté et la Force dans le
flamboiement de l’Etoile, s’inscrivant dans un pentagramme régulier, mais aussi
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qu’une perfection cachée, mais en potentialité, en lui commence à s’esquisser
dans sa pensée et son action.

Les Colonnes B et J : « En force il établira »,

L’énergie de ces Mots sacrés l’obligent à continuer sur cette voie idéale.

Cependant pour avancer, il faut trouver un Point d’appui à cette énergie pour
qu’elle se déploie, afin d’actionner le Levier (2ème voyage) et mettre en action
ces solides platoniciens.
Pour répondre à cette demande, un saut dans les temps passés s’impose. Ce
fut pour moi une nécessité tout simplement pour dévoiler le point d’appui
nécessaire au Levier de ces singuliers « Corps platoniciens ».
C’est Platon lui -même qui a trouvé ce point d’appui en Pythagore 5 que nous
découvrons lors du 4ème voyage du Compagnon muni de l’Equerre, et à travers
lui, de l’homme dans sa manifestation physique éphémère et impermanente,
mais plus finement dans ce qu’il a en lui d’immuable pouvant lier à la fois le
monde visible et invisible, de multiples manières en l’occurrence cinq fois pour
le Compagnon.
Car si Platon est notre point d’appui ce soir, celui de Platon fut Pythagore
lequel s’est appuyé sur Thalès, et ainsi de suite nous pouvons remonter à
l’Egypte pharaonique et plus encore vers la source de la Tradition primordiale,
d’où ce caractère immuable dans l’homme et surtout dans tous ceux qui
s’inscrivent dans cette lignée pleine de sagesse, de justesse et de vérité.

Dans cette filiation empreinte de connaissance se pratiquent les

mathématiques, la géométrique, la philosophique, la métaphysique et le respect
de la création. Platon s’inscrivant dans cette voie, a pu s’appuyer sur la
« mystique des nombres » de Pythagore où tout est nombre en allant de la
monade à la décade (Tétraktys).

A l’appui de cet apport dans le Timée, Platon dévoile les 5 corps ou solides
dits « platoniciens », se présentant comme des polyèdres réguliers convexes. Ces
corps ou solides décrits ci-dessus tracent un chemin, notamment celui du
Compagnon qui le conduira à l’Orient au sein de cette Etoile flamboyante
s’inscrivant dans deux pentagrammes réguliers. C’est en elle que se dessine une
voie de l’esprit dévoilée par la lettre « G », accouplement d’un cercle inachevé
et d’une équerre. A l’ébauche de ce cercle une branche de l’équerre en est la
tangente et l’autre nous conduit directement au centre de ce cercle inachevé.
C’est dans ce Lieu que se tutoie le Principe, c’est dans ce Centre qu’une pulsion
5
- Pyth-agoras - Pythagore : Sa venue au monde a été annoncée par la Pythie à son père à Delphes. Il est né en -
580 av JC à Samos (Ile de la mer Egée) et décédé en -495 à l’âge de 85 ans. Philosophe, mathématicien, il n’a
jamais rien écrit..
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ou poussée incontrôlable projette le cherchant vers le point central de l’Etoile
flamboyante, passage de l’Axis Mundi.
Le cœur de l’Etoile se dessine sous la forme d’un pentagramme, de même
que le pourtour de celle-ci, en reliant les sommets des cinq pointes de l’Etoile.
Nous percevons à l’intérieur au centre de l’Etoile, un pentagramme présent
12 fois, uniquement dans le 5ème Corps platonicien, le Dodécaèdre, lui-même
symbolisant l’Ether, autrement-dit les « Cieux » où l’âme, et également un autre
pentagramme extérieur en reliant les pointes de l’Etoile, manifestation
lumineuse du Principe dans un flamboiement étoilé pour les humains qui
cherchent..
L’Un le Tout.

Cette Etoile flamboyante magnifie les trois petites lumières Sagesse, Force et
Beauté, émanation de la Flamme primordiale.
Les corps se mettent en ordre pour engendrer une action non plus dans un
mouvement spiralé sénestrogyre provoqué par la « G » allant de la périphérie
vers le centre de l’Etoile flamboyante.
Pour conclure mes propos, j’aimerai évoquer la présence du triangle
équilatéral représenté 4 fois dans le Tétraèdre (Feu), 8 fois dans l’Octaèdre
(Air), et 20 fois dans l’Icosaèdre (Eau) et également 1 fois par les pas de côté du
Compagnon représentant, l’homme mais aussi sa nature terrestre la Pierre
cubique (Terre).
Les 4 éléments sont présents avec celui vers lequel nous tendons et que nous
glorifions, le Delta rayonnant, parfait triangle équilatéral, manifestation
symbolique et glorieuse du G ∴A∴D∴L’U∴, au-dessus de l’Etoile
flamboyante. Delta rayonnant, une vision épurée, secrète et impersonnelle du
Principe auteur du Commencement dont il est dit dans le V ∴L∴S∴ :
«  Au commencement, D.ieu avait créé le ciel et la terre. Or, la terre n’était que
solitude et chaos ; des ténèbres couvraient la face de l’abîme, et le souffle de
Dieu planait sur la surface des eaux. D.ieu dit : « Que la lumière soit ! » Et la
lumière fut. » [Gen. I ; 1,2 et 3]
Tout cela avait été prédit avec une grande discrétion dès le 1 er degré, lors de
l’épreuve du miroir, à ce moment précis où dans l’axe Occident/Orient,
l’Apprenti découvre en se retournant son soi-disant pire ennemi, lequel n’était
en fait que lui-même en Gloire, celui qu’il devra devenir.

Mes Très Chers Frères,

Vénérable Maître,
J’ai dit

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